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1526. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Ce genre-là, tel que je me le définis, c’est une espèce de vignette continue qui règne au bas du texte, et qui sert à illustrer véritablement le récit.

1527. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Ils se figurent bien, il est vrai, que cet abîme qui sépare la pensée et le désir spirituel d’avec l’acte matériel est traversé, cette vie durant, par une espèce de pont-levis moyennant lequel le moi peut sortir au dehors ; mais c’est là, selon eux, une puissance viagère et fortuite à laquelle il ne faut pas trop s’habituer, et dont il convient d’user avec discrétion et seulement pour les besoins indispensables.

1528. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Hugo a-t-il raison d’inculquer au public, et le public a-t-il raison d’accepter intégralement cette espèce particulière de drame ? 

1529. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le fait parisien et français, le plus capital, le plus caractéristique, depuis quinze jours, ce n’a été ni l’abandon à la dérobée de la loi sur l’état de siège, ni l’espèce de triomphe oratoire de M. de Broglie devant nos députés, ni même la chevaleresque étourderie royaliste de M. 

1530. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Pour que l’état politique et philosophique d’un pays réponde à l’intention de la nature, il faut que le lot de la médiocrité, dans ce pays, soit le meilleur de tous ; les hommes supérieurs, dans tous les genres, doivent être des hommes consacrés et sacrifiés même au bien général de l’espèce humaine.

1531. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Il ressemble à la nature qui produit tout, le sublime, le vulgaire, et toujours les contraires, sans préférer l’un à l’autre, impartiale, indifférente, ou plutôt amie de tous, et, comme disent les anciens, mère et nourrice des choses, incessamment occupée à conduire les vivants de tout degré et de toute espèce sous la clarté du jour.

1532. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Il s’agit d’atteindre non pas une espèce, mais Corneille, mais Hugo : et on les atteint, non pas par des expériences ou des procédés que chacun peut répéter et qui fournissent à tous des résultats invariables, mais par l’application de facultés qui, variables d’homme à homme, fournissent des résultats nécessairement relatifs et incertains.

1533. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

D’autre part, le conteur n’y met, je pense, aucune espèce de prétention.

1534. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Renan, et qu’après nous avoir si longtemps troublés autant qu’il nous charmait, il se repose aujourd’hui dans l’espèce de certitude dont il est capable et dans une sérénité moins inquiétante pour nous.

1535. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Il n’a pas un instant d’illusion, ni sur l’espèce de son amour, ni sur ses conséquences probables.

1536. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Pour nous, il n’y a qu’une espèce d’auteurs : ce sont les bons ; il n’y a de bons auteurs que par le vrai, et le vrai, au lieu de n’être que le bon, est le tout.

1537. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Ce qu’on appelle philologiquement et historiquement la race germanique est sûrement une famille bien distincte dans l’espèce humaine.

1538. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

Comme l’instinct de l’amour, qui par moments élève l’homme le plus vulgaire au-dessus de lui-même, se change parfois en perversion et en férocité ; ainsi cette divine faculté de la religion put longtemps sembler un chancre qu’il fallait extirper de l’espèce humaine, une cause d’erreurs et de crimes que les sages devaient chercher à supprimer.

1539. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VII. Développement des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Mais quel progrès les partis ont-ils fait faire à la moralité générale de notre espèce ?

1540. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Il y en a à Saint-Germain, mais ils n’ont pas encore paru. » Sans doute on travaillait à préparer l’esprit de la reine à les recevoir, et on ne voulait pas qu’ils parussent dans le monde avant cette espèce d’adoption d’un genre nouveau.

1541. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Il rappelle le précepte du Vinci : « Observer les taches des murailles, la cendre du foyer, les nuages, les fanges, et autres choses de cette espèce pour y trouver invenzioni mirabilissime et infinite cose. » Et voyez comme naïvement et lâchement il se traduit la leçon célèbre : « Le maître savait bien que le hasard — comme l’a démontré jadis l’éponge d’Apelles — est toujours l’ami de l’artiste ingénieux.

1542. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Chez les animaux supérieurs, les spermatozoaires peuvent et doivent se séparer du tout pour reconstituer un individu de la même espèce.

1543. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

J’étais dans la salle à manger, le soir d’un de mes mercredis, causant et buvant avec deux ou trois amis… La nuit finissait, l’aurore se leva à travers les petits rideaux, mais une aurore d’un sinistre jour boréal… Alors tout à coup beaucoup de gens se mirent à courir en rond dans la salle à manger, saisissant les objets d’art, et les portant au-dessus de leurs têtes, cassés en deux morceaux, entre autres, je me souviens, mon petit Chinois de Saxe… Il y avait aux murs, dans mon rêve, des claymores, des claymores immenses ; furieux j’en détachai une et portai un grand coup à un vieillard de la ronde… Sur ce coup, il vint à ce vieillard une autre tête, et derrière lui deux jeunes gens qui le suivaient, changèrent aussi de têtes, et apparurent tous les trois avec ces grosses têtes ridicules en carton, que mettent les pitres dans les cirques… Et je sentis que j’étais dans une maison de fous et j’avais de grandes angoisses… Devant moi se dressait une espèce de box où étaient entassés un tas de gens qui avaient des morceaux de la figure tout verts… Et un individu, qui était avec moi, me poussait pour me faire entrer de force avec eux… Soudain je me trouvai dans un grand salon, tout peint et tout chatoyant de couleurs étranges, où se trouvaient quelques hommes en habit de drap d’or, avec sur la tête des bonnets pointus comme des princes du Caucase… De là je pénétrai dans un salon Louis XV, d’une grandeur énorme, décoré de gigantesques glaces dans des cadres rocaille, avec une rangée tout autour de statues de marbre plus grandes que nature et d’une blancheur extraordinaire… Alors, dans ce salon vide, sans avoir eu à mon entrée la vision de personne, je mettais ma bouche sur la bouche d’une femme, mariai ma langue à sa langue… Alors de ce seul contact, il me venait une jouissance infinie, une jouissance comme si toute mon âme me montait aux lèvres et était aspirée et bue par cette femme… une femme effacée et vague comme serait la vapeur d’une femme de Prud’hon.

1544. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

On y arrive par une espèce d’absorption dans l’œuvre, de recueillement tourné vers elle et distrait de toutes les autres choses.

1545. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

D’ailleurs, il ne s’agit pas de toute espèce de vérités générales ; les vérités purement abstraites, dans lesquelles l’homme n’est pas intéressé, appartiennent aux sciences et non à la littérature : telles sont, par exemple, les vérités de l’algèbre.

1546. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Les spiritualistes libéraux, je le répète, ne considèrent pas tout à fait les choses de la même manière, Ils sont tout aussi ennemis que qui que ce soit des doctrines basses et avilissantes ; ils sont surtout révolté de l’espèce de fanatisme en sens inverse qui éclate aujourd’hui dans les jeunes écoles matérialistes.

1547. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

les plus habiles lui répondent qu’ils n’en savent rien ; qu’en ceci chaque comédien est resté le maître de se montrer tout à fait comme un grand seigneur qui fronde, et de très haut, les vices de l’espèce humaine, ou tout à fait comme un philosophe qui s’en attriste.

1548. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Quoique l’Évangile soit une loi indépendante de toute institution politique, une loi qui admette toute espèce de gouvernement, néanmoins on peut dire que nous n’avons point eu de législateur depuis Jésus-Christ, et que les empires chrétiens ne peuvent point en avoir d’autre.

1549. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Si le christianisme venait à disparaître, il faudrait bien recommencer à parquer de nouveau l’espèce humaine, à la partager en castes, à en condamner une partie à l’esclavage.

1550. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Le héros du roman de Mme Gustave Haller, lequel se passe en Angleterre et fait mille politesses à ce pays, est une espèce de Grandisson, membre de la Société de tempérance et qui fait boire de l’eau à son domestique, né Français (il nous en fait boire aussi !) 

1551. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Ne serait-il pas plutôt un prétexte, un thème pour les regrets et les fioritures en sourdine du parlementaire, une espèce de Pont des Soupirs ?

1552. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Or Faliés est d’une autre espèce.

1553. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Lorsqu’on ne va pas jusque-là, on se contente de jouer au comédien en jouant chez soi la comédie ; car, c’est un fait, jamais les gens du monde n’ont plus raffolé de cette espèce de divertissement qu’aujourd’hui.

1554. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Son volume, qui finit par une espèce d’apothéose de Stuart.

1555. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Ce commandement qui est comme celui de la vérité elle-même, cette espèce d’ordre qu’on ne peut pas discuter, mais qui impose, venant d’un esprit supérieur en qui on a foi comme dans un chef, a, ici, pour être obéi, la forte accentuation qui pénètre… Le colonel Ardant du Picq n’est pas qu’un écrivain militaire, ayant le style de sa chose à lui.

1556. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

On ne sait pas assez combien les peuples chicanent peu avec les races qu’ils aiment, et quelle puissance de fautes de toute espèce ces races prédestinées peuvent porter dans leur tête ou en faire sortir, sans en mourir !

1557. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Dans l’espèce d’illusion magnétique qu’il a la puissance de créer, nous voyons passer dans son histoire de grandes figures étranges que nous ne reconnaissons qu’à moitié ; mais qui nous attirent et nous captivent tout à la fois par ce que nous savons d’elles et par ce que nous n’en savons pas.

1558. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

L’auteur de cette Papesse Jeanne, Rhoïdis ou non, Rhoïdis ou Grisélidis, est une espèce de Janus littéraire à deux faces, burlesque et grave, dont l’une (la burlesque) rit et veut faire rire le public, en tirant une langue qui compromettrait Quasimodo, et dont l’autre (la grave) se fronce et se grime en visage de pédant, coiffé de textes et poudré de poussière.

1559. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

À cela, il y a beaucoup de raisons ; mais la principale est certainement l’espèce d’horreur qu’inspire la théocratie à l’esprit moderne.

1560. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

… Pour résister comme il aurait fallu, et dans la mesure qu’il aurait fallu, à l’Hérésie nouvelle, besoin était d’une tête catholique et politique et de premier ordre, d’une espèce de Charlemagne proportionné aux circonstances, et il n’y en avait pas.

1561. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

On est prié de ne pas confondre ces deux espèces d’écrivains.

1562. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Est-ce un fantaisiste, — le mot dit tout, — et un fantaisiste de la grande espèce, à fleur double, comme vous n’en trouveriez pas certainement un second dans toute la littérature contemporaine ?

1563. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Poète, historien, romancier, auteur dramatique, et finalement imprimeur pour s’imprimer soi-même, comme il a été son propre majordome et son propre concierge à lui-même dans son baroque château, chinoisement gothique, de Strawberry-Hill, cette espèce d’éléphant en porcelaine dont il fut, jusqu’à son dernier jour, l’orgueilleux cornac.

1564. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Ici, les éditeurs sont d’une autre espèce.

1565. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

— et sa physionomie n’avait aucune espèce de rapport avec celle de la grande amie d’Horace Walpole ».

1566. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Il n’y a qu’un rhéteur, en effet, et un rhéteur de la pire espèce, qui puisse comparer Napoléon et Talleyrand et mettre Talleyrand au-dessus de Napoléon !

1567. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Il sait que les gloires les plus pures et les plus solides, espèces de diamants douloureux, se formant comme les plus lentes et les plus belles cristallisations.

1568. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Dépravé par la philosophie qui a remplacé pour le dix-neuvième siècle le matérialisme du dix-huitième, c’est une espèce de Saint-Martin du Panthéisme.

1569. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Cet élégant nourrisson de madame de Staël qui n’a point épuisé sa nourrice, trop jeune du temps du Globe pour s’asseoir sur le canapé doctrinaire, mais qui s’est tenu sur le tabouret d’à côté, est un de ces esprits non sans mérite, à coup sûr, mais qui manquent de l’espèce d’énergie, nécessaire pour donner un démenti à leur vie et renverser dans leur intelligence des convictions fausses, même quand elles y manquent de profondeur.

1570. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Triste chose, au fond, que cette fureur de la parole pour elle-même, que cette espèce de sensualisme intellectuel, qu’un tel asservissement à cette Sirène !

1571. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Un allemand positif, chose rare, Léopold Ranke, l’a écrite en observateur et presque en physiologiste, avec cette espèce de génie qui se préoccupe, par exemple, des grains de sable de Cromwell.

1572. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

À côté de la niaiserie du bon sens pipé et de l’invention d’une bourgeoise sagesse, à côté de cette religion naturelle qui est, au fond, si on creuse bien, toute leur doctrine, ils dressent de grands mots qui font rêver les imaginations sans guide et ils pataugent dans l’Infini… Nous ne savons personne plus digne de pitié que ces espèces de philosophes qui n’ont pas même une philosophie complète pour remplacer une religion qu’ils n’ont plus, — qui prennent les ondoyantes et capricieuses lueurs de leur propre sentimentalité pour la ferme lumière de la conscience et vivent en paix avec eux-mêmes.

1573. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Seulement, cette méthode, qui brille plus ou moins dans toutes les grandes philosophies du passé, et qui n’est, après tout, dit l’abbé Gratry quelque part, « que le haut emploi d’un procédé général de la raison », il l’a faite sienne à force de l’avoir précisée, affinée, et pour ainsi dire affilée, comme un instrument de découverte, une espèce de pince intellectuelle avec laquelle, quand il abordera plus tard les applications spéciales de la philosophie, il pourra mieux saisir la vérité.

1574. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Espèce de Camisard catholique, qui, par-dessus un catholicisme ici compromettant, a mis la chemise blanche du spiritualisme pur, afin de surprendre l’ennemi et de frapper de meilleurs coups !

1575. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

c’est-à-dire sans expérience et pleins d’illusions, nous étions indulgents à toute espèce de livres, pour peu qu’ils ne fussent pas dans la tradition du xviie  siècle !

1576. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Mais une fois hiérarchisée, elle comporte cependant une espèce de solidarité sociale.

1577. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

une espèce d’Espagne à la française et à teintes adoucies.

1578. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Ils nous offriront à la lecture une autre espèce d’intérêt qui nous échapperait au théâtre où nous songeons trop à chercher un divertissement, pour faire l’effort de nous instruire. […] Qu’arrivera-t-il si elle se meut dans la matière brute, si elle se trouve associée à une espèce de machine qui ne lutte ni ne se soumet, qui est uniquement pour elle l’endroit où elle siège ? […] En toute espèce de tableau, il tombe sur la circonstance écœurante à la façon d’un épervier sur sa proie ; il l’étale au vif, et la créature qu’il dissèque en reste pour toujours, dans notre esprit, hideuse ou étriquée. […] Il est le premier de son espèce, puisqu’il est jusqu’à présent le seul ; cependant sa tentative lui a tourné à ruine, les pièces les plus cyniques étant celles où son talent trébuche le plus. […] Dussé-je paraître lui prodiguer trop facilement les qualités de toute espèce, il avait des parties de diplomate aussi bien que de général et d’homme d’État.

1579. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il voulut être tyran, bien plus ardemment que la plupart des hommes ne savent vouloir être libres, et cette volonté vive, inflexible, toujours agissante, a tenu lieu de génie à bien d’autres oppresseurs de l’humanité… » Je suis forcé, à mon grand regret, d’abréger cette page pour laquelle j’ai presque à demander pardon aux néo-terroristes d’aujourd’hui : mais voici l’adoucissement : « Quelque affreux que soit Robespierre d’après le portrait que nous en avons tracé, continue Daunou, Courtois a fait de ce personnage un portrait beaucoup plus horrible encore, et s’est attaché surtout à lui contester toute espèce de talent. […] Ceux qui l’ont entendu à ce sujet savent qu’il lui refusait, non-seulement toute perception morale (ce qui se concevrait), mais presque toute espèce de talent civil. […] On devine assez l’espèce de limites qu’il s’impose, lorsqu’il s’agit de moyen âge. […] L’auteur lui refuse, ainsi qu’à son Koran, toute espèce d’influence civilisatrice sur les destinées de l’Orient ; il aurait pu interroger avec fruit là-dessus Bonaparte et ceux qui avaient vu l’Égypte.

1580. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Une critique toute composée de jolis morceaux de cette espèce serait-elle assez belle enfin, pour effacer dans notre imagination le souvenir de ces théories philosophiques qui n’ont pu trouver grâce devant le Chevalier, mais dont la hardiesse parfois profonde reste si pleine de séduction ? […] « … En regardant ce matin dans la plaine un de ces animaux à longues oreilles qui sont plus petits que le cheval, et qui, par leur union avec l’espèce chevaline, donnent naissance à la mule, je me disais que notre Boileau avait peut-être poussé un peu loin la défense de l’antiquité contre M.  […] On ne comprenait rien au Festin de Pierre ; il ne plaisait point « aux honnêtes gens, mais au peuple, qui aime cette espèce de merveilleux364 ». […] « Ils alterquaient ensemble, dit Guy Patin, et ne s’accordaient pas de l’espèce de maladie dont le malade mourait.

1581. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il donne les dates, l’année, le mois, le jour ; il marque le vent, nord-est, sud-ouest, nord-ouest ; il écrit un journal de voyage, des catalogues de marchandises, des comptes d’avoué et de marchand, le nombre des moïdores (monnaie portugaise), les intérêts, les payements en espèces, en nature, le prix de revient, le prix de vente, la part du roi, des couvents, des associés et des facteurs, le total liquide, la statistique, la géographie et l’hydrographie de l’île, tellement que le lecteur est tenté de prendre un atlas et de dessiner lui-même une petite carte de l’endroit, pour entrer dans tous les détails de l’histoire et voir les objets aussi nettement et pleinement que l’auteur. […] Celui qui, par inquiétude de conscience, s’occupe à démêler les motifs bons ou mauvais de ses actions apparentes, qui aperçoit les vices et les vertus à leur naissance, qui suit le progrès insensible des pensées coupables et l’affermissement secret des résolutions honnêtes, qui peut marquer la force, l’espèce et le moment des tentations et des résistances, tient sous sa main presque toutes les cordes humaines, et n’a qu’à les faire vibrer avec ordre pour en tirer les plus puissants accords. […] Son livre est comme un grand magasin de bric-à-brac où les curiosités de tout siècle, de toute espèce et de tout pays gisent entassées pêle-mêle : textes d’excommunication, consultations médicales, passages d’auteurs inconnus ou imaginaires, bribes d’érudition scolastique, enfilades d’histoires saugrenues, dissertations, apostrophes au lecteur. […] Ils veulent être renseignés sur les espèces et les degrés du bonheur et du malheur, sur les variétés et les suites des conditions et des caractères, sur les avantages et les inconvénients de la ville et de la campagne, de la science et de l’ignorance, de la richesse et de la médiocrité, parce qu’ils sont moralistes et utilitaires, parce qu’ils cherchent dans un livre des lumières qui les détournent de la sottise et des motifs qui les confirment dans l’honnêteté, parce qu’ils cultivent en eux le sense, c’est-à-dire la raison pratique.

1582. (1904) Zangwill pp. 7-90

Ce n’est pas moi qui invente ce circuit, cette circumnavigation mentale excentrique ; c’est mon auteur ; ce sont tous nos auteurs ; je me reporte à ce La Fontaine et ses fables, qui eut tout l’éclat, qui reçut tout l’accueil, et qui obtint tout le succès d’un manifeste ; il s’agit d’étudier La Fontaine et ses fables ; si nous commencions par parler d’autre chose ; et voici la préface : « On peut considérer l’homme comme un animal d’espèce supérieure, qui produit des philosophies et des poëmes à peu près comme les vers à soie font leurs cocons »,… À peu près ! […] « Me voici donc à l’aise, libre de rechercher toutes les causes qui ont pu former mon personnage et sa poésie » ;… Toutes les causes qui ont pu former son personnage et sa poésie, quelle prodigieuse audace métaphysique sous les modestes espèces d’un programme littéraire ; mais pour aujourd’hui passons. […] Ce seraient là des espèces de dieux ou dévasé, êtres décuples en valeur de ce que nous sommes, qui pourraient être viables dans des milieux artificiels. […] Animal suppose espèce, pluralité d’individus ; il y aurait donc plusieurs univers !

1583. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Je suis une espèce de vieillard encore vert, et, pour peu que mon bonnet de nuit contienne d’idées, comme vous dites, il reste plus d’idées à mon bonnet chaque matin que de cheveux arrachés à ma tête. […] Après trente ans de séparation, il rencontre un jour, sur le boulevard de la Bastille, un sien ami, un philosophe de son espèce, un stoïque. […] Alors, pour la châtier par une grande peur, on cite la sœur Marthe au tribunal des révérendes et on la condamne à cette mort, d’une espèce particulièrement horrible, qui remonte aux premières gardiennes du feu sacré dans le temple de Vesta. […] Cette pauvre espèce humaine est ainsi faite, qu’à tout prendre, l’âme de tous les hommes est malade des mêmes maladies. […] On a sous ses ordres des espèces de soldats indisciplinés, qui tiennent une plume et qui n’obéissent guère.

1584. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

De tous les liens qui unissent les idées, il n’en garde qu’un, le plus stable ; son style n’est qu’un raisonnement continu et de l’espèce la plus tenace, tout composé d’additions et de soustractions, réduit à la combinaison de quelques notions simples qui, s’ajoutant les unes aux autres ou se retranchant les unes des autres, forment sous des noms divers des totaux ou des différences dont on suit toujours la génération et dont on démêle toujours les éléments. […] Il raille les quiddités, il écarte les espèces sensibles et intelligibles, il rejette l’autorité des citations555. […] Il conte qu’il a importé quatre espèces de raisins en Angleterre, il avoue qu’il a trop dépensé ; cependant il ne le regrette pas ; depuis cinq ans il n’a pas eu envie une seule fois d’aller à Londres. Il mêle les anecdotes aux conseils techniques ; il y en a une sur le roi Charles II, qui a loué le climat de l’Angleterre par-dessus tous les autres, disant que c’est celui où l’on peut rester en plein air sans malaise le plus de jours dans l’année ; sur l’évêque de Munster, qui, ne pouvant avoir dans son verger que des cerises, en avait rassemblé toutes les espèces et si bien perfectionné les plants qu’il pouvait en manger depuis mai jusqu’en septembre. […] En toute carrière il prenait la tête. « Quelque chose que Sheridan ait faite ou voulu faire, dit lord Byron, cette chose-là a toujours été par excellence la meilleure de son espèce.

1585. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Je ne savais pas par quoi était produite l’espèce de plainte déchirée, qu’il m’était arrivée, une fois, de prendre pour le cri gémissant d’un homme. […] Il me raconte que passant avec une voiture d’ambulance, devant un groupe de femmes ramassées sous une porte cochère, comme il leur avait crié, si elles voulaient rentrer à Paris, sa demande avait été accueillie par une espèce de rire : — un refus à la fois triste et moqueur. […] Je pense à ce temps de collège plus dur pour moi, que pour d’autres, par un sentiment d’indépendance qui, toutes ces années, m’a fait battre avec de plus forts que moi, ou m’a fait vivre dans cette espèce de quarantaine qu’impose la tyrannie des tyrans en herbe aux lâchetés des hommes-enfants. […] Une première partie, dont voici à peu près le canevas. — Un soir je causais de cette femme, que je n’avais fait qu’entrevoir, mais qui avait éveillé en moi une espèce de curiosité amoureuse. […] La causerie avait lieu au bord de la mer, avec un ancien amant, un homme pratique, un homme d’affaires mâtiné de politiqueur, une espèce de Montguyon.

1586. (1893) Alfred de Musset

— Et pourtant cet homme-là est bon ; il est vertueux, il est aimé de tout le monde ; il n’est pas de ces gens pour qui le ruisseau n’est que de l’eau qui coule, la forêt que du bois de telle ou telle espèce, et des cents de fagots. […] Il ne s’agit pas seulement ici de tiédeur religieuse, mais de cette espèce d’anémie morale qui fait qu’on n’a plus foi à rien. […] Ses vers disloqués, ses débauches de métaphores, le plaçaient tout à l’avant-garde de l’armée révolutionnaire, tandis que sa verve turbulente et son ironie en faisaient une espèce d’enfant perdu, que nul ne pouvait se flatter de retenir dans le rang. […] Des lettres de Musset non datées, que j’ai sous les yeux, forment une espèce de prologue au drame. […] Cette espèce de dédoublement donnait lieu à des dialogues intérieurs dont nous possédons un échantillon authentique.

1587. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

D’autant qu’Elle n’a rien de sottement féminin — littérairement parlant — (car, il faut bien l’avouer, les dames ont aussi leurs défauts, et leur plus grande qualité serait pour moi, si je devais leur en accorder une, d’être généralement barrées à toute espèce de littérature), les dames ont aussi bien leurs défauts. […] L’abîme, dans l’espèce, mon abîme, c’est une crise morbide par où je viens de passer. […] Dans quelques lignes de ces quelques pages sincères, je réfute plusieurs basses calomnies qui tendraient à faire passer Rimbaud pour une espèce de malandrin, et je m’occupe ensuite de l’écrivain. […] Il y a donc tout compte fait, entre ces deux génies d’apparences si différentes, souvent du fait de circonstances curieusement particulières à chaque cas, une similitude qui me semble devoir être la conclusion de l’espèce de parallèle que j’ai osé, nain que je suis, risquer au sujet de l’œuvre, et un peu aussi de la vie de ces géants. […] Car que n’a-t-on pas dit, depuis Voltaire, qui assomma Racine à coups de louanges feintes, blasphéma Corneille, en l’attaquant et perdit toute raison quand il s’agit de Shakespeare, jusqu’au lourd Dr Johnson, ce pédant malicieux, et même jusqu’aux myrmidons des lettres de tous pays, des deux sexes, j’allais dire de toutes… les espèces.

1588. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Sully Prudhomme, l’auteur du Vase brisé. » Elles ignorent donc que le Vase brisé, cet espèce de sonnet d’Arvers, n’est qu’une romance sentimentale, jolie, — qui dit le contraire ? […] Espèce d’idéal, va ! […] Tout à coup il eut une espèce de folle espérance. […] La froidure y mettait plus de tristesse et, assis, devant la cheminée inutile, enveloppé du jour gris que versait l’unique fenêtre, je m’ennuyais un peu ce jour-là et j’avais de temps en temps des frissons sous mon vieil habit, — une espèce de loque qui, depuis quelque temps déjà, m’interdisait les promenades. […] C’est peut-être à ce trouble un peu crépusculaire où se disperse parfois l’inspiration de Léon Dierx qu’il faut attribuer, dans certaine mesure, l’espèce d’indifférence qu’ont trop longtemps témoigné à ce poète les gens épris avant tout du tangible et de l’immédiat.

1589. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Il y eut dans cette espèce de renaissance qui en est à son troisième hiver, des succès qui, par leur fraîcheur, leur ensemble et leur plénitude, semblèrent dater d’aujourd’hui. […] Dès la première scène de Schiller, le chevalier Paulet, gardien de Marie, est dans la chambre de la captive avec une espèce de serrurier ; il fait forcer les armoires pour enlever bijoux, lettres ; le miroir même et le luth ont été saisis.

1590. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

On n’en eut d’abord qu’une espèce d’édition abrégée, arrangée et expurgée, due au moine Planudes ; le xvie  siècle n’en imprima pas d’autre. […] Il y aurait eu moyen sans doute de tirer des cent vingt-neuf épigrammes ou petites pièces restantes de Méléagre d’autres gracieux détails et des considérations littéraires plus approfondies, plus sûres ; j’en ai dit assez du moins pour faire entrevoir l’espèce d’imagination et de sensibilité, de subtilité passionnée et de vif agrément encore, d’un poëte qui en représente pour nous beaucoup d’autres.

1591. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Le petit roman des deux jeunes émigrés, qui date de 1814, exprime assez bien, dans plusieurs détails, cette espèce de teinte bourbonienne que prirent à ce moment ses pensées. […] L’art léger avec lequel l’habile patron essaye de lui en inoculer l’idée, l’espèce de négligence qu’il met à lui en apprendre, comme par hasard, la nouvelle courante ; le premier mouvement d’Alphonse qui regimbe, qui va s’indigner, et qui pourtant, peu à peu gagné par l’esprit de son rôle, s’y soumet presque : ce sont là des points savamment touchés.

1592. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Toutes les aventures d’Ysengrin finissent de même ; et ce portrait demi-sérieux, demi-moqueur, est plus vrai que la sombre et terrible peinture de Buffon : « Il est l’ennemi de toute société, il ne fait pas même compagnie à ceux de son espèce. […] Il n’a pas besoin d’être érudit ; du moins son savoir est d’une autre espèce que la science.

1593. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

« Si l’on ajoute à ces tortures de l’âme les tortures du corps de cette malheureuse famille, jetée, après une nuit d’insomnie, dans cette espèce de cachot ; l’air brûlant exhalé par une foule de trois ou quatre mille personnes, s’engouffrant dans la loge, et intercepté dans le couloir par la foule extérieure qui l’engorgeait ; la soif, l’étouffement, la sueur ruisselante, la tendresse réciproque des membres de cette famille multipliant dans chacun d’eux les souffrances de tous, on comprendra que cette journée eût dû assouvir à elle seule une vengeance accumulée par quatorze siècles. […] Je crois plutôt maintenant que le vrai crime de Danton, dans ces journées de la hache, a été une espèce de connivence forcée avec les scélérats obscurs et forcenés de la commune de Paris, et que, ne pouvant pas arrêter le crime résolu par ces municipes bourreaux, Danton a lâchement préféré être leur complice le doigt sur la bouche, gémissant en silence, mais laissant accomplir les horreurs qu’il détestait en les excusant.

1594. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

En passant le long des côtes des îles Canaries, Humboldt croyait voir des formes de montagnes depuis longtemps connues et situées sur les bords du Rhin, près de Bonn, tandis que les espèces de plantes et d’animaux changent avec le climat et varient encore d’après l’élévation ou l’abaissement des lieux. […] Le sentiment du droit à la liberté individuelle l’emportait chez lui sur tout, car il savait que le bonheur parfait et la liberté sont deux idées inséparables dans la nature et dans l’espèce humaine.

1595. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Nous parlons à quelques égards la même langue, je peux au besoin causer avec eux ; cela m’est radicalement impossible avec un bourgeois vulgaire : nous ne sommes pas de la même espèce. […] Donc l’oiseau et le poisson sont de la même espèce et ce qui se dit de l’oiseau peut se dire du poisson.

1596. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

J’ai conservé la forme lyrique des romances, en ayant soin de varier continuellement les rhythmes comme les tons ; et j’ai tâché de coordonner tous ces matériaux de manière à présenter un intérêt suivi, une espèce d’action dramatique ayant son exposition, son nœud et sa catastrophe. […] Si j’ai intercalé dans ce recueil de poésies toutes modernes, quelques extraits d’une traduction inédite des Odes d’Horace, malgré l’espèce de bigarrure qui en résulte ; c’est que M. 

1597. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Voyez cette page, par exemple, sur une danseuse (un des personnages du roman), une espèce de danseuse composite, faite de deux réverbérations de ces deux êtres évaporés, Fanny Elssler et Taglioni, et qui, vieillie, brisée, anéantie, le spectre charmant d’elle-même, se remet un soir à danser sous l’influence d’une impression heureuse, et demandez-vous si ce poète, qui a chancelé un moment du côté du Réalisme, a eu jamais davantage ce que le Réalisme, cette brosse qui se croit un pinceau, a le moins :   la nuance opalisée, la transparence, la grâce, l’immatérialité ! […] le Nabab de Daudet est d’une autre espèce.

1598. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Le dernier ouvrage publié par M. de Tocqueville en 1856, sous le titre de L’Ancien Régime et la Révolution, porte surtout l’empreinte de cette espèce de combat intérieur.

1599. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

À ces impressions, personnelles et intimes, le poëte a marié, par une analogie symbolique, l’état du siècle lui-même qui nage dans une espèce de crépuscule aussi, crépuscule qui n’est peut-être pas celui du soir comme pour l’individu, car l’humanité a plus d’une jeunesse.

1600. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Il y a plus : ces talents eux-mêmes qui l’honorent, arrivés à une certaine élévation, subissent chacun cette espèce de vent de dispersion qui circule ; ils versent d’un côté ou d’autre ; ils manquent à la loi de leur propre développement et à leur unité particulière.

1601. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Toutes les espèces fabuleuses se sont réveillées, et j’ai reconnu que je n’étois pas encore autant mort que je le devrois être.

1602. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

De toutes les beautés dont Casanova nous entretient dans ces premiers volumes, celle qui est reine évidemment, celle qui lui a laissé la plus profonde empreinte, et pour laquelle il démentirait le plus volontiers sa définition un peu outrageuse de l’amour que, ce n’est qu’une curiosité plus ou moins vive, jointe au penchant que la nature a mis en nous de veiller à la conservation de l’espèce ; cette femme mystérieuse, appelée Henriette, qu’il rencontre la première fois en habit d’officier, et qui se trouve être une noble personne française, ne diffère pas notablement, par le caractère, de dona Lucrezia, ni de tous ces cœurs d’amantes voluptueux, passionnés, non jaloux et capables de séparation.

1603. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Rabelais seul avait « la tête épique », et serait le poëte national par l’espèce des idées et la grandeur des conceptions, si la folie de l’imagination, l’énormité de l’ordure et la bizarrerie de la langue ne l’avaient réduit à un auditoire d’ivrognes ou d’érudits.

1604. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

faut-il le dire à la honte de notre espèce ?

1605. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Assurément, il l’eût mieux dit lui-même, avec plus de pleurs dans la voix, et je ne sais quoi de plus navré, de plus abandonné, de plus démissionnaire dans toute sa personne ; mais enfin, si ce serait un scandale, ou plutôt une espèce d’obscénité, que de voir un Baudelaire en bronze, du haut de son piédestal, continuer de mystifier les collégiens, il faut bien que quelqu’un le dise.

1606. (1890) L’avenir de la science « Préface »

J’entrevoyais que le damier morphologique des espèces végétales et animales est bien l’indice d’une genèse, que tout est né selon un dessin dont nous voyons l’obscur canevas.

1607. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Les Boëthusim, dans le Talmud et les écrits rabbiniques, sont présentés comme des espèces de mécréants et toujours rapprochés des Sadducéens 619.

1608. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

La psychologie s’occupe du genre, l’éthologie de l’espèce et des variétés.

1609. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Quand un maçon construit un mur, il est fort possible qu’il ignore une loi comme celle de la pesanteur ou n’importe quelle espèce d’autre ; mais la pesanteur, elle, ne l’oublie point, et elle a raison de son mur en une minute. » En éthique, la même chose a lieu, en vérité.

1610. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

c’est Voltaire qui l’a dit, lui, le Français par excellence et qui connaissait si bien son espèce.

1611. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments le poli de la surface, l’harmonie de l’ensemble, n’y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une espèce de force divine, etc., etc. ?

1612. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

La seconde espèce de comparaison, que nous avons attribuée à la Bible, c’est-à-dire, la longue comparaison, se rencontre ainsi dans Job : « Vous verriez l’impie humecté avant le lever du soleil, et réjouir sa tige dans son jardin.

1613. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Le préfet ne surveille les étudiants que hors des écoles, c’est une espèce de lieutenant de police.

1614. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

De même dans le Jean Sévère de Victor Hugo : Un discours de cette espèce, Sortant de mon hiatus, Prouve que la langue épaisse, Ne rend pas l’esprit obtus.

1615. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

Bref, toute espèce de conseil devient inutile, et nous pataugeons dans l’absurde.

1616. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Mais, je le demande encore, désaccoutumés que nous sommes de la forte nourriture des livres saints, pourrions-nous remarquer dans ce dernier Père de l’Église, sa merveilleuse facilité à s’approprier les textes sacrés, et à les fondre tout à fait dans son discours qui n’en éprouve aucune espèce de trouble, tant il paraît dominé par la même inspiration ?

1617. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

De là l’espèce de violence qu’ils mettent dans leurs attaques, et le dédain qu’ils ont pour les archéophiles, dédain souverainement injuste ; car les partisans des idées anciennes sont loin de manquer de lumières et de talents, et surtout ils sont loin de manquer de sincérité : leur conscience, pour la plupart, est placée si haut qu’il est impossible de l’atteindre.

1618. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Il est également éloigné des badauds et des frondeurs, de ces deux espèces de voyageurs qui se partagent le monde : ceux qui sont les victimes des choses, et ceux qui font des choses leurs victimes.

1619. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Et c’est plus grave, cela, que de recevoir le Matérialisme dans son sein, sous la désagréable espèce de Littré… Permettre au croupion du Matérialisme de s’asseoir dans un des fauteuils où se sont assis des religieux, des prêtres et des évêques, méritait bien, certes !

1620. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

M. l’abbé Mitraud, avec ses tendances générales et son manque provisoire de théorie carrée et résolue, nous fait l’effet d’une espèce d’abbé de Saint-Pierre, mais renouvelé, rajeuni, rajusté par les formes et le langage de la discussion au dix-neuvième siècle.

1621. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Monselet, qui a étudié le xviiie  siècle sans précaution, et qui était, il y a quelques jours encore, visage contre visage avec la face de satyre du chèvre-pieds littéraire Rétif de la Bretonne, l’auteur du Paysan perverti, a échappé si peu à l’influence du xviiie  siècle pour le déshabillé du détail et la crudité de l’expression, qu’il se donne, sans aucun embarras, dans la préface même de son livre, pour une espèce de continuateur de Louvet de Couvray, quoiqu’il vaille infiniment mieux de toutes manières que ce misérable écrivain, de fausse élégance et de faux monde, ce Girondin du vice, « tout laitage aigri et cantharides noyées  », comme disait Byron de Lewis.

1622. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Nous regrettons de ne pouvoir citer tout entière cette pièce singulière et délicieuse ; mais, nous ne craignons pas de le répéter, de tels prestiges par les mots, leur choix, leur distribution et leur place, cette espèce d’harmonica littéraire joué sur des verres (ou vers, pardon !)

1623. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il en coula de deux espèces : d’abord le sang des échafauds, et puis le sang des champs de bataille, et tout le temps que ces deux mares de pourpre, qui cachaient l’affreux fond de fange, s’étendirent sur la France, la coquine qu’on appelle Manon Lescaut ne fit pas grand tapage.

1624. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.

1625. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Cette espèce d’activité, qui porte les hommes à connaître et à s’instruire, subsistera toujours malgré les fureurs politiques, malgré l’ignorance intéressée et puissante ; c’est un mouvement imprimé par la nature et que rien ne peut arrêter.

1626. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Les français disent bleu pour le ciel, dans une espèce de serment par bleu, et dans ce blasphème impie morbleu (c’est-à-dire meure le ciel, en prenant ce mot dans le sens de Dieu.)

1627. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

« Je connais bien cette espèce de femelles, et elles me connaissent. […] J’ai cru rencontrer dernièrement un spécimen de cette espèce à peu près disparue. […] Oui, c’est une espèce d’enivrement intellectuel. […] Était-ce cette espèce d’attendrissement que porte avec soi tout ce qui est du passé ? […] Il a cette espèce d’orgueil, particulière à l’homme qui a conscience de sa supériorité future.

1628. (1929) La société des grands esprits

Il y a présentement une espèce de petite Renaissance, qui nous soustraira peut-être au nouveau moyen-âge de toutes parts menaçant. […] Toutes les critiques de Pascal dépassent l’espèce dont il s’occupait, et pourront avoir à s’appliquer en tous temps et en tous lieux. […] Il a voulu se venger du roi de Prusse, c’est entendu, mais la vengeance est un plat qu’il faut cuisiner avec art, c’est-à-dire en l’espèce, avec exactitude. […] Il est certain que si toute l’espèce humaine est sortie d’un premier couple, seul directement créé par Dieu, les fils et les filles d’Adam et d’Ève ont bien dû se marier ensemble. […] L’expérience montre que, sauf exception, l’inceste est désastreux pour la race, qui, en général, a besoin du croisement : d’où la salutaire maxime qui en fait une espèce de sacrilège et d’abomination de la désolation.

1629. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

C’était un fanatique ; c’est-à-dire un homme de la pire espèce. […] Du moins était-ce un pessimiste d’une espèce particulière ; c’était un pessimiste plein d’enthousiasme pour une partie des choses humaines et naturelles. […] Qu’on ajoute à cela les cors aux pieds, les mauvaises odeurs naturelles, les sécrétions de toute espèce et de toute saveur, ça ne laisse pas que de faire un tableau fort excitant de la personne humaine. […] Ils s’y enfoncent, et bientôt s’ouvre devant eux une vallée où des fleurs et des fruits de toute espèce charment le goût et l’odorat. […] Je n’avais jamais lu encore un livre si mauvais : cela même me le rendit considérable, et je finis par en concevoir une espèce d’admiration.

1630. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

« A la fin du mois de may dernier, je fus attaqué d’une espèce d’apoplexie dont la vapeur a occupé ma teste pendant quelques jours. […] « J’ay fait une espèce de procès verbal sur tout ce qui s’est passé sur cette affaire, que j’ay jugé à propos d’adresser à mon frère, de peur de vous fatiguer par une aussy longue et ennuyeuse lecture. […] J’ai beaucoup caressé tous les miens : je voudrois témoigner à toute l’espèce la reconnoissance que j’ai de l’honnêteté de leur confrère à votre égard.

1631. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

L’homme d’affaires de la succession dresse la liste des brevets, nominations, dates et chiffres, et révèle aux lecteurs positifs l’espèce de ses placements et l’histoire de sa fortune ; les arrière-neveux et les petits-cousins publient la description de ses actes de tendresse et le catalogue de ses vertus domestiques. […] À l’instant, son tablier blanc était relevé par dessus sa tête, comme la blouse d’un enfant méchant, et l’on voyait sa faible petite canne lutter et s’agiter inutilement dans sa main ; ses jambes subissaient une agitation terrible, et Toby lui-même tout courbé, faisant face tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, était si bien souffleté et battu, et rossé, et houspillé, et tiraillé, et bousculé, et soulevé de terre, que c’était presque positivement un miracle s’il n’était pas enlevé en chair et en os en haut de l’air, comme l’est parfois une colonie de grenouilles, ou d’escargots, ou d’autres créatures portatives, pour tomber en pluie, au grand étonnement des indigènes, dans quelque coin reculé du monde où l’espèce des commissionnaires est inconnue1341. […] Pecksniff avec une sensibilité exquise, et quand je sais qu’elle va, je sens que la leçon offerte par elle aux hommes fait de moi un des bienfaiteurs de mon espèce. » Vous reconnaissez un nouveau genre d’hypocrisie.

1632. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

XIV « En un mot, Romains, quatre espèces d’hommes ont cherché à me perdre. […] Écoutez en passant ces définitions du bon sens : « L’honnête est ce que l’on est forcé d’estimer par soi-même, abstraction faite de toute espèce d’intérêt personnel, etc. » (Quelle preuve de Dieu par la conscience !) […] Quel désordre et quelle anarchie dans l’espèce humaine !

1633. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Or, le milieu social, examiné non dans les apparences extérieures, mais dans la réalité, est une continuation de la lutte pour la vie qui règne dans les espèces animales. […] Au premier de ces trois plans appartiennent, — et c’est aussi leur place dans la vie, — les créatures très distinguées, exemplaires tout à fait réussis et par conséquent typiques de toute une espèce sociale. […] du mystère de la tombe entr’ouvert à cette heure là… Cosette se leva, marchant dans l’herbe inondée de rosée, et se disant, à travers l’espèce de somnambulisme mélancolique où elle était plongée. « — Il faudrait vraiment des sabots pour le jardin à cette heure-ci.

1634. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Le vieillard seul me fit un grave salut, tout en souriant sous ses blanches moustaches. « Gens peu civilisés, dit le marchand en me jetant un regard de côté, ce n’est pas pour eux, certes, qu’est mon pain d’épices. » Et achevant d’atteler sa rosse, il descendit vers la rivière où se voyait une espèce de bac en troncs d’arbres liés ensemble. […] Marpha Timoféevna était établie dans sa chambre, entourée de son état-major, qui se composait de cinq êtres presque tous également chers à son cœur : un rouge-gorge savant, affligé d’un goître, qu’elle avait pris en affection depuis qu’il ne pouvait plus ni siffler, ni tirer son seau d’eau ; Roska, un petit chien craintif et doux ; Matros, un chat de la plus méchante espèce ; puis une petite fille brune et très remuante, d’environ neuf ans, aux grands yeux et au nez pointu, qu’on appelait la petite Schourotschka ; et enfin Nastasia Karpovna Ogarkoff, personne âgée d’environ cinquante-cinq ans, affublée d’un bonnet blanc et d’une petite katzaveïka brune sur une robe de couleur sombre. […] Ce n’est pas un mari de cette espèce-là qu’il lui faut. […] Rentré à la maison, Théodore s’abandonna à une espèce d’engourdissement paisible, qui ne le quitta pas de toute la journée.

1635. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Quelque grande salle au fond de l’édifice, au rez-de-chaussée, renferme hermétiquement une vaste bibliothèque poudreuse, pleine dans les rayons d’en haut de volumes de toutes langues, presque pétrifiés dans leurs stalles, sous leur reliure à fermoir, et, sur les tablettes inférieures, des brochures nouvelles et en désordre attestent la continuité du maître à se tenir en rapport avec ce que l’espèce humaine produit de nouveau et son attention à ce qui se passe sur la terre. […] J’avais refusé de souper, elle me fit apporter des abricots blancs, dont l’espèce est inconnue en Europe, des figues bananes, puis des sorbets.

1636. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

En morale elle n’en engendre pas moins : car, si Dieu ne contemple, ne juge, ne rémunère que l’espèce humaine dans son universalité, que devient la moralité de l’âme individuelle, de chacune des myriades d’âmes dont cette universalité humaine est composée ? […] Elle est donc confondue dans l’espèce, et ses vertus ou ses crimes individuels sont donc sans importance aux yeux de Dieu, sans criminalité ou sans mérite aux yeux du sage suprême.

1637. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Le Maître, revêtu d’un manteau d’hyacinthe, Trône à leur table ; et, pour leur soif et pour leur faim, Leur donne comme Christ la communion sainte Sous l’espèce du pain symbolique et du vin : « Prenez, dit-il, ô mes amis et mes apôtres, Le pain qui rend fécond et le vin qui rend frère ; Pour que le Verbe issu de mon âme aille aux vôtres, Prenez, mes fils, ceci c’est mon sang et ma chair !  […] Il ne souffrait aucune espèce d’intermédiaire entre l’univers et lui.

1638. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Lundi 31 juillet La maladie, sans la souffrance aiguë, n’est pas quelque chose de tout à fait désagréable : c’est une espèce de diffusion inconsciente de la cervelle dans un ensommeillement fiévreux. […] Toute la journée je suis resté avec une espèce de faiblesse dans la perpendicularité.

1639. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Il traite ce genre d’espèce bâtarde, de monstre né de l’impuissance de réussir dans le comique ainsi que dans le tragique, & propre à faire manquer l’objet de tous les deux. […] « Ce ne sont pas, dit-il, les pièces de cette espèce que je propose de réformer, mais c’est, à l’exemple de celles-ci, que je voudrois qu’on réformât les autres. » Quelle idée !

1640. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Espèce de flûte ou de petit flageolet qui n’est plus en usage, et qu’imite un des jeux de l’orgue dit jeu de larigot. […] — Espèce de bouclier.

1641. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Aussi, lorsqu’après la victoire de Fontaine-Française (juin 1595), passant en Bourgogne, il vit le président et que celui-ci parut s’étonner de l’accueil qu’un vieux ligueur comme lui recevait du roi : « Monsieur le président, lui dit Henri IV, j’ai toujours couru après les honnêtes gens, et je m’en suis bien trouvé. » C’est ainsi que ce noble roi entendait et appliquait l’espèce de menace qu’il avait faite au siège de Laon.

1642. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Pourtant, distinguons d’abord : il y a deux espèces d’ouvrages de l’abbé Le Dieu sur Bossuet ; il y a les mémoires et le journal.

1643. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Le public sérieux, religieux, qui aime ces discussions et qui se prête au jargon d’école ou, si l’on aime mieux, à l’espèce d’annotation algébrique qu’elles supposent, les aurait bien su trouver.

1644. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

C’est bien lui qui, lorsqu’il crut devoir passer de l’étude de la morale à celle de la politique, et qu’il eut acheté pour cela une charge de Cour (celle de premier aumônier de Madame, mère du duc d’Orléans), ne considéra cette espèce de sinécure auprès d’une princesse restée à demi protestante, que comme une petite loge à un beau spectacle, comme une entrée de faveur pour approcher plus aisément ceux qui gouvernaient, et se mit à les regarder, à les étudier à bout portant, bientôt à les aborder et à les harceler de questions, en attendant qu’il les poursuivît, sous la Régence, de ses projets et de ses conseils.

1645. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Et cependant il reste toujours très-singulier et très-peu explicable que de ce Soltikoff « beau comme le jour » soit sorti Paul Ier, cet autre grotesque, d’une ressemblance si frappante avec Pierre III, espèce de Lapon camus, rabougri, maniaque, violent, puéril, une sorte de caporal prussien qui semble taillé et calqué sur le modèle de son père putatif et officiel.

1646. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Poussée à ce degré, l’espèce (qu’on me passe ce mot scientifique) n’est-elle pas aussi un inconvénient, — Dieu me garde de dire un danger ?

1647. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Le préfet de la Seine est une espèce de ministre, tandis que celui de Digne est une sorte de sous-préfet… Il faut aujourd’hui qu’un préfet de Paris, ayant un Conseil de maires et un Conseil municipal, administre sans exception tout ce qui est recette et dépense, et, en général, tout ce qui est matière d’administration.

1648. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

L’imagination s’éveillait déjà en elle, une espèce d’imagination qui s’isole en le voulant, pleine de suite en son rêve, compatible avec les qualités de la vie positive, et qui ne fait jamais confusion avec la réalité ; elle-même l’a décrite à merveille dans son conte en prose du Bracelet maure.

1649. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

En nous tenant strictement ici à ce qui concerne le fondateur de la Revue des Deux Mondes (et cette fondation est le vrai titre d’honneur de M.Buloz), nous pourrions bien lui affirmer que ce n’est point tant à cause des inconvénients, des imperfections et des défauts que toute œuvre collective et tout homme de publicité apportent presque inévitablement jusqu’au sein de leurs qualités et de leurs mérites, qu’il est attaqué et injurié avec cette violence en ce moment, mais c’est précisément à cause de ses qualités mêmes (qu’il le sache bien et qu’il en redouble de courage, s’il en avait besoin), c’est pour sa fermeté à repousser de mauvaises doctrines, de mauvaises pratiques littéraires, et pour l’espèce de digue qu’il est parvenu à élever contre elles et dont s’irritent les vanités déchaînées par les intérêts.

1650. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

L’esclavage, cet abominable fléau de l’espèce humaine, en augmentant la force des distinctions sociales, faisait remarquer davantage encore la hauteur des grands caractères.

1651. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Être vertueux pour aller en paradis, c’est prêter à Dieu à la petite semaine ; et le malheur est que le prêteur donne des crocodiles empaillés, non de bonnes espèces ; car la vertu des sacristies, c’est d’aller à la messe, de ne point toucher aux vases sacrés ; l’amour du prochain vient après.

1652. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Voici une cheville d’une autre espèce : C’est là que nous vivions  Pénètre, Mon cœur, dans ce passé charmant   Je l’entendais sous ma fenêtre Jouer le matin doucement.

1653. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

. — Bien différent de nos plus récents moralistes, Michelet n’a pas l’ombre de complaisance pour le libertinage, ni pour l’adultère, ni pour cette espèce « de divorce dans le mariage qui est, dit-il, l’état d’aujourd’hui (1858). » Les mauvaises mœurs ne lui inspirent aucune curiosité spéculative.

1654. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Il y a très longtemps qu’elles n’existent plus… C’était un homme admirablement doué pour le style et à qui il n’a manqué que le fond… Les hommes qui aiment les idées ont, à son endroit, une espèce d’horreur.

1655. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

L’estime publique est inépuisable, & la gloire tient des couronnes toutes prêtes pour chaque espece de mérite.

1656. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Il suffit de s’intéresser à la qualité des esprits plus qu’à leur espèce.

1657. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

J’ai dit plus haut qu’il y a plusieurs espèces d’intuition.

1658. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Les maîtres des jeunes gens étaient aussi parfois des espèces d’anachorètes 279 assez ressemblants aux gourous 280 du brahmanisme.

1659. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Tout l’ensemble d’idées que nous venons d’exposer formait dans l’esprit des disciples un système théologique si peu arrêté que le Fils de Dieu, cette espèce de dédoublement de la divinité, ils le font agir purement en homme.

1660. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Bain en distingue sept espèces : Les sensations dues à l’état des muscles, la douleur ressentie lorsqu’on les coupe, la souffrance causée par une fatigue excessive, les os brisés, les ligaments déchirés, en un mot, tous les dommages violents portés au système musculaire.

1661. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Dire que les recherches du naturaliste qui collectionne, dissèque et décrit des espèces, ont les mêmes rapports avec les recherches de l’anatomie comparée sur les lois de l’organisation, que les travaux de M. 

1662. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Je remarque enfin dans la lettre de madame Scarron une espèce de contresens comme il s’en trouve souvent dans les écrits qui ne sont pas francs : « Si les enfants sont au roi, je veux bien m’en charger ; je ne me chargerais pas sans scrupule de ceux de madame de Montespan. » Ces mots signifient, je veux bien me charger des enfants du roi et de madame de Montespan, si le roi me l’ordonne.

1663. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Les dames galantes de son espèce tiennent, à l’heure qu’il est, comme il y a vingt ans, le haut du trottoir.

1664. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Mais le plus grand charme de ma voix est dans sa douceur et la tendresse qu’elle inspire ; et j’ai enfin des armes de toute espèce pour plaire, et jusques ici je ne m’en suis jamais servie sans succès.

1665. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Cependant le maréchal, pour toute réponse, fit le parlementaire prisonnier : quelques coups de canon tirés pendant cette espèce de négociation servirent de prétexte ; et, sans considérer les masses des ennemis et le petit nombre des siens, il ordonna l’attaque.

1666. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Souvenez-vous que cette représentation a été moins une représentation qu’une bataille, une espèce de bataille de Montlhéry (qu’on nous passe cette comparaison un peu ambitieuse) où les Parisiens et les Bourguignons ont prétendu chacun de leur côté avoir empoché la victoire, comme dit Mathieu.

1667. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Changez l’espèce de l’édifice ruiné.

1668. (1761) Apologie de l’étude

Une seule espèce d’écrivains m’a paru posséder un bonheur sans trouble ; c’est celle des compilateurs et commentateurs, laborieusement occupés à expliquer ce qu’ils n’entendent pas, à louer ce qu’ils ne sentent point, ou ce qui ne mérite pas d’être loué ; qui pour avoir pâli sur l’antiquité, croient participer à sa gloire, et rougissent par modestie des éloges qu’on lui donne.

1669. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Nous chargeons le cercueil qui l’emporte d’une masse de fleurs qui ne se flétriront pas, car ce sont des fleurs de rhétorique, — des fleurs en papier, — et l’homme est si dupe de ses propres simagrées qu’on met à cela une espèce de générosité sentimentale.

1670. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

L’espèce de chronique qu’Amédée Renée nous entrouvre ne manque donc ni de vif, ni de risqué, ni même de scandaleux ; mais l’historien se possède si parfaitement qu’il est impossible d’indiquer avec plus de sûreté et moins d’insistance à la fois les vices de cette société, dont la corruption très réelle et très foncée ne nous frappe plus parce que le vermillon effronté de la Régence et du règne de Louis XV l’a décolorée par le contraste.

1671. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité — ce sentiment qu’il raille sans cesse — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser Lord Byron parce que Lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle.

1672. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Lorsque, d’un autre côté, cet observateur, digne d’être impersonnel, déclassé par les hasards de la naissance et de la vie, mais naturellement aristocrate, comme on doit l’être quand, intellectuellement, on est né duc, revêt par vanité, — ce sentiment qu’il raille sans cesse, — les plates passions du bourgeois révolutionnaire, c’est-à-dire de l’espèce d’animal qu’il devait détester le plus, et s’ingénie à nous rapetisser lord Byron, parce que lord Byron était un aristocrate, il nous offre, il faut en convenir, à ses dépens, un triste spectacle.

1673. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

C’est, en effet, pour cette espèce de comédie qu’est faite la femme de ces mains-là, et ce n’est pas non plus d’aujourd’hui qu’elle y débute.

1674. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

  A ce point de vue, il y a en France, — naturellement en dehors des exceptions (sans lesquelles un pays ne saurait subsister) — deux espèces d’opinions.

1675. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Il est très vraisemblable que cette fragmentation est effectuée diversement par les diverses espèces animales.

1676. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

., le nom et l’apparence du temps, par une espèce de contamination ?

1677. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Il en est de même de la plus grande partie de l’Italie, qui, soumise à des dominations étrangères, et tour à tour envahie, subjuguée, défendue, gouvernée par des Allemands, des Espagnols ou des Français, a perdu pour ainsi dire cette espèce d’intérêt de probité pour son pays, qui développe les talents et crée les efforts en tout genre.

1678. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Sixte, l’irresponsabilité des criminels et l’indifférence absolue en matière de morale, autre chose est d’appliquer aux genres littéraires les lois qui président à l’évolution des espèces animales et végétales. […] « Fussiez-vous donc assuré, dit-il, que la concurrence vitale est la loi du développement de l’homme, comme elle l’est des autres animaux ; que la nature, indifférente à l’individu, ne se soucie que des espèces, et qu’il n’y a qu’une raison ou qu’un droit au monde, qui est celui du plus fort, il ne faudrait pas le dire, puisque de suivre « ces vérités » dans leurs dernières conséquences, il n’est personne aujourd’hui qui ne voie que ce serait ramener l’humanité à sa barbarie première. » Vous craignez que le darwinisme systématique vous ramène à la nature, en supprimant les idées sociales qui seules nous en séparent. […] Bien qu’il connût que tout n’est que vanité, il était, de son naturel, enclin à rechercher les mobiles des actions humaines, et particulièrement de celles des femmes ; cette petite espèce de créature lui inspirait une curiosité malveillante, mais très vive. […] Le baron sait bien que sa vie est une espèce de chef-d’œuvre.

1679. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Rappelons seulement que les premiers triomphes de l’âme italienne parmi l’âme française coïncidèrent avec les relations politiques et guerrières, sous Louis XII, de la France avec l’Italie ; la Renaissance fut chez nous une espèce de mal de Naples. […] Seulement, par l’affleurement de sentiments neufs à l’antique surface, et par la rectitude, la clarté, la solidité de la forme (l’idée surgit, d’une espèce de cristal marmoréen), notre théâtre sera lumineusement et fortement français. […] de sorte que le plus normal, le plus logique, le plus nécessaire, selon le vœu intime de notre race, le plus beau et le mieux réalisé de nos destins poétiques, s’avilit en une espèce d’émeute-farce qui a un drapeau rouge lacé dans le dos. […] Nous allons chanter pour l’amour de la beauté, comme nous avions parlé et agi pour l’amour de la liberté et de la victoire ; nous serons des poètes lyriques, comme nous avons été des orateurs, des poètes épiques, comme nous avons été des guerriers ; et de même que la Révolution fut une espèce d’ode, de même que l’Empire fut une espèce d’épopée, notre ode sera une révolution et notre épopée triomphera impérialement. […] Émile Goudeau a inventé une espèce de poésie moderne.

1680. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Être jeune, intelligent s’aimer, comprendre, et communier sous les espèces de l’art, on ne pouvait concevoir une plus belle manière de vivre, et tous ceux qui l’ont pratiquée en ont gardé un éblouissement qui ne se dissipe pas. — Voyez comme une allusion à ce passé sympathique dans un article de journal va chatouiller ce bon, ce brave, ce sensible Bouchardy, jusqu’au plus tendre de l’âme ! […] Cependant nous avions à vous dire de bien curieux détails sur les soixante-quinze rois préadamites qui figuraient dans le prologue et que Meyerbeer, aussi timide alors que plus tard, avait envie de couper comme dangereux ; sur la dive Lilith, première femme d’Adam, aïeule de la reine de Saba ; sur la robe de Belkis, une robe à rendre Worth rêveur, ornée de soixante-dix espèces de pierreries et dont la queue était portée par un singe habillé de toile d’or, qui la retroussait de temps en temps avec une grimace lascive : et nous n’aurions pas manqué de décrire ce mouvement instinctif qui, faisant prendre à Belkis le pavé poli pour de l’eau, fut cause que pour ne pas se mouiller elle haussa un peu sa jupe devant Salomon. […] Victor Hugo, après un long séjour à la place Royale, avait transporté, rue de la Tour d’Auvergne, dans une vaste, calme et solitaire maison propice à la rêverie et au travail, et des fenêtres de laquelle on aperçoit Paris en panorama, espèce d’Océan immobile qui a sa grandeur comme l’autre. […] Il avait déjà fait une messe à quatre voix avec chœurs et orchestre, une ouverture de Waverley, et la Symphonie fantastique, espèce d’autobiographie musicale où l’artiste fait raconter aux voix et aux murmures de l’orchestre ses rêves, ses amours, ses tristesses, ses désespoirs, ses cauchemars et ses folles terreurs nerveuses. […] Quand de cette bouche aimée s’envolent les pensées secrètes de votre cœur avec les vers du maître admiré que vous récitez en même temps qu’elle, il vous semble que c’est pour vous seul qu’elle parle ainsi, pour vous seul qu’elle trouve ces accents qui remuent toute une salle, pour vous seul qu’elle a choisi ce rôle, pour vous seul qu’elle a mis cette rose dans ses cheveux, ce velours noir à son bras ; réalisant le rêve des poètes, elle devient pour le critique une espèce de maîtresse idéale, la seule peut-être qu’il puisse aimer.

1681. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Enfin, un dernier caractère de cette poésie, c’est d’être le fruit de la réformation, laquelle, dit Mme de Staël « est l’époque de l’histoire qui a le plus efficacement servi la perfectibilité de l’espèce humaine ». […] les plus insipides et les plus ennuyeux recueils que puisse enfanter l’union d’une patience infatigable et d’un zèle vétilleux » … « quel profit la littérature et le goût peuvent-ils tirer de cette espèce de charlatanisme ?  […] Jules Janin fit mieux ; après avoir publié l’Âne mort et la Femme guillotinée, espèce de tour de force d’imagination évidemment inspiré par le fantastique allemand, il imita ostensiblement Hoffmann, dans ses Contes fantastiques. […] On comprend qu’alors cette espèce de panthéisme au moyen duquel Victor Hugo prêtait aux objets naturels une physionomie et presqu’une âme parût comme une révélation nouvelle, très semblable à la superstition des Hindous. […] Malgré cette espèce d’affinité que Victor Hugo semble manifester pour l’élément germanique, il est étrange qu’il soit si peu goûté en Allemagne, et que la nation la mieux faite pour le comprendre le connaisse si mal et lui rende si peu justice.

1682. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

C’est par l’imagination que l’esprit échappe par instants à la réalité si souvent odieuse, et que tout ce que l’espèce humaine a conquis de beau et de consolant lui est venu. […] Tout au contraire, mon ennemi d’à présent, plus scélérat que l’autre cependant, trouvait le moyen de garder une espèce de supériorité morale, même à cette heure terrible où il sentait bien que son forfait allait se dresser devant lui. […] J’étais debout, appuyé contre la grande table ; il s’avança vers moi avec une espèce de délire dans ses prunelles, qui cherchaient les miennes. […]   Devant cette émotion sincère d’un grand écrivain, d’un homme de haute conscience, il faut le dire, je dus arrêter mon espèce d’interrogatoire. […] … » Ô messieurs les romanciers, donnez-nous donc enfin des gens faits comme tout le monde, et n’oubliez pas que si vos héros ne nous touchent pas, c’est parce qu’ils ne parlent pas notre langue, et qu’on ne s’entend qu’avec les créatures de son espèce.

1683. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Il a, en outre, comme les réalistes les plus récents, une coquetterie verbale assez drôle, une espèce de virtuosité pittoresque et, parfois, un bagout d’artiste fameusement doué. […] Truffaut, lui, n’est pas de cette espèce calme. […] L’intelligence humaine serait destinée à se cristalliser en instinct, comme cela est advenu pour l’intelligence des autres espèces animales. […] … Il les avait connus et il s’en souvenait avec une espèce de nostalgie douloureuse et exquise… En 1869, lors des élections, il donne, au théâtre du Châtelet, une conférence politique. […] Voire, il lui accorde une espèce de prédilection que les bisbilles n’ont pas atteinte.

1684. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Les narrations prolixes du capitaine Diaz furent, pour lui, une espèce de matière diffuse qui peu à peu se condensa, se durcit, étincela en clartés fixes de gemmes. […] Presque chaque année, il allait prendre ses « quartiers d’hiver » à Broussais ; il y avait gagné, par son ingénuité compliquée, la sympathie des infirmiers et des internes, qui le considéraient comme une espèce de Gilbert ou de Malfilâtre. […] Taisez-vous, 27, espèce de cheval de retour ! […] Il faut lui parler de l’Histoire en lui contant des histoires, lui faire une espèce d’imagerie du passé, de lanterne magique d’autrefois, tourner ça au pittoresque et aux contes de fées… Il apprendra les traités plus tard. […] Il distribuait l’éloge et le blâme, donnant à chacun une cote, dressant une espèce de palmarès diplomatique, dont la bouffonnerie était ahurissante : — « Un tel ?

1685. (1924) Critiques et romanciers

Montaigne, c’est toute « l’espèce philosophique et littéraire ». […] Il l’appelle « une espèce de roman à l’usage des esprits avisés et curieux ». […] D’ailleurs, il avait une autre espèce d’imagination ; car c’est une erreur de croire que l’on voit la vérité tout simplement : on l’imagine, ou l’on invente son image de la vérité. […] Il y en a de toute sorte : leurs espèces ou leurs races ne les distinguent pas autant que leurs caractères individuels. […] Il y a là une espèce de fureur, un foisonnement de jeunesse, une ridicule exubérance et d’un effet le plus singulier.

1686. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Il prit en conséquence une telle quantité de linge, de vêtements, de parfums, de coussins et de nécessaires de toute espèce, qu’un Allemand économe en aurait eu très-certainement pour plus d’un an. […] Les oiseaux s’endorment successivement et par espèces ; ce sont les pinsons qui se taisent les premiers ; quelques instants après, les fauvettes ; puis, les épeiches… L’obscurité continue à augmenter ; les arbres se transforment à vos yeux en masses confuses et gigantesques ; quelques étoiles scintillent timidement à la voûte du ciel..… la plupart des oiseaux reposent. […] — Non, — reprit-il, — ce monde-là n’est pas méchant, ce sont des espèces de bûches.

1687. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Et à ce sujet, il m’apprend qu’il est un élève de Lecoq de Boisbaudran, un original bonhomme, qui avait prêché le dessin de mémoire, disant que dans le dessin d’après nature, il y avait le danger d’être empoigné par le détail, et que l’on faisait moins synthétique, et allant jusqu’à soutenir, que lorsqu’on travaillait d’après l’être vivant, on faisait moins nature que de mémoire — bien entendu pour une mémoire exercée à ce genre de travail, — par la fatigue du modèle, produisant chez lui une espèce d’ankylose du mouvement. […] Parlant du voyageur, avec un espèce de respect émotionné, il m’apprend qu’il a eu avec lui une conversation sur les idées religieuses, où Stanley lui avait avoué qu’il ne subsistait en lui, que sa prière d’enfant. […] » Et s’élevant presque contre son mari, contre ses enfants qui l’ont fait opérer, malgré elle, dans la perte de connaissance du chloroforme, elle laisse percer le regret de ne pas s’en être allée, et d’avoir à recommencer une autre fois : — la souffrance l’ayant abandonnée, et se trouvant dans cet espèce d’état, doucement vague, qui précède l’évanouissement.

1688. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Il y a en ce cas deux espèces de modèles, ceux qui se sont faits d’après les règles, et, avant eux, ceux d’après lesquels on a fait les règles. […] Il broierait et mêlerait artistement ces deux espèces de plaisir. […] Ce précepte effectivement, qui donne pour règle de ne point garder quelquefois de règles, est un mystère de l’art qu’il n’est pas aisé de faire entendre à des hommes sans aucun goût… et qu’une espèce de bizarrerie d’esprit rend insensibles à ce qui frappe ordinairement les hommes. » — Qui dit cela ?

1689. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

La chose me paraît probable, non que je considère l’humanité comme un seul être, auquel l’hérédité ferait une sorte d’individualité relative en jouant dans l’espèce entière le rôle qui appartient chez les individus à l’habitude ; mais les premières générations humaines qui parlèrent durent parler très peu, et l’habitude, pour avoir les effets que nous avons décrits, suppose un exercice régulier et fréquent de la parole ; la purification de la parole intérieure implique sa fréquence, sinon sa continuité absolue, c’est-à-dire une période du langage qui n’est pas la période tout à fait primitive. […] Mais la même genèse ne convient pas à la perception externe quand elle sert à extérioriser la parole ; car les sensations de l’ouïe, dont les paroles sont une espèce, sont souvent extériorisées sans hésitation alors que leur localisation est incertaine : un son que nous venons d’entendre est un phénomène du non-moi, nous n’en doutons pas, et, par suite, nous sommes convaincus qu’il a son origine en un point de l’espace ; mais ce point, nous le cherchons, et nous ne le trouvons pas nécessairement ; il ne nous avait donc pas été donné avec la sensation, et si nous avons jugé que le phénomène était extérieur, notre jugement a dû être motivé par d’autres signes. […] Le jugement d’extériorité n’est pourtant pas seul de son espèce ; mais celui qui lui fait pendant n’est pas la perception interne ; c’est cet élément du souvenir complet que la plupart des psychologues appellent la reconnaissance et que l’on peut définir ainsi : l’idée du souvenir jointe au fait de se souvenir, ou encore : l’idée que notre état présent reproduit un de nos états passés.

1690. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

À supposer même que ces conditions soient sujettes à varier, leur variation, aussi lente que celle de l’espèce et de la race, ne lui semble pas affecter notre littérature poétique. » M.  […] Il évolue « avec l’espèce et avec la race ». […] Les vrais poètes sont donc des guides sûrs pour l’espèce humaine.

1691. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Il a prolongé depuis et répété comme à plaisir cette note en l’affaiblissant peut-être, mais il est resté parmi nous l’hiérophante de la nature végétale et des solitudes alpestres, une espèce de druide ou plutôt de prêtre de Dodone. […] Il s’en est encore servi dans son volume de Paris, espèce de description lyrique et bouffonne de la grand’ville où parfois Victor Hugo coudoie Saint-Amant et Scarron, étrange macédoine de splendeurs et de misères, de types sublimes et grotesques, de tableaux brillants et d’affiches bariolées, de vers splendides et de lignes prosaïques, de chiffons et de bijoux, et d’ingrédients plus bizarres que ceux dont les sorcières de Macbeth remplissent leur chaudron. […] Dans ses vers dominant les caprices, les infidélités et les dépits, reparaît opiniâtrément une figure étrange, une Vénus coulée en bronze d’Afrique, fauve, mais belle, nigra sed formosa , espèce de madone noire dont la niche est toujours ornée de soleils en cristal et de bouquets en perle ; c’est vers elle qu’il revient après ses voyages dans l’horreur, lui demandant sinon le bonheur, du moins l’assoupissement et l’oubli. […] L’avenir y est entrevu au fond d’une de ces perspectives flamboyantes que le génie des poëtes sait ouvrir dans l’inconnu, espèce de tunnel plein de ténèbres à son commencement et laissant apercevoir à son extrémité une scintillante étoile de lumière. […] Les Chansons des rues et des bois, comme le titre l’indique, marquent dans la carrière du poëte une espèce de temps de repos et comme les vacances du génie.

1692. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Il y a une sorte d’histoire qui se fonde sur les pièces mêmes et les instruments d’État, les papiers diplomatiques, les correspondances des ambassadeurs, les rapports militaires, les documents originaux de toute espèce. […] Ils sortirent des mains de sa famille pour devenir des espèces de prisonniers d’État ; on craignait les divulgations indiscrètes.

1693. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Elle n’était pas belle, elle aurait pu craindre qu’une femme si rayonnante à côté d’elle ne donnât des distractions dangereuses et sans repos aux cœurs qui lui étaient dévoués ; c’était l’époque où Benjamin Constant, cet Allemand léger, la pire espèce des légèretés, habitait souvent le château de Coppet ; le sentimentalisme suisse, la poésie nébuleuse de la Germanie s’unissaient dans ce caractère à l’étourderie spirituelle, mais un peu prétentieuse, de la France émigrée ; il ressemblait à un Berlinois de la société perverse et réfugiée de Potsdam du temps du grand Frédéric. […] XVII À l’époque où madame Récamier le connut et lui permit de l’aimer, il avait déjà écrit une espèce de poème en prose, Antigone, sorte de Séthos ou de Télémaque dans le style de M. de Chateaubriand ; on parlait de lui à voix basse comme d’un génie inconnu et mystérieux qui couvait quelque grand dessein dans sa pensée ; il couvait, en effet, de beaux rêves, des rêves de Platon chrétien, rêves qui ne devaient jamais prendre assez de corps pour former des réalités ou pour organiser des doctrines.

1694. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

« Pendant quatre heures de temps que dure cet entretien avec les morts, je ne sens plus aucun de mes soucis, j’oublie toutes mes angoisses, je ne crains plus ma pauvreté, je ne m’épouvante plus de la mort ; je me transfigure en eux tout entier, et, comme dit Dante, “qu’aucune science ne mérite ce nom si on ne retient pas ce qu’on a appris”, j’ai noté de ces entretiens avec ces hommes antiques tout ce que j’ai recueilli de capital et de caractéristique dans leur vie et dans leurs pensées, et j’en ai composé un opuscule intitulé des Gouvernements, ouvrage dans lequel je pénètre aussi profondément que je le peux dans les pensées qu’un tel sujet comporte, agitant en moi-même ce que c’est que la souveraineté, de combien d’espèces de souverainetés le monde se compose, comment elles s’acquièrent, comment elles se conservent, pourquoi elles se perdent ; et si jamais quelques-unes de mes rêveries vous ont plu, celle-ci, je le crois, ne devra pas vous déplaire ; et elle pourrait être acceptable surtout à un prince nouveau (allusion aux Médicis, rentrés maîtres de Florence, à qui il espérait plaire par cette haute leçon de gouvernement) : c’est pour cela que l’ai dédiée à la magnificence (majesté) de Julien. […] Ces souches toscanes, greffées de sang romain, ont toujours produit des branches prodigieuses de sève et de force dans l’espèce humaine.

1695. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Par instants elle entendait à une certaine distance des espèces de secousses sourdes, et elle disait : — C’est singulier qu’on ouvre et qu’on ferme les portes cochères de si bonne heure ! […] « Çà et là, par intervalles, quand le vent donnait, on entendait confusément des cris, une rumeur, des espèces de râles tumultueux, qui étaient des fusillades, et des frappements sourds, qui étaient des coups de canon.

1696. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Déréliction est une espèce de superlatif, implique quelque chose de désespéré qui n’est pas dans solitude ou abandon. […] Voici des expressions où la recherche de l’énergie et de la concision aboutit à l’étrangeté : « Au milieu d’un tapis vert, en plein soleil, le marbre d’une colonne brûlait de blanc devant un dattier31 » — «… Ses tumulus dévastés, volés de leur forme même 32. » — « Souvent de petits enfants s’arrêtaient brusquement (devant Pierre Charles), frappés par la séduction naturelle, instantanée, le coup de foudre de leur beau à eux dans un autre 33. » Voici des redoublements de synonymes, des insistances qui retiennent l’attention en nous présentant deux ou trois fois de suite la même idée ou la même image : « Une espèce de dénouement, de déliement de sa nature comprimée, refermée, resserrée…34 » — «… Suppliciés par tous les raccourcis de la chute, toutes les angoisses des muscles, toutes les agonies du dessin ; tableau muet de la souffrance physique contre lequel venait frapper, battre, expirer le chœur des douleurs de l’âme35 ». » — «… Rome et ses dômes détachés, dessinés, lignés dans une nuit violette, sur une bande de ciel jaune, du jaune d’une rose-thé36. » — Ce procédé est habituel à MM. de Goncourt, même dans leurs pages les plus sobres : c’est un continuel essayage d’expressions.

1697. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Nous n’hésitons pas à dire que, si l’espèce humaine devait disparaître tout entière de la terre (ce qui est possible) pour faire place sur ce petit globe à une race plus parfaite et plus intelligente, et qu’il ne dût y avoir qu’une seule œuvre de l’homme sauvée de ce cataclysme, c’est le poème de Job qu’il faudrait sauver de préférence du naufrage ou de l’incendie. […] À chanceler sans équilibre et à balbutier sans parole pendant les premières années, qu’on appelle heureuses parce qu’elles sont celles où l’homme a le moins conscience de son être, et qu’elles ressemblent, en effet, le plus au néant ; à grandir pendant quelques autres années, et à recevoir, par transmission de ses parents, une certaine dose d’idées reçues, les unes sagesse, les autres sottises, dont se compose, pour l’homme, la pensée de sa tribu, ce qu’on appelle la civilisation, s’il est civilisé, ou la barbarie, s’il ne l’est pas : la différence n’est pas très sensible à qui contemple de très haut et des sommets de la vérité éternelle ces deux conditions de l’espèce humaine.

1698. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Voltaire, évidemment, s’est souvenu de Virgile (Églogue X) : « Sic tibi cum fluctus subterlabere Sicanos… » Je ne sais pourtant si, à travers l’harmonie, on n’a pas à remarquer dans ces vers une espèce d’inexactitude.

1699. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

On hésite toujours à se mettre en avant quand l’opinion de la foule ne nous a pas frayé le chemin : il faut même, pour cela, une espèce particulière de courage, ce que j’appelle le courage du jugement.

1700. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

À ce siège devant Thionville, il inventa un perfectionnement dans la pratique des tranchées ; c’était d’y faire, de distance en distance, et tantôt à droite, tantôt à gauche, des espèces de retours ou arrière-coins propres à loger des soldats qui défendraient au besoin la tranchée, si l’ennemi y sautait pour la détruire.

1701. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Je demande aujourd’hui à poursuivre cette espèce d’analyse pour les autres volumes, et à rendre quelque chose de l’effet général qui résulte d’une lecture suivie.

1702. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Cette espèce de prévention de Bossuet, peu favorable à Massillon, dura encore quelque temps.

1703. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Certes, il y a peu de poetes capables de conduire d’une main ferme des strophes de ce genre, cette espèce de char lyrique à double rang de triples chevaux.

1704. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Si j’osais me permettre aujourd’hui une espèce de jugement sur une société à jamais regrettable, dont j’ai été, et dont l’auteur des Mémoires veut bien m’assurer que j’aurais pu être encore davantage, je dirais qu’en admettant qu’il y eût péril et inconvénient par quelque endroit dans ce monde gracieux, ce n’était pas du côté du goût ; il s’y maintenait pur, dans sa simplicité et sa finesse ; il s’y nourrissait de la fleur des choses : s’il y avait un danger à craindre, c’était le trop de complaisance et de charité ; la vérité en souffrait.

1705. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Ce n’est pas seulement le découragement de moi-même, mais des hommes, à la vue chaque jour plus claire du petit nombre de choses que nous savons, de leur incertitude, de leur répétition incessante dans des mots nouveaux depuis trois mille ans, enfin de l’insignifiance de notre espèce, de notre monde, de notre destinée, de ce que nous appelons nos grandes révolutions et de nos grandes affaires… Il faut travailler pourtant : car c’est la seule ressource qui nous reste pour oublier ce qu’il y a de triste à survivre à l’empire de ses idées, etc.

1706. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Cette espèce de partie liée avec Sieyès tint-elle jusqu’à la fin ?

1707. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Je conçois pourtant l’espèce d’impatience qu’il ont donnée à quelques lecteurs, notamment à sir David Brewster, dont on a pu lire la protestation et la réfutation chaleureuse (Revue britannique, juillet 1861).

1708. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

L’observation morale des caractères en est encore au détail, aux éléments, à la description des individus et tout au plus de quelques espèces : Théophraste et La Bruyère ne vont pas au-delà.

1709. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

» — « C’est juste », répond Sosie, espèce de Sancho naïf qu’on voit d’ici, le bonnet à la main, toujours prêt à approuver, à abonder dans la pensée du maître.

1710. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Loin de nier l’espèce de police à laquelle il se livrait, il en explique à merveille et avec esprit les difficultés dans un pays si vaste et chez un peuple à imagination vive, doué à ce degré de la faculté d’illusion : « L’établissement et la direction d’une agence assez nombreuse d’observation militaire formait alors, nous dit-il, l’une de mes plus laborieuses attributions.

1711. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Il entre dans l’esprit de ce ministère des prophètes, et l’on sent qu’il était digne d’en être un lui-même par le souffle de l’inspiration et par l’ardeur ; il définit en larges traits cette espèce d’école et de communauté de voyants, véritable institution monastique et cénobitique, qui maintenait à grand-peine et à grand renfort de menaces la pureté de la foi parmi les tribus fidèles.

1712. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

On sait, en effet, qu’à peine mis à la tête de son armée du Nord, Richelieu, pressé d’en finir et poussant le duc de Cumberland qu’il surprenait dans un état de lassitude et de décomposition morale, se hâta de conclure avec lui, par l’entremise d’un ambassadeur de Danemark, le comte de Lynar, espèce de fou mystique, la Convention dite de Kloster-Zeven, en vertu de laquelle toute l’armée ennemie alliée devait se disperser.

1713. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Il y a là un autre M. de Léonard qui n’est pas le nôtre, mais une espèce d’ingénieur du Prince, et qu’il s’agit de capter en tout honneur : une boîte d’or avec portrait de Sa Majesté paraît produire un effet merveilleux.

1714. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

., lieux communs qui refroidiraient en France toute espèce d’intérêt.

1715. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

C’est un être humain qui ne s’est jamais regardé moralement en face et qui a vécu dans l’étourdissement comme la presque totalité de son espèce.

1716. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

« Deuxième conclusion : Ce que l’on appelle valeur Est une espèce de folie ; La vertu véritable est la poltronnerie, Qui nous fait éviter la mort et la douleur.

1717. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Chaque page est une œuvre d’art distincte, pourrait être (a même été, en premier état, aux périodiques) publiée à part, et mériterait en l’espèce d’être encadrée à part.

1718. (1890) L’avenir de la science « XII »

M. de Maistre peint quelque part la science moderne « les bras chargés de livres et d’instruments de toute espèce, pâle de veilles et de travaux, se traînant souillée d’encre et toute pantelante sur le chemin de la vérité, en baissant vers la terre son front sillonné d’algèbre ».

1719. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

C’est un siècle calme, ordonné, conservateur, où la pensée et la société se reposent sous le joug multiple de l’Etat, de l’Eglise, des Académies, des traditions, des convenances et des règles de toute espèce.

1720. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

  Une première espèce d’associations a pour fondement la contiguïté.

1721. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Elle ne saurait être coupable de l’espèce de galimatias double (on va en juger) que Raphaël lui prête dans ce moment solennel de la conversion : Dieu !

1722. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

C’est une espèce de charte sous forme de contrat, et en style de notaire.

1723. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

En attendant qu’il se fît connaître par des travaux plus précis, un ouvrage de lui, Essai sur l’histoire de l’espèce humaine (1798), nous le montre sous sa forme encyclopédique et traçant une esquisse d’une histoire naturelle générale de l’humanité et de la société.

1724. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Enfin, un jour, il fut plus heureux, et il écrivit aussitôt l’espèce d’allocution et de prière où il s’empressa de l’encadrer ; car, chez Anselme, c’est toujours la prière qui précède et qui suit les opérations de la science ; chez lui, ce n’est pas la raison qui cherche la foi, c’est la foi fervente et sincère qui cherche simplement les moyens de se comprendre et, pour ainsi dire, de se posséder par le plus de côtés possible ; c’est la foi, comme il le définit excellemment, qui cherche l’intelligence d’elle-même.

1725. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Enfin il inventera ces étranges phrases disloquées, enveloppantes comme des draperies mouillées, mouvantes et plastiques qui semblent s’infléchir dans le tortueux d’une route : « Enfin l’omnibus, déchargé de ses voyageurs, prenait une ruelle tournante, dont la courbe, semblable à celle d’un ancien chemin de ronde, contournait le parapet couvert de neige d’un petit canal gelé » ; des phrases compréhensives donnant à la fois un fait particulier et une idée générale, des phrases peinant à noter ce que la langue française ne peut rendre et devenant obscures à force de torturer les mots et de raffiner sur la sensation : Ils savouraient la volupté paresseuse qui, la nuit, envahit un couple d’amants dans un coupé étroit, l’émotion tendre et insinuante, allant de l’un à l’autre, l’espèce de moelleuse pénétration magnétique de leurs deux corps, de leurs deux esprits, et cela, dans un recueillement alangui et au milieu de ce tiède contact qui met de la robe et de la chaleur de la femme dans les jambes de l’homme.

1726. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Alors, dans la vaste unité de la prose française, se distinguent sans confusion possible le style de Montesquieu, le style de Voltaire, les styles de Buffon, de Diderot, de Jean Jacques, de Condorcet, aussi dissemblables entre eux que des arbres d’espèce diverse dans une même forêt.

1727. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

D’ailleurs, vers la même époque, du genre mystique et religieux, cette habitude de prendre des titres allégoriques s’étendit, sans que cela parût le moins du monde ridicule, à des livres de toute espèce.

1728. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Nous aurons donc à signaler par la suite l’espèce de désharmonie qu’à présent il est impossible de ne pas remarquer dans le peuple français, entre des mœurs stationnaires et des opinions progressives ; nous aurons, de plus, à examiner la cause de cette désharmonie.

1729. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

L’espèce d’abandon où nous avons laissé jusqu’à présent les monuments de notre langue romance tient à cet inconcevable dédain de nos propres origines, que j’ai si souvent déploré dans cet écrit.

1730. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Si nous voulons donc résoudre le problème que nous posions tout à l’heure, notre méthode devra être, conformément à ces principes, d’essayer tour à tour, dans les chapitres qui vont suivre, l’induction et la déduction, — c’est-à-dire, dans l’espèce, les constatations historiques et les démonstrations psychologiques.

1731. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

La terre, que ne fécondent plus ses bénédictions, est frappée de stérilité ; la famine sévit sur l’espèce humaine. […] De leur accouplement était née la race horrible des Huns : — « Espèce d’homme éclose dans les marais, — dit Jornandès, — petite, grêle, affreuse à voir, ne tenant au genre humain que par la parole », Ammien Marcellin les peint comme Pline, dans son Histoire naturelle, décrit les animaux fabuleux. […] Les hommes de l’espèce dont il est le type ne font pas plus le mal pour le mal, que les animaux carnassiers n’attaquent une proie quand ils n’ont plus faim. […] Ce sont des espèces de sandales où les dames font entrer leur soulier, et cela les hausse beaucoup. […] — puis par Valenzuela, une espèce de Gil-Blas transi qui était à la fois son espion familier et son amant platonique.

1732. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Une espèce de soupente lui avait été assignée pour demeure, au-dessus de la cuisine. […] Elle avait à son service non seulement des blanchisseuses, des couturières, des menuisiers, des tailleurs et des tailleuses, elle avait même un bourrelier, un vétérinaire qui faisait l’office de médecin près de ses gens, un médecin pour sa propre personne, et un cordonnier qu’on appelait Klimof, et qui était un ivrogne de la première espèce. […] Elle est douce, modeste, laborieuse… Mais vous savez, Gabriel Andréitch… vous savez… cet affreux portier, cette espèce de monstre marin ! […] La baruinia avait tellement pris à cœur son idée de marier le cordonnier et Tatiana, que toute la nuit elle en parla à une espèce de dame de compagnie qui était chargée de la distraire dans ses heures d’insomnie, et qui dormait le jour comme les cochers nocturnes de Moscou.

1733. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Pour revenir à l’école positive, cette école, en niant toute espèce de métaphysique, s’est condamnée à n’être pas même une philosophie de la nature, car que serait une philosophie de la nature sans métaphysique ? […] Entre la vie purement scientifique et la vie animale, il y a un milieu qui est la vie propre de l’homme, et qui le caractérise entre toutes les espèces de la nature, c’est la vie pensante et réfléchie. […] Oui, la perfection est la raison d’être ; si je suppose en effet un être qui n’ait aucune espèce de perfection, c’est-à-dire aucune qualité précise et déterminée, qui ne soit ni ceci ni cela, qui n’ait enfin aucun attribut, je ne puis lui supposer aucune raison d’existence, et, étant un néant d’essence, il est en même temps un néant d’être. […] Dans la véritable idée de la génération spontanée, la vie devrait naître d’une simple rencontre d’éléments minéraux ; mais si la vie vient de la mort, c’est-à-dire de tissus organiques ayant déjà vécu (ce qui est l’hétérogénie), un tel fait, fût-il démontré, prouverait contre l’individualité des espèces animales dans les bas degrés de l’échelle, mais non pas contre l’hypothèse d’une force vitale, car on n’aurait pas encore atteint le phénomène primitif de la vie.

1734. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Je crois sincèrement que la meilleure critique est celle qui est amusante et poétique ; non pas celle-ci, froide et algébrique, qui, sous prétexte de tout expliquer, n’a ni haine ni amour, et se dépouille volontairement de toute espèce de tempérament ; mais, — un beau tableau étant la nature réfléchie par un artiste, — celle qui sera ce tableau réfléchi par un esprit intelligent et sensible. […] Il tomba dans une disgrâce complète, et fut pendant sept ans sevré de toute espèce de travaux. […] Tout animal, dans une espèce semblable, diffère en quelque chose de son voisin, et parmi les milliers de fruits que peut donner un même arbre il est impossible d’en trouver deux identiques, car ils seraient le même ; et la dualité, qui est la contradiction de l’unité, en est aussi la conséquence17. […] Les Océanides sont une espèce de Flaxman, dont l’aspect est si laid, qu’il ôte l’envie d’examiner le dessin.

1735. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Déclamations de tribun bourgeois faisant le populaire, qui se souvient de ses humanités beaucoup trop dans l’espèce, et de littérateur qui est à cent mille lieues d’assez oublier qu’il a trempé dans le mélodrame — mais pas convaincu, pas convaincu pour un rouge liard ! […] D’autant plus, dans l’espèce, que je ne suis pas un orateur le moins du monde, tout au plus un lecteur enrhumé et doué, pour le moment, d’une fluxion qui est loin de favoriser l’émission d’une voix insuffisante en faveur de laquelle je sollicite votre bonne indulgence. […] J’ai même dû, à la fin, et un peu comme les chefs vendéens à qui, par ironie, on offrait un fuseau et une épée, choisir l’épée, naturellement, et combattre pour les Décadents, qui étaient, au moins, pittoresques et soleil couchant, et faire en quelque sorte d’une injure un drapeau : car, tandis que Symboliste se trouvait dans le dictionnaire, où Décadent n’était pas, la première de ces deux épithètes est toute rhétoricienne, et, dans l’espèce, une abstraite tautologie, un pléonasme pur et simple. […] Mais que fait cela dans l’espèce ?

1736. (1922) Gustave Flaubert

Il y éprouve l’aventure ordinaire aux enfants de son espèce, la brimade spontanée du groupe contre l’individu. […] Jamais par exemple je ne me fais la barbe sans rire, tant cela me paraît bête. » Ce comique est d’ailleurs aussi relatif que le comique théâtral, et son espèce est la même. […] Les observateurs d’insectes, quand ils placent dans leur caisse vitrée, pour l’amour ou la bataille, des grillons ou des mantes, se donnent pour spectacle des habitudes d’espèces. Si un Micromégas, observateur de ce genre, prenait des êtres humains pour obtenir ces scènes typiques, ces drames impersonnels de l’espèce, il ressemblerait à Flaubert, et ses sujets d’étude à Rodolphe et à Emma. De là une impersonnalité qui devient inhumanité et nous donne conscience de l’homme comme d’une espèce animale.

1737. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

On a aussi généralement attribué cette espèce de révélation de son génie à la fréquentation des théâtres. […] Il existe dans la même ville un grand fauteuil de bois auquel une tradition a conservé le nom de fauteuil de Molière ; sa forme atteste son antiquité ; l’espèce de vénération attachée à son nom l’a suivi chez ses divers propriétaires. […] « Quatre amis, dont la connaissance avait commencé par le Parnasse, tinrent une espèce de société que j’appellerais Académie si leur nombre eût été plus grand et qu’ils eussent autant regardé les Muses que le plaisir. […] L’espèce de recueillement de douleur que la longue maladie et la mort de cette princesse devaient imposer à tous les gens dépendant de la cour, lui fit fermer son théâtre du 27 décembre 1665 au 21 février suivant, et l’empêcha pendant un certain temps encore de donner aucun ouvrage nouveau à son théâtre. […] « Quand celui qui se sert d’un tel prétexte, dit fort bien l’auteur d’une réponse aux Observations, n’aurait pas raison, il semble qu’il y aurait une espèce de crime à le combattre.

1738. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Les spectacles de cette espèce doivent être regardés de haut. » Cela, c’est le romantisme pur : le comique ou le grotesque alternant avec l’héroïsme. […] Guizot fait la remarque suivante : « Il y a évidemment pour Corneille deux espèces d’honneur bien distinctes, qu’il lui paraît d’autant plus ridicule de confondre, que l’une des deux n’est pas à son usage. […] Cette pièce est imitée encore d’un Espagnol, Alarcon. « Étant, dit-il, obligé (c’est-à-dire redevable) au genre comique de ma première réputation, je ne pouvais l’abandonner tout à fait sans quelque espèce d’ingratitude. […] Aujourd’hui, il n’y a plus que Dieu. » Après Héraclius, qui est de 1647, mentionnons seulement, en 1650, Andromède, tragédie à machines et à décors, espèce d’opéra-féerie, tiré des Métamorphoses d’Ovide. […] C’est ce qu’on appelait comédie héroïque, genre mitoyen, qui peut avoir ses beautés… Ces espèces de comédies furent inventées par les Espagnols.

1739. (1905) Propos littéraires. Troisième série

« Les langues ne sont nées d’elles-mêmes, en façon d’herbes, racines et arbres, les unes infinies et débiles dans leur espèce, les autres saines et robustes, plus aptes à porter le fait des conceptions humaines ; mais toute leur vertu est née au monde, du pouvoir et arbitre des mortels. » — Ah bien oui ! […] Exclusion faite du surnaturel, c’est-à-dire, dans l’espèce, de la divinité de Jésus, Renan était resté chrétien très profondément. […] Cela sans aucune espèce d’excitation passionnelle, ni de suggestion d’orgueil, simplement par droiture d’esprit, rectitude de conscience et délicatesse de cœur. […] Cet homme qu’il coudoyait, et qui raisonne si mal, blessait tellement son esprit logique, son raisonnement toujours serré et précis, qu’il le trouvait haïssable, qu’il le prenait pour une espèce de monstre étrange, de Caliban inquiétant, et de là à le traiter de gorille on voit très bien la pente inévitable, encore que je croie qu’il eût fallu l’éviter. […] Du reste, déjà, aucune espèce de psychologie.

1740. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Quel étouffoir pour toute espèce de talent !  […] Hermant a voulu placer « l’armée très haut » et parler « du régiment avec cette espèce de religion passionnée qu’il inspire à tous ceux qui ont eu l’honneur de porter l’uniforme ». […] Par là, il est presque unique, car le naturel dans l’art est ce qu’il y a de plus rare ; je dirai presque que c’est une espèce de merveille. […] Quand il entrait dans une maison amie, son premier soin était de dépouiller l’espèce de souquenille à grands carreaux qui le rendait ridicule. […] L’ami était un bretteur de la pire espèce qui avait des démêlés avec le guet et causa quelques désagréments au jeune chevalier.

1741. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je ne vous parle point de quelques productions réellement trop pitoyables malgré l’espèce de succès qui a signalé leur entrée dans le monde. […] En vérité je l’ignore ; mais ce que je sais, c’est que l’homme qui ne goûte pas Raphaël, et moi, sommes deux êtres d’espèces différentes ; il ne peut y avoir rien de commun entre nous. […] Auger, je n’ai parlé que du théâtre 28) sont de quatre espèces : 1º Les vieux rhéteurs classiques, autrefois collègues et rivaux des La Harpe, des Geoffroy, des Aubert ; 2º Les membres de l’Académie Française, qui, par la splendeur de leur titre, se croient obligés à se montrer les dignes successeurs des impuissants en colère qui jadis critiquèrent le Cid ; 3º Les auteurs qui au moyen de tragédies en vers font de l’argent, et ceux qui par leurs tragédies, et malgré les sifflets, obtiennent des pensions.

1742. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

En effet, dans son principal ouvrage contre les quiétistes20, Bossuet cite un certain nombre de passages des mystiques orthodoxes où il est question, en termes assez énigmatiques, de la suppression des « discours » pendant la « pure contemplation » ou dans l’« oraison de transport », qu’il appelle lui-même « une espèce d’extase » ; cet état d’âme, Bossuet ne le connaît pas par lui-même ; il en cherche dans les textes autorisés une définition précise, qui puisse être opposée aux fausses descriptions des quiétistes ; or voici quelques-unes de ses citations : un confesseur de sainte Thérèse rapporte que l’oraison de cette sainte « était de faire cesser les discours par intervalles pour la présence de Dieu » ; le même Père ajoute que « ce silence de l’âme et cet arrêt attentif en silence ne fait pas cesser de tout point les actes des puissances (de l’âme), parce que cela est impossible » ; la Mère de Chantal « réduisait la suppression des actes de discours… au temps de l’oraison ». […] Voici le passage entier : « Je crois qu’un enfant qu’on aurait nourri en pleine solitude, éloigné de tout commerce, — qui serait un essai malaisé à faire, — aurait quelque espèce de parole pour exprimer ses conceptions. […] I, Ed. du Cerf, 1984, p. 739 : l’article 7 de la question 84 cité par Egger porte sur la question suivante : « l’intellect peut-il avoir une connaissance en acte, au moyen des espèces intelligibles qu’il possède, sans recourir aux images ? 

1743. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Sainte-Beuve n’a jamais cherché à remonter plus haut dans sa généalogie ; il ne se croyait pas noble, et s’il a voulu, il y a quelques années, s’assurer de la particule paternelle, qui a été omise devant son nom sur son propre acte de naissance à lui-même, deux mois et demi après la mort de son père, s’il a écrit en 1805 à M. le maire de Moreuil qui a bien voulu lui communiquer très obligeamment le document nécessaire, avec les extraits de naissance de ses oncles et tantes, c’est qu’il avait besoin de faire constater le vrai nom de son père pour la régularisation d’un acte notarié (il s’agissait, s’il m’en souvient bien, car il est bon de préciser pour faire taire les malveillants de plus d’une espèce, d’une rente perpétuelle provenant de sa mère à Boulogne-sur-Mer). — Sur l’acte de mariage de ses parents, qui est daté du 30 ventôse an XII de la République (21 mars 1804, — déjà Napoléon perçait sous Bonaparte), M. de Sainte-Beuve père est bien positivement appelé citoyen Charles-François de Sainte-Beuve, ce qui expliquerait à la rigueur que le de peut faire partie du nom sans impliquer nécessairement la qualité nobiliaire. — Mais M.  […] C’est une espèce de satire ou conte à l’adresse d’un écrivain bien oublié aujourd’hui, Mme de Genlis, et qui venait de publier alors Les Arabesques mythologiques, — «  avec figures », a bien soin d’ajouter, dans un petit Avertissement, l’auteur de la satire que j’ai sous les yeux.

1744. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Nulle part comme dans la Princesse de Clèves, les contradictions et les duplicités délicates de l’amour n’ont été si naturellement exprimées : « Mme de Clèves avoit d’abord été fâchée que M. de Nemours eût eu lieu de croire que c’étoit lui qui l’avoit empêchée d’aller chez le maréchal de Saint-André ; mais, ensuite, elle sentit quelque espèce de chagrin que sa mère lui en eût entièrement ôté l’opinion… » — « Mme de Clèves s’étoit bien doutée que ce prince s’étoit aperçu de la sensibilité qu’elle avoit eue pour lui ; et ses paroles lui firent voir qu’elle ne s’étoit pas trompée. […] elle ne vous écriroit pas deux lignes en dix ans ; elle sait faire ce qui l’accommode, elle garde ses aises et son repos, et, du milieu de cette indolence, surveille très-bien de l’œil son crédit. » Gourville, avec qui Mme de La Fayette eut le tort d’en user trop longtemps sans réserve, comme on fait d’un ami sûr, a écrit d’elle quelque chose en ce sens, et plus malicieux. — Lassay, dans les espèces de Mémoires qu’il a fait imprimer, intente aussi toute une accusation contre Mme de La Fayette, en tant qu’intéressée et sachant prendre ses avantages : mais, pour se prononcer, il faudrait avoir pu entendre les deux sons.

1745. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Recherché par elles pour sa jeunesse, récompensé pour son talent, redouté pour ses épigrammes, il était le modèle et l’envie des jeunes débauchés de Rome, une espèce d’Alcibiade latin, un Voltaire dans sa jeunesse, à l’époque où Voltaire, étourdi, satiriste et libertin, vivait dans la société des Vendôme, des Ninon de l’Enclos, des Chaulieu et des abbés Courtin, ces épicuriens du Temple à Paris. […] Quand on est à Tibur, aujourd’hui Tivoli, à deux heures de Rome, au sommet de la colline, tout près du temple gracieux de la sibylle et des ruines de la villa de Mécène, on voit à sa droite les groupes de montagnes de ce qu’on appelle la Sabine ; la Sabine est une espèce d’Auvergne ou de Savoie romaine.

1746. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Et, comme toute espèce a quelque propriété qui la distingue essentiellement, aussi l’homme en a-t-il une, mais bien plus excellente ; si c’est parler convenablement, que de parler ainsi de notre âme, qui est d’un ordre tout à fait supérieur, et qui, étant un écoulement de la divinité, ne peut être comparée, l’oserons-nous dire, qu’avec Dieu même. […] Or, si le bonheur de chaque espèce consiste dans la sorte de perfection qui lui est propre, le bonheur de l’homme consiste dans la vertu, puisque la vertu est sa perfection. » X Les Entretiens sur la nature des dieux suivirent les Tusculanes.

1747. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Aujourd’hui, voici la troisième étape : on nie le dramaturge, — on accuse l’homme d’avoir méprisé les Maîtres classiques : attendons qu’à Paris, un, au moins, des drames Wagnériens ait été représenté, — et que les œuvres critiques de Wagner aient été publiées… — Wagner disait que, avant lui, l’Allemagne n’avait pas eu de musique (un critique l’a écrit, il y a quinze jours) ; — Wagner a grossièrement et bêtement, insulté Bach (le même critique l’affirmait) : et la folle vanité de Wagner est, toujours, dans ces espèces de feuilletons, le refrain. […] Alors, comme j’aurai lieu de redouter que la furie de leur enthousiasme — qui sera sans exemple dans les fastes de notre espèce, — ne nuise à l’intensité de l’impression qu’avant tout doit laisser Ma Mu-sique, je pousserai l’impudence jusqu’à DÉFENDRE D’APPLAUDIR !

1748. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Il a poussé à l’extrême — car il est de l’espèce des génies excessifs — toutes les qualités et tous les défauts d’une race qui, après avoir écrit le premier Faust, croit devoir écrire le second, et à qui il ne faut pas moins de trois tragédies pour mettre en scène l’histoire de Wallenstein. […] Oui, j’en suis persuadé, une gloire aussi grande que légitime, une gloire d’une espèce nouvelle, est réservée en France au musicien de génie, — car, du génie, il en faut toujours un peu, — qui, le premier, s’étant profondément imprégné de la double atmosphère musicale et poétique éparse dans nos légendes et dans nos chansons, et, le premier aussi, ayant accepté de la théorie wagnérienne tout ce qu’elle a de compatible avec l’esprit de notre race, réussira enfin, seul ou aidé par un poète, à délivrer notre opéra des entraves anciennes, ridicules ou démodées.

1749. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Un mot est une abstraction ; l’art littéraire ne peut être que l’art des abstractions ; un mot ne représente pas un objet, il représente une généralisation ; le mot « arbre » est un mot abstrait, étant collectif, le mot « grandeur » est abstrait, étant qualificatif ; un « arbre » n’existe pas plus que de la « grandeur », il ne désigne à l’esprit rien de concret ; car quelle espèce d’arbre exprime-t-il ? et si l’on précise l’espèce, et si l’on énumère les feuilles, l’on ne fait qu’accumuler les qualificatifs ; dans « arbre » il n’y a rien autre que a-r-b-r-e ; les mots sont les signes des idées ; les signes des objets sont de la peinture ; quiconque sous les mots voit les objets, transpose ; une phrase n’est qu’une combinaison d’abstractions, et les mots ne sont que des mots.

1750. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Le rire est une des mauvaises facultés de notre espèce ; c’est l’expression du dénigrement, de la moquerie, de la vanité cachée, et d’une maligne satisfaction de nous-mêmes en surprenant nos semblables en flagrant délit de ridicule. […] Les dieux, c’est-à-dire les génies intermédiaires qui habitent une espèce d’Olympe indien au dernier étage des monts Himalaya, veulent assister par délassement à ce concours des prétendants.

1751. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

L’esprit divin, incréé, illimité, infini, tout-puissant et tout parfait, si nous appliquons ce mot à Dieu, l’Être des êtres ; l’esprit créé, borné, fini, impuissant et imparfait, si nous appliquons ce mot à l’âme de la nature, à l’âme de l’homme, ou à toutes les autres espèces d’âmes dont il a plu à Dieu de douer les différents êtres sortis de sa création à divers degrés. […] À l’exception de Corneille, de Racine, de la Fontaine, de Pascal, de Nicolle, de Boileau, de Saint-Simon, presque tous les grands fondateurs du style sont des écrivains ou des orateurs sortis du sanctuaire ; et encore Racine, Pascal, Nicolle, Boileau, Saint-Simon lui-même, étaient-ils des espèces de lévites affiliés à la secte ecclésiastique et ascétique de Port-Royal, cette solitude sacrée des esprits absorbés dans les méditations de la foi.

1752. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

C’est la lime sourde de tous les préjugés populaires, de quelque espèce qu’ils soient. […] C’est en étudiant l’histoire naturelle que les élèves apprendront à se servir de leurs sens, art sans lequel ils ignoreront beaucoup de choses, et ce qui est pis, ils en sauront mal beaucoup d’autres : art de bien employer les seuls moyens que nous ayons de connaître ; art dont on pourrait faire d’excellents éléments, préliminaires de toute espèce d’enseignement.

1753. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Arondel Un grand entassement de gibier de toute espèce. — Ce tableau, mal composé, et dont la composition a l’air bousculé, comme si elle visait à la quantité, a néanmoins une qualité très-rare par le temps qui court — il est peint avec une grande naïveté — sans aucune prétention d’école ni aucun pédantisme d’atelier. — D’où il suit qu’il y a des parties fort bien peintes. — Certaines autres sont malheureusement d’une couleur brune et rousse, qui donne au tableau je ne sais quel aspect obscur — mais tous les tons clairs ou riches sont bien réussis. — Ce qui nous a donc frappé dans ce tableau est la maladresse mêlée à l’habileté — des inexpériences comme d’un homme qui n’aurait pas peint depuis longtemps, et de l’aplomb comme d’un homme qui aurait beaucoup peint. […] — Eve tient ses deux enfants sur un genou et leur fait une espèce de panier avec ses deux bras. — La femme est belle, les enfants jolis — c’est surtout la composition de ceci qui nous plaît ; car il est malheureux que M. 

1754. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Je tâcherai de le faire ici, non pas en zigzag, mais avec suite et méthode, de manière à montrer à tous en quoi consistent l’innovation et l’espèce de découverte réelle du charmant artiste genevois.

1755. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Ce paysan, ce fils de fermier, arrivé de son village, beau garçon de dix-neuf ans, entré comme domestique chez son seigneur, une espèce d’enrichi ; puis rencontré sur le Pont-Neuf par la dévote Mlle Habert, beauté de plus de quarante-cinq ans, dont il devient le mari après quatre ou cinq jours, passe presque aussitôt à l’état d’homme comme il faut, à qui il ne reste qu’un peu de gaucherie et de rouille provinciale ; et encore la secoue-t-il bien lestement.

1756. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

En ce temps-là, le gouvernement de Venise n’était plus ce qu’il avait été autrefois ; le doge ne représentait plus cette espèce de monarque électif visant à l’hérédité, nommant les magistrats, décidant à peu près souverainement de la paix ou de la guerre, et qui, avec un peu d’art, faisait agréer à rassemblée générale du peuple ses résolutions à l’avance arrêtées.

1757. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

À défaut de la pension royale, le président avait un jour voulu faire présent à Scaliger d’une bourse où il y avait mille écus en espèces, mais le savant par délicatesse les avait refusés.

1758. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

C’est donc de Regnier, c’est de Rabelais que Saint-Amant relève, et il se rattache à eux par le côté qui n’est certes pas le plus délicat ; mais il ne déshonore pourtant point la parenté par l’entrain et l’espèce de fureur poétique qu’il porte en ces sujets de goinfrerie et de débauche.

1759. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

., espèce de poète-orateur-philosoplie philologue ambulant, de professeur errant, partout dès l’abord s’annonçant avec éclat, mais se relâchant vite, et soutenant mal son premier feu.

1760. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Chaque sujet de l’histoire littéraire, traité de la sorte et soumis à cette espèce de réactifs, chaque nom célèbre d’écrivain, remis en question, retourné et comme refondu dans ce moule, va devenir nouveau.

1761. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

dans cette espèce de duel à armes égales avec le suprême antagoniste ?

1762. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

On assemble à l’instant les plus habiles chimistes, et on leur enjoint d’analyser les eaux-de-vie dans la journée même, d’indiquer l’espèce de poison et le remède.

1763. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Le prodige est qu’en très peu de temps la dévotion et la grâce en firent un autre homme, et changèrent tant et de si redoutables défauts en vertus parfaitement contraires… » Saint-Simon, en d’autres endroits, ajoute des détails encore plus significatifs sur les fougues et les passions du jeune prince, ses instincts précoces de libertinage, ses penchants effrénés pour toute espèce de volupté, son goût même pour le vin, son infatuation de lui-même et de ce qu’il était né, et son parfait mépris de tout ce qui l’entourait : — tout cet abîme enfin, d’où il sortit après des années un autre homme au moral, méconnaissable en bien et régénéré.

1764. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

que l’on comprend qu’une telle femme ait inspiré, dans l’espèce de disgrâce qui précéda son avénement à l’empire, des sentiments si répandus, si dévoués, si prêts à tout !

1765. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Cet esprit supérieur, que la France n’apprécia pas assez de son vivant, que la jeunesse vers la fin insultait à plaisir, qui ne s’appliquait point en effet à plaire, et qui ne craignait point du tout de choquer ou même de braver son public et son temps ; espèce de Royer-Collard dans sa sphère, ennemi aussi de la démocratie dans l’art, mais non point respecté comme l’autre, et qui semblait même jouir de son impopularité, M. 

1766. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Ceci me mène à caractériser l’esprit, le genre, l’espèce de talent.

1767. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Étienne, tu seras un critique. » On sent de quelle espèce de critique entendait parler le maître : artiste manqué, critique par pis aller.

1768. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Bossuet, qui tire tout à lui, a voulu y voir, de la part du plus sage des philosophes, une espèce de pressentiment divin, une manière de prédiction sans le savoir.

1769. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Il trouve Salammbô endormie dans une espèce de hamac ; il s’approche, elle s’éveille à la clarté trop vive d’une gaze qui prend feu et s’éteint au même instant ; elle croit d’abord à quelque apparition céleste : ce voile si rêvé, si désiré d’elle, Mâtho, comme s’il avait deviné sa pensée, le lui apporte, le lui montre dans sa splendeur ; il est tout près de l’en envelopper.

1770. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Sa maison seule, qui est fort belle, ses escaliers ornés de statues d’un goût parfait, la beauté de ses tableaux, la profusion des dessins qu’on trouve jusque dans ses antichambres, et les raretés de toute espèce et de tous les siècles qu’on rencontre à chaque pas, auraient suffi pour m’apprendre que j’entrais chez le prince de la littérature allemande.

1771. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il courait de là tout autour, par les sites montueux, avec une joie sauvage, pleine de vertige et d’ivresse, et comme un Oberman, mais un Oberman qui veut être consolé : « Mon premier sentiment, dans ma retraite ignorée, fut une espèce de joie de me trouver enfin délivré des agitations de la vie sociale.

1772. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Cette tentative, qui n’est point la seule de son espèce et qui se rattache à tout un mouvement provincial en faveur des anciens idiomes ou patois, vaut pourtant la peine qu’on la remarque, et peut prêter à quelques réflexions.

1773. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Cette espèce de rendez-vous à prochaine échéance qu’il n’hésitait pas à donner à l’âme de Loyson se trouva heureusement fort ajournée : mais il est juste de dire que, s’il tarda de près d’un demi-siècle à le rejoindre, il ne l’oublia jamais ; il aimait à s’en entretenir avec nous ; il provoquait notre ami M. 

1774. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

On l’a remarqué avec justesse, depuis son Louis XI jusqu’à son Luther il céda plus ou moins de terrain à l’invasion, et, s’il dissimula avec habileté l’espèce de violence qu’il se faisait, il est permis de croire, du moins, que ce fut une violence.

1775. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Trousseau en exprima l’intérêt, même au point de vue médical pur, dans les pages savoureuses qui ouvrent le recueil de ses magistrales cliniques : « Que les nosologies soient utiles à celui qui commence l’étude de la médecine, j’y consens au même titre qu’une clef analytique est assez bonne, au même titre que le système si faux de Linné peut être fort utile à celui qui essaie l’étude de la botanique ; mais, Messieurs, si vous connaissez assez pour pouvoir reconnaître, permettez-moi cette espèce de jeu de mots, hâtez-vous d’oublier la nosologie, restez au lit du malade, cherchant sa maladie comme le naturaliste étudie la plante en elle-même dans tous ses éléments.

1776. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Je ne pense pas que l’espèce humaine ait rétrogradé pendant cette époque ; je crois, au contraire, que des pas immenses ont été faits dans le cours de ces dix siècles, et pour la propagation des lumières, et pour le développement des facultés intellectuelles.

1777. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

. ; et nouvellement encore, une foule de découvertes utiles en physique les ont associés au perfectionnement intellectuel de l’espèce humaine.

1778. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Ceux qui sous un tel ordre de choses sont nés dans la classe privilégiée, ont à quelques égards beaucoup de données utiles ; mais d’abord la chance des talents se resserre, et à proportion du nombre, et plus encore, par l’espèce de négligence qu’inspirent de certains avantages ; mais quand le génie élève celui que les rangs de la monarchie avaient déjà séparé du reste de ses concitoyens, indépendamment des obstacles communs à tous, il en est qui sont personnels à cette situation ; des rivaux en plus petit nombre, des rivaux qui se croient vos égaux à plusieurs égards, se pressent davantage autour de vous, et lorsqu’on veut les écarter, rien n’est plus difficile que de savoir jusqu’à quel point il faut se livrer à la popularité, en jouissant de distinctions impopulaires ; il est presqu’impossible de connaître toujours avec certitude le degré d’empressement qu’il faut montrer à l’opinion générale : certaine de sa toute puissance, elle en a la pudeur, et veut du respect sans flatterie ; la reconnaissance lui plaît, mais elle se dégoûte de la servitude, et rassasiée de souveraineté, elle aime le caractère indépendant et fier, qui la fait douter un moment de son autorité pour lui en renouveler la jouissance : ces difficultés générales redoublent pour le noble, qui dans une monarchie veut obtenir une gloire véritable ; s’il dédaigne la popularité, il est haï : un plébéien dans un État démocratique, peut obtenir l’admiration en bravant la popularité ; mais si un noble adopte une telle conduite dans un État monarchique, au lieu de se donner l’éclat du courage, il ne ferait croire qu’à son orgueil ; et si, cependant, pour éviter ce blâme, il recherche la popularité, il est sans cesse près du soupçon ou du ridicule.

1779. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Ce fut une joie pour la princesse qui aimait beaucoup cette espèce de gibier  Le maigre, qui occupait tant Madame Victoire, l’incommodait ; aussi attendait-elle avec impatience le coup de minuit du samedi saint.

1780. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Par contrecoup la même dégradation et la même réduction s’opèrent dans les événements moraux ; au plus haut degré de complication, ils constituent les images, les sensations proprement dites et ces sensations rudimentaires que dénote l’action réflexe ; aux degrés suivants, ils sont encore des événements de la même espèce, mais moins composés, et ainsi de suite, leur complication diminuant avec celle du mouvement moléculaire, tant qu’enfin, au degré le plus simple de l’événement physique, correspond le degré le plus simple de l’événement moral.

1781. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Une espèce de tribune, surmontée d’une galerie, s’élevait au-dessus de l’escalier.

1782. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Mme de Staël prétend aussi, « en parcourant les révolutions du monde et la succession des siècles », manifester la loi de « la perfectibilité de l’espèce humaine ».

1783. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Beaucoup de pensées de cette espèce commencent ainsi : Il y a une douceur secrète… Il y a je ne sais quel charme… Il y a un plaisir délicat… Par exemple : Il y a un plaisir délicat, pour un bel homme, à respecter la femme de son ami.

1784. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Ce n’est pas une vérité d’application journalière, soit ; mais n’y en a-t-il que de cette espèce ?

1785. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Le paradis eût été, en effet, transporté sur la terre, si les idées du jeune maître n’eussent dépassé de beaucoup ce niveau de médiocre bonté au-delà duquel on n’a pu jusqu’ici élever l’espèce humaine.

1786. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

C’est que toutes les fois qu’il se présente, il éveille un nombre infini d’idées de ces individus ; et comme il les éveille en combinaison étroite, il en forme une espèce d’idées complexe. » « De là résulte que le mot homme n’est ni un mot répondant à une simple idée, ce qui était l’opinion des réalistes ; ni un mot ne répondant à aucune idée, ce qui était l’opinion des nominalistes ; mais un mot éveillant un nombre infini d’idées, par les lois irrésistibles de la sensation et en formant une idée très complexe et indistincte, mais non pas intelligible pour cela. » C’est dans le but de dénommer, et de dénommer avec une plus grande facilité, que nous formons des classes : et c’est la ressemblance qui, quand nous avons appliqué un nom à un individu, nous conduit à l’appliquer à un autre et à un autre, jusqu’à ce que le tout forme un agrégat, lié par le commun rapport de l’agrégat à un seul et même nom.

1787. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Si jamais, ce qu’il n’est pas permis de croire, notre théologie devenait une langue morte, et s’il arrivait qu’elle obtînt, comme la mythologie, les honneurs de l’antique ; alors Dante inspirerait une autre espèce d’intérêt : son poëme s’élèverait comme un grand monument au milieu des ruines des littératures et des religions : il serait plus facile à cette postérité reculée de s’accommoder des peintures sérieuses du poëte7, et de se pénétrer de la véritable terreur de son Enfer ; on se ferait chrétien avec Dante, comme on se fait païen avec Homère.

1788. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Elle le décida à venir en litière de Glasgow à Kirk o’ Field, aux portes d’Édimbourg, dans une espèce de presbytère peu convenable pour recevoir un roi et une reine, mais très propre au crime qu’on voulait commettre.

1789. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

L’abbé Edgeworth, en leur donnant ses soins, avait contracté cette maladie, une espèce de typhus ; et c’est en ces circonstances extrêmes que Mme d’Angoulême ne voulut jamais l’abandonner : « Moins il a connaissance de ses besoins et de sa position, disait-elle, plus la présence d’une amie lui est nécessaire… Rien ne m’empêchera de soigner moi-même l’abbé Edgeworth ; je ne demande à personne de m’accompagner. » Elle voulait lui rendre, autant qu’il était en elle, ce qu’il avait apporté de consolation et de secours à Louis XVI mourant.

1790. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Une autre remarque plus frappante porterait sur l’espèce de conseil que le digne Marmontel donne à ses enfants en leur présentant ce triste exemple de l’ambition politique.

1791. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Thomas, malade de la poitrine, était allé prolonger sa vie aux rayons du soleil de Provence ; Ducis, pendant ce temps, et au lendemain du succès du Roi Léar, était cruellement frappé dans son bonheur domestique : il perdait ses deux filles, il avait perdu sa première femme ; il ne lui restait plus que sa mère, et il remarquait à ce sujet, en faisant un retour sur lui-même et en se comparant à son ami Thomas, soigné par sa sœur : Il y a une espèce d’hymen tout fait entre les sœurs qui ne se marient pas et les frères libres et poètes, un recommencement de maternité et d’enfance entre les mères veuves et leurs fils poètes, sans engagements.

1792. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

L’intérêt de la Pennsylvanie était alors, en effet, que la Couronne intervînt plus directement qu’elle ne faisait dans l’administration coloniale, et qu’elle affranchît le pays de cette espèce de petite féodalité qui renaissait au profit d’une famille.

1793. (1903) Zola pp. 3-31

Du reste, déjà, aucune espèce de psychologie.

1794. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Dans cette longue énumération que nous donne Bacon des diverses espèces de faits, que l’on peut trouver longue sans doute, mais qui est semée des vues les plus pénétrantes, il en est un certain nombre qui méritent particulièrement considération, par exemple les faits fortuits.

1795. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Vergniol me reconnaît toute espèce d’autorité.

1796. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les sociétés humaines se régénèrent et renaissent pour commencer une nouvelle vie, après avoir passé par des périodes assez peu en rapport avec celles qui amènent la mort de l’homme, et surtout sa renaissance ; car ici finit toute espèce d’analogie : la perpétuité des sociétés humaines et l’immortalité de l’être spirituel n’ont aucune ressemblance, l’une étant placée dans le temps et dans la sphère du monde sensible, l’autre s’élançant hors des limites du temps et dans la sphère infinie d’un monde où ne règnent que les lois de l’intelligence.

1797. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Ce qu’il y a de plus nécessaire c’est que l’espèce humaine soit honorée et perfectionnée.

1798. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Monsieur et Madame me firent l’effet des Caractères d’un petit La Bruyère… mauvais sujet, — d’une espèce de La Bruyère qui connaissait les femmes, non pas « entre tête et queue », comme les connaissait et voulait qu’on les prît La Bruyère, mais qui les prenait avec la tête et avec la queue, et Dieu sait si la queue est un endroit par lequel on puisse les prendre à présent !

1799. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Lorsque, après avoir compté les livres et les connaissances que possédait Abailard, il arrive à la phrase de Porphyre qui contient le problème des genres et des espèces, et qu’il y voit en germe la scolastique entière, il ne peut se contenir.

1800. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Ce dernier poème, plus satirique réellement qu’héroï-comique, me donna lieu de discerner une sous-division dans l’espèce des épopées légères, séparées par une distinction tranchante de l’épopée entièrement noble et héroïque. […] Ce combat de religions ennemies va mettre en présence des divinités de toute espèce. […] Le latin désigne deux espèces d’armes dont Nisus se servait : Jaculo…… levibusque sagittis . […] Supposer que le génie peut monter de progrès en progrès à un plus haut point, c’est s’imaginer que la création n’a point limité la justesse des proportions qui composent l’ensemble des êtres parfaits en leur espèce, et que le plus beau des hommes du temps passé ne put atteindre à la perfection des formes qui embelliront les hommes à venir. […] Non seulement tout ce qui constitue l’Iliade est utile, indispensable, dans les membres communs de la fable et dans les liens ordinaires des discours, mais encore ces deux autres espèces de nécessaire et de vraisemblable extraordinaires, qui tiennent au grand ordre idéal des fictions, y sont si bien employées que l’incroyable y paraît simple, et que l’imaginaire y semble réel.

1801. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Il est étonnant, à ce propos, que Nietzsche, si passionnément amoureux de la beauté grecque, ait si violemment accusé Wagner de tourner le dos au pays de la beauté et du soleil et d’être une espèce de barbare septentrional. […] Asa Gray, à savoir que c’est la doctrine de la fixité des espèces qui est relativement récente et la doctrine transformiste, plus ou moins précise, qui est ancienne, comme on le voit par saint Thomas, saint Bonaventure, Albert le Grand, saint Augustin, lesquels ne sont rien autre que des model evolutionists. […] Différenciation n’est pas nécessairement progrès ; passage de l’homogène à l’hétérogène n’est pas nécessairement progrès ; sélection naturelle et survivance des plus aptes ne sont pas progrès, point du tout ; mais simplement conditions nécessaires à la conservation des races et espèces. […] Pendant ce temps c’était dans la maison dissipation de toute espèce. […] N’est-ce pas eux qui, par des exclusions de toute espèce, portent atteinte à nos droits… Ça continue ; mais cette fois c’est de la vraie éloquence, nerveuse, vigoureuse, directe, emportée et entraînante.

1802. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Des cris d’angoisse venaient de là-haut, de cette espèce de grappe humaine suspendue. […] Il avait retrouvé une espèce de son de la gorge, un râlement qui sortait encore, perdu dans tous les grands bruits des choses. […] Et l’étouffement croissait, l’air refoulé par l’eau se comprimait dans l’espèce de cloche où ils se trouvaient enfermés. […] Il y eut une espèce de trouée, dont le Flamand profita pour courir au rivage. […] Puis, j’ai trouvé qu’il y aurait en cela une espèce de profanation.

1803. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Il en sortait de partout, des fauteuils et des loges, et la plupart, fredonnant la ballade de Nélusko, franchissant lestement, en habitués, l’espèce d’antichambre qui mène de la salle à la scène. […] Là-dedans des hommes en paletot et en chapeau rond, aux apparences de plumitifs besogneux, et des femmes en tenue de « brûleuse de maison », les mains enfoncées dans de vieux manchons : des espèces de larves bourgeoises se mouvant dans une sorte d’obscurité fantastique. […] Il y en avait un surtout qui paraissait transi ; il traînait une espèce de bazar portatif qu’il étalait devant nous, et s’obstinait à nous vendre à des prix extravagants des colliers en pâle odorante et des babouches. […] Le moine est devenu un voleur, bandit de la grande espèce. […] La nuit ne m’apportait que de la fatigue, je ne faisais pas deux pas sans éblouissements, je ne pouvais écrire sans avoir la tête fendue ; mais quand je m’arrêtais à mes rêveries, ma tête travaillant beaucoup sans fatigue, je faisais des plans de toute espèce, j’entreprenais de tout.

1804. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

On y sent comme une logique et une revanche ; elles accusent quelque chose de pourri dans l’état social, et le criminel semble promener sur sa route comme une espèce de justice. » Telle est la théorie de M.  […] Daudet a tenu à établir qu’il ne pouvait être qu’une dégénérescence de l’espèce, et qu’il ne prenait ses origines que dans des cerveaux malades ou déséquilibrés, relevant des cliniques ouvertes aux névropathes. […] Il nous faut maintenant nous représenter ces aimables personnes sous les espèces de pharmaciennes endiablées confectionnant des mixtures corrosives d’où les tissus de toile et de coton sortent à l’état de trous d’une blancheur d’ailleurs immaculée — telles des toiles d’araignées sous le givre matinal. […] Non seulement elle lançait de mon côté ce flot impétueux de paroles qui lui est habituel, mais à chaque instant elle m’adressait des espèces d’interrogations, des “N’est-ce pas ?” […] Criminopolis « Les criminels sont, pour la plupart, des déments d’une espèce particulière que nous devons mettre dans l’impossibilité de nuire, mais dont nous avons le devoir étroit de tenter la guérison. » Tel est le sentiment de M. 

1805. (1927) Des romantiques à nous

Sur le front du directeur, la grâce touchante du sujet individuel faisait naître un sourire qui tempérait l’habituelle et insondable sévérité de son regard sur l’espèce. […] Pourquoi l’espèce n’en saurait-elle renaître ? […] Ainsi, ce problème des problèmes, qui a troublé, qui a jeté dans des abîmes de méditation tous les grands penseurs qu’une foi dogmatique ne fixait point, et jusqu’à Voltaire lui-même, ce problème qui a soulevé d’une émotion sacrée un Goethe, un Lamartine, tous les grands poètes modernes, et auquel ces beaux génies ont répondu par une affirmation qu’ils craignaient seulement de trop limiter par les mots humains, il s’est formé une espèce de concert entre un grand nombre de ces braves gens du primaire, hommes de demi-éducation et de trop courte expérience intellectuelle, exagérément frappés des dernières nouvelles de Hœckel ou de Letourneau, pour le trancher par la négation autoritaire ou par le silence. […] Et je reconnais que cette vitalité et cette espèce d’abstraction sont deux caractères que la logique ne concilie pas facilement. […] Il attestait quelque chose d’étrange : la vigueur, une espèce de force écrasante dans l’infertilité.

1806. (1886) Le naturalisme

Le salon de l’hôtel de Rambouillet se forma, où l’on causait avec un esprit apprêté, en quintessenciant le style, en raffinant à l’envi, et où pleuvaient des madrigaux, des acrostiches et toutes espèces de vers galants. […] Sa première œuvre, — un essai intitulé Novembre, qui ne fut pas imprimé, excepté, —la Tentation de saint Antoine, espèce d’auto-sacramental semblable à l’Ahasvérus d’Edgar Quinet. […] Les longs cheveux, les traits fins, expressifs, plutôt décharnés, les costumes fantaisistes, les yeux flamboyants, le port altier et songeur à la fois sont des traits communs à l’espèce. […] La loi de transmission héréditaire qui imprime des caractères indélébiles aux individus dans les veines desquels court un même sang, la loi de la sélection naturelle, qui élimine les organismes faibles et conserve ceux qui sont forts et propres à la vie ; la loi de la lutte pour l’existence qui remplit un rôle analogue ; la loi de l’adaptation qui approprie les êtres organiques au milieu dans lequel ils vivent, en somme, toutes les lois qui forment le corps des doctrines évolutionnistes prêchées par l’auteur de l’Origine des espèces, ont leur application dans les romans de Zola. […] Ils ont vu le jour dans l’enclos où Darwin croisa des individus d’une même espèce zoologique pour les modifier, dans le laboratoire où Claude Bernard effectua ses expériences et où Pasteur étudia les fermentations empoisonnées et le mode grâce auquel une seule et microscopique bactérie infectionne et décompose un grand organisme : l’idée de Nana.

1807. (1925) Portraits et souvenirs

  N’y a-t-il pas, en effet, pour l’écrivain, une espèce de point d’honneur à réunir ainsi des pages quelque peu improvisées et à se pouvoir prouver à soi-même que, son travail, quoique hâtif n’est pas tout à fait indigne, au moins, de sa propre estime ? […] Il savait le nom de toutes celles de nos jardins, de nos prés et de nos bois, de nos bois, où il connaissait toutes les espèces et toutes les essences. […] Il m’a toujours paru résulter de cette constatation que le jugement à porter sur un ouvrage de poésie exigerait, pour être à la fois impartial et compétent, une espèce de dédoublement. […] Que d’appareils plus ou moins baroques, de machines plus ou moins bizarres furent inventés et calculés pour doter notre espèce terrestre de la prodigieuse faculté que nous refusait notre pesanteur et que nous interdisait notre nature ! […] »   Leconte de Lisle n’ajoutait pas s’il avait laissé ses amis croire à une pose de sa part, où s’il leur avait avoué par quel étrange chemin il s’était rendu de la rue de Rohan à la rue des Beaux-Arts, et la singulière hallucination à laquelle il avait été en proie, hallucination où s’ajoutait, du reste, une preuve matérielle, par quoi elle dépasse la portée des phénomènes analogues et qui en ferait plutôt un cas de lévitation d’une espèce très particulière, mais rentrant en somme dans un ordre de prodiges naturels, scientifiquement observés, tels que M. 

1808. (1929) Dialogues critiques

On ne se fabrique une espèce de pouvoir, artificiel dans ses origines mais réel en fait, que pour monnayer ses faveurs et placer des services à gros intérêts. […] Ils sont encore inférieurs aux politiciens, qui conservent une espèce de bon garçonnisme.

1809. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

La réverbération du soleil contre les parois de marbre de la vallée incendiait l’air respirable ; nous cherchâmes, vers le milieu du jour, un abri sous un vaste caroubier, espèce d’oranger sauvage et gigantesque qui affecte la régularité immobile de l’oranger taillé par la main de l’homme, qui porte des fèves succulentes pour les chevaux du désert, et qui verse, de son dôme touffu et toujours vert, une ombre imperméable au soleil de midi. […] Tout cela lui parut ou trop abstrait, ou trop conventionnel, ou trop mystique, ou trop sensuel : il conçoit, plus près de terre, une félicité rurale et domestique plus accessible à l’universalité de l’espèce humaine, félicité fondée non sur les chimères d’esprit ou de cœur, mais sur les instincts innés de l’homme et sur les réalités péniblement douces de la vie.

1810. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Entré dans une espèce d’université militaire à Stuttgart, Schiller, d’un extérieur alors grêle, pâle, maladif, commença sa vie par la tristesse, et conçut une révolte secrète contre la servitude disciplinaire à laquelle les élèves de cette école étaient assujettis. […] Il considérait, en patriarche de Canaan ou en brahmine de l’Inde, la femme comme une créature inférieure en force et en dignité à l’homme ; elle n’était à ses yeux que la plus charmante décoration de la nature, un appât à la perpétuation de l’espèce humaine, une source de plaisir sacré, et surtout une esclave chargée de régner sur son maître par ses charmes supérieurs à ses droits, une servante antique de la tente arabe ou du gynécée grec, dont les fonctions consistaient à gouverner dans un bel ordre intérieur les autres agents inférieurs de la domesticité.

1811. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Pour cela je commence par dresser un Mémoire écrit avec cette espèce de coquetterie qui est nécessaire toutes les fois qu’on aborde l’autorité, surtout l’autorité nouvelle et ombrageuse, sans bassesse cependant, et même, si je ne me trompe, avec quelque dignité. […] Entrez dans cette triste analyse, examinez de tous les côtés où il est possible de blesser et de punir un homme ; vous verrez que tout est fait déjà, et qu’il n’y a plus moyen de tuer un cadavre et de frapper sur rien… Vous saisissez votre plume massive, et vous m’écrivez comme à un jeune homme qui débuterait dans le monde et qui chercherait une réputation, je pourrais même ajouter : comme à une espèce de mauvais sujet.

1812. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

On ne mutilait pas arbitrairement la nature, au grand détriment de la grandeur de la patrie et de l’espèce humaine. […] Cependant son frère, son neveu, ses affranchis, ses esclaves, espèce de seconde famille que la reconnaissance, les lois et les mœurs attachaient jusqu’au trépas aux anciens, lui représentèrent qu’un homme tel que Cicéron n’était jamais vieux tant que son génie pouvait conseiller, illustrer ou réveiller sa patrie ; que Caton, en mourant, avait éteint prématurément lui-même une des dernières espérances de la république par une impatience ou par une lassitude de vertu ; que, s’il était résolu à mourir, il ne fallait pas du moins que sa mort fût inutile à la cause des bons citoyens, qui était celle des dieux ; que, Brutus et Cassius vivant encore, et rassemblant en Afrique des légions fidèles à la mémoire de Pompée et à la république, prêtes à combattre les armées vénales des triumvirs, il devait aller rejoindre ces derniers des Romains, raviver par sa présence et par sa voix une cause qui n’était pas encore désespérée tant qu’il lui restait Cicéron et Brutus ; ou, s’il fallait périr, périr du moins avec la justice, la vertu et la liberté.

1813. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Plus tard, ce fut autre chose, lorsqu’il fallut aller nous loger à une espèce de cabaret, dans le plus obscur et le plus sale cul-de-sac de la ville. […] Dans cette espèce de lutte ouverte entre le grand-duc et lui, son honneur n’était-il pas doublement engagé ?

1814. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Mais ma joie ne fut pas de longue durée ; les choses allant de mal en pis, et chaque jour, dans cette Babylone, ôtant quelque chose au repos et à la sécurité de la veille, pour augmenter le doute et les sinistres présages qui menaçaient l’avenir, tous ceux qui ont affaire avec ces espèces de singes, et nous sommes malheureusement dans ce cas, mon amie et moi, doivent passer leur vie à craindre un dénouement qui ne peut tourner à bien. […] « C’est une espèce de tournoi qui se célèbre encore de nos jours. » (Note du traducteur.

1815. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il écrivit des ballades allemandes très romantiques, mais qui, à nous, nous paraissent trop féeriques ou trop puériles ; puis des études remarquables sur la botanique, puis des Essais sur les couleurs où il crut détrôner Newton, puis le roman de Wilhelm Meister, espèce de rêve d’un Juif errant de l’humanité, plein d’intentions souvent inintelligibles, et parsemé de réalités délicieuses telles que l’épisode de Mignon ; puis un roman apocalyptique des Affinités électives, énigme dont le mot n’est pas encore trouvé. […] pour récompense, on m’a couvert de titres de toute espèce que je ne veux pas répéter14.

1816. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Mais il y a un roman imaginaire dont les lecteurs se lassent bientôt, parce qu’il ne laisse rien dans l’esprit que des situations forcées et des combinaisons fantaisistes ; il faut une triple oisiveté dans l’âme pour persévérer dans le goût de cette espèce de roman. […] Mais il y a maintenant une autre espèce de roman qui n’invente rien, parce que le seul inventeur, c’est Dieu, mais qui raconte avec la fidélité de la vérité ce que l’histoire véridique nous a transmis par ses acteurs secondaires ; qui prend ses héros non parmi les grands hommes et les héros, mais dans les rangs les plus obscurs du peuple, et qui montre l’influence de l’ambition et de ce qu’on nomme la gloire d’un seul sur le sort de tous.

1817. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

C’est qu’il y sert la pire espèce de maîtres, les courtisans qui vivent de la faveur et des abus. Aussi, est-il de la pire espèce de valets, les valets d’un courtisan.

1818. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

On se trouve de l’esprit en lisant Molière, en lisant Dufresny on craint d’être un sot ; et comme c’est l’espèce de peur qu’on pardonne le moins, on se venge du livre en le fermant. […] Ce sont tous ensemble des individus et des types, et nous les tenons à la fois comme gens de notre espèce et comme gens de notre pays.

1819. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Ces soupçons n’atteignent jamais ceux qu’on regarde comme d’une autre espèce et avec lesquels on a définitivement renoncé à se comparer. […] Outre le fond individuel, que chacun fait valoir, il y a le cens du capital, qui, s’accumulant toujours, forme le fonds commun de l’espèce, etc. » (Voir l’admirable fragment intitulé : Ueber den Charakter der Menschheit).

1820. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Au fond il y a un manque uniforme de toute espèce de style. […] On ne conçoit pas que le poème si puissamment original de Wagner ait pu exercer une action aussi nulle et inspirer cette espèce de feuilleton rimé de petit journal.

1821. (1909) De la poésie scientifique

Et, de la même loi de concentration ici pléthorique, d’amassement pesant des vitalités suivi de délivrance, dépend la volition à deux pôles qui engendre, conserve la race et améliore l’espèce, en un troisième mouvement de l’évolution. […] « L’on peut dire de René Ghil comme du grand précurseur romantique : Il a renouvelé l’imagination, la matière poétique Française… « Il est le poète épique et lyrique du Cosmisme, de l’Ecoulement des Choses, des grands Etres indivis, stellaires et telluriques, des Espèces, de l’Humanité, des Races, des Peuples, des Morales, des Systèmes, des Sociologies améliorantes.

1822. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Une espèce de réputation littéraire. […] Il se déchaîne contre la poésie vide des Chinois, des Orientaux… À son appui vient Berthelot, un fort chimiste, un monsieur qui décompose et recompose les corps simples, une espèce de bon Dieu en chambre, quoi !

1823. (1894) Textes critiques

Je pense qu’il n’y a aucune espèce de raison d’écrire une œuvre sous forme dramatique, à moins que l’on ait eu la vision d’un personnage qu’il soit plus commode de lâcher sur une scène que d’analyser dans un livre.‌ […] De même qu’il n’y a, dit-on, que trente-six situations dramatiques et trente-deux positions amoureuses, toutes les femmes, unités de même espèce, sans quoi on ne pourrait les additionner ni collectionner, diffèrent tout au plus comme la figure des chiffres est diverse, et Don Juan n’est non plus intéressant qu’un numéroteur à quatre rochets, le dernier n’allant pas bien loin.

1824. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

. — « La forme est chose plus absolue qu’on ne pense… Tout art qui veut vivre doit commencer par bien se poser à lui-même les questions de forme de langage et de style… Le style est la clef de l’avenir… Sans le style vous pouvez avoir le succès du moment, l’applaudissement, le bruit, la fanfare, les couronnes, l’acclamation enivrée des multitudes, vous n’aurez pas le vrai triomphe, la vraie gloire, la vraie conquête, le vrai laurier, comme dit Cicéron : insignia victoriæ, non victoriam 27. » Victor Cousin, le romantique de la philosophie, et Victor Hugo, le philosophe du romantisme, servirent à la bourgeoisie l’espèce de philosophie et de littérature qu’elle demandait. […] Ils reconnurent dans Hugo, couronné de l’auréole du martyre et flamboyant des rayons de la gloire, un homme de leur espèce et plus on exaltait son dévouement au Devoir, son amour de l’idée et la profondeur de sa pensée, et plus ils s’enorgueillissaient de constater qu’il était pétri des mêmes qualités qu’eux.

1825. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

C’est le lapidaire de l’espèce ; elle taille tout, elle polit tout, elle enchâsse tout dans un cadre parfait. […] Au-dessus du bon sens il y a le génie, apanage exceptionnel d’un très petit nombre ; au-dessous du bon sens il y a la sottise, la démence, la médiocrité, apanage déplorable de tout ce qui est inférieur au nom d’homme dans l’espèce humaine.

1826. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Audin, le plus sensible et le plus aimable des hommes, a voué une espèce de culte passionné à ce pontife, magnifique et doux, qui avait pris pour armes un joug d’or avec ces paroles : « Mon joug est léger. » Ravi par les arts et les lettres humaines, qu’il a toujours adorées, mais, selon nous, surfaisant beaucoup trop leur prix, Audin a cru que la civilisation du monde (un grand mot bête de ces derniers temps) gisait dans quelques palimpsestes ou quelques marbres retrouvés, et que Léon représentait cette civilisation parce qu’il avait richement payé ces palimpsestes ou fêté ces marbres comme il aurait fêté des saints ! […] Les notes qu’il a rapportées forment une espèce de carte topographique des sites qu’il avait visités.

1827. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Si l’on surmonte à la lecture l’espèce de monotonie inévitable qui tient au genre, si l’on y entre par l’esprit, on s’aperçoit qu’on est dans une suite de chefs-d’œuvre.

1828. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il voudrait le voir s’émanciper enfin, ne plus être soumis toujours ni docile à l’excès et subordonné ; il l’excite à prendre sur lui et à user de toute l’étendue des pouvoirs qu’il a en main, pour le bien du service : « Un prince sérieux, accoutumé à l’application, qui s’est donné à la vertu depuis longtemps, et qui achève sa troisième campagne à l’âge de vingt-sept ans commencés, ne peut être regardé comme étant trop jeune pour décider. » Le duc de Bourgogne lui répond avec calme, avec douceur, peut-être même avec raison sur certains détails, mais sans entrer dans l’esprit du conseil qui lui est donné ; et, quand il a tout expliqué et froidement, un scrupule d’un autre genre le prend, et il dit à Fénelon dans une espèce de post-scriptum : « Je me sers de cette occasion pour vous demander si vous ne croyez pas qu’il soit absolument mal de loger dans une abbaye de filles : c’est le cas où je me trouve.

1829. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

M. de Bausset a remarqué au contraire, comme une espèce de singularité, qu’il ne vint à l’idée de personne alors de prendre Bossuet et Bourdaloue pour sujet de parallèle, et de balancer leur mérite et leur génie, comme on le faisait si souvent pour Corneille et pour Racine ; ou du moins, si on les compara, ce ne fut que très peu.

1830. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Et pour le définir lui-même dès à présent au moyen de La Fontaine et par l’idée qu’il nous en donne, citons ce qu’on lit à la dernière page de l’espèce de registre, assez peu intéressant d’ailleurs, qu’on appelle les Mémoires de Maucroix ; mais ce témoignage si simple et si naturellement rendu a bien du prix : Le 13 avril 1695, mourut à Paris mon très cher et très fidèle ami M. de La Fontaine ; nous avons été amis plus de cinquante ans, et je remercie Dieu d’avoir conduit l’amitié extrême que je lui portais jusques à une si grande vieillesse, sans aucune interruption ni aucun refroidissement, pouvant dire que je l’ai toujours tendrement aimé, et autant le dernier jour que le premier.

1831. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Tout en apprenant du latin, du grec, de l’hébreu, et en se rompant aux mâles études, l’enfance et la première jeunesse de d’Aubigné furent telles, et si fréquemment débauchées et libertines, qu’en tout autre siècle il eût probablement dérivé et donné dans cette espèce d’incrédulité qu’on désigne sous le nom de scepticisme, et que les mauvaises mœurs insinuent si aisément : mais au xvie  siècle, ces courants amollissants et dissolvants n’existaient pas, et les dissipations même, dans leur violence et leur crudité grossière, n’empêchaient pas de respirer l’air ardent des croyances diverses et des fanatismes.

1832. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Dans un voyage que le roi de Prusse fit à Rome avec M. de Humboldt en 1822, il y eut une espèce d’exposition en son honneur.

1833. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Souvent c’est par elle seule que l’œil est averti de leur hauteur respectable ; car, trompé dans l’estimation des élévations et des distances, il confondrait ces monts avec tout ce qui, par sa forme et sa situation, copie la grandeur, si cette espèce de lueur céleste n’annonçait que leur cime habite la région de la sérénité.

1834. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Entre les divers propos que le président Groulard a recueillis de la bouche de Henri IV, il en est un qui le peint bien dans son bon sens, dans son peu de rancune, et dans sa connaissance pratique et non idéale de l’humaine espèce.

1835. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Cette espèce de chemise plus ou moins blanche sous le manteau, et qui est le costume de son ordre, joue le déshabillé et achève le personnage.

1836. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

M. de Rohan eut bientôt à subir à Montpellier un affront de la part du gouverneur, M. de Valençay, et une espèce de prison.

1837. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

En définitive, les édits furent conservés dans toute la partie essentielle qui tient à ce que nous appelons tolérance ; mais les bastions et les fortifications des villes rebelles, de celles des Cévennes en particulier, qui avaient été prises de cette espèce de manie et de maladie dans la présente guerre, et qui s’étaient toutes fortifiées à la huguenote, comme on disait, durent être rasés aux dépens et de la main même des habitants qui les avaient construits ; il n’y eut plus, à partir de ce jour-là, un cordon de petites républiques possibles à travers la France : il n’y eut qu’une France et des sujets sous un roi.

1838. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Le prince Henri était très supérieur au précédent par les qualités de l’esprit, par la grâce en société et par les talents à la guerre : peu s’en faut même, si l’on en juge par certaines histoires et par des panégyriques de rhéteurs, qu’on ne le mette au niveau presque du grand Frédéric, et qu’on n’établisse entre eux une espèce de parallèle par contraste, une rivalité.

1839. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Enfin une espèce de maladie la prend, que l’on qualifie de maladie nerveuse ; c’est comme une nostalgie, le mal du pays inconnu.

1840. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

À l’électrice Sophie de Brunswick, elle écrivait en 1698 : «… Je différerais même encore de me donner l’honneur d’écrire à Votre Altesse électorale, si je ne trouvais une espèce de consolation à entretenir une grande princesse qui est plus propre qu’une autre à me compatir par la bonté de son cœur et par l’amitié dont elle m’honore. » — Ô pure langue française, que tu es donc une chose délicate et fugitive pour que Mme des Ursins elle-même ait pu t’oublier et t’offenser quelquefois !

1841. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Le chapitre de la Chaire, l’avant-dernier du livre, bien qu’essentiellement littéraire et relevant surtout de la rhétorique, achemine pourtant, par la nature même du sujet, au dernier chapitre tout religieux, intitulé des Esprits forts ; et celui-ci, trop poussé et trop développé certainement pour devoir être considéré comme une simple précaution, termine l’œuvre par une espèce de traité à peu près complet de philosophie spiritualiste et religieuse.

1842. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Le pauvre bonhomme ne savait plus que faire et la cherchait toujours machinalement. » — M. de Falloux, ayant lu cette anecdote, a cru de son devoir d’en contester l’authenticité ; il a fait une espèce d’enquête auprès du valet de chambre du général Swetchine : je n’ai pas entrepris moi-même de contre-enquête ; mais le fait m’a été raconté à deux reprises, et a eu pour témoin une femme du monde.

1843. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

C’est ainsi que je m’explique l’espèce d’antipathie qu’avait pour l’Académie française un homme qui eût été bien digne d’en être, celui qui avait présidé à la première organisation de l’Institut en l’an IV, et qui en possédait l’esprit, celui qui le premier porta publiquement la parole en son nom, M. 

1844. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Le moment où Sismondi trouvait la conversation de Coppet moins agréable et trop personnelle était celui où Mme de Staël, dans le paroxysme de la souffrance, écrivait à Mme Récamier cette lettre éperdue et comme délirante qui révèle toute l’étendue et la singularité de son mal : « Je suis plongée dans une espèce de désespoir qui me dévore ; ne faut-il pas que je tente d’y échapper ?

1845. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

La lettre que j’envoie aujourd’hui est d’une autre espèce : elle parle de Bonaparte comme s’il était en train de recouvrer son ancienne importance, et de la probabilité qu’il réussira à rendre la guerre nationale.

1846. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Je ne puis concevoir Rome que telle qu’elle est, musée de toutes les grandeurs déchues, rendez-vous de tous les meurtris de ce monde, souverains détrônés, politiques déçus, penseurs sceptiques, malades et dégoûtés de toute espèce ; et si jamais le fatal niveau de la banalité moderne menaçait de percer cette masse compacte de ruines sacrées, je voudrais que l’on payât des prêtres et des moines pour la conserver, pour maintenir au-dedans la tristesse et la misère, à l’entour la fièvre et le désert. » Un des plus avancés d’entre les esprits modernes, et des plus voués à l’idée du progrès quand même, M. 

1847. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

« … Il n’est pas possible d’être plus dénué de toute espèce de grâces que l’était Racine le fils.

1848. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

Ils étaient accusés d’avoir, faisant partie de la garde urbaine, aidé la force militaire à repousser des émeutiers massacreurs le 27 juin 1815, c’est-à-dire dans l’espèce d’interrègne qui avait suivi la nouvelle de la perte de Waterloo ; ils avaient rempli leur devoir de citoyens et avaient été appelés régulièrement à faire partie de la force publique : ce furent les émeutiers, le lendemain triomphants, qui se vengèrent, les dénoncèrent, et auxquels la Cour prévôtale donna raison par une fiction rétroactive : condamnés à mort, ils furent presque immédiatement exécutés, le même jour, de nuit, à la lueur des flambeaux.

1849. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

La scène touchante de l’Andrienne, qui est en récit dans l’exposition, cette espèce de déclaration publique involontaire de l’amour de la jeune fille éplorée, de Glycère pour Pamphile, aux funérailles de Chrysis, ne saurait se séparer de cette autre scène racontée par Pamphile lui-même à la fin du premier acte.

1850. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

— et les stances d’une douceur émue, Retour a la solitude ; et la Marée montante, et l’espèce de soliloque ou de réflexion demi-élégiaque, demi-philosophique, intitulée la Mer et les Bois.

1851. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Il avait imaginé une sorte de paix rongeante et envahissante qui devait exclure les risques et les inconvénients de la guerre, pour ne laisser subsister que les avantages qu’elle aurait procurés, — beaucoup de profit sans effusion de sang et sans grosse dépense. » C’est cette paix ambiguë et d’une espèce toute particulière dont l’historien nous fait suivre pas à pas la procédure et les progrès.

1852. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

la belle tolérance, et d’une espèce toute nouvelle, que celle qui a sa source non dans le mépris de tout, mais dans la foi profonde à quelque chose !

1853. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

» On arrive à ce même dégoût par tous les chemins ; il suffit d’avoir longtemps vécu et d’avoir eu à se démêler de trop près avec l’espèce humaine.

1854. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

J’ouvre les Mélanges de 1825 : « On ne lit plus,… on n’en a plus le temps… Cette accélération de mouvement qui ne permet de rien enchaîner, de rien méditer, suffirait seule pour affaiblir et, à la longue, pour détruire entièrement la raison humaine. » Et en tête du livre de la Religion considérée dans ses rapports, etc. (1826) : « On ne lit plus aujourd’hui les longs ouvrages ; ils fatiguent, ils ennuient ; l’esprit humain est las de lui-même, et le loisir manque aussi… Dans le mouvement rapide qui emporte le monde, on n’écoute qu’en marchant… » On peut observer en règle générale que, de même que les livres de M. de La Mennais commencent tous par une parole empressée sur la vitesse des choses et la hâte qu’il faut y mettre, ils finissent tous également par une espèce de prophétie absolue.

1855. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Nous qui avons prêché autrefois plus d’une croisade, et pas toujours des plus orthodoxes assurément, qui avons poussé, je le crains, à de trop vives aventures, au rapt d’Hélène et à l’imprudent assaut, nous venons donc (dût-on nous accuser de prêcher à tout propos et un peu par manie), nous venons conseiller comme urgent, opportun et pas trop difficile, cet acte de seconde union, cette espèce de mariage de raison, pour tout dire, entre les talents mûris.

1856. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Or j’ai soigneusement recherché dans ses œuvres les traces de ces premières et profondes souffrances ; je n’y ai trouvé d’abord que dix vers datés également de Londres, et du même temps que le morceau de prose ; puis, en regardant de plus près, l’idylle intitulée Liberté m’est revenue à la pensée, et j’ai compris que ce berger aux noirs cheveux épars, à l’œil farouche sous d’épais sourcils, qui traîne après lui, dans les âpres sentiers et aux bords des torrents pierreux, ses brebis maigres et affamées ; qui brise sa flûte, abhorre les chants, les danses et les sacrifices ; qui repousse la plainte du blond chevrier et maudit toute consolation, parce qu’il est esclave ; j’ai compris que ce berger-là n’était autre que la poétique et idéale personnification du souvenir de Londres, et de l’espèce de servitude qu’y avait subie André ; et je me suis demandé alors, tout en admirant du profond de mon cœur cette idylle énergique et sublime, s’il n’eût pas encore mieux valu que le poète se fût mis franchement en scène ; qu’il eût osé en vers ce qui ne l’avait pas effrayé dans sa prose naïve ; qu’il se fût montré à nous dans cette taverne enfumée, entouré de mangeurs et d’indifférents, accoudé sur sa table, et rêvant, — rêvant à la patrie absente, aux parents, aux amis, aux amantes, à ce qu’il y a de plus jeune et de plus frais dans les sentiments humains ; rêvant aux maux de la solitude, à l’aigreur qu’elle engendre, à l’abattement où elle nous prosterne, à toute cette haute métaphysique de la souffrance ; — pourquoi non ? 

1857. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

et n’est-ce pas un trait à ajouter au caractère des Romains, que cette espèce d’orgueil qu’ils attachaient à ne pas corriger les pièces qu’ils composaient ?

1858. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

J’ai tâché de développer dans ce chapitre combien il importait de soumettre à la démonstration mathématique toutes les idées humaines ; mais quoiqu’on puisse appliquer aussi ce genre de preuve à la morale, c’est à la source de la vie qu’elle se rattache ; son impulsion précède toute espèce de raisonnement.

1859. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Charles Darwin (1800-1882) ; De l’origine des espèces par voie de sélection naturelle (Londres, 1858 ; trad.

1860. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Un charme moins banal, mais pourtant de la même espèce, est pour nous dans les descriptions de Pierre Loti.

1861. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

Mais en ce qui concerne le passé, le passé géologique qui n’a pas eu de témoins, les résultats de son calcul, comme ceux de toutes les spéculations où nous cherchons à déduire le passé du présent, échappent par leur nature même à toute espèce de contrôle.

1862. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

C’étaient murmure, insinuations, tonnerre pour les yeux, toute une tempête spirituelle menée de page en page jusqu’à l’extrême de la pensée, jusqu’à un point d’ineffable rupture ; là, le prestige se produisait ; là sur le papier même, je ne sais quelle scintillation de derniers astres tremblait infiniment pure dans le même vide interconscient, où comme une matière de nouvelle espèce, distribuée en amas, en traînées, en systèmes, coexistait la Parole !

1863. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Toujours est-il certain que ces vers ne peuvent être appliqués à personne de l’ancien l’hôtel de Rambouillet, puisque l’hôtel de Rambouillet n’existait plus à l’époque où a paru Phèdre, puisque ce ne sont point les personnes de l’hôtel de Rambouillet que Molière a diffamées d’un coup de son art, puisqu’enfin toutes les personnes qui avaient eu jadis des relations avec l’hôtel de Rambouillet, telles que la duchesse de Longueville et sa société, étaient toutes hautement pour la Phèdre de Racine, contre cette de Pradon, étaient toutes du parti du prince de Condé protecteur de Racine et de Boileau, contre les Nevers et les Mancini protecteurs et protectrices de Pradon, et goûtaient fort le sonnet qui, répondant à celui de madame Deshoulières, sur les mêmes rimes, reportait sur Hortense Mancini cette espèce de difformité que madame Deshoulières avait reprochée à l’Aricie de Racine129.

1864. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Le monsieur a-t-il commis seulement une espèce d’inceste sentimental ?

1865. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Sa première proie a été son mari, le comte de Terremonde, une espèce de sanglier d’Érymanthe pris d’un coup de filet.

1866. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Commynes loue fort son maître de l’unité qu’il voulait établir dans son royaume, de l’unité dans les poids et mesures, de l’unité dans les coutumes et de l’espèce de Code civil qu’il projetait ; ajoutez-y encore le projet d’abolir les péages à l’intérieur, et d’établir pour le commerce la libre circulation, en rejetant les douanes à la frontière.

1867. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Il parle des Polonais comme on en parlait alors, c’est-à-dire comme d’une espèce de peuple barbare, à demi asiatique, et chez qui les moindres singularités de mœurs et de costumes intéressent : Vous ne sauriez vous faire une idée de la majesté et de la fierté des Polonais, dont ils sont redevables moitié à leur barbe, moitié à leurs grandes robes et à leurs sabres.

1868. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Il fallait de plus héroïques remèdes : ce n’était pas trop de cette espèce de folie sainte qu’on appelle la charité.

1869. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Le fils de Robert Walpole, Horace, prenant en main la défense de son père contre les ennemis qui l’avaient tant insulté, s’écriait un jour : Chesterfield, Pulteney et Bolingbroke, voilà les saints qui ont vilipendé mon père… voilà les patriotes qui ont combattu cet excellent homme, reconnu par tous les partis comme incapable de vengeance autant que ministre l’a jamais été, mais à qui son expérience de l’espèce humaine arracha un jour cette mémorable parole : « Que très peu d’hommes doivent devenir premiers ministres, car il ne convient pas qu’un trop grand nombre sachent combien les hommes sont méchants. » On pourrait appliquer cette parole à Mazarin lui-même, sauf le mot excellent homme qui suppose une sorte de cordialité, et qu’il ne méritait pas ; mais il est vrai de dire que c’étaient de singuliers juges d’honneur que les Montrésor, les Saint-Ibar, les Retz et tant d’autres, pour venir faire la leçon à Mazarin.

1870. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Elle inventa également pour eux toute une série d’exercices gymnastiques alors inconnus : les exercices des poulies, des hottes, les lits de bois, les souliers de plomb ; elle put se féliciter plus tard à bon droit d’avoir appris à son principal élève « à se servir seul, à mépriser toute espèce de mollesse, à coucher habituellement sur un lit de bois, recouvert d’une simple natte de sparterie ; à braver le soleil, la pluie et le froid ; à s’accoutumer à la fatigue, en faisant journellement de violents exercices et quatre ou cinq lieues avec des semelles de plomb ».

1871. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

En avant, une espèce de kiosque servait de corps de garde aux Autrichiens.

1872. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

M. de Lamartine suit dans cette Histoire la division par livres, et les livres sont divisés eux-mêmes, non par chapitres (ce mot est trop vulgaire), mais par chiffres, par nombres, par ces espèces de couplets épiques qui sont si à la mode aujourd’hui.

1873. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Enfin, elle était le modèle et partant l’esclave de la mode de son temps, et, comme elle y survécut, elle en devint à la fin une espèce d’idole conservée et de curiosité, comme on en a pour la montre.

1874. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Si la nature humaine a paru souvent traitée avec sévérité par La Fontaine, s’il ne flatte en rien l’espèce, s’il a dit que l’enfance est sans pitié et que la vieillesse est impitoyable (l’âge mûr s’en tirant chez lui comme il peut), il suffit, pour qu’il n’ait point calomnié l’homme et qu’il reste un de nos grands consolateurs, que l’amitié ait trouvé en lui un interprète si habituel et si touchant.

1875. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Le substitut prit la parole, ne trouva pas grand-chose à dire sur les vers de Tahureau, ni sur une femme qui, dans notre article, rentrait de dîner, son corset dans un journal (le second passage souligné au crayon rouge), passa à un article de notre cousin de Villedeuil, qui mettait en doute la vertu des femmes, s’étendit longuement sur ce doute malhonnête, puis revint à nous ; et, pris d’une espèce de furie d’éloquence, nous représenta comme des gens sans foi ni loi, comme des sacripants sans famille, sans mère, sans sœur, sans respect de la femme, et, pour péroraison dernière de son réquisitoire — comme des apôtres de l’amour physique.

1876. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

La suppression du droit d’aînesse achève, à mon avis, cette espèce d’émancipation.

1877. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Il faudra des curieux et des travailleurs comme il l’était, des espèces de Tallemant des Réaux dans l’avenir, pour pouvoir parler, en science de cause, de cet homme qui fut un très éblouissant feu follet littéraire, lequel, comme les feux follets, errait et ne se fixait pas, et qui a oublié de laisser derrière lui le livre un, profond et complet, qu’il était très capable de faire, — le livre qui eût été un fût de colonne sur sa tombe effacée, et qui en eût marqué la place aux yeux de la Postérité !

1878. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Fervaques, au nom de mousquetaire, mousquetaire en frac puisque les brillantes casaques de velours rouge et noir ne sont plus, est une espèce de la Palférine littéraire.

1879. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

François de Sales d’une nouvelle espèce, il eut ses Philothées.

1880. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Les auteurs de cette espèce ne mettent pas toujours leurs beaux projets à exécution. […] — Proserpine, reprit-il, n’a jamais cueilli ni violettes, ni aucune espèce de fleurs ; vous avez confondu avec Koré. […] C’est de la pomme de terre d’Afrique, espèce de plante, laquelle, me dit-on, prospère en été jusqu’à former une voûte impénétrable d’ombre et de fraîcheur. […] J’y ai aperçu, il me semble bien, des espèces de péristyles ou de belvédères. […] Enfin, il me mena dans une espèce de taverne où une jeune femme, avec de beaux cheveux noirs qui lui descendaient plus bas que la taille, me servit du vin blanc, brillant comme de l’or mais détestable au goût.

1881. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

en littérature, j’ai le sentiment que l’auteur soit le mâle, et qu’il fasse une espèce d’enfant au lecteur. […] Il semble qu’en littérature, en science, en politique et dans la vie, le gros benêt de matérialisme, qui fut le baryton choyé de ces dernières années, se voit peu à peu repoussé de la scène, et jusqu’à la cantonade où se chuchote la prochaine venue du ténor sous l’espèce d’un idéalisme tout pimpant, tout fringant, tout battant neuf, d’un idéalisme dont on augure des merveilles, d’un idéalisme idéal, enfin ! […] L’autre espèce de symbole serait plutôt inconscient, aurait lieu à l’insu du poète, souvent malgré lui, et irait, presque toujours, bien au-delà de sa pensée : c’est le symbole qui naît de toute création géniale d’humanité ; le prototype de cette symbolique se trouverait dans Eschyle, Shakespeare, etc. […] Mais ces moissons, mais ces vendanges que les véristes donnent à brouter, à grapiller sur place, telles quelles, le Génie les emporte au moulin, au pressoir spéciaux de son âme, puis les confie soit au four, soit à la cuve de sa foi : enfin, ces moissons et ces vendanges, le Génie les offre sous l’or des espèces glorieuses, chantant avec images : « Agréez ce festin, frères d’ici-bas. […] S. — Je suis d’ailleurs hostile à toute espèce d’interview.

1882. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère ne nous donne ni des faits ni des idées ; il donne des réverbérations… Des écrits de cette espèce ont fait au Nord la singulière réputation d’être intellectuellement brumeux. […] Au point de vue biographique, il ne faudrait pas du tout chercher dans ce récit d’Ampère un reflet de ce que j’ai dit de son espèce de veuvage intérieur et de ses agitations sensibles à ce moment. […] Ce que rejette Ampère, ce qu’il admet pour commencer me paraît tout à fait arbitraire et dépendre moins d’une méthode que d’une impression personnelle et d’une espèce de divination qu’il aurait acquise en vivant beaucoup dans les mêmes lieux et en dormant dans l’antre de la sibylle.

1883. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

En passant la frontière, dans les prisons de Magdebourg, de Neisse et d’Olmütz, plus tard dans son isolement de Lagrange sous l’Empire, il se disait : « Il y a donc quelque utilité dans ma retraite, puisqu’elle affiche et entretient l’idée que la liberté n’est pas abandonnée sans exception et sans retour. » Par sa sortie de France en 92, la vie politique de La Fayette durant notre première Révolution se dessine nettement, et elle devient l’exemplaire-modèle en son espèce. […] Ces derniers (et je ne parle point du tout de la politique, mais de la littérature, de la poésie, de la critique) se trouvent nombreux de nos jours ; on pourrait croire que c’est une espèce nouvelle qui a pullulé. […] Je serai pour mes amis plein de vie, et pour le public une espèce de tableau de muséum ou de livre de bibliothèque. » Jamais, sans doute, son cœur ne se sentit plus jeune ; les excès qui ont dégoûté de la liberté les demi-amateurs, étant encore plus opposés à cette sainte liberté que le despotisme, ne l’ont pas guéri, lui, de son idéal amour ; mais il apprécie la société, son égoïsme, son peu de ressort généreux.

1884. (1902) Propos littéraires. Première série

Vous voyez donc, cher ami, que je serais bien embarrassé à vous donner mon avis sur l’influence morale du critique, puisque je crois que le critique n’a aucune espèce d’influence. […] Non seulement aucune espèce de moralité n’existe chez elle, mais le sens même, la conception de la moralité lui est absolument étrangère. […] J’éprouvai tout à coup une espèce de langueur sans nom, un maladif désir de mourir. […] Puis il distinguera deux espèces de « tissus sociaux ». […] Bourget aucune espèce de tendresse ni d’estime.

1885. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Les opérations les plus instinctives sont généralement celles où ils réussissent le mieux, et la nature a fondé sur celles-là seules la conservation de la vie et la perpétuité de l’espèce. […] Il n’y a plus que les bibliophiles qui aient des bibliothèques, et l’on sait que cette espèce d’hommes ne lit jamais. […] Il n’y a que les fous qui parlent tout seuls, et c’est une espèce de monomanie que d’écrire tout seul ; je veux dire pour soi, et sans espoir d’agir sur des âmes. […] Il ne faut pas juger Antoine par les Philippiques que Cicéron prononça contre lui ; Cicéron était avocat et, de plus, c’était en politique un modéré de l’espèce la plus violente. […] Cela seul m’embarrasse, que le moi suppose le non moi, car enfin, si le monde se reflète en moi, il faut bien que le monde ait tout de même une espèce de vague réalité.

1886. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

La vision de la nature chez un Chateaubriand, l’intelligence des livres chez un Sainte-Beuve, font deux espèces d’une même faculté, et, comme le voyage autour d’une bibliothèque est un voyage, la lecture de la terre est une lecture… Et remarquez que chez ces deux grands créateurs de valeurs, l’évolution du goût paraît la même, les deux espèces du genre ayant suivi les mêmes lignes de développement. […] Il est des écrivains qui n’ont qu’un style, il en est qui ont plusieurs styles, tantôt espèces d’un même genre, tantôt véritablement des genres différents. […] En principe, tout écrivain possède donc deux styles, qui tantôt figurent deux espèces assez rapprochées d’un même genre, tantôt, exceptionnellement, font deux genres différents. […] Un gros volume de l’édition Conard contient, mises à part, les lettres à Mme Franklin-Groult : elles n’ont aucune espèce d’intérêt. […] * *   * Autre espèce de la critique : la critique des hommes politiques.

1887. (1891) Esquisses contemporaines

J’éprouve une sorte de terreur sacrée, et non plus seulement pour moi, mais pour mon espèce, pour tout ce qui est mortel. […] Êtres de pur tempérament, ils prennent l’apparence de caractères par l’espèce de supériorité raisonneuse qui leur permet de s’apprécier eux-mêmes et de se connaître comme s’ils s’appartenaient. […] Il en est cent pour un ; des raisons de convenance empêchent de citer les meilleurs : « Elle avait feuilleté tour à tour les œuvres de Balzac et de Spielhagen, Monsieur de Camors et Cometh up as a flower, confusément, sans jamais se placer au point de vue impersonnel qui seul établit la perspective des œuvres de cette sorte et permet de s’affranchir de leur ivresse en les comprenant… » « La personne est tout pour l’amour, et les faits ne sont rien ; il a cette clairvoyance de comprendre que la félicité ou le malheur ont pour condition première et dernière cette essence indéfinissable qui est comme l’arrière-fond des êtres… » « Il y a une espèce d’immoralité impersonnelle, particulière aux femmes, et qui est celle des mères, des sœurs et des amantes. […] Non, les maladies de l’âme veulent qu’on ne les touche que pour les soulager, et cette espèce de dilettantisme de la misère humaine, sans pitié, sans bienfaisance, que je connais bien, me fait horreur… Croyez-moi, conclut-il, en montrant à l’écrivain la croix dressée au-dessus de la porte de l’église du couvent des Carmes, personne n’en dira plus que Celui-là sur la souffrance et sur les passions, et vous ne trouverez pas le remède ailleurs. » Et le prêtre, par le seul rayonnement de sa valeur morale et par cette supériorité intrinsèque que donne le christianisme à ceux qui le vivent, fait rendre les armes à Claude Larcher et lui arrache cet aveu : « Vous êtes un juste, monsieur l’abbé, c’est encore là le plus beau des talents et le plus sûr » « Il sauvera René, songeait-il, après avoir vu la soutane du grand chrétien disparaître derrière la porte du collège… Sa rêverie devint alors singulièrement sérieuse et mélancolique. […] L’espèce de journal qu’il intitulait les Visites de Jésus-Christ, nous en offre à peu près les seuls indices appréciables.

1888. (1903) Le problème de l’avenir latin

Or, de même que dans l’ordre des primates, le genre Homo a triomphé comme mieux pourvu et armé, de même dans le genre Homo, l’espèce Homo Europœus — que l’on dénomme vulgairement Aryenne — triomphe de par ses qualités natives. […] Pourquoi ne pas accorder à notre progéniture la même attention que nous mettons à créer des espèces perfectionnées de moutons ou de chrysanthèmes ? […] Le sélectionnisme préconise la formation d’une humanité, d’une race ou d’une nation nouvelle au moyen de procédés rigoureusement scientifiques, en vue de lutter contre cette sélection à rebours qui s’opère à peu près partout sur le globe et qui semble constituer un péril sérieux pour l’espèce. […] La partie positive consiste à favoriser de toutes façons les unions entre les sujets héréditairement ou anthropologiquement supérieurs (suivant le but exact poursuivi), entre « eugéniques », soit en les constituant en une caste séparée des autres groupes de la nation, soit en désignant des reproducteurs — qui seuls travailleraient à la perpétuation de l’espèce — soit même en ayant recours à la fécondation artificielle. […] Toute souveraineté, dit-il, ayant pour condition fondamentale le plus grand bien général, « l’indépendance nationale ne peut pas se maintenir comme un droit absolu envers et contre tout… L’autonomie n’est pas un droit aussi absolu qu’on l’imagine, n’est pas un fait qui puisse se maintenir aussi absolument qu’on le suppose… Le laisser-faire qu’accorde le genre humain — (inconsciemment, pourrait ajouter l’auteur) — aux pouvoirs publics se fonde sur le bien qu’en tire la communauté des habitants et sur le retentissement que ce bien d’une partie de l’espèce a sur le reste de l’espèce.

1889. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Les problèmes relatifs à la grammaire préhistorique lui rappellent la formation des espèces végétales et animales. […] n’admettront pas que l’on ose ainsi parler de la centralisation administrative dont ils sont, par une espèce de prodige, les causes et les effets. […] Ce Thalès était une espèce d’apôtre, brave homme du reste, doucement anarchiste, ennemi de tous les gouvernements et de toutes les églises. […] La bibliophilie peut mener à une espèce de bouddhisme épicurien. […] Anatole France est seul de son espèce.

1890. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Je suis, à mon âge et avec mon nom, frappé d’une espèce de réforme ! […] Il a vu que les hommes sont les ennemis des femmes, que partout l’innocence est souillée et que la dégénérescence de l’espèce est le résultat de nos corruptions. […] Cet état de surexcitation cérébrale, compliqué de ce zèle qui pousse les Anglo-Saxons vers les aventureuses propagandes, a fait naître, à Londres, des clubs de femmes, espèces de béguinages laïques, dirigés vers quelque but philanthropique et moral. […] La défiance préalable avec laquelle on doit aborder les anciens est devenue une espèce de science, la « critique verbale » qui fait, comme toutes les sciences, des merveilles, des erreurs, des martyrs et des victimes. […] Quelques vieillards se rappelaient le vieux temple de la Terre, bâti par les Pélages ; on y voyait un trou profond, espèce de soupirail, d’où sortaient des oracles redoutés.

1891. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

, nous n’avons eu que des espèces de monstres. […] C’est une cote mal taillée ; mais c’est ce qu’il y a en l’espèce de plus pertinent. […] Il est assez intéressant de voir et de suivre cette espèce de décadence, ou pour mieux dire de glissement, qui fait descendre le drame bourgeois en vers de La Chaussée au drame bourgeois en prose de Diderot et Sedaine et au drame populaire en très basse prose de Mercier et Pixérécourt. […] Il ne pouvait pas souffrir, comme on le pense bien, la mélopée, l’espèce de chant soutenu, la psalmodie monotone qui était proprement le bel air de 1730. […] Ensuite, ç’a été un autre jeune homme, très beau aussi, dans un autre genre, qui nous a lu La Maison du berger, sans aucune nuance, dans une espèce de ronron mélancolique où tout se noyait comme en une brume du soir.

1892. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Il prétend que ce gouvernement de Gisors lui appartient, et, le roi le lui refusant, toujours par les mêmes raisons de ne porter ombrage aux seigneurs catholiques, Rosny s’irritera encore, criera au passe-droit, et fera au roi les mêmes reproches qu’au lendemain d’Ivry : À tous lesquels reproches, il (le roi) ne vous répondit jamais autre chose sinon : « Je vois bien que vous êtes en colère à cette heure ; nous en parlerons une autre fois » ; et s’en alla d’un autre côté ; puis, vous voyant avoir fait de même, il dit à ceux qui le suivaient : « Il le faut laisser dire, car il est d’humeur prompte, et soudaine, et a même quelque espèce de raison ; néanmoins, il ne fera jamais rien de méchant ni de honteux, car il est homme de bien et aime l’honneur. » Voilà la mesure des bouderies de Sully, et le mot de Henri sur son compte demeure le vrai.

1893. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Suard, ce portrait en charge, qui est d’ailleurs amusant : L’auteur de la grande et superbe Histoire de l’Empire romain avait à peine quatre pieds sept à huit pouces ; le tronc immense de son corps à gros ventre de Silène était posé sur cette espèce de jambes grêles qu’on appelle flûtes ; ses pieds assez en dedans pour que la pointe du droit pût embarrasser souvent la pointe du gauche, étaient assez longs et assez larges pour servir de socle à une statue de cinq pieds six pouces.

1894. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

L’amour-passion, tel que me l’ont peint dans Médée, dans Phèdre ou dans Didon, des chantres immortels, est touchant à voir grâce à eux, et j’en admire le tableau : mais cet amour-passion, devenu systématique chez Beyle, m’impatiente ; cette espèce de maladie animale, dont Fabrice est l’idéal à la fin de sa carrière, est fort laide et n’a rien d’attrayant dans sa conclusion hébétée.

1895. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Il y notait cette espèce de réaction (je me trompe, le mot est trop fort), cet éloignement complet pour le genre de Beaumarchais qui avait été, au début, l’instinct naturel et l’originalité de Collin d’Harleville, le moins fait de tous les hommes pour goûter l’intrigue de Figaro.

1896. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

. — Et aussi ne nous figurons point Cowper toujours affublé de cette espèce de bonnet de nuit bizarre sous lequel on nous le représente invariablement dans ses portraits.

1897. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Le monde a changé de tour et de manière de voir ; il est devenu positif, comme on dit : je le répète sans idée de blâme : car, si par positif on entend disposé à tenir compte avant tout des faits, y compris même les intérêts, — disposé à ne pas donner à la théorie le pas sur l’expérience, — disposé à l’étude patiente avant la généralisation empressée et brillante, — disposé au travail et même à la discipline plutôt que tourné à la fougue sonore et au rêve ; si par positif on entend toutes ces choses et d’autres qui peuvent devenir d’essentielles qualités, au milieu de tout ce que laisserait de regrettable l’espèce des qualités et des défauts contraires, il y aurait encore de quoi se raffermir et se consoler.

1898. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il y arrive, à l’éloquence, dans sa lettre du 22 mars 1740, non sans avoir passé par quelques lenteurs ; car il résume assez longuement les espèces de conférences morales qu’il tient avec le chevalier : ces conversations pour former un parfait honnête homme sont un peu sermon pour nous, comme elles l’étaient probablement pour son impatient élève ; puis tout à coup, à propos des lectures qu’il lui voudrait voir faire, entre autres celle des Vies de Plutarque, il s’enflamme et se laisse emporter : C’est une lecture touchante, j’en étais fou à son âge ; le génie et la vertu ne sont nulle part mieux peints ; l’on y peut prendre une teinture de l’histoire de la Grèce, et même de celle de Rome.

1899. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Cette espèce de crime est une semence, c’est la mauvaise ivraie de l’Évangile.

1900. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Il était bien entendu, d’ailleurs, qu’on n’y devait discuter en rien ni aborder le fond des doctrines : c’était de simples questions de faits à éclaircir, une expertise et une vérification solennelle des textes, par une espèce de jury composé d’hommes notables de l’une et de l’autre communion.

1901. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Ce calme continuel, cette douce monotonie de la vie familière, en se prolongeant comme une note suave mais toujours la même, avaient fini par l’énerver, par l’exalter et le jeter hors de lui ou le noyer trop avant au-dedans de lui ; le trop de paix lui était une nouvelle espèce d’orage ; son âme était en proie, et il y avait danger, de ce côté, à je ne sais quelle ivresse de langueur, s’il n’eût trouvé un contrepoids, une puissante diversion dans la contemplation de la nature, de même qu’à d’autres moments il y avait eu danger que l’attraction souveraine, la puissante voix de cette nature ne l’absorbât et ne le dominât uniquement.

1902. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Écrivez, écrivez… » C’est, sous une autre forme, le conseil que se donnait également Nicole, et la recette qu’il avait trouvée pour se délivrer l’esprit quand il était obsédé de pensées qui lui ôtaient le sommeil : il se hâtait de les jeter sur le papier ; — et Gœthe, le grand poëte, disait aussi, dans une bien vivante image ; « Mettez au monde cet enfant qui vous tourmente, et il ne vous fera plus mal aux entrailles. » Un autre jour, lisant avec admiration les trois volumes de Philosophie de Lamennais, et l’en louant à son tour et même à outrance, Béranger fait cependant une réserve sur un point bien important ; c’est à propos de l’espèce d’analyse que le philosophe a essayé de donner de l’idée de Dieu : « Je me suis toujours élevé vers Dieu, lui dit Béranger, autant que mes ailes fangeuses me l’ont permis, mais toujours les yeux fermés, me contentant de dire : “Oh !

1903. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Il voudrait faire mentir ceux qui disent « que les Français commencent tout et n’achèvent jamais rien. » Il voudrait les désabuser de ce faux point d’honneur qui, dans les sièges, quand il est tout préoccupé, par ses inventions savantes, de ménager la vie des hommes, leur fait prodiguer la leur, sans utilité, sans aucune raison et par pure bravade ; « Mais ceci, disait-il, est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais, si Dieu, qui est tout-puissant, n’en réforme toute l’espèce. » Hormis ce pur et irréprochable Vauban, tous ceux qui figurent dans cette histoire, y paraissent avec leurs qualités et leurs défauts ou avec leurs vices : Condé, avec ses réveils d’ardeur, ses lumières d’esprit, mais aussi avec des lenteurs imprévues, des indécisions de volonté (premier signe d’affaiblissement), et avec ses obséquiosités de courtisan envers le maître et même envers les ministres ; Turenne, avec son expérience, sa prudence moins accrue qu’enhardie en vieillissant, et son habileté consommée, mais avec ses sécheresses d’humeur et ses obscurités de discours ; Luxembourg, avec ses talents, ses ardeurs à la Condé, sa verve railleuse, mais avec sa corruption flagrante et son absence de tout scrupule ; Louvois, avec sa dureté et sa hauteur qui font comme partie de son génie et qui sont des instruments de sa capacité même, avec plus de modération toutefois et d’empire sur ses passions qu’on ne s’attendait à lui en trouver.

1904. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Montaigne fait causer son monde, et il tire de chacun les particularités les plus marquées : ainsi cet homme qui le sert, cette espèce de sommelier, et qui est, sous son air de domestique, une manière de seigneur, lui dit entre autres choses qu’ils ne se font nulle difficulté ni scrupule de religion de servir le roi contre les huguenots mêmes, tout huguenots qu’ils sont.

1905. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

elle y vit, beaucoup, pendant son séjour ; un des meilleurs amis, — le meilleur ami de son frère, — Barbey d’Aurevilly, jeune alors et dont les façons si tranchées pouvaient ne sembler encore qu’un des travers passagers de là jeunesse : sa conversation brillante exerça incontestablement sur elle une espèce de séduction..

1906. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Ducis qui, en ces années de crise, s’est fait son conseiller, son directeur ami, et qui est plus fait que personne pour comprendre cette espèce d’inquiétude indéfinissable, lui prescrit les remèdes qu’il estime les plus salutaires pour le corps et pour l’âme : nous assistons à toute une cure morale : « Versailles, 25 juillet 1775 « Votre tristesse opiniâtre m’afflige, mon ami.

1907. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

D’autres enfin, qui n’ont rien trahi parce qu’ils n’avaient rien promis, parce que leurs paroles n’excédaient pas leur pensée et que les réserves y étaient toujours présentes, et qui ne prétendirent guère jamais voir dans ces combinaisons réputées divines que les plus belles des espérances humaines, ont passé graduellement à l’observation, à la science, n’espérant plus que de là, tout bien considéré, la réalisation, bien lente et bien incomplète toujours, de ce qui doit affranchir notre espèce de ses lourds et derniers servages.

1908. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Sans se contraindre à aucun style, à aucun genre, à aucune espèce de sujets, il s’est mis à reproduire tous les objets qui frappent journellement son imagination si mobile et si heureuse ; aussi est-il éminemment le peintre de la France et du xixe  siècle, par la manière dont il représente notre nature et notre époque ; aussi a-t-il un degré de vérité, de grâce, de génie, que le talent ne doit jamais qu’à la présence immédiate des objets qu’il veut peindre.

1909. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

En même temps qu’il savait les affaires et qu’il était en mesure de parler et de répondre sur toutes avec un à-propos et une pertinence suprême, il apportait dans ce haut emploi de président un tact, un talent particulier à manier les esprits, à ménager les amours-propres, à prévenir et à conjurer les conflits de toute espèce, et il obtenait par la douceur et par la persuasion ce qui eût semblé impossible à un autre.

1910. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Chacun, s’il n’y prend garde, s’aime et se préfère à tous les autres ; chacun se trouve si naturellement sous sa main comme type et premier modèle de l’espèce de talent et du genre de beauté qu’il accueillera et louera chez autrui, en repoussant plus ou moins tout ce qui en diffère !

1911. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

« Le roi, après avoir entendu la lecture de votre lettre et après avoir fait la réflexion que je viens de vous marquer, m’a dit qu’il attendait votre courrier : ce ne sera pas sans quelque espèce d’inquiétude. » Il était impossible d’intimer plus nettement l’ordre de combattre, et de le faire sur l’heure.

1912. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Dans cette espèce d’Élysée bizarre et bachique qu’on se figure aisément pour ces libres et un peu folâtres esprits d’avant Louis XIV, il me semble d’ici les voir, à cette heure de réveil, à cette nouvelle d’un regain si inattendu : l’Ombre du joyeux Saint-Amant a tressailli ; le poète Théophile se tient pour consolé et vengé dorénavant de ses disgrâces ; Scarron a bondi d’aise sur son escabeau, et Cyrano enfin, retroussant sa moustache, passe et repasse en idée, plus fier que jamais, sur ce Pont-Neuf populeux où une double haie de bourgeois et de marauds ébahis l’admire.

1913. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Il lui reproche comme une erreur, non pas précisément d’avoir pensé que, pour enrichir la langue, il ne fallait rejeter aucune des locutions populaires, mais bien d’avoir voulu les introduire et les admettre dans toute espèce de style, même dans le discours élevé.

1914. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Guerrier d’une espèce à part et qui mettait sa franchise à masquer le politique !

1915. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

On a d’elle, lorsqu’elle était encore jeune fille, c’est-à-dire avant son mariage, à l’âge de vingt-deux ou vingt-trois ans, un Essai moral, une espèce de dissertation sur l’amour qui commence ainsi : « Je pense à l’amour et je prends la plume… Que prétends-je faire ?

1916. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

L’affaire du Collier, l’impudence des vils agents, auteurs de l’intrigue, la crédulité et la fatuité béate du principal personnage, l’éclatante connivence de l’opinion publique, avide de tout scandale, l’espèce de complicité du Parlement lui-même, indulgent à l’excès pour le premier accusé, cette sorte d’impunité triomphante, firent monter la rougeur et la flamme au front de Marie-Antoinette indignée, et c’est de ce moment qu’elle dut commencer à sentir que tout est sérieux dans de certains rôles, que les personnages le plus en vue ne s’appartiennent pas, qu’il n’y a pas lieu à la moindre distraction ni à l’oubli, même innocent, en face d’un public curieux, médisant, malveillant, et qu’en politique on n’est pas simplement ce qu’on est : on est ce qu’on paraît être.

1917. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Que leur fait d’appeler, de baptiser du nom de Lisette une espèce de sainte, une bonne vieille qui, au coin d’un feu paisible, relit et rumine du matin au soir la Bible et qui, en fait de chansons, ne sait par cœur que les Psaumes de Marot ?

1918. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Chatel, le 23 novembre 1673 (à l’âge de 28 ans), l’office de trésorier de France au bureau des finances de Caen, et en jouit à partir du 1er janvier 1674. » Ce fut très-peu après cette espèce d’engagement qu’il fut placé, à la recommandation de Bossuet, auprès de M. le Duc pour lui enseigner l’histoire ; il ne garda pas moins son office de finance douze années durant, et il ne s’en démit qu’en janvier 1687.

1919. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Jasmin a déjà eu à subir l’espèce de tentation nouvelle qui s’attache inévitablement au succès ; on lui a conseillé de venir à Paris, tout comme à M.

1920. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Je me le suis dit depuis bien longtemps, André Chénier, non pas quant à l’action, mais quant à la couleur, a été pour nous une espèce de Walter Scott antique et poétique : il a donné le ton.

1921. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

XXIX Le tableau tracé ici par Tacite de l’agitation sourde de la ville, de l’oppression latente des soldats, de l’ambiguïté du sénat, tremblant de trop peu faire pour Othon, de trop faire contre Vitellius, est l’étude la plus caractéristique d’un observateur de l’espèce humaine.

1922. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Les systèmes, ces dieux hostiles et vaillants, dont le moindre briserait et la tablette frêle et l’étroite cage, n’entrent naturellement au capharnaüm que sous les espèces et apparences de statuettes.

1923. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Enfin, la troisième espèce d’esprits, ce sont ceux qui, plus puissants et moins délicats ou moins difficiles, vont produisant et se répandant sans trop se dégoûter d’eux-mêmes et de leurs œuvres ; et il est fort heureux qu’il en soit ainsi, car, autrement, le monde courrait risque d’être privé de bien des œuvres qui l’amusent et le charment, qui le consolent de celles, plus grandes, qui ne viendront pas.

1924. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

J’aime mieux qu’il ait des chefs d’une espèce pareille à celui-ci, qui ne peut ni monter à cheval, ni manier le sabre, que de lui en voir comme Mourad Bey et Osman Bey.

1925. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Il a peint à ravir la paix, l’espèce de rajeunissement qu’on éprouve dans les premiers jours, lorsqu’au sortir du monde on entre au séminaire, et qu’on y retrouve son enfance de cœur, la docilité de ses jeunes années, la règle austère, toutes choses simples dont on a désormais la conscience réfléchie et le doux mérite.

1926. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Un étranger, homme d’esprit, a coutume de partager la nature humaine en deux, la nature humaine en général et la nature française, voulant dire que celle-ci résume et combine tellement en elle les inconstances, les contradictions et les mobilités de l’autre, qu’elle fait une variété et comme une espèce distincte.

1927. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Si nous laissions encore les peuples manger des œufs, il en arriverait une espèce de prescription contre la loi, comme il est arrivé pour le lait, pour le beurre et pour le fromage… Voilà donc Fénelon évêque tout de bon et dans le plus strict détail, et y attachant de l’importance.

1928. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Il s’est peint avec ses philtres et sa magie, comme aussi avec ses ardeurs, ses violences de désir et ses orages, dans les épisodes d’Atala, de Velléda, mais nulle part plus à nu que dans une lettre, une espèce de testament de René, qu’on lit dans Les Natchez.

1929. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Considérant l’espèce d’état de fausse paix et de trêve précaire, le régime de sourde et profonde corruption qui avait précédé les derniers troubles, il se félicitait presque aussi de le voir cesser ; car « c’étoit, dit-il de ce régime de Henri III, une jointure universelle de membres gâtés en particulier, à l’envi les uns des autres, et, la plupart, d’ulcères envieillis, qui ne recevoient plus ni ne demandoient guérison.

1930. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Un sieur d’Aubigny, espèce d’intendant dont elle avait fait un écuyer, couchait au Retiro dans l’appartement des femmes attenant à celui de la princesse.

1931. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

C’étaient sans cesse des visites domiciliaires, des menaces de pillage et d’incendie ; on accusait Beaumarchais d’être accapareur de blés, puis d’être accapareur d’armes cachées, et de les entasser dans des souterrains qui n’existaient pas : Quant à moi, disait-il dans ces espèces de mémoires et pétitions à la Convention qu’il faudrait toujours mettre en regard du monologue de Figaro, quant à moi, citoyens, à qui une vie si troublée est devenue enfin à charge ; moi qui, en vertu de la liberté que j’ai acquise par la Révolution, me suis vu près, vingt fois, d’être incendié, lanterné, massacré ; qui ai subi en quatre années quatorze accusations plus absurdes qu’atroces, plus atroces qu’absurdes ; qui me suis vu traîner dans vos prisons deux fois pour y être égorgé sans aucun jugement ; qui ai reçu dans ma maison la visite de quarante mille hommes du peuple souverain, et qui n’ai commis d’autre crime que d’avoir un joli jardin, etc.

1932. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Il nous a entretenus des Harmonies de la nature, qu’il nous a montrées jusque dans la poésie française qui, en admettant la rime masculine et la rime féminine, avait l’avantage, comme toutes les espèces du règne animal et végétal, de réunir les deux sexes.

1933. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

On ne laisse pas longtemps Richelieu tranquille dans sa retraite ; il est encore trop voisin de la reine ; il sent que la calomnie le travaille en cour, et lui-même il est le premier à provoquer une espèce d’exil : il demande qu’on lui prescrive pour demeure tel autre lieu où il pourra vivre sans calomnie de même qu’il est sans faute et sans reproche.

1934. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Les plaisirs et douleurs différenciés et centralisés ne l’aideraient pas à conserver son individualité ni la vie de son espèce.

1935. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Il s’agit du procès Saladin : empoisonnement d’un prêtre par le moyen des saintes espèces.

1936. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Lorsque je m’arrache les entrailles, lorsque je pousse des cris inhumains ; ce ne sont pas mes entrailles, ce ne sont pas mes cris, ce sont les entrailles, ce sont les cris d’un autre que j’ai conçu et qui n’existe pas… or il n’y a, mon ami, aucune espèce de poëte à qui la leçon de Garrick ne convienne.

1937. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Il existe deux espèces de romantisme, dont l’une est l’émanation, et, pour mieux dire, la dégénération de l’autre.

1938. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Pour nous, en effet, comme pour Saint-Simon, Louis XIV n’est qu’un despote heureux, une espèce de kalife d’Orient, en Occident.

1939. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

— croirait que, dans ce triste temps travailleur et égalitaire, il y aurait encore de ces espèces perdues en fait de femmes comme il en échantillonne quelques-unes dans son livre et qui sont, comme il les appelle : les Patriciennes de l’Amour, parce qu’elles sont la Noblesse de l’Âme, comme les Inscrits au Livre d’or étaient la noblesse de Venise ?

1940. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Le livre de Saint-Bonnet, que j’oserais critiquer dans l’architecture de sa composition s’il n’était pas bien moins un livre écrit pour le public que les Élévations solitaires d’un admirable penseur devant Dieu, ce livre de près de six cents pages étincelle de beautés de toute espèce, de rencontres heureuses, de détails charmants et de traits de génie, qui, comme des éclairs, vous entrouvrent un monde, où il n’y avait qu’un horizon !

1941. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Il me semble bien que nous pouvons nous permettre, par-dessus le marché, les inductions du livre de Baudelaire à Baudelaire, sans lui manquer d’aucune espèce de sympathie et de respect.

1942. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Je sais bien que dans le cas particulier de l’auteur des Névroses et de l’auteur des Blasphèmes, la Critique avait une espèce de mauvaise raison pour les accuser ou les soupçonner d’histrionisme dans leurs vers, et c’était, pour tous les deux, l’exhibition de leurs personnes, l’un dans les salons de Paris, et l’autre, résolument acteur, sur un théâtre, devant le public des théâtres.

1943. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Epicure lui-même est mort, au terme de la carrière, lui qui par le génie surpassa l’espèce humaine et couvrit toutes les renommées de son éclat, comme le soleil dans les airs éteint toutes les étoiles.

1944. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

« Semer la rage et le crime avec toutes ses trahisons là où la paix avait élevé sa discrète demeure, déshériter une race citoyenne de tout ce qui lui rendait si chères ses orageuses solitudes, souiller d’un inexpiable esprit de vengeance l’innocente liberté du montagnard des Alpes, ô France qui te moques du ciel, adultère, aveugle, et patriote seulement pour détruire, sont-ce là tes triomphes, athlète de l’espèce humaine ?

1945. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

. —  Espèce, portée, limites de son esprit. —  Sa maladresse dans la flatterie et les gravelures. —  Sa pesanteur dans la dissertation et la discussion […] Particulièrement, l’action est si bien une qu’elle est la seule de son espèce sans épisode ni intrigue subsidiaire, chaque scène conduisant à l’effet principal et chaque acte se terminant par un grand changement de situation. » Il a fait davantage ; il a quitté l’attirail français, il est rentré dans la tradition nationale : « Dans mon style, j’ai essayé, de parti pris, d’imiter le divin Shakspeare, et pour le faire plus librement, je me suis débarrassé de la rime. […] Il peint des cavaliers brutalement vicieux, coquins par principes, aussi durs et aussi corrompus que ceux de Wycherley : un Beaugard, qui étale et pratique les maximes de Hobbes ; le père, vieux drôle pourri, qui fait sonner sa morale, et que son fils renvoie froidement au chenil avec un sac d’écus ; un sir Jolly Jumble, espèce de Falstaff ignoble, entremetteur de profession, que les prostituées appellent « petit papa », qui ne peut dîner à côté d’une femme sans « lui dire des ordures, et tracer avec son doigt des figures obscènes sur la table » ; un sir Davy Dunce, animal, dégoûtant, « dont l’haleine est pire que de l’assa fœtida, qui déclare le linge propre malsain, mange continuellement de l’ail, et chique du tabac743 » ; un Polydore qui, amoureux de la pupille de son père, tâche de la violer à la première scène, envie les brutes qui peuvent se satisfaire, puis s’en aller, et fait le propos de les imiter à l’occasion prochaine744.

1946. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Il est clair que dans nos sociétés, qui ressemblent à de vastes Scythies, au milieu desquelles les cours, les grandes villes, les universités représentent des espèces de colonies grecques, un tel mode de sélection amènerait des résultats absurdes ; il n’est pas besoin de s’y arrêter. […] Alors, l’espèce d’antipathie que le parti conservateur français nourrit contre la haute culture de l’esprit paraîtra le plus inconcevable des non-sens, la plus fâcheuse erreur. […] Si la sottise, la négligence, la paresse, l’imprévoyance des États n’avaient pour conséquence de les faire battre, il est difficile de dire à quel degré d’abaissement pourrait descendre l’espèce humaine.

1947. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

» — Chactas à l’Académie des sciences écoutant la discussion qui s’élève sur la longueur de ses oreilles qui fait de lui une espèce mitoyenne entre l’homme et le singe. — Chactas chez Ninon de Lenclos : « Je veux savoir à mon tour ce que tu as trouvé de plus sensé parmi nous. […] On se vante d’aimer la liber tél… Lorsque, dans mes voyages, je quittai les habitations européennes et me trouvai pour la première fois, seul au milieu d’un océan de forêts… dans l’espèce de délire qui me saisit, je ne suivais aucune route j’allais d’arbre en arbre, à gauche, à droite indifféremment, et me disant en moi-même : Ici plus de chemins à suivre, plus de ville, plus d’étroites maisons, plus de rois, plus de présidents de République, plus de lois, et plus d’hommes… » Vue dans ces conditions, la nature n’est plus ni embellie, ni arrangée, ni idéalisée, ni poétisée, ni enlaidie : elle est retrouvée. […] Comme fonds commun la douleur, parce qu’en effet la douleur est la matière même dont est faite la vie de l’humanité ; mais dans le premier cas la douleur physique subie sans qu’elle soit comprise par l’être déchu ; dans l’autre la douleur morale, plus intense, mais gage de résurrection, résurrection et récompense déjà, parce qu’elle est comprise comme épreuve, savourée comme exercice de notre liberté, et embrassée comme une gloire de notre espèce.

1948. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Le Professeur Veitch, prenant pour sujet de ses deux intéressants volumes le sentiment de la Nature dans la poésie écossaise, commence par une dissertation historique sur le développement du sentiment dans l’espèce humaine. […] Whistler d’un critique d’art, car elles ne formulent aucune espèce de critique. […] Le sentiment intolérable de l’obligation était inconnu ; les actes de l’espèce humaine ne laissaient aucune trace, et ses affaires ne devenaient point une rengaine que transmettent à la postérité d’imbéciles historiens. Ce fut un jour fâcheux que celui où apparut le Philanthrope, apportant avec lui la malfaisante idée du Gouvernement  : « C’est une certaine chose, dit Chuang-Tzù, que de laisser l’espèce humaine tranquille ; il n’a jamais rien existé qui consiste à gouverner l’espèce humaine. » Tous les genres de gouvernement sont mauvais. […] » Et quel serait le sort des gouvernements et des politiciens de profession, si nous en venions à conclure que le gouvernement de l’espèce humaine, cela n’existe pas.

1949. (1813) Réflexions sur le suicide

Poursuivez, Monseigneur, la carrière dans laquelle un si bel avenir Vous est offert, et Vous montrerez au monde ce qu’il avait désappris, c’est que les véritables lumières enseignent la morale, et que les héros vraiment magnanimes, loin de mépriser l’espèce humaine, ne se croient supérieurs aux autres hommes, que par les sacrifices mêmes qu’ils leur font. […] Gigantesque vanité que celle qui nous met, pour ainsi dire, en dehors de notre espèce.

1950. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

La tragédie classique s’était bornée à représenter l’harmonie nécessaire et la collision accidentelle des idées morales, sur lesquelles se fondent les familles et les cités, et la comédie classique212, sans montrer ces vérités morales, mais en couvrant de ridicule les erreurs passagères qui sont leurs ennemies, n’avait honoré qu’elles encore, elles toujours, par cette espèce de sacrifice offert à leur divinité cachée. […] Cherchant des exemples de ces deux espèces de comique, je trouve dans Shakespeare, et particulièrement dans le personnage de Falstaff, le plus beau modèle du premier.

1951. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

II Or ces diplomaties parlent et écrivent ; leurs manifestes, leurs protocoles, leurs dépêches, leurs notes, sont leur littérature : grande littérature en action des rois, des assemblées, des peuples, qui bouleverse ou reconstruit les nations ; qui fait droit aux faibles, résistance aux oppresseurs ; qui lance la guerre, justice de la mort, ou qui maintient la paix, la paix, première propriété de l’espèce humaine, puisque c’est la propriété de la vie. […] M. de Talleyrand lui fut, dit-on, adjoint comme une espèce de tuteur politique à Londres, pour modérer son zèle de propagande et pour diriger son inexpérience des négociations.

1952. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

L’invasion des Sarrasins en Espagne, en Calabre, en France, avait exercé la chevalerie à des guerres entre les musulmans et les chrétiens, champions de deux cultes opposés, qui avaient créé une espèce d’Olympe chrétien aussi peuplé de fables et de prodiges populaires que l’Olympe d’Homère. […] Cette marque de déférence est d’autant plus remarquable de la part de notre poète qu’il est de sa nature assez fier, peu propre aux obséquiosités du courtisan et à toute espèce d’adulation.

1953. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« — C’est une espèce de terrasse de poutres qui sort de l’avant du navire, et d’où l’on jette l’ancre en mer. […] Il avait en effet laissé aux bagages une espèce de fille folle que nous menâmes à l’hôpital d’Amiens, en allant à l’armée de la Loire, et qui y mourut, furieuse, au bout de trois jours.

1954. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Mais Aristote perdit patience quand je lui rendis compte des travaux de Scot et de Ramus, en lui présentant ces deux savants, et il leur demanda si tout le reste de leur espèce était composé d’aussi grands sots qu’eux-mêmes. » Après avoir échoué une première fois à son examen Bachelor-of-arts, l’indocile écolier fut reçu le 18 février 1686, avec cette mention speciali gratia. […] Là-dessus, les frères consultant le testament paternel trouvèrent à leur grand étonnement ces paroles : Item j’enjoins et ordonne à mesdits trois fils de ne porter aucune espèce de frange d’argent sur ou autour de leurs habits… Suivait une pénalité en cas d’infraction, trop longue pour l’insérer ici.

1955. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Non seulement nous sentons les transitions, mais encore nous distinguons la transition qui a lieu pour la seconde fois, pour la centième fois, de celle qui a lieu pour la première et qui est nouvelle ; nous sentons les diverses espèces de changement ou de mouvement intérieur, nous sentons les directions du cours de nos pensées, non dans l’espace, mais dans le temps. […] C’est donc, en somme, des résidus laissés dans la conscience par la succession combinée avec l’intensité et la clarté, que se tire la représentation du temps : supposez que je regarde un phare tournant qui ramène à intervalles réguliers un feu blanc et un feu rouge ; au bout de plusieurs tours il y aura à la fois, dans un même état général de conscience, une image faible et indistincte du rouge à l’état évanouissant, une image vive et distincte du blanc, et une image faible du rouge à l’état naissant, c’est-à-dire trois degrés et trois espèces de représentations différemment orientées ; mais, pour avoir le sentiment même du temps, il faut agir, vouloir et mouvoir.

1956. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Ils ont dit mille choses inutiles : ils ont dit comment se battaient les hommes d’autrefois, et non pas comment ils vivaient ; ils se sont préoccupés des violences de l’espèce humaine, ils ont négligé d’en raconter les mœurs, les grâces, les élégances, les ridicules, si bien que c’est en pure perle, ou peu s’en faut, que ces misérables sept mille années que nous comptons depuis qu’il y a des hommes en société, ont été dépensées pour l’histoire des usages et des mœurs de la société civile. […] Ils sont passés à l’état des fossiles, ces courtisans, la honte de l’espèce humaine. — Ils étaient cependant les maîtres absolus de ce monde en proie à leur caprices ; il en étaient les arbitres, les héros, les demi-dieux, les gardes-du-corps ; ils touchaient, de très près, les Princes Lorrains, les Rohan, les Foix, les Châtillon, les Montmorency — ces dieux !

1957. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

La femme chargée des provisions dans le palais y dépose des pains et des mets nombreux ; un autre serviteur apporte des plats lourds de diverses espèces de viandes. […] Sa mère dépose dans une corbeille des mets savoureux de toute espèce et verse le vin dans une outre de peau de chèvre.

1958. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Il faut donc distinguer deux espèces de simultanéité, deux espèces de succession.

1959. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

J’en ai, de tout temps, retenu ces vers qui ne sont pas les seuls qu’on pourrait citer : Dieu, père universel, veille sur chaque espèce ; Il soumet l’univers aux lois de sa sagesse ; De l’homme elle s’étend jusqu’au vil moucheron : Il fallait tout un Dieu pour créer un ciron !

1960. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Ses Bergeries, publiées pour la première fois en 1625, ne sont qu’une espèce de comédie pastorale en cinq actes, assez mal cousus ensemble, où les personnages ne parlent qu’un langage de convention, qui n’est ni celui de la Cour ni celui du village, mais dont le mélange dut plaire, en effet, aux ruelles de ce temps-là, où régnaient les bergers de L’Astrée.

1961. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Ces grands noms que vont répétant les échos futurs, une fois livrés au tourbillon des âges, ne sont bientôt plus, si l’on n’y prend garde et si l’histoire authentique ne s’y oppose pas, que des espèces de bouts-rimés que chacun tire à soi, remplit à son gré, et sous lesquels on met un sens, des idées, des intentions que le plus souvent le personnage n’a jamais eus.

1962. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Un ancien poète, Simonide d’Amorgos, dans une satire contre les femmes, les a comparées, quand elles sont mauvaises, pour leurs défauts dominants, chacune à une espèce d’animaux (ces anciens étaient peu galants) : mais, quand il en vient à la femme sage, utile, frugale, industrieuse, diligente et féconde, il ne trouve à la comparer qu’avec l’abeille.

1963. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Mme Dacier a tiré bon parti, pour ses remarques et ses interprétations, d’Eustathe, l’archevêque de Thessalonique, excellent critique moral, critique surtout des beautés ; Eustathe, qu’a suivi volontiers Mme Dacier, est lui-même une espèce de Rollin byzantin, mais plus fort.

1964. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Monmerqué, ce consciencieux éditeur, profite de l’espèce d’occasion qu’ont créée les Mémoires si mal donnés par M. de Vigan, pour publier les siens : l’injure faite à la réputation du président Hénault sera réparée.

1965. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Traité d’abord au Quesnoy pour sa blessure, Villars put être transporté à Paris au bout de quarante jours : « Mon passage par les villes que je traversai, couché sur un brancard, fut une espèce de triomphe. » Arrivé à Paris, le roi l’envoya visiter, et lui fit dire qu’il le désirait à Versailles et qu’il lui destinait l’appartement du prince de Conti.

1966. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Mais ces subtilités sont celles d’une nature élevée, délicate ; ces tourments sont d’une noble espèce, et l’humanité a de tout temps estimé ceux qui y furent sujets et qui se sont montrés capables de ces belles croix.

1967. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il faut aimer le bonheur des peuples et la gloire du royaume, mais, dans la concurrence, il faut que la gloire cède au bonheur ; au lieu qu’un ministre de cette espèce fait toujours céder le bonheur à la gloire.

1968. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

En présence des nombreux volumes de critique, publiés par M. de Pontmartin, et dans lesquels je désirerais, pour m’orienter, une date au bas de chaque article, je suis forcé de commencer mon examen par ce qui me paraît le plus défectueux ; s’il s’agissait d’attaque, je dirais que j’attaquerai la place par son côté le plus faible, c’est-à-dire par l’espèce de programme et de manifeste que le critique a mis en avant.

1969. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Ce qu’elle espéra, ce qu’elle agita de pensées tumultueuses, ce qu’elle souffrit en ces moments, nous est révélé par des lettres de David Hume, le grand historien et philosophe, qui était devenu l’ami intime de Mme de Boufflers, son conseiller, une espèce de confesseur pour elle au moral24.

1970. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Bientôt Mme de Boufflers quitta Auteuil et s’en alla, avec sa belle-fille, passer l’hiver à Arles où elle avait fait retenir une maison : « Une certaine bienséance, l’embarras d’un maintien dans cette espèce de veuvage, la confiance que la belle-fille a dans la science de M. 

1971. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Dans un grand nombre d’affaires qu’on traita dans cette Assemblée, quoiqu’il parlât et dît son sentiment après tous les autres, il trouvait toujours de si fortes et nouvelles raisons, qu’il était bien difficile de ne pas se rendre à ses décisions. » Tel était, dans l’entière vérité du portrait, l’homme dont on n’a pas à dissimuler les faibles, mais dont il faut reconnaître, avec tous les contemporains éclairés, la supériorité et l’espèce de génie53.

1972. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Aucune espèce de société, beaucoup de cohues… Comme ils passent neuf mois de l’année en famille où avec très peu de personnes, ils veulent, lorsqu’ils sont dans la capitale, se livrer au tourbillon… « Toutes les villes de province valent mieux que Londres ; elles sont moins tristes, moins enfumées ; les maisons en sont meilleures.

1973. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

La montagne est étincelante ; si l’on abaisse les regards sur quelque vallon, il forme un lac de lumière ; la terre entière paraît électrisée et pétillé de toutes parts. » « L’hiver, auquel la neige est inconnue, présente aussi ses beautés : le gazon conserve sa verdure ; il est même émaillé de fleurs dont quelques-unes mériteraient une place dans les jardins, comme différentes anémones, toutes les espèces de narcisses, les jacinthes, les ellébores, etc.

1974. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

La foi d’ailleurs ne paraît jamais avoir fait question dans son esprit durant ces années, même quand il adresse à son frère et à son guide des questions comme celle-ci : « Sur la Géologie : — Que penser de ces couches superposes et formées de coquillages qui s’éloignent d’autant plus des espèces connues qu’ils sont plus éloignés de la surface du sol ?

1975. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Le pauvre Murville, après les premiers mots, ne tarda pas à s’apercevoir de l’espèce de trouble qu’il causait : il alla au-devant, et tout en parlant art, jeu dramatique, Mlle Gaussin, Mlle Desgarcins et autres brillants modèles, il lui échappa de dire comme en murmurant entre ses dents : « Oh !

1976. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Il revient longuement là-dessus en tête des Libres Méditations, et suppose que le  manuscrit de ce dernier ouvrage a été trouvé dans l’espèce de grotte où vécut cet ouvrier, nommé Lallemant, et qu’il a été écrit par un autre solitaire plus lettré, son successeur.

1977. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Et non-seulement cela, mais toute espèce d’avance affectueuse ou d’insistance quelconque pour entretenir une liaison qui semblerait me fuir serait pour moi chose odieuse et impossible.

1978. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Je déferais sans pouvoir réparer, et je n’ai jamais eu la force de m’arrêter longtemps sur ces espèces de notes des impressions que je voulais oublier, — j’en ai tant d’autres à subir !

1979. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Galiani y fait une espèce de gazette de théâtre, à l’occasion des représentations qu’une troupe de comédiens français donnait à Naples : « Dix-septième représentation : le Méchant, pièce qu’on n’entendit point du tout, parce qu’elle n’est que parlée.

1980. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Ce sont des livres qui ne ressemblent pas à des livres, et qui quelquefois même n’en sont pas ; ce sont de simples et discrètes destinées jetées par le hasard dans des sentiers de traverse, hors du grand chemin poudreux de la vie, et qui de là, lorsqu’en s’égarant soi-même on s’en approche, vous saisissent par des parfums suaves et des fleurs toutes naturelles, dont on croyait l’espèce disparue.

1981. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Après une espèce de fausse convalescence, il retomba de nouveau très-malade, et dut entrer à l’hospice Necker vers la mi-mars 1841.

1982. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

D’un autre côté, une morale rationaliste, non assise sur des dogmes, non défendue par des terreurs et des espérances précises d’outre-tombe, fondée sur le sentiment de l’utilité commune, sur l’instinct social, sur l’égoïsme de l’espèce qui est altruisme chez l’individu et s’y épure et s’y élargit en charité, enfin sur ce que j’appellerai la tradition de la vertu simplement humaine à travers les âges, une telle morale ne peut que très lentement établir son règne dans les multitudes : il lui faut du temps, beaucoup de temps, pour revêtir aux yeux de tous les hommes un caractère impératif.

1983. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

Je ne sais si ce qu’il écrira doit toujours s’appeler proprement une allégorie ; mais si même on prononce apologue ou parabole, ce sont bien des espèces du genre allégorie et l’idée y apparaît distincte de sa forme musicale et plastique7.

1984. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Ainsi, je suis persuadé que les naturalistes tireraient de grandes lumières, pour le problème si philosophique de la classification et de la réalité des espèces, de l’étude de la méthode des linguistes et des caractères naturels qui leur servent à former les familles et les groupes, d’après la dégradation insensible des procédés grammaticaux.

1985. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Mais ce point est le sommet culminant du monde, le plateau de la haute Asie où vint se poser l’arche de nos origines, d’où découlèrent toutes les grandes familles de l’espèce humaine.

1986. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Pour en finir sur ce point délicat et obscur, après la mort de Mlle Le Couvreur, on obtint, le 24 août 1730, de l’abbé Bouret, toujours détenu à Saint-Lazare, une rétractation pure et simple de ses premières dépositions, et une espèce de décharge en faveur de l’innocence de la duchesse de Bouillon.

1987. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Les chefs l’accueillaient avec bienveillance ; et lui, avec cette illusion confiante à laquelle n’échappe aucune noble jeunesse, il voulut user d’abord de cette espèce d’influence qu’ils paraissaient lui accorder, pour tenter de les réunir : « Ainsi, dit-il, je fis de vains efforts pour rapprocher Mounier et l’abbé Sieyès, entreprise bien digne d’un jeune homme à l’égard de ces hommes impérieux, qui étaient arrivés pour faire prévaloir des systèmes opposés. » Lui-même il se forma vite et se décida sur la ligne à suivre.

1988. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Nullement homme de parti d’ailleurs, se moquant des deux côtés, et sachant que l’espèce est partout la même.

1989. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

J’en connais qui n’ont pas moins d’esprit et de discrétion que de charme et de beauté ; mais ce sont des singularités que la nature, par dessein ou par caprice, se plaît quelquefois à nous donner… Ces femmes extraordinaires semblent avoir emprunté le mérite des hommes, et peut-être qu’elles font une espèce d’infidélité à leur sexe, de passer ainsi de leur naturelle condition aux vrais avantages de la nôtre.

1990. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

 » Raynouard se présenta et remporta le prix avec un petit poème (Socrate dans le temple d’Aglaure) qui transformait et mettait en action cette espèce d’aphorisme.

1991. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Se reportant aux âges antérieurs et à l’esprit de ce qui subsistait alors, il définit en termes singulièrement heureux l’antique et vague Constitution de la France, ce qu’il appelle le mystère de l’État : Chaque monarchie a le sien ; celui de la France consiste dans cette espèce de silence religieux et sacré dans lequel on ensevelit, en obéissant presque toujours aveuglément aux rois, le droit que l’on ne veut croire avoir de s’en dispenser que dans les occasions où il ne serait pas même de leur service de leur plaire.

1992. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Il nous fait sentir à tout moment l’espèce de charme qu’il y a dans l’exercice du bon sens54.

1993. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Mais il y a loin de ces travaux d’embellissement, qui l’engagèrent plus qu’il n’aurait voulu d’abord, au laborieux tableau tracé par La Bruyère ; et j’aime à penser que, si l’observateur moraliste avait songé à Gourville, ç’aurait été plutôt pour peindre ce personnage naturel et original, par les côtés vraiment singuliers et caractéristiques qui en font un individu-modèle dans son espèce.

1994. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud, que cette espèce d’enchantement politique, ce mobile des grandes actions, est une des merveilles de l’ordre social ; et plus nous sommes éloignés aujourd’hui de ces idées, plus nous devons en sentir le prix. » Passant à la morale, il y suivait les mêmes formes, les mêmes jeux de l’amour-propre, et reconnaissait qu’elle a, comme la politique, « ses rubans et sa broderie : ce sont les illusions, et je n’entends par illusion que la manière d’envisager les choses sous leurs formes les plus attachantes ».

1995. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

M. de Vergennes, dans un mémoire confidentiel adressé au roi, s’attachant à définir l’espèce de calme, si difficile à ménager, dont jouissait alors la France, le caractérisait en ces mots : « Il n’y a plus de clergé, ni de noblesse, ni de tiers état en France ; la distinction est fictive, purement représentative, et sans autorité réelle.

1996. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

J’ai été très frappé, en le lisant, de voir combien ces espèces de moralités ou de mots incisifs qui terminent chaque pièce, ressemblent souvent à certains traits également aiguisés et limés qui brillent dans les chansons de Béranger : celui-ci, à ses débuts, a profité évidemment du voisinage de M. 

1997. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Une douleur infinie, si elle était possible, serait elle-même la perfection de la douleur, une perfection en son espèce, purement quantitative, mais ne serait pas une perfection proprement dite et qualitative, c’est-à-dire un bien d’une grandeur infinie.

1998. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Les salles étaient de deux espèces : les unes, simples cours d’hôtelleries, ouvertes, un tréteau adossé à un mur, pas de plafond, des rangées de bancs posés sur le sol, pour loges les croisées de l’auberge, on y jouait en plein jour et en plein air ; le principal de ces théâtres était le Globe ; les autres, des sortes de halles fermées, éclairées de lampes, on y jouait le soir ; la plus hantée était Black-Friars.

1999. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Au fond, ce n’est pas là grand chose pour moi, qui méprise les opinions collectives et toutes les espèces de rassemblements, — ceux des Instituts comme ceux de la rue, — mais, je suis forcé de le dire : le mérite du livre existe, quoique reconnu et même couronné… En publiant les Lettres et Dépêches de l’ambassade d’Espagne 54, Drumont est un des premiers à bénéficier de la levée de ces scellés incompréhensibles mis, pendant si longtemps, sur les papiers du duc de Saint-Simon par d’imbécilles gouvernements.

2000. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il avait, lui aussi, subi cette nécessité des temps modernes, qui change le cerveau humain, au détriment du grand art littéraire, en une machine de production instantanée, et fait de l’esprit une espèce de locomotive lancée à toute vapeur sur les rails de tous les sujets.

2001. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

» Il semblait que dans les jungles du journalisme on entendît miauler — doucement encore, il est vrai, — un tigre de la plus belle espèce et dont la voix devait arriver aux plus terribles diapasons !

2002. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Par un abandon de ses droits à de petites sœurs très cadettes, Laforgue se trouvait sans fortune aucune, et il n’avait aucune espèce d’économies. […] 1º Les espèces qui disparaissent, disparaissent plutôt par dégénérescence et mort naturelle ; 2° Si la science prouve la vérité d’une lutte pour la vie, que fait-elle ? […] De même pour la moralité de la poésie, c’est le caractère didactique et prêcheur de la morale courante et philosophique que Poe lui interdit, car qui dit vérité dit moralité, le bien pour l’individu comme pour l’espèce consistant simplement à mettre de la logique et de l’accord entre sa destination perpétuelle et les phases momentanées de sa vie. […] Pour ces professeurs et savants, le travail manuel ou l’exercice, l’hygiène par quel moyen que ce soit serait plus profitable à l’espèce et à eux-mêmes que ce qu’ils font. […] Enfin, le plus probable c’est qu’on va plutôt où l’on ne veut pas, et que l’on fait plutôt ce qu’on ne veut pas faire, et qu’on vit et décide tout autrement qu’on ne le voudrait jamais, cela sans espoir d’aucune espèce de compensation. » Dans ses voyages, soit à Aden, soit aux plateaux du Harrar, où en rapport avec M. 

2003. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Quoique sa philosophie fût assez dure pour l’espèce humaine et classât une bonne partie des hommes au nombre des animaux malfaisants, il était en pratique plein d’indulgence, de pitié, charitable comme tous les humbles de cœur. […] Toutefois, si Taine était un logicien, il était un logicien d’une espèce particulière. […] Les trois professeurs formèrent une espèce de triumvirat intellectuel, dont l’action fut immense sur la jeunesse de l’époque. […] Comment s’expliquer alors ses jugements si sévères sur le christianisme dans ses derniers ouvrages, l’espèce d’aversion qu’il finit par manifester contre la religion qui enseigne que « Dieu est amour », et contre celui « qui a tant aimé les hommes qu’il est mort pour eux ?  […] Michelet a passé son enfance dans une espèce de prison, dans la salle basse et sombre où il faisait son travail de compositeur d’imprimerie.

2004. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il était pris d’une espèce de frisson qui hérissait ses cheveux sur sa tête. […] Et il n’est point seul de son espèce, dans son pays. […] Les popes l’accusent de distribuer aux moujiks l’athéisme et la libre pensée, sous les espèces du pain noir et de la soupe aux choux. […] Elles produisent les fonctionnaires, qui sont une espèce fâcheuse. […] Parmi les diverses espèces de dégénérés que nous sommes, aucune ne me paraît avoir plus de droit à l’attention de M. 

2005. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Au milieu du palais de Néron, on voit un citoyen obscur, un simple capitaine des Gardes atteint, comme l’a très bien dit l’historien de cet épisode, « de cette langueur douloureuse, de cette mort anticipée, ou plutôt de cette espèce de sommeil où l’homme est livré à des agitations sans suite, à des rêves inquiets, à des terreurs sans cause. » Il consulte Sénèque qui devient « son directeur de conscience » et qui conduit avec habileté cette œuvre délicate. […] Cependant, à la fin, le malheur use ses forces, et l’épilogue, ajouté à son journal par une main amie, nous le montre se rendant à une abbaye où il veut finir ses jours « ayant les cheveux épars, la barbe longue, le teint hâve, les yeux égarés, et, malgré la rigueur de la saison, ne portant pour vêtement qu’une espèce de tunique grossière, fermée sur la poitrine avec une ceinture de laine » en un mot, portant les traces « d’une profonde aliénation d’esprit. » Enfin, l’auteur nous apprend qu’à la suite d’un débordement du Danube, on a retrouvé son corps inanimé aux pieds des murs du couvent, dans lequel il allait chercher un dernier asile. […] Chaque moment ne tombe pas tristement sur mon cœur ; souvent il y a des repos, des intervalles où une espèce d’attendrissement, une vague rêverie qui n’est pas sans charme vient me bercer. » Mais pour avoir son charme et sa volupté, la tristesse n’en brise pas moins le cœur, et Gustave rend enfin le dernier soupir, soutenu par la religion et par l’amitié. […] Ce genre de dépravation, ce vice honteux du cœur, l’affaiblit, l’épuise et conduit à une espèce particulière d’idiotisme qu’on appelle la mélancolie. » Rien de plus juste en même temps que de plus éloquent. […] En même temps, il se jette dans l’étourdissement des plaisirs. « Il était dans le vague de la vie, il avait cette mélancolie noire, maladie de jeunesse, engendrée par la science précoce de notre civilisation avancée, espèce de folie causée au cerveau par les rayons brûlants d’une expérience trop hâtive. » En ce temps là, il se lie avec un jeune homme, Frédéric, « d’une imagination effrénée, un frère inconnu de Rousseau, d’Obermann, un grand poète à qui il ne manquait, en effet, que la voix des vers. » Avec lui, il s’adonnait à ces fêtes décrites dans le Pandæmonium de Dondey.

2006. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Car qu’est-ce, je vous prie, que l’instinct des animaux, sinon une espèce de vertu animale qui se rattache à l’intérêt bien entendu, à savoir à la satisfaction de leurs besoins par les moyens les plus propres ; et qu’est-ce, par analogie, que la raison chez le plus grand nombre des hommes, sinon un certain raisonnement pour se prouver à eux-mêmes qu’ils font bien en faisant ce qu’ils veulent, en ne faisant pas ce qu’ils ne veulent pas ? […] C’est ce qui fait que les Jacobins forment un genre dans l’espèce homme. […] — L’espèce n’en est pas d’hier, dis-je entre autres choses. […] Aujourd’hui, vieux, languissant, incapable de le détendre ni du bras, ni de la parole, ni de la plume, il faut que je le voie ravagé par la pire espèce de barbares, des barbares savants et méthodiques, qui ont inventé l’art de tuer les armées au jugé, et de vaincre sans voir ni être vus ; et je cherche, parmi tous les amours d’où nous viennent les suprêmes douleurs, lequel comparer à l’amour que je ressens pour mon infortuné pays. […] Depuis que ces pages sont écrites, Pasteur, par ses étonnantes découvertes sur la rage, a ajouté son nom, déjà des premiers parmi les noms des savants créateurs, aux noms plus rares des bienfaiteurs de l’espèce humaine.

2007. (1914) Une année de critique

Mais ce plaisant illogisme, c’est le trait caractéristique de Rousseau et des neurasthéniques de son espèce. […] Une espèce de tendre et caressante maternité avait été le premier piège de l’amour. […] Il en est de deux espèces. […] On conviendra pourtant que ce n’est pas à ce saint caractère qu’il doit le plus clair de sa réputation, ni cette espèce de renom de prosateur maudit qui le relègue un peu en marge de la littérature contemporaine. […] En l’espèce, cependant, Félix ne mérite pas toutes les indulgences.

2008. (1913) Poètes et critiques

Depuis cette initiation, quand j’ai bu un noir breuvage, je suis comme inspiré, et de ma bouche muette il sort toute espèce de paroles et de vers. » Je n’ai pas besoin d’insister sur la supériorité de l’imitation. […] » Cette espèce de fronde horrible du tombeau. […] D’après l’esprit qui règne autour de moi, — ajoutait-il, — je puis affirmer qu’en ce cas le despotisme ne serait pas plus fort au Palais-Royal qu’aux Tuileries. » Il prenait donc l’engagement de s’insurger contre tout retour d’oppression, et cet engagement, il le tint avec quelques républicains candides de son espèce, sur de nouvelles barricades, les 5 et 6 juin 1832. […] Les ombres qui glissent sont de petits hommes sur de longs patins de bois, des espèces de Trolls : jambes torses, large face, des yeux bridés d’Asiatiques, et, quand ils parlent, une étonnante douceur de voix. […] Je t’avouerai que j’ai trouvé les choses plus belles dans les gravures que dans la réalité. » Cette sincérité est d’une espèce rare, on doit le reconnaître, mais quel aveu pour un auteur qui, par devoir professionnel, va consacrer des années de sa vie à la critique d’art !

2009. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Charles Douglas pour être teneur de livres ou aide-surveillant à la Jamaïque ; faute d’argent pour payer le passage, il était sur le point de s’engager par cette espèce de contrat de servitude qui liait les apprentis, lorsque le succès de son volume lui mit une vingtaine de guinées dans la main et pour un temps lui ouvrit une éclaircie. […] Que le poëte prenne garde de se laisser détourner par la poésie ; qu’il prenne garde de faire comme Burns, « de ne songer à son travail que pendant qu’il y est. » Il doit y songer toujours, le soir en dételant ses bêtes, le dimanche en mettant son habit neuf, compter sur ses doigts ses œufs et sa volaille, penser aux espèces de fumier, trouver le moyen de n’user qu’une paire de souliers et de vendre son foin un sou de plus la botte. […] Tous les deux cents ans, chez les hommes, la proportion des images et des idées, le ressort des passions, le degré de la réflexion, l’espèce des inclinations, changent.

2010. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Il fallut même, pour cette dernière, vaincre une sorte d’opposition des artistes de la danse, qui s’entendaient pour lui refuser toute espèce de talent.

2011. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Cette espèce d’incertitude et d’embarras, cette question qu’on s’adresse à soi-même pendant la lecture, vient à cesser et elle s’explique lorsqu’on a recouru, comme je l’ai dû faire, et comme M. 

2012. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

On a là au vrai le jugement d’un ami impartial et clairvoyant sur Voltaire homme et écrivain, à cette époque déjà si avancée de sa carrière, mais avant qu’il fût devenu cette espèce de personnage amplifié de la légende philosophique et le patriarche de Ferney.

2013. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Il se rend un compte exact de la manière dont il faut agir avec chaque espèce et chaque nature d’individus parmi les révoltés.

2014. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Je laisse aux physiologistes à expliquer cette espèce de projection et de réflexion visible de la pensée interne à l’état de mirage : une seule remarque à faire quand on est simple académicien, c’est que la dame ou la fée parlait cette nuit-là un français un peu risqué.

2015. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Lanfrey, d’appartenir à l’espèce humaine, lorsqu’on songe à ce qu’elle fait de l’enseignement de ses plus glorieuses intelligences. » M. 

2016. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

C’a été le cas pour Roger de Collerye qui a profité plus qu’aucun autre de cette espèce d’ardeur systématique rétrospective dont quelques estimables érudits à imagination vive sont possédés.

2017. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Il se passe un combat et tout un jeu moral dans le cœur de Chimène, un duel d’une autre espèce et qu’elle nous décrit : « Rodrigue dans mon cœur attaque encor mon père.

2018. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Tout d’abord Du Bellay a sur l’origine des langues une idée fausse, abstraite, rationnelle : « Les langues, dit-il, ne sont nées d’elles-mêmes en façon d’herbes, racines et arbres, les unes infirmes et débiles en leurs espèces, les autres saines et robustes, et plus aptes à porter le faix des conceptions humaines ; mais toute leur vertu est née au monde du vouloir et arbitre des mortels. » On voit l’erreur ; c’est déjà la doctrine du rationalisme appliquée aux langues.

2019. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Le genre de monde qu’il fréquentait alors, et qui l’accueillait avec toutes sortes de caresses, entretenait journellement l’espèce d’illusion qu’il se faisait à lui-même sur ses croyances ; mais le fond de sa doctrine politique était toujours l’indépendance personnelle, et le philosophisme positif de sa première éducation, quoique recouvert des symboles catholiques, persistait obscurément dessous.

2020. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Cousin en fait grand cas, et, en effet, Loyson a le mérite d’avoir, sans appareil d’érudition ni, comme on dit, d’esthétique, démêlé la poétique de Pindare et compris l’espèce d’unité vivante qui animait ses odes.

2021. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

sLe prince de Talmont, on le voit par les Mémoires imprimés, était celui de tous les chefs qui, par ses antécédents et son caractère, se trouvait le moins en accord avec ces mœurs simples, frugales, chrétiennes, et avec cette espèce d’égalité fédérale des gentilshommes vendéens.

2022. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Pierre Corneille En fait de critique et d’histoire littéraire, il n’est point, ce me semble, de lecture plus récréante, plus délectable, et à la fois plus féconde en enseignements de toute espèce, que les biographies bien faites des grands hommes : non pas ces biographies minces et sèches, ces notices exiguës et précieuses, où l’écrivain a la pensée de briller, et dont chaque paragraphe est effilé en épigramme ; mais de larges, copieuses, et parfois même diffuses histoires de l’homme et de ses œuvres : entrer en son auteur, s’y installer, le produire sous ses aspects divers ; le faire vivre, se mouvoir et parler, comme il a dû faire ; le suivre en son intérieur et dans ses mœurs domestiques aussi avant que l’on peut ; le rattacher par tous les côtés à cette terre, à cette existence réelle, à ces habitudes de chaque jour, dont les grands hommes ne dépendent pas moins que nous autres, fond véritable sur lequel ils ont pied, d’où ils partent pour s’élever quelque temps, et où ils retombent sans cesse.

2023. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Voyez Cicéron, rien ne lui manque que l’obstacle et le saut. » « Il y a mille manières d’apprêter et d’assaisonner la parole : Cicéron les aimait toutes. » « Cicéron est dans la philosophie une espèce de lune ; sa doctrine a une lumière fort douce, mais d’emprunt : cette lumière est toute grecque.

2024. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Quant à Bernardin de Saint-Pierre, on s’explique aisément l’enthousiasme avec lequel Mme de Krüdner le chercha d’abord et l’espèce de culte qu’elle lui garda toujours.

2025. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Deux romanciers qui ont circonscrit leur observation, sont arrivés à rendre supérieurement certains milieux particuliers, avec les espèces morales qui s’y développent : M. 

2026. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Il est une autre attitude, une autre façon de prendre la vie, qui est bien de ce temps : une espèce de pessimisme stoïque, une affectation de voir toutes les duretés et toutes les absurdités du monde réel et tout ce qu’il y a d’inhumain dans, ses lois, et d’y opposer une résignation ironique.

2027. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Si alors nous voulons à toute force proclamer qu’ils se trompent, que leur droite n’est pas la vraie droite, si nous ne voulons pas confesser qu’une pareille affirmation n’a aucun sens, du moins devrons-nous avouer que ces gens n’ont aucune espèce de moyen de s’apercevoir de leur erreur.

2028. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Dans le syncrétisme primitif, tous les hommes d’une même race se ressemblaient comme les poissons d’une même espèce.

2029. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

« Les larmes les plus amères que cette enfant verse secrètement dans le sein de Dieu, dit M. le curé de Château-l’Évêque, ne viennent pas de ce que nous avons dit mais de ce que nous ne pouvons dire sans blesser l’amour-propre, la discrétion, le mutisme de notre protégée… Malgré l’espèce de violation du domicile de l’amitié que nous avons dû commettre pour apprendre ce que nous vous écrivons, il restera beaucoup de choses dans l’oubli et dans le secret de la conscience. » Emmeline ne se plaint jamais et, si elle ouvre son cœur ulcéré, c’est seulement à la sœur de Saint-Vincent-de-Paul de Château-l’Évêque.

2030. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Quand Chateaubriand, au début de notre siècle, écrivit son Génie du Christianisme, qui n’est au fond et encore partiellement que le génie du catholicisme, il défendit sa religion en montrant qu’elle était artistique, aimable, qu’elle avait des fêtes charmantes, des cérémonies touchantes, des beautés extérieures de toute espèce.

2031. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Elle (madame de Fontanges) est une espèce de rouée, comme la Ludres, Elles ne feront peur à personne, ni l’une ni l’autre. » Pendant ces souffrances, ces dégoûts, ces disgrâces, la faveur de madame de Maintenon croissait toujours.

2032. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Voilà donc ce coquin marqué, cet escroc véreux, ce déclassé de la pire espèce, ce baron de Wormspire en gants jaunes, reçu avec transport, au moment où il est expulsé du monde, dans le giron de la Compagnie !

2033. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

On pourrait diviser les chansons de Béranger en quatre ou cinq branches : 1º L’ancienne chanson, telle qu’on la trouve avant lui chez les Collé, les Panard, les Désaugiers, la chanson gaie, bachique, épicurienne, le genre grivois, gaillard, égrillard, Le Roi d’Yvetot, La Gaudriole, Frétillon, Madame Grégoire : ce fut par où il débuta. 2º La chanson sentimentale, la romance, Le Bon Vieillard, Le Voyageur, surtout Les Hirondelles ; il a cette veine très fine et très pure par moments. 3º La chanson libérale et patriotique, qui fut et restera sa grande innovation, cette espèce de petite ode dans laquelle il eut l’art de combiner un filet de sa veine sensible avec les sentiments publics dont il se faisait l’organe ; ce genre, qui constitue la pleine originalité de Béranger et comme le milieu de son talent, renferme Le Dieu des bonnes gens, Mon âme, La Bonne Vieille, où l’inspiration sensible donne le ton ; Le Vieux Sergent, Le Vieux Drapeau, La Sainte-Alliance des peuples, etc., où c’est l’accent libéral qui domine. 4º Il y faudrait joindre une branche purement satirique, dans laquelle la veine de sensibilité n’a plus de part, et où il attaque sans réserve, avec malice, avec âcreté et amertume, ses adversaires d’alors, les ministériels, les ventrus, la race de Loyola, le pape en personne et le Vatican ; cette branche comprendrait depuis Le Ventru jusqu’aux Clefs du paradis. 5º Enfin une branche supérieure que Béranger n’a produite que dans les dernières années, et qui a été un dernier effort et comme une dernière greffe de ce talent savant, délicat et laborieux, c’est la chanson-ballade, purement poétique et philosophique, comme Les Bohémiens, ou ayant déjà une légère teinte de socialisme, comme Les Contrebandiers, Le Vieux Vagabond.

2034. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Le juge le plus compétent en pareille matière, Walter Scott, a très bien caractérisé l’espèce de critique vive, facile, spirituelle, indulgente encore et bienveillante, qui est celle de Gil Blas : « Cet ouvrage, dit-il, laisse le lecteur content de lui-même et du genre humain. » Certes, voilà un résultat qui semblait difficile à obtenir de la part d’un satirique qui ne prétend pas embellir l’humanité ; mais Lesage ne veut pas non plus la calomnier ni l’enlaidir ; il se contente de la montrer telle qu’elle est, et toujours avec un air naturel et un tour divertissant.

2035. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mme de Maintenon, toute bonne paroissienne qu’elle la croyait, sentait bien pourtant que cette nièce charmante n’était pas devenue une recluse, et qu’elle recevait des amis de toute espèce : « Vous savez bien vous passer des plaisirs, lui disait-elle, mais les plaisirs ne peuvent se passer de vous. » Telle était Mme de Caylus autant qu’on la peut ressaisir d’après quelques pages où ne se trouve encore que la moindre partie d’elle-même : mais, avec l’aide des témoignages contemporains, nous sommes sûrs du moins de ne lui avoir rien prêté en cherchant à la définir.

2036. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Il disait encore de lui, après l’espèce de réconciliation de 1781 : Tandis que mes amis, que son étrange réputation et son talent pour faire peur avaient effarouchés, l’étaient au point de me croire mort seulement à son approche, je n’ai trouvé que ce que j’avais laissé : de l’esprit autant qu’il est possible d’en avoir ; un talent incroyable pour saisir toutes les surfaces, et rien, rien du tout dessous ; et, au lieu d’âme, un miroir qui prend passagèrement toutes les images qu’on lui présente et n’en conserve pas le moindre souvenir.

2037. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Dans son recueil d’aujourd’hui, il y a une espèce de chant prophétique, intitulé : 1852, où résonnent bien des promesses magnifiques et creuses : Voici la fin de la misère, Mangeurs de pain noir, buveurs d’eau !

2038. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Ainsi que la plupart des écrivains de son temps, Marmontel se faisait beaucoup d’illusions sur la bonté de l’espèce humaine.

2039. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

La société française, qui s’était mise à accueillir vivement tout ce que Louis XIV avait disgracié, se prit d’enthousiasme à ce moment pour le général Bonneval et pour ses exploits de paladin dans cette espèce de croisade contre le Turc.

2040. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Il se montra en même temps humain et moral, fidèle à ses principes de Lyon, en insistant pour qu’on prévînt la conspiration une fois connue, au lieu de la laisser à demi éclater comme quelques ministres l’auraient voulu Vers ces années, pour se consoler des injustices de l’opinion publique à son égard, se sentant peu de goût d’ailleurs pour tout ce qui se pratiquait à la Cour, et croyant aussi qu’il était séant à une époque de paix d’inaugurer le rôle d’une espèce de grand seigneur industriel, il conçut l’idée de fonder dans sa terre de Châtillon un vaste établissement où il assemblerait toutes les industries, et moyennant lequel il doterait son pays des innovations utiles en tous genre.

2041. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Marin, secrétaire général de la Librairie, et que Beaumarchais a stigmatisé depuis dans ses Mémoires ; on songe à l’abbé Delille, alors bien jeune, et qui venait de traduire les Géorgiques : « Si vous ne le prenez pas, dit Voltaire, ne pourriez-vous pas avoir quelque espèce de grand seigneur ? 

2042. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Bastian, lui, l’admet sans preuves, et il ajoute, pour nous donner une idée de la constitution radicale de la conscience : « Nous avons dans l’écorce cérébrale un registre étendu ou s’inscrivent deux espèces d’impressions sensorielles : celles qui primitivement excitent un mouvement, et d’autres impressions sensorielles (kinesthésiques) résultant de ces mouvements et constituant un guide et un modèle pour l’exécution ultérieure des mouvements similaires. » Sur le second groupe d’impressions sensorielles, celles qui résultent du mouvement (ou sensations kinesthésiques) et qui servent de guides pour les mouvements ultérieurs, nous sommes d’accord avec M. 

2043. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

En effet, ils ne donnent pas pour le portrait de la Reine, la figure de convention, l’espèce de fausse duchesse d’Angoulême, fabriquée par la Restauration.

2044. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Zola comme de Balzac, c’est précisément qu’ils ont voulu peindre les hommes dans leurs rapports sociaux ; c’est qu’ils ont fait surtout des romans « sociologiques », et que le milieu social, examiné non dans les apparences extérieures, mais dans la réalité, est une continuation de la lutte pour la vie qui règne dans les espèces animales. « De peuple à peuple, chacun sait comment on se traite.

2045. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

On en peut distinguer de deux espèces, ou le fatalisme géométrique de Spinoza, ou le fatalisme physique de Hobbes, de Collins, de Lamettrie.

2046. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

— J’ai vu la population siffler ou ne pas applaudir (ce qui revient au même dans l’espèce) Mélingue, le plus artiste de nos acteurs français.

2047. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Or, il se rencontra qu’au fond Danton était un lâche de la plus vile espèce.

2048. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

L’auteur des Colifichets est poète sous les deux espèces, et on le sent en maint endroit de ces poésies physiques où ce Rubens du rythme violenté n’a pas emporté et étouffé dans ses étreintes l’âme du Rêveur divin que je préfère à tous les Rubens !

2049. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Atrophié dès le début par le séminaire, obscurci à l’âge viril par la chasteté, tenu perpétuellement en laisse par l’Église, malade de corps, de cœur et d’intelligence, le prêtre nous apparaît donc, parmi l’espèce humaine, l’être le moins apte à remplir le rôle qui lui est destiné, celui d’apôtre, d’éclaireur et de guide.

2050. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Permettant aux hommes de se mouvoir avec rapidité pour se rencontrer, ou même de commercer sans se mouvoir, ils font monter d’un chiffre incalculable le taux de toutes les espèces de relations humaines.

2051. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Le Dieu qui terrasse et qui relève, qui abat et qui console, l’a placé près de lui dans un solitaire asile. » Élégiaque autant que lyrique, plus semblable à la bénédiction qu’à l’apothéose, et inspirée surtout par la pensée de l’heure suprême et en souvenir des souffrances de celui qui avait si peu épargné l’espèce humaine, cette ode est belle comme la prière que prononça Pie VII à la mort de Napoléon.

2052. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Avec un même courage, il lui refusa toute espèce de talent. […] N’étant point officier de l’armée territoriale, ni même d’aucune espèce d’armée — du moins, je le pense, — je puis sans danger risquer ce coupable et blasphématoire aveu : je l’aimais fort. […] — J’ai rêvé pour la France, me dit-il… Et ce rêve, je pense, ne vous désobligera pas, car vous avez une propension à déifier toute espèce de gens… Alexandre Dumas n’est-il pas, chez vous, une sorte de Dieu ? […] Ce n’est pas ce qu’on appelle une nation, c’est tout au plus une espèce zoologique, assez curieuse en soi, totalement dépourvue de conscience et de responsabilité morale, et douée du dangereux instinct de l’imitation. […] Enfin, il continue l’espèce, malgré lui.

2053. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Ces raisons positives ont elles-mêmes des espèces qui varient peut-être avec chaque romancier, qui varient certainement avec chaque groupe de romanciers. […] Il va de soi qu’on y reconnaîtrait facilement plusieurs espèces secondaires, selon qu’il se rapproche davantage du roman brut ou qu’il va plutôt au roman actif. […] Artus Bertrand condamnait non seulement Paul-Louis, mais toute espèce de pamphlet. […] Dans l’espèce humaine la littérature c’est d’abord et partout la poésie et le théâtre. […] Le plaisir va probablement dans le courant de la vie (tout au moins de la vie de l’espèce), mais il nous fait tourner le dos à cette énigme.

2054. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

C’est là que la Révolution française vint le trouver sous les espèces du général Custine. […] Femmes sans culottes et femmes en culottes, espèces disparues. […] C’est précisément l’espèce la plus inextricable, et vous le savez très bien ; car aux malades vous dites toujours dans la même phrase, à très peu près, une vérité, la vérité et, aussi, un mensonge. […] Les Épilogues sont une espèce de journal intellectuel. […] Son fond est une espèce de scepticisme intransigeant, je ne veux pas écrire de scepticisme fanatique ; mais, enfin, il y a bien quelque chose comme cela.

2055. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Combien de lecteurs persistent à ne demander qu’un amusement à, la littérature, et restent insensibles à toute espèce de beauté sérieuse ! […] On en a fait une espèce de feu d’artifice, quelque chose d’ironique et de déplaisant, une gaieté outrancière, une virtuosité frondeuse qui tient le milieu entre la pose, le rire et la blague. […] Cet éternel lieu commun de l’humanité, cet universel penchant, base de la perpétuité de notre espèce, suffirait seul à justifier la vogue du roman à notre époque. […] Les traits de notre visage reflètent le malaise interne de cette espèce d’enfantement. […] Pas un de nos maîtres contemporains n’a échappé à l’espèce d’intoxication que dégage la lecture de Madame Bovary et de Salammbô.

2056. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Le prince de Ligne devait avoir de ces phrases quand il s’était commis avec une « espèce ». […] L’excellent Gaspard suffirait, à lui seul, à réhabiliter l’espèce humaine. […] Le héros de M. de Tinseau est un Don Juan de la pire espèce, qui n’est pas habitué à rencontrer de cruelles. […] Même quand ils ont l’air de penser et d’agir, ils ne font que les gestes de l’action et de la pensée ; mais ils font ces gestes imperturbablement et ils ne font jamais qu’une espèce de gestes, et ainsi leur automatisme moral devient une force énorme et irréductible.

2057. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Gandar était de la seconde promotion de l’École d’Athènes, une espèce de promotion extraordinaire qui eut lieu en 1847, et où il figurait seul : il retrouvait en arrivant les élèves de cette nombreuse et brillante promotion première qui comptait Lévêque, Émile Burnouf, Louis Lacroix, Benoit (doyen à Nancy), Hanriot, Roux, — Grenier enfin, Grenier ouvertement incrédule à Homère, négateur hardi de l’exactitude tant admirée des descriptions homériques ; car, dès qu’il y a une douzaine de personnes réunies, il se trouve toujours un homme d’esprit en sus pour contredire et remettre en question ce que les autres admettent et admirent. […] Dans ses lettres ou plutôt dans les espèces de rapports sous forme de lettres qu’il adresse à ses maîtres, M. 

2058. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Mais quoique ce soit un poète, chez nous, qui ait eu ce pouvoir, quoique ce doive être un autre poète aussi, Boileau, qui, pour la seconde moitié du siècle, achèvera et confirmera l’œuvre de Malherbe, il ne faudrait pas conclure, de cette espèce de préséance et de priorité de la poésie sur la prose, qui se rencontre également à des époques tout autrement primitives, que le caractère poétique, un caractère d’imagination et de fantaisie, dominera et s’imprimera à l’ensemble de la littérature. […] Décidément le genre allégorique succède ; c’est alors la vogue et le règne de la poésie symbolisée et moralisante, du Roman de la Rose, dont les dernières parties contiennent une espèce d’Encyclopédie de la fin du xiiie  siècle, et expriment une philosophie des plus avancées ; ce Roman de la Rose, qui, en commençant, n’était qu’un Art d’aimer, finit par être un De Natura rerum.

2059. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Buffon les a admirablement décrits dans l’espèce de guerre morale qu’ils se livrent l’un à l’autre. […] Cependant, convenons-en, l’usage exclusif et prolongé d’une certaine espèce de poésie n’est pas sans quelque péril pour l’âme ; à force de refoulement intérieur et de nourriture subtile, la blessure à moitié fermée pourrait se rouvrir : il faut par instants à l’homme le mouvement et l’air du dehors ; il lui faut autour de lui des objets où se poser ; et quel convalescent surtout n’a besoin d’un bras d’ami qui le soutienne dans sa promenade et le conduise sur la terrasse au soleil ?

2060. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Il commence par une espèce de préface. […] Enfin, nous étions liés par ce terrible baiser, espèce de secret qui nous inspirait une honte mutuelle.

2061. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Au point de vue de l’essence et de la définition, la parole intérieure vive est comme une espèce intermédiaire entre la parole intérieure proprement dite et la parole extérieure. […] Il est assis en face d’une espèce de colosse… M. 

2062. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Je ne suis pas plus l’homme d’un seul poète que d’une seule espèce de fleurs ou de fruits. […] Il est absolument ridicule de synthétiser toute la poésie d’un siècle dans un homme, Hugo est un accident de la nature, un génie inconscient et terrible, une espèce d’éclosion, d’éruption plutôt, de sève poétique et torrentiel à la façon d’un geyser et d’un volcan, c’est un élémental comme Eschyle, Dante, Goethe, Wagner et Shakespeare que je préfère de beaucoup (les deux derniers) à Hugo.

2063. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Toutes les traductions d’un poème dans toutes les langues possibles auront beau ajouter des nuances aux nuances, et par une espèce de retouche mutuelle en se corrigeant l’une Vautre, donner une image de plus en plus fidèle du poème qu’elles traduisent, jamais elles ne rendront le sens intérieur de l’original 27. […] En faisant qu’elles exigent toutes de notre esprit, malgré leurs différences d’aspect, la même espèce d’attention et, en quelque sorte, le même degré de tension, on accoutumera peu à peu la conscience à une disposition toute particulière et bien déterminée, celle précisément qu’elle devra adopter pour s’apparaître à elle-même sans voile37. » Rappelons-nous les Phares de Baudelaire ou telle pièce des Serres Chaudes de Maeterlinck ; celle-ci, par exemple, où le poète entasse à dessein les petits tableaux pour mieux nous faire pénétrer son impression subtile : « Oh !

2064. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

D’après lui, on doit expulser de la poésie toute espèce d’idées, de sentiments et d’images. […] Cette espèce d’agonie accompagne, bien que très atténuée, le plus souvent, toutes les expériences qui rappellent, de près ou de loin, la contemplation proprement dite. […] " nous rencontrons surtout ce passage, écrit encore plus directement sous l’influence d’Edgar Poe : deux choses sont également requises : l’une une certaine somme de complexité, ou plus proprement de combinaison ; l’autre une certaine quantité d’esprit suggestif, quelque chose « comme un courant souterrain de pensée non visible, indéfini… » c’est l’excès dans l’expression « du sens » qui ne doit être « qu’insinué », c’est la manie de faire du courant souterrain d’une œuvre « le courant visible » et supérieur « qui change en prose », et en prose de la plate espèce, « la prétendue poésie » de quelques soi-disant poètes. il n’y a pas dans toute l’esthétique baudelairienne de passage plus important à notre point de vue que celui-là.

2065. (1923) Paul Valéry

« L’homme fabrique par abstraction ; ignorant et oubliant une grande partie des qualités de ce qu’il emploie, s’attachant seulement à des conditions claires et distinctes, qui peuvent le plus souvent être simultanément satisfaisantes non pour une seule, mais pour plusieurs espèces de matières. » On reconnaît des idées bergsoniennes, auxquelles Valéry est d’ailleurs arrivé par une voie tout à fait indépendante. […] Chez Victor Hugo il est visible que les deux facultés ne forment que les espèces d’un même genre. […] Je te chéris, éclat qui semblait me connaître, Et vers qui se soulève une vierge de sang Sous les espèces d’or d’un sein reconnaissant.

2066. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Le plus souvent, je pouvais repartir, et comme on ne voulait pas me brusquer, sachant que je n’avais été asservie à aucune espèce de discipline, la surveillance se bornait à une recommandation, que me criait tante Lili, du haut de la fenêtre : — Ne vas pas au soleil sans chapeau ! […] Il en voulait probablement à saint Labre et tenait en suspicion les couvents, lui, à qui j’entendis redire, plus tard, bien souvent, qu’il ne pouvait comprendre les religieux… « qui se réunissent pour puer de compagnie, en l’honneur d’un Dieu qui a créé dix mille espèces de parfums… » La mère Marie-Jésus était là, derrière le grillage ; elle chuchotait, de sa voix mielleuse et, à cause de la présence d’un homme, son voile baissé ne laissait voir que son menton fin et pointu et un peu de sa bouche mince. […] La première consistait en une espèce de conférence, où elle racontait les origines et l’histoire de la musique, en développait la théorie, en expliquait les principes. […] « … Il avait les cheveux coupés très ras et du plus beau noir ; ces cheveux faisant des pointes régulières sur le front d’une éclatante blancheur, le coiffaient comme une espèce de casque sarrasin ; les yeux, couleur de tabac d’Espagne, avaient un regard spirituel, profond, et d’une pénétration peut-être un peu trop insistante, quant à la bouche, meublée de dents très blanches, elle abritait, sous une légère et soyeuse moustache ombrageant son contour, des sinuosités mobiles, voluptueuses et ironiques, comme les lèvres des figures peintes par Léonard de Vinci ; le nez fin et délicat, un peu arrondi aux narines palpitantes, semblait subodorer de vagues parfums lointains. […] Dès que nous jugions nos parents assez loin, nous courions à la cuisine, par le long couloir qui y conduisait, et nous nous acharnions à faire passer tout le riz au lait par le trou de l’évier, ce qui était laborieux ; mais cela représentait une espèce de vengeance contre le mets détesté.

2067. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Jules de Gaultier, c’est un des pièges que nous tend le génie de l’espèce. […] Laissant de côté les cas extrêmes, il faut nécessairement admettre que le mimétisme existe à l’état de possibilité chez presque toutes les espèces animales et que le mécanisme de cette fonction, parfois très active, est purement physiologique. […] C’est à cette survivance qu’il doit sans doute d’avoir gardé encore une certaine plasticité, malgré l’ancienneté de son espèce. […] On les appelle, elles viennent ; on les renvoie, elles le renfoncent je ne sais où, et disparaissent pour laisser place à d’autres : on ferme et on ouvre son imagination comme un livre ; on en tourne pour ainsi dire les feuillets ; on passe soudainement d’un bout à l’autre : on a même des espèces de tables dans la mémoire, pour indiquer les lieux où se trouvent certaines images reculées … » Cette description, métaphoriquement si juste, de la fonction générale du cerveau, n’indique-t-elle pas une imagination nettement visuelle ? […] On lit ceci dans la recette de l’antithèse-portrait : « Si les traits d’un personnage de roman peuvent s’appliquer à toute espèce de personnes, le personnage est mauvais » ; il faut particulariser ; jamais de types, jamais d’êtres synthétiques tels que : le Roi, la Jeune Fille, le Paysan, le Héros.

2068. (1887) George Sand

Elle ébauchait, pendant ces mois tristes, à travers ses longues promenades, l’idée d’une espèce de roman qui ne devait jamais voir le jour et qu’elle écrivit sur la tablette d’une vieille armoire, dans l’ancien boudoir de sa grand’mère, près de ses enfants : « L’ayant lu, dit-elle avec candeur, je me convainquis qu’il ne valait rien, mais que j’en pouvais faire de moins mauvais », et comme elle était alors très préoccupée du choix du métier qui lui assurerait sa liberté à Paris, elle vint à penser qu’en somme il n’était pas plus mauvais que beaucoup d’autres qui, tant bien que mal, faisaient vivre. […] Le vœu de la nature, n’est-ce pas l’appel même de Dieu à ces élus d’une nouvelle espèce ? […] De là tant de prophéties irritées et cette utopie du mariage idéal : « Je ne doute pas, s’écrie Jacques, que le mariage ne soit aboli, si l’espèce humaine fait quelque progrès vers la justice et la raison ; un lien plus humain et non moins sacré remplacera celui-là, et saura assurer l’existence des enfants qui naîtront d’un homme et d’une femme, sans enchaîner jamais la liberté de l’un et de l’autre. […] C’est, en un mot, le mariage vrai, idéal, humanitaire et chrétien à la fois, qui doit faire succéder la fidélité conjugale, le véritable repos et la véritable sainteté de la famille à l’espèce de contrat honteux et de despotisme stupide qu’a engendrés la décrépitude du monde. […] Jamais un bon esprit ne se formera s’il n’a pas vaincu les difficultés de toute espèce de travail, ou au moins de certains travaux qui exigent la tension de la volonté. » Elle est implacable, pour ceux à qui elle s’intéresse, sur cette hygiène préparatoire de la volonté qui ne conduit pas à l’érudition proprement dite, mais qui développe une aptitude spéciale à tout comprendre, le jour où il le faudra et où l’écrivain le voudra.

2069. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Encore le lecteur et surtout l’auteur du présent livre se doivent-ils estimer heureux de cette espèce d’unité qui se présente, inespérée, en cette œuvre de dépouillement. […] La comédienne était véritablement, en ce temps-là, une espèce à part. […] Molière avait recueilli Baron à l’âge de douze ans ; il lui avait servi de père ; il avait supporté toutes ses ingratitudes ; Molière fut pour lui un père indulgent, et quel plus noble appui pouvait tomber du ciel à un jeune homme sans mœurs, qui avait commencé par être une espèce de bohémien dans une de ces troupes de province dont Scarron ne fut que le très véridique historien ? […] Léonore, une espèce de femme honnête, a entrepris de démasquer Moncade, à peu près comme Elmire entreprend de démasquer Tartuffe ; avec cette différence cependant que la scène de la déclaration dans Tartuffe est la plus terrible qui se puisse entendre, tant c’est là un habile et hardi scélérat, Tartuffe ! […] Lucinde, très calme et très souriante, se retourne vers une espèce d’imbécile nommé Éraste, en lui disant : — « Éraste, voulez-vous recevoir ma main ? 

2070. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Faut-il étendre cette doctrine à ces véritables espèces intellectuelles que sont les genres littéraires, et, plus généralement encore, les arts ? […] Je revois, entre autres, une certaine blouse de drap rouge, avec des croix de drap vert et noir, brodées en application sur les épaules et sur les manches, une espèce de cape en drap rouge posée à même la tête, des pantalons de la même étoffe, tendus par des sous-pieds sur des chaussures de cuir vert ornées de boucles de stras. […] Sur des documents, comme ceux du Roman d’amour, ne devons-nous pas conclure que, dans l’espèce, l’homme célèbre a voulu simplement séduire d’abord, puis épouser une grande dame ? […] Il nous a laissé les cinq livres de l’Ethique, et ce titre ne ment pas, car c’est aussi sa parole sur la vie morale, le secret de consolation qui l’a défendu contre les angoisses et les vanités de notre espèce. […] Sully-Prudhomme, le plus philosophe de nos poètes, et le plus pénétrant, a bien marqué, dans un sonnet très exact et très profond des Epreuves, le dédain de l’Ethique pour l’espèce humaine ; et lui, si humain, si doux, semble en avoir souffert.

2071. (1890) Dramaturges et romanciers

C’est tout un monde de sauvages, de sauvages fort peu pittoresques, qui font la chasse aux espèces sonnantes, au lieu de la faire au renard bleu. […] Déplaisante ou non, cette histoire de Pierrot se recommande par des qualités notables de puissance, d’exactitude et de vérité, par cette espèce particulière de force imaginative que les Anglais appellent power. […] Sibylle s’était habituée à diriger toutes ses pensées vers la religion, et à considérer toutes choses à la lumière de la foi, Alors s’était développé dans son cœur un sentiment qu’on prend quelquefois pour l’intolérance, et qui pourtant n’a rien de commun avec elle : je veux dire cette espèce de fierté défensive qui nous fait considérer, non pas nécessairement comme ennemis, mais comme étrangers, tous ceux qui ne pensent pas comme nous. […] Supposez en effet le langage du vers appliqué à des sujets comme le Demi-Monde, comme le Mariage d’Olympe, comme les Lionnes pauvres, et à l’instant l’espèce d’ennoblissement dont la poésie va les revêtir en affaiblira non seulement le caractère dramatique, mais l’enseignement et la moralité.

2072. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Il était alors à Puteaux près de Neuilly, et obligé de perdre une partie de son temps sur les grands chemins : Malgré ma servitude privée, disait-il en finissant, je souhaite, mon cher ami, que vous soyez bientôt aussi libre que moi ; que vous puissiez aussi regarder la Seine couler comme je le fais et vais le faire plus que jamais de mes fenêtres ; enfin que nous puissions grommeler ensemble sur toute l’espèce humaine qui heureusement n’est pas toute la nature, et réaliser une bonne fois à nous deux la grande faction des insociables dont la France a été tant tourmentée depuis deux ans.

2073. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Lacabane est tombé dans un travers qui fait sourire : Froissart lui est devenu une espèce de remords, à ce point qu’il n’en parle, dit-on, qu’avec déplaisance et comme du plus infidèle des narrateurs : il le déprécie encore plus que M. 

2074. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Par malheur, cette vignette, gravée par Picard, avait été faite au moment où le Système était florissant : on y voyait, à gauche, la France triste et affligée portant une corne d’abondance vide, d’où sortaient de maigres et secs billets ; mais, à droite, on avait figuré la Banque royale assiégée de la foule, avec une France triomphante et des Génies tenant une corne d’abondance d’où sortaient des espèces en quantité, des flots d’or et d’argent.

2075. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Le jurisconsulte éminent qui préside le Sénat, dans ses commentaires judicieux et savants, au titre du Contrat de mariage, avait déjà indiqué les raisons de cette sorte de complaisance de la loi pour l’épouse et la veuve, en ce qui est de cette espèce d’héritage.

2076. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Si celui qui entreprendra un si grand ouvrage ne se sent pas assez fort pour ne point avoir besoin de conseil, le mélange sera à craindre, et par ce mélange une espèce de dégradation dans l’ouvrage… La simplicité en doit être le seul ornement.

2077. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Ainsi, plus tard dans le conte du Rendez-vous, M. de Balzac nous peindra Julie d’Aiglemont au retour de cette soirée brillante où elle a reconquis à force de coquetterie et de triomphe la fantaisie passagère de son mari ; il nous la peindra cédant une dernière fois par bonté et par calcul à l’égoïste faveur dont M. d’Aiglemont l’honore ; puis tout aussitôt, dès qu’elle se retrouve à elle, nous la voyons sombre, sur son séant, dans le lit conjugal, près du mari endormi, rougissant et pleurant comme d’un crime de cette espèce de profanation calculée à laquelle elle s’est soumise : il y a là une page admirable de vérité et de douleur.

2078. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

On l’assujettit s’il est bon et facile ; on l’aigrit et l’on l’irrite s’il est méchant… Il est tenu dans la misère, dans l’abjection, par des hommes qui ne sont rien moins qu’inhumains, mais dont le préjugé, surtout dans la noblesse, est qu’il n’est pas de même espèce que nous… Le propriétaire tire tout ce qu’il peut et, dans tous les cas, le regardant lui et ses bœufs comme bêtes domestiques, il les charge de voitures et s’en sert dans tous les temps pour tous voyages, charrois, transports.

2079. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Le gouvernement doux et fraternel de cette maison déclina, comme toutes les choses humaines, et finit par devenir un fief impérial de la maison d’Autriche, une espèce de noviciat du trône impérial, où les héritiers présomptifs de l’empire s’exerçaient à régner.

2080. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Hugo, les espèces diverses se caractérisent : Marie Tudor ou Lucrèce Borgia sont des mélodrames ; Hernani et Marion de Lorme ont des ossatures de tragédies ; et les Burgraves sont un poème dialogué de Légende des siècles.

2081. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Les dramaturges sont des espèces d’ouvriers à part, dont la besogne n’a presque plus rien de littéraire.

2082. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Le paganisme, dans son plus haut point de perfection morale, a produit le stoïcisme, espèce d’innocence orgueilleuse et stérile.

2083. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les vrais grands hommes pâtissent pour servir l’espèce humaine, et troublent leur vie pour améliorer la nôtre.

2084. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Le nom même d’amitié ne convient guère à cette espèce de coquetterie d’esprit, par moments caressante, plus souvent inquiète et ombrageuse, qui rapprocha et éloigna tour à tour l’un de l’autre ces deux esprits et ces deux hommes.

2085. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Et c’est justement parce que cette association est utile à la défense de l’organisme, qu’elle est si ancienne dans l’histoire de l’espèce et qu’elle nous semble indestructible.

2086. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Il sait que la nature n’use de nous qu’à titre de ferments nourriciers et prolifiques afin d’assurer la perpétuité de l’espèce : Totus homo semen est, tota mulier in utero .

2087. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Or ce que j’ai voulu inculquer avant tout en ce livre, c’est la foi à la raison, la foi à la nature humaine. « Je voudrais qu’il servît à combattre l’espèce d’affaissement moral qui est la maladie de la génération nouvelle ; qu’il pût ramener dans le droit chemin de la vie quelqu’une de ces âmes énervées qui se plaignent de manquer de foi, qui ne savent où se prendre et vont cherchant partout, sans le rencontrer nulle part, un objet de culte et de dévouement.

2088. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

J’imagine que vous avez dû éprouver ceci : il se passe en nous, relativement au bonheur, une espèce de délibération, où du reste nous sommes fatalement déterminés, par laquelle nous décidons sur quel tour nous prendrons telle ou telle chose ; car il n’est personne qui ne doive reconnaître qu’il porte en lui mille causes actuelles qui pourraient le rendre le plus malheureux des hommes.

2089. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Dans l'ordre philosophique, tout est permis, rien ne réclame, point de motif qui ramene au devoir ; les injustices, les crimes, les atrocités se consomment & subsistent sans aucune rétractation : l'endurcissement le plus absolu contre toute espece de considération, n'est-il pas en effet une suite nécessaire de l'incrédulité ?

2090. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Les femmes de cette espèce méprisent, en l’exploitant, l’homme mou et irrésolu qu’elles ont asservi.

2091. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Elle l’exhorte à se réconcilier avec la duchesse, et à ne pas laisser périr, faute d’être reproduite, l’espèce des vibrions, dont il est le parfait modèle.

2092. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Il y a, dans chaque époque, des espèces de maladies morales et d’affections régnantes qui atteignent généralement les âmes : il faut une grande force et une grande santé d’esprit pour y résister.

2093. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il le dira et le redira sans cesse : « Il est beau, il est même doux d’être opprimé pour la vertu. » Environ deux ans après son Avis aux Français, dénonçant dans le Journal de Paris (nº du 29 mars 1792) la pompe factieuse et l’espèce de triomphe indigne décerné aux soldats suisses du régiment de Châteauvieux, il terminera en s’adressant à ceux qui demandent à quoi bon écrire si souvent contre des partis puissants et audacieux, car on s’y brise et on s’expose soi-même à leurs représailles, à leurs invectives : Je réponds, dit-il, qu’en effet une immense multitude d’hommes parlent et décident d’après des passions aveugles ; et croient juger, mais que ceux qui le savent ne mettent aucun prix à leurs louanges, et ne sont point blessés de leurs injures.

2094. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Et nous nous demandons ce qu’il peut y avoir derrière cette voûte, ce que signifie cette comédie : la vie ; ce que c’est que ce Dieu, qui est loin de nous apparaître avec les attributs de la bonté, ce Dieu qui préside à la loi du dévorement des créatures ; ce Dieu de cette nature, seulement préoccupée de la conservation des espèces et si férocement dédaigneuse des individus… Et puis Dieu, se le figure-t-on occupé à fabriquer la cervelle de M. 

2095. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Au fond, il faut l’avouer, ça fait, en mon par dedans, une espèce de tristesse qui se traduit par un cassement de bras et de jambes, une fatigue physique qui a le désir et le besoin de dormir.

2096. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Sur ce globe est vaguement indiquée, au vingt-quatrième degré de latitude, sous le signe de l’Écrevisse, une espèce d’île nommée Antilia, qui fixa un jour l’attention de deux hommes ; l’un, qui avait construit le globe et dessiné Antilia, montra cette île à l’autre, posa le doigt dessus, et lui dit : C’est là.

2097. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Ces lectures variées remontent à l’antiquité, dont il connaît très bien certaines parties, dont il me semble ignorer complètement certaines autres, mais certainement Horace encore, Virgile, Stace, très probablement, mais je ne suis pas absolument sûr, Phèdre incontestablement, Babrios, le fabuliste de la décadence ; Homère avant tout et Platon, qui a été l’adoration même de sa vieillesse, comme Louis Racine nous l’apprend, et pour lequel il avait une espèce de fétichisme, de religion superstitieuse.

2098. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Nous avons, chez les Grecs, les Fables Milésiennes, qui sont restées comme une espèce de réservoir commun où ont puisé successivement presque tous les conteurs ; nous avons l’Ane d’or d’Apulée, l’Ane de Lucien, etc.

2099. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Le vieux Corneille donnerait une place dans son œuvre à ces hommes raidis, cabrés, furieusement concentrés dans l’idée qu’ils ne veulent pas obéir, et qui se soumettent souvent avec une espèce de tendresse virile aux disciplines de l’armée et aux ordres des « galonnards ».‌

2100. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

L’homme de la mine ou de l’usine qui réclame de quoi satisfaire la faim de son ventre, c’est-à-dire sa libération économique, et l’homme de la pensée, qui réclame de quoi satisfaire la faim de son cœur, c’est-à-dire une expansion plus libre et plus chaleureuse de la vie, n’expriment-ils pas les désirs les plus profonds de notre espèce, je dirais même tout le désir de l’homme ?

2101. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Nous avons fait jadis une hypothèse de ce genre en ce qui concerne les espèces vivantes.

2102. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Sans doute enfin l’univers matériel lui-même, défini comme la totalité des images, est une espèce de conscience, une conscience où tout se compense et se neutralise, une conscience dont toutes les parties éventuelles, s’équilibrant les unes les autres par des réactions toujours égales aux actions, s’empêchent réciproquement de faire saillie.

2103. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

À travers des obscurités que la science moderne n’éclaircit pas toujours, deux contrées de l’Orient, habitées de bonne heure par l’espèce humaine, semblent avoir de temps immémorial conçu et répété de tels accents religieux.

2104. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Accouplé au Chaos volatil et ténébreux, dans la profondeur du Tartare, il enfanta notre espèce, et, pour la première, fois, la produisit au jour.

2105. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

La réflexion est un progrès plus ou moins tardif dans l’individu et dans l’espèce. […] Quels sont ses caractères et ses différentes espèces ? […] Voilà déjà deux espèces bien distinctes de beauté. […] La conscience individuelle, conçue et transportée dans l’espèce entière, s’appelle le sens commun. […] De tels éléments je défie tous les politiques de l’école de la sensation et de l’intérêt de tirer un seul jour de liberté et de bonheur pour l’espèce humaine.

2106. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Celui qui vient d’elle est inhabile à tout ce qui n’est pas l’œuvre divine, et vient au monde à de rares intervalles, heureusement pour lui, malheureusement pour l’espèce humaine. […] — Retirez-vous tous les trois… vous êtes inutiles ici. — Cet homme-là vous tuera… c’est une espèce de vautour qui écrase sa couvée.

2107. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Elle consiste en plusieurs grandes salles, les unes où l’on fait les habits, les autres où on les garde ; et en celles-ci, de chaque espèce de vêtement et celle de chaque prix a sa chambre à part. […] On les mène d’ordinaire dans des espèces de cunes ou de berceaux qu’on appelle cajavé (kadjâbah, ou Kadjâvah), qui est une machine large de deux pieds et profonde de trois, avec une haute impériale en arc, couverte de drap.

2108. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Auguste Barbier [1864] On stigmatise volontiers la théorie de l’art pour l’art, dans cette heureuse époque de l’industrie littéraire en pleine culture, de succès bouffons, de prédications utilitaires et de recettes destinées à l’amélioration des espèces bovine, ovine, chevaline et humaine. […] Il n’appartenait qu’à lui d’entreprendre une telle œuvre, de vouloir, comme il le dit, « exprimer l’humanité dans une espèce d’œuvre cyclique, la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement vers la lumière ».

2109. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Nous apprîmes qu’il passait les derniers jours de sa résidence en France dans une espèce de thébaïde de bon goût, qu’on appelait la Vallée aux loups, au milieu des bois d’Aulnay, près de Fontenay-aux-Roses. […] Je ne l’avais pas lu, mais je savais qu’il était l’honnête et éloquent apôtre d’une espèce de théocratie sublime et nuageuse qui serait la poésie de la politique, si Dieu daignait nommer ses vice-rois et ses ministres sur la terre.

2110. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Il en sortait de partout, des fauteuils et des loges, et la plupart fredonnant la ballade de Nelusko, franchissaient lestement, en habitués, l’espèce d’antichambre qui mène de la salle à la scène… etc. » Voilà l’impressionnisme de M.  […] Mais, ô nos mères et nos sœurs, admirez-le écrivant de vous : « Il y a une espèce d’immoralité impersonnelle particulière aux femmes… Elle consiste à ne plus percevoir les lois de la conscience, quand il s’agit de l’être aimé ». […] Brunetière171, par faire une espèce d’enquête générale sur l’état de l’opinion. […] Ohnet pour un grand écrivain qu’il est ridicule, je pense, de lui dénier toute espèce de talent.

2111. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Je sais que vous aimez Flaubert et que certaines pages de cet impassible vous ont émue : la mort d’Emma Bovary ; ses promenades à Tostes, « jusqu’à la hêtrée de Banneville, avec sa chienne Djali ; la visite des femmes voilées aux tombeaux des martyrs chrétiens, dans la Tentation de saint Antoine… C’est égal, si l’on nous avait demandé quelle a dû être la femme que Flaubert a le plus aimée dans sa vie, nous aurions répondu : C’était peut-être une duchesse, peut-être une bourgeoise, ou une vachère normande, ou une religieuse, mais jamais, au grand jamais, il ne nous serait venu en pensée que ce fût un bas-bleu, et de la pire espèce : à savoir Mme Louise Collet, née Révoil, aimée aussi de Villemain, et lauréate de l’Académie française pour des vers classico-romantiques, nuance Casimir Delavigne. […] Moi, une chose surtout m’a frappé : c’est que leur souplesse n’est pas de même espèce que celle de nos danseuses ou de nos gymnastes. […] Parce que Bourget s’est quelquefois occupé des femmes, et parce que, les « passions de l’amour » ne pouvant avoir tout leur développement que dans un monde oisif et riche, il s’est plu, dit-on, à nous décrire les élégances extérieures de ce monde-là, beaucoup se représentent l’auteur de Cruelle Énigme sous les espèces d’un délicieux jeune homme paré, coquet, affecté, efféminé et languide… Eh bien ! […] Son amour, qui flatte sans effrayer, lui vaut du moins des confidences d’une espèce particulière, la confidence des douleurs qui viennent de l’amour.

2112. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

La création de l’œuvre de Molière embrasse tout, depuis la simple farce jusqu’à la comédie, qui atteint chez lui des proportions tragiques ; presque toujours il a fustigé les folies, les vices, les passions qui forment le lot commun de l’espèce humaine ; mais souvent aussi il est descendu en lui-même, et il a mis à nu sa propre souffrance, ouvertement et sans égards pour lui-même. […] Après avoir traversé une espèce d’antichambre étroite et carrée, on pénètre tout de suite dans cette pièce principale ; une porte à doubles battants revêtus de glaces s’ouvre devant vous. […] Lorsque Mme du Deffant, devenue vieille, parle de sa jeunesse en disant : Du temps que j’étais femme , on sent bien, sans chercher, une espèce, de cruauté dans le regret, mais l’esprit, la bonne grâce, la résignation, effacent bientôt, comme d’un coup d’aile, toute cette mélancolie. […] Mais imiter, mais vêtir à l’allemande, à l’espagnole ou à l’italienne la pensée française, c’était une autre espèce d’apostasie.

2113. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Joignez à cela la fougue et l’emportement du naturel poétique, et cette espèce d’afflux, de bouillonnement de toutes les forces et de tous les désirs qui se fait dans ces sortes de têtes lorsque, pour la première fois, le monde s’ouvre devant elles, et vous comprendrez l’Adonis, « le premier héritier de son invention. » En effet, c’est un premier cri ; dans ce cri, tout l’homme se montre. […] Il y a tel mot d’Hamlet ou d’Othello qui pour être expliqué demanderait trois pages de commentaires ; chacune des pensées sous-entendues que découvrirait le commentaire laissait sa trace dans le tour de la phrase, dans l’espèce de la métaphore, dans l’ordre des mots ; aujourd’hui, en comptant ces traces, nous devinons les pensées. […] Entre tant de portraits, choisissons-en deux ou trois pour indiquer la profondeur et l’espèce des autres262.

2114. (1932) Le clavecin de Diderot

Au reste, le désir de l’homme de replonger dans son passé, dans du passé indéfini, ne peut naître que de cette obsession de la mort à quoi ont su le contraindre les Églises, et surtout la catholique, en lui escamotant son devenir (le sien propre et celui de son espèce) pour le sempiternel rappel de son périr. […] Les bobards religieux ne trouvaient-ils plus une oreille qui voulût encore les tolérer, le plus grand nombre, du lecteur de roman sophistiqué au lecteur du journal démagogique, se refusait-il aux affirmations insinuées ou hurlées des mystiques ploutocrates, niait-il que le diable fût vivant là où le clergé a, si longtemps, prétendu qu’il s’incarne, alors, on se contentait de ravaler — et avec quel luxe de sournoiseries — au rang animal ce qui, pour être commun à toutes les espèces vivantes, n’en demeure pas moins propre à l’homme et le propre de l’homme. […] Le général a joué contre le particulier, le particulier contre le général, et finalement, le brouillard, l’Humain les a trahis l’un et l’autre, a trahi l’Homme majuscule, le type, l’espèce, et le trahissant, a trahi l’autre, l’homme quotidien, n’importe qui, toi, lui, moi, il.

2115. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

une existence douce, aimable, à ses foyers ; une grâce simple dans les manières, quelquefois une espèce d’enfance qui joue sérieusement : et tout à coup ensuite sur la scène une existence immense, extraordinaire, terrible, avec une figure grecque et pure et les fureurs d’un lion réveillé.

2116. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle avait, à cette date, adressé une espèce de cantique à la reine Marie-Amélie au nom des femmes et des mères : cette complainte touchante a été imprimée dans Pauvres Fleurs, mais elle a un certain air de ballade du temps jadis, du temps de la reine Blanche ; le poète s’y déguise en trouvère.

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