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1047. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Bornons-nous à citer Ursule Mirouët : là, c’est le magnétisme animal et ses merveilles qui servent à voiler cette triste philosophie. […] L’animal irraisonnable souffre, se résigne, et attend patiemment la mort ; l’homme intelligent sait s’affranchir, et quand la douleur est plus forte que lui, se dérober à son étreinte en se dérobant à la vie. […] C’est, comme l’a dit Swift, un animal politique et religieux .

1048. (1923) Nouvelles études et autres figures

L’esprit de justice distingue l’homme de l’animal ; et la justice fait fleurir les cités. […] Dans le premier, ce sont les esprits animaux qui jouissent du bonheur ; dans le second, les âmes raisonnables. » Et au xiiie  siècle, les théologiens chrétiens connaissaient un paradis musulman qui s’harmonisait aussi bien que le paradis dantesque à la doctrine chrétienne. […] Quant à Shelley, au bout de quatre mois de cohabitation, il écrivait : « C’est un animal féminin, rusé, superficiel, laid, hermaphrodite. » Et aussi romanesque dans son exaspération qu’il l’avait été dans son idolâtrie, il la soupçonnait de passions effroyables.

1049. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Nous voyons autour de nous des arbres, des animaux, des hommes, et nous les supposons vivants ; mais ils ne sont, ainsi perçus, que des ombres vaines, tapissant le décor mobile de notre vision : et ils vivront seulement lorsque l’artiste, dans l’âme privilégiée duquel ils ont une réalité plus intense, leur insufflera cette vie supérieure, les recréera devant nous. […] Lorsque les intrépides colons ont détruit, pour occuper leurs loisirs, une inoffensive race d’animaux, dans les immenses plaines du pays de Géographie, toujours quelques individus de la race abolie échappent à la destruction, cachés dans un ravin, ou bien enfuis au secret désert dès les premiers assauts. […] Les hommes sont des animaux supérieurs, plus compliqués, et, par suite, plus différents les uns des autres. […] Je lus d’abord le Magnétisme animal de MM. 

1050. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Mais si vous lisez les lettres de Piron pendant son second séjour à Bruxelles, vous y voyez celui qu’il appelle en public « le grand Rousseau », traité sans respect ni affection, comme un hypocrite et un tartufe, un envieux, un méchant, qui ne dit du bien de personne, comme « un consommé de Panurge et de La Rancune », comme un homme enfin, dont la conduite et le caractère sont des énigmes et la honte des animaux raisonnables : « Il va et vient pourtant, s’ajuste encore soigneusement ; et, malgré la pesanteur et la caducité visible où l’a jeté son apoplexie, il porte une perruque à cadenettes très-coquette, et qui jure parfaitement avec un visage détruit et une tête qui grouille.

1051. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

À côté de cette haute et sérieuse poésie, on avait toute une culture piquante, variée, spirituelle, ironique et moqueuse, les Fabliaux ; mais la moquerie elle-même était venue s’amplifier par degrés, se ramifier et s’épanouir dans la vaste épopée satirique du Roman de Renart, qui est tout un monde, — un arbre gigantesque aux mille branches, habité et peuplé d’animaux, qui sont des hommes.

1052. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Ils écartent les jeux de mots, les grossièretés sensuelles, les écarts d’imagination, les invraisemblances, les atrocités et tout le mauvais bagage de Shakspeare933 ; mais ils ne le suivent qu’à demi dans les profondes percées par lesquelles il entre au cœur de l’homme pour y dévoiler l’animal et le Dieu.

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