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942. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il s’appelle maintenant des Herbiers tout court. […] Bourget appelle spirituellement le « snobisme vestimentaire ». […] Sur mer, les nuits de tourmente, on entend les noyés qui s’appellent entre eux. […] Il retombera moins dans ce qu’il appelle spirituellement ses « récidives métaphysiques ». […] Or, il ne s’appelait pas Méléagre, et Atthis est une ville qui n’a jamais existé.

943. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

La linguistique tombe dans le même défaut quand, au lieu de prendre les langues dans leurs variétés individuelles, elle se borne à l’analyse générale des formes communes à toutes, à ce qu’on appelle grammaire générale. […] La psychologie, telle qu’on l’a faite jusqu’à nos jours, est à la vraie psychologie historique ce que la philologie comparée des Bopp et des G. de Humboldt est à cette maigre partie de la dialectique qu’on appelait autrefois grammaire comparée. […] Il est certain que, s’il y avait un être constant qu’on pût appeler âme, comme il y a des êtres qu’on appelle spath d’Islande, quartz, mica, il y aurait une science nommée psychologie, analogue à la minéralogie. […] Villemain appelait, dit-on, M.  […] Ce qu’on appelle psychologie, celle des Écossais par exemple, n’est qu’une façon lourde et abstraite, qui n’a nul avantage, d’exprimer ce que les esprits fins ont senti bien avant que les théoriciens ne le missent en formules.

944. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

À nous, gens de race latine, qu’importerait ce Wotan que nous appelons Odin, et en qui nous aurions peine à reconnaître le Zeus des Grecs et le Jupiter des Romains ? […] Tout d’un coup il chante : cela peut-il bien s’appeler chanter ? […] Ce que Wagner a pris à Wagenseil ce sont les détails relatifs à l’organisation des guildes, le cérémonial des séances, la poétique bizarre qui gouvernait leurs productions, en un mot tout ce qu’on pourrait appeler le rituel des maîtres Chanteurs. […] [NdA] Est-ce à dire que les compositeurs actuels nient ou dédaignent ce qu’on appelle l’inspiration ? […] La seconde partie de l’article est consacrée à Opéra et Drame, ouvrage théorique de Wagner écrit en 1850-1851, formant avec L’Œuvre d’art de l’avenir (1849) ce qu’on appelle habituellement « les écrits de Zurich ».

945. (1914) Boulevard et coulisses

Son nom ne vous apprendra pas grand’chose : il s’appelait Chabrillat. […] Il y avait dans chaque cercle un homme que l’on appelait le commandant. […] C’était le témoin naturel des membres du cercle lorsqu’ils avaient un duel, et c’est même pour cette unique raison qu’on l’appelait le commandant. […] Vous savez ce qu’on appelle en géographie la ligne de partage des eaux. […] Et peut-on appeler littéraires les conversations qui auront lieu à son sujet dans les salons et dans les cercles ?

946. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

À Milan, il entre comme archer dans la compagnie de M. de Lescun, depuis appelé le maréchal de Foix. […] M. de Lautrec le fait appeler et le complimente hautement en gascon. […] Il s’informa et s’orienta si bien, il prit si exactement ses mesures et ses heures de départ, de marche nocturne et d’arrivée, il choisit et tria si soigneusement son monde, rien qu’une petite troupe (« car ce n’est pas tout d’avoir des hommes un grand nombre ; quelquefois il nuit plus qu’il ne profite »), il les dirigea si à point et calcula tout si en perfection, que, le bonheur y aidant, il vint à bout de cette faction, comme il l’appelle, ou prouesse. […] Il sied mal de dérober l’honneur d’autrui ; il n’y a rien qui décourage tant un bon cœur. » Dans les diverses guerres auxquelles il prend part et qu’il nous décrira, il est de certains faits qu’il aura ainsi trop de curiosité et de plaisir à raconter, à déduire au long et par le menu, pour qu’on n’y voie point se déceler et se déclarer le genre de talent militaire particulier et propre à Montluc : c’est ordinairement dans ce qu’il appelle une faction ou fait d’armes à part, dans un coup de main, un stratagème bien ourdi, une escarmouche bien menée, une attaque de place réputée imprenable, ou une défense déplacé réputée intenable, quelque entreprise soudaine et difficile, une expédition en un mot qui fasse un tout, à laquelle il commande, sans qu’il soit besoin d’avoir sous sa main autre chose qu’une élite, c’est là qu’il se complaît et où il excelle.

947. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Enfin, parti le 25 janvier au matin de Paris, il arrive le même jour à Châlons-sur-Marne, où il a appelé ses maréchaux : les renforts ne sont pas prêts encore, il n’apporte que lui-même, mais lui tout entier, lui redevenu soldat, plus actif, plus confiant que jamais, plus fertile en combinaisons et en ressources, ayant comme laissé à Paris tous les soucis amers, serein de visage et l’étoile au front, et, pour tout dire, le général de l’armée d’Italie. […] Thiers appelle un grand acte militaire, un vrai phénomène de guerre, montre tout ce qu’on peut et jusqu’où l’on peut, et sert à couvrir une retraite devenue nécessaire devant des forces si démesurées ; elle nous laissait dans un immense péril. […] J’ai pris plaisir (le seul plaisir qu’on puisse prendre dans cette émouvante et douloureuse lecture) à circonscrire cet intervalle lumineux des belles journées de février, à détacher cette magnifique éclaircie dans le ciel le plus sombre, — ce qu’on peut appeler une dernière campagne d’Italie dans celle de France. […] Et s’il est arrivé que, lui sorti de la scène politique, la France n’ait point dépéri ; que cet être collectif, cet être idéal et redoutable qu’on appelait la coalition, et qui est demeuré pendant tant d’années un grand spectre dans l’imagination des gouvernants, ait été conjuré enfin par un enchanteur habile et puissant ; que la France soit redevenue elle-même tout entière sur les champs de bataille anciens et nouveaux et dans les conseils de l’Europe ; si, à cette heure même où nous écrivons, une province, une de ses pertes, est recouvrée par elle et lui est acquise, moins à titre d’accroissement que de compensation bien due, et aussi comme un gage manifeste de sa pleine et haute liberté d’action, on est sûr qu’en cela du moins le cœur de l’historien du Consulat et de l’Empire se réjouit ; que si une tristesse passe sur son front, c’est celle d’une noble envie et de n’avoir pu, à son heure, contribuer pour sa part à quelque résultat de cet ordre, selon son vœu de tous les temps ; mais la joie généreuse du citoyen et du bon Français l’emporte.

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