Au reste, nous avouerons que les véritables néologismes apparaissent peu, que beaucoup de termes cités ici s’alignent dans les colonnes de l’abrégé du dictionnaire Larousse spécialement édité pour les écoles primaires, à la honte des folliculaires qui s’ébahirent à leur aspect.
X Telle m’apparut dans ce coup d’œil la femme qui causait en se retirant avec la duchesse de Devonshire ; à peine eus-je le temps de voir, comme on voit des groupes d’étoiles dans un ciel de nuit, un front mat, des cheveux bais, un nez grec, des yeux trempés de la rosée bleuâtre de l’âme, une bouche dont les coins mobiles se retiraient légèrement pour le sourire ou se repliaient gravement pour la sensibilité ; des joues ni fraîches ni pâles, mais émues comme un velours où court le perpétuel frisson d’un air d’automne ; une expression qui appelait à soi non le regard, mais l’âme tout entière ; enfin une bonté qui est l’achèvement de toute beauté réelle, car la beauté qui n’est pas par-dessus tout bonté est un éclat, mais elle n’est pas un attrait. […] C’était une de ces impressions telles qu’on devait en éprouver quand les êtres surnaturels, les visions, ce qu’on appelle les anges, apparaissaient encore aux regards des habitants de la terre. […] Mais quelle n’a pas dû être l’impression de cette femme idolâtrée sur les yeux de la France et de l’Europe, quand elle apparut, à seize ans, au milieu de Paris encore souillé de sang et muet de terreur, comme une Iris messagère des dieux apaisés, venant rapporter leur sourire à la terre ? […] Madame Récamier, à cette époque, laissait une trace de feu ou du moins de lumière partout où elle apparaissait ; on entreprenait de longs voyages uniquement pour l’avoir vue ; semblables à ces naturalistes qui entreprennent de longues traversées pour assister une fois par siècle à la floraison de l’aloès, on accourait de Londres, de Naples, de Berlin, de Vienne, de Pétersbourg, pour adorer de près dans une soirée la merveille des yeux. […] Monsieur, je ne serais pas homme politique si je vous disais le motif pour lequel je ne veux pas m’engager par une reconnaissance quelconque avec le gouvernement de la dynastie d’Orléans. » L’homme d’État pâlit à ces mots, inclina la tête et n’insista plus ; on eût dit que le fantôme d’une révolution possible lui avait apparu dans mes paroles.
Draghicesco, en effet, le cerveau, organe de luxe par rapport au milieu physique, apparaît comme un organe de première nécessité par rapport au milieu social2. […] Apparu dans ce milieu, l’homme tel que l’adaptation au milieu cosmique et l’évolution purement physiologique l’ont modelé, doit s’adapter à ce nouveau milieu5… » Graduellement, grâce à cette nouvelle adaptation historico-sociale, la rigidité organique primitive a cédé la place à une plasticité croissante. […] Comme la physiologie dont elle n’est qu’un aspect, l’hérédité apparaît comme un facteur extrasocial qui gêne le sociologisme exclusif de M. […] Éducation, hérédité, ces deux termes lui apparaissent comme antinomiques ; il veut supprimer le second au profit du premier. […] Un conflit apparaît ici comme possible et même comme nécessaire entre deux pragmatismes : un pragmatisme social dans lequel on prend comme mesure de la vérité l’utilité sociale et un pragmatisme individualiste ou égotiste dans lequel on prend comme mesure de la vérité l’utilité individuelle ou même la fantaisie et le caprice individuels21.
Si l’on examine minutieusement les moyens qu’emploie Dickens pour faire apparaître et vivre la multitude d’êtres divers qui peuplent ses livres, on reconnaîtra que ses caractères et ses portraits sont tracés par le dehors, à gros traits et de premier aspect, comme par un artiste improvisateur qui note et peint sur un coup d’œil. […] Quelque terne que soit le signalement qu’il donne, quelque bizarre et hors nature le type qu’il entend représenter, d’une phrase, d’un monologue, d’un récit rapporté et interjeté, la nature morale particulière qu’il veut montrer apparaît dans tous les détails de sa configuration individuelle. […] Ses personnages seront permanents ; ils n’apparaissent qu’en ce qu’ils ont de comique, et, quelle que soit la situation dans laquelle ils sont placés, ce comique peut rester le même et efficace. […] Herbert Spencer (Principes de psychologie) a consacré à ce phénomène mental, il est exposé que fondamentalement un sentiment diffère d’une perception, d’une connaissance, d’une idée, en ce qu’il dérive des choses une impression immédiate et continue, non la notion de leurs rapports avec le reste des êtres, non une notion classificatrice, un jugement, mais une pure sensation pendant laquelle l’objet seul apparaît dans la conscience, la flatte ou la heurte selon qu’il lui est bienfaisant ou malfaisant. […] Le sentiment bien plus que les idées étant ce qui constitue le caractère, en déterminant les élans de la volonté, les actes, la conduite, Dickens fut exactement dans la vie ce qu’il apparaît dans ses livres.
La Révolution leur faisait peur, et cependant elle leur apparaissait, dans les profondeurs de leur pensée, ainsi qu’elle était apparue à Chateaubriand, comme la vérité de demain. […] Elle apparaît comme un symptôme de décadence prochaine, dans les sociétés qui vont finir. […] Balzac est apparu, précédé lui-même par Walter Scott. […] Chez les uns, il apparaît conscient comme chez lui. […] Il apparaît partout, pour qui sait vous lire.
L’art ne lui apparaît pas comme une fin, ni son œuvre comme un être qui, une fois détaché de lui, doive avoir une vie propre, durer et se perpétuer. […] Nous ne sommes point étonnés de découvrir que la Madone, sa victime, apparaît nuitamment à M. […] La vente d’André Gide apparaît comme pleine de promesses, et nous vaudra sans doute un nouveau Retour de l’Enfant prodigue, ou un autre Traité du Narcisse. […] » Cet Édouard apparaît décidément comme le bel esprit le plus chimérique et le plus dévoyé de la république des lettres. […] Le roman-roman ne m’apparaît pas comme sa vraie vocation.