Mais c’est répondre à la question par la question et expliquer le progrès par une tendance innée au progrès, véritable entité métaphysique dont rien, du reste, ne démontre l’existence ; car les espèces animales, même les plus élevées, ne sont aucunement travaillées par le besoin de progresser et, même parmi les sociétés humaines, il en est beaucoup qui se plaisent à rester indéfiniment stationnaires.
Nous avons encore la relation du prêtre qui l’a confessé, encouragé, soutenu dans son retour à la religion ; c’est l’abbé Pouget, qui paraît avoir été un homme très élevé dans ses sentiments, assez rigoureux — et je ne lui en fais pas un reproche — dans sa doctrine et dans ses manières.
La popularité est faite de deux bassesses, — la bassesse de qui l’a et la bassesse de qui la fait, — et c’était un esprit élevé.
Mais dans Bouvard et Pécuchet, c’est le coup à fond, c’est le coup de la haine et du mépris élevés à la plus haute puissance, et dont la bourgeoisie du xixe siècle doit mourir.
Si, depuis les temps les plus reculés dont nous parle l’histoire du monde, le genre humain a vécu, et vit tolérablement en société, cet axiome termine la grande dispute élevée sur la question de savoir si la nature humaine est sociable, en d’autres termes s’il y a un droit naturel ; dispute que soutiennent encore les meilleurs philosophes et les théologiens contre Épicure et Carnéade, et qui n’a point été fermée par Grotius lui-même.
On méconnut ce qu’il y avait d’idéalisme élevé dans sa théorie de l’art, de délicatesse dans les règles qu’il donne pour évaluer le beau, en mesurant le « degré de bienfaisance » de l’œuvre ; on ne retint que deux ou trois formules sommaires : « l’œuvre d’art est un résultat de la race, du milieu et du moment » ; — « l’homme fait son œuvre, comme l’abeille son miel » ; — « le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre », et l’on fit, de ce penseur sérieux, probe et doux, un prédicateur intransigeant du matérialisme et du fatalisme. […] C’est moins une vertu qu’une politesse, imposée aux gens bien élevés par les conventions de la vie sociale ; c’est une simagrée, c’est un masque dont nous couvrons l’éclat de notre mérite et de nos succès, afin de nous les faire pardonner ; c’est aussi une timidité, dont la cause est la crainte, comme l’a finement observé M. […] C’est pourquoi je n’admire qu’à titre de vérité idéale et je laisse dans le doute comme fait d’expérience, certaine réflexion qui console les auteurs dont le succès n’a pas égalé le mérite qu’ils s’attribuaient. « Consolons-nous de tout, écrit Alfred de Vigny dans son Journal, par la pensée que nous jouissons de notre pensée même et que, cette jouissance, rien ne peut nous la ravir. » L’auteur de la Princesse de Bagdad a la même prétention élevée : « Ce que nul ne peut m’enlever, dit-il, c’est le plaisir que le travail m’a procuré, ce sont les jouissances pures que m’a causées la conception et l’exécution de ces œuvres bonnes ou mauvaises, toujours sincères. » Dumas fils est ailleurs plus explicite encore : Il y a, dans notre recherche de la célébrité par les travaux littéraires, je ne sais quoi de puéril qui amoindrit l’autorité de l’écrivain et la portée de l’œuvre. […] Je suis émerveillé quand je contemple le prodigieux édifice de vers élevé par Victor Hugo, mais un peu humilié pour la raison humaine en songeant à ce qui s’est nécessairement mêlé de servitude à sa maîtrise et de jeu puéril à son travail de géant.