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262. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Il contenait cinq œufs, d’une forme ovale allongée, ayant huit lignes de long sur six de large ; le fond en était d’un blanc pur, avec quelques raies ou taches vers le gros bout, et d’un rouge clair. […] De temps en temps aussi passait l’orfraie, suivie d’un aigle à tête blanche ; et leurs mouvements gracieux, au sein des airs, emportaient ma pensée bien loin au-dessus d’eux, dans les régions du ciel les plus sereines, et me conduisaient ainsi délicieusement et en silence jusqu’au sublime auteur de toutes choses. […] Je laissai les pewees à leurs ébats, et regardant dans le nid, j’y aperçus leur premier œuf, si blanc et d’une telle transparence (transparence qu’il perd, je crois, bientôt après être pondu), que cette vue me fit plus de plaisir que si j’eusse trouvé un diamant d’une égale grosseur. […] La construction, assez fragile du reste, cède de temps à autre, soit sous le poids des parents et des jeunes, soit emportée par un flot subit de pluie, cas auxquels ils sont tous ensemble précipités par terre. — On y compte de quatre à six œufs d’un blanc pur, et il y a deux couvées par saison. […] Deux semaines après, six œufs, blancs et transparents comme le cristal, sont déposés dans l’asile conjugal.

263. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Sur l’eau, à l’ombre, un jardin formé par une haie de roseaux à la Fragonard, levant leurs lances, d’où retombent si élégamment des tiges brisées, et tout au bord les larges feuilles des nénuphars, offrant et présentant, ainsi que des tasses sur des soucoupes, leurs fleurs étincelantes de blanc frais à cœur jaune, reflétées dans la rivière lucide. […] Le blanc du nénuphar est frais. […] A, si je ne me trompe, était noir ; E, blanc ; I, rouge ; U, vert ; O, bleu et, dès qu’il devenait long, violet. […] Là, enfouis dans la verdure, des chalets coquets et mignons, où la reine de France venait battre le beurre de ses blanches mains et jouer à la bergère avec les dames et les seigneurs de sa cour. […] Pendant que la mère s’étale avec éclat et fracas, la fille, malgré des succès qui la désignent aux regards, apparaît modeste, vêtue de blanc, le front grave, l’air inspiré, tenant le milieu entre l’ange et la muse.

264. (1926) L’esprit contre la raison

En opposition aux salamalecs de tous nos officiels déguisés ou non, je pense encore à l’humour de Jarry, aux poèmes blanc sur blanc de Paul Éluard. […] On retrouve par exemple les « poèmes blancs sur blanc » de Paul Éluard associés à un vers de Saint-Léger dans « Merci, Paul Klee » édité pour la première fois à Berlin par la Galerie Albert Fleichtheim en mars 1928, op. cit. […] L’article « Pour la simple honnêteté » publié dans Les Cahiers du mois n° 20-21 juin 1926 passe par les mêmes exemples, les mêmes formulations et constitue une première esquisse de l’essai ; on retrouvera les  poèmes blancs sur blanc de Paul Éluard associés à un vers de Léger dans « Merci, Paul Klee » édité pour la première fois à Berlin par la Galerie Albert Fleichtheim en mars 1928, L’Esprit contre la raison et autres écrits surréalistes, éd. cit. p. 39-40.

265. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Niel s’est attaché dans sa collection à ne reproduire que ce qu’il y a de plus authentique et de tout à fait original, et il s’en est tenu à une seule espèce d’images, à celles qui sont dessinées aux crayons de diverses couleurs par les artistes du xvie  siècle : « On désignait alors par le nom de crayons, dit-il, certains portraits sur papier exécutés à la sanguine, à la pierre noire et au crayon blanc ; teintés et touchés de manière à produire l’effet de la peinture elle-même. » Ces dessins fidèlement reproduits, et où la teinte rouge domine, sont dus primitivement la plupart à des artistes inconnus, mais qui semblent être de la pure lignée française. […] avait presque toujours son chapeau au poing, principalement pour saluer les dames et damoiselles qui étaient aux fenêtres… Mme de Liancourt marchait un peu devant lui, dans une litière magnifique toute découverte, chargée de tant de perles et de pierreries si reluisantes qu’elles offusquaient la lueur des flambeaux ; et avait une robe de satin noir, toute houppée de blanc. […] Elle était blanche et blonde ; elle avait les cheveux blonds et d’or fin, relevés en masse ou mi-crêpés par les bords, le front beau, l’entrœil (comme on disait alors) large et noble, le nez droit et régulier, la bouche petite, souriante et pourprine, la physionomie engageante et tendre, un charme répandu sur les contours.

266. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Il semble qu’il veuille épargner ses secrétaires : c’est dommage qu’il n’est greffier du parlement de Paris, car il gagnerait plus que Du Tillet ni tous les autres. » Ayant à entrer quelquefois dans les parlements de Toulouse et de Bordeaux, quand il était lieutenant pour le roi en Guyenne, il n’en revenait pas de voir que tant de jeunes hommes s’amusassent ainsi dans un palais, vu qu’ordinairement le sang bout à la jeunesse : « Je crois, ajoutait-il, que ce n’est que quelque accoutumance ; et le roi ne saurait mieux faire que de chasser ces gens de là, et les accoutumer aux armes. » Mais toutes ces sorties contre ce qui n’est pas gloire des armes et d’homme de guerre n’empêchent pas Montluc de sentir l’importance de ce chétif instrument, la plume : il s’en sert,-sachant bien que ce n’est que par là et moyennant cet auxiliaire qu’il est donné à une mémoire de s’immortaliser, qu’il n’en sera de votre nom dans l’avenir que selon qu’il restera marqué en blanc ou en noir par les historiens ; et son ambition dernière, à lui qui a tant agi, c’est d’être lu : « Plût à Dieu, dit-il, que nous qui portons les armes prissions cette coutume d’écrire ce que nous voyons et faisons ! […] La veille de Noël, il envoie par un sien trompette à Montluc « la moitié d’un cerf, six chapons, six perdrix, six flacons de vin excellent et six pains blancs, pour faire le lendemain la fête. » Montluc ne trouve point cette courtoisie étrange, d’autant que dans sa grande maladie trois ou quatre mois auparavant, le même marquis lui avait envoyé pareillement quelque gibier et avait laissé entrer un mulet chargé de petits flacons de vin grec. […] » Parlant des piques, hallebardes, épées à deux mains, toutes armes blanches, par opposition aux arquebuses, il lui échappe de dire en un endroit : « Ce sont les plus furieuses armes ; car s’amuser à ces escopeteries, c’est temps perdu : il faut se joindre ; ce que le soldat ne veut faire lorsqu’il y a des armes à feu, car il veut toujours porter de loin. » — À y bien regarder, on trouverait seulement qu’en se servant de toutes deux, il tenait plus grand compte (ce qui est tout simple) de l’artillerie que de l’arquebuserie. — C’est le cas de rappeler ce mot, qui nous a été transmis par Plutarque, du roi de Sparte Archidame : la première fois qu’il vit un de ces énormes traits à lancer de loin par des balistes et des catapultes, qu’on avait nouvellement apportés de Sicile et qui étaient déjà l’arquebuserie ou l’artillerie des anciens, il s’écria : « Par Hercule !

267. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Il fait commencer l’instruction dès les plus tendres années de l’enfant ; il montre la force des premières impressions, il développe le « quo semel est imbuta recens… » : « Cette âme donc toute neuve et blanche, tendre et molle, reçoit fort aisément le pli et l’impression que l’on lui veut donner, et puis ne le perd aisément. » Cette jolie et franche expression (une âme toute neuve et blanche, mens novella) est-elle bien de luim ? […] Cette jolie et fraîche expression (une âme toute neuve et blanche, mens novella) est-elle bien de lui ?

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