/ 1962
221. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

En effet, quoique fort épris du loisir et jaloux de sa commodité, il ne put se dérober tellement aux affaires publiques, qu’on ne le forçât de s’y mêler dans cette mesure qu’il portait en toutes choses. […] Dans ce court passage aux affaires, où il avoue s’être « porté trop laschement et d’une affection languissante », il se serait corrigé, s’il eût été nécessaire, des illusions du travail spéculatif ; il y amassa des expériences pour autoriser ses pensées, et des souvenirs pour les provoquer. […] Son commerce de tous les jours avec Plutarque s’explique par cette curiosité qui laissait à d’autres à choisir, et pour qui la quantité était la seule affaire pressante. […] Le voilà enfin à sa place, en pleine compagnie de sceptiques n’ayant plus affaire aux jésuites, ni aux jansénistes. […] Il m’a esté comme ma conscience, et m’a dicté à l’aureille beaucoup de bonnes honnestetés et maximes excellentes pour ma conduicte et pour le gouvernement de mes affaires.

222. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Il est telle de ces pièces d’argent et d’affaires qui, lorsqu’elle est en cinq actes, vous fait l’effet du Code à cinq tranches. […] Il a le pied dans tous les boudoirs et la main dans toutes les affaires. […] Cette affaire d’argent et de déshonneur se traite entre la courtisane et l’escroc, avec un sérieux glacial et des réticences saisissantes. […] Il connaît l’affaire d’André Lagarde, il sait que l’Angleterre payerait trois millions ce fameux canal pour le réduire à néant. […] D’Estrigaud l’espère et reprend courage. — « Quel bonheur que tu puisses te tirer d’affaire sans m’épouser ! 

223. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Cette frénésie quasi-monarchique ne s’en tint pas à ces ridicules de mode ; elle s’introduisait dans les affaires, dans les doctrines politiques, dans la marche générale du gouvernement. […] Retiré du timon des affaires, à partir de 1808, Jefferson passa dans sa résidence de Monticello les dix-huit années de sa vieillesse qui furent paisibles à l’exception de la dernière, où des banqueroutes désastreuses l’assaillirent. […] Sans prendre une part directe aux affaires de l’État de Virginie, l’illustre législateur eut l’occasion plus d’une fois de répondre aux avis confidentiels qu’on réclamait de son expérience.

224. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Le mot qu’on prononce accroche un vers, une phrase où quelque écrivain l’a logé : et il nous amène les autres mots qui y sont avec lui, bien qu’on n’ait affaire que de lui seul. […]            On ne s’attendait guère         À voir Ulysse en cette affaire. […] Il faut faire attention qu’ils ne se contrarient pas, et que l’un d’eux ne vienne pas dérouler soudain un cortège inattendu de formes et d’idées dont on n’a point affaire.

225. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Colin Muset parlait une fois de son ménage : dans ces remuantes communes picardes, où les têtes sont chaudes, rien ne passionne plus les poètes du cru que les affaires locales, la vie de la cité, du quartier, du foyer, ils nous parlent d’eux, de leurs femmes, de leurs compères, raillant, invectivant, aimant, regrettant selon l’événement qui les inspire ou selon le vent qui souffle. […] Cette affaire mettait en jeu toutes les passions du poète : l’Université et son champion Guillaume de Saint-Amour luttaient désespérément pour interdire aux religieux des ordres mendiants, aux dominicains surtout, l’accès des chaires publiques, et pour défendre les maîtres séculiers d’une concurrence redoutable. […] Il ne va pas à la croisade, il est vrai : ce n’est pas son affaire, n’étant pas chevalier.

226. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Si l’amour est souvent tragique, le mariage est grotesque ou terrible : tromper ses parents, voilà l’affaire de la fille ; tromper son mari, voilà l’affaire de la femme ; tromper son amant, tromper sa maîtresse, voilà l’affaire des amantes et des amants.

/ 1962