C’est un plaisir que de l’entendre raisonner sur les horribles agitations d’un certain pays qu’elle connaît bien… (la cour)… c’est une plaisante chose que de l’entendre causer sur tout cela… Nous parlons très souvent de vous.
Chacun se fait, sans pitié pour le pays, une petite fortune particulière dans un coin de la grande infortune publique.
Cette proposition hasardée, & qui n’étoit pas du ressort de la profession de celui qui l’avançoit, parut une violation des droits de la rhétorique, une invasion qu’on tentoit dans le pays de l’éloquence.
Avec moins de goût, un autre poète aurait fait une sortie contre les amis de notre pays.
Ses tableaux des différens vices, des divers ridicules des hommes sont si vrais qu’on y reconnoît les originaux de tous les pays.
Voilà le véritable ouvrage du philosophe, quand il a réellement pour but d’être utile ; ce n’est pas de se déchaîner contre les maux, c’est d’y chercher des remèdes, et, s’il ne peut faire autrement, des palliatifs ; il ne s’agit pas de battre l’ennemi, il est trop avant dans le pays pour entreprendre de l’en chasser ; il s’agit de faire avec lui la guerre de chicane.
[Article original paru dans Le Pays, 29 décembre 1863.]
[Le Pays, 4 juin 1857.]
[Le Pays, 3 novembre 1858.]
[Le Pays, 16 février 1859.]
[Le Pays, 2 mars 1859.]
Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire !
Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire.
Mémoires et Souvenirs [Le Pays, 31 août 1858.]
Prescott n’est qu’un homme, après tout, de son pays et de son siècle.
Le Pays, 3 mai 1859.
Le Pays, 13 août 1865.
Philosophie politique24 [Le Pays, 30 juin 1858] I Ce n’est pas la brièveté du livre de M. de Beauverger qui nous déplaît et même qui nous étonne.
[Le Pays, 3 août 1853.]
[Le Pays, 20 août 1865.]
Le théâtre est le pays des illusions ; on a celle de la perspective ; on a le magique truchement de l’acteur quand il sait bien dire ; on aie métier, les rubriques du métier, qu’on y prend si souvent pour du talent et de l’invention, car on ne sait pas assez de quels trucs et de quelles vieilles surprises connues, et faisant toujours le même effet sur l’infatigable public, se composent la plupart des œuvres qu’on y applaudit.
Les loups — disent les légendes de mon pays — dansent quelquefois sur les neiges, la nuit, au clair de lune.
Né juif, devenu protestant, mais ne croyant pas plus au judaïsme qu’au protestantisme, d’un pays où les châteaux de cartes philosophiques se succèdent avec la plus volubile rapidité et où chacun d’eux ne dépasse pas un équilibre de plus de quinze ans, il a joué avec ces petites constructions.
Contes d’un vieil enfant (Pays, 4 janvier 1859).
Il a fallu trois mille ans pour que les hommes apprissent qu’un homme vertueux, qui a passé soixante ans à s’instruire et à éclairer son pays, pourrait bien mériter quelque reconnaissance du genre humain.
Comment avait-on cessé, à un certain moment, de parler l’ancien latin dans les pays de domination romaine et dans la Gaule en particulier ? […] C’est là qu’il faut le voir pour apprécier en lui le médecin des pauvres ; il est vraiment la providence des gens de campagne, le bienfaiteur du pays à la ronde. […] Elle sortit quand les troupes de la Convention investirent la ville et, retournant dans son pays, elle décida des paysans et des ouvriers à s’armer : dans son héroïsme filial, elle les conduisit elle-même au camp de Dubois-Crancé.
Ces deux noms inséparables sont à eux seuls toute une littérature pour leur pays. […] Goethe écrit Goltz de Berlichingen, Schiller écrit Wallenstein ; Goethe chante les ballades nationales de la Germanie, Schiller soupire les ballades du moyen âge et les légendes de la tradition des chaumières ; Goethe exhale avec dédain sa mauvaise humeur de géant dans des épigrammes contre la médiocrité de ses rivaux, Schiller rime des sarcasmes contre les engouements ignares de son pays. […] Pendant ces délicieuses années, Bettina, après sept ans de culte, finit par se marier au comte d’Arnim, gentilhomme d’une illustre maison de la Prusse et poète d’un nom déjà distingué dans son pays.
Petit commis, puis secrétaire d’une mairie dans l’un de ces départements de l’Elbe nouvellement incorporés à l’Empire français, il se vit relevé, au printemps de 1813, par l’approche des Cosaques, et il prit part au soulèvement de la jeunesse allemande pour l’affranchissement du pays. […] « Après une longue étude de ce poète et bien des essais pour reproduire en poésie ce que j’avais gagné à le méditer, je me tournai vers quelques-uns des meilleurs écrivains des autres temps et des autres pays, et je lus non seulement Shakespeare, mais Sophocle et Homère dans les meilleures traductions… » Eckermann, en un mot, travaille à se rendre digne d’approcher Goethe quelque jour. […] Ni son prince ni son pays ne lui demandaient compte de cette partialité blessante pour le vainqueur. « Ce sont deux grands esprits, se disaient-ils, ils ne se jugent pas, ils s’admirent. » Napoléon, en effet, comme on le verra, affecta d’admirer beaucoup Goethe.
Je n’ai jamais compris la sécurité dans un pays toujours menacé par l’invasion des eaux, ni le bonheur moral dans une société qui suppose l’avilissement d’une partie de la race humaine. […] À ceux qu’on a condamnés à la nullité et qui, vieillards, se réveillent enfants ; ou à ceux qui les ont tenus dans la dépression et qui viennent après cela reprocher à un grand pays l’immoralité qu’ils ont faite 162 ? […] De fait on a pensé plus librement il y a un demi-siècle à la cour de Weimar, sous un gouvernement absolu, que dans notre pays qui a livré tant de combats pour la liberté.
Son valet était un général romain, tué à une bataille quelconque dans le pays, et auquel il avait redonné le mécanisme vital, en ne lui accordant que la dose d’intelligence nécessaire pour nettoyer ses fioles. » 18 avril Je voudrais une chambre inondée de soleil, des meubles tout mangés de lumière, de vieilles tapisseries, dont toutes les couleurs seraient éteintes et comme passées sous les rayons du Midi. […] Elle est annoncée dans L’Entr’acte, Le Nord, Le Pays, etc. […] Un dîner et une soirée, où la conversation, sortant des commérages sur les bidets de courtisanes et les tables de nuit d’hommes connus, se balança sur les hautes cimes de la pensée et les grandes épopées de la littérature, avec toutes sortes d’éclairs des uns et des autres, et avec les violences et les sorties de Saint-Victor, se déclarant Latin de la tête au cœur, et n’aimant que l’art latin, et les littératures et les langues latines, et ne rencontrant sa patrie, que lorsqu’il se trouve en Italie… Cette profession de foi, suivie d’un débordement d’exécration pour les pays septentrionaux, disant que le Français chez lui serait peut-être indifférent à une invasion italienne ou espagnole, mais qu’il mourrait sous une invasion allemande ou russe.
* * * — Je lis qu’il est tombé de la neige noire dans le Michigan ; — c’est bien la neige du pays de Poë. […] Il y a chez l’Anglais distingué de l’aristocratie des beaux et bons chiens de son pays. […] La science employant ces vils moyens pour parvenir, la science représentée par deux grossiers natifs du pays de la simplesse, voulant arriver par la légèreté et la grâce de la corruption de France.
Lundi 16 février Maria nous entretenait d’une particularité de la peau de son pays, de la peau de la femme de Brie, cette peau de blonde de Paris, devenant sous le soleil et le hâle des champs, plus noire, plus tannée que la peau paysanne du plus extrême Midi. […] Comme une chèvre qui se frotte à du bois, ou comme si elle avait encore dans sa chemise des puces de son pays, elle ne cesse de remonter contre le dossier de la voiture, ses reins déjà mous et lascifs, et tout prêts à se plier à l’avachissement d’une traînée de la grande ville. […] 2 juillet Départ de ce triste pays, de ces eaux de souffrance, de ces hôtels de bruit, de ces tables d’hôte s’allongeant, tous les jours, sous des rallonges de sots.
II Disons d’abord une vérité sévère en apparence, mais en réalité flatteuse pour notre pays. […] Dans aucun autre pays du monde un tel homme n’aurait laissé une trace de son nom. […] Comme critique, il eut deux influences diverses : l’une, selon nous, très nuisible ; l’autre très salutaire au génie spécial de son pays.
La Chine est plus que tout autre le pays de l’immobilité, et d’ailleurs l’esprit chinois est trop peu généralisateur, trop incapable de toute vue compréhensive pour s’élever à la notion de progrès. […] Bacon a cru pouvoir formuler cette loi : « dans la jeunesse d’un état, c’est le métier des armes qui fleurit ; dans l’âge mûr, c’est encore pendant quelque temps le goût de la guerre, et aussi la science, qui devient peu à peu prépondérante ; au déclin, ce sont les arts mécaniques et le commerce. » Un penseur bavarois, Ernest de Lasaulx, a repris pour son compte cette vue du lord chancelier ; il en trouve la confirmation dans l’histoire de la Grèce et de Rome, et craint de la vérifier pour son propre pays. […] L’explication mythologique qu’on en donne, c’est que, dans un même nombre de jours, elles accompagnèrent Latone, du pays des Hyperboréens à Délos, quand elle se transforma en louve par crainte de Junon.
Nous aimons notre pays parce qu’il est beau et parce que sa terre, ses productions, son climat, le mélange de races qui s’y est opéré jadis contribuèrent à former une variété de l’espèce apte à fournir celle-ci d’idées et de sentiments qui aident à son expansion. […] Ensuite, comme les diverses variétés humaines, les diverses variétés de singes prospèrent et se développent quand elles s’adaptent aux conditions de vie que leur fournissent les productions et le climat des pays où elles résident. […] Or de quel droit nous approprier des pays, dont les habitants ne demandaient qu’à vivre en paix d’après leurs mœurs et leurs coutumes, pour leur infliger le régime barbare que nous avons l’audace d’appeler notre civilisation ? […] Tous les gouvernements de tous les pays usent, d’ailleurs, de procédés analogues. […] Il faut répéter infatigablement : « Nous avons tout avantage, quel que soit notre pays d’origine, quelles que soient les dissensions de nos gouvernants, à vivre en paix, afin d’échanger nos idées et nos produits.
Oui, le voici, c’est quand un chef d’état-major prussien a l’ordre de faire avancer un corps d’armée sur un tel point, pour une telle heure : il prend ses cartes, étudie le pays, le terrain, suppute le temps que chaque corps mettra à faire certaine partie du chemin. […] Tous ces jours-ci, pris d’une espèce de rage contre mon pays, contre ce gouvernement, je m’enferme, je me claustre dans mon jardin, tâchant de tuer ma pensée, mes souvenirs, mes appréhensions de l’avenir dans un travail abêtissant — ne lisant plus de journaux, et fuyant les gens à renseignements. […] Thiers, pas plus que ses généraux, n’eût été maître de ce mouvement, et tout le pays aurait été entraîné dans une reprise à outrance de la guerre. […] L’idée de la déportation fut accueillie par sa cervelle amoureuse de voyage, comme un des moyens les plus simples pour faire des milliers de lieues sans payer, et de réaliser enfin ses rêves de pays exotiques. […] peut-être parce que je suis un littérateur bien né, et que le peuple, la canaille, si vous voulez, a pour moi l’attrait de populations inconnues, et non découvertes, quelque chose de l’exotique, que les voyageurs vont chercher, avec mille souffrances dans les pays lointains.
Nous avons charmé à nous deux bien des oreilles tahitiennes, dans ce pays où la musique est si merveilleusement comprise par tous, même par les plus sauvages. […] C’est un pays à part. […] Cardinal, abusent de leur fortune, qui la répandent sans discernement dans le pays, qui donnent dans tous les sens, à tout le monde, pour l’école et pour l’église, pour les bibliothèques et pour les salles d’asile… Ça n’est plus de la charité, c’est de l’affectation. […] On lira avec plaisir une historiette de pays, fournie par ces idées. […] Schopenhauer, bien qu’Allemand, n’est d’aucun pays ; voici les vérités qu’il adresse aux gens de sa patrie.
Et l’on revient à sa nature s’écriait-elle, Comme à son pays bien-aimé. […] Il n’est pas de ceux qui, dans notre temps et dans notre pays, sont enlevés de la boutique du libraire en vingt-quatre heures ; mais il est bien certainement de ceux que les esprits d’élite rechercheront toujours comme un des plus précieux documents des notions de notre époque sur la philosophie de l’art. […] Précisément, dans les magnifiques vers que madame de Girardin a fait dire à Cléopâtre, elle peignait rapidement le côté antihumain, et, pour ainsi dire, antivivant de la vieille Égypte absorbée par l’art monstrueux de la momification : On dirait un pays de meurtre et de remords : Le travail des vivants, c’est d’embaumer les morts ; Partout dans la chaudière, un corps qui se consume ; Partout l’âcre parfum du naphte et du bitume ; Partout l’orgueil humain follement excité, Luttant, dans sa misère, avec l’éternité ! […] Montanelli appartient, je crois, à la politique révolutionnaire libérale de son pays. […] L’Italie est le pays du diable par excellence.
Il avait beaucoup voyagé et avait observé toutes les coutumes et les mœurs des divers pays ; il avait tout lu, et il procédait par citations, par autorités, comme au xvie siècle. […] Aujourd’hui, même après tout ce qui est survenu, même après tant d’invasions qui ont brisé toutes les barrières, on reconnaît encore l’esprit français à quelques-unes des mêmes marques, à ce goût si répandu dans notre pays et qu’on a, soit à la ville, soit parmi le peuple et jusque dans les ateliers, pour la curiosité de la diction, pour les questions de langue bien résolues.
Pour ne pas appuyer plus longtemps sur des souvenirs pleins de charmes pour moi, mais trop longs pour vous, je joins ici la Maison de ma mère 86, où mon cœur a essayé de répandre cette passion malheureuse et charmante du pays natal, quitté violemment à dix ans pour ne jamais le revoir… J’ai peur de cela. […] On a vu de reste toutes ses douces superstitions légendaires et les crédulités qu’elle avait gardées du pays natal ; mais il est un point sur lequel elle ne fléchit pas ; si elle est catholique d’imagination, elle a, si je puis dire, le catholicisme individuel ; elle n’entend y faire intervenir personne ; elle est surtout pour qu’on respecte la paix des mourants, et elle écrit à sa nièce, fille d’Eugénie, de se bien garder d’alarmer sa mère à l’instant suprême : « (5 septembre 1850)… J’attends une lettre avec la plus grande anxiété, et votre silence me jette dans l’effroi.
Cette terre si désirée, et qui dès lors était l’objet des vœux de tout savant et de tout poète, ce pays « où le citronnier fleurit », n’était plus, aux yeux de l’exilé, abreuvé d’ennuis et de dégoûts, qu’un rivage de fer, une sorte de Thrace cruelle et barbare : Fuyons, Dilliers, fuyons cette cruelle terre, Fuyons ce bord avare et ce peuple inhumain… Heu ! […] Ce désastre avec le parlement de Madame qui, à ce que j’entends, est pour s’en aller bientôt ès pays de Monseigneur le duc son mari, m’a tellement étonné et fait perdre le cœur que je suis délibéré de jamais plus ne retenter la fortune de la Cour, m’ayant nescio quo fato été jusques ici toujours si marâtre et cruelle, mais abdere me in secessum aliquem, avec cette brave devise pour toute consolation : Spes et fortuna, valete.
À ces spectateurs qui ne sont pas obligés d’être bienveillants pour la France, elles donnent une singulière idée de l’état moral de notre pays, de ce qui y est permis et de ce qui y est défendu. […] Ce pays est si prompt, si mobile, si tourné à espérer, qu’il se créa pendant quelques jours comme un courant rapide de vues, de projets, d’entreprises pacifiques et politiques.
Je m’engagerais à parcourir ainsi avec vous, un à un, tous les instincts en apparence les plus physiques de l’homme venant en ce monde, et de vous amener à découvrir avec une évidence solaire, dans chacun de ces instincts élémentaires, la source, le titre divin, la révélation irréfutable du vrai contrat social : souveraineté divine manifestée par la souveraineté de la nature, et imposant aux hommes de tous les âges et de tous les pays le contrat social de la moralité et de la vertu, la politique du devoir au lieu de la politique du droit, le gouvernement pour l’âme au lieu du gouvernement pour les besoins, le progrès aboutissant à l’immortalité et à Dieu par la vertu au lieu du progrès partant de la chair et aboutissant à la chair. […] XVI Notre contrat social, à nous, le contrat social spiritualiste, au contraire, celui qui cherche son titre en Dieu, qui s’incline devant la souveraineté de la nature, celui qui ne se reconnaît d’autre droit que dans ce titre magnifique, et plus noble que toutes les noblesses, de fils de Dieu, égal par sa filiation et par son héritage à tous ses frères de la création, celui qui ne croit pas que tout son héritage soit sur ce petit globe de boue, celui qui ne pense pas que l’empire de quelques millions d’insectes sur leur fourmilière, renversant ou bâtissant d’autres fourmilières, soit le but d’une âme plus vaste que l’espace, et que Dieu seul peut contenir ou rassasier ; celui qui croit, au contraire, à l’efficacité de la moindre vertu exercée envers la moindre des créatures en vue de plaire à son Créateur, celui qui place tous les droits de l’homme en société dans ses devoirs accomplis envers ses frères ; celui qui sait que la société humaine, civile et politique, ne peut vivre, durer, se perfectionner en justice, en égalité, en durée, que par le dévouement volontaire de chacun à tous, dévouement du père au fils, de la femme à l’époux, du fils au père, des enfants à la famille, de la famille à l’État, du sujet au prince, du citoyen à la république, du magistrat à la patrie, du riche au pauvre, du pauvre au riche, du soldat au pays, de tout ce qui obéit à tout ce qui commande, de tout ce qui commande à tout ce qui obéit, et, plus haut encore que cet ordre visible, celui qui conforme, autant qu’il le doit et qu’il le peut, sa volonté religieuse à cet ordre invisible, à ce principe surhumain que la Divinité (quel que soit son nom dans la langue humaine) a gravé dans le code, dans la conscience, table de la loi suprême ; celui qui sait que, sous cette législation des devoirs volontaires qu’on nomme avec raison force ou vertu, il n’y a ni Platon, ni J.
Les théories de l’« Art poétique » (Fin) Quand on sait combien Boileau a été insouciant de l’histoire et des formes accidentelles qui manifestent diversement l’unité essentielle du type humain, on ne s’attend guère à rencontrer dans l’Art poétique, au IIIe chant, à propos de la tragédie, des vers tels que ceux-ci : Des siècles, des pays, étudiez les mœurs ; Les climats font souvent les diverses humeurs. […] Voilà tout ce que Boileau veut dire ; quand il parle de la noblesse des mots grecs, il entend tout bonnement qu’Homère n’est pas trivial, relativement aux mœurs de son pays, quand l’interprétation littérale le fait tel, relativement aux nôtres : ce qui est absolument juste.
A ceux qui reprochaient à Balzac le titre de Lettres donné à ses pièces d’éloquence, disant qu’une inscription si basse ne devait couvrir que des choses ordinaires, ses admirateurs répondaient « qu’il n’avait tenu qu’à la fortune que ce qu’on appelait Lettres n’eussent été harangues ou discours d’Etat ; mais que, dans un pays où la volonté d’un seul avait remplacé le gouvernement populaire, n’y ayant ni peuples opprimés à défendre devant un sénat, ni oppresseurs à accuser, il n’y avait pas lieu à l’éloquence politique ; que quant au barreau, les affaires y étaient tellement étouffées par la chicane, que là non plus il n’y avait pas place pour l’éloquence judiciaire : qu’il restait les chaires des prédicateurs, mais que ce n’étaient pas des hommes tels que M. de Balzac qu’on appelait aux fonctions ecclésiastiques », — allusion à Richelieu, qui l’avait critiqué et ne l’avait pas fait évêque, pas même abbé, à quoi Balzac, dit-on, s’était rabattu ; — « que dès lors il avait fallu que son éloquence s’enfermât dans ce petit espace. » C’est là, en effet, le malheur de cette éloquence. […] Il n’y a rien été changé depuis lors, qu’au prix de l’altération même de la langue française et du génie de notre pays.
Après la représentation des Maîtres Chanteurs, il y a deux ans, celle de La Walküre était l’introduction définitive du drame wagnérien dans nos pays de langue française. […] a ces mots, qui sonnaient étrangement dans le pays de Bach et de Beethoven, d’Haydn et de Mozart, de Weber et de Schumann, l’auditoire resta interloqué. » Il n’y a pas que l’auditoire qui soit resté interloqué.
L’unité de temps et de lieu, que j’ai voulu observer, quoique Schiller s’en fût écarté, suivant l’usage de son pays, m’a forcé à tout-bouleverser et à tout refondre. […] Le sort annoncé par les astres, les pressentiments, les songes, les présages, ces ombres de l’avenir qui planent autour de nous, souvent non moins funèbres que les ombres du passé, sont de tous les pays, de tous les temps, de toutes les croyances.
Écoles, du reste, est bien le mot, car dans ce pays de moutons de Dindenaut, tout historien a derrière soi son imitateur et son écolâtre. […] Être la maîtresse reconnue d’un roi corrompu, qui donna fastueusement à toutes les familles d’un pays l’exemple honoré de l’adultère, voilà un de ces crimes irréductibles pour lequel on n’a pas le droit de réclamer les circonstances atténuantes devant l’histoire : car rien ne saurait atténuer, pas même la passion, que n’eut d’ailleurs jamais Mme Du Barry pour Louis XV, le crime de l’adultère public et royal.
Michelet La Femme [Le Pays, 15 décembre 1859.] […] en France, pays si vite blasé, après l’engouement et les furies il n’est pas très sûr de répéter une sensation ou une idée, si on n’est pas de force à y ajouter.
Toutefois, à part l’interrègne élégant de Démétrius de Phalère, terminé par la licencieuse apothéose de son homonyme, la Grèce, avec sa colonie indépendante de Sicile, ses villes asservies du Péloponèse, son émigration conquérante en Asie, ses royautés de Macédoine, d’Alexandrie, de Séleucie, demeurait, au milieu des crimes de cour qui composent la sanglante et monotone histoire des successeurs d’Alexandre, le pays des sciences et des lettres, l’école et le modèle du monde. […] Comment supposer en effet que, dans cette immense bibliothèque, où non seulement les chefs-d’œuvre des beaux temps de la Grèce, les plus précieux manuscrits de l’Attique et de la Sicile étaient recueillis, mais où s’accumulaient aussi les monuments des langues persane et chaldéenne, les livres de religion et d’astrologie apportés de Babylone, il n’y eût pas de bonne heure une place pour les écrits de ce peuple juif à demi indigène de l’Égypte, ramené par sa défaite au foyer de son ancien esclavage, et maintenant employé par les successeurs d’Alexandre au soutien de leur domination sur le reste du pays.
Il s’est conservé, en certaines contrées à part, surtout en Bretagne et vers les Pyrénées, d’anciennes traditions poétiques, des récits superstitieux, des chants même en langue du pays, altérés sans doute, mais évidemment transmis.
Le pays qu’on préfère, c’est celui où la philosophie règne ; et, comme on vit en France, on voit aisément qu’elle n’y règne pas : il suffit au contraire de quelques lettres de princes ou de grands seigneurs pour faire croire qu’elle règne ailleurs plus souverainement que chez nous.
L’historien envisage des périodes plus considérables et surtout plus distantes ingénieux et documenté, il peut nous donner la reconstitution d’un siècle d’art, en négligeant les phénomènes sans valeur dont la mode a fait tout le succès ; il peut, en considérant minutieusement des époques successives et des pays différents, discerner sans erreur probable tels courants artistiques.
Un pays où il y a beaucoup de ces associations permet aux individus d’agir sur la législation de l’État sinon directement comme le citoyen de la cité antique, du moins indirectement par le moyen de l’association dont il fait partie et sur laquelle il peut lui-même exercer une action.
Les types des miracles évangéliques, en effet, n’offrent pas beaucoup de variété ; ils se répètent les uns les autres et semblent calqués sur un très petit nombre de modèles, accommodés au goût du pays.
Quand on les persécute dans un pays, qu’ils fuient dans un autre. « Le disciple, disait-il, n’est pas plus que son maître, ni le serviteur plus que son patron.
Jésus se plaint souvent de l’incrédulité et de la dureté de cœur qu’il rencontre, et, quoiqu’il soit naturel de faire en de tels reproches la part de l’exagération du prédicateur, quoiqu’on y sente cette espèce de convicium seculi que Jésus affectionnait à l’imitation de Jean-Baptiste 911, il est clair que le pays était loin de convoler tout entier au royaume de Dieu. « Malheur à toi, Chorazin !
Ils seraient ridicules dans un pays où tous les esprits seraient tendus aux affaires publiques, soit par la nature de la constitution, soit par une révolution flagrante, ou récente, ou imminente.
C’est cet inconvénient de la notion que Rabelais a symbolisé avec ce « petit vieillard bossu, contrefaict et monstrueux » qui a nom Ouydire et que Pantagruel rencontre au pays de Satin « tenant école de tesmoignerie ».
Que l’on conduise ainsi Poe de la table où tout enfant son père adoptif l’exhibait récitant des vers, à cette taverne de Baltimore où il goûta l’ivresse qui le couchait le lendemain dans le ruisseau ; que l’on connaisse de Flaubert la famille de grands médecins dont il était issu, le pays calme et bas dans lequel il passa sa jeunesse, la fougue de son arrivée à Paris, ses voyages, son mal, le rétrécissement progressif de son esprit, le milieu de réalistes dans lequel s’étriquait ce romantique tardif : que de même on décrive la physionomie satanique et scurrile (sic) de Hoffmann, le pli de sa lèvre, l’agilité simiesque de tout son petit corps, ses grimaces et ses mines extatiques, son horreur pour tout le formalisme de la société, ses longues séances de nuit dans les restaurants, à boire du vin, et ce mal qui le mît comme Henri Heine tout recroquevillé dans un cercueil d’enfant ; que l’on compare les débuts militaires de Stendhal et de Tolstoï à leur fin, à l’existence de vieux beau de l’un, à l’abaissement volontaire de l’autre, aux travaux manuels et à la pauvreté grossière ; que l’on complète chacune de ces physionomies, qu’on en forme des séries rationnelles, on aura dressé en pied pour une période, pour un coin du monde littéraire, pour ce domaine tout entier, les figures intégrales du groupe d’hommes qui sont les types parfaits de l’humanité pensante et sentante.
Les poëtes de tous les siècles & de tous les pays perdoient de leur mérite, si l’on ne se fût empressé d’assurer les prérogatives du Parnasse.
[Article original paru dans Le Pays, 14 juin 1862.]
Telle était cette Sophie Swetchine qui, dans la hiérarchie des Saints, embrassant comme on le sait, toutes les fonctions et tous les états de la terre, pourrait être, à ce qu’il semble, la patronne des femmes du monde, lesquelles, j’imagine, n’en ont pas eu beaucoup jusqu’ici… C’était l’amabilité, la bonté, la raison pratique, faites saintes et revêtues du calme du ciel… Moraliste chrétienne de bonne humeur, quand les moralistes, même chrétiens, sont plus ou moins moroses, elle introduisit la gaieté dans la foi, qui ne s’y voit guère, et c’est elle qui a pu écrire, en se rappelant son pays : « Je suis avec le bon Dieu comme les femmes russes sont avec leurs maris.
Cette revenue du pays des neiges, a tout de suite percé la neige épaisse et glacée de l’indifférence publique, si dure aux débutants.
Les Kœnigsmark (Pays, 12 juin 1855).
II Et encore, un Gros-Jean, c’est bien gros ; c’est Jean-Jean peut-être qu’il faudrait dire, car il y a quelque chose de mince, de naïf, — de conscrit, enfin, — dans l’idée, vieillotte à force d’être jeune, après tant et tant d’expériences, que le juste milieu gouvernemental et parlementaire, le juste milieu des choses et des hommes exactement pratiqué, est pour notre pays l’idéal du gouvernement moderne.
L’auteur, en dehors de son livre, m’est inconnu, mais je ne serais pas surpris qu’il fût attaché comme « rédacteur » au ministère des affaires étrangères ; et, s’il n’y est pas, on peut l’y mettre, car il a la convenance, la correction, la haute prudence, le culte du carton, la cravate blanche, tirée à quatre épingles, qu’on a dans ces pays ministériels, quand on y écrit quelque chose.
[Le Pays, 28 février 1860.]
[Le Pays, 5 juin 1864.]
[Le Pays, 17 janvier 1862.]
[Le Pays, 10 mars 1857.]
[Le Pays, 10 octobre 1857.]
[Le Pays, 1er octobre 1853.]
[Le Pays, 2 août 1859.]
[Le Pays, 23 mai 1864.]
L’Allemagne, chez qui tout est possible dans le désordre du rêve ; l’Allemagne, ce pays de M. de Bismarck, qui ne rêve pas, lui, et qui doit avoir sur Schopenhauer une opinion que je voudrais lui entendre exprimer ; l’Allemagne, et même la Prusse, prennent au sérieux Schopenhauer.
(Pays, 10 avril 1866).
Assurément l’Allemagne est un pays excellent, et peut-être le plus naturellement moral de l’Europe ; mais moi qui ne crois absolument qu’aux moralités surnaturelles, je m’imagine qu’il ne peut y avoir qu’un Ordre religieux qui puisse faire avec perfection ce fatigant service de nuit et de jour des chambres mortuaires.
Impressions et Visions (Pays, 24 mai 1859).
Ce genre de poésie que M. de Lamartine inaugura en France par son poème de Jocelyn existe depuis longtemps en Angleterre, pays du roman sous toutes les formes, et il exige une expression d’autant plus idéale et plus puissante, que les faits qu’il retrace, les sentiments et les habitudes qu’il reproduit sont plus près de nous.
Le poète du Paradis perdu tient une place trop éclatante dans l’Histoire littéraire de son pays pour ne pas crever les yeux, comme un soleil.
… En France, ce pays spirituel autrefois, hébété maintenant d’impiété, le prêtre qui n’est pas le Bon pasteur de Béranger et que le libéralisme du bourgeois peut honorer encore, s’il est décoré de la Légion d’Honneur et si c’est un « apôtre de la tolérance », comme on dit dans la charmante langue de Béranger, n’est plus que le Soutane, levez-vous !
Enfin Mme d’Aulnoy, qui suivit Louise d’Orléans en Espagne, nous a esquissé au crayon noir sur papier rose une vue des mœurs et de la cour de ce pays, qui restera comme une peinture d’histoire, plus sinistre, je crois, que le plus sombre des Goya… Plus tard, tout descendant et se rapetissant, on ne trouve plus, il est vrai, au dix-huitième siècle que l’insignifiante Mme de Haussez de chez la Pompadour.
» Le vote des femmes a été jusqu’à ce jour dans notre pays l’objet de critiques dont ses partisans n’avaient pu triompher.
Lors donc qu’un genre a été traité par quelques grands hommes dans un pays ou dans un siècle, pour exciter un nouvel intérêt, et avoir des succès nouveaux, il faut attendre que les idées prennent un autre cours, par des changements dans le moral, dans le physique, et peut-être par des révolutions et des bouleversements.
Une dame qui ne connaît pas l’Angleterre, lui demandait des renseignements sur ce pays. […] Un de ses amis, qui arrive de faire le tour du monde, — unissant le paradoxe à l’exagération des voyageurs, assurait qu’il avait traversé un pays où les jours avaient vingt-cinq heures. […] À la station de Breteuil, le convoi s’arrête, et nous sommes régalés d’une aubade d’un joueur d’orgue du pays, qui a déjà doté deux de ses filles avec ses recettes quotidiennes. […] En approchant de Windsor, le pays s’accidente un peu. […] C’est une sorte de cour d’appel comique où l’opinion casse quelquefois les arrêts rendus par les magistrats ; anomalie assez étrange à constater dans un pays où le respect de la loi est souvent poussé jusqu’à l’exagération.
Ou le pays qui plaît tant au snobisme de Paul Bourget doit-il attirer décidément toutes les femmes de valeur ? […] Les meilleures de nos intellectuelles y aiment un pays de pensée et de respectabilité, un pays où la vie s’enferme dans le home et où les sentiments se recouvrent d’un aspect froid et poli, glacis de pudeur ; un pays de vie intérieure intense et rêveuse. […] Comme « le pur Éther » a vu le jour au pays des Bonapartes, des adjudants et des garde-chiourmes, elle met le premier Napoléon en dix-huit sonnets. […] Jamais elle n’appellera vache une femme, fût-elle d’un pays d’élevage. […] Et l’ignominie de la politique envahira la moitié du pays qui jusqu’ici lui échappa.
Jean Valreg est monté, le soir, sur la petite terrasse du château de Mondragon, et là il recueille tous les bruits des collines et des vallées qui montent jusqu’à lui, il étudie cette musique produite par la rencontre des sons épars qui constitue en ce pays la musique naturelle, locale. […] Notre climat est plus clair et plus chaud que celui des environs de Paris ; Le pays n’est pas beau généralement chez nous : terrain calcaire, très frumental, mais peu propre au développement des grands arbres ; des lignes douces et harmonieuses ; beaucoup d’arbres, mais petits ; un grand air de solitude, voilà tout son mérite. Il faudra vous attendre à ceci, que mon pays est, comme moi, insignifiant d’aspect. […] Hospitalière, mais gravement et silencieusement, si l’on s’en était tenu à cette première impression, on aurait pu la juger assez sévèrement ; il ne fallait pas s’y tenir, et, selon son expression, elle et son pays avaient du bon quand on les connaissait. […] Si tu le lis, tu verras que partout la vie a été déchirée à fond, même dans les pays où la guerre n’a pas pénétré !
Les jeunes poètes d’alors, dont j’étais, n’y fréquentaient guère, car Edmond de Goncourt était franchement insensible aux charmes de la Poésie ; néanmoins je me trouvai chez lui en pays de connaissance, et le courtois accueil du maître du logis me rassura, si bien que, sans devenir un habitué du « Grenier », je ne manquais pas d’y paraître de temps à autre. […] Il avait fréquenté toutes les célébrités de tous les pays et les avait même, pour la plupart photographiées, car il n’allait guère sans emporter avec lui son « appareil » dont l’objectif lui avait fourni d’innombrables clichés… L’un d’eux, dont il était fier, montrait le pape Léon XIII en promenade dans les jardins du Vatican ; mais les images ne lui suffisaient pas et il les complétait par de nombreuses notes prises sur le vif et qui eussent constitué la matière de très intéressants mémoires, si la paresse ne l’avait empêché de tirer parti. […] Sous l’œil divinement indifférent du grand bouddha de bronze qui, accroupi sur son lotus, dominait le vaste hall brillamment illuminé, une foule bigarrée se pressait en costumes de tous les pays et de tous les temps, car le bal que donnait le vieux patriote italien était un bal travesti. […] Le pays qui l’attirait, me semblait-il, le plus volontiers, était l’Espagne. […] Il aimait d’ailleurs le pays basque et la terre de Béarn ou le ramenait le souvenir d’années de jeunesse passées à Pau.
« Tel est le détail qu’on me lit au sujet des Immortels de ce pays… » — et le sentiment de l’homme continue de se révolter contre l’idée de destruction, et l’écrivain tremble à l’idée de pérennelle obscurité. […] Elle ne peut être prise au sérieux dans un pays qui possède, avec l’Italie, la littérature la plus libre de l’Europe et la plus délicieusement érotique. […] Mais chacun de ces mots peut être modifié par l’époque, par le pays où on le prononce, par le milieu et le moment ; et l’on obtient une série de relativités qui s’avance vers l’infini. […] L’administration fit tracer une route nouvelle et spéciale : en une seule année les omnibus du chemin de fer transportèrent à Ars plus de quatre-vingt mille voyageurs, sans compter les gens du pays qui venaient à pied ou dans leur voiture. […] Si la jeune fille ne nous a pas fait plus de mal, tout le mal qu’elle a fait dans les pays protestants, c’est que la France, comme l’Italie, étant de tradition païenne, une scission s’est produite dans notre littérature.
La pensée de Constans est que la Cochinchine, bien administrée, rapporterait dans quelques années cent millions ; mais il nous donne connaissance de mesures extraordinaires, d’ordres imbéciles venus de Paris, et imposés par des tout-puissants du ministère, ne se doutant pas ce que c’est un pays de là-bas. […] Samedi 4 avril Je crois vraiment, que lorsqu’on sait regarder, découvrir tout ce qu’il y a dans une image, on n’a pas besoin d’aller dans les pays à images. […] C’est le chef des voiles du roi ; — c’est le chef de la maison de lumière, le chef de l’équipement des jeunes soldats ; — c’est le chef des conseils du roi et le commandant des portes ; — c’est le « chef du secret pour proférer les paroles du roi » ; — c’est « les yeux du roi dans toutes les demeures » (sans doute le ministre de la police) ; — c’est « le chef des mystères du ciel, de la terre et des enfers, l’écrivain de la vérité dans la demeure de la justice » ; — c’est l’intendant des constructions du roi ; — c’est le chef de la grande écurie ; — c’est le basilicogrammate de la table du roi (le sommelier) ; — c’est le chef du gynécée royal ; — c’est « le scribe de l’oreille du roi » ; — c’est le flabellifère à la gauche du roi ; — c’est le porte-chasse-mouche à la droite du roi ; — c’est « le favorisé du roi et le cher à son cœur » ; — c’est le compagnon des jambes royales du seigneur des deux Pays. […] Un jeune homme fatigué, lassé de la vie, revient dans son pays, dans la Camargue, avec ses fièvres et ses eaux.
La condition de la critique, en ce qu’elle a de journalier, de toujours mobile et nouveau, la fait ressembler un peu, je l’éprouve parfois, à un homme qui voyagerait sans cesse à travers des pays, villes et bourgades où il ne ferait que passer à la hâte, sans jamais se poser ; à une sorte de Bohémien vagabond et presque de Juif errant, en proie à des diversités de spectacles et à des contrastes continuels.
Quand on songe que chaque petite ville d’Italie au XVIe siècle avait son grand maître en peinture et en musique, et que chaque ville de 3 000 âmes en Allemagne est un centre littéraire, avec imprimerie savante, bibliothèque et souvent université, on est affligé du peu de spontanéité d’un grand pays, réduit à répéter servilement sa capitale.
[Article original paru dans Le Pays, 31 décembre 1860.]
Il veut à présent non plus d’égalité entre la femme et l’homme, mais la supériorité de la femme sur l’homme ; et c’est en Amérique, le pays du bas-bleuisme à outrance, que nous sommes en train d’imiter avec cette moutonnerie simiesque qui nous distingue, que se dresse, en ce moment, ce fier système, étayé sur cette mâle interprétation de la Bible, que, pour séduire le premier couple, le Serpent s’était adressé de préférence à la femme, comme à la plus intelligente des deux, et qu’il avait pris avec elle la peine de faire des raisonnements qui décidèrent la chute et que l’homme n’aurait pas compris !
Louis XVI et sa Cour (Pays, 21 décembre 1858).
La Grande Italienne (Mathilde de Toscane) (Pays, 21 juillet 1859).
[Le Pays, 7 juin 1853.]
[Le Pays, 17 novembre 1857.]
[Le Pays, 30 octobre 1860.]
Il était expédient de placer Gœthe et Diderot dans le cadre étroit d’un même volume, pour, rapprochés ainsi l’un de l’autre, les faire mieux juger et donner une idée plus exacte et plus nette de leur identité ; car, malgré les différences de pays et d’époque, de langue et d’idée, d’influence et de destin, Goethe et Diderot— pour qui creuse et pénètre au-delà — sont des esprits de nature identique… Gœthe — le dernier venu des deux — est certainement le plus grand dans l’opinion des hommes, comme Charlemagne est plus grand que Pépin ; mais c’est Diderot qui est le prédécesseur et le père, — et encore est-ce un père qui n’a pas donné tout son tempérament à son fils.
Dussieux et Soulier [Le Pays, 18 septembre 1860.]
Le poète qui, jusque-là, n’avait chanté que l’amour, l’amitié, tous ses sentiments personnels, et qui forçait son génie à tenir archaïquement dans des vers que par le contour, la grâce et la perfection grecque, on pouvait croire du pays de sa mère, devint un prosateur à la phrase carrée du xviie siècle, balancée dans le mouvement, continu et contenu, de l’orateur.
Carlyle, l’Anglais, du pays de Pitt, si bien placé pour juger la Révolution française, y alluma son mysticisme halluciné de puritain.
C’était celle-là que l’on aime dans tous les pays, mais particulièrement dans celui-ci ; cette espèce de médiocrité qui est le niveau intellectuel de tout le monde et qui se parle dans une langue passable et époussetée.
Il était d’un pays où l’on bat monnaie facilement avec du talent et de la gloire.
[Le Pays, 21 décembre 1856.]
[Le Pays, 22 Janvier 1861.]
que dirait-il, le grand poète, s’il vivait à cette heure du siècle et s’il apprenait tout à coup qu’en France, ce pays de convenance et de goût, il est livré dans une de ses plus belles œuvres aux faiseurs de flonflons, et, comme il les appelait : aux violonneurs !
Il est plus digne de l’esprit de la Providence, qu’il meure sous une plaisanterie de son pays.
les hommes et les choses que les lettrés de ce pays-ci ont adorés depuis quarante ans.
Le Curé d’Ars [Le Pays, 18 octobre 1861.]
Dans un pays et dans un temps où, depuis deux siècles, nul grand système n’a eu la force de se produire, et où ce qui reste de mouvement philosophique ne s’exprime plus que par de chétives monographies ou par des histoires de la Philosophie qui sont des signes de mort, car ces histoires sont les cimetières des philosophies et on n’enterre pas les vivants, les grandes polémiques ne peuvent plus exister.
[Le Pays, 1er avril 1856.]
[Le Pays, 20 novembre 1860.]
Mais en ce beau pays de France, qui est très lâche en littérature, on prit peur de ce mot « d’arabesques » qui pouvait déconcerter les petites têtes françaises et tromper leur besoin de petite clarté… et on le ratura pour le remplacer par le mot « d’extraordinaires », bête comme une affiche de théâtre, un jour de solennelle représentation !
Des Esprits et de leurs manifestations fluidiques, par le marquis de Mirville (Pays, 6 juillet 1833).
Elle-même s’enivra aux émotions qu’elle fit naître, mais tout le monde fut de si bonne foi que quand un jour, se croyant une Jeanne d’Arc poétique, elle se proclama Muse de la patrie, personne ne rit dans ce malin pays de France où le sentiment du ridicule est peut-être toute la gaieté.
[Le Pays, 31 janvier 1864] I L’ami auquel le comte Alfred de Vigny avait commis le soin de cette publication dernière, ne l’a fait précéder ni d’une notice ni d’une préface.
A la page 81, il y a un meunier qui compare sa fille, non-seulement « à une rose , mais à une hermine. » Les meuniers de mon pays, à moi, jouent du violon, mais ne sont pas si poëtes !
Il y a une étude à faire sur le talent, selon nous beaucoup trop vanté, de Mme George Sand, à qui tout a réussi insolemment comme à une femme, dans ce pays de la galanterie française, et un jour nous la ferons complète.
Cette insolente et lugubre farce ne pouvait être jouée qu’en Angleterre, le pays de la mystification immense, la terre du hoax !
Un Début à l’Opéra ; M. de Sàint-Bertrand ; Le Mari de la Danseuse (Pays, 20 décembre 1863).
Entre les formes sociales que nous pouvons distinguer, quelles sont celles qui favorisent l’expansion de l’égalitarisme, telles que leur seule présence dans un pays et dans un temps fournirait du progrès qu’y font les idées égalitaires, une explication partielle ?
Et la campagne, trouble et noyée, avait l’air toute pauvre… J’allais, je songeais à ces choses, Je pensais aussi de quel exemple ils sont ces Intrépides qui traqués de ville en ville, de pays en pays, gardent leur conviction et leur gaieté, bravent et humilient juges et polices, affirment leur vérité à la face des sociétés hargneuses et même dans les fers répètent : « Je suis libre. » — Un brouillard sale, transsudé par un monde pourrissant nous enveloppe. […] Mais mon égoïsme amical préfère goûter tes peintures au pays même où tu les inventas. […] Doux pays ! […] Aujourd’hui elle se jette à tête perdue dans le socialisme révolutionnaire. » Depuis, les choses ont changé : il y a dans tous les pays nombre de ces déclassés bourgeois. […] s’écria Melchior, le roi Hérode n’a donc pas établi d’écoles laïques, gratuites et obligatoires dans ce pays ?
Un beau pays est encore pour les gens du peuple un pays riche où l’on mange abondamment ; pour un marin la mer semblera belle lorsqu’elle sera sûre, et laide précisément lorsque le touriste admirera ses grandes vagues blanches ; pour un cultivateur les charmants coquelicots rouges et les bluets sont une tache et une laideur dans un champ de blé. Un Américain trouvait l’Angleterre bien plus belle que son pays, parce qu’on y peut faire des milles sans rencontrer un arbre ailleurs que dans les haies. […] La vue même de la beauté féminine n’est pas libre dans tous les pays ; en Orient le propriétaire d’une jolie femme cache précieusement sous un voile cet objet d’art. […] Leconte de Lisle, y ont suppléé par un emploi extraordinaire de noms propres (noms d’hommes, de villes, de pays, etc.), et de mots techniques. […] Hugo a reproduites si fréquemment et dans lesquelles les consonnes dernières sont tantôt muettes et tantôt sonores : Vénus, nus ; Nil, chenil ; héros, rhinocéros ; tous, doux ; maïs, pays.
Sardou s’est demandé quel est le plus grand sacrifice qu’un patriote puisse faire à son pays et à cette question il a trouvé la réponse suivante : c’est que cet homme, blessé dans son honneur conjugal, renonce à sa vengeance et pardonne parce qu’il comprend que l’amant de sa femme est indispensable à son pays. […] D’abord il a imaginé une conspiration pour délivrer un pays de ses oppresseurs, et il a fait des deux hommes deux conspirateurs. Puis il s’est demandé dans quel pays et à quelle époque il placerait son action pour la faire mieux valoir, et il a longtemps hésité, promenant sa pièce de Venise en Espagne ; finalement il a choisi les Flandres au moment de la domination espagnole. […] Sardou signale dans le choix du pays où devait se passer son drame. […] Sardou doit choisir entre divers pays pour y situer l’action de son drame.
Lui permettre d’appliquer les lois générales d’un pays et de faire respecter les contrats usuels semble le comble de l’aberration4. […] Œuvre d’un homme tout ensemble habile à saisir les secrets du cœur et rompu aux exercices de la pensée, œuvre d’humaniste, chef-d’œuvre qui continue la plus belle tradition littéraire de notre pays. […] Ces métèques sont devenus les vrais maîtres du pays. […] Deuxième partie : les indigènes dépouillés, le pays livré à des barbares, d’autant plus redoutables qu’ils se croient les ministres du progrès. […] Léon Bloy est prophète en son propre pays, que l’on nomme Bourg-la-Reine.
Déjà, depuis quelques années, il avait pris possession de l’histoire, qu’il traitait en pays conquis. […] Dans quel pays plus que dans le nôtre, dans quel temps plus que dans ce dernier quart de siècle, fut-il vrai de dire que l’esprit menait à tout ? […] Dans un pays d’aristocratie puissante, comme l’Angleterre, où la terre est concentrée dans les mains d’un petit nombre de familles, où cette constitution féodale de la propriété terrienne est encore en partie l’œuvre d’une conquête relativement récente, on comprendrait au moins comme plausible, et malgré les réserves qu’il y faudrait introduire, une pareille théorie prêchée aux descendants de la race saxonne. […] Lord Byron, malgré son immense popularité, n’a exercé aucune influence dans son pays : tandis que l’Angleterre applaudissait le poète, elle condamnait le sceptique, le railleur qui outrageait sa religion et ses lois ; elle le forçait à s’imposer à lui-même le châtiment d’un exil volontaire. […] L’influence de lord Byron, nulle dans son pays, fut immense dans le nôtre.
C’est pour un livre une façon de vieillir que de descendre à des âges de moins en moins mûrs… » Toujours est-il qu’il se dégermanisait de plus en plus et qu’il se sentait attiré vers les pays de clarté et les horizons à la ligne nette. […] C’est peut-être spirituel, cest à coup sur très ecclésiastique et très bureaucratique et il n’est ni clergyman ou intronisé en rond de cuir qui n’ait dit cela quelque dizaine de fois dans sa vie ; et notez que dès que leur pays remporte une petite victoire ils changent de morale immédiatement. […] Dans certains pays la race supérieure, très sagement, s’était interdit de s’unir par mariage avec les plébéiens ; la plèbe n’a pas eu de cesse qu’elle ne fit disparaître cette injustice et cette « immoralité » et qu’elle n’adoucît, intimidât, dévirilisât la race supérieure par le mélange des sangs. […] La morale n’est-elle donc pas universelle, la même pour tous les hommes et pour tous les pays, etc., comme disait déjà Cicéron ? […] Les nations patriotes sont donc toujours des nations aristocrates, et les nations aristocratiques sont des pays où l’aristocratie est aristocrate, mais où le peuple l’est beaucoup plus.
Ainsi je crois qu’Homere ne s’est proposé d’abord que de chanter la colere d’un héros, comme un sujet capable d’attacher l’esprit et d’enlever l’admiration ; et que pour plaire plus surement aux grecs, il a orné ce fond de tout ce qui pouvoit les intéresser ; de la description de leur pays, et de leurs usages ; de l’histoire de leurs rois, et de celle de leurs dieux. […] Les moeurs, les opinions des peuples sont différentes ; et ces moeurs, ces opinions fondent pour eux un merveilleux particulier et des vraisemblances différentes : ainsi un poëme pourroit être excellent dans un pays, qui feroit pitié ailleurs, parce que des choses réputées grandes en ce pays-là seroient jugées petites dans un autre. […] J’oubliois de dire qu’il manque aux héros de l’iliade une sorte de dignité inconnue au siecle et dans le pays où Homere écrivoit. […] Sans doute, dans le siécle et dans le pays d’Homere, les esprits n’avoient pas encore acquis là-dessus, la finesse des derniers tems.
Le comte Jacques Leopardi naquit, le 29 juin 1798, à Recanati, dans la Marche d’Ancône ; fils aîné du comte Monaldo Leopardi et de la marquise Adélaïde Antici, des plus nobles familles du pays, il reçut une éducation soignée sous les yeux de son père. […] Il semble tout à fait que le gouvernement de ce pays applique à la science le calendrier des vieillards, de peur qu’elle ne devienne féconde : On sait qui fut Richard de Quinzica, Qui mainte fête à sa femme allégua, Mainte vigile et maint jour fériable… 145. […] On se rappelle, au livre IV de l’Odyssée, le beau passage où Ménélas exprime devant Télémaque sa tendre amitié pour Ulysse, et le vœu qu’il avait autrefois formé de le réunir à lui : « Je lui aurais, dit-il, fondé une ville dans le pays d’Argos et bâti des palais, le faisant venir d’Ithaque avec ses biens et son fils et tous ses peuples… et là nous aurions vécu unis ensemble, et rien autre chose ne nous aurait pu séparer dans cette douceur de nous aimer et de nous conjouir, avant que le noir nuage de la mort nous vînt envelopper. » Ici s’exprime et déborde dans sa plénitude le sentiment de bonheur des deux amis.
L’Angleterre, où cet homme si vertueux était né, où tant d’autres citoyens ont sacrifié si simplement leur vie à la vertu : l’Angleterre, dis-je, est pourtant le pays dans lequel il se commet le plus de Suicides : et l’on s’étonne avec raison qu’une nation où la religion exerce un si noble empire offre l’exemple d’un tel égarement. […] L’air qu’ils respirent leur fait aimer la vie, l’empire de l’opinion publique est moins absolu dans un pays où l’on a moins besoin de société, les jouissances d’une si belle nature suffisent aux grands comme au peuple, il y a dans le printemps de l’Italie de quoi distribuer du bonheur à tous les êtres. […] L’imagination se représente cette belle France qui nous accueillerait sous son ciel d’azur, ces amis qui s’attendriraient en nous revoyant, ces souvenirs de l’enfance, ces traces de nos parents que nous retrouverions ; à chaque pas ; et ce retour nous apparaît comme une sorte de résurrection terrestre, comme une autre vie accordée dès ici-bas ; mais si la bonté céleste ne nous a pas réservé un tel bonheur, dans quelques lieux que nous soyons nous prierions pour ce pays qui sera si glorieux, si jamais il apprend à connaître la liberté, c’est-à-dire, la garantie politique de la justice Notice sur Lady Jane Grey.
Magnin était Franc-Comtois, natif de Salins, et lui-même d’une ancienne et honnête famille bourgeoise du pays. […] Cette fidélité au pays, à la souche originelle, était un des traits de sa nature.
En Angleterre, avant ces derniers temps, avant les réformes qui menacent, la situation d’un curé de campagne, dans un joli pays, entouré d’une tendre famille, avec de grandes roses de mer au seuil du logis et à la fenêtre, était un rêve d’idylle tout trouvé. […] Mais la difliculté d’une double langue en ce pays, et aussi la sévérité des habitudes catholiques, dans lesquelles l’amour humain chez le prêtre n’a point d’expression permise, n’ont pas laissé naître et grandir jusqu’à l’état de littérature ces instincts poétiques étouffés des pauvres clercs.
VI « J’entreprends d’écrire l’histoire d’un petit nombre d’hommes qui, jetés par la Providence au centre du plus grand drame des temps modernes, résument en eux les idées, les passions, les vertus, les fautes d’une époque, et dont la vie et la politique, formant, pour ainsi dire, le nœud de la Révolution française, sont tranchées du même coup que les destinées de leur pays. […] Le récit vivifié par l’imagination, réfléchi et jugé par la sagesse, voilà l’histoire telle que les anciens l’entendaient, et telle que je voudrais moi-même, si Dieu daignait guider ma plume, en laisser un fragment à mon pays. » VII « Mirabeau venait de mourir.
C’est ainsi qu’ont procédé tous les écrivains dits socialistes de nos jours, avec de bonnes intentions et des têtes faibles, depuis Saint-Simon qui veut réhabiliter la chair et la boue, jusqu’à Fourier qui veut passionner l’instinct brutal et moraliser l’immoralité, pour que tout soit vertu et volupté sur la terre ; jusqu’à cet homme sans nom qui veut anéantir le fait accompli, les droits antécédents et le travail de cinq ou six mille ans dans le monde qui nous précède et nous engendre, et qui déclare que la propriété c’est le vol, et qu’il faut recommencer sans elle ; jusqu’au grand pontife des Mormons, qui recrée le harem religieux pour le plaisir de quelques prêtres de la population, et traîne des troupeaux de femelles à la suite du mâle dans les steppes des États-Unis d’Amérique, ce pays vacant et pratique de toutes les absurdités impraticables et bientôt punies, je l’espère. […] ajoutai-je en concluant, vous reconnaissez donc qu’il n’y a qu’un seul socialisme pratique : c’est la fraternité volontaire et active de tous envers chacun, c’est une religion de la misère, c’est le cœur obligatoire du pays rédigé en lois d’assistance.
ce petit Journal qui continuera ma pensée et ma vie, cette vie maintenant hors de son cours ordinaire, comme si notre ruisseau se trouvait transporté sur les bords de la Loire, cette Loire, ce pays que je ne devais jamais voir, tant j’en étais née loin. […] Le cidre ou le vin du pays coule modérément dans le verre des hommes ; les femmes ou les filles ne boivent que l’eau puisée dans une tasse de cuivre au seau de la porte.
La poésie de notre âge et de notre pays contient toutes les autres dans son vaste sein. […] Leconte de Lisle, sur les poèmes que l’on peut grouper et qui reproduisent les époques et les pays où il s’est longtemps complu.
Napoléon à Sainte-Hélène parlait de « ce pays qu’il avait tant aimé ». […] Voici une lettre citée par le prince : « Quel empire, mon ami, que cette étendue de pays jusqu’à Anvers !
S’il connaît une branche de la civilisation en un moment et en un pays donnés, il possède là de quoi prévoir et retrouver les caractères principaux des autres branches en ce moment et en ce pays.
Mais un commerçant qui a réussi doit donner quelques méditations à son pays. […] Il y a dans ce pays une pensée, différente de la pensée européenne, mais peut-être fraternelle et non contradictoire.
mon Dieu, c’est tout simple… il y a dans un pays une somme quelconque d’injures à dire par an, vingt mille… par exemple ! […] Avec cela, une grande affectation d’indépendance de l’opinion consacrée, des théories reçues, des principes adoptés, et ne voyant dans les formes gouvernementales quelconques d’un pays que des formes diverses de corruption et de vénalité.
Monsieur Despréaux condamne aussi ce commencement de l’Alaric : je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre. et ces deux grands critiques après avoir donné un exemple du ridicule, proposent pour modéle de la perfection, l’un, le début de l’odissée : muse, raconte-moi les avantures de cet homme, qui après la prise de Troye, vit tant de pays et tant de moeurs différentes ; l’autre, ce commencement de l’Enéïde : je chante cet homme qui contraint de fuir les rivages de Troye, aborda enfin en Italie . mais supposons un moment que ces quatre propositions soient des commencemens d’ode. […] Il avoit sur l’avenir les mêmes principes qu’Anacréon, qu’il a peut-être un peu trop rebattus dans ses odes : mais il avoit en même tems un naturel heureux, soutenu de la meilleure éducation ; et à la réserve de certains penchans qui à la honte de son pays et de son siécle n’y étoient pas aussi odieux qu’ils auroient dû l’être, on peut regarder Horace comme un des plus honnêtes hommes de l’antiquité.
C’est l’air de ce pays bénévole, qui, sans cela, serait trop spirituel ! […] Au moment où le Pays publia mon premier article sur les Misérables, je reçus une lettre signée Omnès, où l’on me menaçait, si je continuais ma critique, d’écrire sur tous les murs de Paris : « Barbey d’Aurevilly, idiot » Et comme une telle menace ne m’arrêta pas, la chose fut faite immédiatement, — avec un ensemble et une rapidité électriques.
Dans le pays de Florence, on dit toujours, pour désigner un espace de dix ans, nous avons moissonné dix fois. — Ce vers, où se trouvent réunies une métonymie et deux synecdoques, Post aliquot mea regna videns mirabor aristas, n’accuse que trop l’impuissance d’expression qui caractérisa les premiers âges. […] Ceux des Crétois chantaient de même la loi de leur pays, au rapport d’Élien. — À ces observations joignez plusieurs traditions vulgaires.
Nisard n’est pas homme à s’en tenir à cette indifférence d’observateur et de naturaliste, surtout quand il s’agit de son pays ; il a un désir, un but, et ce but est élevé.
Démon du goût et de l’irritabilité littéraire ; démon de l’inspiration poétique, et même de la correction ; démon de la justice et de la tolérance contre les persécuteurs ; démon de la civilisation, du luxe et de l’industrie (quand, par exemple, il veut vendre et placer partout ses montres du pays de Gex), il a en lui la légion démoniaque au complet ; il fait tout enfin par démon, par accès et verve.
Je n’ai pas assez comparé les deux pays pour être juge ; mais ici le monde catholico-légitimiste qui avait pourtant connu Chateaubriand aussi bien que moi, et qui, dans le particulier, ne s’exprimait pas autrement sur son compte, parut se scandaliser et s’insurgea sur toute la ligne.
par quelle combinaison toute neuve de sujets et de chants a-t-il trouvé moyen de satisfaire aux convenances morales de l’âge, des rapports privés, à l’attente du pays et à sa propre gloire ?
Victor Hugo, ses excursions et voyages dans le pays des fées et dans le monde physique une fois terminés, à reprendre son monde intérieur, invisible, qui s’était creusé silencieusement en lui durant ce temps, et à nous le traduire profond, palpitant, immense, de manière à faire pendant aux deux autres ou plutôt à les réfléchir, à les absorber, à les fondre dans son réservoir animé et dans l’infini de ses propres émotions.
La Notice nous représente Victorin Fabre né à Jaujac, en Vivarais, en 1785, d’une honorable famille très-considérée dans le pays, et qui n’avait jamais songé à demander des titres de noblesse ni à se prévaloir de ceux que lui conférait la possession de certains fiefs.
Cousin de cette philosophie première, mais on sent qu’elle a des ailes. » Elle en eut en effet dès sa naissance ; dans ce premier Discours d’ouverture du 7 décembre 1815, où Reid très-amplifié apparaît comme un grand régénérateur et comme celui qui est venu mettre fin au règne de Descartes, dans ce Discours où éclatent à tout instant une parole et un souffle plus larges que la méthode même qui y est proclamée, on croit entendre encore les applaudissements qui durent saluer cette péroraison pathétique par laquelle, au lendemain des Cent-Jours et avant l’expiration de cette brûlante année, le métaphysicien ému se laissait aller à adjurer la jeunesse d’alors : « C’est à ceux de vous dont l’âge se rapproche du mien que j’ose m’adresser en ce moment ; à vous qui formerez la génération qui s’avance ; à vous l’unique soutien, la dernière espérance de notre cher et malheureux pays.
Ainsi, soit dans la constitution politique du pays, soit dans le goût du public, soit dans les talents des artistes, rien ne répugne à la rénovation du théâtre, et tout au contraire y conspire.
En Allemagne, une servante, le dimanche, lit Schiller et l’entend ; maintes fois vous rencontrez un piano dans une arrière-boutique ; les mineurs flamands, leur ouvrage achevé, chantent en parties ; partout en pays protestant la Bible, du moins, est lue et même sentie par le peuple.
Chacun d’eux suppose une longue préparation, et que le poète a vécu des mois dans le pays, dans le temps, dans le milieu particulier que ces deux quatrains et ces deux tercets ressuscitent.
Au printemps de 1604, les Gelosi résolurent de s’en retourner dans leur pays, soit qu’ils eussent épuisé la curiosité parisienne, soit qu’ils voulussent revoir le ciel de l’Italie.
Dans ce paradis terrestre, que les grandes révolutions de l’histoire avaient jusque-là peu atteint, vivait une population en parfaite harmonie avec le pays lui-même, active, honnête, pleine d’un sentiment gai et tendre de la vie.
Ces maximes, bonnes pour un pays où la vie se nourrit d’air et de jour, ce communisme délicat d’une troupe d’enfants de Dieu, vivant en confiance sur le sein de leur père, pouvaient convenir à une secte naïve, persuadée à chaque instant que son utopie allait se réaliser.
Les pays grecs et romains n’entendirent pas parler de lui ; son nom ne figure dans les auteurs profanes que cent ans plus tard, et encore d’une façon indirecte, à propos des mouvements séditieux provoqués par sa doctrine ou des persécutions dont ses disciples étaient l’objet 1233.
Je serais la plus heureuse personne du monde dans un pays où, pour peu qu’on ait de grandeur on en a toujours plus que de bonheur… J’ai beau renoncer à tous mes goûts, à tous mes sentiments, on m’accuse de choses horribles. » Plus loin : « On fera la Saint-Hubert à Villers-Cotterets ; on m’a donné 400 louis pour mes habits. » Ces lettres sont postérieures à l’établissement des enfants à Versailles, c’est-à-dire à 1674.
La poésie populaire est le pays de la licence, de toutes les licences : on pourrait même dire que la licence est la seule vraie règle de sa versification.
« Sur le rivage, dit encore Voltaire, je vis une potence et reconnus que j’étais dans un pays civilisé. » Vous ferez mieux, vous essayerez de persuader aux hommes qu’ils ont intérêt à être bons et sociables.
Ainsi, — pourvu néanmoins qu’on ne cherche pas dans des pays et dans des faits qui appartiennent à l’histoire, ces impressions surnaturelles, ces grossissements chimériques que l’œil des visionnaires prête aux faits purement mythologiques ; en admettant le conte et la légende, mais en conservant le fond de réalité humaine qui manque aux gigantesques machines de la fable antique, — il y a aujourd’hui en Europe un lieu qui, toute proportion gardée, est pour nous, au point de vue poétique, ce qu’était la Thessalie pour Eschyle, c’est-à-dire un champ de bataille mémorable et prodigieux.
On riroit, dans les pays protestans, de voir un orateur sacré prendre, en chaire, le ton de déclamateur.
Tous les temps, tous les pays offrent le même exemple.
Le temps où parut Le Misanthrope était, à coup sûr, celui de la politesse et de l’élégance ; la cour où l’on s’exprimait avec cette pureté de langage était l’asile de l’esprit et des grâces ; le pays qui produisait de pareils chefs-d’œuvre était parvenu à un haut degré de gloire et de civilisation.
L’homme qui avait proposé pour devise à nos soldats entrant en pays ennemi : Guerre aux châteaux, paix aux chaumières ; celui qui disait en 1792 : Je ne croirai pas à la révolution, tant que je verrai ces carrosses et ces cabriolets écraser les passants, ne pouvait pas aisément être regardé comme un ennemi du peuple.
Nous nous sommes moqués du bas-bleu, même bien avant qu’il eût un nom dans notre pays, et nous nous en moquions encore, il n’y a pas bien longtemps, sous Louis XIV et sous Molière.
Quant à l’Océanie, qui vient après les Amériques dans ce livre de Faliés, on se demande s’il a l’aplomb de nous donner pour des civilisations quelconques des pays où les hommes se mangent entre eux, et, quand on ne se mange pas, où l’on se frotte le nez les uns contre les autres pour se montrer de la tendresse, ce que le très sérieux Faliés, qui ne rit jamais, le pauvre homme !
La plume qui écrivait cela est à la vérité une plume italienne, quoique très compétente en français, et elle se servait de l’expression de son pays, où les chanteurs et les gens de théâtre sont regardés comme les premiers des hommes.
Lord Byron, cet enfant terrible de génie, s’était fait jacobin pour faire pièce à la société élevée de son pays dont il était mécontent ; mais il n’a pas paru à Barot un jacobin assez solide.
[Le Pays, 9 septembre 1862.]
[Le Pays, 1er juin 1874.]
[Le Pays, 24 juin 1858.]
[Le Pays, 26 septembre 1862.]
Voici l’article, cité dans la préface, qui fit fermer la porte du journal le Pays à l’auteur, et qui prouve, du reste, que ses opinions ne datent pas de la guerre de 1870.
Augustin Thierry, mais qui s’est entièrement perdu dans un pays qui aime à rire, et qui respecte le sérieux, — qui le respecte jusqu’à l’ennui, — M.
s’organiser dans des institutions qui furent aux mœurs de ce pays ce que le fourreau est à l’épée, cet esprit si antipathique à nos idées actuelles et qui épouvante à la fois et nos théories et nos cœurs, nous ne l’estimons pas assez pour chercher à le bien comprendre ; et voilà, en un mot, pourquoi le sens de tant de faits de l’histoire d’Espagne nous échappe !
La régence de Blanche, dans un pays aussi profondément salique que la France, et qui fût presque une Royauté, annonçait bien ce que serait la Royauté dans son fils.
et qui gémissent hypocritement sur le malheur d’un noble pays d’appartenir à un tel roi, il y ait une réponse à faire plus écrasante que celle-là… La France ne valait pas mieux que son maître.
Le Pays, 22 juillet 1856.
[Le Pays, 15 décembre 1858.]
Moraliste mondain, observateur de société, il en savait les petites lois et les grands ridicules, — et, puisqu’il s’agit de ses Lettres écrites de France et sur la France, il porta sur les hommes et les choses de la société de ce pays des jugements presque toujours justes et que l’amabilité et l’engouement dont il fut l’objet à Paris ne firent jamais fléchir.
Je le connais, cet abominable spectacle donné par l’Histoire et qui me fait, en ce moment, trembler pour le destin de mon pays !
Chassé de son palais épiscopal, dans les troubles religieux et politiques de son pays, saint Anselme ne se consola pas seulement de ce revers.
Il n’en est pas de même dans les autres pays.
Il faut bien le dire : l’art pour l’art, ce déplorable et faux système (l’art ne devant jamais être que le glorieux serviteur de la vérité), trouve une application trop fréquente dans notre pays quand il s’agit de l’éloquence, Par une faiblesse commune aux plus mâles esprits, tous ou presque tous nous allons nous asseoir, avec l’espérance d’une grande sensation ou d’une puissante ivresse, devant l’homme qui ne représente souvent pour nous que l’erreur ou que le sophisme, et nous écoutons comme un bois mélodieux et sonore une créature vivante qui abuse artistement de la parole, au lieu de l’écouter comme un pur instrument de la Vérité qui devrait faire palpiter dans nos cœurs l’amour que nous avons pour elle.
[Le Pays, 21 novembre 1852.]
[Le Pays, 30 mai 1853.]
Dieu l’a vu, et son noble pays le sait !
Ce partisan, qui le plus longtemps combattit pour la royauté, naquit au pays où devait naître, deux siècles plus tard, Charette, un autre partisan.
Plus pur et plus heureux, Saint-Maur est, comme son compatriote, le pauvre Hégésippe, du pays où la poésie s’est appelée longtemps : « la gaie science ».
[Le Pays, 13 juillet 1853.]
Il eut le droit, tout laïque qu’il fût, de prêcher dans les églises et il devint l’O’Connell des ouvriers catholiques dans un pays plus heureux que l’Irlande ; un O’Connell sans les mille échos de la persécution et de la gloire, qui rapportaient à Daniel sa voix agrandie, mais un O’Connell par le genre de talent, par la manière, par cette éloquence familière et pathétique, sublime et triviale à dessein, comme l’est un drame de Shakespeare.
Ce chapitre était publié dans Le Pays, où M.
Christian (Pays, 1er juin 1859).
Les Dévotes ; J’aime tes morts ; Histoire du feu, écrite par une bûche (Pays, 10 mai 1862).
Dans un pays où l’on est plus frappé d’un ridicule que d’une chose utile, on ne doit point aisément pardonner l’éloge.
Cela se passe dans la Grèce du pays bleu, qui n’est point la propriété du seul Shakespeare. […] Mais Mme de Thauzette insiste, s’irrite, finit par lui dire ce qui se répète dans tout le pays : que lui, Bardannes, est l’amant de la vertueuse Denise. […] La comtesse Sarah a voulu revoir le pays de son enfance. […] » et qui, au nom du pays, au nom de l’avenir, les supplient de ne point se surmener. […] Dès l’entrée, on se sent en pays français.
A-t-on été dérouté parce qu’lbsen, au lieu d’un aigle, a choisi un oiseau de son pays, un canard sauvage ? […] M.Dorchain a accompli ce miracle, de déconcerter l’ironie du lecteur en lui faisant les aveux qui, précisément, prêtent le plus à la raillerie dans ce bon pays de Gaule. […] Tout le passé lointain, surtout l’histoire du pays au temps de son indépendance, c’est « le temps de la reine Jeanne ». […] Un drame, où il avait représenté un manant qui fait la leçon à LouisXIV et prophétise 89, l’avait mis en telle évidence, qu’on lui fabriquait sans cesse le même rôle ; et sa fonction, maintenant, consistait à bafouer les monarques de tous les pays. […] Le saisissement des gens, en voyant ce ressuscité, est médiocre : c’est que les réapparitions de cette espèce ne sont pas si rares en pays de marins et que, au surplus, ceci n’est point un mélodrame.
L’animal en général est-il de quelque pays, & peut-il se transporter d’un lieu en un autre ? […] ensorte que nous habitons, à la vérité, un pays réel & physique : mais nous y parlons, si j’ose le dire, le langage du pays des abstractions, & nous disons, j’ai faim, j’ai envie, j’ai pitié, j’ai peur, j’ai dessein, &c. comme nous disons j’ai une montre. […] Partout les hommes ont un visage, & pas un ne ressemble parfaitement à un autre ; partout les hommes parlent, & chaque pays a sa maniere particuliere de parler, & de modifier la voix. […] Des noms de pays. Les noms de pays, de royaumes, de provinces, de montagnes, de rivieres, entrent souvent dans le discours sans article comme noms qualificatifs, le royaume de France, d’Espagne, &c.
Elles ont perdu dans ce pays, non seulement leur expression, mais jusqu’à leur accent. […] Rien ne me fait plus de plaisir que de voir l’héritier d’un millionnaire dépenser en peu d’années les biens immenses que son père avare & dur avoit amassés ; car si le fils étoit avare comme le père, à la troisième génération le descendant posséderoit dix fois la fortune de son bisayeul, & vingt-hommes de cette espèce engloberoient toutes les richesses d’un Pays. […] Un Poète qui n’étoit ni triste ni gai, mais qui amusoit assez ceux qui l’écoutoient parler de ses vers, étoit parvenu à la Cour, on ne sait trop comment : mais enfin il s’y trouvoit, & comme l’on confond assez dans ce pays, les Poètes avec les fous, il avoit ses entrées. […] On dit, &c. est un Achille Spadassin, qui vient poliment proposer un duel, & le Thésée, l’Aricie, la Junie, le Bajazet, & même le jeune Britannicus, n’ont ni le langage, ni les mœurs, ni le costume de leur pays, ni même de leur situation. […] Unités de lieu & de tems, observées selon toutes les règles sacrées ; conversations longues & froides, suivant l’usage du pays.
Baudelaire débute par une sorte de voyage au pays du cœur, selon l’expression de M. […] Hippolyte Castille, — un ministre de l’avenir qui l’a, par anticipation, pris sous sa protection immédiate, — lui décernait, dans un article sur le réalisme, publié il y a quelque dix-huit mois dans le Pays, un brevet d’homme de génie. […] Celui-ci, dédaignant d’estropier plus longtemps la langue française, vu son indigence d’adverbes et sa pénurie d’adjectifs, est revenu à l’idiome et au pays de la choucroute ; quant à M. […] Le pays latin en est assotté. […] Comme les œuvres de Rousseau en France, Werther en Allemagne eut l’importance d’une découverte et d’une révélation. — À la prostration des vertus civiques, à la dégénérescence des cœurs, Goethe opposait le sentiment de la nature, l’exaltation de la liberté individuelle, la glorification du devoir. — C’était comme une porte grandiose s’ouvrant tout à coup sur les chastes pays de l’idéal.
Nous ne perdrons pas de temps à faire remarquer que réduit à lui-même, séparé de tout point d’appui, ce sentiment est obscur, souvent vague, mobile même suivant les impressions des temps et des pays, que tout-puissant comme sentiment, il a besoin de se définir par la double idée du Devoir et de la Dignité humaine dont il est l’expression abrégée et comme la formule pratique, la révélation permanente dans l’instinct des civilisés. […] Le chevalier de la Carterie espérait le salut du pays du comte de Vernon, un pauvre gentilhomme breton, caché au fond de sa tourelle, et que l’on portait pour l’héritier légitime du trône de France, par sa descendance directe… du Masque de fer. […] Mais quand la question de vie ou de mort est posée, l’instinct d’un grand pays agit avec une promptitude infaillible. […] Et puis, ses jugements seraient infailliblement cassés dans un pays comme le nôtre, où les admirations et les sympathies changent si vite, au gré des circonstances. […] Il n’a jamais cessé d’attacher une importance superstitieuse au classement des genres littéraires ; il croit sérieusement que la supériorité de la poésie tient en partie à celle du genre, et l’on sent en lui je ne sais quelle humiliation secrète du rang inférieur que le Code du Parnasse assigne à la chanson ; il ne se console qu’à grand’peine : « Du moins, dit-il, j’ai rempli l’humble tâche qui m’était marquée en consacrant mes talents, quels qu’ils fussent, au service de mon pays.
Avoir un secrétaire est dans ce pays-ci sans exemple… » Je ne sais ce qu’en pensa la bonne dame chez qui il logeait, mais en général à Weimar on prit très-bien l’indiscrétion83. […] Il a le premier sentiment très-vrai, et qu’il nous rend très-fidèlement, des divers pays qu’il parcourt : avec lui, la physionomie des lieux se montre aussitôt à nous en elle-même et dans son rapport moral avec le caractère des habitants ; car ce qui m’en plaît chez Ampère voyageur, c’est que l’homme n’est jamais absent, ni loin. […] Il n’est nullement étranger d’ailleurs à la science : s’il remarque en passant un pli géologique du sol, on sent à l’exactitude du signalement l’ami d’Élie de Beaumont ; s’il parle de la végétation, s’il rattache un pays, un degré de latitude à une plante, à une mousse, on sent l’ami d’Adrien de Jussieu ; s’il montre du doigt la tour de Tycho-Brahé, et s’il caractérise d’un mot « le ciel agrandi » que le patient observateur livra au génie et aux lois de Kepler, on sent le fils d’Ampère, nourri dans ces choses de science et qui parle naturellement la langue de sa maison. […] J’éprouve aujourd’hui presque des remords de n’avoir pas insisté davantage, en 1822, quand je possédais pleinement le cœur de Fauriel, pour qu’il abandonnât cet ouvrage historique (l’Histoire de la Gaule méridionale) auquel il convenait imparfaitement, et se consacrât tout entier à la poésie primitive, spontanée, populaire, de tous les temps et de tous les pays.
D’un bout de la terre à l’autre, tous les pays n’ont d’autre but que d’augmenter leurs échanges sous les espèces du poids, de l’or et du papier-monnaie. […] Parfois elle reconnaît qu’ils sont de bons agents de propagande à l’étranger : leur nom glorieux garantit au loin, à lui seul, la qualité des marchandises de leur pays. […] Ne peut-il pas lui arriver d’avoir des idées politiques qui ne sont pas celles de la majorité dans son pays et qu’il est obligé de cacher pour ne pas subir les tracasseries de son gouvernement ? […] Cependant sur ces pièces, aussi mensongères que des pages de Plutarque ou de Tite-Live, la légende nationale s’établit dans chaque pays, définitive et irréfutable.
Esprit ardent plus que fécond, — ; et il ne faut pas être trop ardent pour être fécond, — il porte dans tout ce qu’il écrit, philosophie, romans, critique, histoire, le tempérament vineux et fumeux de son pays, de ce pays qui s’appelle à une place la Côte d’Or, pour signifier la richesse de son abondance. […] Il s’y obstina, il s’y acharna, il s’y exaspéra, il s’y échevela, il s’y ensangmêla, — comme dit une expression magnifique du pays où j’écris ce chapitre, — et il y ruina un esprit superbe. […] on révolutionne un pays, mais On ne crée pas pour cela un gouvernement.
Vraisemblance des incidents, habileté des ressorts, vérité de mœurs, connaissance parfaite du pays où la scène est placée, rien n’y manque. […] La langue italienne est pour l’auteur de Don Juan d’Autriche une espèce d’idiome neutre applicable à tous les pays. […] dans quel pays vivent les reines de cette trempe ? […] Si les héros qu’il nous montre ne sont d’aucun pays ni d’aucune race connue, la foule indifférente ne prendra pas la peine de les oublier : elle ne les regardera pas. […] Ni l’un ni l’autre ne représentaient la poésie de son pays ; à plus forte raison, l’un et l’autre ne représentaient pas la poésie européenne.
Les jeunes gens de la famille se trouvaient chez lui en pays de Cocagne, mais il ne comprenait rien au romantisme. […] Il est vrai que c’était la taille du bonhomme, et la mère avait ses cinq pieds cinq pouces ; c’était la plus belle femme du pays. […] Irus ne fait que des sottises, Silvio ne fait rien, et tous les deux gênent Laërte au lieu de profiter de ses leçons et de grimper dans le pays du bleu sur des échelles de soie. […] La princesse Elsbeth, fille d’un roi de Bavière, d’une Bavière située dans le pays du bleu, a consenti par raison d’État à épouser le prince de Mantoue, et elle pleure quand on ne la voit pas, parce que son fiancé est un imbécile qu’il lui est impossible d’aimer. […] Musset semblait prendre à tâche de se faire une réputation de frivolité, dans le pays du monde où elle est le moins pardonnée.
Molière fait donner une boîte d’or, présent toujours de mode dans tous les pays, et le billet que la boîte renferme, aussi flatteur que la devise, est bien plus utile à l’intrigue, puisqu’il en fait le principal ressort. […] Le caractère principal. — Molière a le mérite d’avoir choisi pour son premier rôle un caractère de tous les temps et de tous les pays, mais n’en a-t-il pas rétréci l’effet, en ne lui donnant que des nuances propres à n’être senties qu’en France seulement ? […] Quel impudent personnage a pu imaginer cette grossièreté ; et comment ce parterre si renommé, ce parterre du pays latin, a-t-il pu la supporter ? […] S’il ne tient qu’à cela, répondit le perfide Ordogno, de quel pays êtes-vous ? […] Bussi Rabutin a beau dire que la Bélise de Molière est une faible copie de cette folle, je soutiens que les Bélise n’ont pas encore disparu de la société, et que les Hespérie ne se trouveraient en pays de connaissance qu’aux Petites-Maisons.
Ce qu’il faut dire à la décharge de sa mémoire, c’est qu’il avait de l’humanité ; que Mme Desbordes-Valmore n’avait jamais invoqué en vain en lui le compatriote et le pays ; qu’elle lui demandait chaque année des grâces pour étrennes ; qu’elle avait une manière de les lui demander en glissant un mot de patois flamand (acoutè’m un peo, écoutez-moi un peu !) […] Le 4 août suivant, la ville de Douai accomplissait un devoir douloureux envers son cher poëte, et la population douaisienne remplissait l’église Notre-Dame, toute voisine de la maison de naissance de la défunte, pour assister à la messe solennelle qui était célébrée en sa mémoire avec le concours des diverses sociétés musicales du pays.
Elle n’aurait pas échappé aux désordres inévitables dans un pays de premier mouvement, passionné par la grandeur même de ses dangers. […] Sa providence était le temps ; né pour disparaître dans les grandes convulsions de son pays, pour survivre aux crises, pour déjouer les partis déjà fatigués, pour satisfaire et pour amortir les révolutions.
J’irai m’engager tous les étés dans les bandes de moissonneurs de la campagne de Sienne, et peut-être de Rome ; je travaillerai pour nous quatre, comme quatre ; le soir, pendant que les autres se reposeront, je jouerai de la zampogna pour les pèlerins ou les pèlerines des saintes du pays ; ou bien je ferai danser dans les noces des riches métairies de la plaine de Terracine, et je rapporterai bien assez de froment ou assez de baïoques (monnaie du pays) pour vous nourrir et vous chauffer le reste de l’année.
CCXXXVI Nous passâmes ainsi ensemble ce soir-là, et tous les autres, de longs moments qui ne nous duraient qu’une minute, parlant de ceci, de cela, de ce que faisaient ma tante et mon père sous le châtaignier, de ce que nous y ferions nous-mêmes si jamais nos angoisses venaient à finir, soit par la grâce de monseigneur le duc, soit par la fuite que nous imaginions ensemble dans quelque pays lointain, comme Pise, les Maremmes, Sienne, Radicofani ou les Apennins de Toscane ; il se livrait avec délices à cette idée de fuite lointaine, où je serais tout un monde pour lui, lui tout un monde pour moi ; où nous gagnerions notre vie, lui avec ses bras, moi avec la zampogne, et où, après avoir amassé ainsi un petit pécule, nous bâtirions, sous quelque autre châtaignier, une autre cabane que viendraient habiter avec nous sa vieille mère et mon pauvre père aveugle, sans compter le chien, notre ami Zampogna, que nous nous gardions bien d’oublier ; mais, cependant, tout en ayant l’air de partager ces beaux rêves, pour encourager Hyeronimo à les faire, je me gardais bien de dire toute ma pensée à mon amant, car je savais bien que je ne pourrais assurer son évasion sans me livrer à sa place, à moins de perdre le bargello et sa brave femme, qui avaient été si bons pour moi, et que je ne voulais à aucun prix sacrifier à mon contentement, car les pauvres gens répondaient de leurs prisonniers âme pour âme, et le moins qu’il pouvait leur arriver, si je me sauvais avec Hyeronimo, c’était d’être expulsés, sans pain, de leur emploi qui les faisait vivre, ou de passer pour mes complices et de prendre dans le cachot la place du meurtrier et de leur porte-clefs. […] — Je sais, lui avait dit l’évêque, que cette superstition pieuse est dans le pays de Lucques une opinion populaire que rien ne peut extirper dans les campagnes ; mais c’est la superstition de la vertu et de l’amour conjugal, utile aux mœurs ; il n’y a aucun mal à y condescendre pour la fidélité des époux et surtout pour le salut des condamnés.
Ces hospices de mon pays, ouverts aux malheureux et aux faibles, sont souvent cachés dans des vallons qui portent au cœur le vague sentiment de l’infortune et l’espérance d’un abri ; quelquefois aussi on les découvre sur de hauts sites où l’âme religieuse, comme une plante des montagnes, semble s’élever vers le ciel pour lui offrir ses parfums. […] J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays, le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur.
Il faut l’estimer, étant Italienne, d’avoir eu le cœur français, et d’avoir rendu un dévouement sincère et désintéressé aux rois et au pays dont longtemps les bienfaits l’avaient nourrie ; le cas n’est pas si fréquent. […] Dans ce va-et-vient de Français qui vont au-delà des monts, d’italiens qui viennent par deçà, il se produit une incessante infiltration des mœurs et de l’esprit d’une race plus raffinée, et même un renversement des rapports littéraires qui jusque-là avaient existé entre les deux pays.
On sent chez lui une énergie qui vient du Nord : c’est bien le fils des hommes hardis et sombres descendus des mers gelées et qui jadis avaient occupé son pays avec le duc Rollon. […] Chacune de ses pièces nous offre un sujet antique ou exotique approprié au goût des contemporains de Louis XIV et par suite nous présente à la fois l’homme des temps lointains ou des « pays étranges », l’homme du XVIIe siècle et l’homme de tous les temps.
Dans l’Ennemi du peuple, un médecin de petite ville découvre que la source d’eau minérale dont l’exploitation fait toute la richesse du pays est empoisonnée. […] Parfois, disais-je, chez les écrivains de mon pays, même chez les meilleurs, — et surtout chez les romantiques je discerne et je sens quelque phraséologie, une rhétorique inventée ou apprise, des artifices systématiques de langage ; et il arrive que cela me fatigue un peu.
… Respectez la majesté de ce tribunal vénérable et incorruptible ; rempart de ce pays, salut de cette ville, gardien vigilant, même quand la cité dort, tel que n’en possède aucun autre peuple. » — À l’esprit d’équité qu’elle dépose en lui, la sage Déesse mêle un peu de la terreur que les Érynnies représentent. […] Elles frapperont le pays d’une Plaie venimeuse : on dirait que leurs serpents dardant des jets de bave s’échevèlent déjà autour de leurs têtes. — « Enflammée de colère, je vais égoutter sur le sol le poison de mon cœur, terrible à cette terre.
ce n’est pas assez que mon pays soit en république, il fallait encore qu’il se plaçât sous l’invocation de Voltaire, de cet historien prenant le mot d’ordre des chancelleries, de ce bas flatteur des courtisanes de la cour, de cet exploiteur de la sensibilité publique, de ce roublard metteur en œuvre de l’actualité, de ce poncif faiseur de tragédies, de ce poète de la poésie de commis voyageur, de ce poète anti-français de la Pucelle, de ce lettré enfin, que je hais autant que j’aime Diderot. […] Sauf deux ou trois bâtonnets de couleur de son pays, entre autres une espèce de jaune, couleur de gomme gutte, et du bleu verdâtre, l’artiste se servait de couleurs au miel, de couleurs européennes.
[Article de Jules Barbey d’Aurevilly] « Mon cher Baudelaire, « Je vous envoie l’article que vous m’avez demandé et qu’une convenance, facile à comprendre, a empêché le Pays de faire paraître, puisque vous étiez en cause. […] Le poète assis près de sa maîtresse, par un beau soir d’automne, sent monter à son cerveau un parfum tiède qui l’enivre ; il trouve à ce parfum quelque chose d’étrange et d’exotique, qui le fait rêver à des pays lointains ; et aussitôt dans le miroir de sa pensée se déroulent des rivages heureux, éblouis par les feux du soleil, des îlots paresseux plantés d’arbres singuliers, des Indiens au corps mince et vigoureux, des femmes au regard hardi : Un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers !
Or, dans la moyenne des cas, les liens qui nous attachent à notre pays, à la vie, la sympathie que nous avons pour nos semblables sont des sentiments plus forts et plus résistants que les habitudes qui peuvent nous détourner d’une spécialisation plus étroite. […] On dit que, dans la suite, une fois adulte, j’acquiesce à cette obligation par cela seul que je continue à vivre dans mon pays.
Ce que Henri VIII avait accompli en Angleterre, Pombal l’essaya pour le Portugal, et si les efforts du misérable n’ont point réussi, ce n’est pas sa faute, mais bien la seule gloire qui soit restée à son pays. […] car si ce pays n’est pas entièrement effacé sous les oppressives influences de l’Angleterre, s’il est encore un royaume en Europe, c’est à cette résistance qu’il le doit.
Ce Vénitien, issu de sang espagnol, qui compte dans sa généalogie force bâtards, religieuses enlevées, poètes latins satiriques, compagnons de Christophe Colomb, secrétaires de cardinaux, et une mère comédienne ; ce jeune abbé, qui débute fraîchement comme Faublas et Chérubin, mais qui bientôt sent l’humeur croisée de Lazarille et de Pantalon bouillonner dans sa veine, qui tente tous les métiers et parle toutes les langues comme Panurge ; dont la vie ressemble à une comédie mi-partie burlesque et mi-partie amoureuse, à un carnaval de son pays qu’interrompt une atroce captivité ; qui va un jour visiter M. de Bonneval à Constantinople, et vient à Paris connaître en passant Voisenon, Fontenelle, Carlin, et être l’écolier du vieux Crébillon ; ce coureur, échappé des Plombs, mort bibliothécaire en un vieux château de Bohême, y a écrit, vers 1797, à l’âge de soixante et douze ans, ses Mémoires en français, et dans le meilleur et le plus facile, dans un français qu’on dirait naturellement contemporain de celui de Bussy.
Le jeune Steven de Travendahl, fils d’un général de Charles XII, qui a péri à Pultawa, s’est retiré dans ce pays de Hartz avec sa mère, avec sa sœur ; devenu le chef respecté des intrépides mineurs, il n’a, d’ailleurs, qu’une pensée : servir sa mère, lui obéir, consoler sa triste sœur Mina, qu’une langueur secrète dévore.
Est-ce que nos paroles n’auraient pas été aussi respectueuses pour les personnes que nos actes pour la souveraineté du pays ?
Dans la IVe , Chapelain, avec Ménage ; Chapelain encore, dans le Discours au Roi, en compagnie de Charpentier et de Pelletier ; Chapelain dans le dialogue des Héros de romans, suivi de Mlle de Scudéry, de La Calprenède, Quinault et l’abbé de Pure ; Chapelain toujours dans la Satire III, et Quinault, et Pelletier, et Mlle de Scudéry, et Le Pays, et La Serre : mais voici, de plus, l’inventeur de l’énigme française, prédicateur chrétien et poète galant, l’abbé Kautain, ou Cotin, Trissotin en propre personne.
Les voyages615 se multipliaient en Italie, en Grèce, dans le Levant ; et les relations des voyageurs rendaient un intérêt aux œuvres de la poésie antique, en faisant connaître tous ces pays où étaient nés les chefs-d’œuvre qui en étaient le cadre ou la matière, en décrivant les ruines de ces monuments dont l’antiquité avait parlé, ou dans lesquels elle s’était survécu.
Par quel prodige, au milieu de ce siècle de critique et tout en subissant comme un autre les misères de ce siècle, dans ce pays de censure et d’académie, un homme de ce temps et de ce lieu a-t-il pu se ressouvenir de la vraie, pure, originelle et joyeuse nature humaine se dresser contre le flot de la routine implacable et non pas écrire ou parler, mais « chanter » comme un de ces bardes qui accompagnèrent au siège de Troie l’armée grecque pour l’exciter avant le combat et ensuite la reposer, — toutefois, en chantant, ne point sembler (pour ne blesser personne) faire autre chose qu’écrire ou parler comme tout le monde, et, avec une langue composée de vocables caducs, usés comme de vieilles médailles, sous des doigts immobiles depuis deux siècles, donner l’illusion bienfaisante d’un intarissable fleuve de pierreries nouvelles ?
Eschyle et à créer une Orestie française, Leconte de Lisle se promenait, en causant avec le vieux combattant de Salamine et de Platée, dans le pays idéal de la Tragédie, tout à coup il s’aperçut que son compagnon de voyage était chauve à ce point, que les tortues pouvaient prendre son crâne pour un rocher poli.
L’Angleterre, en apparence un des pays du monde les plus religieux, est en effet le plus athée ; car c’est le moins idéal.
Essayez un peu de démêler l’écheveau embrouillé que forment les croisements de sang dans un pays composite où se sont mêlés, dès les premiers temps, des Celtes, des Romains, des Germains, des Basques, des Israélites !
Pour tout ce qui touche à cette théorie, j’ai suivi en une large mesure la route qu’il a indiquée et qui me paraît la plus heureuse qui ait encore été faite sur ce sujet, dans ce pays. » L’influence des travaux allemands se remarque de même dans le recueil d’essais récemment publiés par M.
C’est l’art de tout dire sans être mis à la Bastille, dans un pays où il est défendu de rien dire… La contrainte de la décence et la contrainte de la presse ont été les causes de la perfection de l’esprit, du goût, de la tournure chez les Français.
Je demeurerai avec vous, soit que vous restiez chez les Moabites, habiles à lancer le javelot, soit que vous retourniez au pays de Juda, si fertile en oliviers.
Les lettres grecques et romaines, le moyen âge et les temps modernes, la France et les pays étrangers, ont comparu, à leur tour devant cet infatigable tribunal qui commence aujourd’hui à se juger lui-même.
[Le Pays, 4 août 1856.]
Du moins, il en souffrit trop pour un poète qui devait savoir que l’aumône, déshonorée par l’infernal orgueil moderne, n’abaisse, dans un pays chrétien, que ceux-là qui ne la font pas !
C’est, en effet, après ces trente-deux ans d’épiscopat dans un pays pacifié par lui et qui l’avait demandé spontanément pour évêque, se souvenant de l’autorité virile qu’il y avait exercée comme délégat, qu’il en est sorti un jour, mûr pour la papauté et Pape !
[Le Pays, 28 mars 1853.]
Œuvres diverses : Les Vignes du Seigneur ; Monsieur de Cupidon ; Biographie de Rétif de la Bretonne (Pays, 7 décembre 1854).
Odelettes ; Poésies complètes (Pays, 22 novembre 1856 ; 1er novembre 1857).
Mais, disons-le, tout cela, si étonnant que ce puisse être, si produisant sur nous l’effet que les bijoux dont elles raffolent produisent sur les femmes, ne serait, après tout, rien de plus que le flamboyant écrin d’un Juif d’Orient venu à la foire de Beaucaire, si derrière toutes les ciselures et les pierreries de cette forme travaillée, exaspérée, diabolisée, qui est celle de Gozlan, il n’y avait pas la réalité toute-puissante, qui n’est plus de l’Orient, mais de l’Occident, et surtout de l’Occident-France, — et qui s’appelle dans ce pays-là simplement « l’esprit » !
Jamais, selon moi, mystification ne fut plus grande et plus obstinée que cette gloire faite à Manon Lescaut, dans un pays où nous avons des romans de la force de ceux de Balzac !
Elle est très moderne et très de son pays, cette slave, cette polonaise mêlée de russe, et elle fait beaucoup d’honneur à l’ethnographie de Gobineau, qui n’a pas voyagé et qui n’est pas diplomate pour des prunes ; car ce n’est pas une prune que cette femme-là !
Cependant la langue d’un peuple guerrier tendait à la fierté et à la précision ; d’un peuple qui commandait aux rois, à une certaine magnificence ; d’un peuple qui discutait les intérêts du monde, à une certaine gravité ; d’un peuple libre et dont toutes les passions étaient énergiques et fortes, à l’énergie et à la vigueur : et lorsque cette langue fut enrichie de toutes les dépouilles des Grecs, lorsque les conquérants eurent trouvé dans les pays conquis des leçons, des maîtres et des modèles, et que les richesses du monde en introduisant à Rome la politesse et le luxe, y eurent fait germer le goût, alors l’éloquence s’éleva à la plus grande hauteur, et Rome put opposer Cicéron à Démosthène, comme César à Périclès, et Hortensius à Eschine.
D’ailleurs si le comique porte sur des caracteres généraux & sur quelque vice radical de l’humanité, il ne sera que trop ressemblant dans tous les pays & dans tous les siecles. […] Ainsi le critique jugeroit non-seulement chaque homme en particulier suivant les moeurs de son siecle & les lois de son pays, mais encore les lois & les moeurs de tous les pays & de tous les siecles, suivant les principes invariables de l’équité naturelle. […] Mais notre ambition ne va point jusqu’a prétendre corriger notre siecle ; il nous suffit d’apprendre à la postérité, si cet ouvrage peut y parvenir, ce qu’auront pensé dans ce même siecle ceux qui dans les choses d’art & de goût, ne sont d’aucun siecle ni d’aucun pays. […] Ces convenances sont invariables comme les essences des choses, au lieu que l’autorité de l’opinion tombe avec elle : tout ce qui est faux est passager : l’erreur elle-même méprise l’erreur : la vérité seule, ou ce qui lui ressemble, est de tous les pays & de tous les siecles. […] Jamais nous n’avons mis le pié dans ton pays.
Quand il avait quinze ans, l’art dramatique était en grand honneur dans notre bon pays de France. […] Elle reste seule, seule et pauvre, et la voilà bien étonnée de ne plus avoir un petit coin de terre à habiter, elle à qui autrefois appartenaient en propre, de si beaux domaines dans le pays des Climènes. […] Alors Mégani était parti pour la France, le pays de l’Europe où l’on jouait le mieux la comédie, bien décidé, à devenir un grand comédien quelque jour. […] La question est que Mégani est revenu dans son pays plus rempli de vanité, d’amour-propre, d’orgueil, d’admiration pour soi-même, que s’il eût été un véritable comédien français. […] Vous vous rappelez peut-être une sombre tragédie, venue des pays du Nord : Trente ans ou la Vie d’un joueur… C’était le héros de Regnard, pris au sérieux.
Or, on ne saurait le nier sans aveuglement, ce qui frappe d’abord dans les plus belles pages de Maturin, c’est une sorte d’exubérance fastueuse, particulière à son pays ; car l’Irlande est dans la Grande-Bretagne la même chose à peu près que la Provence pour nous. […] Il faut donc chercher dans l’histoire comparée des deux pays l’explication du succès de Pelham ; car l’importance d’une classe de la société dans la vie civile ne va jamais sans une importance d’une autre nature. […] Il comprend très bien la différence des devoirs que le séjour des différents pays impose au voyageur. […] Or, savez-vous quels pays M. de Lamartine a visités dans le court espace de seize mois ? […] Il semble que le voyageur, à peine arrivé à Bayruth, ait prié ses compagnons de faire une battue parmi les anciens du pays, afin de découvrir les légendes et les traditions locales.
Revenons maintenant sur ces divisions, comme on fait sur une carte, après en avoir tracé le contour, pour y dessiner l’orographie, l’hydrographie, la configuration particulière du pays. […] Nous avons nos Mystères, les Allemands ont les leurs, les Italiens aussi, qui se ressemblent tous ; et — n’était la diversité de la langue — on pourrait bien mettre la critique au défi de leur assigner à chacun son pays d’origine. […] La même chose était arrivée chez les Romains, à Nfevius, à Livius, et à Ennius… Et il ne faut point .s’imaginer que la chute de ces auteurs, tant les Français que les Latins, soit venue de ce que les langues de leur pays ont changé. […] Les hommes ont en tout pays deux yeux, un nez et une bouche : cependant l’assemblage des traits qui fait une beauté en France ne réussira pas en Turquie, ni une beauté turque à la Chine ; et ce qu’il y a de plus aimable en Asie et en Europe serait regardé comme un monstre dans le pays de la Guinée. […] Cette idée, vous la trouverez exprimée dans ces leçons de Victor Cousin où, sous le titre à l’Introduction à l’histoire de la philosophie, mêlant d’ailleurs aux vues de Mme de Staël celles de Herder et aussi de Schelling, il a dit en France, presque le premier, bien des choses que nous sommes habitués à, considérer de nos jours comme toutes contemporaines. « Oui, messieurs, s’écriait-il, donnez-moi la carte d’un pays, sa configuration, son climat, ses eaux, ses vents, et toute sa géographie physique ; donnez-moi ses productions naturelles, sa flore, sa zoologie, et je me charge de vous dire a priori quel sera l’homme de ce pays, et quel rôle le pays jouera dans l’histoire, non pas accidentellement, mais nécessairement ; non pas à telle époque, mais dans toutes ; enfin l’idée qu’il est appelé à représenter. » M.
Ou bien encore il voulait qu’on le chargeât de parcourir le pays « à la recherche des talents et des vertus précoces ». […] Pourquoi faut-il cependant que, ce qu’il y a dans Ruy Blas de plus heureusement inventé ou trouvé, ce soit précisément le choix du pays et de l’époque. […] Mais, pour en venir maintenant au « pays », le Ruy Blas d’Hugo n’est-il pas le Fernand Valenzuela de l’histoire ? […] Sommes-nous en pays chrétien ? […] Dans un pays comme le nôtre, où l’esprit démocratique, en dépit qu’il en ait, n’a pas encore tout à fait triomphé de la superstition de la noblesse, aucun de nous, pour cette raison, n’est tout à fait insensible à l’honneur de frayer avec les marquises.
C’est à cette vie errante dans un des plus beaux pays du monde, c’est à cette vie rêveuse et inquiète que Rousseau doit son intelligence et son amour de la nature, et d’avoir inventé, ou peu s’en faut, la poésie romantique. […] mon enfant, me dit-elle d’un ton qui me fit tressaillir, vous voilà courant le pays bien jeune, c’est dommage en vérité. […] Cela me gagna, je formai ma façon de penser sur celle que je voyais en règne chez des gens très aimables, et dans le fond très honnêtes gens, et je me dis : « Puisque c’est l’usage du pays, quand on y vit, on peut le suivre. » Voilà l’expédient que je cherchais. […] Les arbres de la route, toujours élagués à la mode du pays, ne donnaient presque aucune ombre ; et souvent, rendu de chaleur et de fatigue, je m’étendais par terre, n’en pouvant plus. […] (Je ne sais pas s’il ne serait pas plus simple et plus sûr de former d’abord l’homme d’un pays, d’une religion, d’une profession, et si « l’homme » tout court ne viendrait pas par surcroît : mais passons.)
M. de Ferriol, ambassadeur de France à Constantinople, vit un jour, parmi les esclaves qu’on amenait vendre au marché, une petite fille qui paraissait âgée d’environ quatre ans, et dont la physionomie l’intéressa : les Turcs avaient pris et saccagé une ville de Circassie, ils en avaient tué ou emmené en esclavage les habitants ; l’enfant avait échappé au massacre de ses parents, lesquels étaient princes, dit-on, en leur pays. […] Maury, de la Bibliothèque de l’Institut, Haidé est un nom circassien que portent souvent les femmes qui viennent de ce pays, et qu’on leur conserve en les vendant. […] Les Bonneval du Limousin sont de la plus vieille souche ; il y a un dicton dans le pays : « Noblesse Bonneval, richesse d’Escars, esprit Mortemart.
Et quand Swift faisant sa proposition modeste pour empêcher que les enfants des pauvres en Irlande ne soient une charge à leurs parents ou à leurs pays, et pour les rendre utiles au public, développe les avantages qu’il y aurait à manger les petits Irlandais, l’ironie qu’il étale est si peu comique qu’elle est plus tragique que la tragédie, et son rire est si peu gai qu’il est beaucoup plus amer que les pleurs. […] Maintenant sa critique sur les hauteurs des idées générales, il a cru qu’il suffisait d’annoncer au monde la parenté de Legrand avec Aristophane, ou plutôt avec son prédécesseur Eupolis, qui avait lui-même mis sur la scène la fable d’un pays de Cocagne. […] Philandre, chevalier errant, Zacorin, son valet, et Lucelle, infante de Trébizonde, sont transportés dans le pays de Cocagne par la puissance de l’enchanteur Alquif.
À vingt-quatre ans, pour avoir vu de près la basse cuisine politique, la sottise et la vanité des gens en place, l’égoïsme et l’hypocrisie de ceux qui formaient alors le « pays légal », il commençait à connaître les hommes, et il les méprisait parfaitement. […] Il n’est pas difficile de comprendre qu’un pays où règne l’individualisme n’est plus dans les conditions normales de la société, puisque la société est l’union des esprits et des intérêts, et que l’individualisme est la division poussée à l’infini… Tous pour chacun, chacun pour tous, voilà la société. […] Dans Saint-Simon, l’écrivain lui plaît, mais l’homme lui est odieux. « … Certes ses Mémoires sont un beau pays, et plantureux à merveille : mais il y a des fondrières et des bêtes venimeuses, et je n’aime pas à me promener en compagnie de ce duc enragé … Tout le jour courbé comme le plus souple courtisan, il éponge les souillures et les scandales ; il se sature et, le soir, il dégorge en flots de lave… Il se cache, il fabrique ses prétendues histoires en secret comme on fabrique de la fausse monnaie … On ne connaît aucun autre exemple d’une telle force ni d’une telle lâcheté… » Lisez tout le morceau, qui est superbe, et où se révèle une fois de plus une âme vraiment noble et bonne (j’y reviens toujours). — Il adore Sévigné et lui passe tout.
Dans des pays nouvellement conquis, elles sont exposées à de nouvelles conditions, de sorte qu’elles doivent fréquemment s’y modifier et s’y perfectionner. […] Ces pierres sont cependant assez communes pour rapporter aux petits rois du pays un droit important. […] D’après l’hypothèse de la périodicité des phénomènes glaciaires se renouvelant circulairement autour des deux pôles d’un axe idéal fixe, ce serait, au contraire, une chose assez naturelle que tous les pays antipodes l’un de l’autre eussent plus de ressemblance entre eux que tous les autres points des mêmes parallèles, puisque dans un même moment donné ils ont toujours dû avoir à peu près le même climat et présenter des conditions de vie analogues.
Il est certain qu’on ne peut jouir de toutes les facultés de son esprit que lorsqu’on est débarrassé des soins matériels de la vie ; et l’on n’est totalement débarrassé de ces soins que dans les pays où les arts, les métiers et les occupations domestiques sont abandonnés à des esclaves.. […] Il a aimé passionnément à être aimé de son pays, de son roi et de son Dieu. […] C’est l’éducation de Chateaubriand, mais dans un pays plus riant, plus accueillant, au sein d’une nature plus douce, dans une vie de famille beaucoup plus tendre aussi, et plus molle. […] Tous les tableaux humains qu’un Esprit pur m’apporte S’animeront pour toi, quand devant notre porte Les grands pays muets longuement s’étendront. […] En vrai Français, et fidèle en cela à la tradition littéraire de notre pays, Hugo aime la composition non seulement très forte, mais très apparente et vigoureusement marquée.
Au premier mot, elle le renverse, elle le frappe, elle accumule sur le malheureux, les épithètes les plus infamantes, elle l’accuse de détruire toute littérature, de corrompre le goût, de fausser l’histoire, la philosophie, la morale, de pervertir les esprits, d’avilir les mœurs ; elle assène en guise de coup de grâce, aux auteurs de ces œuvres proscrites, une verte semonce sur les conséquences funestes de l’amour de l’argent, et toutes ses injures dites, la critique s’en va ; mais elle n’a pas encore tourné le dos que la victime consolée, part, au bruit des fanfares, pour parcourir la France entière, passer sous les yeux de plus de cent mille lecteurs, franchir ensuite les frontières, recueillir les applaudissements de l’Angleterre, de l’Allemagne, de l’Espagne, tous pays qui consomment avec fureur nos produits littéraires et les trompettes de la Renommée ne cessent de répandre la gloire du feuilleton si maltraité que lorsqu’un rival heureux lui est né. […] Il a liquidé ses affaires, il a payé tous ses créanciers, et laissant sa femme et sa fille sous la protection de l’ancien lieutenant Dumay, son caissier et ce que l’on nomme diplomatiquement son âme damnée, il est parti pour le Levant, l’Amérique ou les Indes, enfin pour un pays où il reconstruira sa fortune. […] En un mot, si ce livre était porté, par hasard, dans des pays lointains où l’existence de nos écrivains serait inconnue, il ferait dire à quelque lecteur enthousiaste : C’est l’œuvre incomplète de quelque jeune poète emporté trop tôt par la mort. […] Henri Heine3 Nous vivons, sinon dans un temps, au moins dans un pays où la presse littéraire jouit d’une liberté à peu près complète.
Il paraît qu’il braconnait volontiers selon la coutume du temps, « étant fort adonné, dit le curé Davies177, à toutes sortes de malicieux larcins à l’endroit des daims et des lapins, particulièrement au détriment de sir Thomas Lucy, qui le fit souvent fouetter et quelquefois emprisonner, et à la fin l’obligea de vider le pays… Ce dont Shakspeare se vengea grandement, car il fit de lui son juge imbécile. » Ajoutez encore que vers cette époque le père de Shakspeare était en prison, fort mal dans ses affaires, que lui-même avait eu trois enfants coup sur coup ; il fallait vivre et il ne pouvait guère vivre dans sa bourgade. […] je ne pourrai jamais — plier ma langue à cette allure. « Regardez, monsieur, mes blessures, — je les ai gagnées au service de mon pays, lorsque — certains quidams de vos confrères hurlaient de peur, et se sauvaient — du son de nos propres tambours269. » Les tribuns n’ont pas de peine à arrêter l’élection d’un candidat qui sollicite de ce ton. […] Rejetant la logique ordinaire, elle en crée une nouvelle ; elle unit les faits et les idées dans un ordre nouveau, absurde en apparence, au fond légitime ; elle ouvre le pays du rêve, et son rêve fait illusion comme la vérité. […] On ne s’y trouve pas en pays nouveau. […] The proudest peer of the realm shall not wear a head on his shoulders unless he pays me tribute ; there shall not be a maid married, but she shall pay to me her maidenhead ere they have it.
Dans ces circonstances, je crois qu’il n’y a que la République pour nous sauver, mais une République, où on aurait en haut un Gambetta pour la couleur, et où on appellerait les vraies et rares capacités du pays, et non une République, composée presque exclusivement de tous les médiocrates et de toutes les ganaches, vieilles et jeunes, de l’extrême gauche. […] Renan, obstinément attaché à sa thèse sur la supériorité du peuple allemand, continue à la développer entre ses deux voisins, lorsque du Mesnil l’interrompt par cette sortie : « Quant au sentiment d’indépendance de vos paysans allemands, je puis dire que moi, qui ai assisté à des chasses dans le pays de Bade, on les envoie ramasser le gibier, avec des coups de pied dans le cul ! […] Et le petit Louis Blanc, à l’appui de son dire, tire de la petite poche de sa petite culotte une liste imprimée de vingt noms, soumise au suffrage des citoyens du cinquième arrondissement, pour la formation d’une Commune, qui est bien la réunion des inconnus les plus célèbres, avec lesquels aurait été jamais fabriqué un gouvernement, en aucun pays du monde. […] Vous concevez, ça n’est pas possible, on allume du feu, on se chauffe, on bat la semelle. » « J’ai mal aux yeux, ajoute l’autre, j’ai mal aux yeux comme tout, aujourd’hui, c’est du bois vert qu’on brûle, le vent vous chasse la fumée dans les yeux ; si ça dure un mois, il me semble que je serai tout à fait aveugle. » Lundi 5 décembre Saint-Victor, dans son feuilleton d’hier, disait, d’une manière brillante, que la France devait perdre la conception que jusqu’ici elle s’était faite de l’Allemagne, de ce pays qu’elle s’était habituée à considérer, sur la foi des poètes, comme la patrie de la bonhomie et de l’innocence, comme le nid sentimental des amours platoniques. […] Jeudi 8 décembre Si la République sauve la France, — je ne veux pas encore désespérer de mon pays, — il faut bien qu’on le sache, la France sera sauvée, non par la République, mais malgré elle.
Lorrain n’a jamais cessé d’aimer son pays natal et d’y faire de fréquents voyages. […] Vraiment, et surtout dans son premier recueil, Dominical, elle a l’air parfois de raconter les emblèmes dont s’ornaient les singuliers livres où l’on s’édifiait jadis, surtout en pays flamand, le Miroir de Philagie (Den Spieghel van Philagie) ou cette Contemplation du Monde (Beschouwing der Wereld) que l’art admirable de Jan Luiken diversifie à l’infini. […] A-t-on observé que tel pays où les idées révolutionnaires n’ont pas pénétré en est exactement au même point social que nous-mêmes, et peut-être un peu plus loin dans le sens de la liberté, de la vigueur individuelle, de l’indépendance des artisans ? […] Dans un peu de temps je m’en irai encore loin du pays, Dans un peu de temps je serai mort, et m’en irai en purgatoire… Et pendant ce temps mon moulin tournera diga-diga di, Ah ! […] Il sait que la vie l’emporte et il sait vers quel pays.
L’homme le plus vertueux, le plus aimable et le plus instruit de l’Angleterre sous Charles Ier, de qui lord Clarendon a dit : « Qu’il faudrait haïr la révolution, ne fût-ce que pour avoir causé la mort d’un tel homme. » Après avoir énergiquement défendu dans le parlement, contre Charles Ier, les libertés de son pays, il se rallia à la cause de ce prince lorsqu’elle devint celle de la justice ; et ministre de Charles Ier, il se fit tuer à la bataille de Newbury, de désespoir des malheurs qu’il prévoyait : il avait alors trente-trois ans. […] En l’an du monde 3105, disent les chroniques, pendant que Joas régnait à Jérusalem, monta sur le trône de la Bretagne Leir, fils de Baldud, prince sage et puissant, qui maintint son pays et ses sujets dans une grande prospérité, et fonda la ville de Caeirler, maintenant Leicester. […] Le fond de l’aventure qui fait le sujet du Marchand de Venise se retrouve dans les chroniques ou dans la littérature de tous les pays, tantôt en entier, tantôt dépouillé de l’épisode très-piquant qu’y ajoutent les amours de Bassanio et de Portia. […] Mais après avoir exactement indiqué l’ordre chronologique de la composition des drames historiques de Shakspeare, il faut, pour en bien apprécier le caractère et l’enchaînement dramatique, les replacer comme nous le faisons dans l’ordre vrai des événements ; ainsi seulement on assiste au spectacle du génie de Shakspeare déroulant et ranimant l’histoire de son pays. […] À mesure que Shakspeare avance vers les temps modernes de l’histoire de son pays, les chroniques sur lesquelles il s’appuie concourent plus exactement avec l’histoire véritable ; et déjà, dans la Vie et la Mort de Richard II, les détails que lui fournit Hollinshed s’écartent peu des données historiques parvenues jusqu’à nous avec une certaine authenticité.
Il ne connut ni l’art, ni l’antique, ni la nouvelle Rome, ni Venise, ni d’autre pays que le Modenois sa patrie. […] Dans ce pays scabreux, où l’invention est si dangereuse, il osa tracer des routes nouvelles. […] C’est ainsi qu’il devint chef de secte, ne s’en doutant point, & chef de secte dans un pays d’obédience où les bulles des papes sont des loix souveraines. […] La différence des temps, des pays, des mœurs & des coutumes, peut encore faire des nuances sur ces objets : mais on n’en vouloit qu’aux jésuites. […] Il fut, dans l’univers, connu par ses ouvrages ; Et, dans son pays même, il se fit respecter.
Cela fait frémir… » Déjà, dans le monde, le rôle d’un ecclésiastique est difficile ; il semble qu’il y soit un pantin ou un plastron506. « Dès que nous y paraissons, dit l’un d’eux, on nous fait disputer ; on nous fait entreprendre, par exemple, de prouver l’utilité de la prière à un homme qui ne croit pas en Dieu, la nécessité du jeûne à un homme qui a nié toute sa vie l’immortalité de l’âme ; l’entreprise est laborieuse, et les rieurs ne sont pas pour nous. » — Bientôt le scandale prolongé des billets de confession et l’obstination des évêques à ne point souffrir qu’on taxe les biens ecclésiastiques soulèvent l’opinion contre le clergé et, par suite, contre la religion. « Il est à craindre, dit Barbier en 1751, que cela ne finisse sérieusement ; on pourrait voir un jour dans ce pays-ci une révolution pour embrasser la religion protestante507. » — « La haine contre les prêtres, écrit d’Argenson en 1753, va au dernier excès. […] I, 290, 368 Théron de Montaugé, L’agriculture et les classes rurales dans le pays Toulousain, 14.
XXI Ainsi, que le Piémont, tenu si longtemps dans l’asservissement de l’Autriche ou de l’Église par la maison de Savoie jusqu’en 1848, reçoive ou se donne des institutions représentatives ou républicaines si le pays le veut, et que l’Autriche l’en punisse par une invasion des principes rétrogrades représentés par ses baïonnettes, nous devons voler au secours de l’indépendance du Piémont. Que la Toscane, pays le plus mûr pour la liberté, parce qu’il a été mûri par les institutions de Léopold Ier, s’affranchisse d’une dynastie qu’elle aime, mais qu’elle suspecte, et se donne les lois de son ancienne république, nous devons regarder avec respect cette résolution spontanée de Florence, et empêcher qu’une intervention autrichienne ne vienne contester ce mouvement de vie dans une terre toujours vivante.
VI En quoi l’erreur, du le crime, ou la législation de la France sous Louis XV ou sous ses prédécesseurs, quand la QUESTION était un article stupide du code criminel du pays ; en quoi les immanités atroces de l’inquisition ; en quoi les crimes des rois, des prêtres, des sectes religieuses ; en quoi les souffrances du peuple de ces temps néfastes, ces souffrances aussi éternelles que la misère humaine, légitiment-elles les sévices que les prétendus vengeurs du peuple, en 1793, exercèrent contre d’autres classes de la société ? […] Puis le besoin de venir en aide à mon pays, ce grand misérable, m’enlevait le loisir nécessaire à mon œuvre ; puis les calamités réelles de la misère relative m’atteignaient en me forçant à un travail de manœuvre arriéré pour que d’autres ne souffrissent pas par ma faute ; je fermais dans mon cœur la source de larmes sympathiques, et je travaillais saignant, comme je saigne encore, sous le fouet de la nécessité.
« Le cygne : Ma vie tranquille se passe dans les ondes, elle n’y trace que de légers sillons qui se perdent au loin, et les flots à peine agités répètent comme un miroir pur mon image sans l’altérer. » « L’aigle : Les rochers escarpés sont ma demeure, je plane dans les airs au milieu de l’orage ; à la chasse, dans les combats, dans les dangers, je me fie à mon vol audacieux. » « Le cygne : L’azur du ciel serein me réjouit, le parfum des plantes m’attire doucement vers le rivage, quand, au coucher du soleil, je balance mes ailes blanches sur les vagues pourprées. » « L’aigle : Je triomphe dans la tempête quand elle déracine les chênes des forêts, et je demande au tonnerre si c’est avec plaisir qu’il anéantit. » « Le cygne : Invité par le regard d’Apollon, j’ose me baigner dans les flots de l’harmonie ; et reposant à ses pieds, j’écoute les chants qui retentissent dans la vallée de Tempé. » « L’aigle : Je réside sur le trône même de Jupiter : il me fait signe et je vais lui chercher la foudre ; et pendant mon sommeil, mes ailes appesanties couvrent le sceptre du souverain de l’univers. » « Le cygne : Mes regards prophétiques contemplent souvent les étoiles et la voûte azurée qui se réfléchit dans les flots, et le regret le plus intime m’appelle vers ma patrie, dans le pays des cieux. » « L’aigle : Dès mes jeunes années, c’est avec délices que dans mon vol j’ai fixé le soleil immortel ; je ne puis m’abaisser à la poussière terrestre, je me sens l’allié des dieux. » « Le cygne : Une douce vie cède volontiers à la mort : quand elle viendra me dégager de mes liens et rendre à ma voix sa mélodie, mes chants jusqu’à mon dernier souffle célébreront l’instant solennel. » « L’aigle : L’âme, comme un phénix brillant, s’élève du bûcher, libre et dévoilée ; elle salue sa destinée future, le flambeau de la mort la rajeunit en la consumant. » XLVIII Mais rien ne surpasse son analyse et sa traduction du drame de Faust, par Gœthe, et cette scène à laquelle ni l’antiquité ni Shakespeare n’ont de scène tragique à opposer. […] Comprennent-ils la diversité des pays, l’accent et le caractère des idiomes étrangers ?
Charles de Moüy Du pays d’ […] Dans aucun temps, dans aucun pays, aucun poète n’a écouté de plus près, n’a reproduit avec plus de force ce cri de la douleur humaine.
La confession peut avoir, dans certains pays, de graves inconvénients. […] Il conçut l’idée, par des informations s’étendant surtout à l’Ouest de la France et à la Savoie, son pays natal, d’amener à Paris les sujets d’espérance qui lui étaient signalés.
Quand on a excité l’antipathie de son pays, on est trop souvent amené à prendre son pays en antipathie.
Certes, il est hardi son petit projet, à Madame Olympe : changer de nature, de personnalité, d’existence ; sortir courtisane par une porte et rentrer comtesse par une autre, cela pourrait réussir dans les pays où le carnaval dure six mois. […] Il voit que l’adultère repose endormi entre ses deux sourcils froncés et sinistres ; il devine le mal des pays impurs qui la ronge, il sent qu’il a introduit une ennemie dans la famille, et ses remords éclatent en aigreurs, en dissentiments, en sarcasmes.
Avec cela, beaucoup de lecture, de savoir, de justesse et de discernement dans l’esprit, sans opiniâtreté, mais avec fermeté ; fort désintéressé, toujours occupé, avec une belle bibliothèque, et commerce avec force savants dans tous les pays de l’Europe, attaché aux étiquettes et aux manières d’Espagne sans en être esclave ; en un mot, un homme de premier mérite, et qui par là a toujours été compté, aimé, révéré beaucoup plus que par ses grands emplois, et qui a été assez heureux pour n’avoir contracté aucune tache de ses malheurs militaires en Catalogne. » Ce portrait épanouit le cœur. Nous nous étonnons et nous nous réjouissons qu’il y ait eu un si honnête homme dans un pays si perdu, parmi tant de coquins et d’imbéciles, aux yeux d’un juge si pénétrant, si curieux, si sévère.
C’est encore notre pays qui marche en tête de la croisade contre les fausses et dangereuses conclusions de certaines écoles arborant le drapeau de la science. Quoi qu’il arrive, un tel pays n’oubliera point qu’il a fait la révolution de 89 et proclamé les droits de l’homme du haut de la plus grande tribune qui ait jamais été ouverte à la conscience humaine.
Au lieu de cela, placez-vous à la frontière, dans un pays encore français, n’ayez nulle chance de rencontrer dans un salon le soir l’écrivain que vous avez jugé le matind, de le rencontrer, lui ou l’un de ses amis intimes, de ses proches par le sang ou par le cœur, et vous pouvez avec convenance en parler comme d’un ancien, comme d’un mort, sans embarrasser votre pensée dans toutes sortes de circonlocutions, en appelant faux ce qui est faux, puéril ce qui est puéril, en entrant dans le vif de la pensée à tout coup.
La seconde de ces élégies est de toute beauté, dans la première moitié surtout, où s’exhale une si poignante douleur, où le poète va demander au grand spectacle d’une nature bouleversée, à ce qu’on appelle le pays brûlé de l’île, l’impression muette et morne à laquelle il aspire et qu’il s’indigne de ne point éprouver : Tout se tait, tout est mort.
C’eût été pourtant le désobliger et s’exposer à une grosse querelle que de ne pas se lever pour faire fête à ces bienheureusés huîtres qui venaient de son pays de prédilection.
Certainement un prêtre peut monter à cheval pour l’exercice de son ministère ; il y a des pays de montagnes où c’est la seule manière de voyager, et des évêques même ne se font pas scrupule de parcourir ainsi les parties abruptes de leur diocèse ; mais monter à cheval pour son plaisir, comme les fils de famille riches, qui vont passer la soirée au bois de Boulogne, je vous avoue que la chose me semble hardie dans un religieux.
C’est non seulement à la réunion des hommes en société que ce sentiment est dû, mais c’est à un degré de civilisation qui n’est pas connu dans tous les pays, et dont les effets seraient presque impossibles à concevoir pour un peuple dont les institutions et les mœurs seraient simples ; car la nature éloigne des mouvements de la vanité, et l’on ne peut comprendre comment des malheurs si réels naissent de mouvements si peu nécessaires.
Pour moi, je suis de mon pays ; seulement le séjour de la capitale et l’application assidue m’ont un peu corrigé. » Denis Diderot540, Langrois devenu Parisien, s’était corrigé en effet, mais non pas de la façon qu’il croyait.
Il a, de son pays, la gaieté, l’alacrité d’humeur, la facilité heureuse, l’optimisme — sans en avoir la suffisance ni la naïveté toujours prompte aux enthousiasmes.
Auguste Vacquerie Toi qu’on disait l’artiste ardent mais l’homme tiède, Le rimeur égoïste et sourd à tous nos cris, Le jour où l’Allemagne assiégea ce Paris Haï des nations parce qu’il les précède, Quand sachant que Paris difficilement cède Et que, criblé, haché, broyé sous les débris, Les obus n’obtiendraient de lui que son mépris, L’Allemagne appela la famine à son aide, Quand plusieurs étaient pris du goût de voyager, Toi qui dans ce moment étais à l’étranger, Chez des amis, avec une fille chérie, Dans un libre pays, au bord d’un lac divin, Pouvant vivre tranquille et manger à ta faim, Tu choisis de venir mourir pour la patrie.
Dans les pays de la Pensée, il trouva l’Utopie assise sur sa montagne.
« Aussi bien chez les sauvages que dans les divers pays d’Europe, la poésie primitive a été essentiellement une chose dite en chœur.
Elle a renoncé volontairement à tous les avantages de la fortune et de la naissance ; elle a déserté sa famille et son pays.
Par une singularité fort étrange, c’étaient ces incrédules, niant la résurrection, la loi orale, l’existence des anges, qui étaient les vrais Juifs, ou pour mieux dire, la vieille loi dans sa simplicité ne satisfaisant plus aux besoins religieux du temps, ceux qui s’y tenaient strictement et repoussaient les inventions modernes faisaient aux dévots l’effet d’impies, à peu près comme un protestant évangélique paraît aujourd’hui un mécréant dans les pays orthodoxes.
Parfois, il laissait percer contre ses ennemis un ressentiment sombre ; il racontait la parabole d’un homme noble, qui partit pour recueillir un royaume dans des pays éloignés ; mais à peine est-il parti que ses concitoyens ne veulent plus de lui.
Elle offre des dons sans mesure aux plus longues distances de temps et de lieux, dans des pays où vous n’irez jamais, dans des temps que vous ne verrez point, et ne vous assure pas un verre d’eau pour le moment où vous aurez soif : et cependant on a foi dans ses promesses.
Le livre commence par une préface sous forme de lettre adressée à un ami ; cette préface apologétique a pour objet d’excuser l’auteur, qui sent, malgré tout, l’inconvenance d’une publication romanesque dans les circonstances graves où il s’est placé et où il a tout fait pour placer son pays.
Ils parcoururent le pays de Gex, le Dauphiné, le Piémont, & s’y montrèrent partout en apôtres.
[Article original paru dans Le Pays, 17 octobre 1860.]
Histoire de la Liberté religieuse en France et de ses fondateurs [Le Pays, 6 mars 1860.]
Quand un homme, en effet, arrivé à peu près à la moitié du xixe siècle, jure par Cabanis en philosophie, en législation par Destutt de Tracy, et par Bentham en économie sociale ; quand cet homme, de l’esprit le plus mystificateur, semble se mystifier lui-même, en admirant politiquement M. de La Fayette, et ne se moque nullement de nous en nous disant que l’Amérique serait assurément un grand pays, si elle avait un Opéra, certes, on peut affirmer que les pauvretés d’opinion et les superficialités d’aperçu ne manquent pas à cet homme, de l’esprit le plus retors depuis Voltaire, et qui a vu Napoléon !
Il y a, en Suisse, le voyage obligé, le voyage classique, le Rubicon de l’adultère qu’on passe sur tous les lacs de ce pays.
Or cette dernière psychologie, cultivée aujourd’hui dans bien des pays, est une science d’origine française, qui est restée éminemment française.
qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.
Dans l’intolérable souffrance, il rêvait de retourner aux pays de soleil. […] Le silence s’est fait, l’horizon s’est éclairci, Et saint Georges, fermentant d’ors, avec des plumes et des écumes au poitrail blanc de son cheval sans mors, descend… Il vient en bel ambassadeur du pays blanc, illuminé de marbres où, dans les parcs, au bord des mers, sur l’arbre de la Bonté, suavement croît la douceur… Le saint Georges, cuirassé de clair, a chassé les bêtes malfaisantes des mauvaises rêveries ; il a débarrassé le ciel des terrifiantes images. […] Cette campagne flamande des bords de l’Escaut, où le poète naquit, « est un pays de moulins, de vanniers, de cordiers, de passeurs d’eau…79 ». […] Mais elles évoquent, avec une singulière puissance, avec une telle intensité que l’ardent éclat de l’image supplée au charme qui lui manque, l’âme du pays flamand, l’esprit d’une race grossière et forte, sensuelle dans son rêve, dans l’obscure épouvante de ses hallucinations. […] Sa note personnelle, dans la Cueille d’Avril et les Cygnes, est une sereine, alerte et jeune gaieté dans la Nature toute neuve et fraîche, une poésie primesautière, de belle ardeur et de confiante joie : J’errais en un pays sans nom, parmi des fleurs, Sans rêve et sans passé, joyeux de joie étrange, Enfantin et riant des sons et des couleurs, Dans ma virilité virginale d’archange… Les descriptions sont fines et jolies, souvent même d’une assez grande puissance évocatrice et, dans la série des poèmes de la mer, où le procédé littéraire se fait parfois un peu trop sentir, tel coucher de soleil, où des lueurs d’incendie mêlées d’âpres fumées s’élèvent des « décombres du jour », est d’un magnifique éclat.
On se perdait dans la liberté de l’esprit comme dans un pays sans routes tracées. […] Il est probable que toutes ces agitations dans sa vie et dans son pays contribuèrent à répandre sur le dernier livre des Essais, publié en 1588, une couleur plus sombre. […] Et s’il se trouvait que, dans quelqu’un de ces pays, l’opinion eût attaché une idée de devoir à des actes semblables, ce serait tout bonnement qu’une raison avilie, courtisane sans pudeur, serait venue au secours d’un sentiment dénaturé, et qu’à force de mentir aux autres, on serait enfin parvenu à se mentir à soi-même. […] La seule divergence de ses mœurs suivant les pays et les climats prouverait le contraire. […] Mais Moïse est averti qu’il n’entrera pas dans le pays de la promesse, et, comme accablé du poids de la mission divine, il implore de l’Éternel la grâce du repos.
La France est un vieux pays, mais la société française moderne est très jeune ; elle date de soixante-dix ans à peine. […] Nature en même temps poétique et sensée, âme d’artiste ouverte à toutes les émotions brillantes et sensible à tous les souffles qui viennent du pays des passions, cœur honnête habité par tous les sentiments qui sont l’honneur des existences droites et simples, il s’est trouvé dès ses débuts partagé entre deux instincts contraires et sollicité par deux voix qui lui parlaient un langage différent. […] Il en est de même des œuvres créées par les grands artistes ; elles appartiennent à une époque et à un pays particuliers, mais les hommes de tous les temps et de tous les lieux viendront converser avec elles sans épuiser jamais leur signification. […] Refaisant pour son instruction personnelle tout le chemin déjà parcouru par ses prédécesseurs, il faut que, sans s’arrêter à aucune des stations que chacun d’eux a occupées, il pénètre plus avant qu’aucun dans ce pays de la beauté aux aspects infinis, qu’il décrive des régions sinon plus grandes au moins plus inconnues, dût-il se résigner à ne décrire que la majesté d’un steppe nu ou la mélancolie d’un marécage. […] Comme la familiarité menaçante de la nourrice Uberta, lorsqu’elle s’aperçoit que Cordeliacherche à sauver le meurtrier de son fils, donne un juste sentiment de cette égalité que les Italiens ont toujours su trouver dans l’excès de la passion, et que l’élan de véhémence qui porte la fille des Saraceni à étancher la soif de l’homme qui l’a déshonorée et qu’elle vient de frapper il n’y a qu’un instant est bien de son temps et de son pays !
Antigone refuse d’obéir à la loi civile (et religieuse) de son pays pour obéir à la « loi non écrite » (c’est elle qui parle ainsi) qu’elle porte en son cœur. […] Elle a la conscience qu’elle est, elle-même, une source de moralité plus haute et plus pure que la loi de son pays. […] Je vois dans Madhava une bonne sorcière qui plane sur son char à peu près uniquement pour nous décrire, et, dans un tableau magnifique, tout le pays qui va de la rivière de Para à la rivière Lavana, et qui est un très beau pays. […] C’est qu’il est poète, et que la féerie est un pays enchanté où se promène, se divertit, s’égaie et s’amuse éperdument sa libre et capricieuse imagination de poète. […] Autrement dit, il écrit une histoire orientale, curieuse, subtile et troublante, avec ce goût des choses d’amour et de guerre en pays lointains et confus, qui est goût de poète, goût de chercheur de sensations inconnues et rares.
Ce n’est pas moi qui aurais fait allusion aux infortunes conjugales de l’amphitryon. » Un aéronaute opérant sa descente dans un pays inconnu, avant de toucher terre, demande à un paysan : « Où suis-je ? […] Tolstoï fait une exception pour Falstaff), mais qu’en général en aucun pays, aucun temps n’ont pu parler des êtres vivants. […] Cependant, c’est à Munich que Hebbel commença d’avoir du génie, et son nom, contre vents et marées, commençait à se répandre en pays allemands. […] Je ne sais pas de quel pays était la Laïs du temps de Démosthène. […] De quel pays est donc M. du Bois ?
De même « la Bavière idéale de Musset, avec ses princes invraisemblables et ses étudiants exquis vous donnera l’impression d’un pays bleu, peuplé de fantômes légers, et vous n’auriez aucun étonnement à voir apparaître quelque Titania ou quelque Obéron parmi les bleuets au milieu desquels est assis Fantasio ». […] Tout le monde connaît : « lasciate » et « le souvenir heureux dans les jours de douleur » sans avoir lu Dante, comme on connaît : « Sais-tu le pays où fleurit l’oranger ? […] On l’a envoyé dans un pays de grèves. Ceci, par le temps qui court, est insuffisant pour spécifier très nettement le pays, et, mettons donc qu’il a été envoyé dans une préfecture quelconque. […] Par tout pays il faut savoir subir la conséquence de ses actes
Enfin, pour que la différence fût complète entre cet auteur et la plupart des écrivains de son pays, La Fontaine était privé complètement du don de la causerie brillante et de la séduction personnelle. […] Il me semble que les bizarreries de cette nature concentrée s’éclairent d’un jour singulier, si l’on veut admettre que La Fontaine fut simplement un des artistes de notre pays auquel tout ce qui n’était pas son art fut le plus complètement indifférent. […] M. d’Aurevilly donnait chaque semaine au journal le Pays une étude littéraire sur un des livres parus de la veille. […] Les mariages se font de plus en plus fréquents de province à province et de pays à pays, — d’où il résulte que l’homme s’attache de moins en moins à un sol et consent de plus en plus à mener sans douleur une vie errante. […] N’y a-t-il pas quelque naïveté en effet, et une étonnante inconséquence, à prétendre respecter son pays d’une part, lorsque, de l’autre, on ne respecte rien de ce qui fait la vigueur d’un pays : la chasteté des hommes, la grande et entière simplicité du cœur, le profond sérieux de la vie morale ?
Les pensées qui sont nées et qui ont bourgeonné dans un pays ne manquent pas de se propager dans les pays voisins et de s’y greffer pour une saison ; ce qui nous arrive est déjà arrivé vingt fois dans le monde ; la végétation de l’esprit a toujours été la même, et nous pouvons, avec quelque assurance, prévoir pour l’avenir ce que nous observons pour le passé. […] Il apparaît comme eux dans tous les pays civilisés. […] C’est celle que Carlyle a prise ; c’est par elle que la religion et la poésie dans les deux pays se correspondent ; c’est par elle que les deux nations sont sœurs.
Malgré certaines aridités, dues à la multiplicité des détails, l’œuvre du comte Tolstoï se présente avec une telle supériorité sur les romans plus ou moins russes que nous subissons depuis quelques années, qu’il faut la placer au premier rang ; les samowards, les droskis, les moujiks, tout le bagage banal des « faiseurs de russe » sont distancés, et puissent-ils retourner au pays des lieux communs où ils sont nés ! […] J’ajouterai, dussent d’autres clichés m’être jetés également à la tête, que je ne connais pas dans l’Enfer de pages plus effroyablement dramatiques que celles que je viens de citer, et que si Dante les avait écrites elles seraient depuis longtemps classiques dans notre pays. […] Le pauvre petit bohémien, recueilli par un brave homme, est appelé Pitchoun par les gens du pays. […] — Monseigneur, ai-je répondu après un moment d’embarras, vous connaissez aussi bien et mieux que moi l’état du monde et de notre pays en ce temps-ci… Vous savez que je n’y suis pas malheureusement une exception… les hommes de foi y sont rares… et souffrez que je vous dise toute ma pensée, Monseigneur : si je devais avoir l’inconsolable amertume de renoncer au bonheur que j’avais espéré, êtes-vous sûr que l’homme à qui vous donnerez un jour ou l’autre Mlle votre nièce ne serait pas quelque chose de pire qu’un sceptique et même qu’un athée ?
Faisons des grands écrivains de notre pays la base de notre éducation littéraire. […] Un pays, une contrée ne peuvent se décrire par le menu. […] Peindre un pays n’est pas faire de la description générale. […] Si les détails eussent convenu à n’importe quel pays, il aurait fait précisément de la description générale. […] Quant à Rossini, il n’était pas de Naples, pays des lazzaroni ; il était né à Pesaro (Marches).
C’est le pays du mélange, le pays des mulets et des vipères ». […] Le hasard a fait que je connaisse fort bien ce pays des Ardennes. […] La terre lui sembla belle, la forte terre ardennaise, pays de forges, d’étangs et d’ardoisières. […] Il fut de l’humanité, de son temps, de sa race, de son pays. […] Au besoin, il crée la même des pays enchantés.
Je définis la cour un pays où les gens, Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu’il plaît au prince, ou, s’ils ne peuvent l’être, Tâchent au moins de le paraître. […] Le seigneur du pays l’a longtemps taillée et foulée à merci. « C’est sur eux qu’il fondait sa cuisine. » « Viviers et réservoirs lui payaient pension. » Mais le voilà vieux, et la pension se fait attendre ; en conséquence, il prend tout d’un coup le ton familier, et se fait populaire. […] Les paysans du bon pays de France sont gausseurs par nature, mais leurs plaisanteries ressemblent aux taloches qu’ils s’assènent quelquefois par plaisir dans leurs fêtes, et qui pourraient assommer un boeuf.
… Puisqu’il en est ainsi, pensa Kobus, tâchons au moins de profiter de notre souffle, pendant qu’il nous est permis de souffler. » Or, durant quinze ans, Fritz Kobus suivit exactement la règle qu’il s’était tracée d’avance ; sa vieille servante Katel, la meilleure cuisinière de Hunebourg, lui servit toujours les morceaux qu’il aimait le plus, apprêtés de la façon qu’il voulait ; il eut toujours la meilleure choucroute, le meilleur jambon, les meilleures andouilles, et le meilleur vin du pays ; il prit régulièrement ses cinq chopes de bockbier à la brasserie du Grand-Cerf ; il lut régulièrement le même journal à la même heure ; il fit régulièrement ses parties de youker et de rams, tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre. […] Puis il fit le tour du marais, entra dans un pays aride, toujours à la recherche de sa fine fleur ; mais il ne trouva même plus de mousse. […] Plus d’une belle fille l’observait d’un œil sévère, cherchant quelque chose à reprendre, tandis que son joli bras, nu jusqu’au coude, suivant la mode du pays, reposait sur le bras de Fritz avec une grâce naïve ; mais deux ou trois vieilles, les yeux plissés, souriaient dans leurs rides et disaient sans se gêner : « Il a bien choisi !
Nous ne cessâmes de le pleurer, et quant à moi je le pleurerai jusqu’à ma dernière heure, s’il est permis de pleurer la perfection qui quitte ce séjour de misères pour habiter le pays des vérités éternelles. […] Ce gouvernement ne méritait pas de regrets un jour, parce qu’il avait contribué lui-même à la démolition du régime de ses parents ; puisque ce régime avait été vaincu et chassé, en se déclarant incompatible avec le régime constitutionnel modéré, il fallait laisser le roi vaincu fuir dans l’exil, mais garder son héritier innocent sous la tutelle du pays. […] Paul fut aussi surpris et aussi troublé à la vue de ce grand papayer chargé de fruits, qu’un voyageur l’est, après une longue absence de son pays, de n’y plus retrouver ses contemporains, et d’y voir leurs enfants, qu’il avait laissés à la mamelle, devenus eux-mêmes pères de famille.
Et d’autre part, il est évident pour tous combien serait imparfaite la protection donnée au travail des ouvriers si elle l’était par des lois différentes que chaque peuple élaborerait pour son compte, car les marchandises diverses venues de divers pays se rencontrant sur le même marché, certainement la réglementation imposée ici ou là au travail des ouvriers aurait cette conséquence que les produits de l’industrie d’une nation se développeraient au préjudice d’une autre. […] On voit encore une fois que tout cela n’a rien de commun avec la question de savoir si les « institutions charitables » sont plus nombreuses et mieux administrées en pays catholique qu’en pays protestant.
Toujours, l’étrange et le lointain aura eu un attrait ; on se sera raconté avec émerveillement des récits fabuleux sur les joyaux, les royaumes, les capitales de rêve des pays inconnus. […] Il existe dans beaucoup de communes des amateurs archéologues, qui consacrent leurs loisirs à écrire l’histoire de leur pays. […] Une famille vivant heureuse dans un lointain pays, tant qu’elle demeure hors des atteintes de la civilisation. […] Rien n’est plus déconcertant que cette immuable banalité de l’éloquence religieuse, non seulement en France, mais dans presque tous les pays d’Europe. […] Le sermon et le speech laïque furent toujours à la mode dans ce pays de discussion en plein air.
Relativement peu éloigné de l’Italie et sans cesse en communication et trafic avec ce pays, Lyon entendit les Muses s’éveiller à la voix de Guido Cavalcanti et de Guido Guinicelli, ces deux poètes si fameux avant la venue de Dante. […] Il faut croire qu’il quitta fort jeune son pays d’origine, car il dit dans une de ses odes : O Terre, en qui j’ai pris naissance, Terre, qui ma première enfance Allaitas de ton cher tetin, Mais, hélas ! […] Ils avaient trouvé un pays désert et glacé, habité par un peuple rustaud, arrogant, intempérant, mal vêtu et logé dans des huttes enfumées. […] C’est en ce moment qu’il composa son Adieu à la Pologne, satire véhémente et comme remplie d’une joie de délivrance : Adieu, Pologne, adieu, plaines désertes, Tousjours de neige et de glaces couvertes, Adieu, pays, d’un éternel adieu ! […] Vauquelin de La Fresnaye vivait retiré dans son pays de Normandie.
Là, vêtu à l’orientale, roulant entre ses doigts les grains du chapelet d’ambre, il aime à se souvenir des belles et douces heures passées au pays des minarets, à écouter le murmure des fontaines et à suivre l’ombre mobile des cyprès. […] Il m’expose sa généalogie et comment il descend de l’empereur Nerva ; il me dit sa poétique jeunesse au doux pays d’Ile-de-France dont son âme reste à jamais enchantée et où lui apparurent les figures les plus ressemblantes à son rêve. […] Ce remarquable sens critique, Baudelaire eut l’occasion d’en donner la preuve dans la série d’articles que le Pays inséra en 1855, sous ce titre : Exposition Universelle — Beaux-Arts. […] Nous y trouverons bien plutôt, exprimés en un langage de poète, le charme des pays lointains et des cieux inconnus, la beauté du monde, la face universelle de la terre et ce qu’il a vu en ses longues courses marines … Mais les rivages où il a abordé n’ont jamais eu pour lui de brisants et d’écueils. […] Vous vous proposiez d’y voir quelques bons tableaux, d’y entendre de la bonne; musique et d’y recueillir quelque connaissance des mœurs du pays, tout en vous rendant compte que cette connaissance ne pouvait que rester fort imparfaite, et bien décidé à ne pas vous exposer à en parler « tout de travers ».
L’amant désespéré, contraint sans doute de quitter pour un temps le pays, fit un voyage, soit peut-être dans l’Inde, soit plus probablement en France175. […] Cette dame vint s’établir à Saint-Denis ; elle eut pour sa fille adoptive des soins vraiment maternels, et se conduisit toujours de manière à passer aux yeux de tous pour la véritable mère. « J’ai particulièrement connu, nous écrivait un de nos amis créoles, la personne qu’on dit être la fille de Parny : déjà d’un certain âge quand je la vis, elle a dû être fort jolie, sinon belle ; de taille moyenne, blonde avec des yeux bleus, elle passe pour avoir eu quelque ressemblance avec Éléonore, dans la mémoire, peut-être complaisante, de quelques anciens du pays.
On ne peut tenir une plume avec honneur dans notre pays qu’en faisant de la vérité l’objet de ses recherches, qu’en doutant pour mieux assurer ses croyances, qu’en ne communiquant aux autres que ce qu’on tient soi-même pour évident. […] Il a le premier parlé, dans notre pays, la langue de la mélancolie, cette passion dont le christianisme a enrichi la nature humaine, et qui est comme un certain détachement des joies et des plaisirs de la terre, par lequel nous sommes préparés doucement à la séparation irrévocable.
Il y a, je le sais, des éléments communs que l’examen de tous les peuples et de tous les pays rendra à l’analyse. […] La vue d’un Levantin excite en moi un sentiment des plus pénibles, quand je songe que cette triste personnification de la stupidité ou de l’astuce nous vient de la patrie d’Isaïe et d’Antar, du pays où l’on pleurait Thammouz, où l’on adorait Jéhovah, où apparurent le mosaïsme et l’islamisme, où prêcha Jésus !
Le dernier travail de rédaction, au moins du texte qui porte, le nom de Matthieu, paraît avoir été fait dans l’un des pays situés au nord-est de la Palestine, tels que la Gaulonitide, le Hauran, la Batanée, où beaucoup de chrétiens se réfugièrent à l’époque de la guerre des Romains, où l’on trouvait encore au IIe siècle des parents de Jésus 27, et où la première direction galiléenne se conserva plus longtemps qu’ailleurs. […] Une observation qui n’a pas été une seule fois démentie nous apprend qu’il n’arrive de miracles que dans les temps et les pays où l’on y croit, devant des personnes disposées à y croire.
Au contraire, dans le pays allemand, si scandinave encore, les noms et les faits de l’antique théogonie norvégienne sont familiers à tous. […] Si le cancan passe à l’étranger pour notre danse nationale, il ne convient pas que ce mime cancan soit considéré comme la seule musique de notre pays.
Quand en 1851, dans mon premier livre, je témoignais mon admiration pour l’art japonais et que je me permettais de dire que l’art industriel de ce pays était supérieur à l’article Paris, un journaliste a demandé que je fusse enfermé à Charenton comme coupable de mauvais goût ; aujourd’hui je crois que ledit journaliste a plus de chance d’y être mené que moi par le goût public. Quand j’entreprenais la réhabilitation des peintres du xviiie siècle, — mon ami Burty l’a imprimé, — la bibliographie des revues d’art graves rougissait de mentionner seulement les noms de ces peintres de notre pays.
Et sur la jolie femme, devenue la puissance du moment, il parle curieusement de son échec diplomatique en Russie, et donne de cet échec l’originale raison que voici : elle n’a pas moralement parlant, et selon une expression du pays, la chair froide des princesses Troubetzkoï, et autres femmes de la diplomatie russe. […] Partout aux murs des assiettes de tous les temps, de tous les pays.
Non, je ne crains pas d’affirmer, après les avoir étudiées dans tous les états et dans tous les pays, que la vie ne vaut pas le prix de travail, de misère, de peines, de supplices par lequel on achète la vie, et que, si on mettait, au dernier jour, dans les deux bassins d’une balance, d’un côté la vie physique, et de l’autre ce que coûte le pain qui a alimenté la vie physique, le prix que l’existence physique coûte ne parût supérieur à ce qu’elle vaut, et qu’à fin de compte ce ne fût la peine qui fût redevable à la vie ! […] Non, ce n’est plus en lui l’homme de ses habits, C’est l’homme de l’air vierge et de tous les pays.
Cette espèce eût été vivante, mais assez rare, aucun naturaliste n’aurait été surpris de sa rareté ; car nombre d’espèces sont rares dans toutes les classes et dans tous les pays ; et, si l’on demande quelles sont les causes de leur rareté, nous répondons que sans doute les conditions de vie locales leur sont défavorables en quelque chose. […] En ces divers pays, si éloignés, les restes organiques de certaines couches présentent une ressemblance frappante avec ceux de nos formations crayeuses.
A vrai dire, la psychologie n’a jamais été l’étude de prédilection de notre pays, dont le génie, si nous ne nous trompons, se prête bien mieux à la déduction logique et même à la spéculation métaphysique. […] Au fond, sa doctrine est le sentiment de bien des médecins de tous les temps et de tous les pays.
On lui donna même pour récompense la Torre della Nunziata, près la Torre del Greco, un des beaux châteaux et la première baronnie du pays.
Si vous ne me promettez pas, lui dis-je en la conduisant, de me recevoir demain chez vous à onze heures, je pars à l’instant, j’abandonne mon pays, ma famille et mon père, je romps tous mes liens, j’abjure tous mes devoirs, et je vais, n’importe où, finir au plus tôt une vie que vous vous plaisez à empoisonner. — Adolphe !
Si l’on essaye pourtant (car la pensée va d’elle-même) de se figurer ce qu’eût été Joubert devenu maréchal d’Empire, il me semble que l’illustre maréchal Suchet nous en donne assez bien l’idée : un militaire brave, instruit, progressif, un parfait lieutenant, capable de conduire à lui seul des opérations circonscrites, administrateur habile et intègre, combinant des qualités militaires et civiles, se faisant aimer même dans les pays conquis.
Je me trouvai de la Résistance ; j’aurais été tout aussi volontiers du Mouvement, et même plus volontiers. » Il méprisait en effet la bourgeoisie, tout en défendant l’ordre public ; il avait en pitié le pays légal tout en le servant.
Et ne dites point, je vous prie, que c’est avec la force que lui, catholique, fit alliance à ce moment ; ou bien ajoutez que ce fut avec la force vive et le cœur même du pays.
Nous ne sommes pas, selon toute apparence, au bout de ces petits tremblements de terre (ou de textes) qui ne laissent pas de changer la face du pays dans le grand siècle : Là aussi on nous débâtit de toutes parts notre vieux Paris, et on nous en refait un tout neuf.
Mais Perrault, tout en contant pour les enfants, sait bien que ces enfants seront demain ou après demain des rationalistes ; il est du pays et du siècle de Descartes.
Animé d’une plus belle ardeur que jamais, heureux, comme peu d’hommes de son âge le sont, d’avoir trouvé une occasion tardive de déployer ses talents et de consacrer à son pays ses vertus guerrières, il s’apprêtait à frapper quelque coup au centre ou au revers des montagnes, qui eût fait une diversion puissante et opportune aux opérations principales que concertait en ce même temps le brave et habile Dugommier.
Il est très-utile d’abord de commencer par le commencement, et, quand on en a les moyens, de prendre l’écrivain supérieur ou distingué dans son pays natal, dans sa race.
Il a une mission ; il s’est chargé de décrire un monument historique, un vieux cloître ruiné en Normandie, et, pour mieux faire, il s’est établi dans un moulin, passant le jour à courir le pays ou à dessiner.
La nature ne manque pas de faire naître dans tous les pays des esprits et des courages élevés, mais il faut lui aider à les former.
Le mérite de ses pièces dramatiques n’égale pas celui qu’il a eu de se former en ce pays-là, où il fait toutes sortes de personnages, où il complimente avec la foule, où il blâme et crie dans le tête-à-tête, où il s’accommode à toutes les intrigues dont on veut le mettre ; mais celle de la dévotion domine chez lui : il tâche toujours de tenir ceux qui en sont le chef.
« Il ne faut pas dire : « Il n’y a pas eu d’hommes d’État dans tel pays, car s’il s’y en était trouvé, ils se seraient élevés comme Cromwell, lequel a prouvé, ainsi que d’autres, qu’il n’était pas nécessaire d’être né sur le trône. » Cela n’était pas nécessaire pour lui, mais l’était pour d’autres qui, moins en état de s’élever comme lui, ou plus scrupuleux sur le choix des moyens, sont restés simples particuliers.
On a réussi dans le lyrique, c’est-à-dire dans l’ode, dans la méditation, dans l’élégie, dans la fantaisie, dans le roman même, en tant qu’il est lyrique aussi et individuel, je dirai plus, en tant qu’il rend l’âme d’une époque, d’un pays : mais ceci s’éloigne.
Elle est la seule dont la puissance ne se démontre pas également dans tous les temps et dans tous les pays.
Il alla dans sa jeunesse (avant 1186) en Bretagne : c’est là qu’il fit la jolie chanson les Oisillons de mon pays — ai ois en Bretagne.
Pichot,Voyage historique et littéraire en Angleterre et en Ecosse, 3 vol. in-8 (réimpr. 1826, 3 vol. in-12 ; il y a des chapitres sur le pays, les peintres, le théâtre depuis Shakespeare, Cowper, les Lakistes, Moore, Byron, W.
Ainsi comprises, les études communes, poursuivies avec le même esprit dans tous les pays civilisés, forment au-dessus des nationalités restreintes, diverses et trop souvent hostiles, une grande patrie qu’aucune guerre ne souille, qu’aucun conquérant ne menace, et où les âmes trouvent le refuge et l’unité que la cité de Dieu leur a donnés en d’autres temps. » Et voici une autre page où cet amour de la vérité s’exprime comme ferait la foi jalouse d’un croyant, en laisse voir les scrupules, les délicatesses, les pieuses intransigeances : … Il y a au cœur de tout homme qui aime véritablement l’étude une secrète répugnance à donner à ses travaux une application immédiate : l’utilité de la science lui paraît surtout résider dans l’élévation et dans le détachement qu’elle impose à l’esprit qui s’y livre ; il a toujours comme une terreur secrète, en indiquant, au public les résultats pratiques qu’on peut tirer de ses recherches, de leur enlever quelque chose de ce que j’appellerai leur pureté.
Non, l’originalité de Heredia vaut mieux que d’un spécialiste du pays chaud et du poème froid.
Vous n’ignorez pas qu’on compte en notre pays dix lectrices pour un lecteur, et vous connaissez mieux que moi la pauvreté d’études et de lectures qui caractérise la bourgeoise française, son ignorance crasse.
* * * Stanislas de Guaita, né en 1861 au château d’Alteville, dans le pays de Dieuze, était un Lorrain blond.
Lisez encore ces romans où l’auteur nous transporte dans une société qui n’a jamais existé, comme a fait Voltaire en nous décrivant le merveilleux pays d’Eldorado, ou comme font de nos jours les frères Rosny en nous introduisant dans les profondeurs de la terre7, dans la région des cavernes mystérieuses, des pâturages blancs, des grandes chauves-souris aux ailes de neige.
Mais jamais, en aucun cas, ils n’ont blasphémé nos vraies gloires, et leur patriotisme se révolte lorsqu’ils voient des ouvrages inférieurs, médiocres, détestables, sots poèmes et ignobles musiques, donnés en tous pays comme des productions très excellentes de notre art national.
On se moque, dans presque tous les pays protestans, d’un prédicateur qui se livre à son imagination.
Cousin, émule de Schleiermacher, voulut faire pour notre pays ce que celui-ci avait fait pour le sien, nous retremper à la grande source de la philosophie antique et nous rendre l’intelligence du passé en nous mettant en commerce intime avec le plus illustre de ses représentants.
Et dans cet ordre d’idées notons un recueil de lois et de coutumes du pays de Vermandois, composé au xiiie siècle par le bailli Pierre de Fontaines et qu’il appela Conseils à un ami.
Ne disons cependant point comme ce preux chevalier qui mérita si bien d’être roi du beau pays de France, ne disons point, Tout est perdu, fors l’honneur ; n’avons-nous pas sauvé plus que l’honneur, puisque nous avons sauvé, non point celles de nos institutions qui avaient vieilli, et qui étaient destinées à périr, mais celles d’où devaient naître nos institutions futures ; puisque nous avons sauvé ce qui toujours flatta le plus les nations, une existence qui se perd dans la nuit des temps ; une existence qui, pour nous, est antérieure à toutes les sociétés actuelles ; une existence de quatorze siècles ; puisque nous avons sauvé enfin notre magistrature sur l’Europe ?
Alfred de Vigny, lui-même, ce cygne, s’abattit un instant, sur cette mare… Avec une vanité littéraire qui ressemblait à de l’hystérie, Mme Louise Colet, ce bas-bleu putipharéen, aux Joseph récalcitrants parmi les faiseurs d’articles — comme Sainte-Beuve, par exemple, qui n’entendit jamais à rien et qui lui jeta, à cette lamproie, son secrétaire, Octave Lacroix, pour s’en débarrasser, Mme Colet avait trop d’impétuosité dans l’amour-propre pour être habile ; mais elle n’en était pas moins intrigante au profit du talent qu’elle croyait avoir ; dévouée, corps et âme, à sa fortune littéraire et à des besoins de publicité dont aucune femme n’eut la rage au même degré qu’elle… Son ambition était d’être poëte, encore plus qu’écrivain…, mais cette femme du pays de la poésie facile, cette Phocéenne plus de Marseille que de Phocée, était, en poésie, à ses compatriotes Barthélémy et Méry, ce qu’un sureau vidé est à des flûtes.
L’air manque, la vue se trouble ; on n’est plus en pays humain, on n’aperçoit d’abord qu’un entassement d’abstractions formidables, solitude métaphysique où il ne semble pas qu’un esprit vivant puisse habiter ; à travers l’Être et le Néant, le Devenir, la Limite et l’Essence, on roule, la poitrine oppressée, ne sachant si jamais on retrouvera le sol uni et la terre.
Quand il veut faire travailler à Pauline La logique de Condillac, lui faire apprendre par coeur L’art poétique de Boileau, dont il dira ensuite pis que pendre, ses conseils partent évidemment d’un fonds moins important, moins vraiment stendhalien que lorsqu’il veut lui faire prendre, en 1805, l’habitude d’analyser les personnes qui l’entourent (« l’étude est désagréable, mais c’est en disséquant des malades que le médecin apprend à sauver cette beauté touchante ») ou lorsqu’il contracte dans ses premières relations montaines l’aptitude à traduire par une algèbre psychologique les valeurs les unes dans les autres (" notre regard d’aigle voit, dans un butor de Paris, de combien de degrés il aurait été plus butor en province, et, dans un esprit de province, de combien de degrés il vaudrait mieux à Paris. " ) c’est à cette époque que Stendhal s’accoutume (héritier ici de Montesquieu qui ne paraît point, je crois, dans ses lectures) à rattacher instantanément un trait sentimental à un état social, à mettre en rapport par une vue rapide le système politique d’un pays avec ses façons de sentir.
Jaillissant d’une telle source, le mal s’est répandu sur le pays et sur le peuple.
Si elle voyait un sac de blé, aussitôt commençait dans son cerveau un travail de numération sur le nombre des grains contenus dans la ville, dans la région, dans le pays tout entier Elle confessait que non seulement elle se sentait entraînée par une force irrésistible à faire des calculs aussi étranges, mais que ces idées fixes étaient si bien organisées que si, pendant ce pénible travail, elle était interrompue par l’impossibilité d’aller plus loin ou par quelque autre cause, elle éprouvait un sentiment d’angoisse avec des souffrances physiques inénarrables36. » On me signale un jeune homme qui passe la meilleure partie de son temps à calculer l’heure de départ et d’arrivée, pour chaque station, des trains de chemin de fer sur toute la surface du globe. Il gratifie même de voies ferrées les pays qui n’en ont pas, et règle à son gré ce service imaginaire. […] Tous, dans tous les pays, dans tous les temps, sans se connaître, ont considéré l’unité parfaite de la conscience, l’ Ἔννοσις, comme la consommation suprême de l’extase, rarement atteinte. […] Il est probable qu’on en trouverait d’autres, en fouillant la littérature mystique des divers pays.
Il s’était fondé à Leipzig, sous la direction du célèbre Gottsched, une école qui se proposait, par une habile imitation du théâtre français, de donner une littérature dramatique à son pays. […] Il l’avoue hautement lui-même dans ses Mémoires ; et lorsque, entrant en France, il franchit le Var, c’est l’ombre de Molière qu’il invoque pour lui servir de guide dans ce nouveau pays. […] Mais il serait aisé de suivre la piste de cette influence chez des nations dont la littérature est moins célèbre, et semble circonscrite au pays où se parle la langue qu’elle emploie. […] Legrelle, Holberg, qui est très populaire dans son pays, et qui, si j’en juge par les extraits qu’a donnés le jeune professeur, est un bon écrivain comique de premier ordre. […] J’ai joué ces deux pièces dans presque toutes les villes de ces pays, et partout l’on a trouvé que j’étais dans la véritable tradition de Molière.
Ces pays nous empruntent aussi les modes de nos femmes, et l’on sait que ce ne sont pas nos meilleurs écrivains qui y sont applaudis. […] On est même allé plus loin, on a prétendu qu’il était impossible de bien connaître l’homme, si on ne l’analysait pas avec son vêtement, sa maison, son pays. […] Aussi, quelle étrange idée, d’être allé choisir la Suède, qui compte si peu dans les sympathies populaires de notre pays ! […] Il a imaginé une création énigmatique, Ruskoé, un bossu, un chétif, qui, ne pouvant servir, son pays par l’épée, le sert à sa manière en se faisant espion. […] Ensuite, c’est Stencko, qui veut enlever Mikla ; là, apparaît Marutcha, une sorte de prophétesse qui conduit les Cosaques au combat, et Marutcha décide les jeunes gens à se sacrifier pour leur pays.
J’ai donc chance de voir du pays et d’aller de la Chine au lac Salé, et du lac Salé au grand Sahara. […] Et enfin, — suprême habileté, — le poète a voulu que Constantin conciliât en quelque manière ces deux devoirs opposés, puisqu’il tue son père pour le sauver du crime, en même temps qu’il sauve son pays du malheur et de la servitude. […] Déroulède qui a changé, c’est le pays. […] Ce n’est point une de ces anecdotes faciles à déplacer, qui se peuvent adapter indifféremment à tous les siècles et à tous les pays, et où les personnages n’ont d’historique que le nom et le costume. […] Il était interdit aux Européens de 1813 d’être des dilettantes ou de préférer l’ensemble de la planète à leurs pays respectifs.
On ne trouvera pas non plus dans ce volume une vue d’ensemble sur la littérature contemporaine de notre pays. […] Ce qui me rassure, en dépit de l’Exposition universelle et des niaiseries dangereuses qu’elle a inspirées à la plupart de mes compatriotes, c’est qu’il y a encore en ce pays des hommes égaux et peut-être supérieurs, par une certaine faculté de comprendre, à tous les écrivains des siècles passés. […] Ces bons Alsaciens qui avaient ainsi ménagé à leurs amis et aux passants les « repos » et les « rendez-vous » m’ont enseigné quelle sorte de bien peuvent faire ceux qui ont vécu aux pays de l’esprit et s’y sont longtemps promenés. […] Si j’avais le moyen, j’adopterais une petite fille ; mais ce monde, et surtout ce pays-ci, est si incertain, que je n’ose me donner ce luxe. […] Je pense qu’un pays où se forma la plus belle société, du monde est le plus beau des pays.
À petits pas, en de belles promenades, il a visité presque tous les pays de la pensée humaine. […] Il sermonna mêmement les Flandres et les Espagnes, et les pays d’Allemagne. Il prêchait en français, du moins dans les pays français, et se faisait comprendre également des peuples de langue d’oïl et des peuples de langue d’oc. […] Une fois instruits, il les lâcha dans le pays où ils firent retentir leur leçon. […] On voit bien qu’il est d’un pays où l’on vit de dattes et d’olives, et où il est doux de boire l’eau du torrent dans le creux de la main.
Plus ordinaire chez les femmes que chez les hommes, qui ont trop de facilités pour la prévenir ou la dissiper, elle ne laisse pas d’être devenue assez rare chez les femmes elles-mêmes qui, en certains pays et dans certain train de société, ont mille moyens gracieux de l’éluder, de s’en prendre ou de s’en tenir aux semblants. […] Quant aux questions de Médée, elles sont bien naturelles en même temps que finement insinuantes : elle parle d’Orchomène et de l’île d’Æa, parce qu’elle ne connaît guère d’autres pays lointains : de l’un est venu son beau-frère Phrixus, et dans l’autre habite sa tante Circé.
Roger monte à son tour l’hippogriffe, cheval ailé qui le transporte avec l’indocilité du caprice et avec la rapidité de la pensée d’un pays à l’autre ; l’hippogriffe s’abat en Sicile, dans une délicieuse vallée plantée de myrtes. […] Le pèlerin se mit aussitôt à jouer plusieurs airs différents, et le petit chien, ajustant ses sauts à la mesure, exécuta des danses variées de tous les pays, et parut obéir à son maître avec tant d’intelligence que tous ceux qui le regardaient ne prenaient pas le temps de cligner les yeux et osaient à peine respirer.
« Mais enfin, dis-je à ce garçon, vous êtes un pays constitutionnel, vous avez des chambres, vous devez avoir une opposition. […] M. de Manteuffel rendait ainsi, par des voies mystérieuses, un signalé service aux puissances occidentales, en même temps qu’à son pays, car si le dernier mot de la guerre était resté à la Russie, la Prusse serait retombée sous la pesante tutelle de la cour de Saint-Pétersbourg.
M. de Sismondi, dans son bel ouvrage sur les littératures du midi, a tracé le caractère de la poésie de l’Italie et de l’Espagne dans son rapport avec la religion et l’état politique de ces deux pays. […] Peu à peu les étrangers jouèrent en Allemagne un plus grand rôle que les gens du pays.
Les Mayens, on appelle ainsi sur la montagne les lieux où vont dès le mois de mai les nobles Valaisans, les patriciens du pays, aujourd’hui dépossédés de leur influence.
Amenée jeune en France par ses parents pendant les troubles civils de son pays, elle avait été élevée au monastère de Port-Royal et y avait toujours conservé des attaches.
Il avait déjà commencé ce poème avant les événements politiques qui le mirent à la tête des affaires de son pays, et qui bientôt le firent bannir de Florence à l’âge de trente-sept ans (1302), pour errer près de vingt ans encore (1321) sans y rentrer jamais.
Il a très bien montré que c’était une grande nouveauté alors en France de lire Homère en grec, que dans l’Université même, et parmi ceux qui passaient pour doctes, on ne s’en avisait que depuis peu, et il en a fait un mérite à notre poète, qui, non content de l’étudier sans cesse, voulait encore l’imiter, le reproduire, et doter son siècle et son pays d’un poème épique : vain effort, mais noble pensée !
L’amour des peuples n’est que de l’estime… Le roi m’écrit qu’il veut revenir à Morfontaine : il croit me mettre dans l’embarras ; il profite d’un moment où j’ai, en effet, assez d’autres occupations… Il me menace, quand je lui laisse mes meilleures troupes, et que je m’en vais à Vienne seul avec mes petits conscrits, mon nom et mes grandes bottes… Il dit qu’il veut aller à Morfontaine plutôt que de rester dans un pays acheté par du sang injustement répandu.
Je sais bien que justement c’est un reproche, et un reproche fondé à faire à cette aimable société, que ce manque d’aplomb moral qui laissait un vague dangereux à la vertu ; mais n’était-ce pas là l’esprit général du siècle, et n’est-ce pas là la source de tous les maux qui ont ensanglanté notre pays après l’avoir bouleversé ?
De retour à Munich, il n’y put toutefois conjurer l’ascendant des ministres de l’empire ; dans la nouvelle ligue qui se nouait, l’électeur dut se déclarer, en attendant mieux, contre la France, et Villars, pour s’en revenir (1688), eut à traverser en toute hâte des pays ennemis, des populations irritées.
Heureux ceux qui sont d’un pays, d’une province, qui en ont le cachet, qui en ont gardé l’accent, qui font partie de son caractère et de son histoire !
Daubenton seraient bien aises de vous voir en ce pays-ci (à Paris où elle habitait ; elle était allée faire un voyage en Bourgogne) ; mais vous savez, bonne amie, qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre bien ardents sur rien. » C’est dans la même lettre qu’on lit encore : « Dites-moi, jour par jour, bonne amie, votre marche et les lieux que vous habitez ; je donnerais toute ma science pour savoir seulement où vous êtes, et tous mes papiers pour un billet de vous où serait tout ce qui ne s’écrit pas. » Dans cette branche toute particulière et la plus fleurie de la Correspondance, Buffon, qui n’a guère moins de soixante-six ans, paraît un peu amoureux de la jeune dame, si l’on ose bien hasarder (en tout bien, tout honneur) une telle conjecture ; il est galant, il fait l’aimable, il y réussit.
Il reçoit donc une lettre par laquelle le savant journaliste l’informe qu’on vient de trouver en Italie une médaille antique, dont on a fait frapper des copies exactes qui courent en Hollande et qui, selon toute apparence, se répandront bientôt dans tous les pays et toutes les cours de l’Europe ; il compte dans peu de jours en envoyer une à celui même à qui il écrit ; mais en attendant il va lui en faire une description aussi fidèle que possible.
Quand celui qui se trouve appelé à gouverner un pays comme la France en est à ces cas de conscience et à ces petitesses, ce n’est pas de lui qu’on peut attendre qu’il rétablira puissamment ni qu’il restaurera ce grand empire.
Léonce de Lavergne ou Arthur Young ; quand, par exemple, il étudie l’étable et le bétail ; quand il nous montre à l’œuvre et en ardeur de piocher, hiver comme été, le bon bêcheur à son compte ; quand il nous fait assister au premier essai de la nouvelle charrue, de l’instrument aratoire moderne qui a contre soi la routine et bien des jaloux ; quand il nous décrit la race des bœufs du mezenc (montagne du pays) qui, au labour, craignent peu de rivaux, et qui rendent au maître plus d’un office : Le lait, le trait, la chair, c’est triple bénéfice.
Je ne savais pas, je l’avoue, M. de Pontmartin en si piètre état et en si mauvaise posture ; je le croyais sur un meilleur pied dans tous ses mondes ; il me semblait qu’il avait, littérairement, une réputation assez en rapport avec ses mérites, qu’il n’avait pas grand-chose à demander de plus ; et quant à l’Académie, son désir ou son regret aujourd’hui avoué, j’estimais à vue de pays que, du train dont nous y allons et pour peu que nous mourions encore, il avait chance d’y arriver à son tour, — après M.
Il a fait un joli roman, Mademoiselle de Liron, son seul titre vraiment littéraire : son héroïne n’est pas une héroïne, c’est une fille aimable et sensée qui excelle aux soins du ménage et à la pâtisserie du pays, une campagnarde un peu philosophe qui a aimé et failli une première fois, et qui aimera et cédera encore une seconde ; intéressante et sensible, bien qu’un peu grasse23.
Au lieu d’attacher le lecteur par la nouveauté des événements, par l’arrangement et la variété des matières et par une narration nette et pressée…, il essaie, comme la plupart des autres sophistes, de le retenir par des descriptions hors d’œuvre ; il l’écarte hors du grand chemin, et pendant qu’il lui fait voir tant de pays…, il consume et use son attention… J’ai traduit avec plaisir ce roman dans mon enfance : aussi est-ce le seul âge où il doit plaire… » J’en supprime encore.
On peut dire que Bossuet médita de tout temps cet ouvrage, pour lequel il amassait bien des réflexions et des pensées dès les années de son séjour à Metz, lorsqu’il avait sous les yeux le spectacle des Juifs nombreux en ce pays, et qu’il conférait avec les plus savants de leurs rabbins.
Dès à présent je distingue ou crois distinguer de petits chefs-d’œuvre : la Visite, déjà citée, à Paul de Kock ; le Voyage de deux débiteurs au pays de la probité ; Ma femme m’ennuie ; les Réputations de cinq minutes ; le Peintre des morts ; Mon ennemi ; les Dimanches du charbonnier, etc., etc.
Ce mal de faiblesse, d’indifférence, parfois de lâcheté, dans le caractère politique, dont semble travaillé le pays ; ce mal, dont 1814 et 1815 ne furent qu’une des circonstances les plus aggravantes, et dont les causes profondes remontent à des crises bien antérieures, et jusqu’en 91, en 93, au 18 fructidor, au 18 brumaire, etc. ; ce mal-là se concentre tout entier pour M.
Scott, plus insouciant peut-être, et comme un voyageur simplement curieux qui a déjà vu beaucoup de siècles et de pays, mais qui n’est pas las encore, se remettra en marche au risque de repasser, chemin faisant, par les mêmes aventures.
Millevoye s’était marié dans son pays vers 1813 ; époux et père, sa vie semblait devoir se poser.
Mais il y a un si grand foyer de lumières dans ce pays, le gouvernement républicain, par sa nature même, est à la longue tellement soumis à la véritable opinion publique, que les premières conséquences doivent éclairer sur le principe, et qu’on ne persiste pas, dans ce qui ruine, avec l’aveuglement dont plusieurs cabinets monarchiques ont donné l’exemple pendant cette guerre.
Il gardera encore l’harmonie des vers, car l’esprit didactique n’est pas là pour porter la fable dans le pays de la pensée pure, et couper toutes les racines par qui elle tient au domaine des sens.
« On peut avoir de la dévotion pour son prince, pour son pays, pour sa ville, et même pour un homme particulier, lorsqu’on l’estime beaucoup plus que soi » ; mais « son principal objet est sans doute la souveraine divinité, à laquelle on ne saurait manquer d’être dévot lorsqu’on la connaît comme il faut294 ».
Il y a quelque chose de très singulier dans la différence d’un peuple à un autre ; le climat, l’aspect de la nature, la langue, le gouvernement, enfin surtout les événements de l’histoire, puissance plus extraordinaire encore que toutes les autres, contribuent à ces diversités ; et nul homme, quelque supérieur qu’il soit, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l’esprit de celui qui vit sur un autre sol et respire un autre air : on se trouve donc bien en tout pays d’accueillir les pensées étrangères ; car dans ce genre, l’hospitalité fait la fortune de celui qui la reçoit643. » Le conseil était bon et pratique : nous nous en sommes aperçus plus d’une fois en ce siècle, nous autres Français.
Renan a préparé, parmi les incrédules, les esprits qu’il faut pour faire à cette nouvelle attitude de l’Église l’accueil qu’elle mérite ; et, si le mouvement dessiné depuis plusieurs années s’achève, si l’Église redevient, selon son véritable esprit, une grande force démocratique, l’Église en profitera sans doute, le monde plus encore, et notre pays plus que les autres.
Il y a de l’infini et du lointain dans cette mélopée imperturbable et limpide ; cela semble venir en effet du pays des neiges et des steppes démesurées.
C’est au point qu’on pourrait diviser tous ses récits ou tableaux, depuis ses Lettres de mon moulin jusqu’à son premier grand roman, en cinq ou six groupes qui porteraient les noms des pays ou des milieux qu’il a le mieux connus et où il a fait ses plus longs séjours : Nîmes et la Provence, l’Algérie et la Corse, Paris enfin, Paris bohème, Paris populaire, Paris mondain, Paris interlope, Paris pendant le siège.
Mais mon secours pourra lui donner les moyens De sortir d’embarras et rentrer dans ses biens : Ce sont fiefs qu’à bon titre au pays on renomme ; Et, tel que l’on le voit, il est bien gentilhomme.
Cependant son père Grandgousier voyait que son fils étudiait très bien, et qu’il n’en devenait que plus sot chaque jour ; il est fort étonné d’apprendre d’un de ses confrères, vice-roi de je ne sais quel pays voisin, que tel jeune homme qui n’a étudié que deux ans sous un bon maître, et par telle nouvelle méthode qui vient de se trouver, en sait plus que tous ces petits prodiges du vieux temps, livrés à des maîtres dont le savoir n’est que bêterie.
Sur la même colline que Virgile, et un peu plus bas, on verrait Xénophon, d’un air simple qui ne sent en rien le capitaine, et qui le fait ressembler plutôt à un prêtre des muses, réunir autour de lui les attiques de toute langue et de tout pays, les Addison, les Pellisson, les Vauvenargues, tous ceux qui sentent le prix d’une persuasion aisée, d’une simplicité exquise et d’une douce négligence mêlée d’ornement.
Quand elle se sentait en pays sûr et ami, une certaine plaisanterie ne l’effrayait pas.
À Versailles, à deux pas de la Cour, Ducis resta de tout temps un homme de la Savoie, au cœur d’or, aux vertus de famille, sans un jour de désordre ni d’oubli dans les mœurs, chrétien, catholique, pratiquant, aimant à faire des tournées de campagne dans les presbytères des bons curés des environs, et passant de là sans discordance au théâtre, se souvenant de son pays originaire, du village de Hauteluce (Alta lux) voisin du ciel, et, les jours de fête, s’inspirant, dans sa pieuse vision, du désert de la Grande-Chartreuse et des abeilles de la montagne.
Barthélemy, en voulant se forcer, confond tous les tons ; il s’y ressouvient, en commençant, des chœurs d’Esther et des psaumes hébreux de la captivité ; puis il parle au nom des cœurs sensibles de tous les temps et de tous les pays.
Nul homme, — ce qui ne m’irrite point outre mesure, et, après tout, on l’a pardonné bien facilement à Byron et à Henri Heine, mais ce qui me blesse cependant un peu, — n’a plus âprement et plus injustement calomnié son pays.
Sans doute, le rêve d’un écrivain sera d’être compris, jusqu’aux nuances les plus secrètes de sa pensée, par une intelligence sœur de la sienne ; mais ce rêve n’est point incompatible avec celui d’être lu par la foule, de parler à l’âme d’un pays, ne fût-ce que par une page, par une phrase reproduite dans les journaux, citée dans des discours, traduite dans une chanson, et possédée et gardée ensuite par des milliers d’êtres humains dans le trésor des vérités acquises.
On n’ignore pas qu’en effet, après ou avec les plaisanteries sur les maris malheureux, il n’y en a pas de plus populaires, je veux dire de plus universellement appréciées, dans le pays de Rabelais et de M.
« Depuis, il n’a plus connu que l’enivrement passager des sens, surtout celui de la guerre, pour laquelle il était né, et qui était sa vraie passion, sa vraie maîtresse, son parti, son pays, son roi, le grand objet de sa vie, et tour à tour sa honte et sa gloire. » Voilà ce que le style de M.
Mais puis-je donc vous sacrifier les principes de toute ma vie, la Révolution, et l’honneur de mon pays ?
De retour dans sa patrie, dans la philosophique et opulente Angleterre, à l’époque même où les lettres accréditées y conduisaient au pouvoir, où les hommes d’État étaient de grands orateurs, William Pitt, Fox, Burke, où les lettrés se mêlaient partout aux affaires, Gibbon, Shéridan, Glover, Macpherson, il vécut loin du parlement, loin du monde, dans la modeste chambre d’un collège, où il semblait perpétuer la vie laborieuse d’étudiant, et d’où il s’échappait quelques mois, chaque année, pour voyager dans son pays, en étudier les beautés naturelles, les vieux monuments, et renouveler en soi la religion de la patrie comme celle de la science.
La première de ces deux pièces fut la cause d’un petit scandale qui amusa le pays plus peut-être que le mystère représenté. […] Seule elle suffirait pour conquérir à Corneille le premier rang parmi les poëtes dramatiques de tous les pays, de toutes les époques, et cependant elle n’est pas exempte de défauts. […] « La scène, lui disait-il, est en Cappadoce, il faut se transporter dans ce pays-là et entrer dans le génie de la nation. — Ah ! […] Au bonheur du pays consistait son bonheur. […] Enfin, les malheurs de l’exil finirent pour lui ; à la mort du Régent, ses liaisons à l’étranger lui fournirent les moyens d’être utile au pays ; il obtint son rappel.
Trygée n’y peut suffire lui seul : sa voix appelle à son aide les vignerons et les laboureurs des pays d’alentour. […] Ils sont ingrats envers leurs plus zélés défenseurs, et les condamnations forcent les meilleurs chefs à s’exiler de leur pays et à chercher au loin le salaire de leurs services. […] Les hommes, primitivement semblables en tous les pays, et ne changeant sous certains rapports en aucun temps, offrent des modèles invariables à l’imitation et partout reconnaissables quand elle copie leurs traits généraux. […] Les autres demandent à être présentés avec des couleurs différentes, selon les divers pays où l’on fait leurs portraits. […] Or les hommes de quelques pays et de quelques temps qu’ils soient, seront frappés de son langage.
M. de Lamartine appartient à la Restauration comme appartient à son village natal un enfant qui voyage depuis cinquante années hors de son pays, citoyen du monde, et se souvenant à peine dans quelle bourgade il a vu le jour. […] En cette bonne ville de Rhodez, dans ce pays moitié Auvergne et moitié Rouergue qui fut le berceau de sa famille, M. […] Bref, à force de fournir des chevaux aux dragons, le petit Rivié fit son chemin dans le monde ; il devint peu à peu le grand Rivié, et quand il eut trouvé plusieurs millions sous les pieds de ses chevaux (en dépit du proverbe), il voulut revenir au pays natal, à Séverac-le-Châtel. […] L’autorité d’Armand Carrel était si grande dans son parti, qu’il pouvait s’opposer, jusqu’à un certain point, même aux violences imprévues dont aucun parti n’est exempt dans ce malheureux pays de France. […] Enfant, elle avait été soumise à toutes les causes externes de l’air du pays des astres.
La critique la plus célèbre qui parut contre les Jardins est celle de Rivarol, c’est-à-dire le Dialogue du Chou et du Navet, qui se plaignent d’avoir été oubliés par l’abbé-poète dans ses peintures de luxe : Le navet n’a-t-il pas, dans le pays latin, Longtemps composé seul ton modeste festin, Avant que dans Paris ta muse froide et mince Égayât les soupers du commis et du prince ? […] On a dit plaisamment qu’une faute de français, un cuir d’un membre du Comité de salut public qu’il rencontra, le fit s’écrier : « Décidément on ne peut plus habiter ce pays-ci. » On a raconté non moins plaisamment37 que l’abbé de Cournand, alors son ami, et qui depuis crut lui jouer un mauvais tour en retraduisant les Géorgiques, étant de garde aux Tuileries, reconnut le poëte qui se promenait malgré sa mise en arrestation au logis, qu’il fit mine de le vouloir reconduire chez lui au nom de la loi, et que depuis lors Delille avait peur de la garde nationale et de l’abbé de Cournand.
Mes livres, ce sont des gens de tous les pays et de tous les siècles : distingués à la guerre, dans la robe et dans les lettres ; aisés à vivre, toujours à mes ordres ; je les fais venir quand je veux, et je les renvoie de même ; ils n’ont jamais d’humeur et répondent à toutes mes questions. […] XX La mort prématurée de son ami Jacques Colonna, l’évêque de Lombez, le fit renoncer à son canonicat de Gascogne, pays qui lui était antipathique, à cause de la loquacité, dit-il, et de la turbulence de ses sauvages habitants.
Il avait, au reste, une grande prédilection pour tout ce qui tenait à l’Italie, et il employait une partie de son temps à composer et à revoir la relation du voyage qu’il avait fait en ce pays, et d’où il avait rapporté une collection de marbres et de curiosités naturelles. » VII C’est par ces fenêtres que la mélancolie entrait dans les sens et dans l’âme du poète futur. […] De tout temps et en tout pays l’homme aspire plus haut que sa nature bornée ici-bas, immortelle ailleurs ; de tout temps, disons-nous, l’homme, ambitieux d’infini, s’est cassé la tête contre les murs de sa prison terrestre ; il a voulu être dieu, au moins pour un temps, au moins ici-bas, et, pour conquérir cette puissance surhumaine, il l’a empruntée tantôt à Dieu par la prière, tantôt au diable, cette parodie malfaisante de la Divinité.
On commence à comprendre aussi qu’un musée digne de ce nom, au lieu de ranger côte à côte dans des galeries quelconques des œuvres séparées souvent par une large distance dans l’espace et le temps, œuvres disparates qui hurlent de ce rapprochement forcé, devrait replacer chaque groupe de tableaux et de statues dans un intérieur aménagé, meublé, orné à la mode de l’époque et du pays où ils naquirent. […] A mesure que la démocratie s’affermit et s’organise en un pays, il semble que la littérature s’associe de plus en plus aux fêtes dans lesquelles tout un peuple communie et prend pour quelques heures une seule et même âme.
Ce n’est pas ici l’endroit d’examiner cette question d’art national, si importante pour la compréhension de Wagner ; et certes je n’entends pas insinuer qu’il aurait mieux fait de prendre comme base nationale la France, ou l’Italie, ou tel autre pays, car je crois le contraire. […] La fuite en de nouveaux pays… la création fiévreuse de Tristan, c’est-à-dire du drame qui se jouait en son propre cœur… lui sauvèrent la vie.
Il le comprend vaguement lui-même, il souffre de souffrir d’une manière si pauvre, et il aspire à élargir sa blessure, sans y parvenir. « Quelquefois, il semble qu’une harmonie étrangère au tourbillon des hommes vibre de sphère en sphère jusqu’à moi ; il semble qu’une possibilité de douleurs tranquilles et majestueuses s’offre à l’horizon de ma pensée comme les fleuves des pays lointains à l’horizon de l’imagination. […] En tout siècle et en tout pays il s’est trouvé, à côté du véritable génie, ou même du simple talent, des rimeurs malheureux de courageux faiseurs de phrases ronflantes et vides.
De là ce qu’ont de séduisant pour l’imagination les pays exotiques, les temps antiques et disparus que l’on voit si mal et si beaux ; dans l’ordre moral, les passions mystérieuses et fatales, les conception bizarres, tout ce qui dans l’âme est extrême, contradictoire, illimité ; de là, la beauté éternelle des lieux communs idéaux de la poésie, le couchant, le printemps, l’amour, dont la description peut être écourtée à plaisir, et dont le contenu émotionnel demeure dans l’ordre physique ; l’attrait des paysages nocturnes, brumeux, des physionomies à demi voilées, du clair-obscur, la grandeur des arts du nord ; de là, malgré tant de tentatives, l’impossibilité d’une vraie poésie scientifique, didactique, réaliste qui constituerait, si elle existait, la contradiction d’une description précise et d’une idéalisation indéfinie ; de là le fait que la musique est le plus poétique des arts parce qu’il en est le plus vague ; de là encore là demi-synonymie des termes « poétique » et « idéal » ; de là enfin l’impossibilité constante de traduire la poésie d’une langue dans une autre, soit parce qu’il faut commencer par la comprendre exactement avant de l’interpréter, soit parce qu’il est malaisé de trouver des mots qui soient vagues tout à fait de même que dans l’original, sans le déflorer ou le laisser inintelligible. […] À l’exemple des grands écrivains de ces pays, nos romantiques et leurs prédécesseurs donnèrent à sentir les émotions charmantes et grandioses que suscite la vue de beaux et sombres paysages, ils conçurent l’homme non plus à la manière de Descartes, comme un animal surtout raisonnable et dont la sensibilité aisément gouvernée se manifeste par de doux et calmes mouvements, mais comme un être surtout et violemment passionné, fou d’amour et de colère, désespéré de mélancolie, exalté et ravi d’enthousiasme, d’autant plus grand et plus admirable que ses accès de douleur et de joie le transportaient et le déréglaient davantage.
. — Quelle splendeur de plafond décorante que les pétales de scarabée d’un chou, rose métallique, infinis concentrés, filigrane de reliquaire de cuivre… peinture de moine avec des couleurs venues en écaillés de pays étranges, étendues respectueusement aux sarcophages — comme la mort colle les yeux qu’on ferme d’éternité pour l’éternité. […] Contrairement aux déductions de la rudimentaire et imparfaite logique, en ces pays solaires il n’y a pas d’ombre nette, et en Egypte, sous le tropique du Cancer, il n’y a presque plus de duvet d’ombre sur les visages, la lumière était verticalement reflétée comme par la face de la lune et diffusée et par le sable du sol et par le sable en suspens dans l’air.
Je suis concitoyen de tout homme qui pense ; La vérité c’est mon pays. […] J’allais seul à pied, inconnu au pays, m’agenouiller sur le gazon qui avait eu le temps déjà d’épaissir et de verdir sur sa dépouille mortelle.
Avec ce poète, Saint-John Perse, revenu des pays du Soleil levantx , des hommes dévoués à l’esprit et qui ne veulent plus des hochets anecdotiques avec quoi on a tenté de les amuser, répètent : Aux ides pures du matin que savons-nous du songe, notre aînesse ? […] Les remparts ont craquécd, l’ombre de la mort à elle seule disjoint les plus lourdes pierres. « Visage perceur de murailles »ce, explique le poète Paul Éluard, et de la planète minuscule nous partons pour le pays sans limite.
On n’a pas besoin du catéchisme de Heidelberg pour apprendre à ne pas trop s’attacher à ce monde, surtout en ce pays où tout est si plein de fausseté, d’envie et de méchanceté, et où les vices les plus inouïs s’étalent sans retenue ; mais désirer la mort est une chose tout à fait opposée à la nature.
Sans doute il y avait des contradictions dans l’Essai, et ces contradictions pouvaient être une porte entrouverte pour que l’auteur remontât par là jusqu’à la lumière, comme cela est arrivé ; sans doute il se séparait, jusque dans son incrédulité, des encyclopédistes et des philosophes proprement dits, jaloux d’établir leur domination sur les esprits, puisqu’il leur disait : Vous renversez la religion de votre pays, vous plongez le peuple dans l’impiété, et vous ne proposez aucun autre palladium de la morale.
… » Mais c’est la réponse de l’Amiral qui est belle de tristesse, de prévoyance et de prophétie ; tout un abrégé de sa destinée tragique s’y dessine ; il répond : « Puisque je n’ai rien profité par mes raisonnements de ce soir sur la vanité des émeutes populaires, la douteuse entrée dans un parti non formé, les difficiles commencements (et il revient ici à l’énumération des obstacles)… ; — puisque tant de forces du côté des ennemis, tant de faiblesse du nôtre ne vous peuvent arrêter, mettez la main sur votre sein, sondez à bon escient votre constance, si elle pourra digérer les déroutes générales, les opprobres de vos ennemis et ceux de vos partisans, les reproches que font ordinairement les peuples quand ils jugent les causes par les mauvais succès, les trahisons des vôtres, la fuite, l’exil en pays étrange… ; votre honte, votre nudité, votre faim, et qui est plus dur, celle de vos enfants.
Dans ce pays d’Auvergne, du pied de cette montagne illustrée par les expériences de Pascal, Ramond nota les variations du baromètre, multiplia les observations et les mesures en tous sens, et perfectionna cette branche de la physique avec une patience et un besoin d’exactitude rigoureuse qui s’alliait en lui à l’imagination la plus brillante.
Il faut discerner la peau de la chemise39 : l’habile homme fera bien sa charge… ; il l’exercera, car elle est en usage en son pays, elle est utile au public, et peut-être à soi ; le monde vit ainsi, il ne faut rien gâter… » Voilà ce qu’on sent trop dans Charron, ce que les contemporains y voyaient peut-être moins distinctement que nous, et ce que son livre De la sagesse nous a appris à discerner en lui.
Mais lorsque, dans deux cents ans, ceux qui viendront après nous liront en notre histoire que le cardinal de Richelieu a démoli La Rochelle et abattu l’hérésie, et que, par un seul traité, comme par un coup de rets, il a pris trente ou quarante de ses villes pour une fois ; lorsqu’ils apprendront que, du temps de son ministère, les Anglais ont été battus et chassés, Pignerol conquis, Casal secouru, toute la Lorraine jointe à cette couronne, la plus grande partie de l’Alsace mise sous notre pouvoir, les Espagnols défaits à Veillane et à Avein, et qu’ils verront que, tant qu’il a présidé à nos affaires, la France n’a pas un voisin sur lequel elle n’ait gagné des places ou des batailles : s’ils ont quelque goutte de sang français dans les veines, quelque amour pour la gloire de leur pays, pourront-ils lire ces choses sans s’affectionner à lui ?
En jugeant de si près les hommes et les choses de son pays, il paraît désintéressé comme le serait un étranger, et déjà un homme de l’avenir.
Arrêté sur la hauteur d’où le pays se montre plus étendu et plus riche, il suit le cours des eaux qu’il a su maîtriser, il reconnaît ses ombrages, ses abris de prédilection, les champs fécondés par ses sueurs, des glands semés par lui devenus chênes ; le même soleil éclaire encore de ses rayons obliques et toujours amis la longue route qu’il a suivie, et les sentiers mystérieux par lesquels la bonne Providence l’a doucement conduit à elle… » Ce qui suit, et qu’il faut lire, sur les infirmités et l’usage moral qu’on en peut faire est fort beau, Dans ces termes adoucis, je cesse de contredire, et je m’efforcerais plutôt de m’associer aux affectueuses espérances de l’auteur.
C’est un site de l’île Bourbon, patrie du poëte créole ; c’est une gorge dans le haut pays, mais une gorge riche de végétation et sous le plus beau des climats.
Gœthe prit sujet de là pour discourir de Paris et des avantages de cette civilisation active et condensée où tout mûrit vite, et où l’on se forme en si peu de temps : « Vous, disait-il à Eckermann, dans votre pays, vous n’avez rien acquis si facilement, et nous aussi, dans notre Allemagne centrale, il a fallu que nous achetions assez cher notre petite sagesse.
Édélestand du Méril est un savant qui passe tant et de si longues heures solitaires dans son cabinet, et qui a tellement fui la popularité et le bruit, qu’on l’a pris au mot en France : il est plus apprécié en Europe que dans son pays.
L’enfant est porté par les îlots vers une île appelée Scarioth ; il y est recueilli : et adopté par la reine du pays, qui n’avait pas d’enfant.
Ces travaux d’outre-Rhin, et qui se poursuivaient avec tant de patience et d’ardeur, transpiraient peu parmi nous, et les noms de leurs auteurs n’étaient même pas connus de la majorité des hommes réputés instruits de notre pays.
Lui-même il a fait son histoire, il nous a livré sa confession de poète dans une pièce de 1830, datée du joli pays de Champrosay et intitulée la Muse du Réveil.
Un sot se contenterait de tout cela ; mais malheureusement j’ai pensé assez solidement pour sentir que des louanges sont peu de chose, et que le rôle d’un poète à la Cour traîne toujours avec lui un peu de ridicule, et qu’il n’est pas permis d’être en ce pays-ci sans aucun établissement. » Cet établissement si désiré, même lorsqu’il se flatta de ravoir obtenu vingt ans plus tard, manqua toujours par quelque endroit.
« Le moment semblait donc venu pour le premier Consul de se recueillir dans sa pensée, de s’entourer de toutes les lumières de son vaste esprit, et d’éviter à son pays des chances si redoutables.
On séjourne, on voit mieux le pays que dans les voitures publiques.
I. « Descendu sur ce petit amas de boue et n’ayant pas plus de notion de l’homme que l’homme n’en a des habitants de Mars et de Jupiter, je débarque sur les côtes de l’océan dans le pays de la Cafrerie, et d’abord je me mets à chercher un homme.
L’idée que les étrangers ont eue de Boileau, et qu’ils ont traduite chacun à sa manière, selon son génie et selon les besoins intellectuels de son pays, ils l’ont prise d’abord dans l’opinion que les compatriotes du poète avaient de lui.
Il y a eu pendant plus d’un siècle une « question de Gil Blas », qui a exercé les savants de tous les pays ; cette question était : Lesage a-t-il, oui ou non, copié un original espagnol ?
Car le véritable intérêt des monuments de l’éloquence révolutionnaire est dans le terrible drame dont on suit jour à jour pour ainsi dire les péripéties : drame national, où s’explique une des grandes crises qu’ait traversées notre pays, drame individuel, où des caractères énergiques défendent à chaque instant leur autorité, leur honneur, leur vie.
Dans d’autres pays, une issue lui serait ouverte, le divorce.
La Société a publié depuis lors (1844) un magnifique recueil de gravures représentant les Cartes à jouer de tous les pays du monde.
Si je pouvais faire en sorte, disait Montesquieu, que tout le monde eût de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs, son prince, sa patrie, ses lois ; qu’on pût mieux sentir son bonheur dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque poste où l’on se trouve, je me croirais le plus heureux des mortels.
La contrée est agréable ; à côté de la maison que nous habitons, nous avons un beau lac et une belle forêt ; l’art y procure tous les fruits que la nature refuse ; les mœurs du pays sont douces ; il y a beaucoup d’instruction dans les hautes classes de la société, et l’on trouve encore chez elles des principes religieux que l’on n’y soupçonnerait pas ; chaque seigneur rend, avec une sage mesure, la liberté à ses vassaux ; il les rend propriétaires, il leur fait du bien sans commotion, et il cherche à leur inspirer, non l’amour du changement, mais celui du travail et de l’industrie.
Une des parties les plus agréables des Mémoires est le voyage de Flandre, du Hainaut et du pays de Liège, que fit Marguerite en 1577, voyage entrepris sous couleur de prendre les eaux de Spa, dont elle n’avait pas besoin, et en réalité pour gagner des partisans à son frère d’Alençon dans le projet d’enlever les Pays-Bas à l’Espagne.
Le président Hénault, l’un des hommes qui connaissaient le mieux son ancienne France et son ancien Paris, disait en notant cette brusque alternative d’intérêt et d’indifférence : « C’est une drôle de chose que ce pays-ci : je crois que la fin du monde ne ferait pas une nouvelle au bout de trois jours. » Trois jours, c’est peu ; depuis que nous sommes un peuple sérieux, nous allons aisément à la quinzaine : passé cela, on rabâche, on tourne sur soi-même et on travaille dans le vide jusqu’à ce qu’un nouveau relais d’attention survienne et renvoie à cent lieues le précédent.
Or, je puis affirmer qu’il n’y a pas d’exemple d’une pareille poursuite en aucun temps et en aucun pays.
Il l’a crânement engagée ; car il y a toujours crânerie à publier, dans un pays de routine et d’idées communes, où les rabâcheries ont si souvent force de loi, un livre neuf d’inspiration et d’un accent jusqu’alors inconnu.
— « Une Assemblée nationale, disait-il, est « une assemblée laïque qui traite de choses politiques, lesquelles seules sont soumises à la loi de la majorité… Quel que soit le trouble que nos malheurs aient amené dans l’esprit français, on ne verra pas, non, on ne verra pas, quatre-vingts ans après la Révolution de 1789, une assemblée politique représentant tous les citoyens, consacrer, pour sa part, le pays à une dévotion aussi particulière et aussi a discutée. » Ce ne furent, malgré leur solidité, ni les arguments juridiques de M.
La nécessité le fixe au sol et un instinct le pousse vers des pays nouveaux. […] Peut-être que leurs monuments étaient des sanctuaires, dont les desservants exploitaient déjà la foi, ainsi que sont accoutumés les prêtres de tous les pays et de toutes les religions. […] Fabre est la gloire du pays. […] On vit de pareils enthousiasmes dans le Nord de la France et dans les Pays Basque quand s’érigèrent les hôtels-de-ville, dont l’utilité était considérée comme très grande. […] Ce sont ceux de la vallée de l’Yonne, pays de civilisation tout ecclésiastique ou monacale.
« Si nous sentons un plaisir singulier à écouter ceux qui retournent de quelque lointain voyage, racontant les choses qu’ils ont vues en pays étranges, les mœurs des hommes, la nature des lieux et si nous sommes quelquefois si ravis d’aise et de joie que nous ne sentons point le cours des heures en oyant deviser un sage, disert et éloquent vieillard, quand il va récitant les aventures qu’il a eues en ses verts et jeunes ans combien plus devons-nous sentir d’aise et de ravissement de voir en une belle, riche et véritable peinture, les cas humains représentés au vif. » Ainsi s’exprime-t-il dans la préface de ses Vies parallèles ; et on ne saurait mieux indiquer ce que ses Vies contiennent d’enseignements, ou, comme nous dirions aujourd’hui, de « documents » sur l’homme. […] De ces trois intentions, la première se marque surtout dans les Discours du brave La Noue, si l’on ne saurait être en effet plus soucieux que cet homme de guerre de l’intégrité des mœurs, de l’éducation de la jeunesse, et de l’avenir de son pays. […] 2º Le Poète. — Son éducation protestante ; — et que, par-delà Ronsard, tout en en profitant, c’est à l’auteur du Miroir de l’âme pécheresse qu’il faut qu’on le rattache. — La cour de Jeanne d’Albret. — Vogue de Du Bartas en pays protestant ; — un jugement de Goethe [Œuvres complètes, Cotta, 1868, Stuttgart, t.
Ce pavillon, bâti sur une légère élévation de terrain isolé, abrité d’un bouquet d’arbres, était très en renom dans le pays. […] C’était le nom de toute une classe de livres consacrés à la description des choses émerveillables qui se voyaient aux pays lointains. […] Comme dans tous les pays protestants, le désir du progrès et la culture y descendaient jusqu’au plus bas des couches populaires ; les artisans étaient aisés et instruits. […] Mais quelque chose d’indéfinissable le travaille ; de lointains horizons l’attirent ; il a le mal du pays, d’un pays qu’il n’a jamais vu. […] Après deux années de l’existence à la fois la plus active et la plus paisible, la plus conforme à sa nature, dans le pays de ses prédilections, Gœthe rentre en Allemagne.
Bien entendu, plus civilisé sera le pays, plus chaude sera la lutte entre individus. […] Et qu’elle n’ait pas le mal du pays ! […] Le Français, il est vrai, si telle ou telle raison l’empêche de quitter son pays, a pris assez de goût à l’exotisme pour que les barnums de ses désirs lui servent quelques-unes de ces curiosités d’importation lointaine, qui le dépaysent et lui donnent ainsi à penser qu’il se renouvelle. […] Revenu au pays natal, Oreste n’a-t-il point posé son pied dans une empreinte, juste à sa mesure ?
Lors l’on commença à piller ; vous et huit ou dix des vôtres ne fîtes qu’entrer et sortir dans six ou sept maisons où chacun gagna quelque chose, et y eûtes par hasard quelque deux ou trois mille écus qui vous furent baillés pour votre part. » — De même au sac de Louviers (1591), où toute la ville fut pillée, des gens du pays qui étaient parmi les vainqueurs, et qui savaient tous les êtres de l’endroit, indiquaient les magasins de toiles et de cuirs qui faisaient le fort du butin : Rosny en eut quelque mille écus pour sa part.
Bourdaloue, c’est l’orateur qu’il faut être quand on veut prêcher trente-quatre ans de suite et être utile : il ne s’agit pas de tout dissiper d’abord, de s’illustrer par des exploits, d’avoir des saillies qui étonnent, qui ravissent et auxquelles on applaudit, mais de durer, d’édifier avec sûreté, de recommencer sans cesse, d’être avec son talent comme avec une armée qui n’a pas seulement à gagner une ou deux batailles, mais à s’établir au cœur du pays ennemi et à y vivre.
Les Anglais n’ont pas cessé d’estimer Bourdaloue ; dans ce pays où l’art oratoire est sérieusement étudié et où tout est dirigé dans le sens pratique, on fait à son genre d’éloquence une place très haute, et on lui décerne, à lui en particulier, et par rapport à d’autres noms de grands orateurs, une supériorité dont nos idées françaises seraient elles-mêmes étonnées71.
Voltaire, qui en avait pris connaissance dès l’année 1739, l’appelait un « ouvrage d’Aristide », et Rousseau, qui s’en autorisa plus tard dans son Contrat social, a dit : « Je n’ai pu me refuser au plaisir de citer quelquefois ce manuscrit, quoique non connu du public, pour rendre honneur à la mémoire d’un homme illustre et respectable qui avait conservé jusque dans le ministère le cœur d’un vrai citoyen, et des vues droites et saines sur le gouvernement de son pays. » M. d’Argenson n’était pas encore ministre lorsqu’il composa cet ouvrage, et il était sorti du ministère lorsqu’il le revit pour y mettre la dernière main.
Ainsi les impressions incessantes du corps et de l’âme finissent par modeler le corps et l’âme ; la race façonne l’individu, le pays façonne la race.
Je ne vois point ce pays-là des mêmes yeux ; j’y crois démêler des agréments qui peuvent toucher l’esprit ; je n’y vois point ce qui vous choque : j’y vois, au contraire, le centre du goût, du monde, de la politesse, le cœur, la tête de l’État, où tout aboutit et fermente, d’où le bien et le mal se répandent partout ; j’y vois le séjour des passions, où tout respire, où tout est animé, où tout est dans le mouvement, et, au bout de tout cela, le spectacle le plus orné, le plus varié, le plus vif que l’on trouve sur la terre.
Pendant qu’on est dans ce repaire, à ce rendez-vous central du brigandage dans le pays, une des bandes revient, amenant pour tout butin une jeune fille en pleurs, en habits de mariée, qu’on a arrachée à ses parents au moment où elle se préparait à marcher à l’autel.
Le principe et le mérite du romantisme, selon sa définition familière et entre amis, est « d’administrer à un public la drogue juste qui lui fera plaisir dans un lieu et à un moment donnés » ; ce qui ne veut pas dire du tout que la drogue qui a réussi en un cas et dans un pays réussira également ailleurs.
Je suis persuadé que les ennemis ne manqueront pas de profiter du temps que vous leur donnez, et la chose demande une détermination plus prompte. » Villars, en effet, d’ordinaire si porté à l’offensive, reculait devant une action générale engagée avec le prince Eugène dans ces conditions-là, c’est-à-dire dans un pays boisé où il aurait affaire à toute l’infanterie ennemie, appuyée à des lignes.
Théophile Gautier, comme romancier, a jugé bon plus d’une fois de profiter de son talent de voyageur et de rendre avec une entière vérité plastique différents pays et différentes époques de sa connaissance ou de son rêve.
Maurel et traitant de l’une des gloires du pays, Vaugelas, lequel se trouve, par une singulière destinée, avoir été en son temps l’organe accrédité du meilleur et du plus pur parler de la France.
Cervantes était allé, pour changer d’air, à la petite ville d’Esquivias, pays de sa femme ; mais il revint peu après à Madrid sans avoir trouvé de soulagement et en sentant son mal empiré ; ce mal dont on ne dit pas le principe et le siège se traduisait par un hydropisie : « Il advint, cher lecteur, nous dit Cervantes, que deux de mes amis et moi, sortant d’Esquivias (lieu fameux à tant de titres, pour ses grands hommes et ses vins), nous entendîmes derrière nous quelqu’un qui trottait de grande hâte, comme s’il voulait nous atteindre, ce qu’il prouva bientôt en nous criant de ne pas aller si vite.
Un jour que Jules Sandeau revenait de son pays natal où il avait assisté à une perte cruelle, à la mort d’une sœur, Balzac le revoyant et après les premières questions sur sa famille, lui dit tout à coup comme en se ravisant : « Allons, assez de raisonnement comme cela, revenons aux choses sérieuses. » Il s’agissait de se remettre au travail et, je le crois, au Père Goriot.
. — Le grand ministre William Pitt, mourant en pleine lutte contre Napoléon, a pour dernier cri : « 0 mon pays !
Je suis venue ici, fière et tranquille, formant des vœux et gardant encore quelque espoir pour les défenseurs de la Liberté ; lorsque j’ai appris le décret d’arrestation contre les vingt-deux, je me suis écriée : Mon pays est perdu !
Au retour de ces détachements, le prince me faisait rendre compte des détails et de la nature du pays que nous avions parcouru ; il commença à me marquer de la confiance et beaucoup de satisfaction de mon zèle et de mon activité. » C’est à ce moment que le comte de Clermont fut pris d’une maladie qu’on ne désigne pas, mais si violente qu’au départ du camp de Walheim il fut impossible de le transporter.
Cette province est un bel exemple pour les autres, et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernantes, de ne leur point dire d’injures et de ne point jeter de pierres dans leur jardin ; » et enfin : « Vous me parlez bien plaisamment de nos misères : nous ne sommes plus si roués ; un en huit jours seulement pour entretenir la justice : la penderie me paroît maintenant un rafraîchissement. » Le duc de Chaulnes, qui a provoqué toutes ces vengeances, parce qu’on a jeté des pierres dans son jardin et qu’on lui a dit mille injures dont la plus douce et la plus familière était gros cochon, ne baisse pas pour cela d’un cran dans l’amitié de Mme de Sévigné ; il reste toujours pour elle et pour Mme de Grignan notre bon duc à tour de bras ; bien plus, lorsqu’il est nommé ambassadeur à Home et qu’il part du pays, il laisse toute la Bretagne en tristesse.
Assises dans la campagne, les deux sœurs s’abandonnaient à de longues rêveries, se perdaient dans de vagues pensées, et, sans avoir été distraites, revenaient moins agitées. » Et un peu plus loin : « M. de Revel, dans la vue de distraire sa famille, se plaisait à lui faire admirer les riches pâturages du Holstein, les beaux arbres qui bordent la Baltique, cette mer dont les eaux pâles ne diffèrent point de celles des lacs nombreux don le pays est embelli, et les gazons toujours verts qui se perdent sous les vagues.
Il était pauvre, comme le sont en général ces hommes errants qui s’exilent de leur pays, où ne les retiennent ni maison ni champ paternels.
Aussi les bibliothèques sont-elles pleines d’histoires médiocres, triviales, sans génie, sans philosophie, sans politique, sans couleur, sans pathétique, sans moralité, écrites par des annalistes de tous les pays ; enregistreurs de dates, de nomenclatures, de faits, ils tiennent la chronologie du monde, l’état civil des nations.
Mièvre ou grossier, le poète s’égaie, et souligne du même sourire discret les jolies mignardises des poupées du « pays bleu » et les vulgaires ébats des rustres du terroir artésien.
Car si cette dévotion de l’amour et cette exaltation de l’honneur sont réellement espagnoles, elles ne le sont pas pourtant exclusivement ; et c’est vraiment en tout pays qu’on peut voir deux volontés, éprises d’amour, éprises aussi d’honneur, subordonner l’amour à l’honneur par respect pour cet amour même, et se rendre dignes du bonheur en le refusant.
Cette réserve faite, les comédies de Marivaux se déroulent dans une société idéale, dans le pays du rêve : ce sont de délicates hypothèses sur l’âme humaine qu’il explique avec une étonnante sûreté.
La superstition de l’Académie est si forte dans ce pays que beaucoup sont incapables de comprendre qu’un homme qui pourrait en être ne le veuille point.
Ajoutons que les cercles sociaux tels que les administrations de l’État, la « société » fonctionnaire, rayonnent sur le pays tout entier.
De son côté, la marquise, blessée, se prend à rêver du pays où les camélias fleurissent.
L’année dernière, pendant un séjour que j’ai fait hors de France dans un pays hospitalier, je me suis posé à loisir cette question par rapport non pas seulement aux Mémoires, mais à M. de Chateaubriand lui-même.
Apprenant la mort de la princesse, qui précéda de si peu celle de son élève, Fénelon écrivait à Destouches (18 février) : Les tristes nouvelles qui nous sont venues du pays où vous êtes, monsieur, m’ôtent toute la joie qui était l’âme de notre commerce : Quis desiderio sit pudor… Véritablement la perte est très grande pour la Cour et pour tout le royaume.
Il se demande ce qu’il serait devenu s’il avait épousé la jeune Anglaise, s’il était devenu un gentleman chasseur : « Mon pays aurait-il beaucoup perdu à ma disparition ?
Par exemple, ces ameublements riches et bizarres, où il entassait au gré de son imagination les chefs-d’œuvre de vingt pays et de vingt époques, devenaient une réalité après coup ; on copiait avec exactitude ce qui nous semblait à nous un rêve d’artiste millionnaire ; on se meublait à la Balzac.
« Je suis d’avis, nous dit Pasquier, que cette pureté n’est restreinte en un certain lieu ou pays, mais éparse par toute la France. » Il faut donc colliger en quelque sorte le bon langage, il le faut composer et rassembler de plus d’un endroit, et il nous en indique les moyens, sans négliger ce qu’on peut emprunter chemin faisant aux langues anciennes.
Il ne le place qu’après l’étude de l’histoire, après celle de la jurisprudence et de la religion ; il lui a fallu quelque courage, on le sent, pour ajourner le moment de parler de cette étude pour lui la plus attrayante et la plus chère : Il me semble, dit-il, qu’en passant à cette matière je me sens touché du même sentiment qu’un voyageur qui après s’être rassasié pendant longtemps de la vue de divers pays, où souvent même il a trouvé de plus belles choses, et plus dignes de sa curiosité, que dans le lieu de sa naissance, goûte néanmoins un secret plaisir en arrivant dans sa patrie, et s’estime heureux de pouvoir respirer enfin son air natal.
Peignez bien tous les habitants de notre globe ; rendez-vous intéressant aux hommes de tous les pays, et, quelque chose qui arrive, vous aurez au moins l’immortalité pour ressource.
Mais, dans une note qu’il ajouta à la lettre de son ami, La Harpe, l’un des rédacteurs du Mercure, le prit de plus haut : S’il s’est tu jusqu’à présent, disait-il, c’est par mépris : Mais aujourd’hui que l’on voudrait infirmer l’hommage que je rends à la liberté, et faire croire que ma haine pour l’aristocratie n’est que le sentiment de jalousie que l’on suppose aux conditions inférieures, je suis obligé de déclarer qu’en effet le hasard m’a fait un assez bon gentilhomme, d’une famille originaire de Savoie et établie dans le pays de Vaud, remontant en ligne directe jusqu’à l’année 1389, où l’un de mes ancêtres était gentilhomme de la chambre de Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie.
Il dit du mal de la Cour et nous en déduit le fort et le faible, mais il a la bonne foi d’en avouer tout l’attrait : Il faut cependant avouer qu’il est difficile de quitter ce pays-là quand on y a passé une partie de la vie ; et, malgré tous les vices et les défauts que j’y ai remarqués, il y a un petit nombre d’hommes et de femmes avec qui on peut passer agréablement sa vie, et mieux qu’ailleurs, par la difficulté de les assembler.
« Ce qui m’anime en tout objet, dit Beaumarchais, c’est l’utilité générale. » — « À chaque événement important, disait-il encore, la première idée qui m’occupe est de chercher sous quel rapport on pourrait le tourner au plus grand bien de mon pays. » Dans le courant de la guerre d’Amérique, il conçut plus d’une fois de telles idées et les mit en circulation avec bonheur ; comme, par exemple, le jour (1779) où, pour relever le courage des négociants et armateurs, il proposa au ministre de déclarer les protestants désormais admissibles dans les chambres de commerce, d’où ils étaient jusqu’alors exclus ; ou comme ce jour encore où, après la défaite navale de M. de Grasse (1782), il eut l’idée que chaque grande ville offrît au roi un vaisseau de ligne, portant le nom de la cité qui lui en ferait hommage.
Le berger, indiquant le tombeau que la tradition désigne pour celui d’Ariane, ajoute : « Ce monument, ainsi que tous ceux de ce pays, a été mutilé par le temps et encore plus par les barbares ; mais le souvenir de la vertu malheureuse n’est pas sur la terre au pouvoir des tyrans. » Et Bernardin, après avoir achevé son tableau, ajoute à son tour : « Je doute qu’un athée même, qui ne connaît plus dans la nature que les lois de la matière et du mouvement, pût être insensible au sentiment de ces convenances présentes et de ces antiques ressouvenirs. » Qu’a de commun, je vous prie, un athée avec les idées naturelles que fait naître l’histoire d’Ariane d’après Catulle, dans la bouche du berger ?
Du moment que Frédéric monte sur le trône, ces riens prennent de l’importance et du caractère : ainsi, dès les premiers jours du règne, à la fin d’un billet insignifiant : « Adieu, lui écrit Frédéric ; je vais écrire au roi de France, composer un solo, faire des vers à Voltaire, changer les règlements de l’armée, et faire encore cent autres choses de cette espèce. » Dans un court voyage au pays de Liège, Frédéric voit pour la première fois Voltaire qui vient le saluer au château de Meurs sur la Meuse ; le roi, avant d’arriver en Belgique, avait fait une pointe sur Strasbourg où le maréchal de Broglie l’avait reçu, l’avait reconnu à travers son incognito, et lui avait fait les honneurs de la place.
Nous ignorons quel rang pouvoit tenir entre les peintres de son tems l’artisan qui les fit, et ce qui se passe aujourd’hui dans tous les pays nous apprend suffisamment que la cabale fait distribuer souvent les ouvrages les plus considerables à des artisans très-inferieurs à ceux qu’elle fait négliger.
D’ailleurs, en ce pays, on a si souvent la mort sous les yeux qu’on se familiarise avec l’idée d’une fin définitive.
Le Pays, 18 avril 1860.
Il dira à la Chambre des pairs : « On déporte les hommes ; les lois fondamentales d’un pays ne se laissent pas déporter. — Les fleuves ne remontent pas vers leur source ; les événements accomplis ne rentrent pas dans le néant. » Il disait à la Sorbonne : « A mesure que la réflexion retire la causalité que l’ignorance avait répandue sur les objets, les volontés locales, exilées du monde matériel, sont successivement rassemblées et concentrées par la raison en une volonté unique, source commune de toutes les volontés contingentes, cause première et nécessaire que la pensée de l’homme affirme sans la connaître, et dont elle égale le pouvoir à l’étendue, à la magnificence, à l’harmonie des effets qu’elle produit sous nos yeux. » Il invente des expressions superbes, qu’on n’oublie plus, images puissantes qui condensent sous un jet de lumière de longues suites d’abstractions obscures.
Faute d’écho parmi les compatriotes de Cabanis, de M. de Tracy et de Laromiguière, il avait envoyé ses idées en pays germanique.
Adieu175, réunions aimables de compagnons, qui, sortis ensemble du pays, y retournez également par des chemins divers !
Il ne se donne pas pour un voyageur, mais il a l’expérience des pays étranges comme un homme bien élevé a l’habitude du monde. En Angleterre, dans ce pays qu’il aime comme Stendhal l’Italie, il est comme chez lui. […] Abel Hermant n’ignore rien de son pays ni de ses mœurs. […] En France, d’ailleurs, pays de moralistes par excellence, en manqua-t-on jamais ? […] Consciemment ou non, ils montraient l’impression d’une influence particulièrement déterminée et lorsque nous avons au passage noté des phrases telles que celle-ci : « Que les Kikouyous appellent la voie lactée liane du ciel, et la joie clair-de-lune-du-cœur, Céline s’en étonne, et désire vivre dans ce pays 67 » ou comme celle-là : « Lorsque l’on est logée comme vous, et tant de beau linge à son lit, je vous jure qu’il vaut mieux avoir lu Homère et s’en souvenir un peu 68 » des vers comme ceux que voici : Le haut bûcher de mon délire où le dressera-t-on ?
Et quand il meurt en lointain pays, je conviens, si l’on veut, que c’est de main de maître que M. […] Or, ce lépreux, c’est Jésus-Christ, et le toit s’envole, et le firmament se déploie, et Julien « monte vers les espaces bleus ». « Et voilà l’histoire de saint Julien l’Hospitalier telle à peu près qu’on la trouve, sur un vitrail d’église, dans mon pays. » Le moyen âge était un peu usé, il avait tant servi ! […] Là est le secret de la force, et là, — ne craignons pas de le dire, — la justification, la légitimité du mouvement qui ramène tous nos écrivains, depuis quelques années, des sommets nuageux du romantisme d’autrefois au plat pays de la réalité. […] Tout au lendemain de son mariage, il lui arrivait de songer quelquefois que c’étaient là pourtant les plus beaux jours de sa vie… Pour en goûter la douceur il eût fallu sans doute s’en aller vers ces pays à noms sonores, où les lendemains de mariage ont de plus suaves caresses. » Ce « sans doute » était-il après tout si coupable ? […] « Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau, d’où ils ne reviendraient plus.
C’est ici le pays de l’ambition stérile. — Les hommes de lettres ? […] Il devra, de plus, réorganiser socialement le pays et l’Europe. […] Idée philosophique très belle, très vraie même, exactement vraie, et qui doit être même d’une vérité pratique au pays des anges. […] Quinet, homme mûr, a chanté ce pays avec transport ; enfant, il l’a adoré. […] L’Allemagne, pour Quinet était bien le complément de la Dombes, second pays du rêve, de l’abstraction qui s’enivre d’elle-même, de la pensée solitaire qui elle-même se poursuit indéfiniment, comme une promenade patiente et chercheuse dans de grands espaces silencieux.
Je souhaite des poètes, des artistes de « leurs provinces » — comme des motifs superbes dans l’harmonie générale, et, ainsi seulement, totalisant la gloire vitale d’un pays. […] Les passants, trop las, ne les regardent plus ; C’est un astre chimère du pays des hasards. […] Je suis dans un ̃pays où les communications sont fort difficiles, et votre lettre m’est arrivée avec quelque retard.
S’il voyage et s’il raconte ses promenades aux pays exotiques, toujours avec la même disposition d’esprit, dédaigneuse de l’âme humaine, sensible aux formes, il laisse de côté les mœurs et les pensées spéciales à chaque race pour saisir et dépeindre son aspect extérieur. […] Ce pays nous ennuie, ô Mort ! […] Plusieurs fois, sans doute, il assista à quelques-uns des effroyables cyclones qui sont la terreur et la ruine de ces pays, et il perçut, avant l’âge où l’on raisonne, la sensation obscure des invincibles forces qui étreignent l’homme ici-bas et qui pèsent sur sa destinée. […] Je me suis abreuvé dans l’urne universelle D’un amour immense et pieux ; Car je viens du pays où tout chante et ruisselle, Flots des mers et rayons des cieux ! […] Les différents voyages qu’il accomplit en pays étrangers furent pour son âme la source de joies immenses et immédiates ; en Russie, à Venise, en Espagne il respira comme dans son élément, se déclara heureux et n’abandonna jamais ce bonheur qu’avec tristesse.
Ils essayèrent de donner l’allure précipitée d’une révolution à l’évolution littéraire que désirait le pays. […] Je ne vous rappellerai pas les manifestes nombreux que les symbolistes lancèrent au pays ; nous y déployâmes une activité de propagande qui, hélas ! […] Les pluies viennent de ce pays sans doute, car les poètes y pleurent. […] Il a recueilli sur le pays quantité de renseignements historiques. […] Les jeunes littérateurs, ainsi que les vieux d’ailleurs, uniquement occupés du dénigrement de leurs confrères et de leur propre gloire, me font l’effet de nos députés qui discutent toujours sans travailler jamais, plus soucieux de leur réélection que des intérêts du pays, et notre pays à nous c’est l’Art.
Tout en prenant leur part du mouvement de la Renaissance, aucun pays, aucune littérature, n’ont su mieux préserver leur entière originalité. […] Car, eux non plus, ils ne refusaient pas « d’obéir aux lois et coutumes de leur pays ». […] « Ces Confessions d’un fort vilain homme — a dit Paulin Paris dans son excellente édition des Historiettes — éclairent d’un jour assez peu favorable le petit cénacle des Lhuillier, des Du Pays, des Gassendi et autres illustres. […] Réponds-moi sincèrement, en dépit des ordres exprès de tes trois législateurs — Dieu, le prêtre et le magistrat, — un jeune homme, dans ton pays, ne couche-t-il jamais, sans leur permission, avec une jeune fille ? […] L’histoire naturelle des lois l’intéresse, mais son pays autant ou davantage, et le progrès, et l’humanité.
Le passé est plein de mort ; de sa voix naïve il chante ses anciennes déroutes ; il parle de funérailles d’autrefois en ce pays de mer où personne n’aborda jamais ; j’entends pleurer la musique de l’histoire inconnue. […] Et, le Dimanche venu, car nous ne pouvions l’entendre qu’aux matinées, de nouveau cette musique, de nouveau ce pays sonore où s’enfoncer, les trois dimensions mystérieuses de ce royaume ravissant. […] La beauté du style, on ne la découvre en aucun point, ni dans un mot, ni dans une image, mais seulement dans la syntaxe ; on la démêle comme, à suivre ses routes sinueuses, le charme d’un pays. […] Beau pays désiré, pour quelle extase et quel repos vas-tu répandre ah ! […] Il y avait entre deux collines une échappée sur la lande : toutes les heures, avec volupté, je revenais voir, insensiblement modifiée, la nuance du lointain pays bleu.
V Il n’a pas été au-delà ; il n’était pas philosophe comme Molière, capable de saisir et de mettre en scène les principaux moments de la vie humaine, l’éducation, le mariage, la maladie, les principaux caractères de son pays et de son siècle, le courtisan, le bourgeois, l’hypocrite, l’homme du monde158. […] Un sot prodigue, Asotus, veut devenir homme de cour et de belles manières ; il prend pour maître Amorphus, voyageur pédant, expert en galanterie, qui, à l’en croire lui-même, « est d’une essence sublime et raffinée par les voyages, qui le premier a enrichi son pays des véritables lois du duel, dont les nerfs optiques ont bu la quintessence de la beauté dans quelque cent soixante-dix-huit cours souveraines, et ont été gratifiés par l’amour de trois cent quarante-cinq dames, toutes de naissance noble, sinon royale ; si heureux en toute chose que l’admiration semble attacher ses baisers sur lui166. » Asotus apprend à cette bonne école la langue de la cour, se munit comme les autres de calembours, de jurons savants et de métaphores ; il lâche coup sur coup des tirades alambiquées, et imite convenablement les grimaces et le style tourmenté de ses maîtres.
En apprenant le départ de cette fille pour son pays, il s’échappa comme un insensé de Rome pour la poursuivre. […] « En quittant Naples, je cachai mon argent sur mon dos, à cause des voleurs, qui ne sont point rares dans ce pays.
L’Allemagne est le seul pays où l’art puisse s’adresser à son véritable destinataire, le peuple. […] — L’auteur, très connu en Allemagne par ses écrits politiques, légèrement socialistes, démontre que, nonobstant la recrudescence de l’esprit national qui caractérise notre époque actuelle, l’influence que chaque pays reçoit de tous les autres, n’en continue pas moins.
… Entrée de la Garde nationale : scène de serments… … On aperçoit Victor Hugo ; ovation ; il se proclame le sauveur du pays ; le chœur et les habitants de l’égout se le disputent ; ils se l’arrachent entre eux. […] Telles paraissent les deux œuvres, — lues, comme dans ce pays nous lisons, vivement, et d’apparence.
Cette différence dans les habitudes des maîtres et des esclaves des deux pays dépend probablement de ce que les Fourmis de Suisse capturent un plus grand nombre d’esclaves que celles d’Angleterre. […] Les Fourmis sanguines de ce pays demandent donc beaucoup moins de services à leurs esclaves qu’on ne l’observe chez la variété suisse.
Ce principe étymologique suffit pour les langues indigènes, pour celles des pays barbares qui restent impénétrables aux étrangers, jusqu’à ce qu’ils leur soient ouverts par la guerre ou par le commerce. […] La lecture de Platon éveilla dans l’esprit de Vico la première conception d’un droit idéal éternel, en vigueur dans la cité universelle, qui est renfermée dans la pensée de Dieu, et dans la forme de laquelle sont instituées les cités de tous les temps et de tous les pays.
Et puis Bernis conclut par quelques mots, ou du moins il rend justice au génie, si plein de ressort, de la race française : « Il faudrait changer nos mœurs, s’écrie-t-il, et cet ouvrage, qui demande des siècles dans un autre pays, serait fait en un an dans celui-ci, s’il y avait des faiseurs. » Cette remarque est profondément vraie, en l’appliquant je ne dis pas aux mœurs, mais aux sentiments et à l’esprit de notre nation, qu’on a vue plus d’une fois se retourner tout d’un coup et en un instant sous une main puissante.
Ses infirmités s’en augmentèrent, et, après quelques mois de séjour dans son pays natal, il y mourut le 16 janvier 1794, à l’âge de près de cinquante-sept ans.
Formey et non Fermey, nous connaissons moins, mais pourtant nous ne pouvons ignorer le jurisconsulte Des Jariges (et non Jouvriges), qui fut d’ailleurs grand chancelier et célèbre dans son pays
Le maréchal de Thémines, qui avait l’avantage des forces, tient campagne, ravage le plat pays et s’empare de Saint-Paul, seule action un peu notable que Rohan lui attribue, en la diminuant de son mieux et la présentant comme plus facile qu’elle ne fut peut-être.
Le libertinage des soldats était au comble ; ils se répandaient de toutes parts à l’intérieur des pays, qui devenaient déserts à leur approche.
[NdA] Frédéric lui-même rappelait Voltaire à l’ordre sur ce point, dans une lettre du 19 avril 1753, écrite dans le temps que s’imprimait cette réfutation où Voltaire, tout en se vengeant, n’était pas fâché de se donner comme le vengeur des rois : « Je n’ai point fait alliance avec vous pour que vous me défendiez, et je ne me soucie guère de ce que La Beaumelle s’est avisé de dire de moi ou de mon pays.
Je ne crois pas qu’elle ait visé à l’effet ; et c’est heureux, sa beauté et sa célébrité étant sur leur déclin : les débris nefont guère de sensation dans un pays de ruines.
Après la révolution de 1830, M. de Pontmartin retourna passer quelques années dans son pays d’Avignon, avant de venir chercher la réputation littéraire à Paris.
Le maire était pris d’ordinaire parmi les nobles de haute qualité, « parmi les plus vaillants et capables seigneurs du pays. » Il montait à cheval selon les occurrences, ayant une compagnie dressée pour pourvoir aux désordres en temps de paix et de guerre.
L’image de ma bonne mère, de toute ma famille, de mes bonheurs d’enfance, me sera toujours présente en même temps que vos conseils seront toujours devant mes yeux ; — j’arriverai sans expérience dans un pays nouveau qui m’a adoptée sur votre nom, je tremble à l’idée que je ne répondrai pas à l’attente ; le peu que je pourrai valoir, c’est à vous que je le devrai ; mais maintenant je sens que je n’ai pas assez profité de vos leçons si tendres : que vos bontés me suivent, je vous en conjure !
Plus jeune de dix années que cette sœur charmante, après sa première enfance passée dans son pays natal, le jeune Jacques fut amené à Paris et mis en pension chez M.
On convient bien que le feu roi a laissé les choses en très-mauvais état, mais les esprits sont divisés, et il sera impossible de contenter tout le monde dans un pays où la vivacité voudrait que tout fût fait dans un moment (30 juillet 1774.) » Bien vite, en effet, les nuages reviennent et les difficultés se prononcent.
Personne ne croira que je lui ai vendu la liberté de mon pays, que je lui prépare des fers.
Une maladie nerveuse singulière, bizarre, qui se déclara en lui après l’usage du petit vin blanc de Saint-Maurice, et le projet de sa mère de le venir rejoindre, décidèrent M. de Sénancour à demeurer en Suisse ; seulement il quitta le Valais pour le canton de Fribourg, et s’y mit en pension à la campagne, dans une famille patricienne du pays.
A cette biographie un peu fabuleuse, tracée par conjecture, d’après les seules poésies, nous joignons la lettre suivante, où Mme Valmore a bien voulu répondre elle-même à des questions plus précises : « Mon père m’a mise au monde à Douai son pays natal (20 juin 1786).
A chaque heure, de plus jeunes étoiles lèvent le front ; d’autres, qui n’étaient que pâles et douteuses encore, grossissent, se dégagent ; et, à mesure que l’importance de chacun diminue, la gloire et l’ornement du pays s’augmentent.
On lit dans une lettre de d’Argens à Frédéric le Grand, datée de Paris, 5 septembre 1747 : « Tout ce qui a dans ce pays un certain mérite est presque impossible à déplacer.
Toute femme organisée pour aimer, toute femme non coquette et capable de passion (il y en a peu, surtout en ces pays), est susceptible d’un second amour, si le premier a éclaté en elle de bonne heure.
On dirait d’une héroïne de Jean-Jacques telles qu’il aimait à les placer dans le pays de Vaud, une Claire d’Orbe qui raille avec innocence.
., est restée connue dans le pays sous le nom de fontaine de Boileau.
Dans une lettre du 2 mai 1829, que nous avons sous les yeux, Charles Brugnot lui en faisait reproche d’une manière touchante, en le rappelant aux champêtres images du pays et en le provoquant à plus de confiance et d’abandon : « Vous avez beau faire, mon cher Bertrand, je ne puis m’accoutumer à vous laisser là-bas dans votre imprenable solitude.
Parfois une soudaine image suggère et symbolise après une strophe aux paroles immédiates : Fleuves d’amours imperturbés, Où j’ai lavé le carnage de vivre, Ciel de clarté dont la splendeur délivre, Mers de douceur aux lointains courbés Vers des pays dont le nom vague enivre.
Que le penseur, le philosophe, le poète s’occupent des affaires de leur pays, non pas dans les menus détails de l’administration, mais quant à la direction générale, rien de mieux.
Les habitants du pays disaient que c’étaient les restes de la boue sacrée dont Prométhée avait fait les hommes.
La scène se passe dans un pays romanesque, étranger aux lois du code commercial.
Elle va faire ses caravanes en province et aux pays limitrophes, sur les théâtres de Lorraine et d’Alsace.
Étranger, par ma position et mon caractère, aux grands événements qui ont agité le monde, mes amitiés et le désir de voir m’ont conduit dans divers pays, et, partout où je me suis trouvé, j’ai joué et fait jouer des proverbes.
« Mais surtout, ajoute Montaigne, je lui sais bon gré d’avoir su trier et choisir un livre si digne et si à propos, pour en faire présent à son pays.
De retour d’Allemagne à Genève, s’y étant marié, comme on a coutume de le faire de bonne heure dans son pays, Mallet cherchait une voie à ses goûts et à ses ardeurs d’étude et de polémique.
Et puis il y a, nous le savons, de certains moments où des maladies de même nature éclatent à la fois dans divers pays : cela est vrai des maladies physiques et aussi des épidémies morales.
C’est elle que Le Brun a immortalisée dans cette épigramme souvent citée : Églé, belle et poète… Cette reine de l’Almanach des Muses excita la veine des versificateurs du pays.
Le jeune évêque, arrivant dans un pays rempli de protestants et où il y avait bien des discordes, prend au sérieux ses fonctions épiscopales, s’informe de ses droits, s’acquitte de ses devoirs.
Le but, pourtant, et l’utilité de cette méthode, à une époque où les communications étaient moins faciles, était de tenir les savants des divers pays au courant des écrits nouveaux, et de les leur offrir du moins par extraits fidèles et sûrs, en attendant qu’ils pussent se procurer l’ouvrage même.
Mais toute sa vie, quand la vieillesse arrive, se résume en ce zéro : « Des paroles, toujours des paroles, jamais d’actions. » Roulant ainsi d’entreprise en entreprise, de place en place, d’un pays à un autre, il finit par se faire obscurément et inutilement fusiller sur une barricade, à l’étranger, sans armes, et lorsque l’émeute est déjà réprimée.
Que l’on joigne à l’image de tous ces êtres celle des lieux où ils vivent, des chambres, des salons, des cabinets de travail, des salles de spectacle, des échoppes, des magasins, des galetas, des bouges, des ateliers ; celle des rues qui relient ces demeures, de l’avenue de l’Opéra aux boulevards extérieurs, des ponts de la Seine aux buttes de Passy, des ruelles de Plassans aux routes du Coron ; celle enfin des paysages qui enclosent ces villes, les sèches arêtes de la Provence, les plaines blêmes du Nord, les efflorescences du Paradou, les déferlements des marées normandes, l’on aura dans une dizaine de volumes un large ensemble de faits humains et physiques reproduisant en abrégé presque toute la complexité d’un pays en un temps.
En ce pays ni le Bœuf, ni le Cheval, ni le Chien ne se sont naturalisés, bien qu’ils s’étendent vers le nord et vers le sud à l’état sauvage.
[Le Pays, 20 septembre 1859.]
Je suppose alors que dans un pays inconnu — en Amérique par exemple, mais dans une Amérique non encore découverte par l’Europe et décidée à ne pas entrer en relations avec nous — se fût développée une science identique à notre science actuelle, avec toutes ses applications mécaniques.
Ainsi, si dans une assemblée on discute s’il faut faire la guerre, un orateur pourra commettre une ignoratio elenchi s’il prouve que la guerre est injuste, en général, car il prouve trop ; on ne parle pas de guerre en général ; s’il prouve qu’elle est avantageuse, car il ne prouve pas assez ; cela ne suffit pas ; s’il parle de la grandeur et de la gloire du pays, car il prouverait à côté ; il n’est pas sûr que la guerre ait ce résultat. […] La loi morale, dit-on, n’est pas la même dans tous les temps et tous les pays. […] Cette objection montre seulement que la matière de la loi morale varie avec les époques et les pays, mais non cette loi elle-même.
Chaque génération à son tour est au haut de l’arbre, voit tout le pays au-dessous et n’a que le ciel au-dessus d’elle. […] » CLXIII Ceux qui, en tout sujet, ont par l’éloquence une grande route toujours ouverte, se croient dispensés de fouiller le pays. […] Tandis que Chateaubriand, vieillard, abdique noblement la carrière publique, sacrifiant son reste d’avenir à l’unité d’une belle vie, il est bien que le jeune homme qui a commencé sous la même bannière continue d’aller, en dépit de certains souvenirs, et subisse sans se lasser les destinées diverses de son pays.
Au lever du soleil la galère remit à la voile : Pierre Quillard partait pour des pays lointains. […] Villiers de l’Isle-Adam On s’est plu, témoignage maladroit d’une admiration pieusement troublée, à dire et même à baser sur ce dit une paradoxale étude : « Villiers de l’Isle-Adam ne fut ni de son pays, ni de son temps. » Cela paraît énorme, car enfin un homme supérieur, un grand écrivain est fatalement, par son génie même, une des synthèses de sa race et de son époque, le représentant d’une humanité momentanée ou fragmentaire, le cerveau et la bouche de toute une tribu et non un fugace monstre. […] Tailhade se rendit tout à coup célèbre et redouté par les cruelles et excessives satires qu’il appela, souvenir et témoin d’un voyage que nous faisons tous sans fruit, Au pays du Mufle.
Il ne regrette point le ministère aux conditions où il l’a laissé, et il résume lui-même sa situation politique par un de ces mots décisifs qui sont à la fois un jugement très vrai, et un aveu honorable pour celui qui les prononce : « Je sens avec vous combien il est heureux pour moi de n’être plus en place ; je n’ai pas la capacité nécessaire pour tout rétablir, et je serais trop sensible aux malheurs de mon pays. » Et il essaye de se consoler de son mieux, de se recomposer, dans cette oisiveté, quoi qu’il en dise, un peu languissante, un idéal de vie philosophique et suffisamment heureuse : « La lecture, des réflexions sur le passé et sur l’avenir, un oubli volontaire du présent, des promenades, un peu de conversation, une vie frugale : voilà tout ce qui entre dans le plan de ma vie ; vos lettres en feront l’agrément. » Ce dernier point n’est pas de pure politesse : on ne peut mieux sentir que Bernis tout l’esprit et la supériorité de Voltaire là où il fait bien : « Écrivez-moi de temps en temps ; une lettre de vous embellit toute la journée, et je connais le prix d’un jour. » La manière dont Voltaire reçoit ses critiques littéraires et en tient compte enlève son applaudissement : « Vous avez tous les caractères d’un homme supérieur : vous faites bien, vous faites vite, et vous êtes docile. » Bernis n’a pas, en littérature, le goût si timide et si amolli qu’on le croirait d’après ses vers.
Louis XI, réfugié auprès du duc de Bourgogne, vit et habite à Gennep, que le duc lui a donné pour résidence, et qui était le plus beau pays de chasse qui fût dans la Flandre et le Brabant ; il y partage son temps entre la chasse, la promenade et la lecture.
La pauvre enfant seule a été sauvée sans qu’on pût découvrir trace de son origine ; elle a été déposée dans le pays chez un curé dont la sœur l’a élevée.
Et quand je me trouve avoir été cinq ans intendant de frontière, et avec assez d’approbation, puis quatorze ans au conseil, fort assidu et en bonne réputation d’intégrité, et que je joindrai à cela une connaissance des pays étrangers et des négociations, alors, si je mérite place dans quelque ministère, on ne dira pas que j’y suis promu comme tant d’autres, et je m’y soutiendrai plus aisément par la justice que par la grâce et la faveur.
D’Argensen a écrit sur Cromwell de fortes pages où, en reconnaissant ses qualités, il s’attache à flétrir son hypocrisie, son machiavélisme, et ne peut se décider même à lui tenir compte des services rendus par lui à son pays : « Les hommes, dit-il, ne lui en avaient aucune obligation ; jamais homme n’a plus haï l’humanité et toute vertu gratuite. » À côté de ces pages moralement fort belles et qui méritent d’être lues telles qu’elles sont, il retombe dans des bonhomies de jugement.
Ce qui est assez particulier, c’est que ce comte de Saint-Alban, dessiné de la sorte, nous est donné de son propre aveu comme ayant été à l’origine, et presque dès le collège, un libéral sans préjugés et un ambitieux de la belle gloire, de celle qui s’acquérait dans les luttes de la parole publique et de l’antique forum ; ce serait un grand citoyen manqué, un Chatam venu trop tard ou trop tôt, désœuvré dans le pays de Mme de Pompadour, et qui, voyant le noble but impossible, en aurait dédaigné de moindres, et se serait jeté, de dégoui et de pitié, dans les délices : Les plaisirs sont la seule ressource de l’homme ardent et passionné dont l’ambition est contrariée !
Cependant, à deux pas de là, dans une nuance d’abord assez peu comprise du parti de l’Opposition, en dehors du libéralisme proprement dit, grandissait chaque jour une figure hautaine, altière, dédaigneuse et grave, un étrange et imposant personnage, s’appuyant à des convictions, presque à des dogmes en politique, et qui, sans se donner aucune peine pour cela, allait gagnant dans le pays en autorité et en prépondérance, — Royer-Collard.
Gavarni, « pendant ce séjour dans un pays pittoresque, en face des Pyrénées, essayait en tous sens son crayon : il dessinait des modes, des costumes pyrénéens, des paysages, des courses de chevaux, des descentes de diligence, etc. ; on me cite, entre autres dessins, les Contrebandiers et l’Inondation, qu’il fit imprimer à Bordeaux : sa première manière était, me dit-on, d’un soigné naïf.
Vieux et inutile, mais vengé désormais et content, il s’offre lui-même en victime pour apaiser le sang qui crie par la bouche de Chimène ; que son fils vive pour continuer l’honneur de sa race, pour servir son roi et son pays, il n’aura plus de regret.
Arrivant à Lyon par la Saône, et se faisant débarquer un peu avant l’île Barbe, il entend nommer les jolies maisons de campagne devant lesquelles on passe et dont est bordée cette rive, et il ajoute : « C’est, je pense, dans les environs de ce pays-ci, qui probablement s’appelle Neuville, que la femme que je respecte le plus au monde avait un petit domaine.
La révolution de Juillet le trouva donc libre, sans obligation politique, ayant donné des gages au pays, prêt à lui en donner encore.
Quelques inconvénients achètent tant d’avantages ; du moment qu’on ne choisit plus une seule route rapide et déjà ouverte, mais qu’on veut occuper l’ensemble du pays et se conformer à l’entière réalité du sujet, on a des intervalles pénibles et qui ne se peuvent supprimer.
1843 Les critiques de nos jours, ceux qui, depuis une vingtaine d’années déjà, ont commencé de se produire et de battre le pays, songent tous plus ou moins à se recueillir, à ramasser ce qu’ils avaient lancé d’abord à l’aventure, à se refaire, pour le reste de la marche, un gros assez imposant de ces troupes légères qui n’avaient donné dès le matin qu’en éclaireurs et comme en enfants perdus.
Autrefois on traversait difficilement tant de pays avec si forte marchandise sans payer rançon ; aujourd’hui il y a encore les douanes.
J’en ai quelquefois cependant ; et si mes pensées s’inscrivaient toutes seules sur les arbres que je rencontre, à proportion qu’elles se forment et que je passe, vous trouveriez, en venant les déchiffrer dans ce pays-ci après ma mort, que je vécus par-ci par-là plus Platon que Platon lui-même : Platone platonior.
Je conçois le sentiment de discrétion et de délicatesse qui fait qu’on hésite à toucher à de vieilles blessures et à remuer les cicatrices d’un cœur ; mais ce mot humilier en pareil cas n’est pas français : tant que la dernière source, la dernière goutte du vieux sang de nos pères n’aura pas tari dans nos veines, tant que notre triste pays n’aura pas été totalement régénéré comme l’entendent les constituants et les sectaires, il ne sera jamais humiliant pour un homme, même vieux, d’avoir aimé, d’avoir été aimé, fût-ce dans un moment d’erreur.
Jamais peut-être sur cette terre, à aucune époque, sauf l’ère de l’incarnation de l’idée chrétienne, un pays ne produisit, en un si court espace de temps, une pareille éruption d’idées, d’hommes, de natures, de caractères, de talents, de crimes, de vertus.
Il porta secours à son pays.
Il n’était point possible de séparer leur histoire de celle de notre pays, car ils y ont tous été mêlés en vertu même de leur naissance ; mais ils y ont été mêlés à des degrés et avec des mérites fort inégaux.
Au mois de juillet 1659, la troupe italienne s’en retourna en son pays, laissant Molière maître de la salle du Petit-Bourbon.
L’ame est étonnée de ce contraste romanesque, de rappeller avec plaisir les merveilles des romans, où après avoir passé par des rochers & des pays arides, on se trouve dans un lieu fait pour les fées.
L’abstinence et la mortification sont des vertus de barbares et d’hommes matériels, qui, sujets à de grossiers appétits, ne conçoivent rien de plus héroïque que d’y résister : aussi sont-elles surtout prisées dans les pays sensuels.
sur l’Afrique, sur l’Asie, sur tous les pays coupables d’être impuissants à se défendre.
Il fallait traverser les armées qui occupaient le pays.
André Chénier, témoin des mêmes actes, et jugeant Condorcet dans la mêlée comme un transfuge de sa cause, de la cause des honnêtes gens, s’écriait : C…, homme né pour la gloire et le bien de son pays, s’il avait su respecter ses anciens écrits et su rougir devant sa propre conscience ; homme dont il serait absurde d’écrire le nom parmi cet amas de noms infâmes, si les vices et les bassesses de l’âme ne l’avaient redescendu au niveau ou même au-dessous de ces misérables, puisque ses talents et ses vastes études le rendaient capable de courir une meilleure carrière ; qu’il n’avait pas eu besoin, comme eux, de chercher la célébrité d’Érostrate, et qu’il pouvait, lui, parvenir aux honneurs et à la fortune, dans tous les temps où il n’aurait fallu pour cela renoncer ni à la justice, ni à l’humanité, ni à la pudeur.
en nul pays du monde la balle ne viendra-t-elle donc au joueur !
Telle m’apparaît, malgré tous mes efforts pour me la représenter plus aimable, la géographe du pays de Tendre, la Sapho de Pellisson.
Fénelon, jugeant ces mêmes Avis de Mme de Lambert à son fils, disait : L’honneur, la probité la plus pure, la connaissance du cœur des hommes, règnent dans ce discours… Je ne serais peut-être pas tout à fait d’accord avec elle sur toute l’ambition qu’elle demande de lui ; mais nous nous raccommoderions bientôt sur toutes les vertus par lesquelles elle veut que cette ambition soit soutenue et modérée. » Mme de Lambert perdit son mari en 1686 ; elle l’avait accompagné deux années auparavant à Luxembourg, quand il avait été nommé gouverneur de cette province, et, dans ce pays nouvellement conquis, elle l’avait aidé à se concilier les cœurs : « Il avait la main légère, dit-elle, et ne gouvernait que par amour, et jamais par autorité. » Elle avait consacré tout son bien personnel, qui était considérable, à l’avancement de la fortune de son mari et à une honorable représentation.
Et d’Aguesseau, le félicitant sur son ouvrage, entrait dans sa pensée, quand il lui disait : « Vous parlez le français comme si c’était votre langue naturelle. » C’est que Rollin, en effet, était du Pays latin, et ce mot avait alors toute la signification qu’il a perdue depuis.
Ce grand homme était alors à battre le pays à la tête de sa troupe.
Didon a écrit dans un livre récemment loué : « Celui qui vous parle s’est plongé jusqu’à la moelle dans son siècle et dans son pays. » On a recueilli dans un journal grave ceci : « Anéantir les fruits du passé, c’est enlever à l’avenir son piédestal. » Où donc ai-je lu : « C’est avec le fer rouge qu’il faut nettoyer ces écuries d’Augias !
Il y a de la poésie dans la rue par laquelle je passe tous les jours et dont j’ai, pour ainsi dire, compté chaque pavé, mais il est beaucoup plus difficile de me la faire sentir que celle d’une petite rue italienne ou espagnole, de quelque coin de pays exotique. » Il s’agit de rendre de la fraîcheur à des sensations fanées, « de trouver du nouveau dans ce qui est vieux comme la vie de tous les jours, de faire sortir l’imprévu de l’habituel ; » et pour cela le seul vrai moyen est d’approfondir le réel, d’aller par-delà les surfaces auxquelles s’arrêtent d’habitude nos regards, d’apercevoir quelque chose de nouveau là où tous avaient regardé auparavant. « La vie réelle et commune, c’est le rocher d’Aaron, rocher aride, qui fatigue le regard ; il y a pourtant un point où l’on peut, en frappant, faire jaillir une source fraîche, douce à la vue et aux membres, espoir de tout un peuple : il faut frapper à ce point, et non à côté ; il faut sentir le frisson de l’eau vive à travers la pierre dure et ingrate. » Guyau passe en revue et analyse finement les divers moyens d’échapper air trivial, d’embellir pour nous la réalité sans la fausser ; et ces moyens constituent « une sorte d’idéalisme à la disposition du naturalisme même ».
On lui ôterait sa famille, son pays, son spectre, et toute l’aventure d’Elseneur, que, même à l’état de type inoccupé, il resterait étrangement terrible.
Qu’il songe que Barrès et Victorien du Saussay n’ont pas la même clientèle, ne peuvent pas l’avoir et que l’un ne saurait faire tort à l’autre, et qu’il agisse pour le renom de notre pays dont la grandeur littéraire est la plus belle gloire.
La fameuse mosaïque du palais des princes Barberins à Palestrine représente dans sa partie supérieure un pays de montagnes, avec des chasseurs et des animaux : dans la partie inférieure, le Nil qui serpente autour de plusieurs petites îles.
Ils ne sont pas du pays.
Rien ne berce mon cœur oppressé ni l’abri presque inespéré de ce manoir de Brestenbergw qui vous accueille avec ses fenêtres d’idylle et ses délicatesses de boiseries anciennes, ni au bout du lac cet antique fief prodigieux qui sommeille sur les eaux comme la Silhouette intacte d’un Géant-Chevalier ni tout près de moi la présence d’une amie attentive, née au pays des tulipes et qui portant au bout d’une longue tige un peu raide le délicieux calice de son visage, semble la sœur même de ces fleurs maladroites et belles.
Une fois lâchés à leur tour contre le clergé, la noblesse et les parlements, qui soutenaient leurs privilèges respectifs, les gens de lettres, à qui on remit le fléau qui doit broyer tous les gouvernements dans un pays du tempérament de la France, je veux dire la liberté de la presse, ne s’arrêtèrent que quand la révolution fut consommée.
Récits d’histoire romaine du v e siècle [Le Pays, 10 juillet 1860.]
On peut mieux encore observer la vérité de ce fait, chez les individus dont le désir d’un autre être n’est pas satisfait, en un mot chez les amoureux éconduits, dont la morne tristesse et la sombre rêverie sont demeurés classiques en tout pays. « Languir d’amour » est la traduction, en langage proverbial et populaire, de cette vérité biologique : l’excitation sexuelle non satisfaite déprime les facultés cérébrales.
Ces pagodes et ces mosquées, ces jardins aux eaux toujours fraîches, aux pelouses toujours vertes, ces musées d’art et, à côté des musées, ces vitrines où brillent les pierreries les plus précieuses détachées pour quelques jours des fronts qu’elles décorent, où éclatent l’or et l’argent moulés et ciselés de cent façons différentes ; tapis, porcelaines, étoffes aux mille nuances, meubles de luxe et meubles d’usage, richesses et produits de toutes les nations, grâce aux comptes rendus des journaux, vont faire pendant six mois le spectacle aussi varié qu’instructif de l’étranger dans son pays où le retiennent la longueur et les frais du voyage, du bourgeois dans sa petite ville qu’il ne quittera pas, du solitaire dans le coin où son humeur l’enferme. […] Antoni Deschamps imita avec bonheur l’austère allure du style dantesque et peignit dans ses Italiennes le pays des chênes verts et des rouges terrains avec le contour net de Léopold Robert et la solide couleur de Schnetz, pendant que Charles Coran, dans Onyx et les Rimes galantes, vantait la Vénus mondaine et les élégances de la haute vie-sans sortir du boudoir. […] Il sait Pétrarque, le Tasse et Métastase sur le bout du doigt, comme son ami de Gramont, qui fait des sonnets dans la langue du beau pays où résonne le si. […] Ces deux volumes contiennent, en effet, une douzaine de poëmes épiques, mais concentrés, rapides, et réunissant en un bref espace le dessin, la couleur et le caractère d’un siècle ou d’un pays. […] Les rimes se renvoient, comme des raquettes un volant, les noms bizarres de ces forbans, écume de la mer, échappés de chiourme venant de tous les pays, et il suffit d’un nom pour dessiner de pied en cap un de ces coquins pittoresques campés comme des esquisses de Salvator Rosa ou des eaux-fortes de Callot.
S’étend elle à tous les pays ? Oui, à tous les pays connus. Mais s’étend-elle à tous les pays possibles ? Non ; car il est possible de concevoir des pays plongés dans une nuit éternelle, étant donné un autre système du monde. […] Par quel contraste bizarre un pays où les arts de l’esprit ont été portés à cette perfection serait-il resté médiocre dans les autres arts ?