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1055. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXII. Des éloges des hommes illustres du dix-septième siècle, par Charles Perrault. »

Enfin ceux qui sentent tout le prix des talents, et qui ont le goût des arts, voient avec intérêt, à la suite des princes, des généraux et des ministres, les noms des artistes célèbres ; de Lully, de Mansart, de Le Brun ; de ce Claude Perrault, qu’on essaya de tourner en ridicule, et qui était un grand homme ; de la Quintinie, qui commença par plaider avec éloquence, et qui finit par instruire l’Europe sur le jardinage ; de Mignard, dont ses parents voulurent faire un médecin, et dont la nature fit un peintre ; du Poussin, qui, las des intrigues et des petites cabales de Paris, retourna à Rome vivre tranquille et pauvre ; de Le Sueur qui mérita que l’envie allât défigurer ses tableaux ; de Sarrazin, qui, comme Michel-Ange, fut à la fois sculpteur et peintre, et eut la gloire de créer les deux Marsis et Girardon ; de Varin, qui perfectionna en homme de génie l’art des médailles ; enfin du célèbre et immortel Callot, qui eut l’audace, quoique noble, de préférer l’art de graver, à l’oisiveté d’un gentilhomme, et qui imprima à tous ses ouvrages le caractère de l’imagination et du talent. […] Ce sont des dessins ou l’artiste n’a employé que le trait pour dessiner sa figure, et en saisir le caractère et l’attitude.

1056. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

La gloire artistique, sous le bénéfice des réserves que nous avons faites, n’a été trop souvent qu’une ambition toute personnelle et semble destinée, par le cours fatal que suivent les choses, à prendre de plus en plus ce caractère étroit. […] Mais la plupart conservent un caractère ennuyé, ennuyeux, de leçon apprise, et n’ont pas plus de valeur, comme sentiments spontanés et vifs, que n’en aurait l’enthousiasme d’un rhétoricien pour Sophocle. […] Pourquoi, au contraire, ne ferait-on pas consister le caractère essentiel du génie dans une certaine force irrépressible qui le contraint à se faire jour en dépit des circonstances et de quelque manière que ce soit ? […] J’imagine qu’il y a en lui le Politique, le Penseur, le Législateur, le Philosophe ; à un degré ou à un autre, il aurait pu être, il est tous ces hommes-là… Le grand caractère fondamental est cela pour un grand homme : que l’homme soit grand. […] Il est vrai que l’objection n’en serait pas une pour Carlyle, qui sans doute ne reconnaissait chez les deux pauvres sires aucun des caractères du héros.

1057. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Les règles n’ont qu’un caractère négatif. […] — Rodogune est un caractère énigmatique. […] Vous avez une idée à vous du caractère et du rôle de Mme de Simerose. […] Un homme soucieux de peinture de mœurs, ou d’analyse de caractères, soucieux pour faire plus court, de peindre quelque chose, se dira : « Quels sont les caractères que suppose cette situation ? […] Le caractère de l’homme à toutes les époques est de rechercher son bien-être.

1058. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Ce caractère s’est manifesté de nos jours par la transformation insensible du protestantisme en un plat rationalisme. […] Autre caractère du symbole, et non pas le moins essentiel. […] Spronck n’hésite pas à l’appeler « le caractère peut-être le plus original qu’ait produit notre époque ». […] Ni caractères, ni passions, ni peintures de mœurs, disent-ils, on ne trouve rien dans son théâtre ; et son habileté de prestidigitateur n’a pour objet que de nous éblouir sur cette absence de mœurs, de passions, et de caractères. […] De là le caractère, non pas précisément « commun » ou « moyen », ainsi qu’on l’a dit quelquefois, — et qui d’ailleurs ne les rendrait que plus classiques encore peut-être, — mais le caractère « public » de ce qu’ils nous ont laissé.

1059. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

. —  Harmonie générale entre le caractère d’un poëte et le caractère de son siècle. —  Nash, Decker, Kyd, Peel, Lodge, Greene. —  Leur condition et leur vie […] C’est l’unité d’un caractère qui lie deux actions du personnage, comme c’est l’unité d’une impression qui lie deux scènes du drame. […] On devine bien quels puissants caractères il faut pour soutenir ces terribles drames. […] Elles perdent moins vite le respect, elles pèsent moins vite les valeurs et les caractères ; elles sont moins promptes à deviner le mal et à mesurer leurs maris. […] Voir la peinture de ce caractère dans toute la littérature anglaise et allemande.

1060. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

. —  Noblesse de son caractère et de sa conduite. —  Élévation de sa morale et de sa religion. —  Comment sa vie et son caractère ont contribué à l’agrément et à l’utilité de ses écrits. […] Sa politesse a reçu de son caractère un tour et un charme singulier. […] Addison, pour louer Milton, établit que, selon la règle du poëme épique, l’action du Paradis est une, complète et grande ; que les caractères y sont variés et d’un intérêt universel, que les sentiments y sont naturels, appropriés et élevés ; que le style y est clair, diversifié et sublime : maintenant, vous pouvez admirer Milton ; il a un certificat d’Aristote. […] La véritable imagination aboutit naturellement à l’invention des caractères. […] Addison revient vingt fois sur son vieux chevalier, découvrant toujours quelque nouvel aspect de son caractère, observateur désintéressé de la nature humaine, curieusement assidu et perspicace, véritablement créateur, n’ayant plus qu’un pas à faire pour se lancer, comme Richardson et Fielding, dans la grande œuvre des lettres modernes, qui est le roman de mœurs.

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