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228. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Si on avait prévu la Sainte, on aurait été plus insolent encore… La Sainteté, en effet, c’est par là que devait finir cet incomparable amour, qui passa, sans s’éteindre, de la terre au ciel. […] Elle ne dit jamais que « mon ami » à l’homme qu’elle adore, et sous ce mot répété mille fois on sent une tendresse qui déborde et mouille et pénètre l’âme comme la rosée pénètre les fleurs, sans qu’on la voie tomber du ciel ! […] Dans les siennes, il y a l’immanence du bonheur d’aimer, et puisqu’elle est céleste, le calme de son ciel dans la plus profonde des tendresses.

229. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Là du moins s’exécute le voyage merveilleux du poète qui passe des profondeurs de l’enfer jusqu’aux sommités du ciel, et qui redescend sur la terre en héros de sa fiction terrible. […] L’intérêt du ciel, défendu par les deux peuples les plus belliqueux de la terre, répandait sur l’action une influence toute merveilleuse, puisée dans le zèle de leurs cultes rivaux. […] Celle-ci n’est pas projetée dans l’enfer, mais dans le ciel, et s’exécute aussi sur la terre, non pas par les démons, mais contre eux-mêmes, de qui triomphe le Messie. […] un mont de l’Afrique tel qu’Atlas, portant le ciel sur ses épaules chargées de glaces éternelles ? […] Ce n’est qu’en songe qu’il transporte Henri dans le ciel et dans l’enfer ; comme si l’intelligence de l’homme éveillé ne pouvait voir cet univers expliqué par Newton qu’il choisit pour y voyager en rêve.

230. (1896) Le livre des masques

Jadis — c’était la vie ardente, évocatoire ; La Croix blanche de ciel, la Croix rouge d’enfer Marchaient, à la clarté des armures de fer Chacune à travers sang, vers son ciel de victoire. […] Non, le bouillon de chien tombe sur nous du ciel. […] Apprenez à l’enfant à prier le ciel pur, C’est l’océan d’en haut dont la vague est nuage. […] L’heure du nuage d’or a crevé sur la plaine, Les roseaux chantaient doux sous le vent de haine, Ô bruyères rouges — ô ciel couleur de sang. […] Ô bruyère d’or — ô ciel couleur de sang.

231. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

La situation est presque la même, mais comme on se sent tout de suite sous un ciel plus pur, dans un air plus subtil, en contact avec des organisations plus exquises ! […] Ses personnages, lorsqu’ils s’avisent de pindariser et d’admirer le ciel bleu, me rappellent tout à fait les Philistins de la chanson d’Henri Heine : « Des Philistins, dans leurs habits du dimanche, se promènent à travers bois et vallons ; ils poussent des cris de joie, ils frétillent comme des poissons, ils saluent la belle nature. […] L’amour est le soleil, l’amitié est la lune de l’âme, et, comme la lune du ciel visible, elle est éclipsée par l’amour, lorsqu’elle se rencontre avec lui. […] Au baron de Berghausen succèdent la margrave et sa fille Dorothée, une petite niaise éperdument amoureuse de l’uniforme bleu de ciel de son cousin Conrad. […] Quant à Frantz, il épousera Dorothée, et le vengeur que la comédie lui réserve, c’est ce petit Conrad, qui a un si bel uniforme bleu de ciel.

232. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

les rois du ciel, les dieux (pauvres dieux !) […] C’était un immense fleuve d’amants qui coulait vers le Bois sous le ciel étoilé et brûlant. […] Et, peu à peu, le ciel s’illumina d’une lueur d’or pâle, grandissante. […] L’homme me parut surhumain, agrandi dans le ciel démesurément ! […] e Christ Se taisait, l’œil au ciel.

233. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

C’est ainsi encore qu’à l’occasion des Crétins du Valais dont les hommes notables du pays semblent rougir, les regardant comme une tache pour leur nation, et dont ils n’aiment guère à parler avec les étrangers, mais que le peuple et les enfants même respectent et considèrent au contraire comme une bénédiction, « comme des innocents marqués par le ciel pour n’avoir nulle part aux crimes de la terre et pour arriver sans obstacle au séjour des récompenses », il dira sans hésiter : « Laquelle de ces deux opinions est la plus respectable ? […] Dans son trajet de l’abbaye d’Engelberg au Dittlisberg, Ramond rencontre bien des difficultés, des dangers, mais aussi de ces jouissances sans nom qu’il décrit de la sorte : Du haut de notre rocher, nous avions une de ces vues dont on ne jouit que dans les Alpes les plus élevées : devant nous fuyait une longue et profonde vallée, couverte dans toutes ses parties d’une neige dont la blancheur était sans tache ; çà et là perçaient quelques roches de granit, qui semblaient autant d’îles jetées sur la face d’un océan ; les sommets épouvantables qui bordaient cette vallée, couverts comme elle de neiges et de glaciers, réfléchissaient les rayons du soleil sous toutes les nuances qui sont entre le blanc et l’azur ; ces sommets descendaient par degrés en s’éloignant de nous, et formaient un longue suite d’échelons dont les derniers étaient de la couleur du ciel, dans lequel ils se perdaient. Rien de plus majestueux que le ciel vu de ces hauteurs : pendant la nuit, les étoiles sont des étincelles brillantes dont la lumière plus pure n’éprouve pas ce tremblement qui les distingue ordinairement des planètes ; la lune, notre sœur et notre compagne dans les tourbillons célestes, paraît plus près de nous, quoique son diamètre soit extrêmement diminué ; elle repose les yeux qui s’égarent dans l’immensité : on voit que c’est un globe qui voyage dans le voisinage de notre planète. Le soleil aussi offre un spectacle nouveau : petit et presque dépourvu de rayons, il brille cependant d’un éclat incroyable, et sa lumière est d’une blancheur éblouissante ; on est étonné de voir son disque nettement tranché, et contrastant avec l’obscurité profonde d’un ciel dont le bleu foncé semble fuir loin derrière cet astre et donne une idée imposante de l’immensité dans laquelle nous errons.

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