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1147. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Et puis, il faut que tu dormes sur l’affût d’un canon comme sur un lit, et pour t’y habituer, tu vas coucher pendant huit jours sur une couverture, attachée sur le parquet par quatre clous. » * * * — Ma cousine disait à M.  […] On a pris Sébastopol par le ministère des affaires étrangères. » Il y avait à Saint-Pétersbourg, pendant la guerre, un attaché militaire de Prusse, M. de Munster, très aimé en Russie, et qui envoyait au roi Guillaume tous les détails secrets de la campagne, les procès-verbaux des conseils de guerre tenus chez les Impératrices. […] Seiffert, le directeur de la Cour des comptes à Potsdam, que M. de Manteuffel, le ministre des affaires étrangères, pour se prémunir contre les agissements du parti russe, très puissant alors à la cour de Berlin, avait de compte à demi avec M. de Hinkeldey, le président de la police, organisé un service secret, qui, depuis plus d’un an, lui livrait la copie des lettres particulières que M. de Gerlach et M. de Niebuhr échangeaient derrière son dos, avec l’attaché militaire de Prusse à Saint-Pétersbourg.

1148. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Cent quatre-vingts dîneurs dans une salle à manger, en forme de galerie d’Apollon, et au-dessous de la porte d’entrée, est attachée une immense palette, censée représenter la palette du maître coloriste des marmitons. […] Un matin que j’allais demander au mari de m’attacher des hameçons à une ligne, j’entrais dans leur chambre à coucher sans frapper. […] Mme de Nittis, dépeignée, un caraco mal boutonné sur une camisole, une jupe attachée de travers, de l’égarement dans les yeux, va incessamment d’un bout à l’autre du long salon, tombant un moment sur un fauteuil ou sur un canapé, qu’elle trouve en son chemin, se relevant aussitôt, et reprenant son éternelle promenade, avec des pieds qui traînent et qu’on sent las, et qui marchent toujours.

1149. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

En apparaissant trop, elle aurait assumé sur elle et sur son fils les impopularités dangereuses qui s’attachaient à Mazarin. […] On s’attacha à eux pour leur vertu, pour leur science et pour leur persécution. […] Mais il entrait de plus dans les vues personnelles de Mme de Maintenon d’attacher le roi à cet établissement royal par l’innocent plaisir que lui procureraient les exercices presque publics de ces jeunes et belles novices.

1150. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il y a une révélation dans la généalogie ; on ne doit pas trop s’étonner que les hommes de tous les siècles y aient attaché, sinon une gloire, du moins une signification. […] Ils étaient jeunes, ils étaient libres, ils étaient beaux, ils étaient poètes au moins autant l’un que l’autre, ils pouvaient s’attacher saintement dans la vie l’un à l’autre aussi indissolublement que la musique s’attache aux paroles dans une mélodie de Cimarosa !

1151. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

. — Par là s’explique également le nombre et la diversité des branches du Roman de Renart : — sur toute l’étendue du territoire l’épopée animale sert de cadre banal, et pour ainsi dire de « passe-partout » à la satire ; — on s’attache d’ailleurs à imiter plus exactement les mœurs des animaux ; — et de tout cela résulte quelque chose d’analogue à « l’ample comédie » de La Fontaine ; — mais d’un La Fontaine qui ne serait pas artiste ; — ni peut-être poète. […] L’origine des Mystères ; — et, à ce propos, de l’analogie des origines du théâtre français du Moyen Âge avec celles du théâtre grec ; — .mais que, s’il convient de la signaler, il ne faut pas l’exagérer. — Des Tropes, ou interpolations des textes liturgiques, et dans quelle intention l’Église les a permis : — elle a voulu sans doute solenniser certains offices ou certaines fêtes ; — intéresser les fidèles d’une manière plus active à la célébration du culte ; — les retenir, se les attacher, et les instruire en « les amusant ». […] Les Cycles dramatiques. — Il y en a trois, qui sont : 1º le Cycle de l’Ancien Testament ; — 2º le Cycle du Nouveau Testament ; — et, 3º le Cycle des saints. — Que, dans le premier de ces trois Cycles aucune des données de la Bible n’est traitée pour elle-même, — comme dans l’Esther ou dans l’Athalie de Racine, par exemple ; — mais uniquement dans son rapport avec la venue du Christ, — dont la vie remplit uniquement le second. — Par là s’expliquent, et seulement par là : — le choix des épisodes [Job, Tobie, Daniel, Judith, Esther] ; — la grossièreté de quelques-uns d’entre eux, destinés à rehausser d’autant la figure du Christ ; — et la part enfin que le clergé pendant longtemps a prise à la représentation des Mystères. — Du Cycle des saints, et de son caractère généralement local ; — qui n’en est pas pour cela plus laïque. — Les Mystères sont des « leçons de choses », une manière d’enseigner aux foules les vérités essentielles de la religion ; — et un moyen, comme on l’a dit, de se les attacher. — Qu’il n’y a que deux Mystères qui fassent exception : le Mystère du siège d’Orléans et le Mystère de Troie ; — mais que l’état d’esprit qui a inspiré le premier n’a rien d’incompatible avec le caractère essentiel des Mystères sacrés ; — et que le second n’a sans doute jamais été représenté.

1152. (1739) Vie de Molière

Mais aussi les connaisseurs admirèrent avec quelle adresse Molière avait su attacher et plaire pendant cinq actes, par la seule confidence d’Horace au vieillard, et par de simples récits. […] Il n’y a d’intrigue dans la pièce, que ce qu’il en faut pour faire sortir les caractères, mais peut-être pas assez pour attacher ; en récompense, tous ces caractères ont une force, une vérité et une finesse que jamais auteur comique n’a connues comme lui. […] Il est étrange que tant de régularité n’ait pu laver encore cette tache, qu’un préjugé très injuste attache à la profession de comédien.

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