Charles vainqueur semblait n’avoir cherché dans la guerre qu’un plaisir barbare ; vaincu, sa grandeur d’âme est d’un exemple utile à tous. […] Disciple de Descartes, il porte la plus glorieuse marque du cartésianisme, la doctrine de la spiritualité de l’âme. […] C’est à cette lumière, si souvent voilée, mais qui ne cesse jamais de luire au fond de son âme, que Gil Blas juge sa vie à mesure qu’il la raconte. […] Il croit être encore leur interprète, quand il met son âme où ils n’ont mis que leur esprit. […] Pourquoi Jupiter donna-t-il aux abeilles une parcelle de l’âme divine ?
Il en avait appris la science dans la longue pratique de la direction des âmes, où il était si recherché et si habile. […] Si son âme fut jamais troublée par les difficultés de la foi, il n’en reste pas de traces. […] Le raisonnement ne vient qu’en son lieu, et semble moins un procédé qu’un mouvement de l’âme. […] Ce qu’on dit de l’excès du droit, qui n’est que la suprême injustice, est vrai de la morale outrée ; elle peut corrompre une âme faible en lui rendant la vertu inaccessible. […] Elle arrive quand le mal est fait, et que, loin de pouvoir conduire sa passion, l’homme n’est plus maître de son âme.
« Si j’avais autant d’âmes qu’il y a d’étoiles, je les donnerais toutes pour avoir à moi ce Méphistophélès. […] ceci me rassasie l’âme ! […] Que mon sang sorte à la place de mes larmes ; oui, ma vie et mon âme ! […] — Une goutte sauverait mon âme, une demi-goutte. […] L’âme, dans cette race, est à la fois primitive et sérieuse.
La fleur même, pour nous, depuis qu’il en recueille L’âme sous l’alambic, ne sent plus aussi bon. […] De là cet apitoiement sur un cheval qu’on torture, sur un crapaud qui agonise, sur la fleur qui périt fauchée et se sépare avec douleur de la terre nourricière, sur les choses qui souffrent et pleurent, parce qu’elles ont une âme. […] Cyrano de Bergerac, comme plus tard La Fontaine, n’a garde d’adhérer aux doctrines orgueilleuses qui refusent une âme aux chiens, aux chevaux, aux fourmis, à nos frères inférieurs. […] L’existence de l’âme et de Dieu était pour lui plus certaine que celle de tout ce qu’il voyait et touchait. Par un renversement complet des rôles, les philosophes du siècle suivant se moquent de Descartes, et Diderot, Helvétius, d’Holbach doutent de tout ce qui ne tombe pas sous les sens, nient l’âme et Dieu.
. — Vous avez dit de ma mère, entrevue par vous, des choses qui montrent que tout poète a l’âme d’un fils et des divinations de premier coup d’œil. — Vous avez choisi dans mes écrits avec une intelligence amie ce qui pouvait le plus faire aimer le poète. — Vous avez glissé sur les défauts et voilé avec délicatesse les parties regrettables chez celui qui s’est trop abandonné en écrivant aux sentiments éphémères et au courant des circonstances. […] Les comparaisons avec le passage d’une journée aigre, variable et désagréable de mars à une tiède et chaude matinée de vrai printemps, ou encore d’un ciel gris, froid, où le bleu paraît à peine, à un vrai ciel pur, serein et tout éthéré du Midi, ne rendraient que faiblement l’effet poétique et moral de cette poésie si neuve sur les âmes qu’elle venait charmer et baigner de ses rayons. […] Comme ces pièces premières de Lamartine n’ont aucun dessin, aucune composition dramatique, comme le style n’en est pas frappé et gravé selon le mode qu’on aime aujourd’hui, elles ont pu perdre de leur effet à une première vue ; mais il faut bien peu d’effort, surtout si l’on se reporte un moment aux poésies d’alentour, pour sentir ce que ces élégies et ces plaintes de l’âme avaient de puissance voilée sous leur harmonie éolienne et pour reconnaître qu’elles apportaient avec elles le souffle nouveau.
Paul Bourget n’en restera pas moins Byronien de religion poétique, il ne changera pas l’âme qu’il a et ne se laissera pas étouffer dans d’ineptes systèmes et des poétiques de perdition. […] Débutant à peu près au moment de la vie où Byron publiait ses Heures de loisir, il avait sur le Byron des Heures de loisir d’avoir déjà passé par les impressions que lord Byron ne connut qu’après Childe-Harold… Je l’ai dit, c’est une âme de poète que M. […] — jusqu’à la plainte d’une âme où l’intelligence étouffe le cœur, et trouvait le secret d’être poète avec une psychologie un peu neutre, plus craintive qu’angoissée.