« Toutefois, il avait soixante-trois manières d’en trouver tousjours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larrecin furtivement faict ; malfaisant, pipeur, buveur, batteur de pavez, ribleur s’il en étoit à Paris ; au demeurant le meilleur fils du monde et toujours machinoit quelque chose contre les sergeants et contre le guet. » Et après ce portrait sommaire, viennent à la débandade, les mille aventures drolatiques où ce véritable héros de Rabelais se dessine à gros traits, menant à Paris le train bouffon de l’écolier de l’époque, puis partant pour les pays de la fable contre le roi des Dipsodes, puis s’embarrassant dans cette épineuse question du mariage, et parcourant pour s’amuser dans son dessein tout l’archipel d’îles peuplées à souhait des innombrables êtres allégoriques dont Rabelais tenait à rire ; en somme la plus durable et la plus humaine des caricatures énormes qui s’étalent dans le bréviaire des « beuveurs très illustres et et vérolez très prétieux ».
A une époque où les renommées littéraires se font et s’entretiennent par d’habiles réclames, où nous voyons avec tristesse des hommes que leur talent seul suffirait à rendre glorieux, pris de la rage de s’exhiber en public, eux, leur famille et leurs animaux domestiques, — c’était un spectacle salutaire que celui de ce philosophe sans cesse occupé à dérober aux regards des marchands de publicité sa vie de labeur et d’étude. » Voilà qui est parfaitement dit ; je me hâte d’y souscrire, pour reprendre bien vite le droit de présenter quelques objections.
Mme de Staël est bien la pensée d’une époque. […] Mais elle a été la pleine et lumineuse conscience intellectuelle des hommes de son temps, embrassant et échauffant en elle l’âme de son époque, et ne laissant en dehors que ce qui ne pensait point. […] Mais déjà elle se pénétrait profondément de tout l’esprit de son époque, sensibilité romanesque, excès de sociabilité, foi naïve et absolue dans les idées. […] Par exemple, le siècle de Périclès doit être inférieur au siècle d’Auguste en tant qu’antérieur, et il doit remporter singulièrement sur le siècle d’Auguste en tant qu’époque de liberté. […] Mais que pense-t-elle du grand fait moral qui sépare l’antiquité des temps modernes et fait de l’une et l’autre époque comme des mondes différents ?
Ce fut sans doute pour donner plus d’essor à son goût particulier pour le théâtre qu’il renonça à cette époque à l’enseignement public, et qu’il se chargea de l’éducation des enfants de M. […] Dénoncé, poursuivi par les journalistes de cette époque, non seulement il fut obligé de renoncer à sa place, mais encore de quitter Paris et de se cacher dans un village. […] En effet, l’examen que lui fît subir un maire de cette époque devait avoir son côté plaisant, et sous plus d’un aspect cette scène était digne des pinceaux de Thalie. […] Étienne, Lemercier, Hoffmann, Andrieux, et un grand nombre de littérateurs de notre époque que je ne puis citer ici, et qui sont également recommandables par leurs ouvrages et leurs critiques. […] Placé au premier rang des auteurs dramatiques de notre époque par sa belle comédie des deux Gendres, M.
Rigal vient d’étudier si consciencieusement la biographie et les œuvres, a-t-il pour lui de représenter toute une époque de l’histoire du théâtre français. […] et sur quoi la négation eût-elle pu s’appuyer à une époque où ni l’exégèse, ni l’histoire des religions, ni la science enfin n’étaient encore nées ? […] Non pas, sans doute, que ce caractère se retrouve indistinctement dans toutes les œuvres de l’époque. […] On y distingue des époques, et, dans chacune de ces époques, des partis. […] Il marque d’abord une date, une époque même de la prose classique.
On ne pouvait compléter la tragédie, après Corneille, qu’en y faisant entrer d’autres caractères et d’autres passions ; la corriger, qu’en la purifiant de tous les vices, soit de fond, soit de langage, nés de quelques fausses vues de Corneille et du tour d’esprit de son époque. […] De toutes les passions humaines, aucune n’affecte dans notre pays des formes plus diverses que l’amour ; aucune n’a plus subi l’influence du tour d’esprit dominant à chaque époque. […] Quoique le dix-septième siècle soit l’époque où la société française a été la plus naturelle, et qu’en aucun temps l’homme ne se soit mieux connu, il s’est mêlé aux sentiments si vrais, et au langage si sain de cette époque unique, quelque chose qui est aux lettres ce que l’étiquette est aux usages. […] Racine, venu à une époque où les modes d’Espagne perdaient faveur, nourri dans une école où l’on pratiquait l’antiquité, s’attacha aux modèles du théâtre grec.