Quand donc appellera-t-il une réaction contre la camaraderie — cette voleuse de succès — qui coupe les ailes aux talents qui tentent de s’élever, pour les rattacher aux dos des médiocres rampant tristement dans la poussière commune ? […] Cela n’a rien de commun avec la littérature et ne relève pas de la critique ; cela rentre dans la prostitution et relève de la police des mœurs. […] Il est tellement ouvert aux impressions qui effleurent à peine le commun des esprits doués et vibrants qu’il trouve cette expression admirable et étrange : « l’oreille voit ». […] Il représente une somme considérable d’efforts, dénote une peu commune intelligence, l’habitude des pensées graves, des hautes spiritualités, l’amour du grand, du tendre, de l’inconnu, qui est dans la vie. […] Dans Les Chauves-Souris les épigraphes placées en tête de chaque poème, le titre même de ces poèmes, témoignent une culture littéraire peu commune, des lectures profondes, des habitudes intellectuelles très nobles, que n’ont point accoutumées bien des écrivains de profession.
Une vie de grand artiste, harmonieuse dans le bonheur, n’est pas chose commune. […] C’est ainsi que cette nature d’élection, se mettant en quelque sorte hors de la vie commune, rentre davantage dans la Beauté et peut servir de règle avec une sûreté plus grande. […] Non en tant qu’auteur : c’est un simple, un commun mensonge féminin. […] Cette aube fut le prélude d’une journée ensoleillée qui, pour imiter parfaitement la commune destinée, s’assombrit tout à coup de pluie, puis brilla de nouveau. […] Kalvos possède une inspiration élevée, une fort belle cadence ; quant à la langue il ne l’a ni si commune : δημoτική, ni tout à fait pure : καθαρεύουσα ; c’est un mélange assez bizarre où les beautés abondent.
Sans doute, sous l’influence de circonstances locales, il a pu y avoir prédominance momentanée de tel ou tel art ; mais dans chaque période de civilisation non ébauchée et partielle, complète et définitive en son genre, la plupart des arts ont fleuri en même temps, se sont élevés d’un commun essor, sont tombés sous l’influence des mêmes causes dans une commune décadence. […] Ce mouvement naturiste ou naturaliste que trahissent tant de symptômes, j’irai en chercher la preuve dans le caractère commun de tous les arts qui inclinent plus ou moins à flatter les sensations, tous en proie au même travail intérieur de décomposition ou de décadence. […] C’est l’idée aristocratique qui inspire Aristophane, le plus spirituel des réactionnaires de tous les temps, et son talent de longue haleine n’a rien de commun avec les petits chefs-d’œuvre du chansonnier français. […] Sa muse n’a rien de commun avec celle qui trône aux carrefours et qui va mendier parmi les foules une popularité détestable, celle des gros mots et des idées basses. […] La solution de cette antinomie semble être dans une sorte de panthéisme ; ce qu’on appelle la matière et l’esprit n’est peut-être que deux ordres de phénomènes irréductibles l’un à l’autre, en tant qu’ils relèvent de deux modes distincts de l’être universel, mais trouvant leur fondement dans cet être unique et commun.
Dans la douleur commune, le langage se fait plus familier, plus bref. […] Quelle étude ne réclame point l’honneur d’être une science et de collaborer à l’œuvre commune ? à l’œuvre qu’on a tort de supposer commune ? […] Edmond Glesener est l’un des écrivains qui témoignent le mieux de la volonté commune et qui aussi montrent une originalité attrayante. […] « Je n’ai pas la prétention d’échapper au sort commun et je ne m’élève pas contre la sentence.
Lorsqu’il a pris dans les légendes communes de l’humanité le mythe des âges, il y a mêlé un élément nouveau et disparate, le principe du progrès. » L’observation est juste pour le Grec en général ; elle ne me persuade pas pour Hésiode. […] Mais le poète et les théologiens arabes n’avaient-ils pas eu un modèle commun dans les légendes chrétiennes antérieures ? […] Son grand livre, son Trésor, qu’il a écrit « selon le parler de France… pour ce que la parleure françoise est plus délitable et plus commune à tous langages », ce Trésor, que du fond de l’Enfer il recommandait à Dante, est charge de science et de philosophie arabes. […] Mais, en l’envoyant à un ami, il l’accompagnait de ce commentaire : « L’Epipsychidion est un mystère : quant à la chair et au sang, vous savez que je n’ai rien de commun avec eux. […] Cela ne veut pas dire qu’il n’ait point payé à la souffrance notre dette commune.
« Vous auriés esté la maistresse d’un Turc qui auroit peut estre partagé sa tendresse avec vingt autres, et je vous aime uniquement, au point que je veux que tout soit commun entre nous, et que vous disposiés de ce que j’ay comme moy mesme. […] J’ai vraiment bien mieux à faire, madame : je chasse, je joue, je me divertis du matin jusqu’au soir avec mes frères et nos enfants, et je vous avouerai tout naïvement que je n’ai jamais été plus heureux, et dans une compagnie qui me plaise davantage. » Il a toutefois des regrets pour celle de Paris ; il envoie de loin en loin des retours de pensée à Mmes de Mirepoix et du Châtel, aux présidents Hénault et de Montesquieu, à Formont, à d’Alembert : « J’enrage, écrit-il (à Mme du Deffand toujours), d’être à cent lieues de vous, car je n’ai ni l’ambition ni la vanité de César : j’aime mieux être le dernier, et seulement souffert dans la plus excellente compagnie, que d’être le premier et le plus considéré dans la mauvaise, et même dans la commune ; mais si je n’ose dire que je suis ici dans le premier cas, je puis au moins vous assurer que je ne suis pas dans le second : j’y trouve avec qui parler, rire et raisonner autant et plus que ne s’étendent les pauvres facultés de mon entendement, et l’exercice que je prétends lui donner. » Ces regrets, on le sent bien, sont sincères, mais tempérés ; il n’a pas honte d’être provincial et de s’enfoncer de plus en plus dans la vie obscure : il envoie à Mme du Deffand des pâtés de Périgord, il en mange lui-même92 ; il va à la chasse malgré son asthme ; il a des procès ; quand ce ne sont pas les siens, ce sont ceux de ses frères et de sa famille.