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321. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Le crescendo qui nous pousse du commencement à la fin de cet acte est d’une véhémence sans exemple. […] Nous voici au second acte. […] Il faut que j’abrège, te troisième acte nous transporte en Bretagne, dans le château en ruines des ancêtres de Tristan. […] L’exécution du II° acte de Tristan et de presque tout le IIIe acte de Siegfried, à St-James’s Hali, comptera certainement parmi les grandes solennités de la saison musicale de 1886. […] Que de choses il y aurait à dire sur Tristan, l’œuvre maîtresse de Richard Wagner, et spécialement sur le deuxième acte !

322. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Même dans les sujets modernes, où la couleur locale nécessairement tient moins de place, on trouve dans Richard Darlington tout un tableau consacré à la description pittoresque des élections en Angleterre ; dans Antony, en plein quatrième acte, une conversation littéraire, intéressante du reste et instructive, mais qui devait être plutôt dans la préface que dans le drame. […] Nulle part l’action n’est vraie, directement tirée de la réalité commune, simplement fondée sur les passions universelles : les Grecs et les Turcs de Racine sont bien plus près de nous, et par leurs actes, et par leurs sentiments, que les Espagnols et les Français de V. […] Le quatrième acte de Ruy Blas (le quatrième, notez-le, l’acte critique du drame, pour mieux narguer les classiques) appartient tout entier à don César de Bazan ; sous le nom de ce gueux pittoresque, V. […] D’une matinée de bon sens lucide, où il s’est dit ses vérités, le premier acte de Il ne faut jurer de rien est sorti ; la réalité a fourni le point de départ, l’imagination fera le reste ; elle organisera une action, un dénouement conformes à cette situation première où le poète s’est trouvé. […] On ne peut s’empêcher d’être dégoûté de voir tout acte de probité, de bonté, de dévouement, inévitablement payé en argent, d’une grosse dot ou d’un bel héritage.

323. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Les décrets de l’Empereur par lesquels il lui conférait ces hautes missions sont conçus en des termes qui sont de beaux titres de noblesse : « Prenant entière confiance dans le zèle et la fidélité à notre service du sieur Daru, membre de notre Conseil d’État…, lui donnons plein et absolu pouvoir… ; promettant d’approuver tous les actes qu’il aura passés…, de regarder comme valides et irrévocables toutes les opérations qu’il aura terminées, etc. » (Décret d’Erfurt du 11 octobre 1808, et aussi celui de Dresde du 22 juillet 1807.) […] Il nous a été lu deux pièces en un acte : l’une d’Alexandre Duval, intitulée Les Amours de Shakespeare. […] Je dois lire dimanche prochain Le Mariage clandestin, que j’ai recommencé et mis en trois actes… Je n’en suis pas trop content et voudrais que vous fussiez ici pour m’en dire votre avis. […] Il voulait plus encore : il avait trente-sept  ans ; il voulait faire une grande comédie en cinq actes et en vers, se surpasser, livrer sa grande bataille comme tout talent doit essayer, une fois au moins dans sa vie, de la livrer avec toutes ses forces. […] Et pour terminer ce petit épisode de Picard que j’ai introduit ici avec plaisir : on le voit donc, l’effort qu’au milieu de sa carrière tenta ce spirituel auteur pour atteindre à la haute comédie, fut manqué ; il livra sa grande bataille en cinq actes et en vers, comme je l’ai appelée, et il la perdit.

324. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ainsi, à l’occasion du séjour de M. de Talleyrand à Varsovie en 1807, parlant de M. de Gagern, ministre du duc de Nassau, que des intérêts de plus d’une sorte avaient retenu à Varsovie quelque temps de plus que les autres diplomates allemands, le comte de Senfft en fait le portrait suivant : « Il avait été l’un des signataires de l’acte de la Confédération rhénane, et se trouvait mêlé à toutes les intrigues d’alors. […] Les esprits dont la qualité principale est le bon sens ont cela d’heureux ou de malheureux, mais d’irrésistible, que lorsqu’ils sont en présence d’actes ou de projets démesurés, imprudents, déraisonnables, rien n’y fait, ni affection ni intérêt ; un peu plus tôt, un peu plus tard, ils ne peuvent s’empêcher de désapprouver. […] Cette tragédie, si je ne me trompe, est au cinquième acte : le dénouement va paraître. » Il ne se serait point ouvert à lui, comme à un confident, sur le misérable caractère de cette royale famille espagnole, de ce brave homme ou benêt de roi, du prince des Asturies, de la reine, de ce méprisable et inséparable prince de la Paix qui, disait-il, avait l’air d’un taureau : « Le prince des Asturies est très-bête, très-méchant, très-ennemi de la France… La reine a son cœur et son histoire sur sa physionomie, c’est vous en dire assez. » Il ne lui eût pas confié ces princes en personne et ne les lui eût pas donnés tout d’abord pour hôtes à Valençay pour « les bien traiter et leur faire passer agréablement le temps », tout en lui recommandant de les isoler et « de faire surveiller autour d’eux. » Notez bien que cette année 1808, celle de la fourberie de Bayonne, ne fut point du tout une année de disgrâce pour Talleyrand. […] La première Restauration fut, on peut le dire, l’œuvre de M. de Talleyrand : ç’a été le grand acte historique de sa vie ou, si l’on aime mieux, le triomphe de son savoir-faire. […] Quant à M. de Talleyrand, il n’était pas homme assurément à commander de pareils actes : il n’était pas homme non plus à les décourager.

325. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

On ne croit plus, et pourtant certains actes mauvais semblent plus savoureux parce qu’ils vont contre ce qu’on a cru. […] Nous concevons plus vivement, en effet, nous nous représentons dans un plus grand détail et nous perpétrons avec plus d’application l’acte qui passe pour péché que celui qui est moralement indifférent. […] Son satanisme consiste simplement à voir partout le diable — et, d’abord, à nous raconter, avec complaisance et en s’excitant sur ce qu’ils ont d’extraordinaire, des actes d’impiété ou des cas surprenants de perversion morale. […] Le farouche écrivain développe, exprime violemment, abondamment — et longuement — les actes et les sentiments de ses personnages : il ne les explique jamais, et ne saurait en effet les expliquer sans éliminer le diable — auquel il tient plus qu’à tout.

326. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Perrichon (1860) ; tantôt derrière les gestes, les attitudes, les propos des plus grotesques bonshommes, on aperçoit nettement les mouvements des pantins réels que la caricature amplifie comme dans Célimare le bien-aimé (1863), et tantôt — ce qui est le mieux — la charge s’amortit, s’affine en un joli tableau de mœurs, comme dans cette soirée sous la lampe, en province, qui fait le premier acte de la Cagnotte (1864). […] Et je n’en veux pour preuve que le jugement porté par l’auteur sur les actes de ses personnages : il s’en faut que nous en estimions comme lui la valeur morale ; l’écart est précisément d’autant plus grand que nous les prenons davantage comme individus réels, astreints aux infirmités, aux incertitudes, aux délicatesses des réelles consciences. […] Rabagas (1872) ; Oncle Sam (1873) ; Divorçons (1883) ; les deux premiers actes de diverses pièces.

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