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554. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Je conviens que je me suis élevé contre les Philosophes, & que je n’ai négligé aucune occasion de relever leurs injustices, de fronder leurs fausses prétentions, de combattre leurs dogmes dangereux, de montrer, en un mot, toutes leurs erreurs littéraires & morales. […] Non, tous les connoisseurs, tous les hommes sages & vraiment éclairés se sont élevés contre la morgue de leur style, la singularité de leurs idées, la médiocrité de leurs talens, & ont protesté contre leurs usurpations. […] Helvetius naquit à Paris, qu’il y fut élevé, qu’il y fit, tout le temps de sa vie, son séjour ordinaire, & l’Auteur de l’Ouvrage posthume déclare n’y avoir séjourné qu’un certain nombre d’années.

555. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Or, la Philosophie, nous ne parlons pas de celle d'aujourd'hui, nous disons la Philosophie la plus pure, a-t-elle jamais élevé ses vûes, dirigé ses dogmes, exercé ses lumieres sur des objets aussi sublimes ? […] Elevés dans le sein de la Religion, il ne leur a pas été difficile de s'en approprier les préceptes. […] Oui, c’est principalement dans l’adversité que la Religion manifeste tout à la fois, & la supériorité de ses vûes, & les ressources de ses consolations ; par elle seule, les maux cessent d’être ce qu’ils sont ; par elle seule, souffrir est un moindre mal, que de goûter les douceurs de la vie au préjudice de sa conscience & de ses devoirs ; par elle seule, l’Homme, élevé au dessus de lui-même, se dérobe en quelque sorte aux mauvais traitemens, à la persécution, à l’iniquité, pour se reposer, sous ses auspices, dans un centre de bonheur & de paix, au dessus de tous les revers.

556. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

… C’est ma bataille des Thermopyles… Je ferai un voyage en Grèce… Je veux écrire cela sans me servir de vocables techniques, sans employer par exemple le mot cnémides… Je vois dans ces guerriers, une troupe de dévoués à la mort, y allant d’une manière gaie et ironique… Ce livre, il faut que ce soit, pour les peuples, une Marseillaise d’un ordre plus élevé. […] Il a été élevé dans un manège et destiné à devenir un écuyer. […] Il a été élevé dans un pensionnat, situé sur la frontière de l’Écosse, où il neige depuis le mois d’octobre.

557. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Quoiqu’il y ait dans la nature des plantes plus ou moins saintes, des formes plus ou moins spirituelles, des animaux plus ou moins sacrés, et qu’il soit légitime de conclure, d’après les instigations de l’immense analogie universelle, que certaines nations — vastes animaux dont l’organisme est adéquat à leur milieu, — aient été préparées et éduquées par la Providence pour un but déterminé, but plus ou moins élevé, plus ou moins rapproché du ciel, — je ne veux pas faire ici autre chose qu’affirmer leur égale utilité aux yeux de CELUI qui est indéfinissable, et le miraculeux secours qu’elles se prêtent dans l’harmonie de l’univers. […] Ingres au gré de ses fanatiques, je préfère croire que le talent le plus élevé conserve toujours des droits à l’erreur. […] Non seulement sa peinture a parcouru, toujours avec succès, le champ des hautes littératures, non seulement elle a traduit, elle a fréquenté Arioste, Byron, Dante, Walter Scott, Shakspeare, mais elle sait révéler des idées d’un ordre plus élevé, plus fines, plus profondes que la plupart des peintures modernes.

558. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Elle est renfermée dans des souvenirs plus saintement limités ; écho de la prière, elle est contenue dans l’enceinte du temple ; mais, là même, elle trouve la variété poétique dans la succession rapide des sentiments, tour à tour élevés jusqu’aux cieux, ou atterrés par la douleur et la honte. […] Alors retentit cet hymne incomparable : « À Jéhovah la terre et tout son appareil, le globe et ceux qui l’habitent ; car il l’a fondée sur les mers, et l’a élevée au-dessus des fleuves. […] La continuité du sublime serait une extase plus forte que la vie terrestre, comme le témoigne parfois l’apparition trop courte d’une de ces âmes élevées, délicates, brûlantes, que la foi divine a saisies et qu’elle consume.

559. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Scherer eût recueilli dans un volume à part toutes ces discussions très élevées, très subtiles, mais d’une difficile lecture, sur le péché inné ou non inné, le libre arbitre, la coulpe et la grâce, etc. […] Pour un homme qui avait des parties si élevées de philosophie et des prétentions à tout fonder ou reconstruire, il se payait souvent de mots ; on n’a jamais tant usé et abusé des mots passé et avenir ; ils ont pour lui un sens absolu ; ce sont des êtres complets, déterminés, des abstractions distinctes, des idoles ; il maudit l’un et adore l’autre.

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