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518. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Au fond il n’y a ni mythologie, ni langues, mais seulement des hommes qui arrangent des mots et des images d’après les besoins de leurs organes et la forme originelle de leur esprit. […] On touche ici le fond de l’homme ; car pour expliquer cette conception, il faut considérer la race elle-même, c’est-à-dire le Germain et l’homme du Nord, sa structure de caractère et d’esprit, ses façons les plus générales de penser et de sentir, cette lenteur et cette froideur de la sensation qui l’empêchent de tomber violemment et facilement sous l’empire du plaisir sensible, cette rudesse du goût, cette irrégularité et ces soubresauts de la conception, qui arrêtent en lui la naissance des belles ordonnances et des formes harmonieuses, ce dédain des apparences, ce besoin du vrai, cette attache aux idées abstraites et nues, qui développe en lui la conscience au détriment du reste. […] Un climat et une situation différente amènent chez lui des besoins différents, par suite un système d’actions différentes, par suite encore un système d’habitudes différentes, par suite enfin un système d’aptitudes et d’instincts différents. […] Si un besoin, une faculté est une quantité capable de degrés ainsi qu’une pression ou un poids, cette quantité n’est pas mesurable comme celle d’une pression ou d’un poids. […] Ce qui la règle dans un corps vivant, c’est d’abord sa tendance à manifester un certain type primordial, ensuite la nécessité où il est de posséder des organes qui puissent fournir à ses besoins et de se trouver d’accord avec lui-même afin de vivre.

519. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Mais cette différence dans les plantes et les animaux, qui dépend du climat et de l’élévation du sol au-dessus de la surface de la mer, réveilla chez Humboldt le besoin d’étendre encore ses recherches sur le développement géographique des plantes et des animaux, et ses recherches ultérieures en Amérique firent de lui le premier fondateur de cette science. […] Il ne le prononçait pas dans ses œuvres ; il était du nombre de ces savants issus du matérialisme le plus pur qui, n’osant pas le nier, le passent sous silence, ou qui disent : Dieu est une hypothèse dont je n’ai jamais eu besoin pour la solution de mes problèmes. […] Les vérités géométriques sont des vérités de dernier ordre, des axiomes de fait qui n’ont besoin que de l’œil matériel pour être aperçus, mais que l’œil intellectuel, la raison, ne peut reconnaître. […] Il y a huit ans qu’il disait encore qu’il avait besoin de prolonger, la plupart du temps, ses travaux littéraires jusqu’à une heure où les autres dorment, parce qu’il passait les heures habituelles du travail en grande partie auprès du roi. […] Il ressemble à une fontaine munie de plusieurs tuyaux près desquels on n’a besoin que de placer des vases sous les flots qui s’écoulent frais et inépuisables.

520. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

— Volontiers, messieurs, répondit gracieusement Hyeronimo en reprenant ses sandales ferrées et en jetant à terre sa zampogne, mais je n’ai pas besoin de baïoques pour rendre service ; nous sommes assez riches à la cabane, avec nos châtaigniers et notre maïs, pour donner aux pauvres pèlerins sans rien demander aux riches comme vous. […] — Il n’y a pas besoin, dit l’homme de loi ; appelez votre fils, votre frère et votre nièce, qui ne sont pas loin ; je vais vous lire la citation moi-même. […] — Est-ce que nous avons besoin de nous quitter pour bien vivre ? […] Nous n’aurons pas besoin qu’Hyeronimo aille gagner la mal’aria dans les eaux dormantes de la Maremme, dont on voit d’ici les brouillards traîner au bord de la mer comme des fumées d’enfer, n’est-ce pas ? […] Je dis la même chose à Hyeronimo, et nous nous reconsolâmes comme nous pûmes le soir, en allant visiter, l’un sa fontaine, l’autre ses plants de maïs déjà en fuseaux et commençant à jaunir ; l’autre, ses ceps de vigne en fleur qui embaumaient jusqu’à la maison ; l’autre en comptant ses brebis et ses chèvres ; moi, en touchant le poil et les oreilles dressées de mon chien qui me léchait le visage et les mains, comme s’il avait compris à je ne sais quoi que nous avions besoin d’être consolés.

521. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Il n’y avait pas besoin de loi contre elles, il suffisait de l’ostracisme du dégoût. […] Rousseau, ainsi que plusieurs opuscules de cette première adolescence de mademoiselle Necker, n’eurent pas besoin de l’indulgence due à son âge et de la courtisanerie des familiers de son père pour faire sensation dans le monde lettré à Paris. […] La conversation, besoin d’échange des esprits et des cœurs, devint une nécessité et presque une institution du pays. […] La supériorité d’une épouse les offusque moins, parce qu’ayant moins de prétention pour eux-mêmes, ils placent leur orgueil dans la gloire de leur idole ; ils s’honorent d’admirer de plus près l’épouse que le monde admire loin ; leur amour n’a pas besoin de l’égalité, il est un culte ; ils se sacrifient en se subordonnant à celles qu’ils adorent. […] L’ambition d’être un chef de parti dans la république, la soif de la gloire, l’enivrement des applaudissements publics, et le besoin plus impérieux d’aimer et d’être aimée, troublaient trop son âme pour la laisser voir au fond d’elle-même.

522. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Il va sans dire qu’on ne nie pas l’existence de chants lyriques : épopée et lyrisme répondent à deux besoins de l’âme humaine : mais l’épopée vient des narrations épiques. […] Jamais on n’a besoin et presque toujours on aurait tort de retenir ce qu’on appelle aujourd’hui « l’écriture » du poète ; quiconque voit les scènes dramatiques par lesquelles s’ouvrent Girart de Viane ou le Charroi de Nîmes 30 refaisant en langage quelconque les dialogues nécessaires, peut être assuré d’avoir extrait des ouvrages originaux toute la beauté qu’ils contenaient. […] De bonne heure s’était ébauchée l’organisation des cycles qui répond à un besoin naturel de l’esprit humain. […] De plus, à mesure que se multipliaient les chansons, on sentait le besoin de mettre un ordre dans cette abondance : or quoi de plus simple que de grouper les récits selon les rapports de parenté qui en unissaient les acteurs ? […] Elle se mit à lire, et n’ayant plus besoin, des jongleurs, elle donna leur place auprès d’elle aux hérauts, détenteurs de la science du blason, rédacteurs de chroniques, ordonnateurs de jeux et de pompes.

523. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

La plus importante de ces considérations, puisée dans la nature même du sujet, consiste dans le besoin à toute époque, d’une théorie quelconque pour lier les faits, combine avec l’impossibilité évidente, pour l’esprit humain à son origine, de se former des théories d’après les observations. […] Car si, d’un côté, toute théorie positive doit nécessairement être fondée sur des observations, il est également sensible, d’un autre côté, que, pour se livrer à l’observation, notre esprit a besoin d’une théorie quelconque. […] Tel est aujourd’hui, sous plusieurs rapports capitaux, le plus grand et le plus pressant besoin de notre intelligence : tel est, j’ose le dire, le premier but de ce cours, son but spécial. […] Je n’ai pas besoin d’insister davantage en ce moment sur un sujet qui reviendra fréquemment dans toute la durée de ce cours, et à l’égard duquel je présenterai spécialement de nouvelles considérations dans la prochaine leçon. […] (3) je n’ai pas besoin de plus grands détails pour achever de convaincre que le but de ce cours n’est nullement de présenter tous les phénomènes naturels comme étant au fond identiques, sauf la variété des circonstances.

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