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491. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Par sa nature, il doit répugner à cette forme essentiellement parnassienne du sonnet, à cette œuvre d’asthmatique qui, entre deux toux, place nettement son petit mot… Et puisque nous avons tous une famille littéraire quand nous sommes bien nés littérairement, et qu’alors nous ne nous mettons pas aux Enfants Trouvés des Écoles, l’auteur de La Vie inquiète s’apparente de loin à Henri Heine, et, de plus près, à lord Byron. […] Parmi les Parnassiens à la suite de Gautier, le byronisme de l’auteur de La Vie inquiète lui a-t-il été reproché comme l’infériorité attardée d’un autre temps et comme une impossibilité d’atteindre le niveau du sien ? […] Le Clown triste, la Nostalgie de la Croix, les Vers à l’auteur des Va-nu-pieds, Michel-Ange, les Vers écrits à Florence, et enfin ceux qui terminent le volume : À Leconte de Lisle, sont réellement des vers. […] Parmi toutes ces poésies lyriques où la personnalité de l’auteur jette plus énergiquement son cri, M.  […] Seulement, — au lieu de lui en faire un reproche, à ce poète d’un temps meilleur dans ce temps mauvais, je lui en fais une gloire, — c’est cette inquiétude que l’auteur de la Vie inquiète a retrouvée.

492. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Pourquoi son auteur, M.  […] Que si, au contraire, ce titre d’Aventures parisiennes donné à un livre d’observation d’intérieur, de coin du feu, de sentiment raffiné, est une ironie détournée contre cette société devenue si uniformément plate à force de civilisation, et dans laquelle chacun de nous n’a plus d’autres aventures à courir que dans les deux pouces cachés de son propre cœur, elle est vraiment trop détournée, cette ironie ; c’est là une intention qui ne sera pas aperçue, et l’auteur aura manqué son trait, comme le joueur au billard manque la bille pour avoir voulu la prendre trop fin. […] Seulement, par cela même, il est très-peu apte à manier cette grossièreté matérielle que l’on appelle le roman d’aventures, et, certes, il y a une manière de l’entendre, ce roman-là, qui n’est celle ni de l’auteur des Mousquetaires adoré des bourgeois, ni de ce Casanova, autre romancier d’aventures, quoiqu’il se soit donné comme un historien, et que le prince de Ligne avait appelé Aventuros. […] Assurément nous ne comparerons pas à l’auteur de Marianne, des fausses Confidences, des Jeux de l’Amour et du Hasard et de tant de chefs-d’œuvre où l’art est retors jusqu’à l’artifice, un auteur à l’aurore de ses premières pages, qui a du sentiment comme Chérubin dans sa romance, et qui, comme Chérubin, est très-joli garçon en femme, ainsi qu’il l’a prouvé dans sa Confession d’Antoinette, dont tout à l’heure nous allons vous parler. […] Alfred de Musset, cet épervier de la fantaisie, qui, lui, a quelquefois emporté Marivaux sur ses ailes jusque dans le plus bleu du ciel de Shakespeare, Alfred de Musset, nous n’en doutons pas, n’aurait point dans ses meilleurs jours hésité à signer ces deux nouvelles, où l’auteur s’est fait si complètement femme par la pensée, les sentiments et le langage, afin de nous mieux régaler des plus délicieuses mélancolies.

493. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Juste Olivier, de Lausanne, et nous obtenions de lui qu’il voulût bien nous communiquer les textes autographes des Chroniques parisiennes, par lesquelles le futur auteur des Causeries du Lundi s’entretenait la plume et la main dans la Revue Suisse pendant les années 1843, 184 et 1845. […] Olivier le jugeait à propos : on avait d’avance l’approbation de l’auteur. […] On peut, avec probité et sans manquer à rien de ce qu’on doit, bien voir à Paris sur les auteurs et sur les livres nouveaux ce qu’on ne peut imprimer à Paris même à bout portant, et ce qui, à quinze jours de là, s’imprimera sans inconvénient, sans inconvenance, dans la Suisse française. […] Nous n’y voyons pas plus d’inconvénient en France à cette heure, qu’il n’y en avait, du vivant de l’auteur, à quinze jours d’intervalle, dans la Suisse française. […] Les gens de Lettres pensent de même sur la critique littéraire ; ils n’osent pas proposer de la proscrire entièrement, mais leur délicatesse sur cet article est si grande, que, si l’on y avait tout l’égard qu’ils désirent, on réduirait la critique à rien. » — Il paraît que les auteurs du temps de Malesherbes avaient recours à la censure, quand ils voulaient se venger d’un critique.

494. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Corneille, plus rapproché des temps orageux de la Ligue, montre souvent dans ses tragédies le caractère républicain ; mais quel est l’auteur du siècle de Louis XIV dont l’indépendance philosophique peut se comparer à celle des écrits de Voltaire, de Rousseau, de Montesquieu, de Raynal, etc. ? […] Un auteur peut rendre à jamais ridicule une expression dont il s’est inconvenablement servi ; un usage, une opinion, un culte, peuvent relever ou avilir par des idées accessoires l’image la plus naturelle. […] L’indépendance républicaine doit donc chercher à imiter la correction des auteurs du siècle de Louis XIV, pour que les pensées utiles se propagent, et que les ouvrages philosophiques soient en même temps des ouvrages classiques en littérature. […] L’auteur qui a porté au plus haut degré de perfection, et le style, et la poésie, et l’art de peindre le beau idéal, Racine, est l’écrivain qui donne le plus l’idée de l’influence qu’exerçaient les lois et les mœurs du règne de Louis XIV sur les ouvrages dramatiques. […] Le public terrible, mais inconnu, d’une assemblée tumultueuse, inspire moins de timidité que cet aréopage de la cour dont l’auteur voudrait captiver personnellement chaque juge.

495. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre II : Termes abstraits »

L’époque de transition à laquelle appartient l’ouvrage apparaît dans cette partie mieux qu’ailleurs : l’auteur hésite encore entre la méthode trop verbale du xviiie  siècle et une analyse plus concrète qui sera celle de ses successeurs. […] Il y a çà et là quelques essais de ce genre dans notre auteur, mais bien incomplets. […] II Sous le nom de termes relatifs, l’auteur étudie les diverses idées de rapport. […] Comme il est presque impossible, en restant exact, d’analyser une analyse, nous n’essayerons pas de suivre l’auteur dans son examen des idées de ressemblance et différence, antécédent et conséquent, position dans l’espace, ordre dans le temps, quantité, qualité, etc. […] Voir ci-après ces deux auteurs.

496. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

Nous avons observé déja dans le premier volume de cet ouvrage que les symphonies étoient susceptibles, ainsi que le sont les chants musicaux composez sur des paroles d’un caractere particulier qui rende ces symphonies capables de nous affecter diversement en nous inspirant tantôt de la gayeté, tantôt de la tristesse, tantôt une ardeur martiale et tantôt des sentimens de dévotion : le son des instrumens, écrit Quintilien, l’auteur le plus capable de rendre compte du gout de l’antiquité, nous affecte, et bien qu’il ne nous fasse pas entendre aucun mot, il ne laisse point de nous inspirer divers sentimens. " c’est en vertu des loix de la nature, dit dans un autre endroit l’auteur que nous venons de citer, que les tons et la mesure font tant d’effet sur nous. […] Cet auteur entendoit par sons parfaits, auxquels il oppose des sons des simphonies qui n’ont qu’un être imparfait, les sons des recits en musique où le son naturel étant adapté à des mots, se trouve joint avec un son articulé. […] Aussi les auteurs anciens qui parlent des guerisons operées par la vertu de la musique en parlent-ils comme de cures extraordinaires. […] On peut donc lire à ce sujet le recueil de plusieurs auteurs anciens qui ont écrit sur la musique, publié et commenté par le premier, et le livre de tibiisveterum, écrit par le Gaspard Bartholin.

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