Jusqu’à ce jour tant désiré, nous ne continuerons pas moins, comme par le passé, à respecter son talent et à admirer son énergie, mais nous combattrons implacablement ses projets. […] Au point de vue de l’Art wagnérien, la période « héroïque » est close, admirer Wagner est devenu banal. […] A-t-on tourné vers lui les préoccupations de tous ceux qui eussent été capables de l’admirer ? […] Je retiens aussi et j’admire profondément les articles de M. […] Il va sans dire que je ne demande pas que tous les Wagnéristes admirent Wagner exactement de la même manière et se trouvent juste au même point de compréhension.
Il est ici-bas logé au dernier et pire étage de ce monde, plus éloigné de la voûte céleste, en la cloaque et sentine de l’univers, avec la bourbe et la lie, avec les animaux de la pire condition…, et se fait croire qu’il est le maître commandant à tout, que toutes créatures, même ces grands corps lumineux, incorruptibles, desquels il ne peut savoir la moindre vertu, et est contraint tout transi les admirer, ne branlent que pour lui et son service… Ici Charron combine et resserre deux passages différents ; il écourte Montaigne, mais il ne saurait faire oublier ni supprimer cette admirable interrogation que l’on dirait de Pascal s’adressant des objections à lui-même : Qui lui a persuadé que ce branle admirable de la voûte céleste, la lumière éternelle de ces flambeaux roulant si fièrement sur sa tête, les mouvements épouvantables de cette mer infinie, soient établis et se continuent tant de siècles pour sa commodité et pour son service ? […] Honnête homme, écrivain probe, et par-dessus tout admirateur passionné de Montaigne, Charron est aussi loin d’une telle ambition qu’incapable d’un pareil procédé ; il ne vise qu’à mettre les pensées qu’il admire et qu’il accueille dans un plus beau jour et dans un ordre plus exact, pour les répandre et les faire réussir auprès d’un plus grand nombre d’esprits ; il les range mieux pour les faire pénétrer. […] Louvet (an 1588, octobre ; an 1589, février), admire surtout M.
Il faut tout dire, et je ne suis pas de ceux qui ne savent donner que des éloges sans ombre : à l’École et parmi ses condisciples, il était plus admiré pour ses talents et son esprit que goûté pour son caractère ; l’homme aimable, que le monde développa depuis, n’était pas fait encore. […] Rigault répond aux uns et aux autres : il montre qu’on ne touche pas dans les classes à l’épicurisme d’Horace sans y mettre le correctif moral, et qu’on ne se rencontre pas face à face avec les Gracques sans avertir du danger des lois agraires : « On semble se persuader, dit-il, que nous n’admirons l’Antiquité qu’en ne la jugeant pas, et qu’à peine nous mettons le pied sur les ruines de Rome, nos habits deviennent des tuniques. […] D’ailleurs, ne l’oublions pas il avait tant de gens à admirer et à louer d’office, qu’on ne saurait s’étonner s’il se divertit tout d’un coup et semble à la fête quand il peut s’en donner sur un adversaire.
Pour moi, qui viens de relire bon nombre de ces feuilletons de Théophile Gautier sur l’Art dramatique, j’ai plutôt admiré comme il s’acquitte de sa tâche en parfaite bonne grâce, comme il se tire des difficultés et triomphe à demi de ses goûts sans les sacrifier toutefois. […] Ce qu’il loue le plus, ce qu’il soutient et défend de tout son cœur, les tentatives dramatiques d’amis illustres, n’obtiennent que des succès douteux et très-combattus : il lui faut dissimuler tant qu’il peut ces résistances obstinées de la masse bourgeoise à ce qu’il admire et à ce qu’il aime. […] Théophile Gautier, depuis que ceci est écrit, s’est lui-même expliqué sur la fonction de feuilletoniste, et ce qu’il en a dit, au moment où je le lisais, m’a dicté, à moi-même, cette remarque : « On admire chez Fontenelle la description des fonctions d’un lieutenant de police dans l’Éloge de d’Argenson, — chez Cuvier, la description des fonctions et des qualités d’un intendant général d’armée dans son Éloge académique de Daru.
D’abord, par exemple, on étudiait peu ou du moins on entendait mal le théâtre grec ; on l’admirait pour des qualités qu’il n’avait pas ; puis, quand, y jetant un coup d’œil rapide, on s’est aperçu que ces qualités qu’on estimait indispensables manquaient souvent, on l’a traité assez à la légère : témoin Voltaire et La Harpe. […] Villemain, on est revenu à l’admirer précisément pour n’avoir pas ces qualités de fausse noblesse et de continuelle dignité qu’on avait cru y voir d’abord, et que plus tard on avait été désappointé de n’y pas trouver. […] Ainsi la monarchie de Louis XIV, d’abord admirée pour l’apparente et fastueuse régularité qu’y afficha le monarque et que célébra Voltaire, puis trahie dans son infirmité réelle par les Mémoires de Dangeau, de la princesse Palatine, et rapetissée à dessein par Lemontey, nous reparaît chez Saint-Simon vaste, encombrée et flottante, dans une confusion qui n’est pas sans grandeur et sans beauté, avec tous les rouages de plus en plus inutiles de l’antique constitution abolie, avec tout ce que l’habitude conserve de formes et de mouvements, même après que l’esprit et le sens des choses ont disparu ; déjà sujette au bon plaisir despotique, mais mal disciplinée encore à l’étiquette suprême qui finira par triompher.
Il aimait passionnément les idées générales, mais il les dissimulait si bien, qu’un Anglais, auteur d’un livre intéressant sur les États-Unis, lui disait : « Ce que j’admire particulièrement, c’est qu’en traitant un si grand sujet, vous ayez si complètement évité les idées générales. » Il ne les évitait pas, loin de là ; mais il cherchait autant que possible à les incorporer dans les faits. […] On admirait sans comprendre. […] A la vérité, cet effet est dû surtout à la liberté politique, qui peut se rencontrer dans des sociétés non démocratiques ; mais si l’on y regarde de près, on verra que c’est la part que les classes laborieuses ont au gouvernement de l’État qui leur donne cet esprit d’initiative et d’entreprise que nous admirons.