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351. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Enfin, il n’est pas jusqu’au langage qui ne semble commun à l’homme et à l’animal, quand on voit les animaux s’entendre et se concerter par des signes dont le sens se devine aux mouvements qui les suivent. […] Une troupe de loups réunis par l’instinct de la chasse et excités par l’aiguillon de la faim n’a rien de commun avec une société d’hommes civilisés. […] Et si elle essaye de le faire, en comparant toutes les races entre elles et en dégageant les caractères communs, elle ne réussit qu’à donner une formule abstraite et vague qui ne fait réellement connaître aucune des facultés primordiales et vraiment constitutives de la nature humaine. […] Mais ce n’est là qu’une origine commune à toutes les écoles expérimentales, qu’elles portent les noms d’Adam Smith, de Reid, de Hume, de Bentham, de Stuart Mill ou de Littré. […] Il en appelle enfin aux relevés statistiques, portant sur des nombres assez grands pour éliminer les influences particulières et pour laisser le résultat à peu près tel que si les volitions de la masse entière n’avaient été affectées que par celles des causes déterminantes qui furent communes à tous20.

352. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

. — Dans cette décadence commune, la faute n’est pas plus au gouvernement qu’au peuple. […] D’après les dernières statistiques, il contient en moyenne 33 communes au-dessous de 500 âmes, 23 communes de 500 à 1000 âmes, 17 bourgs et petites villes de 1000 à 5000 âmes, une ville moyenne ou grande au-dessus de 5000 âmes. […] Sans doute, on les connaît au chef-lieu ; mais combien d’électeurs savent leur nom ou quelque chose d’eux eu dehors de leur nom, dans les 53 communes au-dessous de 500 âmes, dans les 33 communes de 500 âmes, même dans les 17 bourgs et petites villes de 1000 à 5000 âmes ? […] Désormais, dans chaque commune, cent électeurs du premier degré nommeront un électeur du second degré. […] Il faut un thème général, une sorte de lien commun moral qui serve de matière au récit.

353. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Je sais que vous riez amèrement de cette nécessité, où l’on est en France de prendre un état… Il vaut mieux, mon cher René, ressembler un peu plus au commun des hommes et avoir un peu moins de malheurs. » Prendre un état, ressembler au commun des hommes, mais c’était le malheur des malheurs pour René. […] Le Don Juan d’outre-Manche s’accommoderait sans façon des deux amoureuses à la fois ; mais l’aristocrate et la roturière rivalisent non à qui accaparera l’objet de leurs flammes communes, mais à qui le cédera à sa rivale. […] Cet égoïsme se transformera dès que la propriété privée aura fait place à la propriété commune, c’est ainsi que le dévouement à la patrie, fanatique, absolu, mais étroit du citoyen de la cité antique a disparu dès que la propriété collective familiale s’est morcelée en propriété privée. […] L’évolution philosophique, au commencement du siècle, marchait de pair avec la transformation littéraire : la Bourgeoisie avait pris le scepticisme et le matérialisme pour armes contre le clergé, faisant cause commune avec l’aristocratie ; une fois parvenue à la domination sociale, elle voulut asservir la religion à son usage et l’employer à contenir dans la soumission passive les masses travailleuses ; elle enjoignit à ses littérateurs et à ses philosophes de combattre « l’abominable philosophie du xviiie  siècle, qui avait prêché la révolte contre toute autorité, l’oubli de tous les devoirs, le mépris de toutes les suprématies sociales… C’est elle qui a instruit et excité les monstres qui ont dévasté la France… Robespierre, Collot, Carrier étaient des philosophes21 ». […] Sébastien Mercier, qui fut au xviiie  siècle un des précurseurs du romantisme, introduisait à cette époque la métaphysique de Kant : son cerveau brouillé l’embrouillait et l’opposait au matérialisme des Encyclopédistes, que Royer-Collard devait définitivement remplacer par la plate philosophie du Sens commun bourgeois, élevé à la dignité de critérium universel par le pasteur écossais Thomas Reid.

354. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il y a peu de ces traits qui peignent d’un mot, de ces expressions de génie qui présentent une vérité commune sous une face toute nouvelle. […] Dès la premiere fois que j’eus l’honneur d’être nommé pour y prêcher, je fus assez heureux de recevoir un avis d’un Courtisan des plus habiles : Ne donnez pas, me dit-il, dans l’écueil commun. […] Ce n’étoit point un Orateur du commun, & on le met à la tête des Prédicateurs anglois ; mais il paroît qu’il ne seroit pas le premier des Orateurs françois. […] On sçait que si l’éloquence de la Chaire a dégéneré, celle du Barreau se soutient avec une distinction peu commune. […] L’Académie françoise & plusieurs autres Sociétés littéraires ont donné un choix des discours qu’elles ont couronnés ; le détail en seroit trop long ; ces sortes de livres sont d’ailleurs fort communs.

355. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

C’est pour cela que la physiologie actuelle ne prend pas pour sujets de ses expériences les animaux de l’ordre le plus élevé, tout en se gardant de descendre jusqu’à des animaux dont la vie psychologique n’a presque rien de commun avec celle de l’homme. […] Mais la science ne s’arrête point devant un pareil scrupule, pensant avec grande raison, selon nous, que l’expérience ici vaut pour l’homme aussi bien que pour l’animal, en vertu des analogies physiologiques et psychologiques essentielles qui les ramènent tous deux à un type commun. […] Et cet automatisme spontané n’est point propre à la cellule cérébrale ; il est commun à toutes les cellules de l’organisme humain et de l’organisme de tout être vivant. […] Beaucoup ont leur définition particulière du vice et du crime qui n’a rien de commun avec celle des moralistes et des magistrats ; ils font de l’homme vicieux ou criminel un malade qu’il s’agit non de punir, mais de guérir, et auquel il y a lieu d’appliquer tout un système de thérapeutique physique et morale. […] Voilà ce que nous apprend ce sens intime dont nos physiologistes négligent les intuitions comme n’ayant rien de commun avec les enseignements de la science positive.

356. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Sur ce refus, j’alléguai la loi de l’empereur Théodose, qui, après avoir commandé par colère et trop précipitamment la mort d’un grand nombre de chrétiens, fut rejeté de la communion par saint Ambroise, qui le contraignit de venir à pénitence, et, pour une entière satisfaction, faire une loi par laquelle défense était faite aux gouverneurs en l’administration de la justice qui présidaient dans les provinces, de ne faire à l’avenir exécuter tels mandements extraordinaires qui étaient contre l’ordre et la forme de la justice, sans attendre trente jours, pendant lesquels ils enverraient à l’empereur pour avoir nouveau commandement en bonne et due forme ; ainsi qu’il fallait envoyer promptement au roi… Grâce à cet avis d’une ferme et respectueuse résistance qui prévalut et fut adopté, avant même qu’on eût envoyé vers le roi, le contrordre eut le temps d’arriver de Paris : la Bourgogne fut garantie du crime et du malheur commun, et le nom du comte de Charny est inscrit dans l’histoire à côté de ceux du comte de Tendes, de MM. de Saint-Hérem, d’Orthez et d’un petit nombre d’autres, comme étant resté pur de sang dans l’immense massacre. […] Philippe II, en envoyant des secours et en intervenant dans la Ligue par son or et par ses capitaines, le faisait-il pour la cause commune ou pour son profit direct, et pour prendre le trône de France soit en son propre nom, soit en celui de l’infante ? […] Le président déjoua ses menées, rendit cœur aux notables habitants, leur expliqua nettement l’intention du duc de Mayenne, qui était que le pays s’aidât du duc de Savoie contre les ennemis communs, et non qu’on se donnât à lui.

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