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160. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 58-61

L'Auteur dit dans un endroit, que la principale cause de la chute de l'Empire Romain fut l'extinction du Paganisme ; « ces vastes contrées se trouverent couvertes d'hommes qui n'étoient plus liés entre eux ni à l'Etat par les nœuds sacrés de la Religion & du serment. Sans Prêtres, sans Temple, sans morale publique, quel zele pouvoient-ils avoir pour défendre l'Etat » ?

161. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Leur idéal est de réduire au minimum l’intervention de l’État, par égard pour la liberté des individus. Mais cela suppose peut-être un régime où l’État n’imposerait aux individus qu’un minimum de charges. […] L’État n’est point quelque chose d’aussi abstrait qu’on le dit. L’État, c’est la communauté. […] Il pense que l’État doit les favoriser, tout en les laissant libres en effet.

162. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Il gouverna et sauva Rome, fut vertueux dans un siècle de crimes, défenseur des lois dans l’anarchie, républicain parmi des grands qui se disputaient le droit d’être oppresseurs ; il eut cette gloire, que tous les ennemis de l’État furent les siens ; il vécut dans les orages, les travaux, les succès et le malheur ; enfin, après avoir soixante ans défendu les particuliers et l’État, lutté contre les tyrans, cultivé au milieu des affaires la philosophie, l’éloquence et les lettres, il périt. […] La harangue pour la loi Manilia n’est presque d’un bout à l’autre qu’un panégyrique de Pompée ; c’était le malheur de Rome d’avoir alors des citoyens plus puissants que l’État. […] Cicéron, qui dans la neuvième Philippique en fait l’éloge, est d’avis qu’on lui élève une statue avec une inscription qui annonce à la postérité qu’il est mort pour l’État.

163. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Dès le coup d’État de 1852 la légende s’est emparée de Hugo. […] Le coup d’État qui surprit au lit les chefs républicains, dérangea ses plans, il dut suivre en exil ses partisans, puisqu’ils l’avaient promu chef. […] Dans sa préface du 18 Brumaire, Karl Marx dit à propos de Napoléon le Petit : « Victor Hugo se borne à des invectives amères et spirituelles contre l’éditeur responsable du coup d’État. […] Broglie et Buffet pour les consoler d’avoir échoué dans leur tentative du coup d’État monarchiste. […] Personne n’accusera ces hommes d’État de pactiser avec les socialistes et les ennemis de la propriété.

164. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Si cela était, une telle avance serait trop honorable à la cause des lettres pour devoir être reprochée à l’homme d’État qui en sentirait si bien la grandeur et la portée durable. […] L’Espagne, se voyant sur le point d’être mortellement blessée par un si grand coup d’État, fondait l’espoir de son salut sur votre maladie ; mais son attente était bien vaine. […] Mais Charles son fils, tout au contraire, bon à ses sujets, non pas à son État (si rarement se rencontre un prince doux et politique tout à la fois !) […] Dans la dédicace à elle adressée, où il est fait allusion à la victoire de Rocroi, Mézeray dit galamment : « Ces belles mains qui ont pris le gouvernail de l’État en ont charmé les tempêtes. » Dans la préface, après avoir payé un ample tribut à ses auxiliaires par le burin et à ses collaborateurs, il en vient à parler de sa composition même : Quand j’ai entrepris ce long et pénible ouvrage, ma première intention n’était pas de le faire si ample ni de si grande étendue qu’il est ; je ne le voulais composer que des pièces et des appartements les plus nécessaires ; mais il s’est trouvé qu’en travaillant j’ai insensiblement changé de dessein… Tant de rois et de grands seigneurs n’ont pas pu s’accommoder en un si étroit logement, et je n’ai point vu de raison pourquoi je dusse omettre une guerre ou une affaire plutôt qu’une autre. […] Le sentiment national qui anime Mézeray s’exprime naïvement au début du règne de Charlemagne : « Que j’ai maintenant de plaisir, s’écrie-t-il, d’être né Français, lorsque je vois notre monarchie s’élever à une gloire où jamais aucun État chrétien n’a su monter ! 

165. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Les États généraux étant convoqués, il raconte que, le 21 avril 1789, se rendant de sa maison de Chaillot au district des Feuillants pour y nommer des électeurs, il eut, par un jeune homme qu’il rencontra et dont il ne savait pas le nom, le premier avis qu’il y serait nommé l’un des électeurs, lui-même : Je le remerciai de cette opinion et n’y comptai pas plus. […] Je me croyais peu nécessaire aux États généraux ; sans facilité pour parler et timide à l’excès, il était facile de trouver dans un autre et le même zèle et la même droiture, et plus de talents. […] On avait pour moi de l’affection et des bontés touchantes ; ma douleur intéressa, et je réussis à ramener le calme. » Aussi, lorsque le lundi 25 mai, après un mois de séance et de secrétariat à l’Archevêché, Bailly se rendit dans la salle des États généraux à Versailles avec les autres députés de Paris, il sentit qu’il changeait de milieu et comme de climat : J’entrai dans cette salle avec un sentiment de respect et de vénération pour cette nation que je voyais réunie et assemblée pour la première fois ; j’éprouvai peut-être un sentiment de peine de m’y sentir étranger et inconnu. […] Il ne lui était pas donné de se perdre à volonté ni de se faire oublier ; il était à peine entré à l’assemblée des États généraux, que, dans l’embarras de nommer un doyen ou président, on l’élut au moment où il y songeait le moins : On n’imaginera pas facilement, dit-il, à quel point je fus affligé et atterré de cette nouvelle. […] Bien neuf à toute intrigue, bien peu instruit des manœuvres qui devaient incessamment éclater, je l’étais encore moins de la part qu’on lui en a attribuée : j’avais admiré, quand il passa avec la minorité de son ordre, et sa popularité qui trouvait la nation dans les Communes, et son zèle pour la chose publique qui le portait à la réunion ; je voyais alors en lui le premier de la noblesse des États, et je le jugeai le plus propre à m’éclairer et à me dire jusqu’à quel point je pouvais soutenir les droits contre les prétentions.

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