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528. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

si mes doigts jamais ne te rendent sensible, Poëme intérieur dont je suis consumé, Tu chanteras en moi sur la lyre invisible Que l’art suspend au cœur de ceux qui l’ont aimé. […] Sully Prudhomme, à son tour, s’adresse à Musset ; il le prend sur un tout autre ton avec toutes les cérémonies et tous les respects, mais ce n’est que pour mieux marquer sa dissidence et pour faire acte de séparation : on ne dira pas du moins qu’il ne l’a pas senti et loué comme il faut : Toi qui naissais à point dans la crise où nous sommes, Ni trop tôt pour savoir, ni, pour chanter, trop tard, Pouvant poser partout sur les œuvres des hommes Ton étude et ton goût, deux abeilles de l’art ; Toi dont la muse vive, élégante et sensée, Reine de la jeunesse, en a dû soutenir Comme un sacré dépôt l’amour et la pensée, Tu te plains de la vie et ris de l’avenir !

529. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Lorsqu’on subit à ce degré le poids de la douleur présente, monotone, effective, on sent trop fort pour pouvoir beaucoup chanter. […] … Ainsi quand ta voix si connue Revint hier me visiter, Je crus que du haut de la nue L’ancienne joie allait chanter.

530. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Il ressemble à la vive et matinale alouette « qui chante encore, quoique près du tombeau. » Il s’amuse de tout, même de ses misères, même des nôtres. […] Un poëte de cour en cette cour est un bien petit personnage, sorte de joueur de luth à gages, obligé par son emploi de chanter respectueusement toutes les choses officielles, compagnon du petit chien pour lequel il fait des vers.

531. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Il chante, dédaigneux de l’antique Memnon ; Car ton soleil se lève et s’illumine, ô gloire ! […] Cygnes, pour ce chanteur chantez, doux virtuoses !

532. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Quelques mots de Tallemant caractérisent bien cette charmante et puissante nature de femme, telle qu’elle se déclarait toute jeune dans l’abondance de la vie ; après avoir dit qu’il la trouve une des plus aimables et des plus honnêtes femmes de Paris, « elle chante, ajoute-t-il, elle danse, et a l’esprit fort vif et agréable ; elle est brusque et ne peut se tenir de dire ce qu’elle croit joli, quoique assez souvent ce soient des choses un peu gaillardes… » Voilà le mot qu’il ne faut pas perdre de vue avec elle, tout en le recouvrant ensuite de toute la politesse et de toutes les délicatesses qu’on voudra. […] Je chante bien, sans beaucoup de méthode ; j’ai même assez de musique pour me tirer d’affaire avec les connaisseurs.

533. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

« — Je chante, dit l’auteur du Roman bourgeois, les amours et les advantures de plusieurs bourgeois de Paris, de l’un et de l’autre sexe. — Et, ce qui est de plus merveilleux, c’est que je les chante, et si je ne sçay pas la musique. » L’identité des deux intentions est frappante.

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