Et sans doute la réflexion, ce n’est, pour la plupart de ces paisibles créatures, que l’assoupissement devant les chopes de bière, dans la fumée des pipes, ou l’éternel recommencement de la bible marmottée ; bref, un exercice de ruminants (car le « libre examen », fondement du protestantisme, me paraît être, quand il s’agit du troupeau des fidèles, une simple plaisanterie ; et c’est se moquer du monde que d’opposer aujourd’hui la liberté d’esprit protestante à la docilité catholique). […] Manders est si touchant dans son rôle d’éternelle dupe que Mme Alving en est tout attendrie. […] L’acte par lequel la race se perpétue, les relations des sexes et tous les sentiments qui naissent de là, forment, par la force des choses, une part éternelle et essentielle de la vie de l’humanité. […] Ô lampe sublime de l’éternel Jupiter, jour maudit, cache maintenant ta face souillée dans une nuit sans fin, et ferme les fenêtres du ciel lumineux ! […] Il n’y a que le silence qui puisse comprendre ce qui se passe en moi, et qui soit digne de le porter aux pieds de l’Éternel.
Vous vous appeliez Prévost, et vous pouviez vous vanter d’avoir écrit une histoire éternelle comme le cœur humain : vous étiez placé bien au-dessous de l’auteur de quelque Manlius ou de quelque Catilina, œuvres pompeuses comme le faux et ennuyeuses comme le radotage. […] Progressivement, en partant d’un simple cheval sculpté, c’est-à-dire d’un objet très limité et prêtant aussi peu que possible à la généralisation, nous sommes arrivés par la méthode platonicienne aux idées les plus universelles ; de ce qu’il y a de plus contingent dans l’art, nous sommes arrivés à ce qu’il y a de plus éternel. […] Est-il à craindre que la conception de l’artiste perde par cette individualisation sa profondeur morale et sa signification éternelle ? […] Alors il aura vraiment une grandeur éternelle ; il sera plus et mieux qu’un type, car le type suppose une systématisation de ce qui ne doit pas être systématisé, une limitation de ce qui ne doit pas être limité ; il suppose que la vie morale s’est figée et cristallisée en une certaine forme, et que ses eaux, qui sont faites pour couler sans obstacles, ont rencontré une barrière artificielle qui les a arrêtées. […] Le véritable exercice de la pensée exige un éternel loisir, et quiconque est obligé par profession de ne penser qu’à certaines heures perd le meilleur de sa pensée, c’est-à-dire cette incessante émanation de rêverie qui s’échappe d’une âme intelligente, et qui est son parfum, sa musique et sa volupté.
J’ai voulu travestir la Henriade comme j’ai travesti l’Enéide : j’espérais égayer le loisir des neuf sœurs qu’un éternel sublime ennuie quelquefois. […] Par exemple, quand je fais évoquer ainsi à Médée les esprits infernaux : Sortez Démons, sortez de la nuit éternelle, Voyez le jour pour le troubler, &c. […] Ne bornez jamais vos scenes à cette éternelle déclamation, à ce récitatif monotone, bien inférieur à la déclamation ordinaire. […] Ce Peintre né, ce Térence nouveau, Plus vif, plus gai que l’ami de Lélie, Ce favori de Momus, de Thalie, Du ridicule ingénieux fléau ; Moliere, enfin, dans la nuit éternelle, N’emporta point son sublime pinceau. […] Je doute que ces éternels enchantemens, approuvés ou tolérés, dans le Poëme Italien, pussent également l’être dans un Poëme Français.
Celles qui résistent à l’épreuve capitale des années, qui grandissent au long des siècles et se recouvrent d’une gloire éternelle, sont au contraire celles qui participent le plus de l’humanité, qui descendent au plus vrai des consciences, celles qui synthétisent le mieux dans l’espace et la durée la matière émouvante de l’art : l’Homme et la Vie. […] La poésie dira la beauté éternelle, la vérité admirable des choses.
Nous consentîmes donc à servir le gouvernement de l’empereur Napoléon III dans ce qu’il avait de bon, c’est-à-dire en tant qu’il touchait aux intérêts éternels de la science, de l’éducation publique, du progrès des lumières, à ces devoirs sociaux enfin qui ne chôment jamais. […] Il était facile de voir que la révolution française, faiblement arrêtée un moment par les événements de 1814 et de 1815, allait une seconde fois voir se dresser devant elle son éternelle ennemie, la race germanique ou plutôt slavo-germanique du Nord, en d’autres termes, la Prusse, demeurée pays d’ancien régime, et ainsi préservée du matérialisme industriel, économique, socialiste, révolutionnaire, qui a dompté la virilité de tous les autres peuples.
— « Expression, dit Fauriel, d’une mélancolie naïve et profonde ; et qui semble marquer, dans l’âme à laquelle elle échappe, l’instant où finit cette surprise accablante dont notre imagination est d’abord frappée lorsque la mort vient de nous ravir un être nécessaire à notre bonheur, et où commence la conviction douloureuse d’une perte éternelle ! […] Ames sublimes et adorables, vos vertus elles-mêmes démentent ces opinions exagérées, contraires à la nature, à cet ordre éternel que vous avez toujours regardé comme la source de toutes les idées saines, comme l’oracle de l’homme sage et vertueux, comme le seul guide sûr de toutes nos actions ! […] Il faut voir avec quel soin religieux il recueille tous ces chants de rhapsodes inconnus et comme ces membres dispersés de l’éternel Homère : « Ils chantent (dit-il de ces modernes chanteurs ambulants), ils chantent en s’accompagnant d’un instrument à cordes que l’on touche avec un archet, et qui est exactement l’ancienne lyre des Grecs, dont il a conservé le nom comme la forme.