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674. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Observons de plus, entre nous, qu’il menait assez cavalièrement, sur l’hippogriffe d’Astolphe, le digne apôtre saint Pierrea, porteur des clés du ciel. […] « Étend sous un ciel pâle un liquide horizon. […] Le poème, où tant de patriarches et d’archanges déplorent le crucifiement dans le ciel, où les apôtres et Marie le pleurent sur la terre, où même un diable, assez repentant et assez bon, en soupire dans l’enfer ; ce poème, dis-je, par une succession de sublimes complaintes, ne forme qu’une longue litanie. […] « Conquérant enchanteur, tu t’emparas, Homère, « Du Tartare et du ciel, de l’onde et de la terre : « L’univers t’appartient. […] Ne vous fait-il pas voir son front surmonté d’une vaste chevelure ondoyante autour de sa tête, et son noir sourcil qu’il ne remue qu’en ébranlant le ciel et la terre ensemble ?

675. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Quand les vapeurs de la vallée s’élèvent devant moi, qu’au-dessus de ma tête le soleil lance d’aplomb ses feux sur l’impénétrable voûte de l’obscure forêt, et que seulement quelques rayons épars se glissent au fond du sanctuaire ; que couché sur la terre dans les hautes herbes, près d’un ruisseau, je découvre dans l’épaisseur du gazon mille petites plantes inconnues ; que mon cœur sent de plus près l’existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable de vermisseaux et d’insectes de toutes les formes, que je sens la présence du Tout-Puissant qui nous a créés à son image, et le souffle du Tout-Aimant qui nous porte et nous soutient flottants sur une mer d’éternelles délices ; mon ami, quand le monde infini commence ainsi à poindre devant mes yeux et que je réfléchis le ciel dans mon cœur comme l’image d’une bien-aimée, alors je soupire et m’écrie en moi-même : « Ah ! […] Nous avions passé ensemble une belle soirée, comme des hommes auxquels le bonheur vient de faire un grand cadeau, et je m’endormis en remerciant les saints dans le ciel pour la joie d’enfants qu’ils ont voulu nous accorder pour la nuit de Noël… Telle était sa disposition trois mois après avoir quitté Charlotte, sept semaines après la mort du jeune Jérusalem, et quand il avait déjà en idée le germe de Werther. […] Et ainsi les personnages chéris du ciel vous bénissent.

676. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Ce logis communiquait, par derrière, par une porte masquée et ouvrant à secret, avec un long couloir étroit, pavé, sinueux, à ciel ouvert, bordé de deux hautes murailles, lequel, caché avec un art prodigieux et comme perdu entre les clôtures des jardins et les cultures dont il suivait tous les angles et tous les détours, allait aboutir à une autre porte également à secret, qui s’ouvrait à un demi-quart de lieue de là, presque dans un autre quartier, à l’extrémité solitaire de la rue de Babylone. […] Ils ne se parlaient pas, ils ne se saluaient pas, ils ne se connaissaient pas ; ils se voyaient ; et, comme les astres dans le ciel que des millions de lieues séparent, ils vivaient de se regarder. […] « Dieu, c’est la plénitude du ciel ; l’amour, c’est la plénitude de l’homme !

677. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Ces sons de voix, ces mots, ces sourires de femme Où l’âme d’une mère est visible à l’enfant ; Quand vous voudrez rêver du ciel sur cette terre, Que de pleurs sans motif vos yeux déborderont ; Quand vous verrez des fils sur le sein de leur mère, Qu’un père entre ses mains vous cachera le front, Venez sur cette tombe, où l’herbe croît si vite, Vous asseoir à ses pieds pour prier en son nom, Appeler Léontine, et du ciel qu’elle habite Implorer son regard, dont Dieu fasse un rayon ! […] Ainsi l’aigle est au ciel ; mais son regard de flamme Veille encor de si haut le nid qu’elle a couvé.

678. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Chateaubriand a reconnu lui-même que son merveilleux était manqué : son ciel et ses enfers, ses démons et ses anges sont d’insupportables machines. […] Il n’était pas sans s’en douter, et il disait bien que si sa bataille des Francs et sa description de Naples et de la Grèce ne sauvaient pas les Martyrs, ce n’était pas son ciel ni son enfer qui les sauveraient660. […] Le sublime de la forêt américaine, la grâce nette des montagnes grecques, la grandeur du cirque romain, le tohu-bohu bariolé du campement oriental, les ciels bas et brumeux de la Germanie et les riants soleils d’Italie, les architectures exquises et les vierges solitudes, toutes les formes que la nature et l’homme ont offertes à ses yeux, il a tout su voir et tout su rendre.

679. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Zola, innombrables comme les étoiles du ciel, de n’avoir pu bien comprendre encore ce que c’est que le naturalisme. […] Elle tomberait d’elle-même en dissolution, à moins que le feu du ciel ne se chargeât d’en faire bonne et prompte justice. […] Mais on les lit ailleurs qu’au ciel, en des endroits où l’on est moins en état de les contrôler et où du reste on ne demande pas mieux que de les croire sur parole.

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