La préface des Vies des hommes illustres (1550) est entièrement profane, sauf quelques belles paroles sur Dieu, que le catholicisme, renouvelé par la Réforme, a pu seul inspirer. […] C’est au nombre de ceux qui profitent de leurs écrits qu’il faut mesurer leur gloire ; car plus il en est qui ont part à cette nourriture de l’âme, plus les hommes de génie ressemblent à Dieu, dont ils sont les créatures privilégiées. […] Mais les vérités y laissent chacun libre de se conduire à sa guise et les doutes n’y sont que des aveux de la sagesse bornée que Dieu a départie aux hommes. […] Vive Dieu ! […] A Dieu, mon coeur je vous baise cent mille fois.
— Nom de Dieu, c’est fait ! […] … … Eh Dieu ! […] À l’hôpital, Dieu et le cadavre voisinent. […] Elle est petite, mal venue, avec une figure laide et tendre, une pauvre figure à la grâce de Dieu. […] Joubert, l’auteur des Pensées, n’avait pas cette servile préoccupation du suffrage universel en matière de style, quand il adjurait Mme de Beaumont de recommander à Chateaubriand « de garder avec soin les singularités qui lui étaient propres » et « de se montrer constamment ce que Dieu l’avait fait », corroborant ce brave conseil par cette curieuse phrase : « Les étrangers… ne trouveront que frappant, ce que les habitudes de notre langue nous portent machinalement à croire bizarre dans le premier moment. » Et parmi le déchaînement de la critique, c’est encore Joubert, qui engage l’écrivain, attaqué dans les modernités de sa prose nouvelle, à persister à chanter son propre ramage 17.
Il y a eu, Dieu merci ! […] S’il y a, en effet, une idée qui chausse la médiocrité des bourgeois, c’est l’idée absurde que l’Église, établie de Dieu et constituée à grand renfort de Saints, de grands hommes et de siècles, doit, pour sa plus grande gloire, revenir à l’Église primitive, qui n’était pas constituée, et à la pauvreté des premiers temps. […] Quant aux vers qui entrelardent cette maigreur, ils ne sont pas différents des autres vers de leur auteur que par leur faiblesse, mais on les reconnaît encore, à une multitude de traits, pour être de cette inépuisable fabrique qui a peut-être trop fabriqué… Vous en jugerez : … Dieu ne nous a pas confié sa maison La Justice, pour vivre en dehors d’elle… Cette justice qui est une maison… Celui qu’on nomme un Pape est vêtu d’apparences ! […] … je rentre chez Dieu, c’est-à-dire chez l’Homme ! […] Mais l’apôtre se sait écouté par la nuit ; Et n’est-ce pas qu’il doit parler aux solitudes, Ô Dieu !
Qu’était-ce, aux temps très anciens, que ce « peuple de Dieu » ? […] Le prophétisme israélite fut un journalisme s’exprimant au nom de Dieu. […] Les cafés eux-mêmes (et Dieu sait qu’ils sont nombreux !) […] Voyez-le donc et priez-le d’aiguillonner ce sacré club de tonnerre de Dieu ! […] Il faut que décidément la société soit bien immonde, pour que Dieu n’ait plus le droit de se montrer difficile, pour qu’il en soit réduit à se contenter, pour les ramener à lui, des gens comme moi !
On commence à croire au droit du plus fort et à parler du doigt de Dieu. […] Arnaud, et son Épître sur l’Amour de Dieu. […] Ce que tout cela deviendra, Dieu le sait ! […] Le froment n’est bon que dans le peu de pays où Dieu le fait croître. […] Les Indiens croient que cette statue fut donnée de Dieu à son fils, comme un emblème de la création.
Les Apocryphes de l’Ancien Testament, surtout la partie juive des vers sibyllins et le Livre d’Hénoch, joints au Livre de Daniel, qui est, lui aussi, un véritable apocryphe, ont une importance capitale pour l’histoire du développement des théories messianiques et pour l’intelligence des conceptions de Jésus sur le royaume de Dieu. […] Un nouvel esprit a soufflé ; la gnose est déjà commencée ; l’ère galiléenne du royaume de Dieu est finie ; l’espérance de la prochaine venue du Christ s’éloigne ; on entre dans les aridités de la métaphysique, dans les ténèbres du dogme abstrait. […] L’expression de « royaume de Dieu », qui était si familière au maître 56, n’y figure qu’une seule fois 57. […] Aucune apparition passagère n’épuise la divinité ; Dieu s’était révélé avant Jésus, Dieu se révélera après lui. Profondément inégales et d’autant plus divines qu’elles sont plus grandes, plus spontanées, les manifestations du Dieu caché au fond de la conscience humaine sont toutes du même ordre.