Mais il n’avait pas su profiter de cette chance unique, il avait manqué à la belle mission qui lui était échue par le bénéfice du temps ; et après lui avoir représenté les contradictions flagrantes dans lesquelles le plaçait sa démarche, le ton et le caractère de ses anciens écrits qui juraient du tout au tout avec ce dernier acte, la palinodie qu’il semblait s’être réservée pour son chant du cygne, André Chénier lui traçait en regard le canevas de la véritable lettre qu’il aurait dû écrire, lettre sévère et digne, qui eût pu contenir un examen critique et judicieux de la Constitution, sans rien rétracter, sans rien démentir des principes. […] Si quelqu’un de tout-puissant, mais d’inattentif, l’accusait un jour d’avoir « coopéré à la ruine de l’ancienne monarchie », il n’aurait — et on n’aurait, — pour sa défense qu’à opposer ce mot mémorable : c’est le bouclier de diamant. […] Vous ne lui laisserez pas ignorer que je suis mécontent de voir qu’après avoir coopéré à la ruine de l’ancienne monarchie, il continue, à son âge, par inconduite et folie d’esprit, à se mêler encore d’intrigues qui ne peuvent avoir aucun résultat, et qui montrent seulement que les hommes sont incorrigibles.
Moi je ne peux pas même me coucher, il faut chercher… souvent pour le jour même, afin que moi seule je sache que c’est l’abîme », En lui rappelant les premiers mots d’une ancienne romance : « (Le 19 avril 1856)… Tu sais la suite dont les mots m’échappent, mais qui devaient dire : Nous pleurerons toujours, nous pardonnerons, et nous tremblerons toujours. — Nous sommes nées peupliers… » « (Mercredi 27 novembre 1850)… Je reste à coudre près de lui (mon mari), car je maintiens tout ce que je peux d’un sort si délabré qui ne touche personne… Dieu et toi exceptés, je le sais bien, va ! […] Et puis, à partir d’Alfred de Musset, se tranchait plus nettement la ligne de démarcation profonde qui allait séparer les générations nouvelles de leurs aînées ; les sources et le courant de l’inspiration changeaient, et des anciens aux jeunes on ne s’entendait plus à demi-mot. […] Seulement on l’a considérée comme ayant appartenu à un autre groupe semblable ; de la plupart des statues ou groupes célèbres, nous connaissons plusieurs répétitions (repliche, comme disent les Italiens), avec ou sans variantes. — La tête d’Aremberg ne représente pas, d’ailleurs, un homme beaucoup plus jeune. — Je crois qu’assez généralement aujourd’hui on la regarde comme un ouvrage de la Renaissance, l’expression très-pathétique paraissant s’écarter des habitudes des anciens.
La Révolution frappa sa famille comme toutes celles qui tenaient à l’ordre ancien par leur naissance et leurs opinions : les plus reculés souvenirs de Lamartine le reportent à la maison d’arrêt où on le menait visiter son père. […] La mort d’Elvire, une maladie mortelle de l’amant, son retour à Dieu, le sacrifice qu’il fait, durant sa maladie, de poésies anciennes et moins graves, quoique assurément avouables devant les hommes, tels sont les événements qui précèdent l’apparition des Méditations poétiques, laquelle eut lieu dans les premiers mois de 1820. […] C’est à un souvenir de ce moment que se rapporte la pièce de vers suivante, dans laquelle on a tâché de rassembler quelques impressions déjà anciennes, et de reproduire, quoique bien faiblement, quelques mots échappés au poëte, en les entourant de traits qui peuvent le peindre. — À lui, au sein des mers brillantes où ils ne lui parviendront pas, nous les lui envoyons, ces vers, comme un vœu d’ami durant le voyage !
Lorsqu’il y a tout à l’heure dix ans une brusque révolution vint rompre la série d’études et d’idées qui étaient en plein développement, une première et longue anarchie s’ensuivit ; dans cette confusion inévitable, du moins de nouveaux talents se produisirent ; les anciens n’avaient pas péri ; on pouvait espérer dans un ordre renaissant une marche littéraire satisfaisante au cœur et glorieuse. […] Quelque hauts services que puissent penser avoir rendus à leur cause les anciens écrivains du Globe devenus députés, conseillers d’État et ministres, je suis persuadé qu’en y réfléchissant, quelques-uns au moins d’entre eux se représentent dans un regret tacite les autres services croissants qu’ils auraient pu rendre, avec non moins d’éclat, à une cause qui est celle de la société aussi : il leur suffisait d’oser durer sous leur première forme, de maintenir leur tribune philosophique et littéraire, en continuant, par quelques-unes de leurs plumes, d’y pratiquer leur mission de critique élevée et vigilante ; aux temps de calme, l’autorité se serait retrouvée. […] L’autre jour, il est arrivé à une personne de notre connaissance, à l’ancien gérant de cette Revue, d’être accusé d’un mot inouï : il se serait plaint, en plaisantant, d’avoir affaire à deux sortes de gens les plus indisciplinables du monde, les comédiens et les gens de lettres.
La Savoie, en effet, appartient étroitement et par ses anciennes origines à la culture littéraire française ; laissée de côté et comme oubliée sur la lisière, elle est de même formation. […] Né au cœur d’un pays austère, il n’en eut visiblement aucun reflet nuageux ; on ne pourrait dire de lui ce que M. de Lamartine a dit de M. de Vignet dans une des pièces du dernier recueil, dans celle peut-être où l’on reconnaît encore le plus sûrement l’oiseau du ciel à bien des notes, et où l’on aime à retrouver l’écho le moins altéré des anciens jours : Il était né dans des jours sombres, Dans une vallée au couchant, Où la montagne aux grandes ombres Verse la nuit en se penchant. […] Le plus ancien de ces pieux cadets dont nous parlons est assurément Ménélas, le bon Ménélas, duquel Agamemnon disait : « Par moments il s’arrête et ne veut pas agir, non qu’il cède à la paresse ou à l’imprudence, mais il me regarde et il attend : » ’Аλλ’ ἑρἑ τ’ ɛισορóωу xαὶ ἕμην πϲτιδέγμενος óρμýν.
Le sénat, c’était l’ancien ordre païen au complet, politique à la fois et religieux, la religion d’État par excellence, un Capitole ennemi et inexpugnable. […] Le chapitre du livre III, dans lequel l’auteur expose la transformation de l’ancien patriciat en haut clergé romain, a semblé à de bons juges un des plus heureux et des plus satisfaisants de l’ouvrage. […] A une démocratie présente et imminente, dont les États-Unis nous offraient à leur manière l’active, la grandiose, mais assez terne image, il était piquant de restituer pour vis-à-vis l’ancien fond monarchique dans son relief le plus coloré.