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495. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Toutes les grandes et vraies réactions ont leurs causes profondes. […] Ce ne peut pas être, ce semble, pour un tel avortement, pour un tel jeu d’actions et de réactions sans cause suffisante, pour de tels engouements successifs et contraires, que tant d’efforts, tant d’essais distingués, tant d’idées enfin ont été dépensées depuis plus de cinquante ans, et que, sans remonter plus haut, les hommes consciencieux et laborieux ont semé une foule de germes aux saisons dernières de la Restauration, en ces années de combat et de culture. […] Sans donc la faire pire qu’elle n’est, continuons de presser la situation, d’en rechercher les causes, d’en noter du moins à vue de pays quelques circonstances. […] L’influence de cet ordre de causes secrètes et intestines sur les idées et sur les œuvres est incalculable.

496. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

. — Quand on découvre des ressemblances entre une littérature et les autres littératures avec lesquelles elle a pu se trouver en contact, on peut être en présence de trois cas bien distincts : ou la littérature donnée a passé par les mêmes phases que ses sœurs sous l’influence de causes analogues ; ou bien elle a subi leur action ; ou encore elle leur a fait sentir la sienne. […] On possède les causes qui ont pu influer sur le développement de cette nation ; reste à en examiner les effets. […] Les causes de ces répulsions sont variées ; elles sont individuelles ou générales ; l’homme ou l’ouvrage en question peut aussi bien être en désaccord avec notre tempérament, notre éducation, nos goûts particuliers que mal vu et condamné, parce qu’il appartient à une nation en querelle avec la nôtre. […] C’est ainsi que la lumière, qui met des années et des années à nous arriver des étoiles lointaines, nous en révèle l’histoire ancienne et peut même nous apporter des nouvelles de mondes qui ne sont plus… » Je suis heureux de pouvoir ajouter que la cause de méprise, signalée ici, n’existe plus au même degré qu’en ce temps-là.

497. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Avocat sans causes, il fait, dans la salle des Pas-Perdus, l’antichambre de la renommée, et son éloquence dédaignée de la clientèle, s’épanche gratuitement à la maison en discours amers : Toutes les modesties Et toutes les pudeurs, je les jette aux orties ! […] Joulin, un avoué qui lui promet des causes, à une femme dont le mariage n’a pu replâtrer la réputation : tous les salons se ferment à deux battants devant cette lorette parvenue qui exhale une vague odeur de balai rôti. […] Peut-être est-il trop vieux pour les besoins de la cause. […] Il cause, il raconte, il dit son avis, il a du calme, de l’aplomb, un scepticisme de bonne compagnie, et des saillies, comme s’il en pleuvait.

498. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Sa correspondance avec Mme de La Tour, pendant son séjour en Suisse, porte des traces de cette irritation, de cette surexcitation de vanité, c’est-à-dire de ce qui, en ce genre de folie, est à la fois la cause et le symptôme : « Vous dites que je ne suis indifférent à personne, écrivait-il un jour à Mme de La Tour ; tant mieux ! […] Lorsque, six mois après le départ de Rousseau pour l’Angleterre, éclata la brouille avec Hume, et que tout Paris prit fait et cause pour ou contre, Mme de La Tour n’hésita point : elle était pour Jean-Jacques quand même ; c’est l’honneur et le droit des femmes d’agir à l’aveugle en pareil cas. Elle publia, sans se nommer, une Lettre toute favorable au caractère de son ami, elle qui savait cependant si bien à quel point il pouvait se montrer injuste et injurieux sans cause. […] Chateaubriand, dans un jugement final, insistant sur le défaut essentiel du caractère, a dit de lui : Qu’un auteur devienne insensé par les vertiges de l’amour-propre ; que toujours en présence de lui-même, ne se perdant jamais de vue, sa vanité finisse par faire une plaie incurable à son cerveau, c’est de toutes les causes de folie celle que je comprends le moins, et à laquelle je puis le moins compatir.

499. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Les mêmes conditions historiques ne pouvant se reproduire, le même fait historique ne saurait reparaître ; et comme une loi exprime nécessairement qu’à certaines causes, toujours les mêmes, correspondra un effet toujours le même aussi, l’histoire proprement dite ne porte pas sur des lois, mais sur des faits particuliers et sur les circonstances, non moins particulières, où ils se sont accomplis. […] J’arrive à la cause plus profonde qui a retardé jusqu’ici la « recherche psychique » en dirigeant d’un autre côté l’activité des savants. […] En même temps que cette biologie vitaliste aurait surgi une médecine qui eût remédié directement aux insuffisances de la force vitale, qui eût visé la cause et non pas les effets, le centre au lieu de la périphérie : la thérapeutique par suggestion, ou plus généralement par influence de l’esprit sur l’esprit, eût pu prendre des formes et des proportions que nous ne soupçonnons pas. […] La démonstration mathématique — cette création du génie grec — fut-elle ici l’effet ou la cause ?

500. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

La cause ancienne de cette opinion tenait sans doute à une sorte de rudesse des hommes de la Béotie, n’ayant pas eu, comme ceux d’Athènes, l’activité du commerce et des arts, vivant d’une vie plus simple, laboureurs et bergers, et ne pratiquant pas, comme les Spartiates, leurs voisins, cette forte discipline, cette vertueuse et austère pauvreté qui, seule aux yeux des Grecs, soutenait le parallèle avec la magnificence et le bon goût d’Athènes. […] Panégyriste des rois de Sicile près desquels se retira plus tard le poëte Eschyle, Pindare ne les loua que de leurs vertus, et au profit du commun salut de la Grèce, dont ces rois défendaient aussi la cause contre d’autres barbares alliés de la Perse. […] » Ces paroles, qui rappelaient un ancien désastre, en même temps qu’elles en assignaient la cause, en disent assez sur les jeux de la Grèce. […] On le sait, cependant : à cette seconde invasion des Perses, Thèbes déserta la cause de la Grèce ; et la trahison d’un Thébain avait indiqué, dit-on, le passage par où furent livrés Léonidas, ses trois cents Spartiates et les Béotiens de Thespies.

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