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1421. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Seulement, la frivolité française ne change pas la nature de son crime pour l’abominable siècle qui a corrompu le cœur d’un roi avant de couper le cou à un autre.

1422. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Journaliste, Μ. de Girardin peut avoir du talent, mais il n’est pas aisé d’en changer la nature : c’est un talent de journaliste.

1423. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Pour mon compte, je ne connais point, dans tout le xviiie  siècle, un sentiment qui ressemble à l’amour de Madame de Sabran pour Boufflers, à cet amour malheureux qui, tout le temps de la durée de ses lettres et de sa vie, ne songe pas une seule fois à se reprendre à l’homme qui était véritablement pour elle le Destin… Les éditeurs de ces Lettres donnent à croire dans leur Notice que Madame de Sabran épousa le chevalier de Boufflers en émigration, mais cette fin de son triste roman ne dut rien changer à la nature d’un amour qui était la plaie immortelle d’un flanc qui saigne et qu’on lèche sans pouvoir la cicatriser, et que dis-je ?

1424. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

L’auteur de Terre et Ciel, dont la prétention le plus en relief est la théologie, qui s’en croit l’aptitude et qui n’en a pas même le rudiment, invoque naïvement, dans son livre, une théologie qui changerait en dogmes ses erreurs.

1425. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Si les jours ont changé, c’est qu’ils sont pires… Les Docteurs du jour devant la Famille !

1426. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

La prédication catholique, ce vaste enseignement qui a changé la face du monde, qui l’a conquis et qui l’a gardé, n’est-ce pas une gesticulation plus ou moins entraînante, un cri de la foi poussé jusqu’aux nuées, un raisonnement dans le dogme qui emporte les opiniâtres les plus rebelles, et refait, avec une parole, ce coup de foudre du chemin de Damas qu’on appelle une conversion ?

1427. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

Funck Brentano relève, il ne faut pas oublier qu’il a écrit cette phrase, qui enveloppe tout : « En vain l’idéalisme et le sensualisme changeront de nom et d’enseigne et deviendront le criticisme, le synthétisme, la philosophie du bon sens, « le positivisme, l’éclectisme, l’évolutionnisme, le nihilisme, on ne pourra conduire à, aucune solution sans un principe supérieur. » Le spiritualiste, dans M. 

1428. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Et, malgré la mélancolie des années, qui met ses safrans sur le front du poète, il y boira toujours, dans cette « coupe rose », même les neiges de la vieillesse que l’Imagination saura bien changer en sorbets.

1429. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

qui rendait, au moins pour un homme élevé et courageux, toute intimité impossible ; c’était le dégoût, l’inévitable dégoût quand il s’agit d’une femme qui, après tout, et quoique nos passions soient assez lâches pour changer les noms aux choses qui nous concernent, a versé d’un concubinage dans un autre.

1430. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Ce n’est guères que la langue de l’abbé Prévost, le verre d’eau claire qui ne se change point en vin et pour lequel il n’y a pas de noces de Cana.

1431. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

L’effet qu’il produit n’a pas changé.

1432. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

L’individualité de l’auteur s’y révélant bien moins que dans la publication d’un ouvrage, jusque-là inédit, les réimpressions sont des espèces de renseignements sur l’esprit public que le libraire suit toujours plus qu’il ne le précède… Mais quand, de plus, elles sont une rénovation de l’œuvre déjà publiée, quand l’auteur y apparaît derrière le libraire, quand, riche du bénéfice des années, l’écrivain change le caractère d’un livre qu’il juge et condamne, du haut des acquisitions de sa pensée, les réimpressions prennent alors une importance que la Critique est obligée de signaler.

1433. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Mais dans la seconde partie, la forme change tout à coup.

1434. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Pour l’imagination charmeresse et charmante de cet humouriste consolateur et réconcilialeur avec l’idée terrible, la mort, c’est simplement la vie qui s’en va de l’autre côté, mais qui pour cela n’a pas changé d’essence.

1435. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Enfin lorsque, dans l’Iliade, au dernier combat d’Hector le poëte fait succéder, comme pour l’apothéose d’une telle victoire, l’acclamation soudaine des vainqueurs : « Nous avons remporté une grande gloire, nous avons tué le vaillant Hector » ; rien n’est changé dans la forme des vers ; et le majestueux hexamètre se plie et se replie à ces violentes saillies de la joie guerrière.

1436. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Rien n’est changé. […] Les modes et les clefs doivent subitement changer. […] Mais cela n’a pas changé l’existence matérielle des hommes. […] Pour les ramener par le pinceau à leur forme idéale, il doit changer ce qui est donné par la nature. […] Mais seulement en apparence, car le poème change soudainement de ton : « Barques brisées dans l’eau du moulin, — Présents dorés pour toutes les autres.

1437. (1881) Le roman expérimental

Il s’agira simplement de changer la facture, la carcasse de l’œuvre. […] Les valets changeaient ainsi de maîtres, quand les maîtres les rouaient de coups. […] Plus tard, au temps de Voltaire, les mœurs étaient déjà changées. […] À cette heure, ces mœurs sont changées. […] C’est que toutes les conditions du roman ont changé.

1438. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Comme la société, la littérature change de cours. […] Aux moindres bontés, elle est confuse ; elle ne sait que dire, elle change de couleur, elle fait la révérence en baissant les yeux ; ce pauvre cœur innocent se trouble ou se fond1038. […] Ce dada, à son gré, est comme une verrue, d’abord si petite qu’on l’aperçoit à peine, et seulement lorsqu’elle est sous un bon jour ; mais la voilà qui peu à peu grossit, se couvre de poils, rougit et bourgeonne tout alentour ; son propriétaire, qui en jouit et l’admire, la nourrit, jusqu’à ce qu’enfin elle se change en loupe énorme, et que le visage entier disparaisse sous l’excroissance parasite qui l’envahit. […] Vous direz que des leçons de ce goût sont bonnes pour des barbares et que vous n’aimez qu’à demi ces prédicateurs officiels ou laïques, de Foe, Hogarth, Smollett, Richardson, Johnson et les autres ; je réponds que les moralistes sont utiles, et que ceux-ci ont changé une barbarie en civilisation.

1439. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Il suit de là déductivement que, s’il y a déjà autant de vapeur suspendue dans l’air que peut en contenir sa température présente, tout abaissement de cette température portera une portion de la vapeur à se condenser et à se changer en eau. […] Cela admis, on voit à l’instant que la portée de notre esprit se trouve changée. […] The case is one of those rare cases ; as we have shown them to be, in which nature works the experiment for us in the same manner in which we ourselves perform it ; introducing into the previous state of things a single and perfectly definite new circumstance, and manifesting the effect so rapidly, that there is not time for any other material change in the preexisting circumstances. […] Now, since a clear sky is nothing but the absence of clouds, and it is a known property of clouds, as of all other bodies between which and any given object nothing intervenes but an elastic fluid, that they tend to raise or keep up the superficial temperature of the object by radiating heat to it, we see at once that the disappearance of clouds will cause the surface to cool ; so that Nature, in this case, produces a change in the antecedent by definite and known means, and the consequent follows accordingly : a natural experiment which satisfies the requisitions of the Method of Difference.

1440. (1904) Zangwill pp. 7-90

Nous regarderons alors ses organes en exercice ; nous essayerons de découvrir de quelle façon elle recueille le pollen des fleurs, comment elle l’élabore, par quelle opération intérieure elle le change en cire ou en miel. […] Un air nouveau moins froid vous souffle aux joues ; le ciel change et le sol aussi. […] L’air et les aliments font le corps à la longue ; le climat, son degré et ses contrastes produisent les sensations habituelles, et à la fin la sensibilité définitive : c’est là tout l’homme, esprit et corps, en sorte que tout l’homme prend et garde l’empreinte du sol et du ciel ; on s’en aperçoit en regardant les autres animaux, qui changent en même temps que lui, et par les mêmes causes ; un cheval de Hollande est aussi peu semblable à un cheval de Provence qu’un homme d’Amsterdam à un homme de Marseille. […] Si on veut changer cet ordre, personne ne vivra.

1441. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Plus tard, j’ai changé cela, j’ai fait entrer dans ma vie une douce philosophie et de la gaîté… » Là-dessus Flaubert, oui Flaubert, et Saint-Victor se mettent à soutenir la thèse qu’il n’y a rien à faire avec le moderne ; ce qui nous fait pousser des cris de paon et leur jeter : « La plastique est transposée, voilà tout !  […] » Ce soir, chez la princesse Mathilde, Fromentin fait la remarque que, depuis les Carrache, les procédés matériels de la peinture sont complètement changés, qu’on n’a qu’à regarder un tableau d’avant eux, et qu’on verra toutes les lumières en creux, tandis que dans la peinture moderne toutes les lumières sont en relief. […] L’aspect est tout changé, les guinguettes s’en vont. […] — Oui, oui, je me rappelle, dit la princesse, qu’un jour l’empereur m’a demandé si je connaissais quelqu’un pour remplacer Mocquard, qu’il se fatiguait maintenant très vite… qu’il avait bien Duruy… Enfin, en voilà un drôle de changement, j’ai appris cela hier, en revenant de Versailles où je m’étais bien amusée… Je regrette beaucoup Rouland… Au fond, on change toujours les hommes et jamais les choses… Là-dessus je me sauve… On dîne, et après dîner, Sainte-Beuve se plaignant de la vieillesse, on lui dit que jamais il n’a été plus jeune : « C’est vrai, s’écrie la princesse, il a rompu avec un tas de bêtises, d’idées tristes… J’aime bien mieux ce que vous faites maintenant… N’est-ce pas vrai, Messieurs, que ses articles sont aujourd’hui d’une liberté… ça va, ça va… il patauge dans le vrai !

1442. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Il suit de là déductivement que, s’il y a déjà autant de vapeur suspendue dans l’air que peut en contenir sa température présente, tout abaissement de cette température portera une portion de la vapeur à se condenser et à se changer en eau. […] Cela admis, on voit à l’instant que la portée de notre esprit se trouve changée. […] The case is one of those rare cases, as we have shown them to be, in which nature works the experiment for us in the same manner in which we ourselves perform it ; introducing into the previous state of things a single and perfectly definite new circumstance, and manifesting the effect so rapidly, that there is not time for any other material change in the pre-existing circumstances. […] Now, since a clear sky is nothing but the absence of clouds, and it is a known property of clouds, as of all other bodies between which and any given object nothing intervenes but an elastic fluid, that they tend to raise or keep up the superficial temperature of the object by radiating heat to it, we see at once that the disappearance of clouds will cause the surface to cool ; so that Nature, in this case, produces a change in the antecedent by definite and known means, and the consequent follows accordingly : a natural experiment which satisfies the requisitions of the Method of Difference.

1443. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

L’avenir, mieux garanti que nous contre ses duperies, changera parmi nos contemporains l’ordre des valeurs. […] Ce grand poète, dans la critique, sait changer de manière. […] S’il a changé d’objet, du moins donnait-il « chaque fois tout son cœur ». […] Après 1833, après Mme Sand, tout a changé. […] Et, si tous ces corps humains sont autant de solitudes, pourquoi voudrait-il changer de solitude ?

1444. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Victor Hugo, en 1830, était un homme nouveau qu’on acclamait avec enthousiasme ; c’était un libérateur, c’était un envoyé de Dieu pour les gens fatigués d’admirer Racine ; ils trouvaient dans ses livres une nourriture qui les changeait de l’éternel bouilli ; c’était, sur la table, le faisan paré de toutes ses plumes ; mais, hélas ! […] La poésie est essentiellement déformatrice ; elle consiste à changer ce qui est, à le mettre à l’envers, à gonfler ce qui est mince, à amoindrir ce qui est gros, sous prétexte de grandiose et d’ingénieux. […] Mais la plume à la main, on se croit toujours obligé de changer de peau, et le même homme qui aura parlé avec son sentiment personnel, consultera les professeurs de rhétorique pour écrire et se préparera à poser devant le public selon la tradition. […] Voilà où j’en suis et comme je passe pour un peintre, il est trop tard pour que je change. […] Le vers est la langue des dieux et rien n’est fantasque comme les dieux, ils changent tous les dix-huit cents ans.

1445. (1932) Les idées politiques de la France

Elles ont certes changé depuis cette époque, mais en gardant, le long de ce changement, une ligne intelligible. […] Je crois cependant que les pentes de notre spirituel politique comportent une géographie : si les crues et les sécheresses de leurs cours d’eau dépendent du climat saisonnier, s’ils paraissent tantôt lacs et tantôt filets, ces cours d’eau subsistent, et le visage du pays ne change que lentement. […] La naissance des nations, et des nations armées, avec la Révolution française, a tout changé et tout compliqué. […] Le jour où Goethe déclara que quelque chose était changé dans l’histoire du monde est celui où des Allemands entendirent, à Valmy, ces Français qui se battaient contre eux depuis des siècles au cri de Vive le Roi ! […] La question n’a pas sensiblement changé, l’idéologie radicale non plus.

1446. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Lanouvelle de la mort de Louis XVI changea la direction de sa vie, comme, plus tard, la nouvelle du meurtre du duc d’Enghien II revient en Europe, prend du service dans l’armée des émigrés, est de l’expédition contre Thionville : malade et blessé, il est laissé pour mort au coin d’un bois. […] — Impression d’effacement insensible et muet de toutes choses dans la chute du jour, dans la chute des ans rivages brouillés dans le crépuscule, gloires sombrant dans le passé : Le Golfe de Baïa : Ainsi tout change, ainsi tout passe ; Ainsi nous-mêmes nous passons, Hélas ! […] De correction proprement dite, aucune : trois épithètes changées dans un manuscrit de la Marseillaise de la paix que j’ai sous les yeux. […] Je voudrais en ce moment lire et relire Pauca meæ, venant de m’apercevoir que je ne le sais pas encore par cœur ; et il me faut pour être complet, poursuivre, dire non seulement que Victor Hugo ne s’est pas toujours maintenu à cette hauteur, ce qui est trop naturel, mais que, pour les choses de sentiments comme pour d’autres, il a, plus tard, changé en procédés d’atelier ce qui avait été émotions de foyer et de sanctuaire.

1447. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Tu as changé de teinture, gamine. […] Il a acquis le besoin de marcher et de penser en bande, est devenu incapable de l’orgueil d’être seul, il changera de parti, ne se résignera jamais à être lui-même. […] Le vote féminin ne changera-t-il donc rien à la vie ? […] Figurez-vous que « cette action, en leur faisant un autre sang, a changé leur caractère ». […] Je ne change guère que le titre, — trop général pour désigner un simple fragment.

1448. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Le paysage change à vue d’œil : les fleurs languissent et leur parfum s’évapore ; les corymbes se nouent sur les branches ; les eaux commencent à tarir sous le ciel nu et brûlant. […] Un voyage que nous entreprîmes vers ce temps, mon hôte et moi, déconcerta singulièrement le Diable, car nous changions trop souvent de place et nous mangions de très bon appétit. […] Sa sottise toucha de pitié les Nymphes qui le changèrent en olivier pour que son âme grossière, enclose dans cet arbre sans pair, comprît enfin la Beauté. […] le berger d’Ovide fut changé en olivier sauvage. […] C’est pourquoi les Nymphes le changèrent en olivier sauvage dont le fruit par son âpreté et son aigreur rebute le goût.

1449. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Avec chacun d’eux, ne dirait-on pas que tout change : harmonie, mélodie, rythme ? […] Pour Wagner, la personnalité de la vision est ce qui fait paraître nouvelle la Vérité qui est éternelle et ne peut changer. […] Sous tous les rapports, le climat est changé. […] Nietzsche ne s’aperçoit même pas que, d’un livre à l’autre, il change complètement d’idées : comment Beethoven pourrait-il être à la fois de la Révolution et de l’époque de Louis XV ? […] L’harmonie est donc, elle aussi, une combinaison factice d’éléments naturels ; elle est plus même, elle est si conventionnelle qu’elle change d’un siècle à l’autre.

1450. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Le décor lui-même a changé. […] Mais cette fois il y a un centre qui ne change pas, un coin de terre où l’on revient, où l’on souhaite du moins de revenir et de se fixer. […] C’est nous qui avons changé. […] Et n’en est-il pas des esprits comme des visages, qui ne changent pas, mais qui se transforment suivant des lois ? Vraiment, est-ce que nous changeons tant que cela ?

1451. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Sur quoi on ne donne pas et on ne se donne pas le change. […] La mémoire et l’histoire, le temps, le seul qui n’accepte pas qu’on lui donne le change. […] On n’a point changé le singe avec le léopard, qui gagnent de l’argent à la foire. […] Elles ne me donnent point le change. […] Aujourd’hui, par un événement historique et politique qu’il y aurait lieu d’approfondir, par un événement réel et littéraire la position de ces trois termes a changé, la liaison a changé.

1452. (1894) Critique de combat

La définition est restée bonne : on a changé si peu de choses depuis lors ! […] Guyot a changé tout cela. […] Les besoins du public et, j’ose le dire, de l’art lui-même ont eu beau changer autour de lui. […] Non, il change de foyer, voilà tout. […] Déblatérons contre la société, mais n’y changeons rien !

1453. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

oui, je vous le dis avec plus de tristesse encore pour vous que pour moi, vous êtes bien changé ! […] Dieu est le point fixe où doit se reposer l’âme qui se complaît dans l’idée d’un être infini qui, au milieu des changements des mondes, ne change point. […] — Vous allez tout simplement changer vos habitudes, votre nourriture surtout ! […] ………………………………………………………………………………… » Nous ne l’ignorons pas : les conditions de l’art sont changées. […] La cavalerie française exécuta une charge brillante, mais rien ne pouvait changer la destinée de cette journée, l’armée française était défaite.

1454. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Quel dommage pour les connaisseurs et les amateurs de la pure langue que, cédant à de si vains scrupules, l’éditeur ait mis je ne sais quoi du sien dans ce portrait qui, tel qu’il est, nous paraît si charmant et de toute perfection, mais qui serait plus juste encore si l’on n’y avait rien changé ! […] Dès l’arrivée à Clermont sa raillerie change d’objet, et il montre M. 

1455. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Il frayait la voie à de plus grands, encore rebelles, qui ne firent pas faute pourtant dès que le Consulat se changea en Empire, et qui se précipitèrent en foule. […] La Révolution avait changé les conditions des diverses classes de la société, et déplacé, en quelque sorte, le centre des forces : il tendait à se fixer désormais dans les classes moyennes.

1456. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

C’est un point lumineux dans ce demi-jour des premières années où tout est confondu, plaisirs, espérances, regrets, et où les souvenirs sont brouillés et incertains, parce qu’aucune pensée ne les a gravés dans la mémoire ; amour charmant qui ne sait pas ce qu’il veut, qui se prend aux yeux bleus d’une fille comme le papillon aux roses du jardin par un instinct de nature, par une attraction dont il ne sait point les causes et dont il n’entrevoit pas la portée ; innocent besoin d’aimer, qui plus tard se changera en un désir intéressé de plaire et de se voir aimé ; passion douce et sans violence, rêve en l’air ; première épreuve d’une sensibilité qui se développera plus tard ou qui plutôt s’éteindra dans des passions plus sérieuses ; petite inquiétude de cœur qui tourmente souvent un jeune écolier, un de ces enfants aux joues roses que vous croyez si insouciant, mais qui déjà éprouve des agitations inconnues, qui étouffe, qui languit, qui se sent monter au front des rougeurs auxquelles la conscience n’a point part. » — La grâce facile où se jouera si souvent la plume de Charles Labitte se dessine déjà dans cette page délicate où je n’ai pas changé un mot.

1457. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Il veut comme eux changer la religion régnante, il se conduit en fondateur de secte, il recrute et ligue des prosélytes, il écrit des lettres d’exhortation, de prédication et de direction, il fait circuler les mots d’ordre, il donne « aux frères » une devise ; sa passion ressemble au zèle d’un apôtre et d’un prophète  Un pareil esprit n’est pas capable de réserve ; il est par nature militant et emporté ; il apostrophe, il injurie, il improvise, il écrit sous la dictée de son impression, il se permet tous les mots, au besoin les plus crus. […] « Il fallait un calculateur pour remplir la place, ce fut un danseur qui l’obtint. — C’est un grand abus que de vendre les charges. — Oui, on ferait bien mieux de les donner pour rien. — Il n’y a que les petits hommes qui craignent les petits écrits. — Le hasard fit les distances, l’esprit seul peut tout changer. — Courtisan, on dit que c’est un métier bien difficile.

1458. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Le peuple peut, quand il lui plaît, changer son gouvernement et révoquer ses mandataires. […] XVII « Quand elle eut traversé le pont au Change et les quartiers tumultueux de Paris, le silence et la contenance sérieuse de la foule indiquèrent une autre région du peuple.

1459. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Raphaël peignait, Jules Romain dessinait, Buonarotti changeait à volonté le marteau contre le pinceau, Bramante imaginait et concevait la transfiguration de l’architecture pour élever dans le ciel le Panthéon simplifié, exalté, glorifié. […] Mais cela suffit-il au malheur, qui voit effacer des astres cet astre de l’âme, cette divine providence infinie qui compte ses larmes et ses jours et qui met en réserve ses souffrances pour les changer en océan de justice, de réparation et de délices au jour éternel où elle donnera à l’insecte tout ce qu’elle a promis à l’univers pour sa seule existence ?

1460. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

C’est à San Stefano que je dois d’avoir changé d’idée. […] Le capitaine n’a que d’honnêtes intentions ; n’aimeriez-vous pas bien, ma belle enfant, à changer cette robe de bure brune et ces sandales sur vos jambes nues contre de riches robes de soie, de fins souliers à boucles luisantes comme l’eau de cette cascatelle, et à devenir une des dames les plus regardées du duché de Lucques, où il y en a tant de pareilles à des duchesses ?

1461. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Verlaine en change tout à coup, sans prévenir. […] Soit   mais notre oreille à nous ne saurait s’accommoder si rapidement à des rythmes si particuliers et qui changent à chaque instant.

1462. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Il abhorre Paris ; rien ne pourra le changer. » Ou bien : « Valmore m’a avoué qu’il préférait toutes les chances désastreuses que nous éprouvons de faillite en faillite et de voyage en voyage, à rentrer jamais à la Comédie française qu’il abhorre. » Ou bien : « Valmore est tout à fait réveillé de ses beaux rêves d’artiste… Il veut nous emmener dans quelque cour étrangère ou essayer une direction théâtrale à Paris… » Ou encore : « Mon mari qui t’aime de toujours incline jusqu’à tes genoux toutes ses fiertés d’homme… » (Cela, c’est tout à fait l’accent « Delobelle », ou, mieux, le style « Delmar » : vous vous rappelez l’étonnant cabot-pontife de l’Éducation sentimentale ?) […] Si l’on pouvait savoir à quelle époque elle changea le nom d’Hyacinthe en celui d’Ondine, on saurait peut-être, du même coup, la date de la guérison de son pauvre cœur.

1463. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Par une petite pédanterie d’hébraïsant, j’appelai cette crise de mon existence Nephtali 19, et je me redisais souvent le dicton hébraïque : Naphtoulé Élohim niphtalti : « J’ai lutté des luttes de Dieu. » Mes sentiments intérieurs n’étaient pas changés ; mais, chaque jour, une maille du tissu de ma foi se rompait. […] Quoique fort intelligente à sa manière, ma mère n’était pas assez instruite pour comprendre qu’on changeât de foi religieuse parce qu’on avait trouvé que les explications messianiques des Psaumes sont fausses, et que Gesenius, dans son commentaire sur Isaïe a raison sur presque tous les points contre les orthodoxes.

1464. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Il s’agit ici de déterminer l’époque précise où les précieuses s’établirent et furent désignées sous ce nom dans la société ; comment ce mot changea de signification, à quelle époque on distingua entre les précieuses, et on eut besoin d’adjectifs pour déterminer le sens de ce mot. […] Plusieurs de nos biographes modernes ont contesté qu’elle eût jamais été jouée en province, et faite contre des femmes de province : ils affirment qu’elle a été faite à Paris, contre l’hôtel de Rambouillet qui n’existait plus, contre la marquise de Rambouillet qui, selon eux, venait de changer son nom en celui d’Arthénice qu’elle portait depuis plus de 50 ans, et Molière la désigne, disent-ils, par sa Madelon qui veut absolument être appelée Polixène.

1465. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

* * * — Burty racontait, ce soir, que le fils de Martener, le fils du médecin, dont Balzac n’a pas changé le nom dans Pierrette, avait une fille qu’il adorait. […] Et il dit : « Non, ça m’est égal, mais ça change tout mon ordre de travail, Je vais être obligé de faire Nana… Au fond, ça dégoûte les insuccès au théâtre… La Curée attendra… Je veux faire du roman. » Et il continue à faire tourner son couteau.

1466. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

L’un commence : « Il a dit que, l’aurore levée, L’on fît venir demain ses amis pour l’aider. » — « S’il n’a dit que cela, repartit l’alouette, Rien ne nous presse encor de changer de retraite ; Mais c’est demain qu’il faut tout de bon écouter. […] Quand reginglettes et réseaux Attraperont petits oiseaux, Ne volez plus de place en place ; Demeurez au logis, ou changez de climat : Imitez le canard, la grue et la bécasse.

1467. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Cette guerre pour les besoins de laquelle l’Institut des Jésuites avait été fondé, et qui devait finir par la défection d’un Souverain Pontife, avait changé de face et d’armes, mais se poursuivait avec acharnement. […] Elles peuvent changer de champ de bataille, mais une campagne de trente ans n’est pour elles qu’un épisode.

1468. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Je dis, enfin, qu’il n’y a plus à s’occuper de Flaubert qu’au seul cas où il changerait de système et de manière, et il n’en changera pas.

1469. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Toujours est-il qu’il échappe à ce danger que j’ai signalé, et qu’il est rentré dans la vérité native de son talent, si antipathique aux peintures basses et si délicieux de cette sensibilité que dédaignent, comme le renard les raisins, les Impassibles, ces pierreux de la littérature… Sensibilité, coloris, grâce de l’âme dans le talent, tout est revenu de ce que nous connaissions en lui depuis qu’il a changé de modèles. […] Où il a passé, l’herbe ne repousse plus, ou, si elle repousse, c’est de la même herbe qu’il avait fauchée… Depuis Balzac, d’ailleurs, les mœurs parisiennes (et il n’est question dans l’étude de Daudet que de celles-là) n’ont pas assez changé, ne se sont pas assez renouvelées, pour que l’observateur y puisse découvrir de ces choses inattendues qui font à un livre qui les retrace une géniale originalité.

1470. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Cet axiome, rapproché du septième et de son corollaire, prouve que l’homme a le libre arbitre, quoique incapable de changer ses passions en vertus, mais qu’il est aidé naturellement par la Providence de Dieu, et d’une manière surnaturelle par la Grâce. […] Les siècles s’écoulèrent, les usages changèrent, et les fables furent altérées, détournées de leur premier sens, obscurcies dans les temps de corruption et de dissolution qui précédèrent même l’existence d’Homère.

1471. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

Tout y avait changé de face, organisation politique et religieuse, législation civile, classification sociale.

1472. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Cette religion évangélique purement morale, dans laquelle le prêtre n’est plus qu’un officier de bonnes mœurs et un agent de bienfaisance ; où l’on espère passionnément en l’autre vie, même quand on n’en est pas très sûr, mais parce que c’est une croyance utile et salutaire ; où le curé en cheveux blancs, qui ne sait que donner et pardonner, ressemble à un bon père de famille souriant selon la maxime que « l’air gracieux et serein doit être la parure de l’homme vertueux » ; cette religion du curé de Mélanie et à la Boissy-d’Anglas, religion de tolérance, de doute autant que de foi, et où l’arbitre du dogme ne trouve à dire à son contradicteur dans la dispute que cette parole calmante : « Je ne suis pas encore de votre avis », comme s’il ne désespérait pas de pouvoir changer d’avis un jour ; ce théisme doucement rationalisé et sensibilisé, à ravir un Bernardin de Saint-Pierre et à attendrir un Marmontel, n’est pas du tout la religion de Fénelon, comme on l’a souvent appelé, mais c’est bien la religion de l’abbé de Saint-Pierre.

1473. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Les Modernes à leur tour en étaient là et se guidaient sur les autorités, ce semble, les plus compétentes, lorsque la publication que fit en 1788 Villoison de la scholie de Venise sur l’Iliade est venue tout changer.

1474. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

C’est bien là véritablement celui qui a le droit de se rendre avec sincérité ce témoignage : « Ce que je puis vous dire, Monsieur, c’est qu’il y a longtemps que les hommes parlent de moi comme il leur plaît ; cependant ils ne sont pas venus à bout de changer la couleur d’un seul de mes cheveux. » L’abbé Nicaise, toujours aux aguets et le nez au vent, met bien des fois la patience du saint à l’épreuve et agace en quelque sorte sa curiosité.

1475. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Pour qui sait et veut l’amour, il y a quelque chose de profondément triste à voir cette consolation perpétuelle et banale : quand don Juan change si vite, on sent du moins de l’ironie dans ses infidélités.

1476. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Depuis La Chaussée, mais surtout depuis Diderot et Rousseau, les types littéraires ont changé : d’actifs, raisonneurs, et conscients, ils sont devenus sentimentaux, imaginatifs, enthousiastes, mélancoliques.

1477. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Partout ailleurs que devant vous, Messieurs, je pourrais craindre qu’on ne m’accusât d’avoir changé l’idée de Larroumet, d’avoir ôté à sa figure le brillant, la séduction de l’esprit, de la belle humeur, de la sociabilité, de la vivacité amusante, de lui avoir donné trop de sérieux et d’application grave.

1478. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

C’est à cette préoccupation qu’il faut attribuer les affectations de noms changées qui ont légèrement surpris le public et qui n’ont pas laissé de faire croire à un accès de charlatanisme.

1479. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Il nous est imposé et nous n’y pouvons rien changer.

1480. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Ce n’est pas moi qui ai changé.

1481. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Un grand nombre d’Auteurs nous étoient échappés dans la premiere édition ; nous les avons insérés dans celle-ci : plusieurs articles demandoient plus d’étendue, nous les avons augmentés : quelques-uns nous ont paru trop foibles, nous les avons changés ou refondus : tous, ou presque tous, ont éprouvé des corrections plus ou moins considérables, selon que nous les avons jugées nécessaires.

1482. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Le mal n’a fait que changer et se déplacer.

1483. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Si nous ne les voyons pas changer, si, en raison de leur durée, elles assument à nos yeux un caractère d’éternité, et nous masquent, sous l’apparence de la loi, l’acte arbitraire qui leur donna naissance, c’est parce qu’en raison de leur utilité fondamentale, au point de vue de la connaissance, l’esprit exerce à leur profit, avec une ténacité extraordinaire, le pouvoir d’arrêt dont il dispose.

1484. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

., ait été changé ou non.

1485. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

. — Nous voyons, disent-ils, les vibrations de l’éther se changer en lumière ; nous voyons la chaleur se transformer en mouvement, et le mouvement en chaleur.

1486. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Il faut le redire ici : il y a quelque chose de changé dans l’âme humaine.

1487. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

S’il y avait eu de l’effet, de la couleur, de l’expression ; si, sans rien changer à l’ordonnance, à la position des figures, l’artiste avait su leur donner seulement ce contour mou et fluant, cette variété d’attitudes naturelles faciles, aisées, qui tient à l’âge, au caractère, à l’action, à la sympathie des membres, à l’organisation, on aurait après cela jugé de ce morceau.

1488. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

» Je conseillerais un peu à ce lecteur de changer d’auteur favori.

1489. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

C’est la marche ordinaire ; mais il paraît que nous allons changer cela.

1490. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

L’illusion est naturelle à un esprit nourri de rhétorique classique. » Je ne crois pas seulement que Pascal joue avec les mots ; je crois qu’il joue aussi (dans le meilleur sens) avec sa pensée ; je crois qu’il la change, qu’il la pousse, qu’il la renforce ; et, comme il lui faut des mots pour exprimer ce qu’il sent, je crois, en effet, que sa pensée dépend souvent des mots, mais je crois aussi que ses mots dépendent également de sa pensée et qu’il trouve d’admirables mots par la seule force de sa pensée.

1491. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

D’ailleurs il n’y a des intérêts changés que parce qu’il y a eu un changement d’ordre de choses ; d’ailleurs encore, ainsi qu’on a pu le voir, je suis loin d’accorder aux intérêts toute la puissance qu’on est trop disposé à leur croire : les opinions et les sentiments sont beaucoup plus désintéressés qu’on ne pense.

1492. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Ce fut à dater des romans de Sand qu’on vit pulluler toutes sortes de livres en prose et en vers, écrits par des plumes féminines sur l’inégalité des conditions entre l’homme et la femme, et que le bas-bleu apparut, — le véritable bas-bleu, bien autrement foncé qu’en Angleterre, où le mariage, — une sauvegarde contre le bas-bleuisme, — est resté en honneur et où le mari s’appelle Lord encore… Comme il est beaucoup plus aisé de changer d’habit que de sexe, jamais, autant qu’en ce temps-là, on ne vit plus de femmes en habit d’homme, comme l’avait fait Mme George Sand, dont la redingote de velours noir, illustrée par Calamata, fut célèbre et qui s’appela longtemps George Sand tout court (le voyou, comme elle le disait elle-même dans ses Lettres d’un Voyageur) ; George Sand qui devait redevenir Mme Sand et presque Mme Dudevant dans sa vieillesse, — quand le terrible coup de locomotive de la vieillesse passe sur toutes les prétentions et les rafle, et qu’on acquiert la preuve alors qu’on n’était, de toute éternité, qu’une femme et que l’homme qu’on croyait faire n’a jamais dépassé le gamin !

1493. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Sa plus belle conversion fut de changer l’auteur en homme ; car il fut un homme, comme dit Shakespeare, et la Nature pourra s’en vanter !

1494. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

On leur prouva bientôt qu’ils ne l’étaient pas ; que cette bête de pièce de cent sous ne change pas de nature parce qu’elle s’associe avec de l’intelligence, et que les entrepreneurs de littérature sont encore au-dessous des entrepreneurs de maçonnerie… Nabuchodonosorisé par un succès dans lequel l’heure et tout le monde étaient plus que lui, Buloz devint très vite tout ce que nous l’avons vu depuis… Prote parvenu, il se crut le dictateur de la littérature française parce qu’il payait le talent, et quelquefois le génie, deux cents francs la feuille d’un texte dévorant, et, à ce prix-là, il put se venger de l’insupportable supériorité littéraire en portant ses mains d’ouvrier sur elle et en la corrigeant !

1495. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

En montant, rien n’était changé en lui, si ce n’est qu’il montait… Évêque, délégat, nonce, archevêque, cardinal, et finalement camerlingue, c’est-à-dire pape de l’interrègne, qui devait — chose frappante et bien rare ! 

1496. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Qui pourra jamais croire, en effet, que le Christianisme, qui a changé le monde jusqu’à l’axe, et retourné, bout pour bout, l’âme humaine, ne soit que le prolongement normal, très simple, très prévu, très attendu, du paganisme, évoluant dans l’humanité ?

1497. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Saint-Martin n’en a guère nulle part… Le Mysticisme, qui est de tout temps, comme l’orgueil de l’homme, sa personnalité et sa soif d’infini, a changé de peau comme un serpent.

1498. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Il a ému leurs sympathies, mais il ne les a pas changées.

1499. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Calomnie ou vérité, est-ce que le fait éternel, implacable, ineffaçable, qui s’exprime avec un seul mot : « Clément XIV a aboli les jésuites » peut être changé ou diminué par personne ?

1500. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Il pensait, ce grand homme ignoré, que le nombre des âmes créées était fixe, et que les divers personnages qui se succèdent dans ce carnaval de Venise du genre humain et de l’histoire étaient toujours remplis par les mêmes acteurs, lesquels, leur rôlet fini, allaient changer de costume dans la loge de leurs tombes, et en ressortaient, avec d’autres oripeaux et d’autres masques, pour recommencer sur nouveaux frais leur éternel personnage, avec ses modifications variées de temps et de lieu.

1501. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Les Œuvres complètes qu’il offre à la postérité avec une coquetterie sans courage, — car, de toutes ces pièces, il pouvait en oublier quelques-unes, et le livre y aurait gagné ; les Œuvres complètes ne changent rien à l’opinion exprimée par nous sur les Odelettes, ici retrouvées, et les Odes funambulesques, qu’on n’y retrouve pas.

1502. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Il avait plus piraté dans les connaissances humaines et les livres qu’il n’y avait fait des acquisitions régulières et légitimes, et cela se voit suffisamment quand, par exemple, dans Les Martyrs inconnus, il change de siècle et dresse son roman dans l’histoire, et cela se voit encore dans La Sœur grise, où son ignorance catholique est presque honteuse, et semble donner raison à ceux qui ont prétendu un instant qu’il n’avait pas été baptisé.

1503. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

L’abbé Prévost, à qui on a donné du génie à jour fixe, l’abbé Prévost, qui ne valait peut-être pas l’abbé Cottin, a continué d’être, dans son roman de Manon Lescaut, l’infatigable distillateur d’eau claire qu’il a été dans les cinquante volumes qui ont ruisselé de sa plume et inondé le xviiie  siècle ; et même la boue de Manon n’y a rien changé, et, c’est là le seul phénomène de ce livre, elle ne l’a teinté d’aucune couleur.

1504. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Une esthétique nouvelle rejaillira de ces flots purificateurs qui renferment, comme ceux de l’Océan, tous les germes et toutes les pourritures, toutes les splendeurs et toutes les grossièretés ; et la menace des vagues se changera en caresse fécondante.

1505. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mais les temps sont changés, et l’on n’est plus contraint d’en passer par là. […] Benda croit que Rome aurait ignoré l’art alexandrin et que toute la littérature d’Occident en eût changé de face ? […] Tout change, et pourtant il y a un élément stable, des lois foncières de l’esprit. […] Mais c’est un grand romancier réaliste, peut-être le plus exclusivement réaliste qu’on ait connu, — sous la réserve de son goût pour les digressions théoriques : et ces parabases s’intercalent dans le récit sans rien y changer. […] On le regrette un peu moins à cause de l’évolution attestée par le tripatouillage des Essais, et qui changea M. 

1506. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Elle avait changé de toilette. […] Qui sait si, aux heures difficiles, la fortune de nos armes n’en eût pas été changée ? […] La mode a changé. […] Les figures changent. […] Le poisson vient tout seul ; on n’a presque pas le temps de changer les amorces.

1507. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

On le mit sous la conduite d’un muletier, qui ne changea pas de fonctions auprès de son élève (SUETON. […] Rome alors change de face (Id., ibid. […] La scène va changer encore. […] Le rivage avait changé de face, il était désert ; des cris subits s’y faisaient entendre par intervalle, tout annonçait le malheur extrême. […] Sûr de sa disgrâce, il persista à demander sa retraite, l’obtint avec peine, et changea tout à coup son genre de vie (Id. ibid.

1508. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

S’il n’y prend garde, ses qualités, en s’exaspérant, se changeront en défauts. […] Qu’il se rappelle cette devise placée par Alphonse Karr au fronton d’un de ses livres : Plus ça change, plus c’est la même chose. […] — Toi non plus, ne va pas changer : Reste berger, mon petit Jacques ! […] Tous, ayant pris leurs rudes costumes de mer qui les changeaient, — leurs visages de résignation et de passivité. […] Quand on l’en pressait, il invoquait son goût pour l’indépendance, la crainte de changer ses habitudes.

1509. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Fatiguée, elle change de main à plusieurs reprises et, comme alors son sabre l’embarrasse, elle le tient entre les dents… Enfin, elle ordonne qu’on jette le cadavre à la rivière ; on y jette aussi le bras coupé. […] Caritidès n’est pas absolument mort, si vous voulez ; mais il a bien changé. […] qui jamais aurait pu dire Que ce petit nez retroussé Changerait les lois d’un empire ! […] Il n’y a rien de changé. […] Ses amis lui disent « qu’il n’est pas changé, qu’il se maintient, qu’il ne paraît pas son âge ».

1510. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

» pour changer un peu. […] Le joli jeune bourgeois qui « se sert » des femmes à l’occasion s’est changé en homme qui « vit » d’elles, et qui pense que « l’amour, c’est l’argent des femmes ». […] Cela change bien les affaires : « Ainsi, dit-elle, si j’étais ta maîtresse, tu me tiendrais quitte ? […] Déroulède qui a changé, c’est le pays. […] Car, ce que jamais un homme ou une femme du peuple ne consentirait à faire, crainte de se déshonorer, les princes et les princesses le font communément : des princes changent de nationalité pour demeurer riches ou pour servir les intérêts momentanés de leurs familles ; de fières princesses changent tranquillement de religion pour faire de beaux mariages.

1511. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Sa mauvaise santé l’avait engagé à changer sa manière d’être, et il avait suivi ce conseil. […] Il a tout changé pour elle, patrie, condition, figure, esprit. […] Il est obligé de convenir que tout a été changé dans les circonstances qui entouraient le modèle. […] Ici les situations sont changées ; c’est le vieillard plein encore d’espérance qui réconforte le jeune homme déjà désenchanté. […] Sous la Restauration, les circonstances ont changé.

1512. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

A partir de ce moment-là, il est de notoriété publique que le capitaine Alving a changé de vie. […] Mais elle, la huguenote, elle ne saurait changer que tout entière, sciemment et violemment. […] Placide ne peut douter de sa sincérité, et aussitôt sa jalousie change de nature. […] Et voilà pourquoi Séméia, ayant aimé l’ange, aime l’homme sans qu’il y ait rien de changé dans son premier sentiment, sinon les motifs. […] » et qui, par suite, sont exposées à changer souvent de religion.

1513. (1890) Dramaturges et romanciers

De nos jours, la mode a changé encore une fois, et le roman, mis en honneur et élevé par quelques écrivains à des hauteurs qu’il n’avait jamais connues, a remplacé la tragédie, comme autrefois la tragédie avait remplacé le sonnet. […] Que la vogue change, que la faveur se porte sur un autre genre, et les romans deviendront aussi rares que sont devenues rares les tragédies. Et la vogue changera, soyez-en persuadés. […] Il faut en vérité que l’amour de Maxime soit tenace pour résister à des épreuves aussi insultantes, à des mauvais traitements aussi peu mérités, et ne pas se changer en indifférence ou en mépris. […] Elles changeront d’âge en âge et se révéleront toujours sous de nouveaux aspects.

1514. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

On prouverait, je pense, qu’une cathédrale nous exprime avec autant de vérité que le Discours de la Méthode, la façon d’exprimer notre âme a simplement changé. […] Le point de vue a donc changé presque. […] Ce m’est précisément une joie, à chaque nouveau poète analysé, de me heurter à une individualité irréductible, sans sortir du périmètre du symbolisme, en sorte que si les paysages changent, la patrie intellectuelle demeure. […] L’impressionnisme sentimental des premiers vers de Souza s’est changé en émotion cérébrale ; la sensibilité du poète, si j’ose dire, s’est intellectualisée. […] L’artiste changera même souvent d’idéal, il désirera telle femme après telle autre, il chantera soit l’Amour, soit la Vie.

1515. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

« Aimer davantage c’est aimer autrement ; et surtout si c’est encore le même cœur qui s’attache aux mêmes êtres, le temps ayant profondément changé la nature de ses liens. […] Aussi bien l’Arioste et Le Tasse me changeront d’air et de monde au mois de mai. » Sommes-nous assez initiés ? […] Les conditions du professeur en ce temps-ci ont en effet changé ; elles se sont multipliées, se sont activées comme toutes les autres.

1516. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

On nous a changé notre roi et notre bergère. […] Zaza a « sacqué » ses anciens amants ; elle est « toute changée », — comme Marguerite Gautier, — car tel est l’effet des grandes passions. […] Je n’ignore pas, d’autre part, qu’une des façons de renouveler, si c’est possible, « l’histoire de la courtisane amoureuse » (en supposant qu’il soit absolument nécessaire de la renouveler), c’est d’en changer le « milieu ».

1517. (1925) La fin de l’art

On ne lui avait changé que le titre et remplacé la signature par trois étoiles. […] Il y aurait ce moyen, mais qui semble tout à fait hors de la portée de l’Université : changer sa méthode d’enseignement et ne plus se donner pour but, dans les lycées, la formation uniforme de lettrés, de professeurs, d’écrivains. […] Ce qui importe, c’est la race, qu’un transfert de propriété ne saurait changer.

1518. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

En règle générale, il faut se défier des théories, car, dans la réalité, si rien n’est abandonné à l’aventure, il ne peut être question davantage d’une systématisation trop serrée : tant de choses se rencontrent à la traverse des lignes droites qu’elles se changent vite en lignes brisées ; le but est atteint quand même. […] Mais ce n’est pas assez, il change son roman même en une « expérimentation ». […] Mais le sentiment patriotique a changé de mesure, le mot nation est trop vaste, trop vague peut-être pour tenir en un poème.

1519. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Joyeuse se prend à songer, et tout à coup le colosse… est très surpris de voir ce petit homme changer de couleur et le regarder en grinçant des dents avec des yeux féroces… En ce moment, M.  […] Son incertitude se changea naturellement en sujet de poésie ; il composa les Stances à Ninon », qui débutent par ce vers improvisé229. […] A l’instant, j’ai changé de visage et l’esprit tendu, je me suis mis à rechercher si les enfants utilisaient d’habitude dans tel ou tel genre de jeu une ritournelle semblable ; non aucun souvenir ne me revenait d’avoir entendu cela quelque part.

1520. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

D’Urfé changea le ton reçu ; il fit parler ses Bergers, quelquefois avec langueur, toujours avec décence. […] Le Génie changea de ton pour ajouter quelques conseils aux menaces qui venaient de lui échapper. […] La scêne changea. […] Le Dieu changea de langage pour parler aux Sçavans, aux Physiciens, aux Géometres. […] Les mœurs étaient changées : ils imiterent ce changement dans leurs tableaux.

1521. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

—  Pourtant je suis changé, quoique toujours le même en force — pour endurer ce que le temps ne peut amoindrir, —  et pour me nourrir de fruits amers, sans accuser la destinée… Harold s’était bientôt reconnu le plus impropre des hommes — à vivre dans le troupeau des hommes. […] Cependant les longues lames pesantes déferlaient sur les rocs avec le craquement d’une forêt de chênes fracassés par un tourbillon », le navire arrivait sur l’écueil ; on ne vit point pendant tout ce temps Byron changer de visage […] —  Regarde-moi, ce tombeau ne t’a pas changée — plus que je suis changé pour toi.

1522. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

L’homme mis en regard de cette beauté ne change pas davantage et sa nature morale n’est pas plus riche. […] Trop de risques les poursuivraient s’il fallait se donner un vernis de rudesse, quand le fond de l’ouvrage est déjà si grossier, et c’est ainsi que l’on a tout changé : les livres, les plats et les brocs de l’abbaye de Thélème contiennent des idées généreuses ; les vases de Chine et les riches crédences de tel ouvrage moderne sont de tristes réceptacles. […] Ces héros ne sont pas très changés de ce qu’ils étaient naguère ; les caporaux n’ont plus en main le terrible bâton, classique représentant de la discipline ; mais pourtant ce bâton n’est pas perdu ; tous les soldats raides et inflexibles dans leurs mouvements, l’ont certainement avalé. […] Il ne l’avait pas vue depuis l’embrasement, aussi lui semble-t-elle fort changée.

1523. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Je n’ai pas besoin de vous dire parmi lesquels se range Lamartine ; Lamartine nous dira : Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime, Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours ; Quand tout change, pour toi la nature est la même Et le même soleil se lève sur tes jours. […] Cet amour se change très vite en une affection tranquille et reconnaissante pour celle qui est la gardienne de son foyer. […] Victor Hugo n’a pas changé d’opinion, pour une raison excellente : c’est qu’il n’en a jamais eu. […] Si ses opinions n’étaient pas toujours les mêmes, ce n’était pas la faute de Victor Hugo : ce n’est pas lui, c’est le siècle qui avait changé. […] Eh bien, nous avons changé tout cela, et depuis le temps de Jean-Jacques Rousseau on a trouvé au contraire que le moi était très agréable ; et les écrivains, persuadés que le moi est aussi intéressant pour les autres que pour nous-mêmes, n’ont cessé d’en entretenir leurs lecteurs.

1524. (1925) Portraits et souvenirs

Les Liaisons dangereuses ou Lettres recueillies dans une Société et publiées pour l’instruction de quelques autres, tel est le titre complet de cet « ouvrage ou plutôt recueil » que le Rédacteur nous présente dans son introduction comme formé d’une correspondance véritable où l’on a changé les noms des personnes et des lieux avant de la livrer au public. […] Changez les circonstances de sa vie, M. de Valmont eût sans doute été admirable où l’on se bat et où l’on négocie, aux camps ou aux ambassades. […] Si le décor extérieur n’a pas changé et si son pittoresque demeure intact (pour combien de temps, hélas !) […] Elle change en prismes étincelants les plates couleurs de la réalité. […] Mais bientôt le poète curieux et novateur qui était en Laurent Evrard se changeait en un conteur et un romancier chez qui se révélaient des dons surprenants d’analyse et d’observation, en même temps qu’un sens très aigu et très neuf du mystère.

1525. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Elle ne savait pas, cette sentinelle, que le gouvernement qu’elle gardait, avait été changé. […] lance un sceptique, on aura beau changer les officiers, ce seront toujours les mêmes… et l’on parle du prochain décès de la France, de son épuisement en cerveaux de valeur, de son état convulsif par lequel elle va, soubresautante, à la mort. […] Une boucherie de la rue Neuve-des-Petits-Champs a changé son nom en Hippophagie, et étale, dans le flamboiement du gaz, un écorché élégant, au péritoine découpé en festons et en dentelles, un écorché tout enguirlandé de feuillages et de roses : un écorché qui est un âne. […] Je suis à côté d’un aumônier du Midi, aux yeux à la fois vifs et doux, qui me dit que depuis la fermeture des portes, le moral de l’armée et de la mobile est complètement changé, que le découragement et la démoralisation étaient à tout moment apportés par les maraudeurs et les filles, allant des Français aux Prussiens, et des Prussiens revenant aux Français, mais qu’aujourd’hui ils ont confiance, qu’ils sont disposés à bien se battre. […] Depuis le siège, la marche du Parisien me semble toute changée.

1526. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Les choses ont-elles beaucoup changé depuis le temps de Sainte-Beuve, qui écrivait il y a soixante-dix ans : Sachons bien que la plupart des hommes de ce temps, qui sont lancés dans le monde et dans les affaires, ne lisent pas, c’est-à-dire qu’ils ne lisent que ce qui leur est indispensable et nécessaire, mais pas autre chose. […] Et je sais bien qu’elle aura le temps, après Chapelain, de changer d’objet et de s’élargir, mais il lui restera toujours quelque chose de ses anciens principes. […] Les mettrons-nous sans les changer aux mains de la dixième Muse, comme Voltaire appelait la critique ? […] le seul service que tu auras rendu à ces ignorants sera d’avoir changé leur ignorance simple en une ignorance triple. […] C’est la majuscule qui change tout.

1527. (1911) Études pp. 9-261

La face du monde change incessamment. […] Tant il change, et sous nos yeux, ne se moquerait-il pas de nous ? […] Que son âme vienne à changer un peu : aussitôt toute sa doctrine est oubliée ; car elle n’était qu’un moyen de mieux se faire comprendre. […] Elle est indécise et un peu languissante comme un enfant qui change d’âge. […] Nous l’avons suivie pendant le long développement de sa solitude : nous l’avons vue devenir heureuse, changer sa crainte en volupté, mais sans renoncer à sa défense et à son repliement.

1528. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Nous eûmes, sans nous être entendus, et à la différence près du talent, la même pensée née du même temps : faire descendre la poésie des nuages, et l’introduire comme un hôte de tous les jours et de toutes les conditions au foyer domestique de famille, chez le savant comme chez l’ignorant, chez le riche comme chez le pauvre ; changer en pain quotidien de toutes les âmes pensantes ou aimantes cette ambroisie poétique jusque-là réservée aux dieux de ce monde. […] « On voit, dit-il au jeune homme, que vous revenez tout changé et tout satisfait ; jamais il n’y eut tant d’animation dans vos yeux ; on voit que vous avez répandu vos dons parmi les affligés et que de bénédictions sont descendues sur vous ! 

1529. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

La France persiste, et veut sagement se retirer dans sa neutralité envers le reste de l’Italie après ses victoires : l’Angleterre change à l’instant de langage et de diplomatie, prend la place abandonnée par la France, et pousse le Piémont, la France, l’Italie entière aux extrémités où nous marchons, pour ne point nous laisser le pas, même dans l’anarchie du continent. […] XII Quant au gouvernement de l’empire ottoman sur ces multitudes fixes ou errantes, une ou deux batailles suffiraient sans doute pour le changer, en refoulant la race d’Othman d’où elle est venue, ou en l’exterminant sur place, comme Timour ou Gengis-Kan, ces exterminateurs de race.

1530. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Sa détention d’abord royale s’était resserrée de plus en plus à mesure qu’elle changeait de résidence. […] Enfin, si elle est jugée par sa mort, comparable par sa majesté, sa piété et son courage aux plus héroïques et aux plus saints trépas de l’antiquité, l’horreur et le mépris qu’on éprouvait fortement pour elle se changent à la fin en pitié, en estime et en admiration.

1531. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

D’une génération à celle qui la suit, si certains grands principes subsistent, une foule d’applications, d’habitudes particulières, d’appréciations, changent au point de séparer parfois assez profondément les parents et les enfants. […] Seulement elle change ses rêves après en avoir tiré quelque plaisir d’imagination et sans doute aussi quelque profit pratique et réel.

1532. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Pour mettre de la variété dans ces poses, les deux chanteurs, pendant une ritournelle de l’orchestre, vont l’un après l’autre sur le devant de la scène et changent réciproquement de place. » Qui n’a vu, dans les deux opéras-comiques de Paris, les scènes ridicules qui ont lieu lors des duos ? […] Alors la scène change, le lacis des Filles-Fleurs, leur chorétique si voluptueuse se dissipe et, autour de Kundry apparue, les fleurs végétales reprennent leur noble cadence et leur balancement assoupi.

1533. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Ducis me seroit parvenu avant qu'on eût achevé d'imprimer l'article Voltaire, de la nouvelle Edition des Trois Siecles, cette lecture ne m'auroit rien fait changer au jugement que j'ai porté de cet Ecrivain célebre. […] De là vient qu'on ne le trouve jamais le même, qu'il a changé de façon de penser selon les circonstances, que le pour & le contre se débattent dans la Collection de ses Œuvres, qu'il détruit & qu'il édifie, qu'il décide & qu'il rétracte, & qu'après avoir passé par toutes les nuances, il finit par être sans couleur & sans forme déterminée.

1534. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

— On ne conseille pas pour cela de déserter leur école, mais de s’inspirer d’eux librement : Changeons en notre miel leurs plus antiques fleurs ; Pour peindre notre idée, empruntons leurs couleurs ; Allumons nos flambeaux à leurs feux poétiques ; Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. […] Tout change dans la seconde partie ; le cœur se réveille, la liberté se proclame, la justice retrouve ses titres, la sympathie s’éveille, et le progrès devient le terme idéal de la science unie à l’amour. — Pourquoi cela ?

1535. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

À l’horizon d’azur que rien ne vient changer, Elle aperçoit la ville aux murailles de briques, Avec les aqueducs gonflés d’eaux pacifiques, Et la tour sarrasine, et les bois d’orangers ; Plus loin, la même mer baigne les mêmes rives, Et Béatrice songe en regardant par là À l’amant qui partit du port de Malaga Sur un vaisseau chargé d’oranges et d’olives. […] Ma chèvre, je tiendrai dans mes mains, si je peux                   Ta tête brusque et familière, Pour regarder changer de tout près dans tes yeux                   Cette pupille de sorcière.

1536. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Le journal a changé de langue et de lecteurs. […] Placé sur ce terrain étrange, le journal a changé de manœuvre.

1537. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Littérairement, le Quatre-vingt-treize n’a point corrigé les Misérables… J’y retrouve toutes les fautes immuables de cet homme immuable, même quand il change ses inspirations. […] Rien de changé d’ailleurs ici dans les déportements de l’auteur des Misérables.

1538. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Mais elle est toute changée, ma femme !

1539. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Villeroi, comme médecin social, a le sentiment juste des crises, des situations et des bons instants qu’il importe de saisir : Monsieur, dit-il en s’adressant à M. de Bellièvre dans son Apologie, c’est grande imprudence de perdre l’occasion de servir et secourir le public, principalement quand elle dépend de plusieurs ; car il advient rarement qu’elle se recouvre, parce qu’il faut peu de chose à faire changer d’avis à une multitude.

1540. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

même quand il composait les oraisons funèbres « où il entre beaucoup de narratifs à quoi il n’y a rien à changer », ou des discours de doctrine dans lesquels l’exposition du dogme doit être nette et précise, il écrivait tout, nous dit Le Dieu, sur un papier à deux colonnes, avec plusieurs expressions différentes des grands mouvements, mises l’une à côté de l’autre, dont il se réservait le choix dans la chaleur de la prononciation, pour se conserver, disait-il, la liberté de l’action en s’abandonnant à son mouvement sur ses auditeurs et tournant à leur profit les applaudissements mêmes qu’il en recevait.

1541. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Il s’en confesse (c’est encore son mot), il s’en humilie et s’en repent : « La dernière lecture, nous dit-il, que je viens de faire des Oraisons funèbres m’a bien changé !

1542. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Toujours il se croit à la veille d’une révolution qui va tout changer et renouveler entièrement la face de la terre.

1543. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Je disais tout à l’heure que la nature semblait s’essayer, dans cette dernière moitié du règne de Louis XIV, à façonner des cerveaux un peu différents de ce qu’ils avaient été dans la première : il faut ajouter qu’elle y était fort aidée par ce grand auxiliaire et coopérateur nommé Descartes, qui était venu changer ou tout au tout la méthode de raisonner.

1544. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Je sais que tout a changé ; nous n’en sommes plus à Horace en fait de goût, nous en sommes à Dante.

1545. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Une fois mère d’un fils, d’un héritier du trône, et se sentant des droits, se voyant néanmoins toujours tenue en suspicion, en butte aux mauvais procédés et à l’espionnage des Schouvaloff, favoris de l’Impératrice, séparée de Soltikoff qu’elle aime (le premier qu’elle ait aimé), privée de voir son fils28, elle résolut de changer de méthode et de ne plus affecter tant de douceur, et de soumission : « Comme dans ma solitude (après ses couches) j’avais fait mainte et mainte réflexion, je pris la résolulion de faire sentir à ceux qui m’avaient causé tant de divers chagrins, autant qu’il dépendait de moi, qu’on ne m’offensait pas impunément, et que ce n’était pas par de mauvais procédés qu’on gagnait mon affection ou mon approbation.

1546. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

La conquête a changé, l’ambition non pas !

1547. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Les conditions de la littérature périodique, en effet, ont graduellement changé et notablement empiré depuis 1830.

1548. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

On sait qu’Aristarque a quelquefois changé, qu’il a sans doute plutôt adouci ; qu’en cet endroit, par exemple, où Phœnix s’adressant à Achille dans l’espoir de le fléchir se reporte vers sa propre jeunesse et raconte comment lui-même il a failli un jour devenir parricide, le critique avait cru devoir retrancher cette parole terrible, pour ne pas faire tache à ce caractère vénérable qu’il craignait de voir profaner.

1549. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

C’est nous donner le change et se payer de mots, que d’identifier le problème de la destinée de l’humanité avec celui de la destinée du moi ; la métaphysique et la psychologie ne détermineront pas l’histoire ; l’individu quelconque, s’observant isolément d’après la méthode expérimentale appliquée aux faits de conscience, n’atteindra que certaines formes constantes de sa nature, certains éléments abstraits de son esprit ; il n’acquerra que des probabilités éloignées sur l’immortalité de son âme, et il ne sera nullement en droit ni en mesure de conclure de là au développement de l’espèce à travers les siècles, à l’explication de sa perfectibilité croissante, de son émancipation progressive, de ses conquêtes au sein de la nature ; à la prédiction de son avenir sur cette terre ; pas plus que le chimiste habile qui aurait décomposé et analysé une portion du lobe gauche ou droit du cerveau humain, qui aurait vu certains gaz se sublimer et certains sels se déposer, ne serait en mesure ni en droit de conclure de cette décomposition morte à la loi physiologique du règne animal et de ses évolutions organiques.

1550. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Et quel conseil efficace, en cette thérapeutique toute spéciale des gens de lettres44, à donner à l’artiste en sa peine, que lui dire : « Vous souffrez : notez-le. » Mais cette transformation de la douleur en production artistique n’est pas absolue : la vibration douloureuse a changé de rythme.

1551. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Cromwell est resté usurpateur, parce que le principe des troubles qu’il avait fait naître était la religion, qui soulève sans déchaîner, était un sentiment superstitieux, qui portait à changer de maître, mais non à détester tous les jougs.

1552. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

. — Un grand nombre d’opinions ont été dictées par l’envie de surpasser l’orateur précédent, et de se faire applaudir après lui ; l’introduction des spectateurs dans la salle des délibérations a suffi seule pour changer la direction des affaires en France.

1553. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Voilà comment, dans quel esprit, sur les traces des anciens et des Italiens, la Pléiade a jeté brusquement la poésie hors des voies anciennes et populaires ; avec un mélange unique de noblesse aristocratique et de superbe érudition, elle a tenté de prodigieuses nouveautés : elle a voulu tout d’un coup renouveler les thèmes poétiques, changer les genres, refaire la langue.

1554. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Il soignera l’âme de la jeune pénitente, la consolera, l’exhortera, la fera changer d’air, et il ne sera ni soupçonneux ni jaloux.

1555. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Ce ne sont pas les esprits qui ont changé, ce sont les idées ; les esprits intuitifs sont restés les mêmes ; mais leurs lecteurs ont exigé d’eux plus de concessions.

1556. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Aucune révolution ne la détruira, car aucune révolution ne changera les instincts profonds de l’homme.

1557. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Il a le droit de changer même le sabbat 706.

1558. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Quelquefois, par une conséquence naturelle, sa grande importance religieuse était sur le point de se changer en importance sociale.

1559. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Mais combien tout ici était changé pour lui !

1560. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

C’est un fait que, par un effort volontaire, nous pouvons modifier ou changer le courant de nos idées et de nos pensées.

1561. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

à peine a-t-il commencé à le leur traduire, qu’à l’instant la scène change, les physionomies s’animent, tout a pris une expression d’attention et de recueillement, indice certain de l’émotion du cœur.

1562. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

la fortune change : elle craint à son tour ; elle presse sa fuite à travers les bois et les neiges.

1563. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Mais Santeuil, le plus enthousiaste & le plus foible des hommes, faisant toujours le contraire de ce qu’il projettoit, changea d’idée : il crut avoir blasphêmé contre le ciel que d’avoir mis, dans une de ses pièces, le seul mot de Pomone.

1564. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Ici la discussion change d’aspect et un nouveau point de vue se présente à nous.

1565. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Quand, au contraire, il s’agit d’une institution, d’une règle juridique ou morale, d’une coutume organisée, qui est la même et fonctionne de la même manière sur toute l’étendue du pays et qui ne change que dans le temps, on ne peut se renfermer dans l’étude d’un seul peuple ; car, alors, on n’aurait pour matière de la preuve qu’un seul couple de courbes parallèles, à savoir celles qui expriment la marche historique du phénomène considéré et de la cause conjecturée, mais dans cette seule et unique société.

1566. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Ils changent d’air.

1567. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Ils tournent autour de lui-même comme la vie de chaque jour que cette correspondance réfléchit ou domine ; mais l’homme qui les regarde, qui les peint ou les juge, n’est pas changé.

1568. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Ici ses horizons varient ; ils tournent autour de lui comme la vie de chaque jour que cette Correspondance réfléchit ou domine ; mais l’homme qui les regarde, qui les peint ou les juge, n’est pas changé.

1569. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

On a dit que le propre de l’esprit français est d’éclaircir, de développer, de publier les vérités générales ; que les faits découverts en Angleterre et les théories inventées en Allemagne ont besoin de passer par nos livres pour recevoir en Europe le droit de cité ; que nos écrivains seuls savent réduire la science en notions populaires, conduire les esprits pas à pas et sans qu’ils s’en doutent vers un but lointain, aplanir le chemin, supprimer l’ennui et l’effort, et changer le laborieux voyage en une promenade de plaisir.

1570. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

À son retour, que penserait le voyageur, en trouvant dans son pays les arts établis, de nouveaux habillements, des mœurs nouvelles, architectures, maisons, citadelles, villes, lois, usages, coutumes, tout enfin jusqu’au cours des fleuves et aux bornes de la mer, changé dans cet empire ?

1571. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Deux lois changent à cette époque la constitution de Rome.

1572. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Par là, grâce à cette souple richesse de la nature morale, dans cet heureux pays, les proportions ordinaires du génie au nombre étaient absolument changées.

1573. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

C’est que les temps, les spectateurs et les acteurs sont changés. […] Ce qui me paraît surtout admirable dans Bajazet », c’est le trouble qui croît de scène en scène ; c’est l’agitation continuelle des personnages dont la situation change presqu’à chaque scène ! […] Cette douce et intéressante bergère, qui parlait si tendrement aux moutons, aux fleurs, aux ruisseaux, change sa houlette en serpent ; c’est la furie Alecto qui distille le venin de la satire dans un méchant sonnet que celui qui en est l’objet a fait vivre. […] Racine forma le projet de changer toute la constitution de la Phèdre d’Euripide, et de faire porter sur la passion de Phèdre toute l’action tragique, qui, dans Euripide, roule entièrement sur le caractère et le malheur d’Hippolyte. […] Ô grande puissance de la fable, qui change en un moment une âme insensible et dénaturée en un prodige de piété filiale !

1574. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Il n’est pas besoin de le connaître beaucoup pour savoir, que, lorsqu’il fait allusion, dans son œuvre, au Poète ; c’est du Poète idéal qu’il s’agit, Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change. […] à la figure survenue du Poète changé en lui-même par l’éternité, « hoir » De maint riche, mais chu trophée. […] Une interprétation sensée est toujours possible ; elle changera selon les soirs, peut-être, comme change, selon les nuages, la nuance des gazons, mais la vérité, ici comme partout, sera ce que la voudra notre sentiment d’une heure. […] a logique étrangère une lettre de change qui lui revient généralement protestée. […] Toute parole sur le poète n’est que cela même, nuages au crépuscule, étoiles, rideau somptueux que l’on agite le temps de l’écarter pour savoir que, derrière, le Poète, Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change, existe.

1575. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Mais le vent commençait à changer, et parmi ceux de leurs camarades qui n’étaient point d’humeur à entendre vanter les exploits de 1793, se distinguaient Ducis, Roland et Moriès. […] Pour être admis à en faire partie, il fallait prouver que l’on fumait au moins trois pipes par jour ; que l’on ne changeait de linge que quand il ne tenait plus sur le corps, et que l’on ne se lavait que malgré soi ou quand on s’exerçait à la natation. […] Ainsi que Granet, Ingres n’a changé ni de physionomie ni de manières depuis son adolescence. […] Quoiqu’il y eût une gravité habituelle dans les idées de David, son imagination mobile lui faisait changer assez brusquement de résolution. […] Le change hausse tous les jours et chasse d’ici tous les Français ; il s’entend en cela avec le gouvernement papal, qui les surveille de près.

1576. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Il n’est pas bon de la rencontrer ; son regard fixe engourdit le sang de l’homme et le change presque en pierre. […] Le milieu fatal qui l’enveloppait a changé de nature ; son être a changé de nature aussi. […] Mobile comme le milieu qui nous enveloppe et nous presse, il changeait quelquefois de but en route, et l’on sent dans ses conclusions l’incertitude de son esprit. […] Il racontait son roman en train, l’achevait en causant, le changeait en s’y remettant et vous abordait le lendemain avec des cris de triomphe. « Ah ! […] Seulement, il s’était imaginé que l’âge et la situation avaient dû beaucoup changer mon caractère, et il s’étonna de voir qu’il me retrouvait le même pour lui que dans le passé.

1577. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

S’il ne parvient pas à nous donner le change, c’est qu’il ne l’a pas cherché. […] Mais dans cette peinture du comice agricole (et non des comices, comme dit Flaubert, — à moins que l’usage n’ait changé ?) […] Carrère : d’Avignon à Villeneuve, il n’y a qu’un pont (et où l’on danse) et cependant l’on change de département. […] Les choses ont-elles beaucoup changé depuis le temps de Sainte-Beuve, qui écrivait, il y a soixante-dix ans : « Sachons bien que la plupart des hommes de ce temps, qui sont lancés dans le monde et dans les affaires, ne lisent pas, c’est-à-dire qu’ils ne lisent que ce qui leur est indispensable et nécessaire, mais pas autre chose. […] Les trois critiques comportent des registres différents, et le goût, en passant de l’une à l’autre, change, sinon de nature, du moins de forme.

1578. (1890) Nouvelles questions de critique

Gaston Paris ayant changé d’opinion, nous ne courions cette mauvaise chance de le critiquer à contresens, ou de le louer impertinemment. […] On a changé d’erreur, et voilà tout, mais, dans l’un comme dans l’autre cas, on se trompe ; on s’est trompé sur la nature de l’œuvre littéraire ; et tout le progrès, finalement, consiste à avoir érigé le principe d’erreur lui-même en principe de méthode et loi de la critique. […] De là, tous ces moyens qu’ils emploient tour à tour ou simultanément, pour essayer de donner aux choses une importance qu’elles n’ont point, — et le change aux plaideurs eux-mêmes sur l’intérêt de leurs contestations. […] Mais elle importe encore et surtout à la critique, dont les méthodes, peut-être même les principes, doivent changer pour s’accommoder à la diversité des objets qu’elle étudie. […] Cela ne veut pas du tout dire, comme je vois pourtant qu’on le croit, qu’un paysage change d’aspect avec l’état de l’âme, aujourd’hui mélancolique et demain souriant, selon que nous sommes tristes ou joyeux nous-mêmes.

1579. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Les renseignements vieillissent et changent avec les modes. […] Ceux qui ont voulu donner le change n’ont jamais dupé qu’eux-mêmes. […] À ce point-là, les attitudes changent. […] tout a changé. […] Une grande contrée telle que la France ne change pas sa cristallisation en un jour.

1580. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Il laisse voir la minute où l’homme va devenir l’auteur, où la réalité se change en poésie, où l’observation se double de rêve. […] »‌ — « Mais comme vous êtes le théoricien acharné de votre ignorance, vous ne changerez jamais. »‌ — « Probable !  […] Quelque ravaudeur littéraire fera la découverte de mes ouvrages. » Mais il y a une grande coquette cachée au fond de tout grand écrivain, et dans la même lettre où se trouve ce passage, Célimène-Beyle laisse apercevoir sa vraie pensée : « La mort », dit-il en parlant de M. de Metternich, « nous fait changer de place avec ces gens-là. […] La littérature d’observation, suivant qu’elle s’oriente d’un côté ou de l’autre, change donc sa méthode en changeant son objet. […] L’historien qui n’est qu’un historien peut changer son style au gré des événements qui se déroulent devant lui.

1581. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Il y en a pour l’imagination, dans ces palais nouveaux, arrangés à l’italienne ; dans ces tapisseries nuancées, apportées de Flandre ; dans ces riches costumes, brodés d’or, qui, incessamment changés, rassemblent les fantaisies et les magnificences de toute l’Europe. […] que mon âme n’est-elle changée en petites gouttes d’eau pour tomber dans l’Océan, et qu’on ne la retrouve jamais !  […] Si le génie poétique est moindre, la structure d’esprit n’a pas changé. […] Elle lui tend les bras ; il a eu beau faire, elle n’a pas changé. « Je suis ton amour — encore et pour toujours ton amour. —  Frappe encore une fois sur ma poitrine nue, et je me montrerai — encore aussi constante.

1582. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

En bière s’est changé le lit nuptial !  […] Néère tourne mal et se change en Lola ; Assez déesse ici pour être diable là ! […] C’est ce Daudet-là qu’on nous a changé. […] Avec la langue, les procédés littéraires doivent changer, se renouveler, se rajeunir. […] Parmi les admirateurs de Pereda, il en est qui désirent ardemment qu’il change de touche : j’ignore s’il serait avantageux de le faire pour le grand écrivain.

1583. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

» Et les hussards : « Un tel renfort changera les événements !  […] Salluste essaye de donner le change à son regret. […] « Ça nous change des Taubes. […] Mais la réalité change plutôt en ses apparences que dans son tréfonds. […] Alors, il change de manière.

1584. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Comme tout le monde, elle avait dit, chaque hiver, chaque printemps ou chaque été : « J’ai beaucoup changé depuis l’an dernier. » Mais toujours belle, d’une beauté un peu différente, elle ne s’en inquiétait pas. […] À quoi bon se donner tant de peine pour tout changer, pour comprendre et embrasser tant de choses nouvelles, puisqu’il faut mourir, puisque forcément un jour il faut râler quelque port, au soleil ou à l’ombre, à une heure que Dieu seul connaît ? […] Et ces flammes dansaient, changeaient, s’enlaçaient, toujours plus hautes et plus gaies, faisant monter et courir le long des murailles les ombres allongées des choses… Oh ! […] Lucien Muhlfeld, que le théâtre soit si près de sa fin et je pense qu’il vivra tant que la race latine prédominera en France ; nous tenons de nos ancêtres de Rome le goût des spectacles et un fait mis à la scène et bien raconté, une thèse éloquemment soutenue, nous captiveront toujours plus que toutes les spéculations philosophiques ou les déclamations poétiques ; le théâtre changera, c’est indubitable, car tout change, mais sa fin n’est pas, je crois, si prochaine. […] Je laisse maintenant la parole à M. de Villemessant, sans changer un mot à cette fin d’un récit commencé en 1875 : « L’histoire de mon cœur, c’est l’histoire de France ! 

1585. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Rien n’est changé. […] Ainsi, vous le voyez, toutes ces tentatives hardies, ces audaces littéraires, ces grandes promesses « je vais changer d’un trait de plume la face du théâtre et du monde !  […] Ces vives passions ont changé et se sont déplacées ; ces amours s’amortissent et s’en vont où vont toutes choses. […] quand il change d’habit, il laisse dans cet habit le portrait de celle qu’il aime avec son mouchoir de poche ! […] À l’aide d’une virgule, il change en louanges pour madame Lucinde, le billet à l’adresse d’Araminte, dans lequel Lucinde était traitée sans pitié et sans tendresse

1586. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Lorsque notre philosophe se demande à lui-même ce qu’il s’est promis en prenant un ami ; et qu’il se répond : « D’avoir quelqu’un pour qui mourir, qui accompagner en exil, qui sauver aux dépens de mes jours… » il est grand, il est sublime ; mais il a changé d’avis. […] Il expose, Lettre LXV, les opinions de Platon, d’Aristote et des stoïciens, sur le monde : on voit ici270 que le système de l’optimisme n’est pas d’hier, et que celui des indiscernables fut connu dès le temps du proverbe : qu’on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, et que l’homme et le fleuve ont changé. […] Le lièvre et le cerf, qui vont si vite, changent rarement de forêt ; l’aigle plane presque toujours au-dessus des mêmes montagnes. […] Les plaintes ingénieuses d’Ovide à Tomes ne me feront pas changer d’avis. […] Ceux d’entre vos lecteurs que votre apologie n’a pas convertis, ne changeront pas d’avis.

1587. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Son front busqué, sa bouche rentrée, que la jeunesse décorait jadis de teintes fines, changeaient alors son air, naturellement dédaigneux, en un air rechigné. […] Aujourd’hui il change de monture et prend l’Artiste.À sa place je serais découragé de toutes ces équitations, à son âge. […] Les critiques honnêtes n’y changeront rien. […] Ici l’impuissance a dû s’avouer honteusement, on ne pouvait toucher aux idées, on n’avait pas le pouvoir de changer une chose dont on ne disposait pas librement, aussi par quelle escobarderie s’en est-on tiré ? […] Soit ; mais cette boue sera comme celle dont fut formé Adam, une boue qui se change en chair et en sang et qui donne la vie.

1588. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

C’était le vieux jeu et nous avons changé tout cela. […] Que les temps sont changés ! […] Dumas à changer de voie ? […] Il suffisait de changer le point de départ, puisque M.  […] « Mais oui, au fait, dit-il, la question ainsi posée, tout change de face ! 

1589. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Dans son empressement à changer de logis, il laissait toujours, dans les appartements qu’il quittait, un grand nombre de livres et de papiers. […] Depuis que je vous ai vu, ma situation matérielle a complètement changé. […] Il a ajouté des pages entières, il en a coupé d’autres, il a tout changé. […] Mais depuis quelques mois la situation a changé. […] Mais c’est l’aspect même des écrivains, leur caractère, ce sont leurs réponses qui auraient changé, si ces messieurs, au lieu de vivre chacun de son côté, s’étaient rassemblés dans un grand centre à la façon de Paris.

1590. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Il ne faut pas faire la preuve de ces comptes par nos manières de proportions européennes, en comptant le nombre des maisons par l’étendue du terrain, ni celui du peuple par le nombre des maisons: on s’y méprendrait fort ; car les bazars, qui sont des rues couvertes qui traversent la ville d’un bout à l’autre en divers endroits, ne contiennent que des boutiques, lesquelles sont vides durant la nuit, sans que personne y habite, ni y fasse de garde: ce qui change beaucoup les choses. […] Ils se figurèrent que si cet aîné venait à régner, leur perte était infaillible ; qu’il y avait tout à craindre d’un esprit hautain comme le sien, qui, à l’âge de vingt ans, se verrait, de captif, tout à coup devenu souverain ; que, quand il ne se croirait pas avoir été offensé par eux, le plaisir qu’il prendrait à faire le maître le porterait à d’étranges résolutions, dont la moindre serait de changer la face de la cour. « Et qui sait, disaient-ils en eux-mêmes, s’il n’attentera point à nos vies ?  […] Si cet eunuque qui fut envoyé en poste, il n’y a pas longtemps, à Ispahan, eût eu des ordres secrets contre Sefie-Mirza, dans le dessein de le rendre incapable de succéder à l’empire, n’en aurais-je rien découvert ; et le feu roi n’eût-il pas changé quelque chose à la condition de son second fils, qu’il eût désigné en ce cas-là pour monter sur le trône après lui ?

1591. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

En lui prescrivant comme l’unique remède des maux publics « la résolution de changer dans sa vie ce qui déplaisait à Dieu », Bossuet le rendait responsable de ces maux222. […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures. […] Ne changeons rien à ces dénominations populaires ; et quand nous voyons les plus grands esprits de cette époque fameuse, lesquels en étaient aussi les plus honnêtes gens, rivaliser à qui fera de Louis XIV le portrait le plus ressemblant, et ceux qu’il négligeait lui donner les mêmes louanges que ceux qu’il favorisait, tenons pour vérité leur commun témoignage, afin de ne pas les suspecter d’avoir été ses flatteurs, les uns par reconnaissance, les autres par ambition.

1592. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

On demanda qu’est-ce que la vertu, et chacun la définissant à sa mode, la dispute changea d’objet, les uns prétendant que la vertu était l’habitude de conformer sa conduite à la loi, les autres que c’était l’habitude de conformer sa conduite à l’utilité publique. […] Cependant la chance tourna, et les plaisans changèrent de côté. […] Je changerai d’avis, si l’on me dit que les nègres sont plus touchés des ténèbres que de l’éclat d’un beau jour.

1593. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Il a supprimé le coup porté au Seigneur, reste de l’antique légende de Malc, et il a changé les paroles fatales du Christ. […] » Si je comprends bien la savante et ingénieuse romaniste, elle a été portée à supposer que le nom Buttadio avait été, par étymologie populaire, changé en Espagne, en celui de Voto-a-Dios. […] Le petit poème que je réimprime procède évidemment aussi du récit de Pierre Alphonse, bien qu’il y soit changé au point d’y être transformé presque complètement. […] Je néglige le bizarre épisode de Macco, l’homme changé en serpent que Guerino foule aux pieds dans son chemin sous terre et qui lui donne quelques avis. […] On trouve ici un point d’attache avec un cycle légendaire bien connu, et qu’on a récemment beaucoup étudié, celui du « fier baiser », où une jeune fille changée en serpent reprend sa forme humaine si le héros a le courage de la baiser sur la bouche.

1594. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Il prétend, s’il lui plaît, changer d’avis d’une heure à l’autre. […] C’est que son impression a changé ; voilà tout. […] Brunetière a quelque peu changé d’avis sur tout cela. […] L’homme est le même dans tous les siècles et sous toutes les latitudes : il existe un fonds de sentiments et de pensées qui ne change pas, qui appartient à tout le monde, qui est le magasin commun où doivent puiser tous les écrivains. […] Bourget, comme tout être vivant, change par cela seul qu’il vit.

1595. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Et le voilà qui part à tout railler, mais avec tant de grâce, de finesse, une politesse de si bon ton, qu’on est vite consolé du change. […] Quand le public est à bout d’une veine, disait Sainte-Beuve, il aime à en changer et il adopte vite les auteurs à qui il est redevable d’une série de sensations nouvelles. […] Je n’ai voulu rien changer à ceci, qui fut écrit quand Tellier vivait encore. […] dit le brigadier, voilà un bonhomme qui change bien vite de résolution. » Le brigadier interroge la clairière. […] « Les goûts sur les livres changent de mode chez les Français comme les habits.

1596. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Il chante pour chanter, il vocalise, il prodigue les notes graves et les notes aiguës, de minute en minute il change d’octave, et il méconnaît la substance même de la poésie ; il oublie de sentir et de penser. […] Aujourd’hui, le goût public a changé ; la majorité, instruite par la discussion, s’est ralliée à l’opinion de la minorité, et demande à la poésie autre chose que le plaisir des yeux. […] Las de la vie qu’il mène depuis quelques années, trop faible pour changer de conduite, trop fier pour avouer sa pauvreté à ses compagnons de plaisir, il a résolu de se tuer. […] Sandeau de changer le cadre de sa pensée. […] L’avènement d’Innocent III changea subitement la face de la question.

1597. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Le mieux serait d’être l’un et l’autre. » On ne peut pas excuser de même son conseil au prince de ne pas tenir sa parole lorsque les circonstances dans lesquelles on l’a engagée sont changées, ni l’éloge qu’il fait nettement du pape Alexandre VI d’avoir jeté tous ses serments au vent. […] Or, depuis les jours de Dante et de Machiavel jusqu’à nos jours, l’Italie avait-elle changé de nature ?

1598. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Molière fait parler chaque caractère selon sa condition ; le style est une partie de la vérité du rôle, et blâmer dans ses pièces le jargon provincial, campagnard ou populaire, c’est reprendre le choix des personnages et des sujets qui exigent ces formes du langage : ce qui change totalement la question. […] Molière change le lieu, quand il y a intérêt ou nécessité : ainsi dans le Médecin malgré lui et dans le Don Juan.

1599. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Hugo se plaît à changer le mètre dans l’intérieur d’un poème : il fait alterner les vastes couplets alexandrins avec les strophes agiles de petits vers ; et dans ces diverses parties, aucune égalité, aucun souci de tomber sur un nombre uniforme de vers ou de strophes744. […] Sa poésie est une causerie charmante où vibre toute son âme ; tout s’y mêle, tristesse et rire, sentiments intimes et impressions du dehors ; par un aisé passage et d’indéfinissables nuances, elle hausse, baisse, change le ton777.

1600. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

D’une scène à l’autre, tout y change ou tout s’y confond ; ceux qui se plaisent à étiqueter les œuvres sont fort embarrassés. […] Maintenant le décor change : nous assistons à la fête populaire.

1601. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Faut-il exposer Paris à se changer en champ de bataille ? […] Il serait à souhaiter que beaucoup de villes de France en fissent autant ; la condition des compositeurs français en serait du tout au tout changée, et l’on verrait éclore sur notre terre de France une magnifique floraison musicale.

1602. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Et cependant il n’y a pas lieu de s’étonner ; il y en a des raisons très claires, d’abord parce que le génie qu’on dépensait à résoudre l’insoluble et à chercher l’introuvable s’économise au profit des recherches purement scientifiques ; ensuite parce que le but de la science est changé, et que l’on subordonne les théories aux faits et non plus les faits aux théories : les systèmes passent, les expériences demeurent. […] La doctrine du vieil Héraclite est revenue, mais confirmée par l’expérience de vingt siècles : tout coule, tout change, tout se meut, tout devient.

1603. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Préface de la première édition (1873)25 La pièce ici imprimée, je la donne, telle qu’elle a été écrite par mon frère et par moi, telle qu’elle a été lue par mon frère au comité de la Comédie-Française, le 7 mars 1868, je la donne sans changer un mot26. […] Seul le titre a été changé.

1604. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Lundi 23 janvier Je regarde les étalages de libraires, et il me semble que les numéros des tirages ne changent pas, et que les couvertures des exemplaires exposés, se salissent mélancoliquement. […] Punaise en Angleterre, d’un monsieur très riche qui a demandé à changer de nom, et qui, le jour, où il a obtenu un nouveau nom, a vu les punaises, quitter, dans la bouche de ses concitoyens, leur ancienne dénomination, et s’appeler de son nouveau nom.

1605. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Il emploie à ne pas changer toutes les ressources de son intelligence. […] Pour peu qu’un homme de cette sorte ne soit plus placé dans les pires conditions, telles qu’il lui faille plier ou mourir, il sera plus malheureux qu’il ne changera.

1606. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

ce que tu ne faisais que soupçonner est à présent changé pour toi en certitude ; ce que tu aurais craint de toucher il n’y a qu’un instant à l’égal du feu, tu peux t’en parer comme de la perle la plus précieuse !  […] … ce sourire dérobé, sur lequel on vous faisait prendre aussitôt le change d’une manière si adroite, n’est-ce pas là la preuve d’un amour qui, retenu par la plus aimable pudeur, s’il n’ose se dévoiler en entier, se laisse cependant deviner en partie ?

1607. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

L’attention dont il s’agit n’est d’ailleurs pas cette attention individuelle dont l’intensité, la direction, la durée changent selon les personnes. […] Dans ces conditions, n’est-il pas permis de chercher la cause initiale de la fausse reconnaissance dans un arrêt momentané de notre élan de conscience, arrêt qui ne change rien, sans doute, à la matérialité de notre présent, mais le détache de l’avenir avec lequel il fait corps et de l’action qui en serait la conclusion normale, lui donnant ainsi l’aspect d’un simple tableau, d’un spectacle qu’on s’offre à soi-même, d’une réalité transposée en rêve ?

1608. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Au contraire, c’est dans ses formes intérieures seulement, c’est dans le vaudeville et la farce, que la comédie tranche sur le réel : plus elle s’élève, plus elle tend à se confondre avec la vie, et il y a des scènes de la vie réelle qui sont si voisines de la haute comédie que le théâtre pourrait se les approprier sans y changer un mot. […] Le bon sens est l’effort d’un esprit qui s’adapte et se réadapte sans cesse, changeant d’idée quand il change d’objet.

1609. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Dans notre siècle, l’art d’observer et l’art d’expérimenter ont fait de tels progrès que la question tant débattue changea bientôt de face avec la physiologie tout entière. […] Les vieilles écoles, les vieilles doctrines métaphysiques, peuvent être emportées par le courant de la science moderne ; la spéculation métaphysique peut changer de méthode ; le matérialisme et le spiritualisme des temps passés peuvent disparaître définitivement de la scène philosophique pour faire place à des idées plus complètes, à des théories plus positives : le problème métaphysique qui les a suscitées restera, non-seulement dans le domaine de l’imagination et du rêve, mais encore dans le domaine de la philosophie la plus sévère, quoi qu’en disent l’école critique de Kant et l’école positiviste de Comte.

1610. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

le combat a plus d’une chance, les choses humaines sont au hasard d’un coup de dé, et la victoire aime à changer de drapeaux : on ne dit pas qu’Alexandre lui-même ait toujours réussi en tout, ni que la fortune de César ait été de tout point infaillible.

1611. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Il raconte qu’un jour où le duc de Mayenne lui prêta l’oreille, il lui déduisit durant quatre heures entières ses raisons, lui répondant sur tous les points et multipliant les considérations de tout genre, si bien qu’il le fit changer d’avis.

1612. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Cependant la scène change ; dans cette existence d’un éclat croissant et d’une gloire jusque-là facile, les ombres vont s’introduire et se mêler par degrés et de plus en plus au tableau.

1613. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Le voyageur a continué de gravir les étages de la vallée de Gavarnie en s’élevant du côté du Marboré vers l’Espagne : Tout le long de l’étroit passage que je viens, dit-il, de décrire, nous avions rencontré des bergers des monts voisins de l’Espagne, qui en descendaient pour changer de pâturages.

1614. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

En revanche, il s’élève contre les écrivains de nos jours, semblables, dit-il, « à ces pianistes qui exécutent des impossibilités incompréhensibles, mais qui sont hors d’état d’inventer une mélodie, une ariette, une note. » Il s’élève contre les adorateurs idolâtres de la forme : « Cette forme il a fallu la changer, la varier, la modifier à l’infini ; il a fallu la rendre bien feuillue, bien plantureuse, bien luxuriante, afin qu’elle pût cacher le vide sans fond qu'elle recouvrait… Le gothique flamboyant fut le dernier effort de l’ogive mourante ; nous en sommes arrivés à la littérature flamboyante… » Mais prenez garde !

1615. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

De là je contemplais Ellénore : elle me parut légèrement changée, elle était plus pâle que de coutume.

1616. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Ce serait pourtant être ingrat, à ceux qui ont eu l’honneur de le rencontrer souvent dans ce cercle de son choix, de ne pas se rappeler et de ne pas dire à tous combien de fois ils l’y virent naturel, aimable, facile, éloquent, bonhomme même ; mais, dès que le public intervenait, dès que les passions du dehors entraient par la moindre fente, et que le plus léger souffle de contrariété se faisait sentir, tout changeait aussitôt ; le visage se pinçait, l’humeur s’altérait : la correspondance accuse trop ces variations et ces susceptibilités excessives.

1617. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

M. le cardinal ayant conté au Roi ce qui venait de lui arriver, Sa Majesté lui dit qu’il avait fait changer les gardes (les gardes ou garnitures de la serrure).

1618. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

il est poète, quoiqu’il n’ait pas la sainte fureur, ni cet aiguillon de désir et d’ennui, qui a été notre fureur à nous, le besoin inassouvi de sentir ; bienqu’il n’ait pas eu la rage de courir tout d’abord à toutesles fleurs et de mordre à tous les fruits ; — il l’est, bien qu’il ne fouille pas avec acharnement dans son propre cœur pour y aiguiser la vie, et qu’il ne s’ouvre pas les flancs (comme on l’a dit du pélican), pour y nourrir de son sang ses petits, les enfants de ses rêves ; — il l’est, bien qu’il n’ait jamais été emporté à corps perdu sur le cheval de Mazeppa, et qu’il n’ait jamais crié, au moment où le coursier sans frein changeait de route : « J’irai peut-être trop loin dans ce sens-là comme dans l’autre, mais n’importe, j’irai toujours. » — Il l’est, poète, bien qu’il n’ait jamais su passer comme vous, en un instant, ô Chantre aimable de Rolla et de Namouna, de la passion délirante à l’ironie moqueuse et légère ; il est, dis-je, poète à sa manière, parce qu’il est élevé, recueilli, ami de la solitude et de la nature, parce qu’il écoute l’écho des bois, la voix des monts agitateurs de feuilles, et qu’il l’interprète avec dignité, avec largeur et harmonie, bien qu’à la façon des oracles.

1619. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Toute son énergie est dans la paume de sa main dont il frappe la tribune, afin de s’animer au monologue ; toute sa mémoire est au fond du verre d’eau sucrée. » Mais je crois que nous avons changé de tribune : nous sommes à la Chambre des Pairs ; une voix sourde se fait entendre (M. 

1620. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Ainsi les souris qui sont changées en chevaux, dans Cendrillon, gardent à leur robe, sous leur forme nouvelle, « un beau gris de souris pommelé » Le cocher, qui était précédemment un gros rat, garde sa moustache, « une des plus belles moustaches qu’on ait jamais vues. » Il y a des restes de bon sens à tout cela.

1621. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Le bon Eckermann, qui avait peur que la conversation ne changeât de cours, essaya de la ramener en disant : « Je crois cependant que c’est surtout quand Napoléon était jeune, et tant que sa force grandissait, qu’il a joui de cette perpétuelle illumination intérieure : alors une protection divine semblait veiller sur lui ; à son coté restait fidèlement la fortune ; mais plus tard… —  Que voulez-vous ?

1622. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Tel est le public : quand il est à bout d’une veine, il aime à en changer, et il adopte vite l’auteur à qui il est redevable d’une série de sensations nouvelles.

1623. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Il a pourtant l’honneur, le bonheur d’inventer le premier mot de Monsieur, comte d’Artois : « Il n’y a rien de changé en France, il n’y a qu’un Français de plus. » Cette invention de M. 

1624. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Il raconte, de son ton caustique, comment le prince le consulta un jour sur une pièce dont il se croyait bonnement l’auteur pour en avoir donné ou changé quelques mots, et qui était d’un gentilhomme de sa maison : « Quand cette comédie a été achevée, nous dit Collé, Son Altesse l’appela simplement noire pièce, et il finit par l’appeler ma pièce, en sorte qu’elle a été jouée autant sous le titre de la pièce du prince que sous celui de Barbarin. » Le prince en reçut des compliments de tout le monde, y compris ceux de ce sournois de Collé, avec le même aplomb que Louis XVIII se laissait louer et admirer à bout portant pour un mot de Beugnot.

1625. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Talleyrand excellait ainsi à donner le change à un soupçon sérieux par un trait amusant.

1626. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Frappé vivement des objets, il les rend comme la glace d’un miroir les réfléchit, sans ajouter, sans omettre, sans rien changer. » Selon moi pourtant, la comparaison du miroir ne grave pas assez pour ce qui est de Mlle Delaunay ; le trait des objets, dès qu’elle les a réfléchis, reste comme passé à une légère eau-forte.

1627. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Le don de soi, ce sacrifice si grand aux yeux d’une femme, doit se changer en remord, en souvenir de honte, quand elle n’est plus aimée ; et lorsque la douleur, qui d’abord n’a qu’une idée, appelle enfin à son secours tous les genres de réflexions, les hommes condamnés à souffrir l’inconstance, sont consolés par chaque pensée qui les attire vers un nouvel avenir ; les femmes sont replongées dans le désespoir, par toutes les combinaisons qui multiplient l’étendue d’un tel malheur.

1628. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Au lieu de fonder l’induction, comme Stuart Mill, sur une hypothèse simplement probable et applicable seulement dans notre groupe stellaire, on l’a rattachée à un axiome (tome II, ch. 3, § 3), ce qui change son caractère et conduit à une autre vue du monde.

1629. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

« Entrant aujourd’hui en lice pour obtenir de cette célèbre université de Francolin la couronne doctorale, et n’ayant autre chose à craindre dans cette entreprise que la risée de mes auditeurs, qui pourrais-je plus à propos choisir pour protecteur que vous qui la savez changer en applaudissements ?

1630. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Tous nos efforts ne supprimeront pas un mystère ; ils pourront seulement le faire « changer de place ».

1631. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Non, elle n’a jamais aimé, aimé de passion et de flamme ; mais cet immense besoin d’aimer que porte en elle toute âme tendre se changeait pour elle en un infini besoin de plaire, ou mieux d’être aimée, et en une volonté active, en un fervent désir de payer tout cela en bonté.

1632. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Dans une très belle lettre, adressée au comte de Mercy-Argenteau, où on lit ces mots, elle disait encore, après avoir exposé un plan désespéré (août 1791) : J’ai écouté, autant que je l’ai pu, des gens des deux côtés, et c’est de tous leurs avis que je me suis formé le mien ; je ne sais pas s’il sera suivi, vous connaissez la personne à laquelle j’ai affaire (le roi) : au moment où on la croit persuadée, un mot, un raisonnement la fait changer sans qu’elle s’en doute ; c’est aussi pour cela que mille choses ne sont point à entreprendre.

1633. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Le cerveau n’étant jamais tout d’un coup changé dans sa masse entière, il reste toujours dans l’état nouveau quelque chose de l’ancien.

1634. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Ceux qui l’ont réformée d’ailleurs, n’ont osé rien changer à cet égard.

1635. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Tant il est vrai qu’il faut changer de stratagème.

1636. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Le peintre doit avoir cette attention sans cesse, mais elle lui est encore plus necessaire quand il fait des tableaux de chevalet destinez à changer souvent de place comme de maître.

1637. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Il écrivait alors dans sa seconde préface une petite phrase décisive, si décisive qu’il l’a supprimée dans les dernières éditions, depuis qu’ayant changé de doctrine, il s’est fait horreur à lui-même.

1638. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Pour notre science, le corps est essentiellement ce qu’il est pour le toucher ; il a une forme et une dimension déterminées, indépendantes de nous ; il occupe une certaine place dans l’espace et ne saurait en changer sans prendre le temps d’occuper une à une les positions intermédiaires ; l’image visuelle que nous en avons serait alors une apparence, dont il faudrait toujours corriger les variations en revenant à l’image tactile ; celle-ci serait la chose même, et l’autre ne ferait que la signaler. […] Tout change, et, comme nous le disions plus haut, le changement se fera en surface s’il n’est pas possible en profondeur. […] Comme elles changent tout de même, il se produit en elles, non plus une intensification qui serait un progrès qualitatif, mais une multiplication ou une exagération du primitivement donné : l’invention, si l’on peut encore employer ce mot, n’exige plus d’effort. […] Mais il aurait fallu un léger effort de réflexion, et je préférais ne pas le donner, probablement par paresse, peut-être aussi pour n’avoir pas à changer d’attitude vis-à-vis d’un homme contre lequel — c’est le cas de le dire — j’avais une dent. […] Bien au contraire, ce sont les dieux principaux des religions antiques qui ont le plus change, s’enrichissant d’attributs nouveaux par l’absorption de dieux différents dont ils grossissaient leur substance.

1639. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

A vrai dire, je n’ai guère changé d’idée, et mon âge mûr approuve l’admiration de ma jeunesse. […] Balzac, de peur qu’ils ne s’ébruitassent, les changeait souvent. […] Voulait-il changer le gouvernement, poser une religion nouvelle, fonder une école philosophique, dominer les hommes, séduire les femmes ? […] Rien n’avertissait qu’on eût changé d’interlocuteur ; celui des deux frères qui se trouvait là reprenait l’idée où l’autre l’avait laissée, sans la moindre hésitation. […] Peu à peu les figures changent, l’une s’allonge, l’autre s’élargit, une autre devient rouge, une autre devient verte.

1640. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Guizot, cet autre historien qui a changé de route, lui aussi, et la chaire d’un homme qui est mort et qui s’était arrêté depuis longtemps. […] Quelquefois l’auteur humoristique (ce doit être un mot français) se met à inventer d’assez bons paradoxes. « La liberté française, c’est un gros homme en tilbury. — En France, rien ne change ; ce qui change moins que tout le reste, c’est la mode. […] Ce qui nous rend triste en présence de ces petits livres dont la vivacité primitive s’est quelque peu effacée à passer ainsi à travers le journal, c’est de nous dire : — Change le nom de ces deux pages vieillies si vite, et, malheureux ! […] Que si vous nous parlez de ces douleurs terribles, immenses, sans consolation, alors nous vous dirons que, plutôt que de défigurer une femme qui pleure, vous ferez mieux, comme faisait Ovide, de la changer en fontaine ou en saule pleureur. […] Que les temps sont changés !

1641. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

C’est le Russe, le Russe d’Alexandre, civilisé et discipliné par sa force même ; croissant, comme un vaste chêne du Nord, sans changer de place, mais étouffant par sa croissance naturelle les plantes étiolées qui veulent faire obstacle à sa grandeur. […] — Vous ne me comprenez pas », répliqua Pierre, et il changea d’entretien. […] Rien ne change dans les trois caractères, mais la destinée change et le dénouement approche.

1642. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

L’humanité ne reste jamais deux instants de suite la même, elle est essentiellement mobile, et cette mobilité infinie d’états, déterminant une semblable mobilité de sensations, de sentiments, d’impulsions do toute nature, donne naissance aux croyances, aux doctrines, aux systèmes qui changent indéfiniment aussi, comme la substance dont ils sont les accidents. […] La nature est soumise à la même mobilité que l’humanité ; elle change toujours, quoique plus lentement, et si nous pouvions remonter assez haut et assez loin, elle aurait son histoire comme l’humanité elle-même. […] Exprimées en langage exact, de telles idées paraissent changer de physionomie et n’être plus elles-mêmes ; la précision est contraire à leur nature : la mobilité universelle ne saurait s’exprimer sans contradiction par des signes déterminés. […] A la vérité, ce qui pourrait favoriser la confusion que je combats, c’est la loi de développement et de progrès que Hegel suppose être la loi éternelle des choses ; mais cette loi ne change pas la nature de l’objet.

1643. (1842) Discours sur l’esprit positif

Plusieurs siècles avant que l’essor scientifique permît d’apprécier directement cette opposition radicale, la transition métaphysique avait tenté, sous sa secrète impulsion, de restreindre, au sein même du monothéisme, l’ascendant de la théologie, en faisant abstraitement prévaloir, dans la dernière période du Moyen Âge, la célèbre doctrine scolastique qui assujettit l’action effective du moteur suprême à des lois invariables, qu’il aurait primitivement établies en s’interdisant de jamais les changer. […] Ce double mouvement négatif avait pour organes essentiels et solidaires, d’une part, les universités, d’abord émanées mais bientôt rivales de la puissance sacerdotale ; d’une autre part, les diverses corporations de légistes, graduellement hostiles aux pouvoirs féodaux : seulement, à mesure que l’action critique se disséminait, ses agents, sans changer de nature, devenaient plus nombreux et plus subalternes ; en sorte que, au dix-huitième siècle, la principale activité révolutionnaire dut passer, dans l’ordre philosophique, des docteurs proprement dits aux simples littérateurs, et ensuite, dans l’ordre politique, des juges aux avocats. […] S’il faut aussi admettre la nécessité d’une vraie systématisation morale chez ces esprits émancipés, elle ne pourra dès lors reposer que sur des bases positives, qui finalement seront ainsi jugées indispensables, Quant à borner leur destination à la classe éclairée, outre qu’une telle restriction ne saurait changer la nature de cette grande construction philosophique, elle serait évidemment illusoire en un temps où la culture mentale que suppose ce facile affranchissement est déjà devenue très commune, ou plutôt presque universelle, du moins en France. […] Mais il n’en peut plus être ainsi quand une telle instruction est directement destinée à l’éducation universelle, qui en change nécessairement le caractère et la direction, malgré toute tendance contraire.

1644. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Si elle change, elle oublie aussitôt qu’elle a changé ou n’avoue pas le changement. […] La justice a donc beau embrasser une plus grande variété de choses, elle se définit de la même manière. — Elle ne changera pas davantage de formule, dans un état de civilisation plus avancé, quand elle s’étendra aux relations entre gouvernants et gouvernés et plus généralement entre catégories sociales : dans une situation de fait elle introduira des considérations d’égalité ou de proportion qui en feront quelque chose de mathématiquement défini et, par là même, d’apparemment définitif. […] De sorte qu’il est souvent impossible de dire a priori quelle est la dose de liberté qu’on peut concéder à l’individu sans dommage pour la liberté de ses semblables : quand la quantité change, ce n’est plus la même qualité.

1645. (1903) Propos de théâtre. Première série

André Gide a changé tout cela ; mais il l’a très agréablement changé. […] Un roman change de lieu selon les besoins, un drame en fait tout autant. […] Jeudy a changé le titre consacré. […] Gardez que cette humeur, mon père, ne vous change. […] Racine n’a pas changé sa poétique.

1646. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Le troisième point enfin, c’est que, aussitôt que Fénelon devint archevêque de Cambrai, l’affaire changea de face. […] Maintenant, voici Marivaux, et tout change. […] Cependant Malesherbes, quand les rapports changèrent et de mondains qu’ils pouvaient être devinrent administratifs, semblerait tout d’abord s’être tenu sur la réserve. […] Voltaire, avec sa prestesse accoutumée, changea de batteries aussitôt. […] Rien n’est changé depuis avant-hier, mais tout prend une autre face à mes yeux, et je ne vois plus que des indications équivoques où je croyais voir les preuves les plus claires.

1647. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

L’Orient ne change guère ; on retrouve encore les personnages de la Bible dans ces tribus errantes, toujours· prêtes à plier leurs tentes, et à pousser leurs troupeaux vers d’autres étoiles. […] Mon opinion est que la règle morale et légale du mariage sera changée. […] Décidément, les verres teintés à travers lesquels nous apercevions l’Italie ont changé de couleur. […] Les vieux poètes qui ont marqué dans quelque changement poétique ne veulent plus qu’on change rien. […] La pitié, à condition de n’être point trop tyrannique et agissante, nous inclinera aux indulgences souriantes qui font tout pardonner et qui font dire au sage : « À quoi bon vouloir changer le cours des choses ?

1648. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Cette langue même n’avait rien de fixe et changeait rapidement, parce que nul type frappé au coin du génie ne restait encore dans la mémoire. […] Le meurtre de César, en paraissant d’abord tout changer, ouvrit à l’orateur une carrière nouvelle. […] Mais la mort prématurée de Caïus et de son frère Lucius vint tout changer. […] mon âme, change-toi en quelque goutte d’eau, et tombe dans l’Océan, pour n’être jamais retrouvée !  […] si tu renfermes le meurtre dans ton cœur, puisse ce présent changer ton dessein et sauver ton âme !

1649. (1911) Nos directions

trop docile à donner le change, nul essai d’imitation des menues contingences de la vie, — le détachement parfait du héros, dans l’atmosphère que lui-même recrée, — son isolement absolu, dans tout l’éclat de sa valeur, dans toute la hauteur de sa stature, d’où un contact direct, immédiat, constant, des héros assemblés entre eux. […] Mais moi, je ne fais rien de tout le jour et je chasse tout seul, tandis que les rayons de soleil changent d’endroit, écoutant le cri de l’écureuil… » Puissance de l’évocation lyrique sur un fond de décor uni ! […] Par la vertu de notes successives (soutenues, il est vrai — mais presque inutilement commentées — par ces accords subtils qui fixent et qui changent la tonalité sans cesse) le musicien aura tout exprimé en raccourci des sentiments de l’âme humaine, la joie, le soupçon, l’amour, la terreur, et cette machinale inconscience. […] Mais sied-il donc de tant crier au sacrilège à propos d’un morceau de « musique à programme » dont le programme aura été changé ? […] Rostand ne changeront pas sa nature.

1650. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Ce n’est pas seulement la date qui produit ce caractère d’historicité, c’est, comme je le disais plus haut, que l’imagination et la sensibilité de l’époque ont changé. […] Ce principe enveloppait cette affirmation qu’elle doit, si les objets sont différents, changer ses méthodes, étudier les phénomènes psychologiques du point de vue psychologique, les phénomènes biologiques du point de vue biologique, les phénomènes physico-chimiques du point de vue physico-chimique. […] Mais que son humanisme raffiné n’ait pas fait de lui un isolé dans le Paris littéraire de 1850 à 1870, c’est la preuve que ce Paris avait lui-même subi la vertu éducative des humanités enseignées, depuis le renouveau de l’Université, d’après des programmes éprouvés et que les décrets ministériels ne s’amusaient pas à changer sans cesse. […] Sur la grandeur et la bassesse de notre condition, sur l’ordre social, sur les préjugés, sur l’égoïsme et la vanité, sur les hasards de l’histoire et sur la force de la coutume, pas un mot n’est à changer parmi ceux qu’il a prononcés. […] Je vois bien qu’on applique ces mots dans les mêmes occasions et que, toutes les fois que deux hommes voient un corps changer de place, ils expriment tous deux la même vue de ce même objet par le même mot, en disant l’un et l’autre qu’il s’est mû.

1651. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

bien changée depuis les années, où je l’ai vue à Ferrières, et chez mon cousin de Courmont. […] Samedi 15 septembre Ce soir, Daudet dit qu’il n’y a pas de livre, sur le compte duquel son jugement ne change pas, quand il le relit au bout de dix ans, et plaisante un peu l’immuabilité des religions littéraires de sa femme, restant constamment et fidèlement attachée à Leconte de Lisle, aux Goncourt, etc., et se servant du mot manie, pour caractériser ce manque d’évolution de l’esprit de sa femme. […] C’est Zola, n’ayant plus sa tête du portrait de Manet, un moment retrouvée, mais si changé, avec de tels trous aux pommettes, un si immense front sous ses cheveux rebroussés, que vraiment dans la rue, je serais passé à côté de lui, sans lui donner la main.

1652. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Sans la permission du seigneur, les paysans ne peuvent aliéner leur champ, l’hypothéquer, le cultiver autrement, changer de métier, se marier. […] Voilà comment les vieilles hiérarchies se maintiennent : il faut et il suffit qu’elles changent en cadre civil leur cadre militaire, et trouvent un emploi moderne au chef féodal.

1653. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Soit un corps qui passe du repos au mouvement ; la plupart du temps, nous découvrons que quelque autre chose a changé en lui ou dans ses alentours, et, après un certain nombre d’expériences, nous constatons ou nous croyons constater que ce changement interne ou externe est toujours suivi par le mouvement du corps. […] Pour qu’un corps en repos se meuve, il faut l’intervention d’une force ; si cette intervention manque, il demeure indéfiniment en repos, et sa tendance à persister dans son état est si bien inhérente à toutes ses particules, que, selon sa masse plus ou moins grande, il faut une force plus ou moins grande pour lui imprimer la même vitesse. — D’autre part, pour qu’un corps en mouvement s’arrête, ou change sa vitesse, ou dévie de la ligne droite, il faut aussi l’intervention d’une force.

1654. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Elle avait aux yeux l’âge qu’on voulait, car les âges étaient réunis dans ses traits : grâce d’enfant, gravité noble d’âge mûr, mélancolie du soir, sérénité d’immortalité, tout y était selon le pli de lèvres ou de sourcils que donnait la conversation au visage ; comme dans les instruments bien accordés le mode change le ton, le mouvement changeait l’impression.

1655. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Astolphe raconte la puissance et les merveilles de ses enchantements : après l’avoir aimé deux mois, Alcine se dégoûte de lui par un nouveau caprice ; pour se débarrasser de lui, elle l’a changé en arbre dans cette forêt, toute peuplée de ses amants, métamorphosés comme lui. […] parce qu’il se remettait à badiner au milieu d’une scène pathétique, et qu’il se plaisait à changer les larmes en rire.

1656. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

À son retour à Rome, le Pape, pour se défendre contre les agressions répétées de la république Cisalpine, résolut d’augmenter son armée et d’en changer l’organisation. […] On était habitué à voir les princes occupant le siège de Pierre changer presque tous les sept ou huit ans, et les espérances de chacun empêchent d’ordinaire un choix qui, par sa durée, ne permet pas la réalisation de ces espérances.

1657. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Éloignée de Paris, madame de Staël avait besoin de changer de scène. […] La poésie est une possession momentanée de tout ce que notre âme souhaite ; le talent fait disparaître les bornes de l’existence et change en images brillantes le vague espoir des mortels.

1658. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Déméa, qui est fort en colère, mais qui en a sujet, est devenu Sganarelle, qui est dur et ne se croit que sage ; et Micion, dont la faiblesse n’est que le manque de caractère, s’est changé en Ariste, dont l’indulgence n’est que de la raison. […] Molière n’emprunte que ce qui appartient à la nature ; il le fait sien en le rapprochant, par les choses qu’il y change ou y ajoute, de l’éternel modèle.

1659. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

On se gardait de changer, de corriger un mot aux manuscrits ; on n’osait contredire des assertions infaillibles ; il semblait qu’il n’y eût plus rien à découvrir après lui et qu’on fût réduit pour jamais à coudre des commentaires admiratifs à cet Évangile philosophique. […] Querelle grave, qui renaît autour de nous entre ceux qui veulent garder à l’enseignement des collèges la base qui lui fut donnée au temps de Henri IV et ceux qui entendent la changer en faisant une part plus large aux sciences et aux langues vivantes.

1660. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Il changera son habitude de créer, et, au dessus de l’Univers présent, il bâtira un Univers nouveau, jouissant ainsi, plus éperdument, puisqu’il se connaîtra, sans limites, l’auteur unique de cet Univers. […] À propos de Sigurdbm Depuis quelque temps, le courant de l’opinion, dans le monde musical, change et se transforme sensiblement.

1661. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Mais prenez chaque chapitre en lui-même, ici tout change : cet ordre en petit que doit renfermer un chapitre, n’y est point ; chaque idée est toujours exprimée avec la dernière précision, mais elle n’est pas toujours à la place où elle devrait être pour entrer aisément dans l’esprit du lecteur. […] Par là se trouve changée la face de la métaphysique, et deux écoles rivales sont à la fois frappées du même coup et convaincues d’un procédé également vicieux, d’un point de départ également hypothétique.

1662. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Que l’expérience réussisse ou non, ce ne serait d’ailleurs pas de grande importance pour notre argumentation, puisque, par suite de l’expérience même, les conditions d’existence auraient changé. […] Je pourrais ajouter qu’à l’état de nature, quand les conditions de vie viennent à changer, des variations ou des réversions de caractères ont probablement lieu ; mais, comme nous l’expliquerons tout à l’heure, la sélection naturelle détermine à quel degré les caractères nouvellement acquis peuvent se perpétuer.

1663. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Tout se passait donc au mieux pour Renart : le roi penchait à la paix, et Ysengrin, tout dolent, ne sachant plus comment s’en tirer avec sa colère, restait assis à terre entre deux bancs, sa queue entre les jambes, lorsqu’un coup de théâtre vient tout changer.

1664. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Dubray, s’inspirant du beau portrait de l’abbé Prévost par Schmidt, portrait qui fut placé d’abord en tête du tome Ier de l’Histoire générale des voyages (1746), y a changé ou adouci quelques traits.

1665. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Tantôt (dans Les Serments indiscrets), c’est l’amour-propre piqué qui s’engage à l’étourdie, et qui retarde et complique tout d’abord un aveu qui allait de lui-même échapper des lèvres ; tantôt, ce même amour-propre piqué, et la pointe de jalousie qui s’y mêle (dans L’Heureux Stratagème), réveille un amour trop sûr qui s’endort, et le ramène, au moment où il allait se changer et dégénérer en estime ; tantôt (comme dans Les Sincères, comme dans La Double Inconstance), l’amour-propre piqué ou flatté détache au contraire l’amour, et est assez fort pour le porter ailleurs et le déplacer.

1666. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

C’est vers l’âge de quarante-cinq ans que la comtesse de Grammont commença ainsi à changer et à vouloir régler sa vie.

1667. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Il avait ouvert ses premiers cours libres et gratuits d’anatomie pendant les vacances de 1773 : à la rentrée des Écoles, comme les professeurs de la Faculté devaient enseigner aux mêmes heures, on lui proposa de changer les siennes, et il refusa.

1668. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Un jeune homme, fort de raisons et de vérités, a-t-il jamais fait changer l’opinion d’un vieillard ?

1669. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

« J’en suis fâché, observait Ramond ; il a changé le paysage : il n’y a point de platanes dans ces glaces de l’Apennin. » On aurait peu à dire de ces élégies de Ramond, sinon que ce n’est pas vulgaire ni commun ; mais il y a du vague, des intentions cherchées plutôt que trouvées, de grandes inexpériences de style et d’harmonie.

1670. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Dans la figure d’un vieux prince de l’Église, au nez rouge et boursouflé, au visage sensuel, aux yeux petits mais perçants, il n’apercevait rien de laid ou de repoussant, cherchait la nature, l’admirait dans sa réalité, se gardait d’y rien changer, et n’y mettait du sien que la correction du dessin, la vérité de la couleur, l’entente de la lumière, et ces mérites, il les trouvait dans la nature bien observée, car dans la laideur même elle est toujours correcte de dessin, belle de couleur, saisissante de lumière.

1671. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Dès qu’il a à parler de cette princesse, il change subitement de ton, il sort du cabaret pour donner dans le sublime et dans la dernière quintessence.

1672. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Il acheta la terre du Plessis-Rideau en Touraine vers 1650, et obtint d’en changer le nom en celui de des Rêaux, qui devint désormais le sien.

1673. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Les matières, les opinions changent, le procédé reste le même.

1674. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Le noble vieillard était flatté de se voir si compris et si adoré par une femme d’esprit et de vertu, qui avait encore des restes de beauté, et dont le mari, ne l’oublions point (car Buffon était sensible à ces choses), tenait une si grande place dans l’État : « Mon âme, lui écrivait-il galamment, prend des forces par la lecture de vos lettres sublimes, charmantes, et toutes les fois que je me rappelle votre image, mon adorable amie, le noir sombre se change en un bel incarnat. » Il a le cœur en presse, dit-il, la veille du jour où il doit l’aller voir ; mais s’il l’attend chez lui, elle, en visite, à Montbard, que sera-ce ?

1675. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Molé) s’entendent autour du roi, pour former un Cabinet qui change plusieurs fois de président, mais qui, tant qu’il dure, laisse au parti du juste-milieu toute son étendue et sa force.

1676. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Il n’y peut rien changer.

1677. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Il n’était pas orateur ; son débit, d’une extrême lenteur et sans grâce, impatientait l’auditoire et donnait même le change aux moins mal disposés, sur la portée de ses paroles.

1678. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze est, à mes yeux, le bourgeois de Paris par excellence ; c’est le bourgeois de Paris fils de bourgeois, resté bourgeois lui-même, ni pauvre ni enrichi, ayant eu de bonne heure pignon sur rue, modeste et très-content, aimant les lettres, les arts, et en parlant, en jugeant à son aise, de son coin, — un bon coin ; — ayant gardé quelques-uns des préjugés et peut-être quelques-unes des locutions de son quartier ; s’étant formé sur place, rondement et sans en demander la permission au voisin ; ayant voyagé sans changer, s’étant porté lui-même partout ; ne s’étant guère perfectionné, mais ne s’étant pas corrompu.

1679. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

À peine embarqué sur le Northumberland qui devait le transporter de la rade anglaise à Sainte-Hélène, Napoléon qui, de ses derniers compagnons de fortune, n’avait pu garder avec lui que le grand maréchal Bertrand, les généraux Montholon, Gourgaud et M. de Las Cases (sans compter son fidèle valet de chambre Marchand), Napoléon passait de longues heures, dans cette traversée qui fut de plus de deux mois (8 août-17 octobre), en plein air, sur le pont du vaisseau, — tantôt immobile, à cheval sur un canon qui était à l’avant du bâtiment et que les marins anglais eurent bientôt baptisé le canon de l’Empereur, regardant le ciel et les flots, se voyant aller à la tombe et décliner au plus profond de l’Océan comme un astre qui change d’hémisphère ; tantôt se levant, interpellant ses fidèles compagnons et se parlant comme à lui seul, s’interrogeant sur tant d’événements prodigieux desquels lui-même se surprenait étonné après coup, et que sa pensée, pour la première fois oisive dans le présent, roulait en tumulte.

1680. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Ce serait moins que jamais aujourd’hui le moyen de se débarrasser des difficultés, puisqu’elles ont surgi et qu’elles ont éclaté ; de toutes parts puisque des attaques, des négations philosophiques radicales ont eu lieu, telles que celle de Strauss en première ligne ; la meilleure manière pour se retracer l’image de la personne réelle et vivante de celui dont la venue a changé le monde est d’en revenir avec bonne foi et réflexion aux récits originaux qui nous ont conservé la suite de ses actes et de ses paroles.

1681. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il fallut fermer la fenêtre et donner le change à son caprice.

1682. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

On se lasse d’admirer ce qu’on a admiré, on change de veine ; on parlait pour, on parle contre ; on est homme, on est mobile, on est Français.

1683. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Installée à Rome dans un couvent d’Ursulines, la comtesse n’avait fait d’abord que changer de prison.

1684. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Nos idées Sur les poëtes ont, en effet, changé presque entièrement depuis quelques années.

1685. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

pour mon âme abattue    Tous lieux sont désormais pareils : Je porte dans mon sein le poison qui me tue ; Changerai-je de sort en changeant de soleils ?

1686. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Sainte-Beuve ne changea rien à son article.

1687. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

On eut les Amours de Boucher ; on eut des oves et des volutes, au lieu d’acanthes et d’arabesques de toutes formes : on eut les Bijoux indiscrets, les métamorphoses de la Pucelle, l’Écumoir, le Sopha, et ces contes de Voisenon où des hommes et des femmes sont changés en anneaux ou en baignoires.

1688. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

La mode ayant changé en poésie, les nouveaux venus le méprisent, les moraux le conspuent, personne ne le défend.

1689. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

L’intrépidité destructive fut changée en résolution inébranlable ; la force qui n’avait d’autre but que l’empire de la force, fut dirigée par des principes de morale.

1690. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Si, après avoir été changé, il fait dans ses langes, il reste ainsi trois ou quatre heures dans son ordure.

1691. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Sardou ; il n’admet plus qu’on change les formes, les procédés, les effets auxquels il est habitué, lit voici la seconde erreur : M. 

1692. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Or les faits peuvent bien changer et, en partie, l’extérieur de la vie humaine, mais non point les instincts et les sentiments primordiaux à la constatation desquels se ramène tout l’effort du faiseur de maximes.

1693. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Un bon critique n’a point de lubies ; il se défie des caprices, des impressions d’une heure ; il ne change pas d’aune et de toise comme de chemise.

1694. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Car la pitié se change en un sentiment âpre et pénible quand tous les souffrants dont on nous développe la misère se trouvent être à la fois ignobles et irresponsables.

1695. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Et, enfin, si Tartuffe reproduit, en somme, les maximes du très sincère et très croyant Escobar, il en change singulièrement le ton, et y mêle (je persiste dans mon impression) une ironie et presque une « blague » de pince-sans-rire.)

1696. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Mais nous ne pourrions faire prendre le change à la foule satisfaite.

1697. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

L’été, les dames de Paris dirigent de préférence leurs promenades vers la Porte Saint-Bernard, c’est-à-dire sur les bords la Seine, où les Parisiens se changent en tritons, où les dames elles-mêmes se livrent au plaisir de la natation sous des tentes closes, où les bateliers offrent aux compagnies joyeuses leurs bachots pour aller aux Carrières, à l’Épée-Royale ou au Port-à-l’Anglais.

1698. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Rien n’avait été changé au protocole ordinaire, sauf qu’un bouquet de fleurs ornait la table.

1699. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Ce n’est pas l’ancienne Loi, ce n’est pas le Talmud qui ont conquis et changé le monde.

1700. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

James Mill traite de mystérieuse, mais qu’il est difficile de changer contre des termes plus intelligibles), il faut qu’un ou plusieurs éléments d’une idée complexe soient séparés du reste : ce qui a reçu le nom d’Abstraction. » Ce dernier procédé, considéré comme subsidiaire par l’auteur, est défini par lui, comme par tout le monde : l’acte de séparer une partie de ce qui est contenu dans une idée complexe, pour en faire un objet qu’on considère en lui-même35, Réduite presque entièrement à un procédé de notation au moyen des mots, l’abstraction ne nous paraît pas traitée selon son importance.

1701. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Il changea alors courageusement de plan et de batterie, et se mit, pour plus de contraste, à chercher un sujet dans le siècle, non plus de Louis XV, mais de Louis XIV.

1702. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Ils changent au gré du rayon et du zéphyr.

1703. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Tout change, tout meurt ou se renouvelle ; les races les plus antiques et les plus révérées ont leur fin ; les nations elles-mêmes, avant de tomber et de finir, ont leurs manières d’être successives et revêtent des formes diverses de gouvernement dans leurs divers âges ; ce qui était religion et fidélité dans un temps n’est plus que monument et commémoration du passé dans un autre ; mais à travers tout, tant que la dépravation n’est pas venue, il y a quelque chose qui reste : l’humanité et les sentiments naturels qui la distinguent, le respect pour la vertu, pour le malheur, surtout immérité et innocent, la pitié qui elle-même n’est que le nom de la piété envers Dieu en tant qu’elle se retourne vers les infortunes humaines.

1704. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Ici la relation du sévère docteur Feuillet change de ton et s’émeut sensiblement : « Elle fut aussi aise de le voir, dit-il, comme il fut affligé de la trouver aux abois.

1705. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

— Aucun pouvoir, si grand qu’il soit, ne peut forcer les hommes à changer leurs opinions.

1706. (1903) Zola pp. 3-31

Mais ce qu’il y a à remarquer ici, c’est que son caractère avait changé et aussi son point de vue.

1707. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Cet être se conçoit-il avec obstination semblable à lui-même, il va périr, car parmi les circonstances du milieu qui changent et exigent une adaptation incessante, voici pour lui toute évolution arrêtée, toute croissance entravée.

1708. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Observer, c’est idéaliser le phénomène qui est devant nous, c’est le changer en pensée.

1709. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Quoi qu’il en soit, le lieu du corps lumineux étant donné, il faut que l’art obéisse ; il n’en peut circonscrire, altérer ou changer la nature, la direction, les reflets, la dégradation ou l’éclat.

1710. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Mais ces divinitez changent de nature, pour ainsi dire, et deviennent des personnages purement allegoriques dans la répresentation des évenemens arrivez en un siecle où le sistême du paganisme n’avoit plus cours.

1711. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Voilà qu’un beau jour tout changea d’une façon inattendue : voyant qu’on regimbait à rentrer dans l’ordre ancien et que la littérature vagabondait obstinément loin des principes si longtemps frayés, le chevalier du madrigal, le cérémonieux émigré de Coblentz, se mit en colère.

1712. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Il dépend donc de l’homme de changer jusqu’à la constitution atmosphérique du lieu où il s’établit.

1713. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

prendre le change ; mais si nous le prenions, c’est nous qui serions les naïfs !

1714. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

La thèse du parallélisme consistera à soutenir que nous pouvons, une fois en possession de l’état cérébral, supprimer par un coup de baguette magique tous les objets perçus sans rien changer à ce qui se passe dans la conscience, car c’est cet état cérébral causé par les objets, et non pas l’objet lui-même, qui détermine la perception consciente.

1715. (1887) La banqueroute du naturalisme

Les mêmes mannequins peuvent toujours servir, et de « bourgeois » qu’ils étaient dans Pot-Bouille, ou de « mineurs » dans Germinal, les transformer en « paysans » dans La Terre, ce n’est qu’une redingote à changer en une blouse, un nom propre en un autre ; — et aussi le titre du roman.

1716. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Ces mots magiques, nul raisonnement, nulle science ne les découvre ; ils sont le langage de l’imagination qui parle à l’imagination ; ils expriment un état extraordinaire de l’âme qui les trouve, et mettent dans un état pareil l’âme qui les écoute ; ils sont la parole du génie ; ils ne sont donnés qu’à l’artiste, et changent la triste langue des analyses et des syllogismes en une sœur de la poésie, de la musique et de la peinture.

1717. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Puisque le diviseur ne change pas, la deuxième opération se trouve la même que la première.

1718. (1929) La société des grands esprits

En fait, c’est une langue conventionnelle, une algèbre, à laquelle il ne faut plus rien changer dès que la convention est admise, sous peine de tout embrouiller. […] C’est ce qui nous donne le droit de dire qu’avec le triomphe de Démosthène le sort du monde était changé, puisque la civilisation suivait un autre cours. » Pourquoi pas ? […] Abel Lefranc y croit, et j’y crois aussi par simple impression de lecteur, que le moindre soupçon de calvinisme aurait contredite et changée du tout au tout. […] Il n’a pas changé le vieux joug pour un neuf, mais a vraiment ôté le poids de nos épaules. […] Si ce n’est pas là de la poésie, et de la plus haute, c’est que les mots ont changé de sens, et Shakespeare non plus, ni Dante, ni Virgile, ni Sophocle, ne sont des poètes.

1719. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Les formes seules des sentiments humains ont changé. […] Riche, il eût refusé à Edgar la main d’Eugénie ; ruiné, il la lui accorde tout de suite : c’est que les choses sont en effet bien changées. […] Il est furieux quand son fils Raoul lui fait des lettres de change : mettez-vous à sa place. […] Un peu plus, et son dépit se changerait en vraie douleur ou en vraie colère… Et elle, toute surprise de l’effet que cette nouvelle a produit sur lui, touchée, au fond, de voir qu’il ne s’y attendait pas, qu’il en est presque scandalisé, qu’il trouve une pareille action indigne d’elle, elle aussi se souvient et songe… Un peu plus, et sa songerie se changerait en vraie tristesse, et sa tristesse en une angoisse de s’être engagée si légèrement… Et alors que se passerait-il ? […] Il y a comme une mécanique des passions, une mécanique traditionnelle et qui ne peut guère changer dans son fond.

1720. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

) Mais vers la fin du siècle, la tragédie change et « cesse soudain de répondre à ce qu’on demandait d’elle ». […] Et j’ai la lyre qui a dompté les loups, bâti les villes et changé en peuples les troupeaux humains. […] Elle change donc la figure de Céphale. […] De l’âme du passé notre âme se féconde : Une flamme en jaillit qui changera le monde. […] Il a changé de tête : il n’a plus maintenant la barbe bifide ni, sur le front, les mèches tordues comme des serpents.

1721. (1927) Approximations. Deuxième série

Julien la remarqua ; toutes ses idées changèrent 2. […] Mieux vaut changer d’amant que de changer d’amour… C’est au moins un vers de Corneille. […] La mort nous fait changer de rôle avec ces gens-là ; ils peuvent tout sur nos corps pendant leur vie ; mais à l’instant de la mort, l’oubli les enveloppe à jamais. […] alors, il n’y a plus rien à faire ; et il est du destin des Claude Lothaire de donner à tous égards le change, par suite de demeurer toujours à la fois bourreaux et victimes. […] Nous avons bien changé, elle et moi !

1722. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Changez un mot à la phrase que je viens de citer et qui se trouve dans l’Homme-Femme. […] Les notes de leur carnet de voyage, qui devaient relater seulement les menus des repas et le nombre des kilomètres, se changèrent bientôt en impressions écrites. « Au fond », dit quelque part M.  […] Mais changeons seulement les données du problème. […] Tout n’est que fumée et vapeur, pensait-il, tout paraît pour éternellement changer. […] Faut-il voir là simplement une preuve de l’inguérissable inquiétude qui pousse l’âme humaine à toujours changer ?

1723. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Or, la pensée de l’autre vie a changé l’aspect de celle-ci, a provoqué des sacrifices, des résignations, des songes ; des espérances et des désespoirs inconnus auparavant. […] Il fallait donc souvent changer l’affiche. […] Le lieu de la scène change, même dans l’intérieur des actes : nous sommes successivement dans la chambre de Jocaste, sous la tente de Polynice, sous les remparts, dans la chambre d’Antigone, sur les remparts, chez Créon, dans le tombeau d’Antigone. […] J’ai été obligé de changer quelques circonstances. […] La principale chose à quoi je me suis attaché, ç’a été de ne rien changer ni aux mœurs ni aux coutumes de la nation.

1724. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Il est bien entendu que toutes ces études sont la reproduction exacte de celles que j’ai publiées dans mes revues bibliographiques ; je n’y ai rien changé de la forme, encore moins du fond des idées que j’y émettais. […] Je ne crois pas qu’il lui soit possible d’y changer une idée, une phrase, un mot. […] J’embrassai ma tante ; mais, tout en l’embrassant, je fus un peu étonné de la trouver fort changée. […] Je change de logis ; je renonce à la littérature, et je vous prie d’être assez bon pour payer ma dette. » « Je vous embrasse, mon père, avec un tendre respect. » Il alla jeter lui-même cette lettre à la poste, et il eut en passant devant des affiches de théâtre la curiosité de voir ce que devenait Frédégonde. […] Mais le temps a passé, les idées ont changé.

1725. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Les Jansénius, les Saint-Cyran, les Saci, les Arnauld n’ont pas cru travailler à une autre œuvre que les Vincent de Paul, les Olier, les Bérulle, les François de Sales ; et ce qu’il y avait entre eux d’émulation première pour le bien ne s’est changé que plus tard en opposition. […] Le ton y changeait de lettre en lettre, avec les exigences de la polémique, et quelque grand intervalle qu’il y eût de la satire directe et personnelle à la plus haute éloquence, l’auteur le franchissait avec une agilité dont c’est le cas de dire qu’elle « ravissait » le lecteur. […] La cour elle-même change de caractère. […] Sous l’influence de toutes ces causes, la langue, elle aussi, change de caractère. […] VII, p. 172] ; — et comment enfin la forme de son imagination se change eu une fureur d’inventer, d’innover, et de compliquer sans raisons. — C’est pour cela qu’« il charge maintenant ses sujets de matière » ; — qu’après voir expulsé l’amour, il l’y réintroduit, sous les espèces de la galanterie la plus froide [Cf. 

1726. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

La Corse, divisée en circonscriptions électorales, a nécessairement changé. […] Il trouva la Corse changée. […] Nos Archives nationales possèdent notamment un décret ainsi conçu : « Le nom de Marseille, que porte cette cité criminelle, sera changé. […] L’amour, dès qu’il se décourage, a vite fait de se changer en haine dans le cœur des femmes romanesques. […] M. de Gelder résolut de changer sa vie et de ne plus s’attarder aux bagatelles.

1727. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Je vous ai fait une observation sur le code prussien, au sujet duquel vous aviez pris le change, — une autre au sujet de l’orientalisme des théologiens protestants, sur lequel vous preniez aussi le change58. Mais que cela ne change rien au reste de votre travail. — Vous m’avez dit, il est vrai, en termes fort clairs, que vous croyez beaucoup moins que moi à l’influence de la Réformation. […] Ce n’est qu’en y regardant de très-près, et en remontant à toutes les sources, que s’est découverte à mes yeux toute la fertilité de ce grand événement, qui a occupé presque exclusivement les cabinets et les tètes pensantes de l’Europe entière, depuis 1520 jusqu’en 1648. — Il se fait de la besogne pendant 128 ans d’activité ; mais, deux ou trois siècles après, on le perd de vue. — Adieu. — Ne pensez pas qu’il y ait rien de changé dans mon attachement et mon estime pour vous. » Villers, dans cette discussion, n’était pas en reste, on le voit, de raisons plausibles : il avait vu de près l’Allemagne, et s’il en était très-préoccupé comme de ce qu’on sait bien, il avait, pour appuyer ses conclusions favorables, une série de faits positifs. […] Plus vous me changerez, pour ce qui regarde la façon, plus je serai charmé, car vous ne me donnerez par là que plus de grâces. […]  — Travaillez, travaillons tous, ajoutait-il avec ce noble feu qui alors s’animait aussi du sentiment de la chose publique, et faisons voir aux sots que nous ne sommes pas de leur bande, among them, but not of them 83. » — « Enfin, écrivait-on, de plus d’un côté à Fauriel, enfin nous vous lirons, nous aurons la consolation de voir une sagacité et une patience, une vue perçante et une défiance comme la vôtre, appliquées à un sujet si intéressant, si obscur, et, lors même que vous ne substitueriez qu’un doute raisonné à des assertions impatientantes d’assurance et de superficialité, on éprouvera le charme que font sentir les approches de la vérité. » Puis ceux qui le connaissaient le mieux et qui savaient le faible secret l’engageaient « à ne pas trop se chicaner lui-même, et à ne pas se régler dans sa recherche sans fin sur l’idéal d’une perfection inaccessible. » On l’avertissait d’une chose qu’il ne soupçonnait peut-être pas, « c’est que, parmi ceux qui le liraient et qui le jugeraient, il n’y aurait pas beaucoup d’hommes ayant les mêmes raisons que lui pour être si difficiles ; que, lorsque cela serait (ce qui changerait un peu l’état de la civilisation), ces personnes sauraient apprécier ce que seul il aurait pu faire, et ne lui imputeraient pas l’imperfection même des matériaux sur lesquels il avait dû travailler.

1728. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Pour rester poétique, la prose montant comme elle fit au siècle de Jean-Jacques et de Buffon, il fallait changer de ton et hausser d’un degré les moyens du vers. […] Les choses ont bien changé, et de grands revers ont suivi ce triomphe alors unanime, d’un nom poétique qui du moins vivra.

1729. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

On ne peut disconvenir en effet que les différences de religion, de climat, d’habitudes sociales, si elles n’ont pas changé le fond de la nature humaine, ont du moins donné à l’amour chez les modernes une tout autre forme que chez les anciens ; et lorsque les peintures que ceux-ci en ont laissées nous apparaissent dans leur nudité énergique et naïve, il y a un certain travail à faire sur soi-même avant de s’y plaire et d’oser admirer. […] La nature humaine est plutôt masquée que changée.

1730. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Joseph Scaliger ne pouvait lire cette lettre sans être ravi : « Pour moi, déclare-t-il, je puis dire que je n’ai jamais rien lu dans l’histoire ecclésiastique qui m’emporte si fort hors de moi-même, qui me laisse si transporté de zèle et d’ardeur pour la foi, et qui me change en une autre personne que je ne suis. » Nulle histoire, en effet, nulle légende sainte ne justifie mieux ce mot de Pascal, qu’avec Jésus-Christ, le nouveau modèle d’une âme parfaitement héroïque a été créé et proposé aux hommes. […] Ces genres, qui ont changé depuis dans le latin littéraire, se retrouvent les mêmes dans le français.

1731. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Lysidas a encore bien plus changé. […] À cette impression libre et personnelle l’Esthétique n’ajoute, n’ôte, ni ne change rien.

1732. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Supposez que notre souverain de Piémont, n’ayant qu’un titre de prince ou de duc, se contente de régner à la manière des Médicis de Florence, par exemple : vous ne trouverez pas en Europe de pays supérieur au nôtre ; mais si le pays est obligé de supporter une couronne royale et si on y bat le tambour, la chose change de face, et le voilà tout de suite trop petit pour être une planète et trop grand pour être un satellite. […] Le jour où le roi de Piémont Charles-Albert laissa transpirer seulement l’ambition de changer la couronne de Sardaigne contre la couronne d’Italie, Milan bondit sous ses pieds contre Turin, et les peuples de la Lombardie désavouèrent leur prétendu libérateur piémontais.

1733. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Telle une nue inconstante change de forme à chaque bouffée de vent, attriste les vallons et les menace tour à tour d’une inondation subite. […] que vous êtes changés depuis ces jours où, dans les fêtes de Selma, nous disputions le prix du chant, semblables aux zéphyrs du printemps qui volent sur la colline et viennent tour à tour, avec un doux murmure, agiter mollement l’herbe naissante !

1734. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Peut-être pourrait-on dire qu’à considérer la perfection des œuvres, la passion de la recherche soit pour changer le fonds d’inspiration, soit pour innover dans le domaine de la forme, l’a emporté au xixe  siècle sur la volonté d’obtenir des réalisations harmonieuses. […] Je ne tiens pas plus à changer ma patrie dans le temps que ma patrie dans l’espace.

1735. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

C’est ce que Wagner a fait, en partie par une série de scènes nouvelles, en partie par une foule de modifications de détails qui passent inaperçus à l’œil banal, quoiqu’ils changent la nature du drame du tout au tout. […] Et c’est sa malédiction de l’amour, c’est la puissance de ce renoncement, qui donne plus tard à la malédiction qu’il attache à l’anneau qu’on lui dérobe la force dramatique et vivante93. — Pour faire voir comment Wagner — sans changer beaucoup le cours apparent de la fable — introduit partout ce conflit entre l’Or et l’Amour, je citerai le cas des Géants.

1736. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Année 1868 1er janvier Allons, une nouvelle année… encore une maison de poste, selon l’expression de Byron, où les Destins changent de chevaux ! […] Il le retrouve avec une cravate à pois roses, en un costume ébouriffant, le costume qu’on peut imaginer d’un savant allemand, travesti en gandin : « Vous me trouvez un peu changé, n’est-ce pas ?

1737. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Cette idée des destins qui établissent l’empire d’Auguste, & la gloire de Rome, n’est due qu’à lui ; celle des vaisseaux changés en nymphes ne fait aucun tort à son imagination toujours belle, toujours sage. […] En lisant l’Astrée & la princesse de Clèves, ils deviendront amoureux. » Déclamation inutile ; tout l’effet qu’elle produisit fut de faire changer de batterie aux romanciers.

1738. (1894) Textes critiques

Des forces près desquelles l’électricité des phonographes et microphones d’Edison, trop matérielle, est rudimentaire, changent le monde en restant si semblables aux causes naturelles (caractéristiques de l’œuvre de génie) que sans absurdité on ne peut pas les nier. […] Combien je trouve plus exacte la réflexion d’un des figurants polonais, qui jugea ainsi la pièce : « Ça ressemble tout à fait à du Musset, parce que ça change souvent de décors. »‌ Il aurait été aisé de mettre Ubu au goût du public parisien avec les légères modifications suivantes : le mot initial aurait été Zut (ou Zutre), le balai qu’ou ne peut pas dire un coucher de petite femme, les uniformes de l’armée, du premier Empire ; Ubu aurait donné l’accolade au tsar et l’on aurait cocufié diverses personnes ; mais ç’aurait été plus sale.‌

1739. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Ils oublient qu’un fils de vendéen, M. de  Rochejacquelein, enrôlé dans le Sénat du second Empire, répondit cavalièrement à de semblables reproches : « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais. » Le poète, incapable de ce dédain aristocratique, ne lança jamais au parti qu’il désertait cette impertinente excuse : mais il voulut expliquer aux républicains pourquoi il avait été royaliste. […] Il n’avait pas perdu au change.

1740. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Je ne scais si, depuis que j’ai vu cette composition, l’artiste n’a rien changé à l’action de cette figure. […] L’artiste a tant consulté, si changé, si tourmenté sa composition, que je ne scais ce qu’il en reste.

1741. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Un jour que la galère impériale passait tout près du rocher où la tradition place le sacrifice d’Iphigénie et comme on discutait ce point de mythologie historique, Catherine, se promenant sur le pont avec majesté, grâce et lenteur, étendit la main et dit : « Je vous donne, prince de Ligne, le territoire contesté. » On ajoute que le prince, se voyant assez près de terre, se jeta à l’eau comme il était, en uniforme, et alla prendre à l’instant possession du rocher, y gravant d’un côté, du côté apparent, le nom divin de Catherine, et de l’autre côté (assure-t-il), le nom tout humain de la dame de ses pensées, de la dame d’alors, car il en changeait souvent.

1742. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

on n’y changerait que les noms.

1743. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Son défaut principal dans cette réponse où il entre tant de bonnes raisons de détail, c’est de pencher tout entière d’un côté, de ne voir que l’Antiquité et rien de plus, de crier sur cette fin de Louis XIV à la décadence des lettres et à l’invasion de l’ignorance parce que la forme du savoir est près de changer, de croire « que c’est l’imitation seule qui a introduit le bon goût parmi nous », et de ne tenir aucun compte du génie naturel qui a mille façons de se produire dans la suite des âges et qui recommence toujours.

1744. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il dénonce et poursuit à outrance « ce goût de sûreté géométrique qui est enraciné en lui par toutes les inclinations de son esprit, par toutes les longues et agréables études de sa vie, par une habitude changée en nature ».

1745. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Je croyais le voir changer avec les années, devenir plus calme ; et malheureusement c’est le contraire.

1746. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière.

1747. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

À propos de cette nouvelle comédie du Jaloux, qu’on joua à Marly le 28 janvier 1688 : « Le roi la trouva fort jolie ; mais il a ordonné qu’on y changeât quelque chose sur les duels, et quelque autre chose qui lui parut trop libre. » Louis XIV goûte moins une autre pièce de Baron qui se jouait également à Marly en même temps qu’on y dansait le ballet : « Le roi le vit (le ballet) de la chambre de Joyeux ; mais il n’y demeura pas toujours, parce qu’il ne trouva pas la comédie trop à son gré ; c’était L’Homme à bonnes fortunes. » En revanche, Louis XIV assistera peut-être trente fois à Esther, et toujours avec plaisir.

1748. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Or ce grand bouillon de colère et indignation étant aucunement refroidi, et là-dessus ayant ouï parler des gens de toute sorte, consultant à part moi souvent de ce qu’en conscience il en faut tenir et croire, enfin je me suis aperçu bien changé… Il est à remarquer que la date de cette lettre, qui est d’avril 1589, coïncide avec les premiers temps de la connaissance que fit Charron de Montaigne37 : je n’irai pas jusqu’à conjecturer que, dès les premiers entretiens, Montaigne fut pour quelque chose dans ce changement de Charron.

1749. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Il ne fait que changer la méthode de Lipse, mais il a pris le fond : « La moëlle de son livre est ici », dit-il.

1750. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Mais je ne puis même alors, et même les conditions sociales, les excitations d’alentour étant si changées, me décider à faire de lui un autre Voltaire.

1751. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

La situation ne changeait pas essentiellement, malgré tous ces succès.

1752. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Les événements purent changer le langage et modifier l’expression extérieure du prince Henri, mais on peut dire que cette glace première qui enveloppait son cœur du côté de son royal frère ne fondit jamais.

1753. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Charles, toujours aveugle et toujours dévoué, essaye de tout pour la guérir et n’imagine rien de mieux que de lui faire changer d’air, et pour cela de quitter Tostes et la clientèle qui commençait à lui venir, pour aller se fixer dans un autre coin de la Normandie, dans l’arrondissement de Neufchâtel, en un fort bourg nommé Yonville-l’Abbaye.

1754. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Il a même le dessein de faire casser le mariage de son fils, le Grand Condé, avec la nièce du cardinal, de le faire déclarer nul ; et quand il naît un fils de ce mariage (26 juillet 1643), il ne peut contenir sa honteuse douleur : Mme la comtesse de Morel, qui était présente au travail de la duchesse d’Enghien, a raconté que lorsqu’on annonça que c’était un garçon, l’on vit M. le prince et Mme la princesse changer de visage comme ayant reçu un coup de massue, et qu’ils en témoignèrent très grande douleur ; que Mme la princesse à qui l’on présentait plusieurs nourrices avait dit qu’il ne fallait point choisir, que la première était bonne pour ce que c’était.

1755. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Parfois il semblait les reconnaître, et je me flattais qu’il allait changer de voie ; mais il me quittait pour aller chez Mme de Buffon dont il s’était fort épris, et dont la politique, je suis fâchée de le dire, était celle de Laclos et de Merlin, qu’il trouvait toujours chez elle et avec qui il dînait tous les jours.

1756. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Cela ne change pas notablement l’idée qu’on doit se faire de La Bruyère, et ne fait que la compléter.

1757. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Peut-être qu’à la fin un peu de pudeur le fera comprendre aux plus sourds. » Il lui donne toutes sortes de bons conseils pour la pratique de la vie, d’abord de ne plus faire de lettres de change, ce qui donne prise sur lui ; et puis de calmer son imagination, car le pauvre poëte fourvoyé était plein de chimères.

1758. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

C’est beau, c’est alexandrin, c’est bien plaidé, dirai-je au poëte, et rendu en vers philosophiques élevés ; mais, quand Jupiter se changeait en cygne, il ne pensait sans doute pas à toutes ces grandes choses. — Enfin, sans y voir tant de mystère, et toute symbolisation à part, on doit au moins reconnaître chez M. 

1759. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Ma vie est douloureusement changée ; personne peut-être à qui je dusse plus qu’à elle !

1760. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Un critique pur est entièrement à la merci de son examen, du moment qu’il y a apporté toutes les conditions d’exactitude et toutes les précautions nécessaires ; il trouve ce qu’il trouve, et il le dit tout net : le chimiste nous montre le résultat de son expérience, il n’y peut rien changer : Letronne, dans sesleçons, appliquait son esprit d’analyse à une question archéologique, biblique quand il avait bien prouvé l’impossibilité de telle ou telle solution qu’il combattait, quand il avait mis l’opinion de son adversaire en pièces et en morceaux, — en tout petits morceaux comme avec un canif, — il n’en demandait pas davantage, il se frottait les mains d’aise et il s’en allait content.

1761. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Il changea d’idée par économie, par équité, par considération de bon père de famille : « Nous ne sommes pas à beaucoup près assez riches, disait-il, pour faire tant d’avantages à notre aîné. » Mais il ne faudrait pas voir dans cette sage détermination un commencement de philosophie.

1762. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

La Bruyère, déjà plus éloigné, avait pourtant assez appris et oui de ce temps-là pour se dire que rien n’est plus ordinaire que de voir un même homme changer du tout au tout dans sa vie, et en moins de vingt années, sur les points les plus importants et les plus sérieux.

1763. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Après la scène du sacrifice, où l’on jette entre les bras de la statue d’airain jusqu’à quatorze enfants, on a aussitôt la pluie ; le ciel se détend, et bientôt la chance tourne aussi, la face des affaires change, et l’on arrive un peu vite à la scène du défilé de la Hache, où la plus grande partie de l’année barbare est cernée.

1764. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

On voyait en première ligne, en tête de ces partisans des rigueurs salutaires, un Bonald, à l’air respectable et doux, métaphysicien inflexible et qui prenait volontiers son point d’appui, non pas dans l’ancienne monarchie trop voisine encore à son gré, mais par-delà jusque dans la politique sacrée et dans la législation de Moïse : oracle du parti, tout ce qu’il proférait était chose sacro-sainte, et quiconque l’avait une fois contredit était rejeté à l’instant, répudié à jamais par les purs ; — un La Bourdonnaie, l’homme d’action et d’exécution, caractère absolu, dominateur, un peu le rival de Bonald en influence, mais non moins dur, et qui avec du talent, un tour d’indépendance, avec le goût et jusqu’à un certain point la pratique des principes parlementaires, a eu le malheur d’attacher à son nom l’inséparable souvenir de mesures acerbes et de classifications cruelles ; — un Salaberry, non moins ardent, et plus encore, s’il se pouvait ; pamphlétaire de plume comme de parole, d’un blanc écarlate ; — un Duplessis-Grenedan, celui même qui se faisait le champion de la potence et de la pendaison, atroce de langage dans ses motions de député, équitable ailleurs, par une de ces contradictions qui ne sont pas rares, et même assez éclairé, dit-on, comme magistrat sur son siège de justice ; — M. de Bouville, qui eut cela de particulier, entre tous, de se montrer le plus inconsolable de l’évasion de M. de Lavalette ; qui alla de sa personne en vérifier toutes les circonstances sur les lieux mêmes, et qui, au retour, dans sa fièvre de soupçon, cherchait de l’œil des complices en face de lui jusque sur le banc des ministres ; — et pour changer de gamme, tout à côté des précédents, cet onctueux et larmoyant Marcellus, toujours en deuil du trône et de l’autel, d’un ridicule ineffable, dont quelque chose a rejailli jusqu’à  la fin sur son estimable fils ; — et un Piet, avocat pitoyable, qui, proposant anodinement la peine de mort pour remplacer celle de la déportation, disait, dans sa naïveté, qu’entre les deux la différence, après tout, se réduisait à bien peu de chose ; ce qui mettait l’Assemblée en belle humeur et n’empêchait pas le triste sire de devenir bientôt, par son salon commode, le centre et l’hôte avoué de tous les bien pensants ; — et un Laborie que j’ai bien connu, toujours en quête, en chuchotage, en petits billets illisibles, courtier de tout le monde, trottant de Talleyrand ou de Beugnot à Daunou, mêlé et tripotant dans les journaux, pas méchant, serviable même, mais trop l’agent d’un parti pour ne pas être inquiétant et parfois nuisible.

1765. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Ce n’était pas la peine de changer le nom.

1766. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

En gagnant le fond de la gorge, la végétation va s’épaississant et forme un fourré impénétrable à travers lequel on voit par places luire l’eau diamantée du torrent… « La Sierra-Morena franchie, l’aspect du pays change totalement ; c’est comme si l’on, passait tout à coup de l’Europe à l’Afrique : les vipères, regagnant leur trou, rayent de traînées obliques le sable fin de la route ; les aloès commencent à brandir leurs grands sabrés épineux au bord des fossés.

1767. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

je le sais, dans le tourbillon accéléré qui entraîne le monde et les sociétés modernes, tout change, tout s’agrandit et se modifie incessamment.

1768. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Nul exemple ne me paraît plus propre à montrer à quel point des hommes, même énergiques de trempe et de volonté, sont assujettis et soumis au milieu où ils vivent, dépendant des circonstances, changeant de face sans changer de caractère ; combien il est juste, même après des excès et des torts, de ne pas désespérer de ceux qui ont une valeur réelle et un vertueux principe d’énergie ; comment le malheur éprouve et épure, même à leur insu, certaines natures restées saines au fond ; et ce que peuvent devenir d’honorable et d’utile pour la société et pour la patrie ceux qui, hors des cadres réguliers et durant l’orage des interrègnes, dans la convulsion des mouvements révolutionnaires, cherchaient vainement leur niveau et leur emploi.

1769. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Il n’avait pas reçu encore l’affront sanglant qu’il essuya l’année suivante, et qui changea la direction de sa vie.

1770. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Qui pourrait, en effet, changer les idées et les sentiments des hommes ?

1771. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Néanmoins, d’après tout ce que m’avait dit Mercy, et les réflexions que je ne puis m’empêcher de faire à chaque instant sur l’affaire la plus importante de ma vie, je les ai tant pressés qu’ils ont été obligés de changer un peu de ton.

1772. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

« Puisque l’orthographe du mot, dit-il, résulte de son étymologie, la changer, ce serait lui enlever ses titres de noblesse. » Telle cependant n’a pas été et n’est point l’opinion de beaucoup d’hommes instruits et d’esprits philosophiques depuis le xvie  siècle jusqu’à nos jours.

1773. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Ces opinions, dans d’autres circonstances, ont pu se développer, devenir plus réfléchies ; mais je ne me rappelle pas en avoir jamais changé. » Malouet, en ces deux années d’études originales, faites aux sources, avait acquis la première étoffe, non-seulement du commissaire administrateur de Cayenne et de la Guyane, non-seulement de l’intendant de Toulon, mais celle du conseiller d’État qu’il fut depuis, du grand administrateur, créateur de l’arsenal d’Anvers, et du ministre de la marine.

1774. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

La poésie d’André Chénier n’a point de religion ni de mysticisme ; c’est, en quelque sorte, le paysage dont Lamartine a fait le ciel, paysage d’une infinie variété et d’une immortelle jeunesse, avec ses forêts verdoyantes, ses blés, ses vignes, ses monts, ses prairies et ses fleuves ; mais le ciel est au-dessus, avec son azur qui change à chaque heure du jour, avec ses horizons indécis, ses ondoyantes lueurs du matin et du soir, et la nuit, avec ses fleurs d’or, dont le lis est jaloux.

1775. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Lorsque Cicéron plaide devant le peuple, devant le sénat, devant les prêtres ou devant César, son éloquence change de formes.

1776. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Or un nouveau point de départ mène à un nouveau point de vue ; c’est pourquoi l’idée qu’on se fait de l’homme va changer du tout au tout.

1777. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

De même que, dans le fœtus, on voit tour à tour la tête disproportionnée se réduire à sa juste mesure, les fontanelles du crâne se boucher, les cartilages se changer en os, les vaisseaux rudimentaires se clore et se ramifier, la communication de la mère et de l’enfant se fermer, de même, dans le langage enfantin, on voit tour à tour les deux ou trois noms dominants perdre leur prépondérance absolue, les mots généraux limiter leur sens trop vaste, préciser leur sens trop vague, s’aboucher entre eux, acquérir des attaches et des sutures, se compléter par l’incorporation d’autres tendances, ordonner sous eux des noms de classes plus étroites, former un système correspondant à l’ordre des choses, et enfin agir par eux seuls et d’eux-mêmes sans l’aide des nomenclateurs environnants. — Un enfant a vu sa mère mettre pour une soirée une robe blanche ; il a retenu ce mot, et désormais, sitôt qu’une femme est en toilette, que sa robe soit rose ou bleue, il lui dit de sa voix chantante, étonnée, heureuse : « Tu as mis ta robe blanche ? 

1778. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Se détachant du même groupe d’érudits, collaborateurs tous les deux d’Olivetan dans la traduction de la Bible, Calvin s’en alla écrire le livre de la Réforme française, et Despériers quatre petits dialogues. obscurs et railleurs, où l’on entrevoyait ces choses graves : que la foi consiste à affirmer ce qu’on ne sait pas, et que nul ne sait ; que les théologiens ressemblent à des enfants « sinon quand ils viennent à se battre » ; que Luther ni Bucer ne changeront le train du monde, et qu’après comme avant eux, mêmes misères seront, et mêmes abus ; que toute la puissance de Dieu est dans le livre, entendez que le livre, c’est-à-dire l’homme, a fait Dieu ; que les petits oiseaux montrent aux nonnes les leçons de Nature : que toutes les Eglises et tous les dogmes ne sont qu’imposture et charlatanisme ; que les réformateurs sont en crédit par la nouveauté ; que leur œuvre, quoi qu’ils en aient, rendra chacun juge de sa foi.

1779. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Mais tout est changé dans cette répétition ; le ministre est honnête, le favori est honnête ; on tâche de faire le mieux possible les affaires du roi et de l’État.

1780. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

En général, sans avoir changé sa forme ni renouvelé ses moules, il me semble que Napoléon est pourtant moins classique, moins asservi au goût révolutionnaire dans ses dernières années, et qu’il exprime son tempérament par des effets plus personnels.

1781. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Toutes les précautions que ce loyal esprit a prises pour éviter le parti-pris, les vues étroites ou exclusives, pour saisir toutes les parties et manifester tous les aspects de la vérité, ont donné le change aux esprits superficiels ou prévenus : en même temps que notre grossière façon d’entendre l’opposition théorique de la science et de la foi nous faisait mal juger tous ces fins sentiments, ces expansions affectueuses ou enthousiastes, qui se mêlaient sans cesse chez Renan aux affirmations du déterminisme scientifique.

1782. (1886) De la littérature comparée

Le spectacle change : artistes, penseurs et poètes ne poursuivent plus maintenant que des objets tangibles.

1783. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Tout est changé au cœur désolé du propriétaire et pourtant « les deux grandes tapisseries de Filippino Lippi dressaient leurs personnages au fond de la paisible salle, alors comme aujourd’hui ».

1784. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Mais quand Beringhen, poussé par la réserve même qu’il rencontrait, eut dit positivement qu’il venait de la part de la reine, ce fut comme une baguette magique qui opéra : À ce mot, le fin Italien change de conduite et de langage, et passant tout à coup d’une extrême retenue à un grand épanouissement de cœur : « Monsieur, dit-il à Beringhen, je remets sans condition ma fortune entre les mains de la reine.

1785. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Ce jardin était entièrement bouleversé : les pas des soldats avaient changé en larges chemins les sentiers étroits, bordés auparavant de lilas et de chèvrefeuilles, dont on ne voyait plus que les débris.

1786. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

« Nous sommes comme les rivières, qui conservent leur nom, mais dont les eaux changent toujours. » C’est le grand Frédéric qui écrivait cela à d’Alembert, pour lui exprimer le changement qu’opère le temps dans les sentiments et dans les pensées de chaque individu.

1787. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Beaumarchais part, muni de lettres de Pâris-Duverney (y compris beaucoup de lettres de change), et appuyé de toutes manières auprès de l’ambassadeur.

1788. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

C’est ici que se place un des plus curieux épisodes littéraires d’alors, un de ces accidents qui caractérisent le mieux et l’esprit de l’époque en particulier et l’éternel esprit de cette race parisienne, qui survit à toutes les époques et que les régimes les plus divers n’ont point changé.

1789. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Dans la semaine le procureur général était changé.

1790. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Il suffit de changer de zone.

1791. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Qu’un homme lise, c’est une marque qu’il n’est pas bien ambitieux, qu’il n’est pas tourmenté par « le fléau des hommes et des dieux », qu’il n’a pas de passions politiques, auquel cas il ne lirait que des journaux, qu’il n’aime pas dîner en ville, qu’il n’a pas la passion de bâtir, qu’il n’a pas la passion des voyages, qu’il n’a pas l’inquiétude de changer de place ; même, remarquez qu’il n’aime pas à causer.

1792. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Je pourrais dire, ce que je crois vrai, que la masse d’une nation, qui d’ordinaire suit une marche progressive, mais lente, et par conséquent ne fait qu’obéir à une impulsion imprimée de plus haut et de plus loin, maintenant a une marche rapide et spontanée, et aide elle-même au mouvement, ce qui change toutes les données sociales.

1793. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Mais ce qui n’était alors que l’éclair d’un soupçon se change maintenant en certitude.

1794. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La bonne foi, vous le voyez, n’a pas changé ; le costume seul diffère. […] Il n’y a pas d’indice pour qu’il change, de longtemps. […] Ses loisirs ne le changeaient ni de milieu ni de passion. […] Cela ne change rien d’ailleurs à la personnalité de M.  […] Il n’y a que le décor qui change.

1795. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Sous une telle perspective, toutes choses changent de qualité et de nom. […] Que l’expérience désillusionne ce berger, il se changera en lion indigné. […] Pourquoi faut-il qu’un insensé préjugé vienne changer les directions éternelles, bouleverser l’harmonie des êtres pensants ? […] » Voici, bien changée de ton, étouffée, naïve et comme pudique, la grande hâblerie de Jean-Jacques. […] Aussi l’objet de notre investigation, jusqu’ici appliquée à dès sentiments, va-t-il changer jusqu’à un certain point de nature.

1796. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Sa vie d’ailleurs allait bientôt changer de cours et trouver à graviter autour d’un autre centre. […] Votre cœur est le même pour moi, mais les circonstances sont changées. […] En outre l’écriture (et vous, monsieur, qui connaissez la mienne, en savez quelque chose) peut être difficile à lire, et donner lieu à diverses méprises ; c’est par là que je m’explique la plaisanterie qui termine le fragment en question, et qui aura été aussi inintelligible pour vos lecteurs que pour moi ; j’en suis encore à chercher ce que j’aurais pu vouloir dire en prétendant sérieusement qu’ailleurs que chez les Hottentots on ne sût pas ce que c’était qu’un secrétaire… » Ampère va trop loin : il avait bien réellement fait la plaisanterie, et chercher ensuite à donner le change en insinuant qu’il a dû y avoir une faute d’impression, c’est compter sur trop de complaisance de notre part, et de la sienne c’est se jouer un peu de la vérité.

1797. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Ses goûts de lettré l’éloignaient de la chirurgie ; il prit le parti de ce demi-cloître et ferma les yeux sur les inconvénients de l’avenir, séduit sans doute par une perspective de retraite et d’étude au sein de vastes bibliothèques, par l’idée de ne pas changer de maîtres et de guides, lui timide et qui craignait avant tout le commerce des hommes. […] J’essayais un jour de le convaincre sur Lamartine, et je lui récitais la strophe : Ainsi tout change, ainsi tout passe, Ainsi nous-mêmes nous passons. etc.  […] Tout cela a bien changé.

1798. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

D’ailleurs La Fayette, comme chacun sait et comme Charles X le disait agréablement (qui se connaissait en immuabilité), La Fayette est un des hommes qui jusqu’à la fin ont le moins changé. […] Cependant on se lasse, comme toujours ; les baisers cessent : « Les temps sont un peu changés, écrit-il (trois ou quatre ans après), mais il me reste ce « que j’aurais choisi, la faveur populaire et la tendresse des personnes que j’aime. » Cette faveur populaire, qui sonnait si flatteusement à son oreille, et qui représentait pour lui ce qu’était l’honneur à un Bayard, fut jusqu’à la fin son idole favorite. […] Or, le caractère d’une nation, modifiable très-lentement à travers les siècles, toujours très-particulier, est moins changeable encore que celui d’un individu, lequel lui-même ne se change guère.

1799. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Enfin nous verrons plus loin qu’aussitôt que l’écrivain est mort, la question change complètement d’aspect. […] En raisonnant par déductions subtiles sur tous les articles du Code et sans les changer, je me fais fort de renverser nos lois, de supprimer le mariage, l’héritage, la propriété, de recréer dans la vie juridique un nouveau réseau de sophismes, qui transformerait notre civilisation en quelque utopie platonicienne ou une société communiste. […] En histoire particulièrement, elles changeraient l’aspect des événements.

1800. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Jal oubliait sa chère marine, et ses oracles se changeaient de Vasco de Gaina et de Colomb, en Murillo et en del Sarto. […] Quand mon livre sera fait, je prendrai le titre qui me conviendra, et je changerai le vôtre, voilà tout ! […] Hugo les change. […] Planche n’avait d’abord songé qu’à devenir apothicaire ; mais la fin de ses études classiques, qui furent excellentes, changea le cours de ses idées, et il se mit à faire de la critique, d’abord obscurément, aujourd’hui avec éclat.

1801. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Souvent de lui-même il remaniait son esquisse ; il changeait des actes entiers ; il faisait de nouvelles tirades ; ce travail était bien plus long que celui de la première composition ; enfin, lorsqu’il avait satisfait son conseil privé et lui-même, il s’occupait de la représentation, et c’était là une source de combinaisons profondes. […] Vous parviendrez à faire changer l’ancienne monotonie de notre spectacle qu’on nous a tant reprochée. […] Un des défauts les plus essentiels de cette tragédie, c’est de nous montrer trop longtemps Mérope dans les mêmes alarmes : ses plaintes trop prolongées se changent en criailleries qui fatiguent beaucoup plus qu’elles ne touchent. […] Hermogide n’a fait que changer son nom en celui d’Assur ; mais il a perdu avec son nom beaucoup de sa force et de son activité. […] Le contraste de la vanité d’une femme avec le bon sens d’un père de famille, est ici une intention vraiment comique : l’étonnement, et même l’indignation de cet honnête homme quand il trouve sa maison bourgeoise changée en hôtel de grand seigneur, est parfaitement dans la nature.

1802. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

. — Les choses ont des lois, et ces lois sont rigides ; elles opèrent contre l’homme ou pour l’homme, à son choix ; mais il n’est pas maître de les changer. […] Au contraire, l’Espagnol s’enfonce dans son rêve, jusqu’à le changer en sensation ou en vision. […] « Nous ne pouvons changer notre climat, lui dis-je, mais nous n’omettons rien dans le reste. » Et je lui expliquai l’arrangement de l’École. […] Les plus réfléchis ont compris que ces fantastiques palais de la mer ne font que répéter, en les agrandissant et en les illuminant, les édifices de la côte, qu’ils changent avec les changements de nos constructions, qu’ils ondoient avec l’agitation des vagues, qu’ils s’empourprent ou se ternissent selon la force ou la pâleur du jour. […] Je prendrais de bon cœur ma part du gros domaine qui est là-bas ; mais, si on partage aussi mon champ, gagnerai-je au change ?

1803. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Et comme c’est par les défauts qu’on se distingue le plus, et par les qualités qu’on se reconnaît ou qu’on croit se reconnaître et qu’on s’entend ou qu’on croit s’entendre, ce même écrivain, si original par la supériorité éclatante d’une qualité rare à ce degré, si national puisque cette qualité est une des qualités, ordinaires à un degré moindre, de sa race, sera reconnu et entendu cependant, et admiré de l’humanité tout entière tant qu’elle n’aura pas changé ; et elle ne change jamais. […] — Criez, vous n’y changerez rien. […] Ce mot, et cette phrase, c’est-à-dire cette idée et cette suite d’idées, il faudra qu’il leur fasse perdre leur caractère même et qu’il les change en simples enchantements des oreilles ou des yeux, qu’il les transforme soit en musique, soit en peinture. […] Je crois bien qu’il faudrait faire exception, à cet égard, au moins pour Edmond About ; mais tel était bien l’esprit de l’École en 1848. — 1851, qui est précisément la date de sortie de Francisque Sarcey, changea toutes choses. […] À ce procédé élémentaire succéda l’emploi des métaux précieux… Puis à l’or et à l’argent se substituent la lettre de change, le billet de banque, etc. ; en sorte qu’une feuille de papier devient le signe, le symbole de millions et de milliards.

1804. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Lui-même avait changé d’aspect. […] comme le cœur change peu ! […] c’était à peu près tout le monde ; les banquiers, les agents de change, les notaires, les négociants, les gens de boutique et autres, quiconque ne faisait pas partie du mystérieux cénacle et gagnait prosaïquement sa vie. […] Mais le temps passe, le milieu dans lequel rayonnait la personnalité acceptée de tous se modifie et se défait, les amis disparaissent peu à peu, entraînés par la vie et par la mort ; les idées varient, les modes changent : autres temps, autres guitares ! […] La couleur intense de ce chef-d’œuvre s’est déjà agatisée, comme disent les experts et les connaisseurs, et ne changera pas plus désormais que celle d’une mosaïque.

1805. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Ils ont voulu fonder la littérature du mépris, et voilà que leur talent, précocement desséché, s’est changé en une froide rhétorique. […] Cette pureté accompagnée de grâce et de beauté s’empare de lui au point de changer sa méthode, ses systèmes, sa notion du bien et du mal, sa vision des hommes et des choses. […] Ce sont des joies brèves, vite changées en larmes. […] Cela nous change. […] Il faut même s’arrêter dans ce capharnaüm, y faire des fouilles, y chercher minutieusement l’indice qui révèle une piste, le renseignement qui fixe une biographie, la virgule qui change le sens d’une phrase, la correction qui répare les bourdes d’un copiste.

1806. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Ou les lois sont très fixes, très rarement changées, respectées en raison même de leur ancienneté, véritables reines inamovibles de la Cité ; — ou les lois sont faites et refaites continuellement, au jour le jour, par une manufacture législative sans cesse en exercice. […] Quoi qu’il en soit, Platon doute beaucoup que ce soit très raisonnable de faire gouverner un État par des lois fixes, arrêtées, anciennes et qui ne changent point tous les jours. […] Je viens de montrer qu’à prendre ce nouveau biais, nous n’avons pas changé de place. […] On ne fera que dire autrement sans que l’idée change. […] C’est que ce sont là deux choses très différentes et qui changent la nature même de la rhétorique, selon que l’on prend en considération l’une ou l’autre ou l’une plutôt que l’autre.

1807. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il avait besoin de s’éloigner de Paris, de changer d’air. […] Frédéric Chavannes à cette réponse (même numéro), je n’ai rien à changer à ce que j’ai écrit. […] Il arrive souvent à des hommes dont l’Évangile a subitement changé le point de vue, de perdre à la fois le souvenir et l’intelligence du monde qu’ils ont quitté ; en proclamant l’erreur de leurs anciennes voies, ils ne l’expliquent point assez ; car ils ne voient plus, dans cette vie d’hier, la portion de vérité qui les affermissait dans l’erreur, le terrain neutre qui unit les deux époques, et qui leur est commun ; on dirait, en un mot, que le nouvel homme a non seulement abjuré l’ancien, mais ne l’a jamais connu. […] La direction catholique, dans sa mesure et dans sa forme ordinaire, ne prépare point encore à ce langage ; mais il ne faut pas prendre le change : ce qu’il y a d’extraordinaire ici, ce n’est pas tant l’attitude du directeur que la nature des idées qu’il exprime, et la prodigieuse hauteur spirituelle de ses principes et de ses injonctions. […] Enfin Ahasvérus obtient l’aveu qu’il est aimé ; et tout est changé pour lui, tout est réparé ; il peut vivre, il pourrait savourer goutte à goutte l’immortalité.

1808. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Dès l’arrivée du duc de Guise à Paris, la physionomie de la capitale a changé : Tout Paris était plein de gens nouveaux et de visages qui semblaient ne respirer que la proie et la vengeance ; il se tenait jour et nuit des conférences au Louvre et chez les partisans du duc ; on n’entendait plus autre chose dans la ville et à la Cour que des bruits confus de diverses résolutions qui se prenaient, et peut-être qu’à l’heure il ne s’en était encore pris aucune.

1809. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Elle accoucha de moi en grand vertugadin… » Au temps de ce père altier et sévère, l’habitude était de se faire craindre ; et, si les mœurs avaient de la roideur antique, en revanche, du temps que le prince écrivait ces lignes légères, cette mode avait bien changé ; les mœurs s’étaient détendues tout d’un coup, et du respect on avait subitement passé à l’impertinence.

1810. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Louis XIV, on peut le croire, ayant pris avis des mariniers et les ayant entendus, aurait adopté la conclusion ; il aurait changé de bord.

1811. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

On a trouvé le moyen de consacrer la médisance, de la changer en vertu, et même dans une des plus saintes vertus, qui est le zèle de la gloire de Dieu… Il faut humilier ces gens-là, dit-on, et il est du bien de l’Église de flétrir leur réputation et de diminuer leur crédit.

1812. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

N’usons point tant de périphrases ; ne nous laissons point abuser par quelques jolis vers galants de La Fare à Mme de Caylus, qui nous donneraient le change sur son train de vie, et osons montrer le mal final tel qu’il n’y a pas lieu de le déguiser.

1813. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Le bel esprit a changé de forme depuis Chapelle : Gentil-Bernard et Dorat sont venus, qui ont donné à la poésie dite fugitive un certain ton fringant, pimpant, ton de dragon et de mousquetaire.

1814. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Il voit autour de lui tout périr, tout changer ; À la race nouvelle il se trouve étranger, Et lorsqu’à ses regards la lumière est ravie, Il n’a plus en mourant à perdre que la vie.

1815. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

On a imprimé (et pas encore aussi exactement qu’on l’aurait dû, car pourquoi sans nécessité y changer des phrases ?)

1816. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Frédéric devenu roi (1740), le ton affectueux et tendre de la correspondance n’a pas changé d’abord.

1817. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Jetez un vaisseau en péril sur cette scène de la mer, tout change : on ne voit plus que le vaisseau.

1818. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il prétendait « qu’il y avait de l’ours au fond de tout cela. » Le fait est qu’il se retourna souvent dans son lit pendant ses vingt-cinq dernières années ; il changea beaucoup de place sans se fixer nulle part.

1819. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

C’est le duel éternel de tout ce qui finit et de ce qui succède, de ce qui se survit et de ce qui doit vivre ; cela s’est vu de tout temps, en grand, en petit, dans tous les genres et dans tous les ordres : César et, Pompée, Malherbe et le vieux Desportes, Descartes et Voët, Franklin et l’abbé Nollet… Le chevalier de Glerville sent désormais son maître dans celui qui fut longtemps son diacre, comme le disait plaisamment Vauban : « Il est fort chagrin contre moi, ajoutait celui-ci, quelque mine qu’il fasse ; c’est pourquoi il ne me pardonnera rien de ce qui lui aura semblé faute ; mais je loue Dieu de ce que lui et moi avons affaire à un ministre éclairé qui, en matière de fortification, ne prend point le change, et qui veut des raisons solides pour se laisser persuader et non pas des historiettes. » Une dernière rencontre a lieu entre les deux rivaux, au sujet des fortifications de Dunkerque ; elle est décisive.

1820. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Mais peu à peu elle comprit que l’âge fait changer l’expression de l’amour et que « les tendresses, les caresses, ce lait du cœur, s’en vont droit vers les plus petits » ; et elle se mit à aimer passionnément ce jeune frère

1821. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Quelques années après, devenu empereur, il avait changé de devise, il était entré résolument dans sa destinée, avec ce mot audacieux qui faisait mentir les colonnes d’Hercule : Plus ultra (c’est-à-dire, passons outre et au-delà) !

1822. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Se livrant avec une imagination vive et sensible à l’impression des objets, il en prend tour à tour le caractère : il change alternativement de style, de couleur, de moyens, et ne se ressemble qu’en une seule chose, la grâce et le naturel.

1823. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Aimer Molière, c’est n’être disposé à aimer ni le faux bel esprit ni la science pédante ; c’est savoir reconnaître à première vue nos Trissotins et nos Vadius jusque sous leurs airs galants et rajeunis ; c’est ne pas se laisser prendre aujourd’hui plus qu’autrefois à l’éternelle Philaminte, cette précieuse de tous les temps, dont la forme seulement change et dont le plumage se renouvelle sans cesse ; c’est aimer la santé et le droit sens de l’esprit chez les autres comme pour soi. — Je ne fais que donner la note et le motif ; on peut continuer et varier sur ce ton.

1824. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

L’amour-propre, s’il est fin, change de ton et de voix ; il a des gémissements et des soupirs ; il se fait inquiet sur le sort de ses frères, sur le danger que courent des âmes fidèles et simples ; il faut, à tout prix, préserver les faibles : et l’amour-propre agit et s’en donne alors en toute sûreté de conscience et, comme on dit, à cœur joie : il accuse l’adversaire, il le dénonce, il le conspue, il le qualifie dans les termes les plus outrageux, les plus humiliants ; et comme il ne veut point cependant paraître, même à ses propres yeux, de l’amour-propre, il se retourne, quand il a fini, et se fait humble aussitôt ; il demande pardon à son semblable d’en avoir agi de la sorte : il n’a voulu que le toucher, le convertir ; on assure même qu’il est de force à lui proposer en secret (après l’avoir insulté en public) de lui donner le baiser de paix et de l’embrasser.

1825. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Il peut arriver en certains cas que l’habitude de peindre donne le change non-seulement à la critique, mais encore au sujet.

1826. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Puis bientôt, passant outre, il déclara ce voyage impossible et se montra prêt à l’empêcher à tout prix, à ce point, signifiait-il, que « si le duc de Savoie ne voulait pas absolument changer de résolution, il ferait passer les Alpes à sept or huit mille hommes qui séjourneraient en Piémont et tiendraient le pays. » L’ambassadeur de Louis XIV, ce même abbé d’Estrades, crut devoir taire les menaces qui auraient aigri le duc ; il lui en dit pourtant assez pour lui faire comprendre l’improbation royale.

1827. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Revenons aux choses graves et aux événements qui changèrent toute la direction de sa vie.

1828. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Catinat savait mieux que personne tout ce qu’exige de qualités cet emploi de major et, qui plus est, de major général d’une armée, et, interrogé un jour par le duc de Savoie sur le détail et les prérogatives de la charge, il répondait avec esprit : « Monseigneur, le major général est un distributeur d’ordres, le porte-voix du général, sans aucune autorité que celle qu’il emprunte de son estime ou de son amitié ; mais ces sentiments changent sa place.

1829. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

La plus noble forme que revêt la vocation des voyages est assurément celle qui réunit l’instinct et la science, qui pousse des hommes jeunes à aller chercher, loin des douceurs aisées de la patrie, les fatigues, les périls de tout genre, non uniquement pour changer et pour voir, et pour raconter ensuite au courant de la plume ce qu’ils ont vu en touristes et en amateurs, mais pour étudier, pour connaître à fond des contrées et des civilisations lointaines, pour les décrire avec rigueur, pour accroître ainsi sur quelques points nouveaux et compléter l’histoire de la planète que nous habitons.

1830. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

L’œil amoureux de découvertes les déniche, mais elles ne changent rien à la couleur générale du vallon.

1831. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Sage pilote dans le calme et bon pour l’intérieur, les derniers événements de l’année 1742 l’avaient montré dans toute son insuffisance à l’heure de l’orage, en présence des soudains conflits extérieurs qui changeaient la face de l’Europe.

1832. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Chéruel sur presque tous les points, lorsqu’on a reconnu la justesse de la plupart de ses observations, pourtant rien n’est changé au mérite de Saint-Simon ; il reste ce qu’il est, Saint-Simon après comme devant, le plus prodigieux des peintres de portraits et le roi de toute galerie historique.

1833. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Le monde de l’art, au contraire, contient les nobles âmes, les aines mélancoliques, les âmes désespérées, les âmes fières et gouailleuses, — comme Watteau, qui échappe aux amitiés des grands et parle de l’hôpital ainsi que d’un refuge ; comme Lemoyne, qui se suicide ; comme Gabriel de Saint-Aubin, qui boude l’officiel, les Académies, et suit son génie dans la rue… Aujourd’hui nous avons changé cela : ce sont les lettres qui ont pris cette libre misanthropie de l’art. » Je le répète, cette page n’est pas juste.

1834. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Lorsque Casimir Delavigne revit la France à son retour d’Italie, et dans le temps où il méditait son Marino Faliero, les choses littéraires, il ne put se le dissimuler, avaient légèrement changé de face.

1835. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Cependant, au milieu de cet éclat extérieur du monde, la santé de Mme de Duras était depuis plusieurs années altérée, sans qu’elle changeât sa vie ; mais vers 1820 elle dut cesser à peu près de sortir.

1836. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Voyez ces indications scéniques d’une parodie de Vadé : « Le théâtre change et représente une veillée ou encreigne ; une vieille est occupée à filer au rouet, et s’endort de temps en temps, pendant lequel (sic) deux jeunes personnes quittent leur ouvrage pour jouer au pied de bœuf, et le reprennent quand la vieille s’éveille… Une petite fileuse se détache du groupe, et danse une fileuse, tandis que les autres exécutent tout ce qui se pratique dans une veillée de village493. » Cette mise en scène de la vie rustique n’est-elle pas caractéristique en sa minutie ?

1837. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Daudet, parti d’un fait vrai, l’a rendu totalement invraisemblable et faux parce qu’il en a changé toutes les conditions.

1838. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Aujourd’hui ne peut rien sur hier et la mort de Zola n’a rien changé à la vie de Zola, n’a enlaidi ou embelli aucun de ses gestes.

1839. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Le bon goût lui-même, en ce cas, permet qu’on s’écarte du meilleur goût, car le goût change avec les mœurs, même le bon goût.

1840. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

L’antique serpent de l’erreur, dit-il encore, change de couleurs au soleil de chaque siècle.

1841. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Ajoutez-y une activité dévorante qui ne savait comment se donner le change, et vous commencerez à la comprendre.

1842. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

» Un très bon juge me disait à ce sujet, et je ne puis mieux faire que de rapporter ses paroles : « Quant au fond, M. de Chateaubriand se rappelle sans doute les faits, mais il semble avoir oublié quelque peu les impressions, ou du moins il les change, il y ajoute après coup ; il surcharge.

1843. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Il se fait dire par lady Sutton : « Je ne vous trouve point changé, pas même vieilli… » Il est vrai qu’il lui avait demandé lui-même, comme ferait un parvenu : « Mais dites-moi, madame, que vous fait ma fortune nouvelle ?

1844. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Le bien où je me plais change-t-il de nature ?

1845. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il est tel qu’un Protée qui change sans peine de formes, et qui paraît réellement l’objet qu’il représente ».

1846. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Le bon sens de Pasquier le préserva, dès le premier jour, de cet excès qui avait accompagné le triomphe de la Renaissance, et qui faisait que les doctes dédaignaient d’employer d’autre langage que celui des anciens Romains : Les dignités de notre France, disait Pasquier, les instruments militaires, les termes de notre pratique, bref la moitié des choses dont nous usons aujourd’hui, sont changées et n’ont aucune communauté avec le langage de Rome.

1847. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Sa circonspection autant que son humanité se refusait à toute réforme un peu décisive, qui aurait profondément changé la condition des choses et celle des personnes.

1848. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Je ne sais pourtant s’il voudrait changer de méthode et de procédé, même sur un plus vaste théâtre.

1849. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Petite-fille de l’illustre capitaine d’Aubigné du xvie  siècle, fille d’un père vicieux et déréglé, d’une mère méritante et sage, elle sentit de bonne heure toute la dureté du sort et la bizarrerie de la destinée ; mais elle avait au cœur une goutte du sang généreux de son aïeul, qui lui redonnait de la fierté, et elle n’aurait pas changé sa condition contre une plus heureuse, et qui eût été de qualité moindre.

1850. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Mais ses animosités surtout n’avaient fait, ce semble, que changer de direction et de sens, en s’exaspérant.

1851. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Elle se contenta donc d’égayer tout ce monde, de le consoler, d’inspirer la fermeté et une sorte de joie autour d’elle, de ne pas trop voir les choses en noir de son œil malade, d’obéir plutôt à sa douce humeur et à une certaine inclination d’espérer qui lui venait de la nature : Il arrive souvent, madame, écrit-elle à Mme de Maintenon, que lorsqu’on croit tout perdu, il survient des choses heureuses qui changent absolument la face des affaires. — Je pense, dit-elle encore, que la fortune peut nous redevenir favorable ; qu’il est de ses faveurs comme du trop de santé, c’est-à-dire qu’on n’est jamais si près d’être malade que lorsqu’on se porte trop bien, ni si proche d’être malheureux que quand on est comblé de bonheur.

1852. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Énonçant les motifs, réels ou non, qu’il avait eus pour entrer dans la discussion, il alla droit, avant tout, à l’adversaire, et le frappant de l’épée au visage, selon le conseil de César, il le raillait sur cette prétention au patriotisme, au désintéressement et au bien public, de laquelle Beaumarchais aimait (et assez sincèrement, je le crois) à recouvrir ses propres affaires et ses spéculations d’intérêt : Tels furent mes motifs, s’écriait-il déjà en orateur, en maître puissant dans la réplique et dans l’invective ; et peut-être ne sont-ils pas dignes du siècle où tout se fait pour l’honneur, pour la gloire, et rien pour l’argent ; où les chevaliers d’industrie, les charlatans, les baladins, les proxénètes n’eurent jamais d’autre ambition que la gloire sans la moindre considération de profit ; où le trafic à la ville, l’agiotage à la Cour, l’intrigue qui vit d’exactions et de prodigalités, n’ont d’autre but que l’honneur sans aucune vue d’intérêt ; où l’on arme pour l’Amérique trente vaisseaux chargés de fournitures avariées, de munitions éventées, de vieux fusils que l’on revend pour neufs, le tout pour la gloire de contribuer à rendre libre un des mondes, et nullement pour les retours de cette expédition désintéressée… ; où l’on profane les chefs-d’œuvre d’un grand homme (allusion à l’édition de Voltaire par Beaumarchais), en leur associant tous les juvenilia, tous les senilia, toutes les rêveries qui, dans sa longue carrière, lui sont échappées ; le tout pour la gloire et nullement pour le profit d’être l’éditeur de cette collection monstrueuse ; où pour faire un peu de bruit, et, par conséquent, par amour de la gloire et haine du profit, on change le Théâtre-Français en tréteaux, et la scène comique en école de mauvaises mœurs ; on déchire, on insulte, on outrage tous les ordres de l’État, toutes les classes de citoyens, toutes les lois, toutes les règles, toutes les bienséances… Voilà donc Mirabeau devenu le vengeur des bienséances et des bonnes mœurs contre Beaumarchais, et Figaro passant mal son temps entre les mains du puissant athlète, qui le retourne et l’enlève de terre au premier choc.

1853. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

J’apprécie comme je le dois l’honneur que m’ont fait des membres du gouvernement en pensant que ces sortes d’entretiens libres et familiers ne seraient pas déplacés dans Le Moniteur ; sans rien changer à la forme des articles et sans en altérer l’esprit, je tâcherai de les rendre dignes du lieu où j’écris, et de les coordonner peut-être par quelques points avec le régime qui nous rouvre la carrière.

1854. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il y en a qui sont fertiles en inventions et abondants en pensées, mais si variables en leurs desseins, que ceux du soir et du matin sont toujours différents, et qui ont si peu de suite et de choix en leurs résolutions, qu’ils changent les bonnes aussi bien que les mauvaises, et ne demeurent jamais constants en aucune.

1855. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Ohnet est courtois, mais change, remanie sans cesse.

1856. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

La véneration qu’on a pour les anciens ne pourroit-elle pas en des temps plus éclairez que les temps qui ont bien voulu les admirer, se changer en une simple estime ?

1857. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

) Pourtant, à franchement parler, cela ne me choque pas beaucoup… si je ne changeais rien ?

1858. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Comme il n’était pas accoutumé à ces témoignages d’admiration de la part de ses contemporains, il conclut à une contrefaçon et s’empressa de prévenir le public de la fumisterie dans Le XIXe Siècle. » Je n’ai rien à changer à ces lignes.

1859. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Mais ce qu’on croit la vérité ne change pas, et c’est pour cela qu’il ne faut pas craindre de la répéter.

1860. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Il peint des Français témoins du supplice, et par un mélange affreux de férocité et de tendresse, changés tout à coup en cannibales, dévorant la chair sanglante de l’assassin.

1861. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Tel est pourtant le privilège du génie raffiné par le goût, que son nom et ses vers traverseront les siècles et plairont à jamais aux esprits délicats, dans ce monde déjà tant renouvelé et qui change toujours.

1862. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Le sentiment religieux est la soif du permanent et de ce qui ne change pas. […] Il croit qu’on a changé l’homme et créé un homme artificiel ; mais il ne met pas la morale au nombre des choses qu’on lui a apprises, qu’on a introduites en lui pour le changer ; et, tout au contraire, il considère la morale comme la chose qui est la plus naturelle à l’homme et comme une des choses dont la civilisation le dépouille et le vide. […] L’avènement brusque du suffrage universel changea les choses. […] Il n’y a pas de raison pour que son esprit change et il y a toutes sortes de raisons pour que les faits qui doivent sortir du régime nouveau établi par la loi de 1905, vus l’exaspèrent, puisque, seulement prévus, ils l’ont alarmé. […] Alors ce ne seront point mes idées qui auront changé, ce sera mon dessein.

1863. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

L’aspect des groupes a changé ! […] Il ne faut qu’un coup de fusil pour tout changer, mais à l’heure qu’il est, la situation perd de sa gravité par le fait que les uns ne sont pas fixés sur ce qu’ils veulent obtenir, les autres sur ce qu’ils veulent accorder. […] Ce matin, un innocent communard disait dans la villa : « À Versailles, ils fusillent tous les gardes nationaux, mais aujourd’hui, on change notre costume, on va nous donner l’uniforme de la troupe, et alors si les Versaillais continuaient, les puissances étrangères interviendraient !  […] Elle ne se plaint de rien, trouve son sort le plus heureux du monde, ne le changerait pas, selon son expression, contre celui de Badinguet. […] Ma position change.

1864. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Vouloir en séparer une de la masse, c’est la reporter dans l’ordre des substances mortes, c’est en changer entièrement l’essence4. » Si les objections précédentes étaient fondées, il faudrait reconnaître ; ou bien qu’il n’y a pas de déterminisme possible dans les phénomènes de la vie, ce qui serait nier purement et simplement la physiologie expérimentale, ou bien il faudrait admettre que la force vitale doit être étudiée suivant une méthode particulière, et que la science des corps vivants doit reposer sur d’autres principes que la science des corps inertes. […] L’homme, en se corrigeant, ne change pas sa nature pour cela ; son sentiment, refoulé sur un point, reparaît et se fait jour ailleurs. […] L’expérimentateur ne peut changer les lois de la nature. […] D’après la forme du cerveau, d’après le nombre des plis ou circonvolutions qui en étendent la surface, on peut déjà préjuger l’intelligence des divers animaux ; mais ce n’est pas seulement l’aspect extérieur du cerveau qui change quand ses fonctions se modifient, il offre en même temps dans sa structure intime une complexité qui s’accroît avec la variété et l’intensité des manifestations intellectuelles. […] Je pense quant à moi que c’est là une loi générale et que les phénomènes chimiques dans l’organisme sont exécutés par des agents ou des procédés spéciaux ; mais cela ne change rien à la nature purement chimique des phénomènes qui s’accomplissent et des produits qui en sont la conséquence.

1865. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Il suit de là déductivement que, s’il y a déjà autant de vapeur suspendue en l’air que peut en contenir sa température présente, tout abaissement de cette température portera une portion de la vapeur à se condenser et se changer en eau. […] À présent, comparons une ligne à une ligne, ou une surface à une surface, et, par la pensée ou autrement, transportons la seconde sur la première, en ayant soin dans ce transport de ne rien changer à la seconde. […] Soit une droite AB, et concevons qu’elle remonte en demeurant inflexible, sans changer de forme ni de grandeur.

1866. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Ce grand seigneur s’était ruiné ; il lui avait d’abord promis une lettre de change à son ordre, puis il s’était ravisé ; et, tout compte fait, il ne lui avait pas payé un copeck. — Des amis lui conseillaient de partir ; mais il ne voulait pas retourner dans sa patrie comme un mendiant, après avoir vécu en Russie, dans cette grande Russie, le pays de Cocagne des artistes. […] Tout y était changé, tout y avait été mis en harmonie avec ses nouveaux hôtes. […] Les papiers de tenture, dans les deux pièces, avaient été changés, mais les meubles étaient les mêmes qu’autrefois ; Lavretzky reconnut le piano ; le métier à broder auprès de la fenêtre était aussi le même, et n’avait pas bougé de place ; peut-être la broderie, restée inachevée il y a huit ans, s’y trouvait-elle encore.

1867. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Ici le poëme, semblable à Daphnis et Chloé ou plutôt à l’Arioste, change de ton et tourne par sa crudité naïve en tragi-comique. […] XVI Ici tout change : la fidèle Kriemhilt va demeurer chez la vieille reine de Worms (Uote), qui bâtit un monastère auprès de Worms ; on y ensevelit Sîfrit définitivement pour y attirer sa belle veuve. […] On leur assigna des logements et on les engagea à ne point changer de vêtements.

1868. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Tel qui fronde un abus s’engraisse d’un plue grand ; Le suffrage avili s’achète à prix courant ; En gloire l’infamie avec de l’or se change : Qui bâtit là-dessus bâtit sur de la fange. […] Ses misérables ne font point de théories ; ils poussent des cris, ils disent seulement : « C’est trop ; il faut que ça change. » M.  […] Ces vieux meubles n’ont pas changé. […] J’y développais cette idée, que Pierre Loti était le moins « académisable » des hommes, attendu qu’il vivait à sa guise, qu’il n’avait nul souci du cant et de la considération bourgeoise, qu’il aimait les déguisements « pour changer d’âme », et qu’il était le plus candide, mais le plus décidé des nihilistes, donc très « mal pensant ». […] Mais vous trouverez dans la Jeunesse blanche la plupart des thèmes repris, avec plus de maîtrise et aussi avec une plus morbide sensibilité et plus d’effort pour exprimer l’inexprimable, dans ce doux livre chlorotique : le Règne du silence, où les vers font comme un bruit de pas feutrés dans une chambre de malade… C’est d’abord la vie des vieilles chambres tout imprégnées de passé : Rien n’a changé ; les glaces seules Sont tristes d’avoir recueilli Le visage un peu plus vieilli Des mélancoliques aïeules.

1869. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Il eût été sans doute plus avantageux de changer en nous cette complaisance vicieuse en une pitié philosophique ; mais on a trouvé plus facile & plus sûr de faire servir la malice humaine à corriger les autres vices de l’humanité, à-peu-près comme on employe les pointes du diamant à polir le diamant même. […] Des que l’abondance & le luxe eurent adouci les mœurs de Rome, la comédie elle-même changea son âpreté en douceur ; & comme les vices des Grecs avoient passé chez les Romains, Térence, pour les imiter, ne fit que copier Ménandre. […] C’est de cette étude consommée que s’exprime, pour ainsi dire, le chyle dont l’ame du critique se nourrit, & qui changé en sa propre substance, forme en lui ce modele intellectuel, digne production du génie. […] Mais dans celles-là même la situation des personnages doit changer, du moins au dénouement. […] L’églogue en changeant d’objet, peut changer aussi de genre ; on ne l’a considérée jusqu’ici que comme le tableau d’une condition digne d’envie, ne pourroit-elle pas être aussi la peinture d’un état digne de pitié ?

1870. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

« Quelques millimètres de déviation du nez », faisait-il remarquer, « et ce beau visage est tout changé. […] Il faut que l’histoire racontée par l’auteur puisse s’adapter à d’autres événements, sans que l’âme avec laquelle ils ont été sentis soit changée. […] Une si constante réussite aurait dû faire hésiter les prétendus réformateurs qui ont supprimé cette antique institution du Concours général, poussés par ce besoin de changer pour changer qui a transformé l’Université en un vaste champ d’expériences. […] « S’il eût été plus court, la face du monde eût été changée » ; ou du « petit grain de sable » qui arrêta la fortune de Cromwell. […] Tout est changé, à l’extérieur comme à l’intérieur, des données sociales et politiques parmi lesquelles vécut l’Empereur.

1871. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Cette distinction irréductible entre les diverses races de talents est affirmée sans cesse, dans les revues et dans les journaux, chaque fois qu’un écrivain déjà classé tente d’élargir ou de changer sa manière. […] Cet étonnement se changeait en enthousiasme, ou bien en une antipathie plus vive encore, quand il se mettait à causer. […] … » Ce premier heurt du poète et du métier a pour conséquence presque immédiate de changer sa manière. […] En voulant nous changer, on nous dénature… » Vous avez goûté l’enivrement de bien des triomphes. […] Il n’y a, dans ces définitions, qu’un mot à changer, c’est précisément celui de volonté.

1872. (1813) Réflexions sur le suicide

Les motifs qui déterminent à se donner la mort, changent tout à fait la nature de cette action ; car lorsqu’on abdique la vie pour faire du bien à ses semblables, on immole, pour ainsi dire, son corps à son âme, tandis que, quand on se tue par l’impatience de la douleur, on sacrifie presque toujours sa conscience à ses passions. […] Je vous l’avouerai, il me sembla que je n’étais préparée à rien, tant la désignation d’un jour me fit éprouver de terreur, J’essayai de la cacher, mais sans doute Feckenham s’en aperçut, car il se hâta de profiter de mon trouble pour m’offrir la vie si je voulais changer de religion.

1873. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Il s’y joue à travers le réel et au-delà du réel, avec des personnages qui ne sont que des masques de théâtre, avec des abstractions changées en personnes, avec des bouffonneries, des décorations, des danses, de la musique, avec de jolis et riants caprices d’imagination pittoresque et sentimentale. […] This change came timely, lady, for your health… (Ibidem.)

1874. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Après avoir parcouru l’île dans tous les sens, avoir examiné de ses propres yeux les divers bras du Danube, qui, changés en véritables bras de mer, roulaient les débris des rives supérieures, il acquit la conviction que l’armée trouverait dans l’île de Lobau un camp retranché où elle serait inexpugnable et où elle pourrait s’abriter deux ou trois jours, en attendant que le pont sur le grand bras du Danube fût rétabli. » L’esprit de l’armée était surpris, troublé, abattu. […] Thiers, résumée à la fin de ses livres les plus sanglants et les plus cadavéreux, sur des plaines changées en sépulcres pour la gloire d’un homme ; toute cette philosophie et toute cette morale se bornent à un léger avertissement, timidement adressé à son héros, de se modérer un peu dans l’excès de son ambition et de craindre les retours de fortune, ces vengeances voilées de la destinée.

1875. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

« Mon compagnon Baptiste retourna bientôt à Florence ; et quand j’eus achevé des ouvrages qu’on m’avait donnés à faire, j’eus la fantaisie de changer de maître, et je m’engageai avec un certain Milanais appelé maître Pagalo Arsago. […] Dans le même instant, le châtelain, ayant donné l’ordre de me faire mourir, changea soudain de sentiment, en disant : N’est-ce pas le même Benvenuto que j’ai tant défendu, et dont je connais toute l’innocence ?

1876. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Swift pouvait choisir entre eux et, après avoir choisi, l’indulgence du siècle et sa propre conscience ne lui interdisaient pas de changer. […] Presque aussitôt la reine Anne mourut le 1er août 1714, et tout changea de face.

1877. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Ou, pour changer la comparaison, nous pouvons dire qu’en supprimant d’autres superstitions, la raison devient elle-même un objet final de superstition. […] Elle absorbe, pour ainsi dire, la force de toutes les erreurs qu’elle a domptées ; et le respect que l’on a accordé sans examen à toutes ces erreurs en détail, ou le donne en gros à la raison ; il se change en une servilité telle que l’on ne songe jamais à demander les lettres de créance de ce pouvoir qui a chassé les erreurs.

1878. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Nous sentons donc non seulement des manières d’être, mais des manières de changer. […] Tout ne change pas tout d’un coup et à la fois en nous : il y a des séries de changements plus ou moins rapides qui s’accomplissent simultanément, et dont plusieurs sont si lentes qu’elles sont relativement fixes.

1879. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Mais poursuivons. » Elle nous lut alors la conversation de table entre Télémaque et son hôte divin ; comment les prétendants à la main de Pénélope abusent du veuvage de cette mère pour ruiner et déshonorer sa maison ; comment Minerve, sous la figure de l’hôte, s’indigne de cette obsession et engage Télémaque à équiper un vaisseau pour aller à la recherche de son père ; comment, s’il n’a pas le bonheur de le retrouver, il reviendra lui-même, plus grand et plus robuste, à Ithaque, où il immolera par sa force ou par sa ruse les indignes persécuteurs de Pénélope ; comment Pénélope, entendant de sa chambre haute le chantre Phémius chanter devant ses prétendants le retour des Grecs du siège de Troie, descend les escaliers du palais, suivie de ses servantes, s’arrête, modeste et voilée, appuyée sur le montant de la porte et les yeux humides de larmes, en pensant à Ulysse qui n’est pas revenu avec les Grecs ; comment elle supplie Phémius de changer le sujet trop triste de ses chants ; comment Télémaque, déjà rusé comme son père, feint de gourmander respectueusement sa mère, pour qu’elle rentre dans sa chambre. […] la nature n’a pas changé en trois mille ans ; l’amour du lieu natal et du toit de son père est toujours la passion et la vertu même du cœur des enfants ! 

1880. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Mais si la forme a changé, si le christianisme a mis fin à certains crimes ou tout au moins obtenu qu’on ne s’en vantât pas, le meurtre est trop souvent resté la ratio ultima, quand ce n’est pas prima, de la politique. […] Rappelons-nous en effet que la « religion statique » est naturelle à l’homme, et que la nature humaine ne change pas.

1881. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Admettons encore que Brunetière ait eu raison pour le siècle de Louis XIV ; les temps ont changé, nous nous sommes démocratisés ; les rois en exil font assez piètre figure chez Daudet, et les rois en visite nous font rire aux larmes chez de Flers et de Caillavet. […] Voyez plutôt comme tout se tient : quand les actes sont séparés par un certain laps de temps, et que l’action se déroule, forcément, dans des milieux divers, on ne saurait passer d’un acte à l’autre comme on passe, dans un roman, d’un chapitre à l’autre, en tournant une page ; il faut laisser aux machinistes le temps de remplacer un intérieur parisien par une plage de la côte d’Azur ; il faut permettre à l’héroïne de changer de toilette et de coiffure, et au héros de se vieillir un peu.

1882. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

On a fait l’honneur à Bernis de lui attribuer la pensée première de ce traité, qui bouleversait la politique de Richelieu et changeait le système des alliances continentales de l’Europe.

1883. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Dans ses œuvres rares, difficiles, toujours remaniées, qu’il prise haut, mais qu’il n’estima jamais assez terminées pour en publier lui-même le recueil, il semble avoir cherché surtout à donner des exemples d’une nouvelle et meilleure manière de faire : on dirait qu’il n’a voulu que changer le procédé et remonter l’instrument plutôt que d’en user largement lui-même.

1884. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Un Marat de plus ou de moins (et le fait l’a bien prouvé) ne changeait rien à cette redoutable puissance.

1885. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

La première recommandation qui leur est faite en des termes aussi absolus qu’on peut imaginer, est que rien ne soit jamais changé ni modifié dans leur règle sous quelque prétexte que ce soit : solidité, stabilité, immobilité, c’est le vœu et l’ordre de Mme de Maintenon, et l’institut y est resté fidèle jusqu’au dernier jour.

1886. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il est à remarquer que pour quelques-unes de ces lettres, Beyle a conservé la date des lettres originales, tandis que pour d’autres il l’a changée.

1887. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Et qui lui a dit que Balzac n’usera point du pouvoir que Costar lui donne de changer, de rayer ce qu’il lui plaira de cet ouvrage, et de supprimer même l’ouvrage, si bon lui semble ?

1888. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Il semble qu’on ait tout dit à l’honneur des lettres et pour célébrer la douceur dont elles sont dans les différentes circonstances et aux différents âges de la vie ; il y a longtemps qu’on ne fait plus que paraphraser le passage si connu de Cicéron plaidant pour le poète Archias : « Haec studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant… », Frédéric nous offre une variante piquante à cet éloge universel des lettres et de l’étude ; il va jusqu’à prétendre, sans trop de raffinement et d’invraisemblance, que toutes les passions (une fois qu’elles ont jeté leur premier feu) trouvent leur compte dans l’étude et peuvent, en s’y détournant, se donner le change par les livres : Les lettres, écrit-il au prince Henri (31 octobre 1767), sont sans doute la plus douce consolation des esprits raisonnables, car elles rassemblent toutes les passions et les contentent innocemment : — un avare, au lieu de remplir un sac d’argent, remplit sa mémoire de tous les faits qu’il peut entasser ; — un ambitieux fait des conquêtes sur l’erreur, et s’applaudit de dominer par son raisonnement sur les autres ; — un voluptueux trouve dans divers ouvrages de poésie de quoi charmer ses sens et lui inspirer une douce mélancolie ; — un homme haineux et vindicatif se nourrit des injures que les savants se disent dans leurs ouvrages polémiques ; — le paresseux lit des romans et des comédies qui l’amusent sans le fatiguer ; — le politique parcourt les livres d’histoire, où il trouve des hommes de tous les temps aussi fousaf, aussi vains et aussi trompés dans leurs misérables conjectures que les hommes d’à présent : — ainsi, mon cher frère, le goût de la lecture une fois enraciné, chacun y trouve son compte ; mais les plus sages sont ceux qui lisent pour se corriger de leurs défauts, que les moralistes, les philosophes et les historiens leur présentent comme dans un miroir.

1889. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Il en faudrait seulement conclure que cet homme d’esprit, et qui avait vécu dans la bonne société, était de la classe des mystificateurs, et que son amour-propre jouissait plus à donner le change au monde qu’à se faire compter comme écrivain6.

1890. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Ses idées, s’il en eut de telles, changèrent bientôt.

1891. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Ce fut à l’occasion de l’élection de La Monnoye que les choses changèrent (décembre 1713).

1892. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il voulut changer toute la répartition accoutumée des impositions arbitraires, et surtout de la capitation.

1893. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

sachez à qui vous avez affaire ; ce sont tout simplement des vers de Racine (Britannicus, acte II, scène 3) changés à peine et légèrement parodiés pour la circonstance.

1894. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

il est trop tard pour se changer, quand on a passé la plus grande partie de sa vie ; « il n’est plus temps de devenir autre. » De propos en propos, il oublie un peu son point de départ, et il en vient, selon sa coutume, à se développer à nous et à se dévider tout entier.

1895. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Chez vous, au contraire, on voit tout en beau, et je crois que cela ne changerait pas, même quand on aurait des rhumatismes, tant la disposition est douce.

1896. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Ainsi livrés à tout ce qui s’agite et se succède autour de nous, affectés par l’oiseau qui passe, la pierre qui tombe, le vent qui mugit, le nuage qui s’avance, modifiés accidentellement dans cette sphère toujours mobile, nous sommes ce que nous font le calme, l’ombre, le bruit d’un insecte, l’odeur émanée d’une herbe, tout cet univers animé qui végète ou se minéralise sous nos pieds ; nous changeons selon ses formes instantanées, nous sommes mus de son mouvement, nous vivons de sa vie. » Cette abdication de la volonté au sein de la nature, cette lenteur habituelle d’une sensation primordiale et continue, il la trouve si nécessaire au calme du sage en ces temps de vertige, qu’il va jusqu’à dire quelque part que, plutôt que de s’en passer, on la devrait demander aux spiritueux, si la philosophie ne la donnait pas.

1897. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

La même raison m’empêche de changer la manière générale du conte ; pour cela, il faudrait le recommencer, et il n’en vaut d’ailleurs pas la peine.

1898. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Le temps est venu de refaire ce qui a vieilli, de reprendre ce qui a changé, de montrer décidément la grimace et la ride là où l’on n’aurait voulu voir que le sourire, de juger cette fois sans flatter, sans dénigrer non plus, et après l’expérience décisive d’une seconde phase.

1899. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Ils changeraient bien leur prétendu bonheur contre vos infortunes. » Cependant la santé de Mlle Aïssé s’altère de plus en plus ; sa poitrine est en proie à une phthisie mortelle.

1900. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Il est bon, à chaque époque littéraire nouvelle, de repasser en son esprit et de revivifier les idées qui sont représentées par certains noms devenus sacramentels, dût-on n’y rien changer, à peu près comme à chaque nouveau règne on refrappe monnaie et on rajeunit l’effigie sans altérer le poids.

1901. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Le maître du logis me souhaita une bienvenue simple et cordiale ; sa moitié me fit changer de linge et préparer un chaudeau, et l’aïeul me força de prendre sa place, au coin du feu, dans le gothique fauteuil de bois de chêne que sa culotte (milady me le pardonne !)

1902. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Les pointes qui lui échappent ne changent pas le caractère de son œuvre : il a un naturel mou, qui parfois étale des grâces nonchalantes, souvent, il faut le dire, se dilue en prolixité plate.

1903. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Par l’adjonction d’un emblème, un fait de nature ou un symbole se change en allégorie, puisqu’il devient la représentation explicite d’une idée, grâce au sens conventionnel de l’emblème.

1904. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Ils avaient changé les bases de la vie ; mais leur confiance dans l’esprit humain était absolue.

1905. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Donner telle quelle son impression fugitive, changer d’avis suivant la disposition du moment, s’abandonner doucement au caprice de ses préférences personnelles, fuir toute apparence de dogmatisme : voilà ce qu’ont pratiqué et enseigné des critiques ondoyants qui se sont crus modestes.

1906. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

3° Tandis que les derniers éléments vivants du corps individuel sont le plus souvent fixés dans leur position relative, ceux de l’organisme social peuvent changer de place ; les citoyens peuvent aller et venir à leur gré pour gérer leurs affaires.

1907. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Moïse, devant Pharaon, jeta à terre sa baguette qui se changea en serpent.

1908. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

En entendant, l’autre jour, le drame intéressant dans lequel la lutte du talent et du sentiment vrai contre le préjugé et l’orgueil social est si vivement représentée sous son nom, je me disais combien les choses ont changé depuis un siècle, combien la haute société ne mérite plus, à cet égard du moins, les mêmes reproches, et combien elle est peu en reste d’admiration et de procédés délicats envers tout talent supérieur.

1909. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Dans ces divers traités de savoir-vivre et de politesse, si on les rouvre dans les âges suivants, on découvre à première vue des parties qui sont aussi passées que les modes et les coupes d’habit de nos pères ; le patron évidemment a changé.

1910. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Il oubliait que cette noblesse, de tout temps bien légère en France et dès lors sans base, n’était plus qu’une noblesse de cour, et il n’allait pas à pressentir que, moins de vingt-cinq ans après sa mort, les plus chevaleresques seraient les premiers à changer d’idole et à faire la cour aux révolutions.

1911. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Il a ces deux caractères : il change peu de place, et en tient peu. » Tel Fontenelle se décelait de son propre aveu, tel nous le montre Mme Geoffrin : « Quand il entrait dans un logement, il laissait les choses comme il les trouvait ; il n’aurait pas ajouté ni ôté un clou. » Rien ne lui faisait de ce qui prend et divertit les autres hommes ; belle musique, beau tableau, il ne se tournait à rien.

1912. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Il ne s’en tira avec ses créanciers que moyennant un arrangement qui changea les conditions de son existence.

1913. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Berteaud qui devait prêcher une heure après sur l’infinité de Dieu, ayant entendu le poète, changea subitement son texte ; il annonça au début de son sermon qu’il allait prêcher sur le prêtre sans église, et développer le sujet si heureusement indiqué par un autre.

1914. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

À la manière dont il parle « de cet horrible dégoût de soi-même, qui ne nous laisse d’autre désir que celui de cesser d’être », on voit que si cette âme calme et supérieure n’a jamais été atteinte du mal des Rousseau, des Werther et des futurs René, elle n’a pas été sans le reconnaître et sans le dénoncer à sa source : « Dans cet état d’illusion et de ténèbres, dit-il, nous voudrions changer la nature même de notre âme ; elle ne nous a été donnée que pour connaître, nous ne voudrions l’employer qu’à sentir. » Le vrai sage, selon lui, est celui qui sait maîtriser ces fausses prétentions et ces faux désirs : Content de son état, il ne veut être que comme il a toujours été, ne vivre que comme il a toujours vécu ; se suffisant à lui-même, il n’a qu’un faible besoin des autres, il ne peut leur être à charge ; occupé continuellement à exercer les facultés de son âme, il perfectionne son entendement, il cultive son esprit, il acquiert de nouvelles connaissances, et se satisfait à tout instant sans remords, sans dégoût, il jouit de tout l’univers en jouissant de lui-même.

1915. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Ce qui suit nous fait assister à tous les degrés de ce réveil si imprévu, bientôt changé en effroi, en consternation et en fureur.

1916. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Tout en le secondant de ses talents, il juge de près ce général en chef, « homme médiocre et incapable », qui refuse une victoire offerte pour ne pas changer son plan, et qui, victorieux, ne sait pas profiter de ses succès.

1917. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Renouard sur le pâté d’encre de Florence, et il en disait sous les verrous : « J’ai heureusement donné quelques touches imperceptibles à ma Lettre à Renouard, qui, sans y rien changer, raniment quelques endroits, mettent des liaisons qui manquaient.

1918. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Au milieu des hardiesses et des irrévérences des Lettres persanes, un esprit de prudence se laisse entrevoir par la plume d’Usbek ; en agitant si bien les questions et en les perçant quelquefois à jour, Usbek (et c’est une contradiction peut-être à laquelle n’a pas échappé Montesquieu) veut continuer de rester fidèle aux lois de son pays, de sa religion : « Il est vrai, dit-il, que, par une bizarrerie qui vient plutôt de la nature que de l’esprit des hommes, il est quelquefois nécessaire de changer certaines lois : mais le cas est rare ; et, lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante. » Rica lui-même, l’homme badin et léger, remarquant que dans les tribunaux de justice, pour rendre la sentence, on prend les voix à la majeure (à la majorité), ajoute par manière d’épigramme : « Mais on dit qu’on a reconnu par expérience qu’il vaudrait mieux les recueillir à la mineure : et cela est assez naturel, car il y a très peu d’esprits justes, et tout le monde convient qu’il y en a une infinité de faux. » C’est assez pour montrer que cet esprit qui a dicté les Lettres persanes ne poussera jamais les choses à l’extrémité du côté des réformes et des révolutions populaires.

1919. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Ce duel changea la situation de Grimm à l’égard de Mme d’Épinay : bon gré, mal gré, il était devenu son chevalier ; il en résulta pour elle un tendre embarras, qui laissa voir presque aussitôt une intime reconnaissance.

1920. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Il essaye de la géométrie quand Maupertuis l’a mise à la mode dans le monde ; mais la mode change avant qu’Helvétius soit devenu géomètre.

1921. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

En ce qui est de la tragédie, par exemple, il aspirait à quelque chose qu’on peut se figurer entre Shakespeare et Corneille : Les intérêts des nations, les passions appliquées à un but politique, le développement des projets de l’homme d’État, les révolutions qui changent la face des empires, voilà, disait-il, la matière tragique.

1922. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Donc, plus un auteur veut peindre l’homme complexe de notre société, c’est-à-dire précisément l’être qui nous intéresse davantage, plus il doit se résigner à ce que cet être complexe change au bout de peu d’armées et ne se reconnaisse plus dans le portrait qu’il aura fait de lui.

1923. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

L’examen du contenu et du sujet, au contraire, devra être changé et réduit.

1924. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Tout n’est que fumée et vapeur, pensait-il, tout paraît perpétuellement changer, une image remplace l’autre, les phénomènes, succèdent aux phénomènes mais en réalité tout reste la même chose ; tout se précipite tout se dépêche d’aller on ne sait où, et tout s’évanouit sans laisser de trace, sans avoir rien atteint ; le vent a soufflé d’ailleurs, tout se jette du côté opposé, et là recommence sans relâche le même jeu fiévreux et stérile. » Ailleurs ces passages attristés ne manquent pas, et même dans les pages les plus souriantes, on voit que la plume est tenue par un homme qui connaît la vanité d’énormément de choses, qui s’en afflige, qui s’en persuade et ne peut cependant se résigner à la vanité de son propre être.

1925. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Des incidents de toute sorte, une brouille avec les comédiens ses camarades, un caprice du lord-chambellan, forçaient quelquefois Shakespeare à changer de théâtre.

1926. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Ceux transcrits au cours des années 1911 et 1912 ont été traduits par Samako Niembélé, un interprète intelligent, parlant assez correctement le français et je pourrais dire qu’ils sont plutôt son œuvre que la mienne, si je n’avais essayé, par quelques mots changés çà et là, de donner à son style la vivacité et l’expression qu’il ne pouvait, malgré une connaissance assez avancée de notre langue, lui communiquer autant qu’il l’aurait souhaité.

1927. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Et, du reste, quand il l’ignorerait, quand il croirait que la plus chère préoccupation de son pays est la fusion du catholicisme et du protestantisme, cela changerait-il la nature des choses ?

1928. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Quand tout change pour toi, la nature est la même, Et le même soleil se lève sur tes jours. […] L’évêque est convaincu qu’il y a, dans le sacrement de l’ordre, une « grâce » qui changera l’âme du nouveau prêtre, qui lui communiquera la force de résister aux tentations et de tenir ses engagements sacerdotaux. […] Comptez : cela fait cinq verbes et huit substantifs, là où un seul substantif et un seul verbe suffiraient : mais aussi cela donne l’idée d’un rideau de lierre tout à fait sérieux  Tous les sentiments simples, amour du village et de la maison, tendresse maternelle, piété filiale, amitié pour les bêtes, tristesse du retour dans la maison natale qui a changé de maître, etc… ; et les spectacles les plus généraux de l’univers physique, printemps, hiver, soir, matin, lac, plaine, montagne… ; et les travaux de la vie pastorale et agricole, tout cela y est décrit avec une ampleur, une naïve opulence d’expression, qui trois mille ans après l’Odyssée, et malgré tout ce qu’il a passé d’eau sous les ponts, sent, je ne sais comment, son poète primitif, et fait surtout songer (j’y reviens) aux descriptions de Valmiki et des bons brahmanes  Tout y est magnifié. […] Les formes seulement où son dessein se joue, Éternel mouvement de la céleste roue, Changent incessamment selon la sainte loi : Mais Dieu, qui produit tout, rappelle tout à soi.

1929. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

La nature, en tant que créatrice, est toujours identique à elle-même, elle ne change pas. […] La diversité des événements dont il est témoin, leur contradiction apparente, n’a jamais rien changé au fond de ses idées ; sa pensée reste toujours d’accord avec elle-même, et son style d’accord avec sa pensée. […] Il y avait alors un temps d’arrêt ou une danse sans changer de place, pendant laquelle on chantait le morceau appelé épode, c’est-à-dire chant par-dessus, chant pour finir. […] Ce triomphe ne change rien à la nature des choses ; la raillerie n’en reste pas moins éternellement le contraire de la poésie, et la poésie dérive des hautes régions de l’âme et de la société humaine. […] Ce mode de transformation des langues va changer peut-être.

1930. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

. — Au reste il dit lui-même : « Un jeune homme qui arrive à Paris avec une figure passable et qui s’annonce par des talents est toujours sûr d’être accueilli. » (C’est aujourd’hui un peu changé.) […] Puisque les musiciens, puisque les savants ne chantent pas à votre unisson, changez de corde et voyez les femmes. […] Si son laquais quittait un moment sa chaise, à l’instant on m’y voyait établi : hors de là, je me tenais vis-à-vis d’elle, je cherchais dans ses yeux ce qu’elle allait demander, j’épiais le moment de changer son assiette. […] Cependant, — pour changer un peu, — Saint-Preux est parti pour Rome, où l’appelle mylord Édouard. […] reprend Duclos… Gardez-vous-en bien, il ne faut pas vouloir changer le caractère d’un enfant ; sans compter qu’on n’y réussit jamais, le plus grand succès qu’on puisse s’en promettre, c’est d’en faire un hypocrite… Non, monsieur, non ; il faut tirer tout le parti possible du caractère que la nature lui a donné ; voilà tout ce qu’on vous demande, etc.

1931. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

. —  Comment chez Carlyle la métaphysique allemande s’est changée en puritanisme anglais. […] Les idées, changées en hallucinations, perdent leur solidité ; les êtres semblent des rêves ; le monde apparaissant dans un cauchemar ne semble plus qu’un cauchemar ; l’attestation des sens corporels perd son autorité devant des visions intérieures aussi lucides qu’elle-même. […] Par cette échelle de transformations, l’idée générale devient un être poétique, puis un être philosophique, puis un être mystique, et la métaphysique allemande, concentrée et échauffée, se trouve changée en puritanisme anglais.

1932. (1896) Le livre des masques

Alors, rejetant le bâton souvent changé, coupé en des taillis si divers, il s’appuiera sur son propre génie et nous le pourrons juger, si cela nous amuse, avec une certaine sécurité. […] Moréas, ayant changé de manière, répudie ces primitives œuvres, je n’insisterai pas. […] Si l’on veut, joyau ou caillou, le livre sera jugé en soi, sans souci de la mine, de la carrière ou du torrent dont il sort, et le diamant ne changera pas de nom, qu’il vienne du Cap ou de Golconde.

1933. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Je serai classique, non pas comme Bertin (car le classique change de place et de nom), mais comme… Troyon, par exemple. » Et il le fait comme il l’a dit. […] « Elle devait , nous dit l’artiste qui connaît son monde, être exécutée dans de grandes proportions à Saint-Sulpice, dans la chapelle des fonts baptismaux, dont la destination a été changée. » Bien qu’il eût pris toutes ses précautions, disant clairement au public : « Je veux vous montrer le projet, en petit, d’un très-grand travail qui m’avait été confié », les critiques n’ont pas manqué, comme à l’ordinaire, pour lui reprocher de ne savoir peindre que des esquisses ! […] Vous voulez donc qu’il en change ?

1934. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Parlant, en un endroit, de la force de l’éducation qui va souvent jusqu’à corrompre et à changer la nature : Les semences de bien que la nature met en nous, dit-il, sont si menues et glissantes, qu’elles ne peuvent endurer le moindre heurt de la nourriture (de l’éducation) contraire ; elles ne s’entretiennent pas si aisément comme elles s’abâtardissent, se fondent et viennent à rien : ni plus ni moins que les arbres fruitiers qui ont bien tous quelque naturel à part, lequel ils gardent bien si on les laisse venir ; mais ils le laissent aussitôt, pour porter d’autres fruits étrangers et non les leurs, selon qu’on les ente.

1935. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Jouir d’une mine qu’on a jugée la plus avantageuse, qu’on ne voudrait pas changer pour une autre, et voir devant ses yeux un maudit visage qui vient chercher noise à la bonne opinion que vous avez du vôtre, qui vous présente hardiment le combat, et qui vous jette dans la confusion de douter un moment de la victoire ; qui voudrait enfin accuser d’abus le plaisir qu’on a de croire sa physionomie sans reproche et sans pair : ces moments-là sont périlleux ; je lisais tout l’embarras du visage insulté : mais cet embarras ne faisait que passer.

1936. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

[NdA] J’ai dû, à cet endroit, changer et mettre deux ou trois mots dans le texte, mais seulement pour éclaircir la phrase, restée elliptique et inachevée.

1937. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

L’abbé de Pons exhorte l’ami anonyme auquel il écrit à ne pas imiter ceux qui, charmés pour leur compte de la lecture d’un livre nouveau, changent d’avis le lendemain et se retournent en apprenant que des personnes célèbres et d’autorité sont d’un avis contraire : Non, monsieur, non, ne soyez pas infidèle à vos lumières ; osez penser par vous-même, et ne prenez point l’ordre de ces stupides érudits qui ont prêté serment de fidélité à Homère ; de ces gens sans talents et sans goût, qui ne savent pas suivre le progrès des arts et des talents dans la succession des siècles ; de ces scholiastes fanatiques qui entrent dans une espèce d’extase à la lecture de L’Iliade originale, où l’art naissant n’a pu donner qu’un essai informe, et qui n’aperçoivent pas dans les travaux de notre âge le merveilleux accroissement de ce même art.

1938. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Il ne vit donc point le Henri IV du triomphe et des années de paix ; il ne put rien ajouter ni changer aux traits sous lesquels il nous l’a peint dans l’action, au plus fort des dangers et des épines.

1939. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Quelques jours de campagne vont bien changer les points de vue.

1940. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

En fait de joyeuse vie, le fond des traditions ne change pas.

1941. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

La bonne foi, le bon sens, le désir sincère de marcher selon la Charte et dans la voie de conciliation du passé avec les intérêts modernes étaient alors chez Louis XVIII et dans la partie éclairée du ministère Richelieu, de même que, douze et quinze ans plus tard, les rôles étant changés et intervertis, ce bon sens et ce désir étaient dans la Chambre, et la déraison sur le trône et alentour.

1942. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Cela s’est modifié depuis ; cela change d’année en année par les renouvellements.

1943. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

S’il fallait défendre le sens que je donne à cetteépigramme, je dirais que ce sont ici des ouvrières en pleine activité qui parlent, qu’elles offrent à la déesse la dîme de leur travail, et que, si elles y ajoutent les instruments mêmes, ce n’est pas sans doute qu’elles y renoncent, c’est probablement qu’elles n’ont fait qu’en changer. — « C’est en effet ce que l’on doit penser, me fait l’amitié de me dire M. 

1944. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

En France les goûts changent vite ; on se prend et on se déprend ; on se rompt en visière à soi-même.

1945. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

La température morale n’est plus la même ; le climat des esprits est en train de changer.

1946. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Ce duc avait dit autrefois, le matin de la bataille de Fontenoy : « Je coucherai ce soir à Tournai, ou bien je mangerai mes bottes. » Louis XV, dans sa lettre du soir de Lawfeld faisait allusion à ce propos : « Le commandeur d’ici a changé d’hôtes : hier c’était le duc de Cumberland, aujourd’hui c’est moi.

1947. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Il en est que Jomini raconte d’original et qu’il doit à son expérience personnelle, comme par exemple, au chapitre des Guerres nationales, les deux faits qui se rapportent au temps où il était chef d’état-major de Ney en Espagne, et qui prouvent que les conditions habituelles de la guerre sont tout à fait changées et les précautions ordinaires en défaut, quand on a tout un pays contre soi69.

1948. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Pour moi, quand je relis aujourd’hui ce petit livre de l’Illustration de Du Bellay, qui nous fait assister à un moment décisif et critique pour la langue et la littérature françaises, je sens le besoin de me bien représenter les circonstances parfaitement claires et définies où il parut et que notre érudition bien récente sur les anciennes sources françaises, sur les regrettables épopées du haut moyen âge, ne saurait, du jour au lendemain, changer et retourner.

1949. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Depuis neuf ans, la vie de Victor Hugo n’a pas changé ; pure, grave, honorable, indépendante, intérieure, magnifiquement ambitieuse dans son désintéressement, de plus en plus tournée à l’œuvre grandiose qu’il se sent appelé à accomplir.

1950. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

« Ici qu’elle est venue, ici que, solitaire, S’est lentement en elle accompli ce mystère Qui nous change en autrui ; Ici qu’elle a rêvé qu’elle s’était donnée, Ici qu’elle a béni le jour, le mois, l’année Qui l’uniront à lui ! 

1951. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Ces chemins, il est vrai, tournent et changent en avançant ; chaque siècle se voit tenté de refaire à son usage l’histoire du passé.

1952. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Mais, en revanche, l’éclat du triomphe émancipa hautement la Suisse, la mit hors de page, elle aussi, et au rang des États ; et comme l’a très-bien dit un autre historien de ces contrées : « La bataille de Morat a changé l’Europe ; elle a dégagé la France, relevé l’Autriche, et ouvert à ces deux puissances le chemin de l’Italie, que la maison de Bourgogne était tout au moins en mesure de leur barrer.

1953. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

La terre et le ciel sont changés.

1954. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Voici, j’imagine, à peu près comme il raisonnerait, et j’emprunterai le plus que je pourrai les paroles mêmes des maîtres : « Les dames galantes qui se donnent à Dieu lui donnent ordinairement une âme inutile qui cherche de l’occupation, et leur dévotion se peut nommer une passion nouvelle, où un cœur tendre, qui croit être repentant, ne fait que changer d’objet à son amour194.

1955. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Ôtons le crime de la cause du peuple comme une arme qui lui a percé la main et qui a changé la liberté en despotisme ; ne cherchons pas à justifier l’échafaud par la patrie, et les proscriptions par la liberté ; n’endurcissons pas l’âme du siècle par le sophisme de l’énergie révolutionnaire, laissons son cœur à l’humanité ; c’est le plus sûr et le plus infaillible de ses principes, et résignons-nous à la condition des choses humaines.

1956. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

La technique a changé depuis Boileau, et notre oreille habituée au vers romantique, au vers parnassien, et que n’étonne déjà qu’à demi le vers symbolique, estime le vers classique un bien pauvre et maigre instrument.

1957. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

L’abjuration solennelle par laquelle il acheta son retour en France, sa punition à Genève et sa fuite n’y changèrent rien.

1958. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Changeants, nous contemplons un monde qui change.

1959. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Cependant il n’y travailla pas seul ; l’écriture change souvent, et dans tout le volume il y a tant d’emprunts à l’antiquité et à la fable, une si grande abondance de figures de rhétorique, une telle variété de rythmes depuis l’hexamètre jusqu’à l’ode tricolos tétrastrophos, le tout mêlé à une si profonde horreur de l’hérésie, qu’on peut attribuer l’œuvre au corps enseignant de Bourges. » Puis le duc d’Anguien apprend la philosophie et tes sciences. « Toutes ces études furent poussées à fond. » Pousser à fond l’étude des sciences et de la philosophie entre onze et treize ans, cela est tout à fait remarquable.

1960. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Sous cette forte discipline d’un jeune roi qui ne voulait pas plus des frondeurs du Parlement que des tuteurs de l’école de Richelieu ou de Mazarin, l’ambition avait dû changer de mœurs en changeant d’objet.

1961. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Baju comprit qu’il devait changer de scène.

1962. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Les barbares ne changèrent rien d’abord à ce qu’ils trouvèrent établi.

1963. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Il a beau être, à son origine et dans son essence, un élan spontané de ceux qui souffrent vers le mieux-être, vers une répartition plus équitable des jouissances matérielles et spirituelles entre tous les membres de la société ; il a beau être, à ce titre, une aspiration vers une cité future qui n’existe qu’en idée dans le cerveau d’un petit nombre de penseurs ; sous l’inspiration de Marx et de ses disciples, il change de figure ; il se pique de renoncer aux chimères, de ne relever que de la science ; il raille les visées humanitaires ; il affiche la haine du sentiment ; il se moque de la fraternité et autres « fariboles » ; il met tout son espoir dans la force, cette accoucheuse des sociétés en travail ; il bannit l’idéalisme de l’histoire comme de la formation de l’avenir ; il déclare que l’intérêt est le point de départ réel de tous nos actes.

1964. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Elle apprivoisait cette chèvre sauvage, elle changeait en fleur cette nature d’ortie hérissée, et ce doux sortilège s’accomplissait, au son de la flûte bucolique, dans un paysage digne d’encadrer les magies amoureuses de la Symétha de Théocrite.

1965. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Il continue d’être pour les Jésuites, de les priser et de les estimer, de croire à leur avenir, comme si Pascal n’avait pas tonné ; il continue d’être pour la philosophie des sages d’avant Descartes, pour la philosophie sceptique des Gabriel Naudé, des La Mothe Le Vayer, des Charron, comme si ce grand révolutionnaire et ce grand ennemi de la tradition, Descartes, n’avait point paru pour tout changer ; il continue enfin de goûter les fleurs un peu surannées de l’ancienne littérature, les beautés des d’Urfé, des Scudéry et autres, comme si Boileau n’était pas venu brusquement mettre le holà et réformer le goût.

1966. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Quinze ans, c’est assez pour que le modèle change, ou du moins se marque mieux ; c’est assez surtout pour que celui qui a la prétention de peindre se corrige, se forme, se modifie en un mot lui-même profondément.

1967. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Il fait sentir jusqu’à l’évidence qu’il est des choses qu’on ne refait ni à la main ni après coup ; qu’on ne change point les habitudes et les mœurs d’une nation à l’aide de trois ou quatre articles de loi.

1968. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Encore une fois, ce n’est pas l’idée même que nous soyons à un âge de maturité, à une époque d’égalité et même de nivellement, et qu’il faille tirer le meilleur parti de la société moderne en ce sens-là, ce n’est pas cette idée qui est la fausse vue de Condorcet ; son erreur propre, c’est de croire qu’on n’a qu’à vouloir et que tout est désormais pour le mieux, qu’en changeant les institutions on va changer les mobiles du cœur humain, que chaque citoyen deviendra insensiblement un philosophe raisonnable et rationnel, et qu’on n’aura plus besoin, dans les travaux de l’esprit, par exemple, d’être excité ni par l’espoir des récompenses ni par l’amour de la gloire.

1969. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Tous les ans, en avril, les oiseaux chantent ; je ne sais s’ils ne redisent pas à peu près les mêmes chansons, il suffit qu’ils recommencent, pour nous charmer ; mais dans l’art il faut absolument changer les airs.

1970. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Il connaît ce grand centre et foyer de corruption, et, de bonne heure, il en désespère : « Au lieu de chercher à changer la température de Paris, ce qu’on n’obtiendra jamais, il faut au contraire s’en servir pour détacher les provinces de la capitale. » Il aspire constamment, dans ses divers projets, à affranchir de cette influence parisienne factice et inflammatoire et la royauté et les provinces.

1971. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Il est vrai qu’ils la laissèrent sous la conduite d’une parente… L’oncle a été ici changé en parente ; mais le reste continue de se rapporter à elle : En effet, Madame (c’est un récit qu’un des personnages est censé adresser à la reine de Pont), je ne pense pas que toute la Grèce ait jamais une personne qu’on puisse comparer à Sapho.

1972. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

La réputation de l’illustre patricien est ainsi en voie de se transformer, et, pour peu que l’on continue, elle aura bientôt changé de parti.

1973. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Maury devant notre illustre Académie, écrivait Voltaire, je croyais, à l’article des Croisades, entendre ce Cucupiètre ou Pierre l’Ermite, changé en Démosthène et en Cicéron.

1974. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Ces agréables Mémoires, qui ressemblaient à « une promenade qu’il faisait faire à ses enfants », changent brusquement de caractère : avec le livre douzième, on quitte la biographie, les portraits et les conversations de société, les querelles légères : on entre dans les préoccupations et les graves soucis de l’histoire.

1975. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Mais, au lieu d’en conclure qu’après s’être si violemment trompé, il n’avait rien de mieux à faire qu’à se repentir et à se taire, La Harpe ne songea pas seulement à s’imposer cette mortification du silence, la plus pénible de toutes pour l’amour-propre, et on le vit, au sortir de sa prison, se lancer avec plus de ferveur que jamais dans toutes les mêlées ; son ardeur n’avait fait que changer de signal et de drapeau.

1976. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Il ne s’agit point pour nous de suivre Carrel dans cette série d’articles des premiers mois de 1831, ni dans le tous-les-jours de cette marche, où il se rencontrerait plus d’un accident et d’un retour : ce qui nous importe, c’est de noter les moments où la manœuvre change, et où il donne un coup au gouvernail.

1977. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Ce moment, pour lui solennel, du départ, fut aussi celui où il changea le nom de Boisgirais qu’il avait porté jusque-là en celui de Volney qu’il allait rendre célèbre.

1978. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Les tentatives modernes de changer la méthode de cette science, en la raccordant aux découvertes récenles et surtout à la tendance démocratique de ce temps, ont abouti à une interprétation singulière des événements sociaux.

1979. (1694) Des ouvrages de l’esprit

L’Opéra jusques à ce jour n’est pas un poème, ce sont des vers ; ni un spectacle, depuis que les machines ont disparu par le bon ménage d’ Amphion et de sa race ; c’est un concert, ou ce sont des voix soutenues par des instruments : c’est prendre le change, et cultiver un mauvais goût, que de dire, comme l’on fait, que la machine n’est qu’un amusement d’enfants, et qui ne convient qu’aux Marionnettes ; elle augmente et embellit la fiction, soutient dans les spectateurs cette douce illusion qui est tout le plaisir du théâtre, où elle jette encore le merveilleux.

1980. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Quant au ridicule, il ne peut effleurer que des âmes incapables de comprendre qu’il n’y a pas puritanisme, mais élémentaire probité à réagir contre le libertinage quand il se change en dégradation.

1981. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Les choses ont bien changé.

1982. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

C’est que rien ne lutte avec tant d’opiniâtreté contre l’intérêt public que l’intérêt particulier ; c’est que rien ne résiste plus fortement à la raison que les abus invétérés ; c’est que la porte des compagnies ou communautés est fermée à la lumière générale qui fait longtemps d’inutiles efforts contre une barrière élevée pendant des siècles ; c’est que l’esprit des corps reste le même tandis que tout change autour d’eux ; c’est que de mauvais écoliers se changeant en mauvais maîtres, qui ne préparent dans leurs écoliers que des maîtres qui leur ressemblent, il s’établit une perpétuité d’ignorance traditionnelle et consacrée par de vieilles institutions ; tandis que les connaissances brillent de toutes parts, les ombres épaisses de l’ignorance continuent de couvrir ces asiles de la dispute bruyante et de l’inutilité.

1983. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

J’aurais deviné d’avance cette distribution ; on a changé d’élément, mais c’est la même routine.

1984. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Que nous sommes obligez d’emploïer en déclinant les noms françois, parce que nous n’en changeons pas la desinance suivant le cas.

1985. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Qu’on change l’ordre des mots, et qu’on mette comprobavit filii temeritas, il n’y aura plus rien, jam nihil erit. » Voilà, pour le dire en passant, de quoi ne se seraient pas doutés nos latinistes modernes, qui prononcent le latin aussi mal qu’ils le parlent.

1986. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Maintenant que dans la société tout change continuellement et avec une rapidité vraiment nouvelle, et que les sources de l’imitation sont, pour ainsi dire, taries ; maintenant les esprits contemplatifs n’ont pas le temps de saisir et de s’approprier les inspirations de la société : telle est la cause de la difficulté qu’ils éprouvent à se mettre en harmonie avec ce qui est, car ce qui est aujourd’hui n’était pas encore hier.

1987. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

En si peu de temps, il n’a pas si complètement changé !

1988. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Car, dans ce cas, la loi générale du sexe retombe de toute sa puissance sur l’individu qui y contrevient, et ce qui était accidentellement vertu se change en vice.

1989. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

A cette aube de ton existence, que tu vas brusquement changer en crépuscule, prends conscience de ta propre vie.

1990. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Ces taches se dilatent et se contractent, changent de forme et de nuance, empiètent les unes sur les autres.

1991. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Si, depuis cet éclat du génie de l’Espagne égal à la grandeur même de sa politique, il y eut de longues stérilités, ce n’est pas à dire que le fond de la race ait changé et qu’elle n’ait pas pour les arts une puissance originale, dont les traits se retrouvent jusque dans le génie maniéré de Gongora.

1992. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Les aurores boréales multiplient leurs fantasmagories ; les lignes principales des sites s’amollissent soudain, changent la forme des objets… Et le héros de Bjœrnson ajoute : « Il est naturel que les conceptions des hommes, en rapport avec cet entourage, soient démesurées. […] Il lui est du reste arrivé, dans le cours de sa longue vie, de changer d’opinion sur divers problèmes. […] * *    * Puis, encore une fois, Jean Moréas changea d’esthétique. […] Alors, sur un avis qu’on lui donna, Bonaparte changea les mots de sa question : — Soldats, suivrez-vous votre général ? […] C’est le second degré de l’art, quand l’âme n’est plus contente de parler d’elle, même en un langage qui lui donne le change.

1993. (1922) Gustave Flaubert

Les yeux du souvenir ont changé son optique. […] Et, à la fenêtre de la mairie, Rodolphe développe à l’oreille d’Emma, sans y changer un mot, les vieilles paroles dites et redites des millions de fois, qui font toujours leur effet. […] Il sait que ce changement de lieu suffira pour qu’elle change de dispositions et s’abandonne. […] En tout cas, il eût suffi à Flaubert de mettre ces larmes et cette « idée reçue » dans la dernière page de l’Éducation pour changer en un murmure approbateur les clameurs scandalisées de 1870 dans la mare aux critiques. […] Dambreuse, est saisie solidement et n’a guère changé.

1994. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

On entre dans un ordre où sont changés les rapports ordinaires de quantité, où tel monde logique revêt en un moment, comme un serpent qui change de peau, une logique nouvelle. […] Les Français, peuple logique, ne veulent pas savoir que la couleur du drap militaire a été changée. […] Il est probable qu’elle ne changera pas. Et il est certain que tout a changé autour d’elle d’une telle façon que ce qui est aujourd’hui le moins pris au sérieux chez M.  […] Lui-même revient, dans ses Nouvelles Pages, sur cette question, et son point de vue n’a pas changé.

1995. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Mais, à côté des exagérations et des plaisanteries, il faut constater qu’il s’est établi un courant littéraire semblable à celui qui entraîne et change les moeurs, les arts, un courant néocatholique, compliqué de mysticisme, d’hypnotisme, de spiritisme et de surnaturel. […] Saint-Augustin lui-même… J’arrêtai Zola sur cette pente dangereuse et changeai de sujet : — Avouez du moins que vos paysans sont des exceptions, et que vous avez accumulé pour les représenter tous les crimes que collectionne la Gazette des Tribunaux ! […] Cette engeance d’imposteurs a bien changé de ton à l’égard de celui qu’elle a tant haï… Quel cynisme ! […] Enfin, à la base de cette assez pauvre architecture, la dernière que je transcris sans y changer un iota : Caroline ARCHAMBAUT-DUFAYE Veuve en premières noces de M.  […] Mallarmé, intitulé : « le Tombeau d’Edgar Poe », précède l’ouvrage ; je le transcris : Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change Le Poète susdite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu Que la Mort triomphait dans cette voix étrange.

1996. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

…………………………………………… Par qui sont aujourd’hui tant de villes désertes, Tant de grands bâtiments en masures changés, Et de tant de chardons les campagnes couvertes     Que par ces enragés ? […] Pour moi, il y a longtemps que je sais que vous êtes l’un de ses adorateurs : le séjour qu’il a fait en Avignon vous donna l’honneur de le connaître ; sa vertu vous en imprima la révérence : je m’assure que ce qu’il a fait depuis ne vous aura point changé le goût.

1997. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Lorsqu’on est jeune, qu’on a l’esprit élevé comme le cœur, et qu’on croit à la raison universelle, si clairvoyant et si avisé d’ailleurs qu’on puisse être, on est d’abord tenté de se dire que la sottise humaine a fait son temps et que le règne du vrai commence, tandis qu’en réalité cette sottise ne fait que changer de costume avec les âges, et que, sous une forme ou sous une autre, elle est notre contemporaine toujours. […] Il ne hait pas ces sortes de diversions qui donnent le change à la curiosité oisive et qui déjouent la louange banale.

1998. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Mais deux choses n’ont pas changé : la nature et le cœur humain. […] Les Troyennes captives au sein arrondi te pleureront tout le jour et toute la nuit. » XXVI Ici le poète change de note sur sa lyre et décrit en vers presque burlesques les travaux et les aventures de Vulcain, ce dieu forgeron, époux de Vénus, condamné à faire rire l’Olympe comme un bouffon de cour.

1999. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Après avoir donné des lois aux Athéniens, qui lui en avaient demandé, il s’était décidé à s’expatrier et à voyager pendant dix ans, sous le prétexte de visiter d’autres régions, mais réellement pour n’être point forcé à changer quelque chose à ces lois. […] Vous ne douterez donc pas que nous ne vous ayons traités comme vous êtes dignes de l’être, et vous pourrez rapporter au roi, qui vous envoie, qu’un Grec, actuellement simple gouverneur de la Macédoine, a su vous procurer tous les plaisirs que peuvent donner la table et le lit. » Lorsque Alexandre eut cessé de parler, chacun des Macédoniens, qu’il était facile de prendre pour une femme, alla s’asseoir à côté d’un des députés, et au moment où les Perses voulurent porter les mains sur eux, les jeunes gens, tirant leurs poignards, les percèrent de coups. » Ces Péoniens aux mœurs féroces devaient être les Albanais d’aujourd’hui : les noms changent, jamais les mœurs.

2000. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Ce n’était pas Veuillot, c’étaient eux qui avaient changé, ou c’étaient les circonstances qui lui montraient ces hommes sous de nouveaux aspects. […] Il n’aurait pas de peine à conformer son apostolat à ce nouvel état de choses ; et, en s’inquiétant avec une charité grandissante de l’âme des petits et des ignorants, il n’aurait pas à changer son attitude… Voilà bien des raisons pour l’aimer.

2001. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Il m’échappe, il me paraît changer à toute heure. […] Nos biens et nos maux, nos ambitions, nos poursuites, les difficultés de la vertu, les douceurs du plaisir si rapides et si tôt changées en amertumes, tout y est peint avec une liberté chaste, qui donne la connaissance sans la faire payer de l’innocence.

2002. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Les ai-je lus dans cette petite chambre, que j’habitais alors Hotel de la Marine, en face la Banque — une chambre si basse, qu’il fallait choisir un endroit pour changer de chemise. — Et je ne l’ai plus, cependant, ce Montaigne, … quand j’ai voulu aller à Athènes, il a fallu vendre mes livres… Mais j’ai encore le Rousseau… » Jeudi 17 juin L’étonnement est extrême chez moi, en voyant la révolution qui s’est faite, tout d’un coup, dans les habitudes de la génération nouvelle des marchands de bric-à-brac. […] Il fait un coloré et spirituel portrait de Royer-Collard : « Un œil très fin, très malin, sous un épais sourcil, un œil embusqué sous une broussaille, le bas de la figure disparaissant dans une cravate, qui montait parfois jusqu’au nez, au dos une grande redingote du Directoire, et toujours les bras croisés et la tête renversée en arrière… « Il m’avait déclaré qu’il avait lu mes livres, que les uns lui plaisaient, les autres non, mais qu’il ne voterait pas pour moi, parce que j’apporterais une température qui changerait le climat de l’Académie… Je vous l’avoue, j’aimais aller à l’Académie, les séances du dictionnaire avaient un intérêt pour moi ; je suis très amoureux d’étymologies, charmé par ce qu’il y a de mystère dans ces mots de subjonctif, de participe… J’étais assidu autour de cette table, où juste en face de moi, comme vous l’êtes, monsieur de Goncourt, j’avais Royer-Rollard.

2003. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Avec les livres il y avait aussi quelques tableaux, quelques porcelaines, et il arriva cela de bizarre, qu’il n’y eut qu’une tasse de Sèvres qui resta intacte, mais dont le bleu de roi fut changé en le plus beau noir du monde : tasse qui fut offerte au Musée de Sèvres, comme témoignage de la solidité de la porcelaine. […] « Je n’ai pas commencé ma pièce, je ne sais pas si mon état de santé me permettra de la faire, mais si elle est jouée, j’ai l’honneur de vous prévenir en dépit de votre interdiction qu’elle portera le nom de mon livre, que je ne changerai pas le nom de mon héroïne, tout prêt en mon nom et au nom de la littérature, à courir les risques d’un procès, parce que, si des prétentions semblables devaient prévaloir, le roman et le théâtre de nos jours seraient, dans un temps prochain, contraints de baptiser leurs personnages, féminins et masculins, des noms de Célimène, Dorine, Oronte, Valère, Éraste, etc., etc., ce qui vraiment n’est pas admissible. » « Agréez, monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

2004. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

C’était surtout pour le cerveau que s’exerçait cette fantaisie ; ils croyaient naïvement que la disposition des circonvolutions du corps calleux, des ventricules, était livrée à une sorte de hasard ; ils croyaient naïvement pouvoir corriger la nature, dans leur parce que, ignorance, ils ne se doutaient pas du déterminisme profond qui relie toutes choses, qui fait qu’un simple détail a parfois le prix d’un monde et que, changer la courbe d’une circonvolution cérébrale, c’est modifier toute la direction d’une vie humaine. […] Tout pour lui devient symbole, tout se change et se grandit.

2005. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

— À tous les poètes qui ont fait la gloire de la France dans le siècle qui vient de finir et qui sont morts maintenant, Lamartine, Victor Hugo, Musset, de Vigny, je préfère infiniment Leconte de Lisle pour l’admirable concision de ses poèmes, l’abnégation de sa personnalité et cette parfaite adaptation de notre langue poétique qui fait que l’on ne pourrait changer une strophe ni un mot de ses beaux vers. […] Mais peut-être me suffirait-il de lire quelques pages d’un autre poète, Leconte de Lisle par exemple, pour changer d’avis.

2006. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Comme dans le théâtre des enfants, le lieu de l’action change à chaque scène, ou, pour mieux dire, à chaque scénette, car il y a des scènes de six lignes de dialogue (j’ai compté !) […] Quand elle y devient désespérée, elle n’est plus que déclamatoire, et il la tue pour la changer en une machine d’opéra.

2007. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Tantôt, au contraire, on fait des processus imaginatifs autant d’effets mécaniques de la perception présente ; on veut que, par un progrès nécessaire et uniforme, l’objet fasse surgir des sensations, et les sensations des idées qui s’y accrochent : alors, comme il n’y a pas de raison pour que le phénomène, mécanique au début, change de nature en route, on aboutit à l’hypothèse d’un cerveau où pourraient se déposer, sommeiller et se réveiller des états intellectuels. […] Mais ces complications ne changent rien au fond des choses.

2008. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

MADAME DE STAEL I On aime, après les révolutions qui ont changé les sociétés, et sitôt les dernières pentes descendues, à se retourner en arrière, et, aux divers sommets qui s’étagent à l’horizon, à voir s’isoler et se tenir, comme les divinités des lieux, certaines grandes figures. […] Des négligences seulement, des façons de dire ébauchées, des rapidités permises à la conversation et aperçues à la lecture, avertissent que le mode d’expression a changé et eût demandé plus de recueillement. […] Il ne s’égare point dans de vaines théories, et n’ambitionne pas la gloire des systèmes ; il sait que les hommes ont toujours été les mêmes, que rien ne peut changer leur nature ; et c’est dans le passé qu’il va puiser des leçons pour régler le présent…Il n’est point disposé à nous replonger dans de nouveaux malheurs par de nouveaux essais, en poursuivant la chimère d’une perfection qu’on cherche maintenant à opposer à ce qui est, et qui pourrait favoriser beaucoup les projets des factieux, etc. » Mais les plus célèbres articles du moment, au sujet de Mme de Staël, furent les deux extraits de Fontanes dans le Mercure de France.

2009. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Je ne change point, ô Vierges de Lesbos,           Je suis éternelle. […] Puisqu’il est, paraît-il, urgent et nécessaire De revoir le mauvais rayon d’un mauvais jour Et de voir s’échapper l’espoir d’un bel amour,       Que bientôt nos draps blancs se changent en suaire ! […] Elle parle à l’amour, qui est nu devant elle, et elle s’écrie : Quand vous nous imposez vos farouches élans, Lorsque vous nous brisez sous le grand poids de vivre… Mais pour nous empêcher d’être à vous, de vous suivre, Il faudrait qu’on changeât la forme de nos flancs !

2010. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Les noms changent, mais l’aventure est toujours la même. […] Nos faciles plaisanteries n’y changeront rien. […] " nous rencontrons surtout ce passage, écrit encore plus directement sous l’influence d’Edgar Poe : deux choses sont également requises : l’une une certaine somme de complexité, ou plus proprement de combinaison ; l’autre une certaine quantité d’esprit suggestif, quelque chose « comme un courant souterrain de pensée non visible, indéfini… » c’est l’excès dans l’expression « du sens » qui ne doit être « qu’insinué », c’est la manie de faire du courant souterrain d’une œuvre « le courant visible » et supérieur « qui change en prose », et en prose de la plate espèce, « la prétendue poésie » de quelques soi-disant poètes. il n’y a pas dans toute l’esthétique baudelairienne de passage plus important à notre point de vue que celui-là.

2011. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

C’est cependant ce qui arrive, et c’est comme si l’on disait que l’observation psychologique et morale, qui depuis cent cinquante ans avait servi de base ou de support à l’idéal classique, se change en observation sociale. […] Mais ce que nous ne craindrons pas d’affirmer, c’est qu’il avait lu Voltaire et Montesquieu, si même il ne s’inspirait d’eux, le jeune bachelier qui s’exprimait en ces termes dans un Discours daté de 1750 : « On voit s’établir des sociétés, se former des nations qui tour à tour dominent d’autres nations, ou leur obéissent…… L’intérêt, l’ambition, la vaine gloire, changent perpétuellement la scène du monde et inondent la terre de sang, mais au milieu de leurs ravages, l’esprit humain s’éclaire, les mœurs s’adoucissent, les nations isolées se rapprochent les unes des autres, le commerce et la politique réunissent enfin toutes les parties du globe, et la masse totale du genre humain, par des alternatives de calme et d’agitation, de biens et de maux, marche toujours, quoique à pas lents, vers une perfection plus grande » [Cf.  […] Mais quand avec autant d’empressement qu’on évitait naguère d’imiter l’étranger, on le traduit maintenant et on s’en inspire, peut-on dire que rien n’ait changé ? […] Si quelque idée plus générale a réuni les encyclopédistes, autour de D’Alembert et de Diderot, dans l’arrière-boutique du libraire Lebreton, ou dans l’entresol de la rue Taranne, si quoique intention les a groupés, ç’a été de changer l’orientation de l’esprit français ; et en somme ils y ont réussi.

2012. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Oui, mais ma nature n’a pas changé. […] On ne change pas la nature des choses et on ne décrète pas que les poètes heureux seront sublimes. […] Il paraît que cela lui donne de furieuses jouissances d’esprit, car il n’y a jamais rien changé. […] Que, pour me punir, leurs Majestés sublimes me tirent du milieu des hommes et m’enferment avec de méchants singes ou d’autres bêtes immondes, comme cela se pratiquait sous les derniers Constantins, cet acte de leur justice ne me changera presque pas. […] Ici, la poésie est représentée par le personnage de Pierrot, legs de l’oncle Watteau, mais, combien changé !

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