Sa muse est une luronne qui rêve, qui chante, qui philosophe et qui blague.
Auguste Desplaces Le vers de Mme Ségalas a pour qualité distinctive qu’il ne respire pas du tout le métier ; c’est un vers chanté bien plus qu’un vers écrit.
Jules Tellier C’est la Normandie que chante M.
Catulle Mendès s’est lassé très vite de ces allures tapageuses et de cette gaminerie poétique… Il explique maintenant les mystères du Lotus, fait dialoguer Yami et Yama, célèbre l’enfant Krichdna et chante Kainadèva en vers d’une rare perfection de forme, malgré la difficulté d’enchâsser dans le rythme ces vastes noms indiens qui ressemblent aux joyaux énormes dont sont ornés les caparaçons d’éléphants. […] Ou Peppa qui s’embobeline Dans une pâle manteline ; Que du jeune et cher Courteline Tu nous chantes le juste fos, Ou que tu piques jusqu’à l’os Brunetière et Monsieur Buloz ; Toujours ta grâce reste sûre ; Tu jongles sans une blessure À l’Art noble ; ton goût rassure ; Tu fais toujours, divin pervers, Loucher tous les poètes vers La perfection de ton vers ; Car il est le tissu qui : tulle (Mot vraiment ailé), s’intitule, Moins léger que ton vers, Catulle ! […] Il chante la mélodie de cent rimes. […] Cent fois digne du grand artiste qui l’emplit non seulement de sa verve charmante, mais encore de son radieux, de son lumineux bon sens, il m’apparaît comme une des expressions les plus définitives de son génie et de sa noblesse, car il n’en est pas une page, il n’en est pas une ligne, un mot, qui ne hurle, ne chante, ne proclame le triomphe et la gloire des Lettres !
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme des hautbois, verts comme des prairies, Et d’autres corrompus, riches et triomphants, Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens. […] Oui, ils sont les dignes fils de ce grand et noble poète tant bafoué et calomnié de son vivant, et si mal connu encore à cette heure ; de ce pur artiste qui écrivait : « … La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. » Et, en remontant jusqu’aux premières années du siècle, on trouverait un autre ancêtre, Alfred de Vigny, l’auteur de Moïse, de La Colère de Samson, de La Maison du berger et de ce délicieux mystère où … les rêves pieux et les saintes louanges, Et tous les anges purs et tous les grands archanges… chantent sur leurs harpes d’or la naissance d’Éloa, cette ange charmante née d’une larme de Jésus. […] Les symbolistes attendaient qu’en ses vieux jours ce poète savant et charmant chantât, à leur venue, le cantique de Siméon. Et parce qu’il n’a point chanté de prophétie, ils disent qu’il n’est qu’un faux devin et un inutile chanteur.
Encore, La Fontaine a pris la fable comme son gibier, pour parler ainsi que Montaigne, parce qu’il a senti instinctivement, subconsciemment peut-être, mais enfin parce qu’il a senti qu’il avait un grand amour de la nature, que le fond même de sa nature à lui était l’amour des champs et des bois ; il nous l’a dit lui-même dans la citation que j’ai faite dernièrement : Je n’ai jamais chanté que l’ombrage des bois, Le vert tapis des prés et l’argent des fontaines… Son amour, son affection, le fond même de ses tendances étaient là. […] Il y a un imbécile qui est perché sur un arbre, ayant un fromage en sa possession, et il y a un être quelconque qui ne peut pas monter sur cet arbre et arracher la proie à celui qui la détient, et qui le flatte pour l’avoir, et qui le fait chanter pour que le fromage lui échappe. […] Grâce aux Filles de mémoire, J’ai chanté des animaux ; Peut-être d’autres héros M’auraient acquis moins de gloire. […] C’a été son premier mot, c’est ce qu’il a dit dans le prologue des premières fables, à Mgr le Dauphin : Je chante les héros dont Esope est le père ; Troupe de qui l’histoire, encor que mensongère, Contient des vérités qui servent de leçons.