Ces différences sont bien marquées dans les romans d’André Theuriet, où Paris apparaît maintes fois comme le mauvais génie des enfants de la province ; rappelez-vous le Natalis de Mlle Guignon, le La Genevraie et le René des Armoises de la Fortune d’Angèle. […] C’est une histoire d’occurrence ordinaire que celle de cette naïve enfant de la province venue à Paris pour s’y révéler grande tragédienne et qui rencontre un engagement de café chantant, mais le titre en est piquant et en rajeunit la tristesse. […] De ce nombre est la scène de nuit, lorsque Angèle, restée seule à Paris, sort de chez elle hallucinée par l’effroi et parcourt en somnambule les rues et les quais ; c’est presque la scène du suicide manqué de Désirée Delobelle dans le Fromont jeune d’Alphonse Daudet. […] On venait à peine de délivrer à l’admiration de la foule le Paris nouveau de M. […] Nous n’avons pas à entrer dans l’analyse de cette œuvre, que tout Paris a vue à l’heure présente.
La Garouffière, qui était fort honnête homme, et qui se connaissait bien en honnêtes gens, ne pouvait comprendre comment un comédien de campagne pouvait avoir une si parfaite connaissance de la véritable honnêteté. » Quoi qu’il en soit, qu’on le remarque bien, la première pièce que Molière donna à Paris, c’était déjà Les Femmes savantes sous une première forme ; c’était Les Précieuses ridicules. La folie particulière que développe chez les femmes l’admiration des hommes de lettres, travers qu’il avait observé en province tout aussi aisément qu’il eût pu faire à Paris, c’était la première chose qu’il livrait aux risées des Parisiens. […] On sent, car le peintre des imperfections humaines a aussi les siennes, que Trissotin, plus que Tartuffe, est l’être abhorré de Molière ; que Molière, homme de lettres très en faveur en 1672, et fort bien en cour, a été autrefois un pauvre comédien de campagne, regardant avec envie du côté de Paris, et fort impatienté de ces réputations de salon et de coterie qui s’y font à si bon marché ; que, depuis, ces mêmes hommes de salon et de ruelles, ces poètes de la ville, ce sont eux qu’il a rencontrés, jaloux à leur tour et irrités, sur sa route, et dont il a eu à souffrir mille attaques et mille cabales.
Et il se réfugia à Paris, où, seul, pauvre, ignoré de tous, il poursuit avec acharnement une des plus belles œuvres de ce temps. […] Il avait, ensuite, saisi, corps à corps, les miracles, l’Église et la Ville… Lourdes, Rome, Paris, trois énigmes par lui déchiffrées… Après cette analyse formidable, après ces synthèses de l’histoire, après la coordination passionnée et logique de ses travaux, il lui fallait une réalisation plus grande, un couronnement en vigueur et en lumière de tout son énorme labeur… Peintre épique du vrai, observateur tour à tour minutieux et largement intuitif de la nature et de la vie, il avait fait, de la réalité, une chose infinie. […] … Les trous se comblent, la vie triomphe nécessairement de la mort ; l’effort dans sa diffusion, par-dessus les haines et les rancunes, va partout, emplit la campagne, Paris, l’Afrique vierge, en tous endroits où il y a de la vie à conquérir… C’est la conquête du monde, la victoire du Mieux et du Beau, et du Bien, et c’est l’apothéose sublime, auguste et jeune des vieux chênes, qui ont porté haut des branches, et qui rayonnent sur l’univers et sur l’avenir, de leur soupir accouplé, de leur même sourire fécondant, heureux et libre d’éternité ! […] Voilà une grande et noble et triple joie que nous vous devons, en attendant toutes celles que votre génie nous réserve, pour l’avenir… celui qu’il n’est point besoin d’aller demander aux magiciennes de la main, des cartes et du marc de café… Préface de « Marie-Claire » [Marguerite Audoux, Marie-Claire, Paris, B. […] … Mais on peut rêver mieux encore… On peut rêver d’enchocolater tous les théâtres de Paris du chocolat de cette petite chocolatière… Et je m’emploie à… à… comment dites-vous ça, dans votre langue de poète ?
On avait chansonné une reine et un cardinal ; un coadjuteur de Paris avait compromis son caractère ecclésiastique de mille manières ; les princes avaient bafoué le parlement ; un petit-fils de Henri IV avait été livré à la risée publique. […] La cour fut transportée hors de Paris, devenu odieux par ses révoltes. […] Crébillon, qui vécut dans la solitude, qui avait passé sa jeunesse loin de Paris, s’éleva au-dessus d’eux, par cela seul qu’il se livra à son propre génie, et qu’il en sut donner la couleur à ses ouvrages. […] Montesquieu s’éloigna de Paris, et alla passer la plus grande partie de son temps loin d’une société dont l’influence empêchait de se livrer à l’étude et à la modération, et qui enseignait à substituer l’exagération à la force d’un esprit profondément convaincu. […] « La postérité ne concevra jamais, disait Vergniaud, l’ignominieux asservissement de Paris à une poignée de brigands, rebut de l’espèce humaine, qui s’agitent dans son sein et le déchirent par les mouvements convulsifs de leur ambition et de leur fureur. » C’est dans un tel moment, pour défendre un tel accusé, devant un pareil tribunal, sous les yeux d’une audience ainsi composée, que M. de Sèze fut choisi.
Un castor enfermé dans un enclos du Jardin des Plantes, et qui ramasse des morceaux de bois et du mortier pour construire la digue dont il n’a pas besoin à Paris et dont il a besoin en Amérique, est un animal en qui se développe un système spontané d’images ; de même un oiseau qui au printemps fait son nid ; à l’aspect de la paille, de la bourre, du duvet, les notions de leurs attaches et de leurs usages naissent en lui sans expérience préalable, sans tâtonnements, dans un ordre tout fait, par une sagesse qui n’est pas acquise. […] Broca, Sur le volume et la forme du cerveau, suivant les individus et suivant les races. — Paris, 1861.
C’est pourquoi nous conseillons de ne pas s’attacher de si bonne heure aux Modernes, de crainte qu’on ne les imite, avant que de bien connoître ce qu’ils valent »(*) A Paris, ce 10 Juin 1771. […] N. de Nicolay, premier Président de la Chambre des Comptes de Paris, ayeul de M. de Nicolay, aujourd’hui premier Président de la même Chambre.