Les femmes surtout, qui sont destinées à soutenir et à récompenser l’enthousiasme, tâcheront d’étouffer en elles les sentiments généreux, s’il doit en résulter, ou qu’elles soient enlevées aux objets de leur tendresse, ou qu’ils leur sacrifient leur existence en les suivant dans l’exil. » XXXVI On ne peut s’empêcher de s’étonner et cependant de s’émouvoir des angoisses de cette femme, à qui le monde est ouvert, que sa maison, son père, ses enfants, sa patrie attendent, et qui se cramponne aux portes de Paris, comme si la terre et la vie allaient lui échapper avec l’horizon brumeux de cette ville ! […] Elle croyait que l’intention secrète de ce livre, cachée sous des commentaires littéraires, échapperait à la police inintelligente de l’Empire. […] Le manuscrit échappa à peine à l’inquisition impériale par les soins furtifs de quelques amis. […] Oui, quand ton époux t’emmènera loin de moi, des sanglots m’échapperont et mes yeux mouillés de pleurs te suivront longtemps encore, car je suis homme et père, et j’aime avec tendresse cette fille qui m’aime aussi sincèrement.
Mais à peine a-t-il laissé échapper ce mot que Beaumanoir a paru. […] Mais ce trophée tout couvert du sang généreux d’Othryades, proclame : « Thyrée, ô Jupiter, est aux Lacédémoniens. » Que si quelqu’un des Argiens a échappé à son destin, c’est qu’il tenait du fuyard Adraste.
L’âge mûr est âpre, aride, occupé ; les rivalités et les ambitions, les passions sèches nous envahissent ; les haines nous troublent ; les injustices laissent des traces qui creusent et qu’on s’exagère : mais la jeunesse a échappé à tout cela ; ses douleurs même et ses infortunes ont revêtu je ne sais quel charme. […] répandaient des torrents de larmes ; aucun cri plaintif ne s’échappait de sa bouche ; elle fit sur nous cet effet que produit toujours une personne qui, frappée subitement d’un irréparable malheur, se résigne et ne manifeste ses profondes angoisses que par des pleurs silencieux.
Nul embarras : un désir de plaire assez marqué, mais justifié à l’instant même et de la meilleure grâce ; de la fertilité, de l’enjouement ; d’heureuses comparaisons prises dans l’art qui lui était le plus cher, dans la musique, et qui piquaient par l’imprévu et par l’ingénieux : — ainsi, dans la notice sur l’architecte Abel Blouët, la place de l’artiste au cœur modeste, à la voix discrète, comparée au rôle que joue l’alto dans un concert (« Un orchestre est un petit monde, etc. ») ; — des anecdotes bien placées, bien contées, des mots spirituels qui échappent en courant ; — ainsi dans la notice sur Simart, à propos des rudes épreuves de sa jeunesse : « Simart, après avoir été misérable, ne fut plus que pauvre et se trouva riche » ; — savoir toujours où en est son auditoire et le tenir en main et en haleine ; ne pas trop disserter, et glisser la critique sous l’éloge ; s’arrêter juste et finir à temps. […] Halévy, dans une de ses Notices et sous le couvert d’un autre nom d’artiste, a laissé échapper quelque chose de sa douleur personnelle et de son secret : « Il y a, dit-il à propos de l’organiste Frohberger, il y a des artistes d’un caractère heureux, pour qui le souvenir des succès d’autrefois est si plein de douceur, qu’ils ne s’en séparent jamais, et qu’ils trouvent dans ce souvenir, quelque ancien qu’il soit, du bonheur pour toute leur vie.
Un homme arrive sur le temps, comme tout exprès : c’est un fugitif, le seul échappé de trois cents frondeurs baléares, débarqués les derniers à Carthage, et qui, n’ayant pas été avertis du départ de l’armée, ont tous été massacrés par les Carthaginois. […] Si le raisonnement, en tout ceci, était aussi serré et aussi rigoureux que la peinture veut l’être, il y aurait à se demander comment et pourquoi les Carthaginois ont massacré ces trois cents Baléares ; pourquoi, après cette extermination dont la nouvelle peut d’un moment à l’autre arriver au camp, Hannon va se mettre de lui-même à la merci de cette armée et dans la gueule du lion ; comment enfin, au milieu de cette fureur d’une soldatesque déchaînée contre lui et que dirigent des habiles, il parvient à s’échapper sur un âne.
De toutes les compositions de l’auteur, c’est celle qui, sans sortir des visées qui lui sont chères, échappe le plus à la critique que peut mériter le genre. […] Le grand avantage du roman est précisément d’avoir échappé jusqu’ici à toute théorie, à toute règle.