Choisir entre ces hommes, impossible. […] Tibère, l’espion empereur ; l’œil qui guette le monde ; le premier dictateur qui ait osé détourner pour soi la loi de majesté faite pour le peuple romain ; sachant le grec, spirituel, sagace, sardonique, éloquent, horrible ; aimé des délateurs ; meurtrier des citoyens, des chevaliers, du sénat, de sa femme, de sa famille ; ayant plutôt l’air de poignarder les peuples que de les massacrer ; humble devant les barbares ; traître avec Archélaüs, lâche avec Artabane ; ayant deux trônes, pour sa férocité, Rome, pour sa turpitude, Caprée ; inventant des vices, et des noms pour ces vices ; vieillard avec un sérail d’enfants ; maigre, chauve, courbé, cagneux, fétide, rongé de lèpres, couvert de suppurations, masqué d’emplâtres, couronné de lauriers ; ayant l’ulcère comme Job, et de plus le sceptre ; entouré d’un silence lugubre ; cherchant un successeur, flairant Caligula, et le trouvant bon ; vipère qui choisit un tigre. […] Nous le répétons, choisir entre ces hommes, préférer l’un à l’autre, indiquer du doigt le premier parmi ces premiers, cela ne se peut.
Le trouble, ou la passion que je ressens devant mon travail, m’engourdit souventes fois l’esprit, et les membres, au point de me laisser dans le désœuvrement pendant plusieurs jours ; mes mains ont comme peur de toucher au Rêve, et pourtant il nous faut bien descendre, par charité pour nos semblables, jusqu’à la peine d’atteindre la réalité de Rêve. » Des deux éternels qui ne peuvent être l’un sans l’autre, Filiger n’a point choisi le pire. — Mais que l’amour du pur et du pieux ne rejette point comme un haillon cette autre pureté, le mal à la vie matérielle. […] Le décor par celui qui ne sait pas peindre approche plus du décor abstrait, n’en donnant que la substance ; comme aussi le décor qu’on saurait simplifier en choisirait les utiles accidents. […] De par la différence des cerveaux, un enfant de quinze ans, si l’on le choisit intelligent (car on trouve que la majorité des femmes sont ordinaires, le plus grand nombre des jeunes garçons stupides, avec quelques exceptions supérieures), jouera adéquatement son rôle, exemple le jeune Baron dans la troupe de Molière, et toute cette époque du théâtre anglais (et tout le théâtre antique) où l’on n’aurait jamais osé confier un rôle à une femme.
Cela devait résulter, du reste, des sujets qu’Audin a choisis, et qu’on peut appeler les sujets les plus intellectuels de l’Histoire. […] Il l’a mieux aimé, mais il pouvait choisir. […] Mais le compagnon qu’il s’était choisi n’ayant pu venir, Audin partit seul avec son neveu, et seul il entreprit son ouvrage.
Comme, au pistil ou à l’étamine, on range une fleur qu’on ne connaît point dans sa catégorie naturelle, il lui sera aisé de grouper, d’après le style ou le genre d’observation, tel roman nouveau sous un des chefs choisis. […] Et alors pourquoi choisir, et comment ? […] Quand je l’essaierais, sa délicatesse, ses subtilités, la volontaire confusion du « je » et du « il », l’incertitude même de l’auteur, qui ne se résout point à choisir entre le symbole et la chose symbolisée, tout ce vague fuirait les doigts. […] Son raisonnement tâtonnait encore sur la forme d’art qu’il choisirait. […] Il en est un moins éthéré, plus voisin de nous, qui ne traite pas la vie avec ce sans-gêne, qui choisit, élimine, néglige volontiers de nous renseigner sur les fonctions du gros intestin, s’occupe médiocrement du corps, mais retient toute l’âme.
Il faut choisir entre les deux. […] Il est évident que ce désir mobile, déplaçable, qu’il décrit, n’aura besoin de rien recevoir de l’objet qu’il choisira, ne pourra même rien en recevoir et que c’est de sa propre ressource toute seule que sera formée dans l’esprit de l’amoureux l’image de l’objet aimé. […] J’en choisirai un seul, qui est très frappant, bien que le héros en soit ce Swann dont la pensée nous est peinte comme si paresseuse. […] Vous vous rappelez que nous l’avons considérée comme le résultat le plus typique d’une application de l’esprit positif aux faits psychologiques, et que c’est pour cette raison que nous avons choisi de l’examiner. […] Et Proust n’a même pas eu à choisir ; il s’est trouvé sinon de naissance, du moins de fatalité, si j’ose dire, et à cause de la forme même de son intelligence, tourné face à la conscience ; et il n’a pas conçu d’autre mouvement possible que de s’y enfoncer, tournant le dos à l’action.
D’Argenton vient la réclamer ; Jack le chasse, et Ida, forcée de choisir entre son fils et son amant… part avec ce dernier. […] — Messieurs, dit la comtesse, ce que je ne me sens pas la force de faire, faites-le : choisissez vous-mêmes. […] tu as bien choisi ton homme ! […] Suivez la voie que vous avez choisie, suivez-la en homme de bien, et je me consolerai. […] Odilon Barrot, je vous ai choisi parce que je connais votre cœur et que j’ai déjà pu apprécier la générosité de vos sentiments.