Il faut profondément étudier la nature, la vie au long de l’échelle organique pour s’en persuader. […] L’impassibilité du naturaliste l’éloigne des couches inférieures qu’il étudie et c’est là une réserve d’homme supérieur. […] Il n’est pas impossible à l’écrivain de les connaître et les étudier. […] Sans l’étudier beaucoup, nous pouvons la comprendre : c’est l’esprit qui la projette dans l’espace. […] Et d’eux-mêmes, une fois mis au métier, ils n’étudient pas davantage.
Je passe sous silence les réimpressions moins étudiées. […] Parmi ceux-là, deux surtout doivent attirer l’attention de l’observateur qui étudie le flux et reflux du goût public : ai-je besoin de nommer Chateaubriand et Lamartine ? […] Etudier ? […] L’hérédité des dogmes et des fortunes tend à disparaître, et, si nous étudions la France actuelle, a disparu. […] Il étudiera les représentants en mission, dans l’Est, dans l’Ouest, dans le Sud, dans le Nord.
Dans les temps qui ont précédé et suivi la Terreur, sous la Constituante, sous le Directoire, sous le Consulat, il y a eu de tels hommes ; il serait curieux d’en pouvoir étudier de près quelques-uns, et dans leurs mémoires, dans leur correspondance, de pouvoir montrer ces preuves de bon conseil et de rare jugement qui les recommandaient de près, même aux adversaires, et qui les ont ensuite naturellement portés aux premiers rangs civils dans la société rétablie. […] Jeannin, dès sa jeunesse, s’annonça par ses talents et par son mérite ; il alla étudier aux universités, notamment à Bourges sous Cujas. […] À quoi Jeannin répondit en riant : « Oui, mon père, c’est moi, et j’en ai bien fait d’autres depuis que je ne vous ai vu : mais il faut commencer à devenir sage et à étudier. » Ce qui paraît certain, c’est que de bonne heure, et dès ses premiers exercices aux écoles publiques, il se fit remarquer, au milieu de ses vivacités, pour être d’un parfait et merveilleux jugement, « et capable de terminer un jour les différends des hommes ».
Il étudiait beaucoup cependant, il approfondissait chacun des sujets en discussion, et dans les questions non politiques, non ministérielles, ses collègues aimaient à le choisir comme le rapporteur le plus sûr, le plus consciencieux. La question de l’Algérie fut une de celles qu’il étudia le plus à fond ; il fit pour cela deux voyages en Afrique. […] Pour celui qui étudie les formes différentes et caractéristiques des esprits, il est curieux de suivre M. de Tocqueville en Allemagne, dans son voyage à la recherche de cet ancien régime qui le préoccupe tant : il ne parvient pas d’abord à trouver ce qu’il espérait, et à découvrir un ordre de symptômes précurseurs de 89 et corrélatifs aux nôtres.
Élevé au hasard, mis pour toute école à la mutuelle, puis petit clerc d’avoué, il s’est formé lui seul ; il a dû faire lui-même son éducation, acquérir sans maître sa littérature : il a commencé d’écrire avant de commencer à étudier. […] — Cet autre homme, lui, est chrétien ; il admet la divinité, une émanation plus ou moins directe de la divinité, une inspiration d’en haut dans la vie, dans les actes et les paroles du Christ : mais il se permet de rechercher quels ont été au vrai ces actes et ces paroles ; il étudie les témoignages écrits, les textes ; il les compare, il les critique, et il arrive par là à une foi chrétienne, mais non catholique comme la vôtre : homme pur d’ailleurs, de mœurs sévères, de paroles exemplaires : et cet homme-là, parce qu’il ne peut en conscience arriver à penser comme vous sur un certain arrangement, une certaine ordonnance, magnifique d’ailleurs et grandiose, qui s’est dessinée surtout depuis le ve siècle, vous l’insulterez, vous l’appellerez à première vue blafard en redingote marron ! […] Veuillot, et que je les rencontre à côté de tant de jugements fermes, sagaces, bien frappés : tel est dans ce chapitre le jugement sur Hugo et sur Musset, en six lignes qui disent tout. — Entre les classiques français qu’il se mit à lire régulièrement, il n’en est aucun auquel il fut plus redevable qu’à La Bruyère ; il l’étudia à fond, tour et style.
S’agit-il d’étudier un homme supérieur ou simplement distingué par ses productions, un écrivain, dont on a lu les ouvrages et qui vaille la peine d’un examen approfondi ? […] Vauvenargues, voulant exprimer le charme qu’a pour le talent un premier succès et un début heureux dans la jeunesse, a dit avec bien de la grâce : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » De même pour le critique qui étudie un talent, il n’est rien de tel que de le surprendre dans son premier feu, dans son premier jet, de le respirer à son heure matinale, dans sa fleur d’âme et de jeunesse. […] On peut jusqu’à un certain point étudier les talents dans leur postérité morale, dans leurs disciples et leurs admirateurs naturels.