Rossi lui a répondu avec une justesse, une vérité, une finesse railleuse qui ont enlevé tous les suffrages ; on retrouvait dans le pair de France, devenu en ce moment l’organe de toute la Chambre, l’homme des États romains qui a vu de près l’Église et qui en a pratiqué l’histoire.
Thiers y a fait preuve d’une modération dans les formes qui sent évidemment l’homme d’État disposé à redevenir ministre dans un temps qui n’est pas bien éloigné.
. — Le Conseiller d’État (1835). — L’Homme de lettres (1838). — Le Proscrit (1839). — Correspondance (1839). — Le Maître d’école (1839). — Diane de Chivry (1839). — Le Lion amoureux (1839). — Le Fils de la folle (1839). — L’Ouvrier (1840). — Un rêve d’amour (1840). — La Chambrière (1840). — Les Mémoires du Diable (1840). — Confession générale (1841-1845). — Le Maître d’école (1841). — Eulalie Pontois (1842). — Marguerite (1842). — Gaétan (1842). — Les Prétendus (1843). — Les Amants de Murcie (1844). — Le Château de Walstein (1844)
Il faut que l’art de la parole promette à l’orateur les premières dignités de l’État.
Nos neveux en verront bien d’autres avant que l’Italie en revienne à la seule unité honnête et forte qui lui convienne et qui convienne à la France : la confédération-république d’États. […] Il s’était voué de bonne heure à ce rôle de l’espérance et de l’activité dans les causes en apparence perdues ; il avait conspiré avec les flatteurs de la haute émigration en Suisse, en Russie, en Angleterre ; il s’était lié avec M. de Blacas, homme plus sérieux, mais moins aimable que lui ; Louis XVIII l’aimait pour sa légèreté, il tenait tête à ce monarque en matière classique et épigrammatique ; il avait écrit en 1814 des brochures royalistes qui lui avaient fait un nom d’homme d’État de demi-jour, à l’époque où une brochure paraissait un événement ; il n’était point ennemi des transactions avec la révolution pacifiée ; il savait se proportionner aux choses et aux hommes ; il n’avait aucun préjugé, grande avance pour faire sa place et sa fortune ; mais il la mangeait à mesure qu’il la faisait. […] Notre devoir, selon moi, n’était pas de fomenter en Italie l’agrandissement, diminutif pour la France, de la maison de Savoie, mais de favoriser une confédération italienne qui constituât la péninsule en États solidaires contre l’Autriche et reliés à la France par l’éternel intérêt d’une indépendance commune. […] À son arrivée à Missolonghi avec de l’or et des armes, le ciel lui avait refusé l’occasion d’illustrer deux fois son nom de poète en y ajoutant le nom de héros, d’homme d’État et de libérateur de la Grèce. […] J’écrivis au grand-duc, prince d’une âme grande et noble, qui m’honorait de son amitié, pour obtenir de lui que le colonel Pepe ne fût ni proscrit de ses États, ni inquiété pour un fait dont j’avais été deux fois le provocateur.
Né dans les rangs de l’aristocratie helvétique, élevé dans les préjugés et dans les intrigues des réfugiés français en Allemagne pendant l’émigration, familier du duc de Brunswick, généralissime de l’armée prussienne en 1792 ; rédacteur présumé du fameux manifeste de la coalition contre la France2, rentré en France grâce à un nom cosmopolite, après la terreur ; zélateur ardent des modérés contre les terroristes, publiciste attaché au Directoire, auteur, après le 18 fructidor, d’une adresse aux Français pour rappeler les terroristes au secours du coup d’État contre les royalistes, nommé tribun après la constitution nouvelle pour contrôler le gouvernement des consuls, lié avec les aristocrates par sa naissance, avec les républicains par ses services, avec les consuls par ses espérances, avec les hommes de lettres par sa littérature, avec les révolutionnaires par la tribune où rien ne résonne mieux que l’opposition, affamé de bruit, nécessiteux de fortune, sceptique d’idées, homme à tout comprendre, à tout dire et à tout contredire, il avait, par le charme de sa conversation, séduit madame de Staël. […] XXIX « Quelques tribuns voulaient établir dans leur assemblée une opposition analogue à celle d’Angleterre et prendre au sérieux la Constitution, comme si les droits qu’elle paraissait assurer avaient eu rien de réel, et que la division prétendue des corps de l’État n’eût pas été une simple affaire d’étiquette, une distinction entre les diverses antichambres du consul dans lesquelles des magistrats de différents noms pouvaient se tenir. Je voyais avec plaisir, je l’avoue, le petit nombre des tribuns qui ne voulaient point rivaliser de complaisance avec les conseillers d’État ; je croyais surtout que ceux qui précédemment s’étaient laissé emporter trop loin dans leur amour pour la république, se devaient de rester fidèles à leur opinion, quand elle était devenue la plus faible et la plus menacée. […] Depuis qu’on pouvait le mesurer à terre, il ne restait de lui qu’un honnête homme, un philosophe ténébreux, un fastidieux écrivain, la ruine d’une illusion d’homme d’État. […] Le séjour de Coppet fut converti en prison d’État par le préfet de Genève.