L’affaire du Collier, l’impudence des vils agents, auteurs de l’intrigue, la crédulité et la fatuité béate du principal personnage, l’éclatante connivence de l’opinion publique, avide de tout scandale, l’espèce de complicité du Parlement lui-même, indulgent à l’excès pour le premier accusé, cette sorte d’impunité triomphante, firent monter la rougeur et la flamme au front de Marie-Antoinette indignée, et c’est de ce moment qu’elle dut commencer à sentir que tout est sérieux dans de certains rôles, que les personnages le plus en vue ne s’appartiennent pas, qu’il n’y a pas lieu à la moindre distraction ni à l’oubli, même innocent, en face d’un public curieux, médisant, malveillant, et qu’en politique on n’est pas simplement ce qu’on est : on est ce qu’on paraît être.
Le premier et le plus dangereux de tous est Mirabeau dont je vous ai déjà parlé ; mais son immoralité inspire une telle horreur, et on a fait un tel portrait de lui aux journées des 5 et 6 octobre dont il a été le l’auteur et le meneur, qu’on ne saurait se déterminer à avoir de près ni de loin aucun rapprochement avec cet homme67… » C’était faux.
Les auteurs ne sont pas d’accord sur l’origine du privilège champenois ; mais à ceux qui plaisantaient sur la noblesse utérine, il fut répondu plus d’une fois : incerlus pater, mater vero certa.
Or, cette idée, à première vue, ressemblait trop à une imagination de Saint-Simon pour ne pas lui être attribuée, et en effet le duc de Noailles, qui soufflait ce feu, donnait tout bas son cher confrère pour auteur et promoteur de ce singulier projet de salutation, de telle sorte que, parmi cette noblesse outrée, plus d’un aurait pu lui en chercher querelle et lui faire un mauvais parti.
« Le seul art dont j’oserais soupçonner Mme de Sévigné, dit Mme Necker, c’est d’employer souvent des termes généraux, et par conséquent un peu vagues, qu’elle fait ressembler, par la façon dont elle les place, à ces robes flottantes dont une main habile change la forme à son gré. » La comparaison est ingénieuse ; mais il ne faut pas voir un artifice d’auteur dans cette manière commune à l’époque.
Un mot sur leur auteur.