/ 904
167. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Marquis et précieuses, qui cabalent maintenant pour Pradon, sont les mêmes qui jadis ont cabalé contre Molière. […] ou Molière pour corriger à Montpellier les usages de la conversation ? […] Marivaux n’y mettait pas plus de malice que Molière. […] Marivaux n’aimait pas Molière : il a lui-même pris soin de le dire en propres termes. […] Il est vrai qu’ils peuvent compter tous les trois parmi les plus rares créations du génie de Molière.

168. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Essayez de dire que Pradon vaut Racine, qu’une comédie de Boursault a droit à la même attention, à la même admiration qu’une comédie de Molière. […] Molière disait28  : « Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire, et si une pièce qui a attrapé son but n’a pas suivi un bon chemin. » Et Racine, à son tour, répétait en écho29 : « La principale règle est de plaire et de toucher : toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. » Il suit de là que toutes les œuvres qui ont plu, qui ont été qualifiées de belles, se recommandent par cela seul à l’attention de l’histoire. […] Quelles épaules pourraient en soutenir le fardeau, s’il lui fallait relire, par exemple, toutes les pièces qui ont été représentées au temps de Molière, tous les poèmes épiques mort-nés qui ont été composés au temps de Napoléon 1er ? […] On peut du moins l’essayer, et, pour courir droit au résultat, l’adaptation des moyens à la fin poursuivie me paraît être, comme dit Molière, « la règle de toutes les règles ».

169. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Qu’est-ce que les mots sublimes de Corneille, ou les mots comiques de Molière ? […] Ce n’est pas Corneille qui fait de l’héroïsme, ni Molière de l’esprit. […] Et, pour Molière, nous avons son propre aveu.

170. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Il me paraît que don Juan… (mais oubliez ce que je disais tout à l’heure et croyez que je ne mets rien là de mon propre rêve), il me paraît que don Juan, à le considérer dans Tirso de Molina et dans Molière, sinon dans Byron et dans Mozart, est surtout un grand artiste et un grand orgueilleux. La déclaration superbe que lui prête Molière, et où il se compare à Alexandre et à César, est assez explicite. […] A ces moments-là celui qui les a toutes ferait envie même à Molière, même à César.

171. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Consulté sur le cas à propos duquel Mme de La Fayette montre tant de finesse et Michelet un si bon cœur, Molière n’hésiterait point : Oui, je tiens que jamais de semblables propos On ne doit d’un mari traverser le repos. Et c’est cependant un bon « naturiste » que Molière. […] » Il pose cet axiome qu’« il n’y a point de vieille femme », et le développe en un chapitre dont le sommaire tout seul est déjà bien joli : « … Le visage vieillit bien avant le corps. — L’ampleur des formes est favorable à l’expression de la bonté. — Une génération qui n’aimerait que la première jeunesse et ne serait pas policée par le commerce des dames resterait grossière. — Une femme qui aime et qui est bonne peut, à tout âge, donner le bonheur, douer le jeune homme. » Il vous apparaîtra de nouveau, si vous pesez les mots de cette dernière phrase et si vous en cherchez le commentaire dans le texte du chapitre, que le naturisme de Michelet n’est pas précisément le naturisme de Molière.

172. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Ni Eschyle, ni Molière ne les admettraient, et nous approuverions Eschyle et Molière. […] Car ni l’art d’Eschyle, ni l’art d’Aristophane, ni l’art de Plaute, ni l’art de Machiavel, ni l’art de Calderon, ni l’art de Molière, ni l’art de Beaumarchais, ni aucune des formes de l’art, vivant chacune de la vie spéciale d’un génie, n’obéiraient aux ordres donnés par Shakespeare.

/ 904