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393. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Vous direz peut-être qu’elle les traduit, et que je ne me représente rien autre chose, en dernière analyse, que les mouvements moléculaires de la substance cérébrale. […] Ainsi le rôle du cerveau est tantôt de conduire le mouvement recueilli à un organe de réaction choisi, tantôt d’ouvrir à ce mouvement la totalité des voies motrices pour qu’il y dessine toutes les réactions possibles dont il est gros, et pour qu’il s’analyse lui-même en se dispersant. En d’autres termes, le cerveau nous paraît être un instrument d’analyse par rapport au mouvement recueilli et un instrument de sélection par rapport au mouvement exécuté. […] Mais avant d’aller plus loin et d’établir une relation précise entre la personne et les images où elle s’installe, résumons brièvement, en l’opposant aux analyses de la psychologie usuelle, la théorie que nous venons d’esquisser de la « perception pure ». […] Et dès lors toute tentative pour dériver le souvenir pur d’une opération du cerveau devra révéler à l’analyse une illusion fondamentale.

394. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

L’auteur des Mémoires d’un Centaure se trouve entre ces deux remarquables écrivains à sa vraie place, mais ce n’est point pour reprendre l’analyse de M.  […] Acceptez-vous ou repoussez-vous la définition du vers à laquelle m’a conduit l’analyse ? […] De toute façon donc, nous devons commencer par une analyse rapide et consciencieuse de la création poétique. […] Et toutes ses analyses aboutissent à cette notion que les âmes individuelles se développent suivant un rythme qui leur est propre. […] Les analyses que j’ai tentées doivent avoir établi que si l’essence de la poésie est bien un rythme de l’âme, le poète doit être libre de choisir au gré de son inspiration, parmi les ressources de la langue, la forme qui s’adapte le mieux à son tempérament et à la nature de son émotion.

395. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Les deux frères ont cru, et ils l’ont dit, qu’ils avaient affiné leur système nerveux par ce travail ininterrompu d’analyse intime. […] Elles sortent si nécessairement de son analyse, qu’il semble impossible de ne pas les voir. […] Le Tourangeau demeure dans la lignée de nos romanciers d’analyse et d’observation, si complètement qu’il n’a été traduit en Angleterre et en Allemagne que très tard. […] Cette analyse nous permet de dégager une vérité, sans cesse oubliée, sur le Capital et ses différentes formes. […] On trouvera dans le premier volume de cet ouvrage, p. 220 et suivantes, une autre analyse des idées développées ici [« M. 

396. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Trompés par l’artifice de l’analyse réfléchie et du langage, la plupart des psychologues ne considèrent, dans la conscience et dans la mémoire, que des états déterminés et définis qui apparaissent l’un après l’autre : blanc, bleu, rouge, son, odeur, — autant de morceaux artificiellement tranchés dans l’étoffe intérieure ; aussi n’admettent-ils pas qu’on ait conscience de la transition même, du passage d’un terme à l’autre, de ce qui dans l’esprit correspond au mouvement et à l’innervation spontanée. […] Nous avons vu que les psychologues, dans leurs analyses abstraites, disent : Tout état de conscience, même l’image du passé ou de l’avenir, étant effectivement actuel, doit apparaître comme actuel ; comment donc arrivons-nous à distinguer de l’actuel quelque autre chose sous les noms de passé ou d’avenir ? […] Prenons un exemple et soumettons-le à une analyse détaillée. […] Voir la profonde analyse de Guyau, Genèse de l’idée de temps, p. 32 : « Le futur, à l’origine, c’est le devant être, c’est ce que je n’ai pas et ce dont j’ai désir ou besoin, c’est ce que je travaille à posséder ; comme le présent se ramène à l’activité consciente et jouissant de soi, le futur se ramène à l’activité tendant vers autre chose, cherchant ce qui lui manque. […] Ce qui reste d’irréductible dans l’analyse du sentiment de la durée n’est nullement la preuve d’une intuition transcendante : irréductibilité n’est point, comme on le prétend, apriorité.

397. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Ici, le désir de se montrer critique a entraîné François Hugo, qui nous fait des rapprochements déjà connus entre les pièces de Shakespeare et les Nouvelles du temps où il les prenait, car ce sculpteur prenait partout son marbre, et qui nous analyse des pièces qu’en tournant la page on peut lire. […] Rose restée cent ans en bouton, sa gloire n’a fleuri dans toute l’ampleur de sa corolle que vers la fin du siècle dernier, mais depuis qu’elle ombrage la terre, depuis que, comme l’a dit Emerson, je crois, tout le monde intellectuel s’est shakespearisé, les critiques en masse se sont abattus sur le grand mûrier des bords de l’Avon pour en déchiqueter les feuilles gigantesques sous leurs analyses. […] et il les fait précéder d’une de ces préfaces-feuilletons dont il a l’habitude, et qui, quand elles n’expriment pas des idées fausses ou frivoles, renferment des analyses inutiles. […] Ce qui est bien plus important, il me semble, c’est d’empêcher qu’on ne fasse grimacer le génie des plus grands hommes par des analyses infidèles ou fausses, ou des admirations à rebours ; et lorsque je dis important, ce n’est pas pour eux que je parle, c’est pour le public et pour nous. […] XVIII Ainsi, vous pouvez en juger par cette analyse imparfaite que je viens d’essayer de ce personnage, le Henri V est un des types les plus humains, les plus aimables dans sa beauté, les plus tempérés, du génie tout-puissant de Shakespeare, ce Michel-Ange qui était aussi un Corrège !

398. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Il en résulte que l’analyse objective ne saurait jamais épuiser toutes les raisons d’une volition particulière. […] Et, en dernière analyse, nous sommes déterminés à nous laisser déterminer par des conditions fortuites, c’est-à-dire nécessaires, extérieures à notre jugement de préférence ou de choix. […] En somme, est incomplète toute analyse qui considère seulement l’idée de la puissance sans celle de l’objet désirable auquel elle s’applique, ou l’idée de l’objet désirable sans celle de la puissance. […] Il résulte de notre analyse que la liberté est la subjectivité par excellence, puisqu’elle est le moi posant son indépendance en face du dehors, se prenant pour fin et agissant sous l’idée même de sa liberté.

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