L’air était doux et agréable comme en été ; un souffle à peine sensible venait du sud-ouest. […] Il faisait un peu frais dans cette chambre, nous allâmes chercher la chaleur en plein air. […] — D’abord en l’air, il me semble. […] Je lançai ma flèche vers les nuages lumineux, dans le bleu de l’air. […] dis-je, cela doit avoir un air bien étrange.
Quant à l’autre partie de l’homme, qui est l’âme, les poètes théologiens la placèrent dans l’air, chez les Latins anima ; l’air fut pour eux le véhicule de la vie, d’où les Latins conservèrent la phrase animâ vivimus, et en poésie, ferri ad vitales auras, pour naître ; ducere vitales auras, pour vivre ; vitam referre in auras, pour mourir ; et en prose animam ducere, vivre ; animam trahere, être à l’agonie ; animam efflare, emittere, expirer ; ensuite les physiciens placèrent aussi dans l’air l’âme du monde. […] L’æther serait le véhicule d’animus, l’air celui d’anima ; le premier circulant avec toute la rapidité des esprits animaux, la seconde plus lentement avec les esprits vitaux. […] Les mots par lesquels ils exprimèrent l’action des sens le prouvent assez : ils disaient pour entendre, audire, comme on dirait haurire, puiser, parce que les oreilles semblent boire l’air, renvoyé par les corps qu’il frappe.
Il est à la campagne, aux beaux jours d’été, des bruits dans les airs, que Maurice appelait les bruits de la nature ; il les écoutait longuement, et voici de ses impressions : « Oh ! qu’ils sont beaux ces bruits de la nature, ces bruits répandus dans les airs, qui se lèvent avec le soleil et le suivent, qui suivent le soleil comme un grand concert suit un roi ! […] Sa sœur, qui était venue du Cayla en 1838 et qui avait assisté à la noce, parvint, après quelques mois, à l’emmener de Paris, dont elle lui croyait l’air contraire et funeste. […] L’air de Paris l’a tué, je le crois ; je le savais, et je ne pouvais pas le tirer de là. […] que l’air m’est doux et léger !
Il y a de la verité dans une symphonie, composée pour imiter une tempête, lorsque son chant, son harmonie, et son rithme nous font entendre un bruit pareil au fracas que les vens font dans l’air et au mugissement des flots, qui s’entrechoquent ou qui se brisent contre des rochers. […] Nous-mêmes ne sentons-nous pas que ces airs font sur nous l’impression que le musicien a eu l’intention de leur faire produire ? […] Pour le dire en passant, le premier air dansant du prologue d’Amadis, celui qui vient après la fin du sommeil, donne l’idée de ces airs, au son desquels les pithagoriciens achevoient de s’éveiller. Pour revenir à la symphonie de l’opera de Roland, qui nous donne une idée des airs, au son desquels les pytagoriciens se disposoient au sommeil, elle est entierement dans la verité de l’imitation. […] Tels sont le mugissement de la terre quand Pluton sort des enfers, le siflement des airs, quand Apollon inspire la pythie, le bruit que fait une ombre en sortant de son tombeau, et le frémissement du feüillage des chênes de Dodone.
Grâce à cette situation suburbaine, il participe de trois côtés à la vue, à l’air libre, à la solitude de la campagne. […] Comment un si petit cœur peut-il contenir, exprimer, remuer de telles ondes de sensations dans l’air qu’il remplit de ses gémissements ou de ses hymnes ? […] La sérénité du jour de fête entrant par la fenêtre grillée de la classe, le chant des oiseaux sous la charmille, l’espoir d’aller bientôt nous-mêmes respirer librement dans ces allées l’air du printemps, nous prédisposaient au plaisir. […] Tantôt ce sont des modulations languissantes quoique variées ; tantôt c’est un air un peu monotone comme celui de ces vieilles romances françaises, chefs-d’œuvre de simplicité et de mélancolie. […] Cet Homère des oiseaux gagne sa vie à chanter, et compose ses plus beaux airs après avoir perdu la vue.
Leur sang bout dans mes veines, Leur sang qui m’a donné cet esprit mécréant, Cet amour du grand air et des courses lointaines, L’horreur de l’Idéal et la soif du Néant. […] Et, en effet, ses ouvrages ont souvent, je ne sais comment, un air d’insincérité. […] Le poète mêle la bonne nature à la vie de ses gueux, qui prennent ainsi des airs de faunes autant que de « mendigots ». […] L’air qu’ils boivent ferait éclater vos poumons… Car ils sont avant tout les fils de la Chimère, Des assoiffés d’azur, des poètes, des fous ! […] Mais tout de suite on s’aperçoit qu’il y a dans cette sensualité une affectation, un air de défi aux bourgeois.