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430. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

L’impulsion dont tout esprit a besoin, et qui arrive à son heure, lui était venue. […] Qu’arrive-t-il, en effet, alors ? […] Lorsqu’il lui arrive, par suite d’obstacles extérieurs, d’être obligé de s’arrêter, d’interrompre sur un point, il n’oublie rien, il amarre sa barque à l’endroit précis, et, s’il reprend ensuite sa marche, c’est sans avoir dérivé. […] Magnin, que la critique elle-même s’était fort désorganisée depuis lors : voilà un livre arrivé à plus de onze éditions ; les partis l’ont loué ou blâmé, selon l’intérêt de leur cause ; la valeur littéraire n’a pas encore été extraite et réduite à son poids. […] Une fois d’ailleurs le livre fait et paru, le peu qui a échappé en particularités et en minces détails arrive de toutes parts et rentre le plus souvent dans les cadres déjà exposés.

431. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

D’ailleurs, comme en ce temps les réputations étaient lentes à se faire, et qu’on n’arrivait que tard à la célébrité, ce n’était que bien plus tard encore, et dans la vieillesse du grand homme, que quelque admirateur empressé de son génie, un Brossette, un Monchesnay, s’avisait de penser à sa biographie ; ou encore cet historien était quelque parent pieux et dévoué, mais trop jeune pour avoir bien connu la jeunesse de son auteur, comme Fontenelle pour Corneille, et Louis Racine pour son père. […] Avec les années, il deviendra peut-être plus calme, plus reposé, plus mûr ; mais aussi il perdra en naïveté d’expression, et se fera un voile qu’on devra percer pour arriver à lui : la fraîcheur du sentiment intime se sera effacée de son front ; l’âme prendra garde de s’y trahir : une contenance plus étudiée ou du moins plus machinale aura remplacé la première attitude si libre et si vive. […] Quand les faits sont clair-semés ou manquent, ce qui arrive quelquefois, il ne s’efforce point d’y suppléer par les suppositions circonspectes et les inductions légitimes d’une critique sagement conjecturale ; mais il passe outre, et s’empresse d’arriver à des faits nouveaux : de là chez lui des intervalles et des lacunes que l’esprit du lecteur est involontairement provoqué à combler. […] Sa dictature allait cesser, il est vrai ; Théophile, par sa tragédie de Pyrame et Thisbé, y avait déjà porté coup ; Mairet, Rotrou, Scudery, étaient près d’arriver à la scène. […] Ses tyrans et ses marâtres sont tout d’une pièce comme ses héros, méchants d’un bout à l’autre ; et encore, à l’aspect d’une belle action, il leur arrive quelquefois de faire volte-face, de se retourner subitement à la vertu : tels Grimoald et Arsinoé.

432. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

« Ce qui n’est pas historique ne nous apparaît pas immédiatement comme possible : les faits historiques, au contraire, sont évidemment possibles : ils ne seraient pas arrivés, en effet, s’ils n’étaient possibles. » Au point de vue poétique, l’histoire et la légende sont équivalentes : mais il est notable que Corneille les distingue. […] Même aventure arrive à Pauline : Sévère longtemps a été tout ce qu’elle connaissait de meilleur ; elle l’aimait donc plus que tout. […] Mais surtout, qu’arrivera-t-il, quand la volonté sera présentée dans sa force maxima, dans sa pureté supérieure : dominatrice, sereine, immuable ? Il fallait bien y arriver, du moment qu’on la prenait pour élément essentiel de la psychologie dramatique. […] Venceslas est une forte étude d’une âme violente, qui arrive à la générosité par la volonté : ce vieux roi Ladislas qui condamne son fils par justice, et ce fils qui accepte sa juste condamnation, font une situation vraiment cornélienne.

433. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

J’ai dit que M. de Broglie est un des esprits les plus originaux de ce temps-ci ; il l’est surtout dans la forme, dans la méthode et dans les moyens de démonstration qu’il emploie ; même quand il pense la même chose que tout le monde, quand il arrive aux mêmes conclusions, il y arrive ou s’y confirme par ses raisons à lui ; il a en tout ses raisons, vraies peut-être, subtiles quelquefois, ingénieuses toujours, et qui ne sont jamais du vulgaire : son aristocratie, s’il fallait en rechercher quelque trace en lui, se retrouverait par ce coin-là. […] Après avoir dégagé la question des ambiguïtés et des arguties dont quelques orateurs l’avaient enveloppée, il arrivait au fond, il entrait dans le vif, et, acceptant le défi dans toute son étendue, il opposait doctrine à doctrine ; à celle de la Sainte-Alliance, qui met le droit tout entier du côté de la royauté, il opposa celle qui le met du côté de la justice toujours, et souvent du côté des peuples : Hé quoi ! […] Quand on arrive au terme de ce travail si instructif, et, somme toute, si agréable, peu s’en faut que tout à la fin il ne recommence, tant l’auteur se pose de questions nouvelles en finissant. […] Il était arrivé à ce jour où l’on reconnaît, bon gré, mal gré (et dût-on le lendemain tâcher de l’oublier encore), que la morale humaine n’est pas ce que les sages et les nobles esprits se la font dans les spéculations de l’étude et du loisir, au haut du cap Sunium ou dans les jardins de l’Académie. […] Il fut pourtant encore de bien des choses publiques, commissaire du gouvernement pour régler avec le docteur Lushington les moyens d’arriver à l’extinction de la traite, et ambassadeur en Angleterre pendant les six derniers mois de la monarchie.

434. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Il devenait de la plus haute importance que cette ville d’Orléans tînt bon pour la Fronde, sans quoi toute la ligne de la Loire était coupée, et le prince de Condé, qui arrivait de Guyenne, trouvait l’ennemi maître des positions. […] Le prince de Condé, parti d’Agen incognito et déguisé, arriva heureusement sur ces entrefaites à l’armée qui était près d’Orléans. […] Partie du Luxembourg, elle ne put pénétrer une première fois au-delà de l’Hôtel-Dieu ; elle fut plus heureuse à une seconde tentative, et put arriver à l’Hôtel de ville bien tard, beaucoup trop tard, assez tôt pourtant pour faire encore quelque acte de protection et d’humanité. […] Quoi qu’il vous arrive, vous vous en consolerez, quand vous vous souviendrez des louanges que l’on vous a données. […] Je ne la suivrai pas dans ses diverses compositions et rapsodies littéraires (portraits, romans de société), et j’arrive au grand événement de sa vie pour achever de la saisir.

435. (1900) Molière pp. -283

Molière arrive à Paris bien tard. […] Il a été plus loin ; de défi en défi, il est arrivé jusqu’au Malade imaginaire. […] Comme elle a été notre aurore, elle jettera sur notre déclin, si jamais il arrive, un éclat qui ne sera peut-être pas indigne de nos plus beaux jours. […] Alexandre et Napoléon arrivent d’un côté. […] Des secousses, dont la violence ébranle le monde jusqu’en ses fondements, n’arrivent à produire chez nous qu’un déplacement de la vanité.

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