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1076. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Mais si cette conviction s’établit en nous que toute résistance est vaine et tout effort illusoire, c’est l’énergie elle-même qui est tarie dans sa source. […] Entre plusieurs formes voisines, une concurrence s’établit au profit de celle qui réalise le plus complètement l’idée même et la définition du genre. […] Il se pourrait qu’elle n’eut pas entièrement tort, ou même que tout ce qu’on a fait depuis, ait été d’établir celle vieille distinction sur de plus solides fondements. […] Cela seul suffirait à prouver l’utilité, à établir la légitimité du système nouveau. […] L’affluence est toujours très grande, comme l’établissent les chiffres qu’on m’a cités, et comme j’ai pu m’en convaincre par moi-même.

1077. (1886) Le naturalisme

Baour-Lormian, dans une comédie intitulée le classique et le romantique, établit la synonymie : classiques et gens de bien, romantiques et canailles. […] Voici quelque temps qu’il s’est établi des courants de purisme et d’archaïsme qui, s’ils ne débordent point, seront très utiles et nous mettront en relation et en contact avec nos classiques, pour que nous ne perdions point le goût et la saveur de Cervantès, de Hurtado3 et de sainte Thérèse. […] Allez après cela établir des règles absolues ! […] Si certaine théorie littéraire est vraie, que j’ai trouvée dans je ne sais quel fameux critique français et qui établit que les romanciers copient la société et qu’à son tour la société imite et reflète les romanciers, il pourrait advenir que nous eussions tous la tentation de parler comme les héros de Valera, ce qui serait excellent pour la langue. […] Au Naturalisme en général, cela est établi à part la pernicieuse hérésie de nier la liberté humaine, on ne peut imputer aucun autre genre de délit.

1078. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Ce faisant, loin de troubler l’ordre établi, il y concourt, son rôle étant de transmuer en inquiétudes intellectuelles et morales les appétits de la brute innocente et par conséquent de créer un mouvement vers des sphères plus hautes. […] Or beaucoup perdent pied quand il s’agit d’établir cet équilibre. […] — Les inventions, — c’est-à-dire les trouvailles, — des philosophes l’avaient troublé à ce point qu’il n’était plus capable de s’établir une raison de vie. […] Je me suis donné la mission d’établir un suprême code de lois auquel obéiront, s’ils sont Intellectuels, tous ceux qui pratiquent l’art des vers. […] Laissez-moi parler… Le système social est établi de façon à sauvegarder le fruit de vos rapines.

1079. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Mais ce que nous ne craindrons pas d’affirmer, c’est qu’il avait lu Voltaire et Montesquieu, si même il ne s’inspirait d’eux, le jeune bachelier qui s’exprimait en ces termes dans un Discours daté de 1750 : « On voit s’établir des sociétés, se former des nations qui tour à tour dominent d’autres nations, ou leur obéissent…… L’intérêt, l’ambition, la vaine gloire, changent perpétuellement la scène du monde et inondent la terre de sang, mais au milieu de leurs ravages, l’esprit humain s’éclaire, les mœurs s’adoucissent, les nations isolées se rapprochent les unes des autres, le commerce et la politique réunissent enfin toutes les parties du globe, et la masse totale du genre humain, par des alternatives de calme et d’agitation, de biens et de maux, marche toujours, quoique à pas lents, vers une perfection plus grande » [Cf.  […] et tandis qu’une habitude s’établissait de ne parler des « ruelles » du siècle précédent, qu’avec les plaisanteries et sur le ton de Molière dans ses Précieuses ridicules ou dans ses Femmes savantes, nous n’avons encore aujourd’hui même qu’indulgence et que complaisance pour tant d’aimables personnes qui surent, comme les Tencin et comme les d’Épinay, si bien allier ensemble le désordre des mœurs et le pédantisme de la philosophie. […] Ils les ont applaudies ; et jamais peut-être, — on le sait, — réputation littéraire ne s’est établie plus promptement ni plus universellement que celle de Rousseau. […] Sa retraite à Sceaux, chez la duchesse du Maine, 1747. — Les premiers contes de Voltaire : Le Monde comme il va, Cosi Sancta, Zadig, Micromégas, 1747 ; — sa brouillerie avec la duchesse du Maine. — Départ de Voltaire pour Cirey ; — et séjour à la cour de Lorraine. — Trahison de Mme du Châtelet ; — et à cette occasion, quelques mots de la cour de Lorraine, du roi Stanislas et du marquis de Saint-Lambert ; — mort de Mme du Châtelet, 1749 ; — et retour de Voltaire à Paris. — Difficultés de sa situation ; — comme également suspect à la cour, et à la nouvelle génération des « gens de lettres ». — Sa rivalité dramatique avec le vieux Crébillon. — Son Oreste, 1750, et sa Rome sauvée, 1752. — Frédéric lui propose de venir s’établir à Berlin. — Hésitations de Voltaire [Cf.  […] Les dernières années de Rousseau. — Saisie, condamnation et brûlement de l’Émile à Paris [9 juin] ; — à Genève [19 juin] ; — et en Hollande [23 juin]. — Rousseau, obligé de quitter la France, — et expulsé du territoire de la république de Berne, — s’établit au Val de Travers, — et y fixe son séjour de 1762 à 1765. — Il y compose sa Lettre à l’archevêque de Paris, 1762 ; — son Projet de constitution pour la Corse [qui n’a paru qu’en 1861] ; — et ses Lettres de la Montagne, 1765. — Persécutions nouvelles que lui suscite ce livre.

1080. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ainsi ces génies rares, de grande et facile beauté, de beauté native et génuine, triomphent, d’un air d’aisance, des conditions les plus contraires ; ils se déploient, ils s’établissent invinciblement. […] Mais ce que je veux établir, et ce qui le caractérise entre ses contemporains de génie, c’est qu’habituellement il a vu la nature humaine en elle-même, dans sa généralité de tous les temps, comme Boileau, comme La Bruyère l’ont vue et peinte souvent, je le sais, mais sans mélange, lui, d’épître sur l’Amour de Dieu, comme Boileau, ou de discussion sur le quiétisme comme La Bruyère2. […] Le roi, satisfait du spectacle, permit à la troupe de Molière de s’établir à Paris sous le titre de Troupe de Monsieur, et de jouer alternativement avec les comédiens italiens sur le théâtre du Petit-Bourbon. […] Lui, l’homme au masque ouvert et à l’allure naturelle, il avait à déblayer avant tout la scène de ces mesquins embarras pour s’y déployer à l’aise et y établir son droit de franc-parler.

1081. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Rigal s’est attaché d’abord à établir, et ce que l’on peut considérer désormais, grâce à lui, comme acquis à l’histoire littéraire. […] D’un autre côté, une fois bien établie, l’existence de ce système décoratif nous explique plus d’un texte jusqu’à présent mal compris. […] Prêtres de l’Oratoire et religieuses de la Visitation, Carmélites, Frères de Saint-Jean de Dieu, Sœurs grises, c’est en effet alors, entre 1610 et 1625, que tous ces ordres se fondent ou s’établissent en France. […] Et puis, ici, quelle est la distinction que Cléante essaye d’établir entre les « vrais » et les « faux » dévots ? […] Ou si peut-être enfin on aimait mieux cette autre manière de dire la même chose : avant qu’il fût Voltaire, il avait déjà trouvé, dans la France du temps de la Régence et de M. le Duc, une tradition de voltairianisme établie.

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