J’admets d’ailleurs, puisque Vinet a joué son rôle dans l’histoire religieuse de la Suisse, et même du protestantisme contemporain, que l’on en tienne compte, comme l’a fait jadis M. […] « Analyser le rôle littéraire de Vinet, dit à ce propos M. […] Mais encore Madame Bovary n’était-elle pas un cas pathologique, et le personnage principal y jouait-il un autre rôle que d’être le support de sa maladie ! […] Coquelin, dans cinq rôles différents, avant de partir pour l’Amérique, nous fit sentir toute l’étendue de notre perte. […] Puisque d’ailleurs on y rit ; puisque le rire y jaillit de la drôlerie des situations ; puisque mademoiselle Magnier, dans le rôle de madame Duperron, et M.
Il convient avec eux du rôle qu’ils vont jouer. […] Dans les divertissements de la cour, comme à la ville, les rôles de femmes étaient confiés aux plus jeunes acteurs. […] Il jouait aussi, dans sa jolie pièce Comme il vous plaira, le rôle du vieil Adam. Il remplissait sans doute beaucoup d’autres rôles du répertoire de ce temps. […] Mais, en revanche, quelle admirable vérité dans le rôle de Brutus !
La partie qui concerne le rôle et l’évolution politiques du poète me paraît neuve, ou tout comme M. […] Au surplus, quand on rêve un grand rôle public et bienfaisant, n’est-il pas permis de se présenter soi-même aux autres hommes de façon à agir le plus possible sur leur imagination ? […] Cette bonne vieille critique à la façon de La Harpe et, ma foi, aussi de Voltaire, où cette chose un peu surannée et ancien régime, « le goût », a le principal rôle. […] Ailleurs, le rôle que Lamartine prête à l’Esprit-Saint ne paraît pas extrêmement différent de celui de Vishnou : « Gloire à toi, dit la Prière de Parasasa, tout-puissant Seigneur, ô Vishnou, âme de l’univers… » Et Lamartine : Tu ne dors pas, souffle de vie, Puisque l’univers vit toujours ! […] Supprimer le rôle de l’évêque, ce serait ôter de l’histoire de Jocelyn la douleur et, par suite, la sainteté.
Camille Jordan eut un rôle actif dans tous ces événements et par la parole, et par la plume, et par le fusil quand il fallut combattre. […] J’aime à le croire ; mais enfin des hommes qui furent abusés au point d’étouffer, etc… » Il y aurait bien quelque chose à répondre à cette philippique contre les armées de la Révolution, à revendiquer leur vrai rôle et l’esprit qui les animait, si c’était ici le lieu. […] Il pourra faire un grand bien et jouer un beau rôle dans la Chambre peu libérale où il va se trouver. […] Son rôle pendant ces quatre années peut se diviser en deux temps fort distincts : dans toute la première période, il est avec le ministère ; il appuie le gouvernement, car le gouvernement à cette époque avait à lutter contre un parti et contre une faction.
Parler d’Ampère sans avoir fait d’abord la place et la part de Fauriel, ce serait parler du fils sans avoir indiqué son parent et vrai père intellectuel, car le vrai rôle d’Ampère à bien des égards, c’est d’avoir été un Fauriel jeune, vif, extérieur, communicatif, chaleureux et intéressant. […] Ils nous donnent le spectacle d’une société d’hommes jeunes et énergiques jouant un rôle important. […] Il me fit dans un temps l’honneur de me croire digne d’un tel rôle, d’une telle jointure étroite des esprits et des âmes : je fus reconnaissant, mais ma nature trop faible ou trop partagée se déroba. […] Lui-même me semble avoir bien apprécié ce que son rôle a eu, à son moment, d’original et d’incomplet, dans la note manuscrite suivante : « Dans ces siècles d’affectation et d’apparence, il aurait pu arriver que je fusse le seul qui entendît, qui voulût entendre ces regrets profonds que l’étude des choses inspire, seule voie sans doute qui puisse ramener les hommes au bonheur.
. — Son énergie, son dévouement, son rôle politique. — Son esprit. — Différence des réalistes anciens et des réalistes modernes. — Ses œuvres […] Son père « n’a jamais voulu être contrôlé ni même persuadé. » Jamais « il n’a cédé sur un point auquel il croyait avoir droit. » Il a brisé la volonté de sa femme et l’a réduite au rôle de servante silencieuse ; il veut briser la volonté de sa fille1048, et lui imposer pour mari un sot brutal et sans cœur. […] Il est plus que peintre, il est un justicier, et les deux rôles en lui sont d’accord. […] Voyez déjà dans Paméla les rôles de M.
. — Plotz, Joachim du Bellay et son rôle dans la réforme de Ronsard, Berlin, 1874. — Marty-Laveaux : ses « Notices » dans la collection de La Pléiade française, Paris, 1867-1896. […] Dernières années de la vie d’Amyot. — Sa traduction des Œuvres morales et mêlées de Plutarque. — Amyot aux états de Blois. — Son rôle pendant la Ligue. — Sa rentrée à Auxerre et sa mort. — Idée générale du service rendu par les traductions. — Dans quelle mesure les circonstances de la vie d’Amyot ont profilé à son œuvre. — Une page de Rivarol sur l’utilité des traductions [préface de sa traduction de Dante]. — Longue influence du Plutarque d’Amyot, et raisons de cette influence. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Injuste oubli dans lequel est tombé Du Vair ; — quoique d’ailleurs il ait été évêque-comte de Lisieux, — premier président du parlement de Provence ; — et deux fois garde des sceaux de France ; — ou peut-être pour l’avoir été. — Son rôle politique ne semble pas en effet avoir ajouté beaucoup à sa réputation [Cf. […] Que son rôle philosophique n’a pas été non plus sans réelle importance. — De sa traduction du Manuel d’Épictète et de son Traité de la philosophie des Stoïques. — Comment son œuvre est connexe de celle de Charron, qu’elle éclaire ; — mais, de plus que Charron, il a été mêlé aux grandes affaires, et de là sa supériorité d’expérience ; — le champ de l’observation psychologique et morale s’en élargit d’autant. — Il se fait aussi de la dignité de la raison et du pouvoir de la volonté une idée plus « stoïcienne » ; — et plus haute, par conséquent, de la hauteur dont le point de vue stoïque dépasse le point de vue épicurien. — Enfin, dans son Traité de la sainte philosophie, il accomplit le dernier pas : — après avoir essayé de séculariser la morale, il y renonce ; — et ne voyant plus de remède à la corruption que dans le retour à la morale chrétienne, il en proclame la nécessité. — Analogie de cette évolution avec celle de la pensée de Pascal. — Les Traités philosophiques de Du Vair sont aussi nécessaires que la Sagesse à l’intelligence du mouvement d’où va sortir le jansénisme.
Ce qu’il nous importe surtout d’en connaître, c’est le rôle qu’il joue comme agent du perfectionnement moral. […] Indépendante et souveraine comme elle l’est désormais, elle répugne au rôle de simple auxiliaire du culte ou de la poésie ; sortie à tout jamais des sanctuaires où elle est née, elle aspire à devenir à la fois le culte, la religion et le sanctuaire. […] Car le rôle de l’imagination se borne à révéler à notre esprit la raison et l’essence des choses, non dans un principe ou dans une conception générale, mais dans une forme concrète et dans une réalité individuelle. […] Nous l’avons dit déjà : l’inspiration est à l’artiste ce que la grâce est à l’homme moral, avec cette différence que l’être moral étant responsable, le libre arbitre joue dans le fait de la grâce un plus large rôle que la volonté dans le fait de l’inspiration. […] Ce mode d’exécution des psaumes n’est point une hypothèse ; le texte hébraïque indique clairement le rôle du coryphée, celui des deux chœurs et l’action de la symphonie et de la danse.
Quelques grandes abstractions — Justice, Devoir, Solidarité — jouent pour lui le rôle d’un Dieu qui commanderait le bien sans punir le mal. […] Bourget, qui scrute le tréfonds des sensibilités et qui, dans tous nos actes, attribue toujours un large rôle à l’inconscient, n’a d’ailleurs jamais professé que la nature fût simple. […] Toute femme française qui lira la « Nouvelle Héloïse », si elle n’est gâtée de littérature, si elle a conservé, avec la netteté du jugement, cette conscience du vrai rôle féminin que donne une éducation catholique, trouvera que Saint-Preux et Julie sont des insensés. […] Ce n’est qu’en limitant le rôle des représentants de la nation et même en les dirigeant comme le fit l’Empire, qu’on parvient à gouverner… Il n’y a plus d’activité quand tout le monde est chef, et je dois ajouter aussi qu’il n’y a plus d’intelligence… » Après de semblables maximes, des dialogues, la présentation de plaisantes silhouettes, mille mésaventures tragiques ou comiques, on arrive, intrigué, amusé et non point las, à la fin de ces gros volumes. […] Le monde lui parut sot qui dans l’association, n’accorde à la femme, même intelligente, qu’un rôle occulte et bas, qui ne lui attribue que les plates astuces, les secrètes manigances, l’intriguette vile.
Quant à sa tante la chanoinesse, elle a rempli le rôle de la fée Carabosse, qui ne pouvait manquer au baptême d’un Prince Charmant. […] Ses compagnons prenaient au sérieux leur rôle de néophytes. […] Les contemporains l’ont vu à tour de rôle sous ces divers aspects, et ils ont porté sur lui des jugements contradictoires qui contenaient tous une part de vérité. […] Valentin a mal joué un vilain rôle ; il a été sot, et il n’a pas tenu à lui de devenir odieux ; néanmoins ses fautes lui sont remises, et il épouse Cécile au dénouement. […] En résumé : une œuvre d’art très inégale, tantôt déclamatoire, tantôt supérieure, quelquefois fatigante ; mais un livre précieux par sa sincérité et très honorable pour Musset, qui y donne partout, sans hésitation ni réticences, le beau rôle à la femme qu’il a aimée, et qui n’avait pourtant pas été sans reproches.
Il faudra déterminer de façon spéciale et prudente ce sens, cette théorie de l’absence, qui joue un curieux rôle chez Mallarmé. […] Le souffle poétique n’eut plus pour rôle d’amplifier hors de l’œuvre, chez des hommes, en ondes concentriques, l’émotion qu’il suscitait, mais de formuler et d’étoffer, de nourrir et d’épanouir les tableaux extérieurs ou les états intérieurs. […] Ainsi Jouffroy, tout plein de ferveur pour la psychologie, n’y réalisa à peu près rien, parce qu’il s’épuisa, en ce que Sainte-Beuve appelle des précautions passionnées, à préciser le rôle, l’avenir, les droits de la psychologie, à décomposer en grelottant des mouvements sur le rivage au lieu de se jeter hardiment à l’eau.
Poussés à leurs extrémités logiques, l’intelligence et le jugement s’excluent : une critique à forme spinoziste par laquelle tout serait compris comme naturel et nécessaire ne jugerait jamais, et une critique qui ne s’attacherait qu’à rendre des arrêts jouerait dans le monde des grandes œuvres et des grands hommes le rôle d’un Dandin de comédie. […] Le second personnage de ce genre, qui ne tient aucun rôle dans l’action, est traité, lui, franchement et uniquement comme valeur, ainsi que le coq de la Ronde de Nuit. […] L’Augustin de Dominique est une partie de Fromentin, à savoir sa raison, la raison dans son rôle ingrat et solide de précepteur. […] Et voici : « À qui est échu ce rôle de recevoir des aveux et d’être pris pour directeur et confident contre lui-même et contre la passion dont il était l’objet ? […] Cette impuissance de vouloir, de choisir, de parier, interdit à Amiel le rôle de collaborateur de Dieu, d’agent de Dieu, de soldat de Dieu.
L’augmentation de la consommation de l’opium et du haschisch est même plus forte encore, mais nous n’avons pas à nous en occuper, car seuls en souffrent les peuples orientaux, qui ne jouent aucun rôle dans le mouvement intellectuel de la race blanche. […] On peut changer en hystérique un individu normal en le fatiguant… Tous ces agents (provocateurs de l’hystérie) peuvent être ramenés, au point de vue de leur rôle pathogénique, à un processus physiologique unique : la fatigue, la dépression des phénomènes vitaux57 ». […] Mais je n’ai pas à décrire longuement les particularités de son fonctionnement, car un cerveau obtus existe rarement chez le dégénéré supérieur et ne joue aucun rôle en littérature et en art. […] Chez le dégénéré déséquilibré, la conscience assume le rôle d’une mère quelque peu simiesque qui sait trouver des excuses pour les sots et méchants tours d’un enfant malappris. […] Nous avons vu que les préraphaélites réclament des beaux-arts qu’ils ne représentent pas le concret plastiquement ou optiquement, mais expriment l’abstrait, c’est-à-dire jouent simplement le rôle de l’écriture alphabétique.
L’artiste souffre ; il arrive dès l’abord, sous le poids des siècles qui ont précédé, mais aussi sous leur aiguillon, dans un monde où les premiers rôles de la poésie et de l’art sont pris et, en quelque sorte, usurpés par les ancêtres. […] Le succès de Chatterton, dans lequel il a été si merveilleusement aidé par une Kitty27 digne du pinceau de Westall, a conféré à M. de Vigny un rôle plus extérieur et plus actif qu’il ne semblait appelé à l’exercer sur la jeunesse poétique, lui, artiste avant tout distingué et superfin, enveloppé de mystère.
La part que Mme de Sablé eut dans la composition et la publication des Maximes, ce rôle d’amie moraliste et un peu littéraire qu’elle remplit durant ces années essentielles auprès de l’auteur, donnerait ici le droit de parler d’elle plus à fond, si ce n’était du côté de Port-Royal qu’il nous convient surtout de l’étudier : esprit charmant, coquet, pourtant solide ; femme rare, malgré des ridicules, à qui Arnauld envoyait le Discours manuscrit de la Logique en lui disant : « Ce ne sont que des personnes comme vous que nous voulons en avoir pour juges ; » et à qui presque en même temps M. de La Rochefoucauld écrivait : « Vous savez que je ne crois que vous sur de certains chapitres, et surtout sur les replis du cœur. » Elle forme comme le vrai lien entre La Rochefoucauld et Nicole. […] Quelle que soit la diversité des points de départ, les esprits capables de mûrir arrivent, plus qu’on ne croit, aux mêmes résultats ; mais les rôles sont pris, les apparences demeurent, et le secret est bien gardé.
En 1763, dans la tragédie de Manco-Capac 490, « le principal rôle, écrit un contemporain, est celui d’un sauvage qui débite en vers tout ce que nous avons lu épars dans l’Émile et le Contrat social sur les rois, sur la liberté, sur les droits de l’homme, sur l’inégalité des conditions ». […] Joignez à cela un double sens perpétuel, l’auteur caché derrière ses personnages, la vérité mise dans la bouche d’un grotesque, des malices enveloppées dans des naïvetés, le maître dupé, mais sauvé du ridicule par ses belles façons, le valet révolté, mais préservé de l’aigreur par sa gaieté, et vous comprendrez comment Beaumarchais a pu jouer l’ancien régime devant les chefs de l’ancien régime, mettre sur la scène la satire politique et sociale, attacher publiquement sous chaque abus un mot qui devient proverbe et qui fait pétard491, ramasser en quelques traits toute la polémique des philosophes contre les prisons d’État, contre la censure des écrits, contre la vénalité des charges, contre les privilèges de naissance, contre l’arbitraire des ministres, contre l’incapacité des gens en place, bien mieux, résumer en un seul personnage toutes les réclamations publiques, donner le premier rôle à un plébéien, bâtard, bohème et valet, qui, à force de dextérité, de courage et de bonne humeur, se soutient, surnage, remonte le courant, file en avant sur sa petite barque, esquive le choc des gros vaisseaux, et devance même celui de son maître en lançant à chaque coup de rames une pluie de bons mots sur tous ses rivaux Après tout, en France du moins, l’esprit est la première puissance.
Son rôle n’a que la parade de la véritable grandeur d’âme. […] Vincent n’avait brigué ce rôle de surveillant du Temple que pour y porter, sous l’apparence de la sévérité, toute la compassion et tous les bons offices de son dévouement à la famille royale.
Cet excellent homme s’appelait Georges Duval ; il avait autrefois joué un rôle d’aimable comparse dans les folies de jeunesse de Danton, de Camille Desmoulins et de leurs affidés ; à leur mort il avait continué son rôle de témoin désintéressé dans les grandes scènes de la Convention ou de l’échafaud, sans exciter aucun ombrage : sa légèreté et sa gaieté le préservaient des soupçons des terroristes, comme le myrte couvrait le poignard d’Harmodius et d’Aristogiton. […] Les détenus de la Conciergerie, presque tous ennemis du rôle et du nom du duc d’Orléans dans la Révolution, se pressaient en foule dans les préaux, dans les corridors, dans les guichets, pour le voir passer.
On sentait en lui un homme digne d’étudier les hommes ; on sentait, dans l’autre, un artiste capable de leur faire jouer les rôles légers, divers, personnels d’une existence à tiroirs. […] Convive assidu d’un roi, et ami demi-déclaré des libéraux, il continuait son vrai rôle : — capter la faveur des deux partis. — Goethe, envers lequel il était respectueux comme envers les puissances, écrivit de lui le 1er décembre 1826 : « Alexandre de Humboldt a passé quelques heures, ce matin, avec moi.
Traité partout d’esprit romanesque, honteux du rôle que je jouais, dégoûté de plus en plus des choses et des hommes, je pris le parti de me retirer dans un faubourg pour y vivre totalement ignoré. […] Elle ajoutait : « Cependant, si votre projet est de paraître à l’autel le jour de ma profession, daignez m’y servir de père ; ce rôle est le seul digne de votre courage, le seul qui convienne à notre amitié et à mon repos. » « Cette froide fermeté, qu’on opposait à l’ardeur de mon amitié me jeta dans de violents transports.
La noblesse féodale fournira des mérites, des dévouements individuels : mais, à la prendre en corps, son rôle bienfaisant est fini ; elle fait décidément banqueroute à l’intérêt public ; elle devient l’obstacle, l’ennemie, et réunit contre elle la bourgeoisie et le roi, rendant dès lors inévitables ces deux étapes du développement national : la monarchie absolue et la Révolution. […] Cet adroit tisseur de rimes et enlumineur de mots fit de son mieux : il joua très doucement son rôle d’amoureux avec la belle Péronnelle d’Armentières : allant vers la soixantaine, borgne, goutteux, il fila sa passion patiemment, délicatement, sans oublier une attitude, une formule, une espérance, une inquiétude, jusqu’à ce que la jeune demoiselle fournît à toute cette fantaisie banale la banalité d’une conclusion réelle : elle se maria ; et Machault, désespéré dans les formes, s’accommoda spirituellement d’une bonne amitié.
Ce qui est admirable, c’est que, portant dans son esprit cette négation et dans son cœur ce désespoir, — et croyant, dans le fond, à moins de choses encore qu’un Sainte-Beuve, si vous voulez, ou un Renan, — Alfred de Vigny ait fait toute sa vie, avec une exactitude attentive, les gestes de son rôle social : gentilhomme accompli ; très bon officier ; royaliste intransigeant ; fidèle, sous Louis-Philippe, à la branche aînée ; respectueux de la religion ; homme du monde peu répandu, mais fort convenable en discours : de sorte que ceux de sa caste purent croire que, sauf dans ses vers (mais des vers, n’est-ce pas ? […] Ses honnêtes duretés contre cette noblesse décadente dont il s’est fait spécialement le peintre impliquent, avec un sens très juste du rôle historique de la noblesse, une irréductible sympathie et un rien de préjugé. « Si l’on pèche plus dans cette société-là, fait-il dire à un abbé, on rachète aussi davantage.
Le plus souvent les sons de ses vers ne réunissent leurs voix que par la rime, laquelle est presque puérilement gardée ; car si sa position en évidence la doue d’une importance spéciale, la rime n’a pourtant pas, dans le vers moderne, un rôle indépendant du rôle des autres sons.
La seconde partie, qui emprunte la forme du motif d’amour (comparez avec 7, 14, 12) signifiera principalement le rôle des maîtres pendant le concours et la fête : (p. 1, 7, 9, 22, 23, 26, 71, 167, 338, 352, 353, 397.) La troisième forme (p, 1, 2, 3, 4, 8, 10, 11, 12, 23, 24, 65, 71, 73, 74, 75, 76, 88, 89, 91, 92, 106, 107, 129, 131, 167, 169, 189, 190, 192, 313, 321, 337, 338, 344, 350, 351, 354, 356, 371, 395, 397, 401) souligne les passages, où il s’agit de règlements, d’appareil magistral, de marqueur, bref le côté plutôt matériel du rôle des maîtres-chanteurs.
Le rôle de ces parasites du vice à table est, à la fois, celui des soubrettes du vieux répertoire et des duègnes de la comédie espagnole. […] Cependant il est, çà et là, des choses qui me blessent dans ce vif ensemble : c’est le rôle de moraliste que s’arroge le jeune peintre vis-à-vis de la femme qu’il va entraîner, tout à l’heure, dans tous les casse-cou de l’amour coupable ; c’est l’attitude vertueuse et presque contrite que prend cette femme devant l’homme auquel elle a jeté son mouchoir ; c’est, en un mot, le faux air d’entrevue de pénitente et de directeur qui déguise mal le caractère de ce profane tête-à-tête.
Les acteurs qui jouaient ses pièces étaient tenus d’aller collationner leurs rôles sur cet exemplaire complet et unique. […] Il donnait souvent à cette foule le beau rôle.
Ce parti ne pouvait pas choisir une personne plus accomplie pour l’un ou l’autre de ces rôles : Diane de Poitiers n’était pas plus belle, madame de Maintenon pas plus supérieure ; mais la jeune fille à qui on destinait leur rôle avait l’innocence qui manquait à l’une, la franchise qui manquait à l’autre.
. — Sans doute ; et en voici les raisons : la disposition des cirques antiques, l’intervention du chœur, les grandes robes et les masques des acteurs, les rôles de femmes joués par des hommes, enfin l’extrême simplicité de l’action et l’ordre tout païen des idées et des sentiments, eussent formé de trop choquantes disparates avec nos habitudes sociales et notre civilisation chrétienne, pour que la tragédie grecque pût être posée toute droite sur notre théâtre, comme une statue qui change de piédestal. […] Certes, si un théâtre nouveau pouvait s’ouvrir, sous la direction d’un entrepreneur intelligent, sans comité de lecture ni d’administration, sans cet encombrement d’ouvrages reçus depuis trente ans et vieillis avant de naître, avec des acteurs jeunes, disposés à jouer tous les rôles, en étudiant la pantomime expressive et la déclamation naturelle des grands acteurs anglais, les seuls qui, depuis Talma, nous aient fait éprouver des émotions tragiques ; avec la ferme volonté de ne représenter en fait de pièces nouvelles que des pièces vraiment neuves, et d’un caractère homogène ; certes, un pareil théâtre n’aurait pas besoin d’autres secours que son travail et sa bonne organisation, et il y aurait dans tout cela quelque chose de fort et de vital qui ne ressemblerait guères à la végétation expirante, à la fécondité caduque qui poussent et se perpétuent encore aux quinquets de nos coulisses.
Il n’est donc pas impossible que nous en découvrions des traces jusque dans l’attention sensorielle elle-même, encore que cet élément n’y joue plus qu’un rôle accessoire et effacé. […] Mais puisque son rôle est au contraire d’appeler et de grouper des images selon leur puissance de résoudre la difficulté, il doit tenir compte de cette puissance des images, non de leur forme extérieure et apparente.
Nous n’en sommes encore qu’au rôle militaire et au début des grades supérieurs.
Mais, encore une fois, on risque de se perdre un peu dans cette quantité d’étoiles, et il n’est pas sȗr, avec la meilleure volonté du monde, de prendre le rôle de démonstrateur.
Vous êtes dispensé d’un rôle exclusif de tribun en littérature, qui deviendrait très-dangereux.
dans la réalité pratique de la vie, ce rôle est en grande partie dévolu à l’homme de bien.
Le caractère de Caliban, dans La Tempête, est singulièrement original ; mais la forme presque animale que son costume doit lui donner, détourne l’attention de ce qu’il y a de philosophique dans la conception de ce rôle.
Les hommes à imagination, en se transportant dans le rôle d’un autre, ont pu découvrir ce qu’un autre aurait dit ; mais quand on parle en son propre nom, ce sont ses propres sentiments que l’on montre, même alors que l’on fait des efforts pour les cacher.
Son chien fait des raisonnements fort exacts ; « mais, n’étant qu’un simple chien », on trouve, qu’ils ne valent rien, « et l’on sangle le pauvre drille. » Notre Champenois souffre très bien que les moutons soient mangés par les loups et que les sots soient dupés par les fripons ; son renard a le beau rôle.
Ainsi, dès le début du siècle, le Loyal Serviteur racontait avec sa charmante simplicité les faits du chevalier Bayard : ainsi le rédacteur des Mémoires, du maréchal de Vieilleville212 fit valoir le rôle de ce sage et honnête homme dans les conseils de François Ier, de Henri II et de Charles IX.
André Chénier a un rôle particulier dans l’histoire de la versification française.
Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française faite à l’Université de Paris le samedi 9 janvier 1904 (Extraits) … Je voudrais aujourd’hui, Messieurs, donnant congé à Voltaire, vous dire pourquoi je ne puis espérer de remplacer Larroumet qu’en le continuant ; je voudrais, non pas par formalité ni pour satisfaire à une tradition de politesse universitaire, mais par un sentiment profond de sa valeur et de son rôle, vous entretenir de ce professeur à qui vous avez donné si longtemps, et jusqu’au bout, toutes vos sympathies.
Mais alors, si notre objet nous impose l’emploi de l’impression subjective, et si le premier commandement de la méthode scientifique est la soumission de l’esprit à l’objet, pour organiser les moyens de connaître d’après la nature de la chose à connaître, ne sera-t-il pas plus scientifique de reconnaître et de régler le rôle de l’impressionnisme dans l’étude des œuvres littéraires que de le nier, et, comme on ne supprime pas une réalité en la niant, de laisser cet élément personnel rentrer sournoisement et agir sans règle dans nos travaux ?
Joachim Gasquet Mieux que Hugo, Théodore de Banville a senti le rôle orphique du porte-lyre.
Le caractère saillant de l’œuvre de Leconte de Lisle est le vaste plan, prémédité dès le début, et qui se révèle à mesure que l’on avance dans cette œuvre : l’étude du rôle assigné aux théogonies dans l’histoire des âges.
Comme Hegel, j’avais le tort d’attribuer trop affirmativement à l’humanité un rôle central dans l’univers.
La conjecture, pourvu qu’elle soit donnée comme telle, y a sa place marquée ; elle y joue un grand rôle sous le nom plus savant d’hypothèse.
Je ne crois pas avoir besoin de détailler davantage le rôle considérable que joue la sensibilité dans la deuxième moitié du xviiie siècle.
., mais qui n’en jouent pas moins un rôle prépondérant ; ensuite un état de plaisir ou de douleur qui est l’élément affectif proprement dit ; enfin une idée, une connaissance ; car le phénomène sensible ne peut absolument point être séparé et détaché de toute connaissance : une douleur enveloppe l’idée de ce qui la cause, une émotion implique la connaissance de son objet.
Je n’ignore pas qu’on ne sait quel rôle ni quel nom donner à la grande figure nue, au grand manequin barbu.
Son rôle est de nous mettre en mains des points de repère auxquels nous puissions rattacher d’autres observations que celles qui nous ont fourni ces points de repère eux-mêmes.
J’ai au contraire sur ces deux points des opinions très peu d’accord avec le rôle que vous me destinez.
Il y a plus, les fautes commises par les classes dirigeantes de la société, et sur lesquelles M. de Chalambert ne pèse pas assez dans son introduction trop rapide, les lâchetés d’une royauté qui oubliait, depuis trop longtemps, sa fonction de bras droit de la chrétienté, les corruptions et les révoltes d’une noblesse qui ne méritait plus de porter la croix de ses aïeux des croisades sur le pommeau de son épée, le triste rôle de l’indécis François Ier, de l’imbécile Henri II, de Catherine de Médicis, cette athée à tout ce qui n’était pas le pouvoir dont elle était folle pour elle et pour sa race, toutes ces choses, compliquées de la mort du duc d’Anjou, le dernier héritier de cette famille de Valois qui périssait dans l’infécondité de la débauche, ne justifient pas entièrement et bien nettement, aux yeux de tous ceux que le catholicisme n’éclaire pas, le fait à outrance et si antipathique au génie national d’une confédération armée contre la descendance directe, dans un pays d’hérédité comme l’a toujours été la France.
Par là il fut conduit à croire que les mêmes états sont susceptibles de se reproduire dans les profondeurs de la conscience, comme les mêmes phénomènes physiques dans l’espace ; c’est du moins ce qu’il admit implicitement quand il attribua au rapport de causalité le même sens et le même rôle dans le monde interne que dans le monde extérieur.
Et serait-ce exagérer son rôle que de lui attribuer l’influence peut-être la plus essentielle, en tout cas la plus durable ? […] Leur virtuosité lyrique fut appréciée sans doute par quelques-uns ; mais elle ne joua qu’un rôle très effacé dans l’entraînement irréfléchi et général, qui du jour au lendemain assurait la célébrité de l’auteur. […] On peut la placer dans ce besoin à demi avoué de jouer perpétuellement un rôle, de se promener à travers la vie comme un comédien sur les planches, prenant tantôt un masque et tantôt un autre, et ne se révélant presque jamais sous son aspect personnel et véritable. […] Les premiers rôles n’échappent pas à ce nivellement dans la médiocrité. […] Il est si nettement visible que l’habileté mécanique joue ici un rôle, sinon exclusif, en tous cas prépondérant !
Eux-mêmes ont compris ainsi leur rôle littéraire, et l’un des deux frères écrivait à M. […] Un rôle plus important la met en vedette. […] Comment la tragédienne étudie-t-elle ses rôles et découvre-t-elle, ignorante comme elle est, derrière la littéralité des textes, l’esprit des temps anciens et l’âme des poètes morts ? […] Il reste à la rendre parfaite dans son détail, et c’est, dans les ténèbres des salles de répétition, des prises et des reprises du rôle, vers à vers, mot à moi, jusqu’à ce que, parvenue aux derniers moments qui précèdent la représentation, l’actrice, par un suprême effort, incruste héroïquement son personnage fictif dans sa vie vraie. […] … Le rôle pourtant n’empêche pas la vie.
Paul Déroulède est bientôt las de son rôle de joueur de flûte ; il se laisse entraîner dans le torrent de la vie active. […] Gambetta qui était, paraît-il, un charmeur, avait su gagner son affection… Déroulède lui savait gré de son rôle en 1870 et de l’énergie déployée dans l’organisation de la défense. […] Très ému, il pénètre dans la salle et constate, avec horreur, que les auteurs font jouer au maréchal Jean un abominable rôle, un rôle de traître, contraire, d’ailleurs, à la vérité. […] On se sépara : tout le monde avait bien joué son rôle, et Rougeville maintenant ne doutait plus du succès6.
En tout cas, on a toujours admis volontiers le rôle de ceux qui sont venus dire : « j’étais là, telle chose m’advint », c’est leur droit, il y a intérêt pour tous à ce qu’ils le disent, et qu’ils disent aussi pourquoi ils ont agi de telle façon. […] Le rôle grave de préfacier que j’avais assumé fait qu’il manque pourtant dans ces pages quelques détails que le côté d’apparat de ma besogne me commandait de passer sous silence. […] Il précède de quelques semaines le bonhomme Noël ; il a le même rôle que lui ; c’est un peu le même. […] Pour choisir un exemple vis-à-vis de celui de Poe presque naturalisé chez nous par Baudelaire, si nous pensons à Henri Heine, il faut bien concéder que c’est surtout un lyrique pur, et le fait d’avoir vécu grâce à des correspondances de journaux, qu’il faisait admirables parce que tel était son don d’ennoblir tout ce qu’il touchait, prouve simplement qu’entre deux poèmes il donnait son opinion sur la vie courante, sur un ministère nouveau, le rôle de M. […] Mais, objectera-t-on, son rôle et ses visées politiques ne sont point contestables, il y a Germania !
Croyez-vous qu’il soit destiné à ce rôle ? […] Ce besoin de l’exactitude, le naturalisme nous l’a mis dans le sang : tels son rôle et son bienfait. Mais ce bienfait est acquis et ce rôle est fini. […] Le rôle du Poète consiste donc en ceci : réaliser Dieu. […] C’est comme cela qu’il entend son rôle de critique moderne.
Le mari, M. de Ferriol, receveur-général des finances du Dauphiné, et conseiller, puis président au parlement de Metz, ne joua dans la vie de sa femme qu’un rôle insignifiant et commode. […] Mme du Deffand, malgré le beau rôle de confidente qu’elle partage avec Mme de Parabère et les louanges reconnaissantes de la fin, est jugée sévèrement dans cette correspondance d’Aïssé ; rien ne peut compenser l’effet de la lettre XVI, où se trouve racontée cette étrange histoire du raccommodement de la dame avec son mari, cette reprise de six semaines, puis le dégoût, l’ennui, le départ forcé du pauvre homme, et l’inconséquente délaissée qui demeure à la fois sans mari et sans amant. […] Mais ce qui intéresse avant tout dans ce petit volume, c’est Aïssé elle-même et son tendre chevalier ; la noble et discrète personne suit tout d’abord, en parlant d’elle et de ses sentiments, la règle qu’elle a posée en parlant du jeu de certaine prima donna : « Il me semble que, dans le rôle d’amoureuse, quelque violente que soit la situation, la modestie et la retenue sont choses nécessaires ; toute passion doit être dans les inflexions de la voix et dans les accents.
Je trouve aussi là-dedans le symptôme d’une société qui s’ennuie, d’une société où la femme ne joue plus le rôle attrayant, qu’elle jouait dans les autres siècles. […] Samedi 9 octobre On n’a jamais vérifié le rôle que joue l’amour physique, dans l’attachement des femmes honnêtes pour leurs maris. […] Il se laisse tomber sur le divan, près de la cheminée, parle du rôle de conciliation qu’il veut jouer dorénavant dans les assemblées, dit qu’il n’est pas un modéré, parce que l’idéal d’un modéré n’est pas le sien, mais qu’il est un apaisé, un homme sans ambition et éprouvé par la vie.
On a beaucoup discuté sur le rôle de la critique. […] Mais elle marque bientôt quelque impatience de voir Henry s’attarder au rôle d’amoureux transi. […] Charles de Pomairols, et si cette aventure tourne court, aussi n’est-elle qu’un prologue ou un épisode préliminaire au récit dans lequel Abel de Sauvenas jouera un certain rôle et Mademoiselle de Florac un rôle décisif. […] Il n’a qu’un rôle épisodique dans ce roman. […] Et ces « correspondances » entre les diverses sensations ont joué, après lui, un rôle énorme.
Les décorations enrichies et devenues mobiles, les rôles de femmes joués non plus par de jeunes garçons, mais par des femmes, l’éclairage splendide et nouveau des bougies, les machines, la popularité récente des acteurs qui devenaient les héros de la mode, l’importance scandaleuse des actrices, qui devenaient les maîtresses des grands seigneurs et du roi, l’exemple de la cour et l’imitation de la France attiraient les spectateurs en foule. […] En vain les poëtes rejetèrent une partie de l’alliage français dont ils avaient chargé leur métal natif ; en vain ils revinrent aux vieux vers sans rime qu’avaient maniés Jonson et Shakspeare ; en vain Dryden, dans les rôles d’Antoine, de Ventidius, d’Octavie, de don Sébastien et de Dorax, retrouva une portion du naturel et de l’énergie antiques : en vain Otway, qui avait un vrai talent dramatique, Lee et Southern atteignirent à des accents vrais ou touchants, en telle sorte qu’une fois, dans Venise sauvée, on crut que le drame allait renaître : le drame était mort, et la tragédie ne pouvait le remplacer ; ou plutôt chacun d’eux mourait par l’autre, et leur union, qui les avait énervés sous Dryden, les énervait sous ses successeurs. […] Lorsqu’il se croit trahi, il s’abandonne et ne sait plus que mourir. « Que César arpente seul ce monde ; je suis las de mon rôle. — Ma torche est finie, et le monde est devant moi — comme un noir désert à l’approche de la nuit. — Je veux me coucher, ne pas vaguer davantage736. » De pareils vers font penser aux lugubres rêves d’Othello, de Macbeth, d’Hamlet lui-même ; par-dessus le monceau des tirades ronflantes et des personnages en carton peint, il semble que le poëte soit allé toucher l’ancien drame, pour en rapporter le frémissement. […] comme l’homme est prompt à s’avilir quand, échappé à son rôle, il revient à lui-même !
première partie Définition de son rôle et de son genre d’influence. — Sa jeunesse. — Sa science précoce. — Fauriel en 1800. — Relations avec Fouché, — avec Mme de Staël, — avec Benjamin Constant, — avec Charles Villers, — avec Cabanis, — avec Tracy. — La Parthénéïde de Baggesen. — Vers de Manzoni à ce sujet. — Nombreux travaux de Fauriel et leur unité : Fauriel historien. […] Necker : chacun avait son rôle et faisait sa motion. […] vous, Fauriel, je ne suis pas embarrassé du rôle que vous avez eu, je le vois d’ici. — Et qu’y faisais-je donc ? […] Cette traduction, précédée d’un Discours préliminaire très-remarquable, parut, après bien des retards et des ajournements, dans l’été de 1810 ; c’est le seul ouvrage proprement dit que Fauriel ait publié avant l’époque de la Restauration, et, fidèle à son rôle modeste, il le publia sans même se nommer. […] La France ne lui doit pas moins ; le xixe siècle surtout serait ingrat d’oublier son nom, car on peut apprécier désormais avec certitude quelle place il a tenue dans ses origines, quel rôle unique il y a rempli, et quelle part lui revient à bon droit dans les fondations de l’édifice auquel d’autres ont mis la façade, et pas encore le couronnement.
Coleridge a tracé son rôle avec une délicate subtilité, avec une vive pénétration, et la scène, dans laquelle Démétrius découvre qu’il n’est point le fils d’Ivan et n’a aucun droit au nom qu’il réclame, est extrêmement forte et dramatique. […] L’œil de l’artiste voyait, son cerveau concevait, son imagination créait, mais la main du tisserand avait aussi son rôle dans l’œuvre merveilleuse. […] Le rôle de ces plaques est de protéger la fortune écrite du monde. […] Les animaux parlants ont aussi leur rôle dans les paraboles et les histoires de Chuang-Tzù et son étrange philosophie sait s’exprimer d’une manière musicale par le mythe, la poésie, et la fantaisie. […] Stephen Phillips, qui a récemment joué le rôle du Fantôme dans Hamlet au Théâtre du Globe, avec une dignité et un talent de diction si admirables ; et M.
Le rôle de Pierre, qui se soumet en chaque chose à la Providence, a un grain de raillerie douce et fine qui ne saurait choquer personne, mais qui n’est pas fait non plus pour exalter. […] Je les connais, vous le savez, mon ami, ces convenances, qui font du rôle de journaliste le plus bizarre peut-être que pût choisir une femme, si elle pouvait l’adopter par choix… Oh !
Mais ce rôle d’ingénieur n’était, en quelque sorte, pour lui que le prétexte. […] Quels qu’aient été sur ce point les jugements et les présages de Bernardin de Saint-Pierre, il a pu vieillir tranquille en munie temps que fier dans sa gloire ; car il y avait dans l’illustre survenant assez de traits de filiation pour constater le rôle actif du devancier qui allait demeurer en arrière67.
Pour me résumer, messieurs, le vrai rôle moderne, la disposition qui me paraît le plus désirable pour un Gouvernement, pour un État, dans cet ordre de discussions et de conflits, ce serait, si je m’en rapportais à une parole de Napoléon Ier 61, une sorte d’incrédulité supérieure et bienveillante dans sa protection à l’égard des divers systèmes et opinions théologiques, métaphysiques et autres, même les plus contraires ; — mais j’aime mieux une définition moins hautaine, et je dirai plutôt que la disposition vraie d’un Gouvernement dans ces sortes de questions devrait être une équitable et suprême indifférence, une impartialité supérieure et inclinant plutôt à la bienveillance envers tous, de manière toutefois à maintenir et à réserver les libertés et les droits de chacun. […] Chaix d’Est-Ange, a bien voulu alléguer, en faveur de Broussais, de Bichat et de Cabanis, qui ont pu être téméraires, a-t-il dit, et s’égarer par moments, des excuses et, pour ainsi dire, des circonstances atténuantes ; mais je ne crois pas (j’en demande pardon à notre très-spirituel et éloquent collègue), je ne pense pas que ce doive être là le vrai rôle actuel de l’homme politique lui-même et de l’homme d’État en présence de la science.
Et ainsi de tous les autres…, etc. » « Et si jamais, ajoute-t-il, un homme habile dans l’art d’exercer divers rôles venait dans notre République et voulait nous réciter ses poèmes, nous lui rendrions honneur comme à un être divin, privilégié, enchanteur ; mais nous lui dirions qu’il n’y a pas d’homme comme lui dans notre République, et, après avoir répandu des parfums sur sa tête et l’avoir couronné de fleurs, nous le proscririons de l’État. » Si cette division des facultés et des professions ne vient pas de l’Inde, par une servile imitation des castes, elle prélude à cette division moderne du travail, mutilation tout industrielle des facultés de l’homme, qui fait d’excellents ouvriers machines, et de détestables hommes pensants. […] Il n’interdit pas moins rudement toute émulation et tout progrès social à sa démocratie : « Mais, si celui que la nature a destiné à être artisan ou mercenaire, enorgueilli de ses richesses, de son crédit, de sa force ou de quelque autre avantage semblable, entreprend de s’élever au rang des guerriers, ou le guerrier à celui des magistrats, sans en être digne ; s’ils faisaient échange et des instruments de leurs emplois et des avantages qui y sont attachés, ou si le même homme entreprenait d’exercer à la fois ces divers emplois, alors tu croiras sans doute avec moi qu’un tel changement, une telle confusion de rôles, serait la ruine de l’État ?
Mais doit-on oublier que c’est là un des expédients nécessaires par lesquels s’est faite l’adaptation du christianisme à son rôle de religion universelle, et que ces subtilités de procédure théologique qui aboutissent à tourner la loi par la considération des espèces, ont l’avantage de laisser théoriquement entier l’idéal chrétien ? […] Sur le rôle de la raison de Pascal dans sa conversion, cf. le traité de la Conversion du pêcheur, et la Vie écrite par Mme Périer.
Rechercher la vérité par la raison, la faculté la plus générale à la fois et la plus véritablement personnelle à chaque homme ; ne rien admettre dans son esprit qui ne soit évident ; bien définir les termes pour ne point confondre les principes, pour pénétrer toutes les conséquences, pour ne jamais raisonner faussement sur des principes connus ; subordonner toutes les facultés à la raison, et l’homme qui sent à l’homme qui pense ; réduire au rôle d’auxiliaires de la raison l’imagination et la mémoire, par lesquelles nous dépendons des choses extérieures et sommes à la merci de l’autorité, de la mode, de l’imitation : les grands écrivains du dix-septième siècle ne font pas autre chose. […] De quel homme, au contraire, dit-on qu’il est naturel, sinon de celui qui ne suit l’opinion commune que jusqu’où elle cesse d’être raisonnable, qui au-delà résiste, et qui, loin de tourner son rôle à son avantage sur les autres et de s’enticher même de sa raison, ne prend pas moins garde de se trop distinguer de la foule que de l’imiter.
La compétition des deux pères pour les fonctions de gouverneur du fils du roi, les hauteurs du comte, la dignité du vieux don Diègue, l’intervention du roi entre Rodrigue et Chimène, le rôle de don Sanche, estimé, mais point aimé, que Chimène accepte pour champion, tout en désirant secrètement qu’il succombe ; tout cela, c’est la vie universelle et qui ne change pas. […] Nous sommes idolâtres des héros, et du fond de notre misère nous battons des mains à ceux qui nous font jouer quelque grand rôle sur la scène du monde, et qui nous attirent les applaudissements du genre humain.
Il a fallu les exagérations des temps qui ont suivi pour intervertir les rôles et pour qu’on ait pu le considérer comme un gallican et un orléaniste. […] H. de *** réalisait, d’après nos idées, la perfection même ; aussi, selon l’usage des maisons ecclésiastiques, où les élèves avancés partagent les fonctions des maîtres, était-il chargé des rôles les plus importants.
Jean-Jacques Olier, issu d’une famille qui a donné à l’État un grand nombre de serviteurs capables, fut le contemporain et le coopérateur de Vincent de Paul, de Bérulle, d’Adrien de Bourdoise, du père Eudes, de Charles de Gondren, de ces fondateurs de congrégations ayant pour objet la réforme de l’éducation ecclésiastique, qui ont eu un rôle si considérable dans la préparation du xviie siècle. […] En théologie, son rôle fut faible.
Le tort commun des idéalistes et des sensualistes, beaucoup plus voisins les uns des autres qu’ils ne le croient, est d’avoir méconnu le rôle de l’appétition, de la volonté et de l’activité motrice ; rétablir ce rôle, c’est marquer où réside la vraie force des idées et préparer la conciliation des doctrines à ce point de vue supérieur.
De vastes hypothèses, nées sur les confins de la science et jouant un grand rôle dans la science elle-même, quelles agitent et qu’elles sollicitent vers de nouvelles recherches, apparaissent avec des ambitions illimitées, les unes essayant de réunir les lois de la nature dans une grande synthèse, les autres, plus hardies, ne tentant rien moins que de pénétrer jusqu’au principe même des choses. […] Il semble bien que, dans la première partie, le premier rôle est au Chercheur qui, au nom de la science positive, déclare la liberté et la justice de pures illusions devant l’écrasante réalité des lois éternelles.
On devine que les artifices usuels de la comédie, la répétition périodique d’un mot ou d’une scène, l’interversion symétrique des rôles, le développement géométrique des quiproquos, et beaucoup d’autres jeux encore, pourront dériver leur force comique de la même source, l’art du vaudevilliste étant peut-être de nous présenter une articulation visiblement mécanique d’événements humains tout en leur conservant l’aspect extérieur de la vraisemblance, c’est-à-dire la souplesse apparente de la vie. […] Et, à tour de rôle, chacun laissait tomber son bâton sur la tête de l’autre.
Il paraît s’être donné d’assez bonne heure ce rôle d’historiographe de Bossuet, et dans les dernières années il s’était fait purement et simplement son Dangeau.
Je viens de lire ses Lettres posthumes, publiées par un de ses amis et disciples, l’abbé Perreyve, qui semble lui avoir emprunté quelque chose de sa parole et de son glaive : il faut voir avec quelle fermeté, avec quelle certitude le panégyriste enflammé lui décerne son titre de saint, lui assigne son rang et son rôle d’apôtre, et le propose pour modèle aux jeunes générations catholiques de l’avenir.
Ce n’est pas à nous de lui dicter son rôle.
Il reste encore des moyens d’acquérir du pouvoir, mais l’opinion qui distribue la gloire, l’opinion n’existe plus ; le peuple commande au lieu de juger ; jouant un rôle actif dans tous les événements, il prend parti pour ou contre tel ou tel homme.
Bientôt après le règne de la terreur, on voyait la vanité renaître, les individus les plus obscurs se vantaient d’avoir été portés sur des listes de proscriptions : la plupart des Français qu’on rencontre, tantôt prétendent avoir joué le rôle le plus important, tantôt assurent que rien de ce qui s’est passé en France ne serait arrivé, si l’on avait cru le conseil que chacun d’eux a donné dans tels lieux, à telle heure, pour telle circonstance.
Ce n’est point l’affaire des écoliers d’étudier le rôle et l’esprit de Le Franc de Pompignan, de Saint-Lambert et de Delille, ni même de J.
On est effrayé du rôle du mari, de la quantité et de la minutie de ses obligations.
Quant à son rôle dans « l’évolution littéraire », il me semble qu’il est peut-être le génie le plus purement français, le plus primesautier et le plus doux depuis l’auteur de la fable des Deux Pigeons.
Mais n’outrons rien, ceux qui ont le malheur d’être grands, peuvent être justes, modérés, sensibles, & indépendamment de leur nom, l’homme de Lettres se lie avec ceux qu’un même goût pour les Arts enflamme, & qui déposant l’appareil fastueux de leurs dignités, ne le reprennent qu’au moment où ils sont forcés d’aller jouer leur rôle sur la scene du monde.
Ils renonceront à leur rôle, mais ils trembleront de se dégrader par une franchise trop prompte.
Son harmonieux génie s’exténue en des argumentations insipides sur la Loi et les prophètes 970, où nous aimerions mieux ne pas le voir quelquefois jouer le rôle d’agresseur 971.
On comprend que le ton exalté de Jean et sa préoccupation exclusive du rôle divin de Jésus aient effacé du récit les circonstances de faiblesse naturelle racontées par les synoptiques.
Aucun psychologiste n’avait encore montré le rôle de ces mouvements instinctifs, et leur influence sur la volonté ; c’est dans Müller qu’il faut la chercher167.
Jeune et belle veuve, à l’humeur libre et hardie, dans ce rôle d’éblouissante Célimène, eut-elle en secret quelque faible qu’elle déroba ?
Pour le moment un rôle politique lui vient ; il ne l’a pas cherché, il l’accepte.
Il y a lieu de croire que, bien qu’un seul acteur parût et récitât, il supposait une action réelle, et qu’il venait, dans les intervalles du chœur, en rendre compte aux spectateurs, soit par voie de narration, soit en jouant le rôle d’un héros, puis d’un autre, et ensuite d’un troisième.
Si notre religion n’était pas une triste et plate métaphysique ; si nos peintres et nos statuaires étaient des hommes à comparer aux peintres et aux statuaires anciens : j’entends les bons, car vraisemblablement ils en ont eu de mauvais et plus que nous, comme l’Italie est le lieu où l’on fait le plus de bonne et de mauvaise musique ; si nos prêtres n’étaient pas de stupides bigots ; si cet abominable christianisme ne s’était pas établi par le meurtre et par le sang ; si les joies de notre paradis ne se réduisaient pas à une impertinente vision béatifique de je ne sais quoi qu’on ne comprend ni n’entend ; si notre enfer offrait autre chose que des gouffres de feux, des démons hideux et gothiques, des hurlements et des grincements de dents ; si nos tableaux pouvaient être autre chose que des scènes d’atrocités, un écorché, un pendu, un rôti, un grillé, une dégoûtante boucherie ; si tous nos saints et nos saintes n’étaient pas voilés jusqu’au bout du nez ; si nos idées de pudeur et de modestie n’avaient proscrit la vue des bras, des cuisses, des tétons, des épaules, toute nudité ; si l’esprit de mortification n’avait flétri ces tétons, amolli ces cuisses, décharné ces bras, déchiré ces épaules ; si nos artistes n’étaient pas enchaînés et nos poètes contenus par les mots effrayants de sacrilège et de profanation ; si la Vierge Marie avait été la mère du plaisir ; ou bien, mère de Dieu, si c’eût été ses beaux yeux, ses beaux tétons, ses belles fesses qui eussent attiré l’Esprit Saint sur elle, et que cela fût écrit dans le livre de son histoire ; si l’ange Gabriel y était vanté par ses belles épaules ; si la Magdelaine avait eu quelque aventure galante avec le Christ ; si aux noces de Cana le Christ entre deux vins, un peu non-conformiste, eût parcouru la gorge d’une des filles de noces et les fesses de saint Jean, incertain s’il resterait fidèle ou non à l’apôtre au menton ombragé d’un duvet léger : vous verriez ce qu’il en serait de nos peintres, de nos poètes et de nos statuaires ; de quel ton nous parlerions de ces charmes qui joueraient un si grand et si merveilleux rôle dans l’histoire de notre religion et de notre Dieu, et de quel œil nous regarderions la beauté à laquelle nous devrions la naissance, l’incarnation du Sauveur, et la grâce de notre rédemption.
Comment expliquer autrement et le rôle si important de la déduction dans le raisonnement expérimental et le principe fondamental de la proportionnalité entre la cause et l’effet ?
C’est la femme comme il faut, ce n’est pas la femelle moderne et ornementée de littérature orgueilleuse qui a pu écrire cette noble phrase, qui est un aperçu : « Quand, par la mort ou un changement dans les rôles qui échoient à chacun ici-bas, la femme devient chef de famille, elle perd de ses qualités sans acquérir celles qui lui seraient indispensables.
Quand une nation est parvenue au point où est la France à la veille du vingtième siècle, deux alternatives se présentent : continuer à se croire vigoureuse, lorsque la maladie la dévore, et par conséquent se résigner à la ruine finale, brève ou lente, à un rôle de plus en plus médiocre dans le monde ; ou bien se réveiller brusquement de sa léthargie, mesurer d’un coup d’œil toute l’étendue du mal, et appeler à soi toute son énergie pour se guérir.
Nous ajoutions que pour la physique, dont le rôle est d’étudier les relations entre données visuelles dans l’espace homogène, tout mouvement devait être relatif.
Darwin a serré de plus près les faits ; il a surtout découvert le rôle de la concurrence et de la sélection.
Quelques remarques justes sur sa syntaxe, mais que « le verbe joue dans sa phrase un rôle capital », c’est juste le contraire de la vérité ; l’idéal de Mallarmé serait plutôt de l’éliminer. — Surtout, et bien que cela soit répété partout, il n’a pas « transposé en littérature une méthode de composition spéciale à la musique » (si ce n’est dans un coup de dés, son dernier ouvrage, dont M.
Son hymne au Soleil Roi est une hymne au Logos, ou à l’intelligence éternelle qui joue un si grand rôle dans Platon.
L’amour, avec tous les sentiments morbides qui se dérobent sous le prestige de son nom, comme avec toutes les passions qui se dissimulent sous son masque pour courir à leur assouvissement, jouerait-il dans la vie contemporaine un rôle moins « pathétique » et moins « terrible » que l’argent ? […] » Et encore : « Ce fut l’occasion d’une cérémonie où l’eau et le savon jouèrent le principal rôle, et de laquelle la petite fille sortit avec une nouvelle beauté. […] Quelques grandes villes — qui ne sont pas la province — jouent le même rôle dans le rayon de leur influence. […] Ceux qui nous font rire au théâtre, sous le personnage des Alceste ou des Harpagnon, quels ou qui sont-ils donc, qu’est-ce qu’ils apportent, et pour ainsi dire, qu’est-ce qu’ils versent d’eux-mêmes, quel fonds de tristesse ou de gaieté, dans le rôle qu’ils interprètent ? […] Car pourquoi n’étudierait-on pas la tragédienne ou le comédien à l’œuvre, dans la composition de ses rôles, dans l’approfondissement de son personnage, dans la préparation de ses effets, dans la technique enfin de son métier et dans l’esthétique de son art ?
Ce qu’on veut regarder comme inutile fût devenu alors très-nuisible ; alors le rôle de l’amant eût dégradé celui du héros.
Le rôle de la critique, dans cette affaire, ne fut pas brillant. […] Aussi le rôle du poète symboliste consiste-t-il, en quelque sorte, à reconstituer dans l’esprit moderne une faculté perdue : le sens du mystère. […] Comme l’Inconscient est la seule réalité, le rôle de l’art ne peut être que d’exprimer l’Inconscient. […] Empêcher l’âme de tomber dans cette torpeur, l’entretenir toujours fervente, c’est le rôle de l’Art, et il n’y réussit que par de « minutieux et subtils coups de fouet, le mouvement, le nouveau ». […] Vielé-Griffin a considéré que le rôle, — même social, — du poète était de ne songer qu’à son art, d’embellir, quant à lui, le rêve humain de la Beauté.
Peut-être a-t-il pourtant exagéré le rôle qu’il joua dans cette rencontre. […] Oui prendra cependant la peine de considérer que, toujours ou presque toujours, vis-à-vis de ses pires détracteurs, Racine était dans le rôle de premier offensé, ne trouvera plus l’explication suffisante. […] Toutes les fois, par exemple, que Voltaire avait essayé de sortir de son rôle de bel esprit et de correspondant littéraire, Frédéric, en quatre mots, l’y avait brutalement ramené. […] Cependant il ne faut pas s’y tromper : jusqu’au dernier jour, c’est un rôle que joue Voltaire. […] » Son rôle fut-il beaucoup plus généreux et beaucoup plus hardi dans la cruelle affaire du chevalier de La Barre ?
Pour exprimer le rôle de la colonnade qui enserre la cella, l’auteur a trouvé des réussites d’expressions tout à fait neuves et vraiment supérieures. […] À cet égard, notre ignorance est déplorable ; les trois quarts des gens cultivés raisonnent sur les alliances, et remanient la carte de l’Europe en politiques de café ; ils croient que le rôle de diplomate est à leur portée, à la portée de tout le monde ; nous avons eu, l’an dernier, la preuve de cette présomption et de cette insuffisance, et nous n’avons qu’à lire certains journaux ou la plupart des brochures pour les retrouver tous les jours. […] En quoi diffèrent les rôles d’un juge anglais et d’un juge français ? […] Non, les nations ne reviendront plus à des mœurs fortes….Je te demande si dès lors la noblesse a un beau rôle à jouer, s’il est gracieux d’avoir des enfants pour les voir bafouer, s’ils sont bons sujets, et réduits à ne rien être, sinon valets de cour….C’est bien la peine de continuer une race pour cela, ou pour se « trouver dans une révolution que la dissolution entière « de tous les ressorts amènera nécessairement ! […] En 1848, dans le désarroi universel, quand chacun, bon gré, mal gré, se trouvait lancé dans la vie militante, il était devenu directeur d’un journal : la politique quotidienne l’intéressait, il la traitait avec talent ; ses opinions étaient faites : il ne tenait qu’à lui de rester en scène et en vue, avec tous les avantages d’un rôle public.
Le futur citoyen de Genève y tint lui-même un rôle. […] C’est fini, il est prisonnier de son rôle. […] Tout simplement, c’est que son rôle le tient. […] Son rôle mondain impliquait une rapide intelligence des hommes, beaucoup de tact et de souplesse. […] Et pourquoi disons-nous « son rôle » ?
Vous demanderez peut-être s’il y a un critérium qui permette à l’historien de distinguer les sujets historiques où cette théorie de la race doit recevoir son entière application de ceux où elle ne doit jouer qu’un rôle secondaire. […] Certes, la conquête a joué un grand rôle dans l’histoire de la civilisation anglaise, mais non pas tout à fait celui qu’on veut quelquefois lui attribuer. […] Ils tuèrent la mère et sauvèrent l’enfant ; c’est là leur rôle, et il est certes très glorieux, mais cet enfant n’est pas de leur sang, et c’est autre chose d’aider un enfant à venir au monde ou d’en être le père. […] Mais ne comprenez-vous pas, par les obstacles même qu’elle vous oppose, que ma pensée se refuse à jouer ce rôle ? […] Si Mercutio n’est plus le brillant et intarissable causeur que nous connaissons, il n’est plus qu’un comparse et, comme on dit au théâtre, qu’un rôle de grande utilité.
Ce rôle de personne morale, juge du bien et du mal, que les Encyclopédistes ôtent à l’État en lui refusant le droit de punir, ils le lui rendent en l’investissant du rôle d’éducateur, de moniteur, d’avertisseur et de redresseur. […] Il avait pour ce rôle toutes les qualités nécessaires, et quelques autres utiles encore, s’ajoutant aux premières comme un excellent surcroît. […] *** C’est en 1862 seulement que le rôle d’agitateur socialiste commença pour Lassalle. […] Voilà le rôle de l’inconscient dans la faculté abstractive et généralisante, et ce n’est pas le plus mince service rendu par le nouveau livre de M. Ribot d’avoir mis ce rôle en sa vraie et pleine lumière.
Il croit les réfuter par cette raison que, quand on se sent incapable de remplir un rôle dans le monde, on peut quitter volontairement la vie, et que le pouvoir de la société ne va pas jusqu’à interdire à l’homme de disposer de lui-même. […] Par malheur, le rôle qu’il n’a cessé de jouer ne fut que trop pris au sérieux par le public, et il exerça sur ses contemporains une remarquable influence. « Le sentiment qu’éprouvaient à son égard les jeunes amateurs de poésie ne peut être compris que par ceux qui l’ont éprouvé. […] L’exil a joué aussi son rôle. […] On peut noter le moment où, fatigué de son rôle de désespéré, il laisse percer la pensée qu’il ne refusera pas de se laisser consoler. […] Nous avons maintes fois remarqué le rôle important que la solitude joue dans la maladie du siècle.
Et elle a encore un excellent rôle à jouer. […] Alfred Capus, le même rôle que les mythes dans la philosophie de Platon. […] C’est, dans l’histoire, le rôle indispensable de la conjecture. […] Or, tel est, dans l’histoire, le rôle insigne des grands poètes. […] Ou bien le rôle de l’église.
… — Les admirables conseillers d’Etat qui, sous l’empereur, méditaient les lois, et ce Corps législatif, élu par les capacités du pays aussi bien que par les propriétaires, dont le seul rôle était de s’opposer à des lois mauvaises et à des guerres de caprice. » Pour lui, la seconde assemblée, l’élective, est, comme on voit, réduite au rôle de régulatrice du pouvoir. […] Taine fut envoyé, durant l’année scolaire 1851-1852, à Nevers d’abord, puis à Poitiers, la situation générale du pays ne permettait guère, même à un esprit de sa force, ce rôle d’observateur désintéressé. […] Le rôle du médecin n’est pas de recréer ce corps, mais de l’aider à bien vivre. Pareillement un grammairien reconnaîtra d’abord qu’une langue étant une machine à parler, son rôle n’est pas de la recréer, mais d’aider ceux qui l’emploient à bien s’en servir. […] Il réside dans le caractère radicalement faux du rôle assigné à ces éducateurs du peuple.
Il a dû jouer souvent ce rôle et il continuera à le jouer. […] Émile Deschanel, où il est beaucoup question de la politique de Lamartine, le rôle politique de Lamartine n’avait été étudié et exposé avec une pareille lucidité, une pareille sûreté et une impartialité aussi intelligente. […] Son rôle politique était fini. […] Elle avait bien l’intuition que son rôle était fini. […] Mais ce rôle même et qui n’était, pour elle, qu’un rôle, elle le jouait, non seulement sans conviction, mais sans dignité.
Des rois ou des héros en tiendront les principaux rôles ; elle roulera sur des événements qui enveloppent le destin des empires ; et elle finira dans le sang. […] Il s’appelait Malherbe ; il avait peu produit ; et il avait une cinquantaine d’années : cette considération d’âge n’est pas inutile à une juste appréciation de son œuvre et surtout de son rôle. Je dis : et surtout de son rôle. […] Mais, grâce aux circonstances, son rôle fut considérable ; et cent écrivains qui valaient mieux que lui n’ont pas eu cet honneur de laisser, comme lui, dans l’histoire de notre littérature, une ineffaçable trace. […] Les rédacteurs du Globe n’ont pas joué de rôle original dans l’histoire de la critique moderne : il nous suffira donc de les avoir salués, et nous pouvons passer.
En présence d’un auteur, la critique devrait borner son rôle à se demander : « Qui est-il ? […] Signaler la portée d’un tel écrivain était un beau rôle. […] Recherchant comme d’habitude l’anecdote et le voyage, il se complaît à examiner la vie et les théories de Stendhal, ce qu’il appelle ingénieusement « son rôle d’excitateur d’idées ». […] Son rôle de critique n’a guère dépassé le rôle d’un amateur compétent. […] Ce rôle pacificateur du poète, cette conception d’une littérature humanitaire expliquent l’influence exercée par la poésie de M.
Il y a mieux : dans les épisodes auxquels don Quichotte n’est mêlé que d’une manière indirecte, comme celui des noces de Gamache, on est désappointé de voir le chevalier figurer au second plan et réduit au rôle de comparse. […] Tel est le rôle historique de Mignon et du harpiste. […] Et comme il était à son aise dans le rôle que la nature lui avait donné à jouer ! […] Cependant l’espèce de mépris affectueux qu’il inspirait avait des causes plus profondes, qu’il avait pénétrées parfaitement, et dont la connaissance lui rendait facile son rôle de parasite et de bouffon. […] Il est possible que ces engins de guerre aient eu depuis un rôle plus offensif.
C’est cette cause qu’il importe de dégager d’abord pour définir le rôle que le roman a joué en France depuis cent ans. […] Ollier, avec sa grande découverte sur le rôle du périoste dans la réfection des os, fut l’aboutissement. […] Le rôle du soldat est de les leur rappeler, par sa seule existence. […] Si jeune, ce propos est de quelqu’un qui tient un rôle. […] De là, dans les armées de ce type, cet esprit critique et qui rend plus délicat le rôle du chef, obéi, suivi, mais jugé.
… » On sait le rôle qu’il choisit dans la tragédie de son époque. […] Est-ce que le Rouge et le Noir, de Beyle, ce fanatique de psychologie pure, ne conclut pas à deux ou trois vérités essentielles sur le rôle du plébéien dans notre première moitié de notre dix-neuvième siècle français ? […] Quel plus beau rôle que celui de dévoiler les systèmes de l’organisation sociale, encore si peu connue ? […] Comment mettre en accord son rôle public de chef de sectaires et ses devoirs, sa tendresse surtout d’époux et de père ? […] Elle avait trop bien joué son rôle d’amoureuse.
Ils se sont distribué les rôles entre eux et ils ont joué sans que je m’en sois mêlé. […] J’ai réussi à la première autant qu’il est possible quand presque aucun des acteurs n’est et ne convient à son rôle. […] Et parce qu’elle n’a pas fait son rôle, le mien est mauvais, et je me suis rendu garant des événements ? […] Luneau qui, en qualité d’amphibie, connaît et le rôle d’auteur et celui de libraire, ne niera pas que la chose ne se fasse ainsi. […] C’est un assez beau rôle.
Il a les talents de son rôle, comme il en a le caractère. […] Gourmet et mythologue, en un instant le coquin a joué deux rôles. […] Le rôle accepté détruit l’homme naturel.
C’est la charge de ceux qui n’en ont pas d’autres que leur propre respectabilité, respectabilité célèbre, qui, lorsqu’elle se multiplie de père en fils dans une famille, finit par former un surnom de la race. » Or c’était précisément, comme celui de gentilhomme par excellence, le seul titre ambitionné par M. de Vigny, le type de sa vie, le signe distinctif de son caractère, l’aristocratie de sa nature, le rôle innomé de sa vie. […] C’était un rôle difficile à une époque où la noblesse inverse était odieuse, et où la démocratie mal comprise haïssait le gentilhomme et se vengeait de ses prétentions par une chanson de Béranger. […] Ce rôle s’associait très bien avec une certaine célébrité littéraire, modeste et à demi-jour, qui ne demandait rien à personne, mais qui se créait elle-même, et qui savait attendre sa sanction de la postérité.
Là, nous allons contrefaire un moment le rôle du sauvage, esclaves des usages, des passions, jouer la pantomime de l’homme de nature. […] — Je fais deux rôles, je suis double ; je suis Le Couvreur, et je reste moi. […] C’est le rôle du philosophe et du poëte.
Vous ne parlez pas de l’importance avec laquelle un libraire vous écoutera, du rôle de suppliant qu’il faudra faire, pour l’engager à prendre votre manuscrit, qu’il jugera sans l’entendre, ou sur lequel il consultera un oracle aussi peu connoisseur que lui. […] La fille étoit une dévergondée que le valet de chambre avoit disposée à jouer un pareil rôle. […] De-là viennent tant de rôles différens, parfaitement joués sur la scene du monde par des valets mêmes qu’on a pris pour des seigneurs, par des filles publiques qui se sont données pour des duchesses, & qu’on a cru telles, d’après le ton qu’elles savoient prendre. […] Nous n’avons qu’en petite quantité ce que nous nommons des jardins à l’anglaise, & qui sont des jardins chinois ; car en cela, messieurs, vous faites le rôle du geay, qui se pare des plumes du paon ; mais de bonne-foi, ces jardins sont-ils donc si merveilleux ? […] L’abbé nommé le Vent coulis, en ce qu’il se glisse de toute-part ; ses actions sont autant de farces théâtrales, & sa conduite formeroit un excellent rôle aux comédies les plus burlesques.
Son héros, un premier rôle de la politique moderne, courait grand risque de ressembler à ceux que MM. […] Je suis fatigué de ce rôle. […] Grâce à l’appui occulte de l’Allemagne incarnée dans son chancelier, M. de Bismarck, qui y jouale rôle hypocrite « d’honnête courtier », l’Angleterre et l’Autriche se partagèrent les dépouilles des vaincus. […] Les agents anglais ont, en effet, joué un certain rôle dans les massacres de septembre. […] Deux cents pages sur sept cents sont consacrées au rôle joué par la population pendant cette année 1814 qui, mieux encore, je le répète, que 1870, doit être appelée l’année terrible.
« Je n’ai jamais travaillé mon imagination, dit-il, pour allumer ou ranimer en moi le sentiment qui n’y était pas encore ou celui qui n’y était plus ; je ne me suis jamais imposé la constance comme un rôle. […] Il a tué en lui la folie du désespoir ; il n’abdique pas son rôle et son devoir de mari ; il ne cède plus volontairement sa femme à Octave, et quand sa femme l’a quitté, quand elle meurt de la situation fausse où l’a jetée le dépit plus que l’amour, il apparaît près du lit funèbre ; il reprend à l’amant faible et inutile le cœur de cette femme qui va mourir. […] C’est la perpétuelle apparition du père Patience à tous les carrefours du pays et à chaque page du roman ; c’est l’inévitable intervention de cet homme qui a tout appris dans la vie des champs, qui sait tout du présent et de l’avenir, de ce grand justicier, de ce magistrat improvisé qui impose silence aux puissances de la province, de ce paysan qui joue, à chaque occasion, le rôle de Mirabeau, conduisant par sa parole les événements, nouant et dénouant l’action ? […] Dans un autre roman, l’Homme de neige, un des récits les plus dramatiques de George Sand, il faut remarquer le rôle considérable que l’auteur attribue à une représentation de marionnettes. […] Ce n’est pas le rôle de la science d’abattre à coups de colère et à l’aide des passions… Vous dites : « Il faut que la foi brûle et tue la science, ou que la science chasse et dissipe la foi ».
L’ancien rôle, que Molière n’avait certes pas fait bien profond, est irréparablement usé et mort. […] Si le vrai nom du Prince ainsi désigné n’est pas un fort grand mystère, on devine encore mieux quel serait le sage investi du rôle de confident de César et presque César lui-même par l’ascendant des intimes conseils, de la vertu philosophique et du génie. […] Il faut renoncer aux premiers rôles et se résigner décidément au cabotinisme subalterne4. […] Dans ce rôle évidemment créé par elle, eût-elle été précédée de cent artistes, madame Sarah Bernhardt n’est même plus une actrice. […] La spirituelle grande artiste, forcée par son rôle d’écouter en silence ce grotesque sermon, devrait, selon toutes les prévisions, éclater de rire au beau milieu et même jusqu’au point de se rouler par terre.
Cet auteur, en qui l’on remarque un si grand nombre des traits qui font les grands écrivains, ne fait pas figure d’en être un : ni par recherche, ni par rencontre, Il ne joue le rôle d’un maître de la jeunesse. […] Il se plaît à nous présenter minutieusement ce qui se passe dans cet univers recréé, et semble nous dire qu’avec un peu d’effort sur nous-mêmes nous serions dignes d’y pénétrer pour y tenir un rôle. […] Les critiques n’osent pas contredire ce sentiment, car le rôle de trouble-fête est rarement de leur goût — et ils savent bien qu’on ne peut tenter de corriger le sentiment général : les plus habiles s’en tirent en approuvant sans critiquer41. […] Les mots y ont un rôle nettement déterminé : déclencher le rire du spectateur, la pièce devant paraître d’autant meilleure que le spectateur aura plus souvent ri. […] Car, si c’est une merveilleuse harmonie que celle qui se trouve offerte par la rencontre d’une œuvre excellente et d’une actrice de premier ordre, on ne peut voir sans souffrance cette même actrice, la vie même, donner une existence à un rôle parfaitement indigne d’elle.
Le siècle est tourné vers le positif, et vous jouez encore chez nous le rôle de l’arabe conteur de balivernes ! […] Du triomphe de la poésie, on pourrait conclure que la cadence joue le premier rôle parmi les préférences humaines et que le plaisir d’entendre un certain nombre de syllabes se succéder régulièrement en se terminant par des sons semblables amène les émotions les plus grandes. […] les acteurs qui n’en ont nulle envie rient bien quand le rôle le commande ; mais le rire est faux, et rien n’est triste, pour des gens qui ne rient que rarement et de bon cœur, comme de voir des gens qui rient sans savoir pourquoi et parce qu’il doivent rire. […] Le public lettré joue en littérature le rôle des experts en peinture, aussi la poésie lui paraît-elle le triomphe de la forme. […] Le siècle est tourné vers le positif, et vous jouez encore chez nous le rôle de l’Arabe conteur de balivernes !
Est-ce que vous ne pouviez pas réserver à un homme éclairé d’en haut et franchement vertueux ce rôle impossible dans un bandit, qui ne sait pas même le nom de conscience ; qui ne fait que ruminer, assassiner, voler, parader, gagner de l’argent et afficher l’hypocrisie de la probité utile ? […] Personne ne se rappelait le rôle que chacun pouvait avoir à jouer ; l’avocat général oubliait qu’il était là pour requérir, le président qu’il était là pour présider, le défenseur qu’il était là pour défendre.
Dans la double transformation de la langue et du vers, que je viens de décrire sommairement, tous les romantiques n’ont pas eu un rôle égal. […] Hugo769 avait, pour ce rôle, puissance et volonté.
Il faut le dire : l’arbitraire n’ayant pu jouer aucun rôle dans l’invention et la formation du langage, il n’est pas un seul de nos dialectes les plus usés qui ne se rattache par une généalogie plus ou moins directe à un de ces premiers essais qui furent eux-mêmes la création spontanée de toutes les facultés humaines « le produit vivant de tout l’homme intérieur » (Fr. […] Ce n’est pas que dès lors ils aient compté une puissance de moins ; mais ces facultés productives, qui à l’origine s’exerçaient sur d’immenses proportions, privées désormais d’aliment, se trouvent réduites à un rôle obscur et comme acculées dans un recoin de la nature.
La distribution des rôles fut fixée : MM. […] Elle créa également le rôle de Lakmé dans l’opéra de Léo Delibes en 1883 mais elle dut annuler deux représentations pour des raisons de santé au plus grand désespoir de ses admirateurs qui manifestèrent bruyamment.
… J’ai renoncé pour toujours à tout rôle ici-bas ; je l’ai fait sans peine, car ce rôle, je vous le dis devant Dieu, ce n’était pas ma personne, c’était ma consigne ; en quittant la scène, il n’est rien tombé de moi avec l’habit.
Sans nul doute, l’habitude joue quelquefois un rôle dans les modifications des instincts ; mais elle n’est certainement pas indispensable, comme le prouvent les insectes neutres, qui ne laissent aucune progéniture pour hériter des effets d’une longue habitude. […] Mais le défaut d’exercice des organes, de même que la sélection, n’agit sur les individus que lorsqu’ils sont parvenus à maturité, c’est-à-dire à l’époque où ils sont appelés à jouer tout leur rôle dans la concurrence vitale, et n’a au contraire que peu d’action sur les organes des jeunes sujets.
Dans l’avenir préparé à travers les événements qui nous assaillent, quel sera le rôle de la littérature ? […] La littérature qui a tout épuisé, l’antiquité, la barbarie, le moyen âge, la renaissance, le Louis XIV, la régence, le rococo, la révolution ; la littérature qui répugne ouvertement aux choses récentes et qui semble fuir devant la nécessité des études modernes, la littérature a dans la science un rôle magnifique à jouer.
Villehardouin y remplit d’ailleurs un beau rôle, plus grand même que dans sa simplicité il ne nous le montre.
Il commençait ce rôle de conseiller écouté, et non suivi, qu’il tiendra durant bien des années auprès de ce prince.
Comme il n’a que très tard commandé en chef, il parlera donc en détail des moindres escarmouches, affaires de nuit, rencontres, coups de main et stratagèmes où il a eu un premier rôle, ce qui lui arriva de bonne heure à cause de son esprit d’entreprise et de sa hardiesse.
Jusque-là, quand il l’avait fait, ç’avait été très honorablement, bien que toujours dans son rôle de roi.
. — Tout cela encore est bien vague, bien peu défini ; Déroulant devant nous le mouvement scientifique et le mouvement industriel de notre temps, l’auteur essaie de préciser ce rôle qu’il assigne au littérateur, au poète, et qui est, selon lui, d’expliquer la science, de la revêtir de charme et de lumière : « Il se passe parfois, dit-il, de planète à planète, de fer à aimant, de mercure à mercure, de chlore à hydrogène, des romans extraordinaires qu’on dissimule pudiquement derrière des chiffres et des A+B. » L’auteur voudrait que le poète expliquât et rendît sensibles à chacun de nous ces mystères.
Il y est parlé délicatement de la dignité des lettres, de leur rôle dans la société, et surtout de leur part dans la vie.
On y sentait non seulement l’observateur déjà éprouvé et mûr, mais une nature passionnée, avide d’action, par moments une manière d’ambitieux pour qui l’histoire s’offrait comme une suite de rôles qu’il eût aimé à transporter et à réaliser dans le présent.
Ballanche aussi tient une grande place et a un beau rôle dans cette correspondance.
Un jour qu’il est allé masqué au bal de l’Opéra en compagnie du comte de Noailles, il en parle au cardinal et lui dit que c’est M. de Noailles qui, pour dépister les curieux, a fait le rôle du roi et a fort bien joué tout le temps son personnage. « Oui, sire, reprend le cardinal ; mais j’ai ouï dire qu’il avait fait Votre Majesté un peu trop galante. » Le roi piqué fut un moment sans répondre, et il dit ensuite d’un ton sec : « J’en suis content, il n’a fait que ce que je lui ai ordonné. » Et il tourna le dos à son ancien précepteur qui croyait l’être toujours.
Je me risquerai donc, à propos de cette singulière modestie de Joubert, à rappeler la pensée d’un moraliste de l’école de La Rochefoucauld : Une modestie obstinée et permanente est un signe d’incapacité pour les premiers rôles, car c’est déjà une partie bien essentielle de la capacité que de porter hardiment et tête haute le poids de la responsabilité ; mais de plus cette modestie est d’ordinaire l’indice naturel et le symptôme de quelque défaut, de quelque manque secret ; non pas que l’homme modeste ne puisse faire de grandes choses à un moment donné, mais les faire constamment, mais recommencer toujours, mais être dans cet état supérieur et permanent, il ne le peut, il le sent, et de là sa modestie qui est une précaution à l’avance et une sorte de prenez-y-garde.
Au reste gardons-nous bien des professions de foi ; restons dans notre rôle d’observateur qui veut être exact : je vais seulement faire deux ou trois suppositions qui n’en sont pas, mais qui sont des cas en effet existants. — Quoi !
Joli rôle de page, dont il s’acquitte au commencement de chaque session très-galamment… » (M.
En voici un pourtant, où Mme de Sévigné nous apparaît dans tout le feu et toute l’activité de son rôle de grand’-maman, occupée de changer la nourrice de sa petite-fille que Mme de Grignan lui a confiée en partant pour la Provence : « Pour votre enfant, voici de ses nouvelles.
Boileau (autre infirmité), enfin, ne sentait pas la famille, ni le rôle que tient la femme dans la société, ni celui qu’elle remplit en mère au foyer domestique et autour d’un berceau ; sa sensibilité et son imagination n’avaient jamais été éveillées de ce côté.
Biot n’avait point précisément les moyens et les qualités extérieures d’un rôle politique et public de savant ; il n’était point armé extérieurement pour l’attaque et pour la défense ; son geste était mince, familier, un peu cassant ; sa voix claire, un peu fluette, très suffisante dans sa jeunesse pour le professorat, s’était brisée d’assez bonne heure, et portait peu hors d’un cercle intime.
Mais cette vie ne m’était pas possible ; ce n’était pas là mon rôle, c’était celui de Théodore Kœrner.
Nous touchons ici au rôle principal de Foucault, à la grosse affaire qu’il met au rang de ses plus utiles travaux, et par où son nom est entré odieusement dans l’histoire.
L’historien, l’observateur politique a cessé son rôle : l’évêque a reparu.
Dans les mouvements de troupe qui la préparèrent, le comte de Clermont eut un rôle principal.
Mlle Leduc y joue son rôle, et il est dit du comte de Clermont : « Il a eu d’elle beaucoup d’enfants ; il lui donna dans un accès de jalousie un coup de canif dans le front, et il la fit marquise. » Ses coups de canif, à elle, on ne les compte pas. — Le beaucoup d’enfants se réduit à deux que la dame lui a donnés ou prêtés.
. — J’accepte le ridicule du rôle, et j’arrive aux choses.
… C’est d’une telle supposition que les anciens ont tiré les plus terribles effets de leurs tragédies : ils attribuent à la fatalité les actions coupables d’une âme vertueuse ; cette invention poétique, qui fait du rôle d’Oreste le plus déchirant de tous les spectacles, l’esprit de parti peut la réaliser ; la main de fer du destin n’est pas plus puissante que cet asservissement à l’empire d’une seule idée, que le délire que toute pensée unique fait naître dans la tête de celui qui s’y abandonne ; c’est la fatalité, pour ces temps-ci, que l’esprit de parti, et peu d’hommes sont assez forts pour lui échapper.
Les mots faculté, capacité, pouvoir, qui ont joué un si grand rôle en psychologie, ne sont, comme on le verra, que des noms commodes au moyen desquels nous mettons ensemble, dans un compartiment distinct, tous les faits d’une espèce distincte ; ces noms désignent un caractère commun aux faits qu’on a logés sous la même étiquette ; ils ne désignent pas une essence mystérieuse et profonde, qui dure et se cache sous le flux des faits passagers.
Comment l’Église eût-elle accueilli Joséphin Péladan, qui se disait issu des rois mages et qui, avec sa crinière d’astrakan, sa barbe cannelée, ses mandements au pape et sa phraséologie assyrienne, se plaisait à jouer le rôle d’épateur de peuples ?
Théophile Gautier et d’autres, restés au second plan dans l’époque précédente, jouent ce rôle d’hommes de transition.
Ces sortes d’ouvrages qu’une génération accueille à leur naissance, qu’on peut lire à deux, et avec lesquels, pour ainsi dire, on aime, sont très délicats à analyser ; il semble que le critique, en venant y relever ce qui le choque et ce qui détonne, s’immisce plus ou moins dans des sentiments particuliers et chers, et qu’il fasse le rôle d’un trouble-fête.
Puisqu’il y a nécessairement des facteurs psychiques dans le problème, c’est que ces facteurs ont un rôle effectif dans le résultat concret, dans la réalité philosophiquement considérée.
Après avoir joué le personnage le plus considérable dans la littérature, il y joua le rôle le plus ridicule.
Il est fâcheux que les femmes ne pèsent pas à leur tour des cerveaux ; peut-être verrions-nous alors les rôles renversés.
Une réponse à ces objections sera donc utile en faisant connaître le vrai rôle de la science historique appliquée à la philosophie, ses droits légitimes, son incontestable autorité.
Le prince à qui cette fable est dédiée, était le prince Louis de Conti, neveu du Grand Condé, et fils de celui qui joua un si grand rôle dans la guerre de la fronde.
Des acteurs qui ne prennent pas un interêt essentiel à l’action, dans laquelle on leur fait joüer un rôle, sont froids à l’excès en poësie.
Encore cela n’aurait pas suffi, s’il n’eût pas commencé par jouer avec soin le rôle d’un restaurateur des doctrines sociales.
Le rôle essentiel du civisme n’est-il pas évident ici, comme jadis à Athènes ?
Le premier chapitre, Stendhal et l’idéologie nous renseigne exactement sur le rôle d’Helvétius et des idéologues dans la formation de Stendhal.
Ils sont persuadés que l’écrivain, borné au rôle d’historien-philosophe, doit mieux voir et mieux peindre ce qu’il voit ; qu’en cherchant moins à en imposer aux autres, il en impose moins à lui-même ; que celui qui veut embellir, exagère ; qu’on perd du côté de l’exacte vérité tout ce qu’on gagne du côté de la chaleur ; que pour être vraiment utile, il faut présenter les faiblesses à côté des vertus ; que nous avons plus de confiance dans des portraits qui nous ressemblent ; que toute éloquence est une espèce d’art dont on se défie ; et que l’orateur, en se passionnant, met en garde contre lui les esprits sages qui aiment mieux raisonner que sentir.
Si l’on excepte le rôle de Phèdre, il a gâté les Tragédies Grecques qu’il a copiées ; il a efféminé l’Art, il a mis des Madrigaux à la place de l’éloquence, & ses plans, plus ou moins rétrécis, n’offrent qu’un patron immuable, empreinte fidelle de la stérilité de son imagination & de la petitesse de ses vues. […] Les personnages sont si bien calqués les uns sur les autres, que tel acteur fait indifféremment les rôles de Rois ; leur âge, leur caractère, leur politique, ainsi-que leurs habits, tout est circonscrit d’avance. […] Qui lira dans ce point de vue ses Comédies avec attention, trouvera que les caractères, tout fortement prononcés qu’ils soient, s’expriment dans la plus grande partie de leurs rôles exactement comme les autres, & ne développent leurs qualités essentielles & dominantes, qu’occasionnellement, suivant que les circonstances naturelles y donnent lieu, sans paroître jamais forcés. […] Voilà un successeur de Crébillon ; cela est divisé en cinq Actes, & de plus, il y a un rôle fait exprès pour chaque Acteur dominant. […] Jamais d’action accessoire, point de personnages secondaires, si utiles chez les Anglois, à la marche & à la chaleur du Drame ; tout au plus de plats & insipides confidents, dont les rôles sont si mal faits, qu’on ne trouve, pour les remplir, que des Acteurs subalternes, dont le jeu jette du burlesque, sur la scène la plus vigoureuse & la plus intéressante.
Mais du moment que ces volontés sont organisées, elles imitent un organisme ; et dans cet organisme plus ou moins artificiel l’habitude joue le même rôle que la nécessité dans les œuvres de la nature. […] Ce rôle est d’ailleurs complexe ; il varie selon les temps et selon les lieux ; mais, dans des sociétés telles que les nôtres, la religion a pour premier effet de soutenir et de renforcer les exigences de la société. […] Devenue pleinement concrète, elle coïncide avec une tendance, si habituelle que nous la trouvons naturelle, à jouer dans la société le rôle que nous y assigne notre place. […] Le philosophe de la fourmilière n’en répugnerait pas moins à l’admettre ; il persisterait sans doute à attribuer un rôle positif, et non pas négatif, à l’intelligence.
Dans les écoles, on ne connaissait guère plus que des formules ; l’autorité jouait en philosophie le même rôle qu’en religion ; on aurait plus volontiers douté de Saint Paul que d’Aristote. […] Les femmes jouèrent sans doute un rôle éminent à l’époque de François Ier ; mais ce fut le rôle de l’intrigue et de la beauté ; et hormis Jeanne d’Arc, les temps qui aboutissent à ce roi ne nous ont guère transmis de réputation féminine irréprochable. […] C’est une troupe de comédiens qui, sachant fort bien, les uns des autres, qu’ils jouent la comédie, ne laissent pas de se faire illusion sur leurs intentions réciproques, et dont chacun s’identifie si bien avec son rôle qu’il oublie que c’est un rôle. […] Jusqu’à sa mort, il resta attaché à la maison du prince, qui avait été son élève ; cette situation lui permit d’apprécier les hommes de tout rang, sans sortir du rôle d’observateur. […] Il décrit le rôle qu’elles jouaient alors dans la société, hors de leur véritable sphère.
Lorsque Racine écrivit le rôle divin de Monime, il ne trouva point une émotion plus contenue, plus délicate et plus profonde. […] Si maintenant on considère le rôle auquel il aspire et parvient, on ne le trouve pas plus noble. […] Telles sont dans Racine les conversations ordinaires, si éloignées des pesantes flatteries que les héros de Corneille s’assènent entre eux consciencieusement et à tour de rôle. […] Un acteur peut s’enivrer de son rôle et verser de vraies larmes. […] Or Brigham mourra, et on trouvera difficilement une suite de chefs aussi bien doués et adaptés à leur rôle.
Le rôle de son intelligence consista simplement à élargir la sphère de douleurs dans laquelle il se mouvait et à dégager les traits généraux de l’infélicité humaine. […] Dès lors, au lieu de créer une œuvre d’art indépendante, son rôle se bornerait à montrer une habileté intelligente dans l’application des moyens musicaux d’expression à une désignation, aussi fidèle que possible, d’un sujet donné en dehors d’elle et déjà complet et parfait sans elle. […] Ce coloris légendaire que revêt un événement purement humain, possède de plus un avantage essentiel entre tous, c’est qu’il rend extrêmement facile au poète le rôle que je lui ai imposé il y a un instant, de prévenir et de résoudre la question du pourquoi. […] Son attitude dans l’exil, l’éloquence et la fermeté de ses protestations, le ton des nombreux ouvrages qu’il publia de Guernesey, tout son rôle jusqu’au moment où la France lui fut rouverte, devaient à la fois l’ancrer de plus en plus dans cette philosophie mal définie où un vague déisme se mêle aux aspirations les plus idéologiques de bonheur universel, et préparer sa légende. […] Si nous remontons de l’expression du détail à la contexture de l’œuvre et à la conception elle-même, nous verrons que le rôle de l’antithèse demeure en tout prépondérant : c’est elle qui fournit au poète des effets comme le passage de M. de Saint-Vallier dans le Roi s’amuse, ou la transformation du mendiant dans les Burgraves ; c’est elle encore, nous l’avons déjà vu, qui lui fournit des sujets et des caractères ; c’est elle qui lui a dicté sa fameuse théorie du mélange du comique et du tragique dans le drame, laquelle est le thème unique de la préface de Cromwell.
Selon toutes les analogies, celle du cerveau n’a pas d’autre rôle. […] Dans le second cas, la distance est grande ; il faut que la nouvelle, expédiée par le premier bureau à la capitale, en revienne sous forme d’injonction au second bureau. — Tel est le double rôle des trente et un centres spinaux ; ce sont autant de préfectures subordonnées à un ministère qui siège dans la moelle allongée. […] Nous ne pouvons le dire avec précision ; mais il est certain que la moelle allongée a des supérieurs qui jouent par rapport à elle le rôle qu’elle joue elle-même par rapport aux centres locaux. — Au-dessus d’elle, à la base de l’encéphale, un autre groupe d’organes, les pédoncules cérébraux, les couches optiques et les corps striés, forment un centre distinct, en partie sensitif, notamment dans les couches optiques, en partie moteur, notamment dans les corps striés.
. — Rôle du toucher explorateur. — Cas où l’emplacement de la sensation reste vague […] Pour mieux comprendre leur effacement et le rôle qu’en cet état elles jouent encore, considérons des distances plus grandes, et, en général, le procédé par lequel nous évaluons les distances. — Sur une carte géographique, nous regardons le myriamètre tracé au bas, et, prenant ce myriamètre au bout d’un compas, nous marchons sur la carte, mesurant de cette façon si Paris est plus loin de Bourges que de Tours ou de Dunkerque. — Au premier pas de l’opération, nous avons évalué le myriamètre en sensations musculaires ; il équivaut à telle promenade que nous avons coutume de faire, à douze mille pas, à deux heures de marche. […] Il ne faut donc pas s’étonner du rôle énorme que joue l’atlas visuel dans notre vie courante.
Quel vaste champ, pour ce génie sublime & fécond, que ces fables où l’orgueil humain trouvoit à s’exalter, où les passions jouoient un si grand rôle, où le merveilleux éclipsoit la raison, où le mensonge & l’erreur, ingénieusement travestis, & triomphans de la vérité, excitoient, augmentoient sans cesse l’enthousiasme d’un peuple amoureux de son origine, en lui rappelant le souvenir des Héros dont il croyoit descendre ! […] Au milieu des triomphes des Corneille, des Racine & des Molière, le Bel-esprit, mécontent de ne jouer depuis long-temps qu’un rôle subalterne, s’admirant dans ses productions frivoles, jaloux d’étaler son clinquant & son faux-savoir, trouva le secret enfin d’entrer en lice pour la première fois ; & pour qu’on doutât moins de ses talens, il voulut se signaler, en disputant aux Anciens leur supériorité sur les Modernes. […] Votre Eminence ne s’est-elle point apperçue, que non-seulement ils ne savoient point leurs rôles, mais qu’ils étoient tous yvres ?
Rôles de chicane, longueurs et complications voulues de la procédure, vacations à trois livres l’heure pour l’avocat, à six livres l’heure pour le bailli : l’engeance noire des sangsues judiciaires suce d’autant plus âprement qu’elle est plus nombreuse sur une proie plus maigre, et qu’elle a payé le privilège de sucer95 On devine l’arbitraire, la corruption, la négligence d’un pareil régime. « L’impunité, dit Renauldon, n’est nulle part plus grande que dans les justices seigneuriales… Il ne s’y fait aucune recherche des crimes les plus atroces » ; car le seigneur craint de fournir aux frais d’un procès criminel, et ses juges ou procureurs ont peur de n’être pas payés de leurs procédures. […] , liv. 2, chap. 2, 182. — Lettre du bailli de Mirabeau du 25 août 1770. « Cet ordre féodal n’était que fort, et ils l’ont appelé barbare, parce que la France, qui avait les vices de la force, n’a plus que ceux de la faiblesse et que le troupeau, qui était autrefois dévoré par les loups, l’est aujourd’hui par les poux… Trois ou quatre coups de pied ou de bâton ne nuisent pas tant à la famille d’un pauvre homme, ni à lui-même, que six rôles d’écritures qui le dévorent. » — « La noblesse, disait déjà Saint-Simon, est devenue un autre peuple qui n’a d’autre choix que de croupir dans une mortelle et ruineuse oisiveté qui la rend à charge et méprisée, ou d’aller se faire tuer à la guerre à travers les insultes des commis, des secrétaires d’État et des secrétaires des intendants. » Voilà les réclamations des âmes féodales Tous les détails qui suivent sont tirés de Saint-Simon, Dangeau, Luynes, Argenson et autres historiens de la cour.
Je ne parle pas du sublime de la fausse ivrognerie du chevalier Grosse-Roche, qui pour son rôle de vengeur, se laisse uriner sur la figure, couché, dans le ruisseau, du sublime du suicide de la mère du chevalier Communal, — de ce sublime égal, s’il n’est supérieur à tout le sublime de l’Occident, — je parle de délicates trouvailles, comme la réponse de Mlle Ronce à la déclaration du chevalier Écaille : réponse, que ne laisse pas entendre le chant des oiseaux ; et je parle encore de la figure à la fois comique et touchante du chevalier Haie-Rouge : figure, tout aussi heureusement et habilement construite, que les meilleures figures des romans d’aventures d’Alexandre Dumas père. […] On sonne, Banville s’avance vers moi, avec le sérieux d’un notaire d’une pantomime des Funambules, et me dit solennellement : « Mon cher, je viens vous demander, le rôle d’Henriette Maréchal pour Mlle Hadamard. » Ah zut alors !
. — Les Chansons de toile ou d’histoire ; — et qu’elles sont contemporaines de l’épopée nationale, comme le prouvent : — leur tour essentiellement narratif ; — le rôle que les femmes y jouent ; [ce sont elles qui font les avances, et les hommes les traitent avec la brutalité dont ils usent toujours en pareil cas] ; — enfin l’indistinction des éléments épique, lyrique, et même dramatique. — L’élément épique domine dans les Chansons d’histoire proprement dites ; — l’élément dramatique se dégage dans les Pastourelles et Chansons à danser, dont le développement ultérieur aboutit, — sous l’influence des divertissements des Fêtes de Mai, — à de véritables pièces, telles que le Jeu de Robin et Marion, d’Adam de la Halle, 1260 ; — mais le second, l’élément lyrique ou personnel, n’apparaît qu’au contact de la poésie provençale. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Le favori du Téméraire et le conseiller de Louis XI. — Ses nombreuses missions et son rôle politique. — Sa disgrâce, 1486. — Il reparaît à la cour, 1492. — Sa retraite, 1498. — Ses tentatives pour rentrer en grâce auprès de Louis XII ; — Ses dernières années, 1505-1510 ; — Et sa mort.
Fondre, mêler, réunir tout en choisissant, a toujours été son rôle et son but ; il l’a parfaitement bien atteint. […] La mise en scène est bonne ; tous les fous sont pittoresques, aimables, et savent parfaitement leur rôle.
Jouffroy s’exagérait un peu son rôle ; il avait certes son originalité, mais c’était surtout par le talent.
Dans sa notice habile et légèrement ironique sur Villehardouin et sur les événements où le noble témoin fut mêlé, notice où il a réussi à combiner d’un air discret le rôle de disciple de Voltaire et celui de continuateur des Bénédictins, M.
Artiste supérieur en quelques parties, incomplet par d’autres, mais si distingué par son principal cachet et qui mérite de vivre, quel est le rôle de Léopold Robert dans le travail moderne et dans le renouvellement de l’art ?
Charles IX, qui jouerait ici le rôle d’Auguste, n’est qu’un enfant maladif et gouverné ; il aime les vers, il est vrai, et il en commande volontiers à son poète ; mais une Saint-Barthélemy jetée à la traverse fait un terrible contre-temps.
Guillaume Favre eut son rôle particulier au milieu de tous ces hommes d’élite et dans ce beau quart de siècle de Genève : il fut proprement l’érudit, l’homme des recherches curieuses dans le champ de l’Antiquité, sur les points les plus obscurs de l’histoire des âges barbares, ou sur des recoins oubliés de l’époque de la Renaissance ; également et indifféremment propre à disserter sur un vers de Catulle, sur l’ancienne littérature des Goths, ou sur un ouvrage manuscrit de quelque savant du xve siècle.
On souffre involontairement de voir un homme qui parle un si beau français exprimer des sentiments qui sont si peu nôtres ; mais enfin, pour peu qu’on y réfléchisse, il est dans son rôle, il est bien lui, le représentant d’un souverain à demi dépouillé, l’homme de l’ancien droit divin et l’ennemi de la Révolution, sous quelque forme qu’elle se montre.
Il définissait son rôle de roi avec plus d’esprit que de dignité, quand il disait : « Le mal, c’est que tout le monde veut être chef d’orchestre !
Laissez faire cette attaque à d’autres, ils sont dans leur rôle ; mais vous, vous n’êtes point un homme de guerre.
Ceux qui ont transmis les paroles du maître, à commencer par saint Matthieu le publicain, l’apôtre de la onzième heure, n’étaient pas des écrivains de profession ; il convenait même au rôle qu’ils remplissaient qu’ils ne le fussent pas, qu’ils n’eussent rien de la rhétorique ni de l’art des Grecs.
Tout ce rôle de Mâtho est du Polybe visiblement romancé et travesti.
Il justifie très-bien l’intervention de Lycénion et fait des remarques pleines de justesse sur le rôle de Gnathon, assez semblables à celles de Gœthe.
est-ce que le rôle de défenseur de la partie adverse excuse ces licences ?
Fréron, dans cette grande lutte et ce mouvement d’idées qui partageait le xviiie siècle, avait choisi le rôle de défenseur de l’autel et des saines doctrines contre les philosophes : quand on se donne une telle mission, il faut être deux fois irréprochable.
quel rôle aurait-il tenu ?
Talma, qui, dans ses dernières années, en était venu à donner à ses rôles, surtout à ceux que lui fournissait Corneille, une simplicité d’action, une familiarité saisissante et sublime, l’aurait vainement essayé pour les héros de Racine ; il eût même été coupable de briser la déclamation soutenue de leur discours, et de ramener à la causerie ce beau vers un peu chanté.
Delmas, de l’Opéra, créateur en France du rôle de Wotan et auteur de cette curieuse et scientifique interprétation qu’il eut l’obligeance de détailler et presque de répéter devant nous.
Le Dante ayant joué, comme Machiavel, un rôle au milieu des troubles civils de son pays, a montré, dans quelques morceaux de son poëme, une énergie qui n’a rien d’analogue avec la littérature de son temps ; mais les défauts sans nombre qu’on peut lui reprocher sont, sans doute, le tort de son siècle.
. — Collé, la Vérité dans le vin (rôle de l’abbé avec la présidente). — Besenval, 79 (Le comte de Frise et Mme de Blot). — Vie privée du maréchal de Richelieu (scènes avec Mme Michelin). — E. et J. de Goncourt, 167 à 174.
Il a manié toutes ces formes avec un réel instinct du rythme : s’il n’a pas semblé avoir une conscience nette du rôle des accents dans les vers, s’il n’en parle jamais, non plus que Du Bellay dans sa théorie, en fait il les distribue souvent avec un très juste sentiment.
S’il adore Scribe et Dumas, c’est assurément à cause de leurs œuvres, mais aussi par la raison qu’il admire tant Gambetta (et en général tous ceux qui ont joué un grand rôle dans l’histoire) : parce qu’ils ont été forts, puissants, féconds.
Le rôle de l’Académie se réduisit immédiatement à enregistrer, codifier — justifier — pour l’édification d’une foule docile, les irrégularités commises par une élite et qui, contrevenant aux règles établies, venaient orner, embellir et augmenter la langue française.
Jouez seulement bien votre rôle ; et quand je vous enverrai quelqu’une de mes bonnes bourses, ne marquez aucun besoin d’argent, et surtout ne paraissez avoir aucune relation avec moi.
Depuis l’encyclique, l’Église semble viser plutôt au rôle de tutrice et ductrice du socialisme.
Pourtant il doit soutenir son rôle jusqu’au bout. » Le tort de Wilde ou son excuse, selon le point de vue où l’on se place, c’est de n’avoir pas pu soutenir jusqu’au bout son personnage.
Joseph mourut avant que son fils fût arrivé à aucun rôle public.
Croire qu’en imitant certaines qualités de pureté, de sobriété, de correction et d’élégance, indépendamment du caractère même et de la flamme, on deviendra classique, c’est croire qu’après Racine père il y a lieu à des Racine fils ; rôle estimable et triste, ce qui est le pire en poésie.
Elle n’avait pas onze ans quand, avec les terribles journées d’octobre 1789, son rôle public aux côtés de sa mère commença.
[NdA] Tous les détails de cette négociation, et du rôle qu’y joua Madame, peuvent se lire au tome III des Négociations relatives à la succession d’Espagne, publiées par M.
Fontanes, plus sérieux, et qui préludait à son rôle de critique et d’arbitre du goût, saluait Barthélemy par une épître qui commence en ces mots : D’Athène et de Paris la bonne compagnie A formé dès longtemps votre goût et vos mœurs… Le succès enfin, sauf quelques protestations isolées, fut soudain et universel ; les Français savaient un gré infini à l’auteur d’avoir continuellement pensé à eux quand il peignait les Athéniens, et ils applaudissaient avec transport à une ressemblance si aimable.
Ribot joua également un rôle décisif au plan institutionnel, comme artisan de l’autonomisation de la science « psychologie » autour de La Revue philosophique (1876), et de la Chaire de psychologie expérimentale créée au Collège de France en 1887.
La majesté sombre et terrible du sujet, tout le rôle d’Oroès, le style et le grand intérêt, la leçon terrible donnée aux rois et même à tous les hommes : voilà l’artifice théâtral dont le poète se sert pour triompher de tant d’obstacles.
Il doit avoir un style à lui et qui se reconnaîtra toujours quand il fait parler le personnage qui le représente, ou toutes les fois, dans quelque rôle que ce soit, qu’il fait dire à quelqu’un ce qu’il dirait en effet lui-même.
De nos jours, il y a bien aussi quelques écrivains, et notamment quelques romanciers, qui ont compris le rôle nécessaire, constant et subordonné du décor.
Mais le rôle du cerveau se réduit alors à subir certains effets des autres représentations, à en dessiner, comme nous le disions, les articulations motrices.
S’ils les conduisent à la promenade, ils sont dans leur rôle aimable et utile. […] Il dit que William Stanley « put » voisiner avec le poète Spenser, et fréquenta « probablement » la cour d’assez bonne heure, et qu’il eut « peut-être » un secret dans sa vie, et que sa curiosité d’esprit « dut » se déployer de tous côtés, et qu’il « put » se trouver en relation avec tel personnage qui eut un rôle considérable dans la littérature dramatique de l’époque, etc. : autant de faits qui servent à la démonstration. […] Elle n’est pas Russe, ni Allemande, ni Anglaise et, du commencement du roman jusqu’à la fin, joue élégamment « le rôle d’une Française seule dans une île ».
Ce n’est pas mon rôle d’analyser la pièce ici, et je me borne à noter les mérites de forme. […] Personne ne définira mieux que ne l’a fait Bouchor lui-même le rôle de la littérature dans l’éducation du peuple. […] « Le rôle essentiel de la poésie, disait-il, et, de façon plus générale, celui des lettres et des arts, c’est de nous révéler à nous-mêmes ; c’est de faire jaillir de nous, avec plus de force, la source des émotions généreuses sans lesquelles la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue. » C’est, avant tout, par les auteurs français que pouvait se faire, à Paris, cette initiation du peuple aux bonnes lettres. […] Les hésitations de l’homme, et les emportements de la femme, avançant dans la voie du crime, puis les rôles en quelque sorte retournés, l’homme délivré de tout scrupule, sinon de toute terreur, la femme en proie aux affres des remords, le châtiment enfin après le crime : voilà ce que d’habiles citations, appuyées d’une analyse au moins aussi heureuse, nous font sentir plus fortement qu’on ne peut se l’imaginer. […] Un critique a plus de chances de paraître dans son rôle en formulant des restrictions, et comme l’écrivait déjà, à propos d’Émile Faguet, M.
Le culte de Sainte-Beuve figure un des principes de la religion universitaire, alors que, pour des raisons diverses, entre autres son hostilité contre le romantisme et son rôle officiel sous l’Empire, tels critiques journalistes, comme le regretté Paul Souday, le conspuent périodiquement. […] Tout cela est bien quotidien, nous met fort passivement dans le courant de l’actualité, manque de passé, de tradition, d’arrière-plan, de tout ce que par exemple un Sainte-Beuve apporte à la critique quand il refuse de se borner à ce rôle de secrétaire du public. […] Mais cette défense peut fort bien outrepasser son rôle bienfaisant, et la poussée de la génération présente doit faire sentir à cette critique que le passé n’est pas tout. […] Ceux de gauche y furent aidés par son attitude dans l’affaire Dreyfus, ceux de droite par son libéralisme politique et son rôle de cardinal vert. […] Elle s’explique par le rôle considérable qu’a tenu dans notre littérature classique l’expression des idées abstraites.
Quand son rôle ne serait que celui de l’une de ces espèces de transition, équivoques ou douteuses, en qui s’opère le passage d’un genre à un autre genre, les rhéteurs pourraient bien le négliger ; il n’en serait pas moins considérable aux yeux de l’historien, si même il ne l’était davantage ; — et cette raison de s’y intéresser ne paraîtra-t-elle pas suffisante ? […] Il est vrai qu’à cet égard on ne saurait exagérer l’importance de son rôle. […] Le rôle de Bayle allait être de l’ébranler doucement, mais si profondément qu’elle devait après lui tomber à la première secousse. […] Mais je voudrais encore quelque chose de plus, et, dans le temps où nous vivons, si rien ne serait plus urgent que de défendre l’institution sociale contre les assauts ou plutôt contre les cheminements de l’individualisme ; si d’ailleurs il est vrai que la doctrine de l’évolution ait laïcisé le dogme du péché originel ; et s’il importe enfin, pour deux ou trois raisons très fortes, que la morale achève de s’affranchir des religions positives, je voudrais que l’on reconnût que Bayle n’a pas encore fini de jouer son rôle, et que le jour approche où ce philosophe oublié redeviendra peut-être ce qu’il a jadis été cinquante ans : un maître des esprits. […] Mais quand l’âge fut venu, le succès — la réputation avec l’âge, les dignités aussi, — et quand le titre de secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences réorganisée l’eut investi d’une espèce de magistrature scientifique ou philosophique, Fontenelle eut le courage enfin d’être lui-même, et sans quitter pour cela tout à fait l’églogue ni la tragédie, sans renoncer à tenir dans les salons de son temps le rôle d’un arbitre des élégances intellectuelles, il se donna davantage à ces sciences dont il n’avait guère jusque-là qu’effleuré la superficie.
» Et le jeu subtil de l’imagination du poète lui suggérait de changer de rôle avec le serviteur de Satan. […] « Dès qu’on a percé, les Parisiens mettent une étiquette à votre nom, et ils ne souffrent pas que l’on s’écarte du rôle pour lequel ils vous ont désigné. […] Évidemment le rôle que remplit le livre n’est pas le même aux yeux des deux auteurs. […] Cela lui coûte si peu : le sens moral est complètement éteint chez elle ; mais cela ne lui fait aucun plaisir ; elle ne fait que réciter (et c’est une métaphore qu’on excusera ici) un rôle appris par cœur. […] je sais bien que dans notre histoire le citadin a joué aussi un rôle, mais c’est surtout dans notre nation qu’il a existé un contraste profond entre le campagnard et la tourbe des villes.
Dans toutes les farces de Néron, la Mort joue son rôle. — Voyez ce cocher, habillé de vert, lancer son char dans les jardins du Vatican. […] Ce surtout de futaine râpé qu’il ne quitta de sa vie, et qui lui donnait l’air d’un vieux renard sorti demi-pelé de maint piège, était le costume de son rôle. […] La vallée des noces de Gamache joue, dans le livre, le rôle de la Terre promise dans l’Exode. […] Leur rôle dans la tribu est celui du miroir dans la chasse aux alouettes. […] Elles jouent dans ces lugubres cérémonies le rôle des Prophètes de mauvais augure, que les rois de la Bible envoyaient chercher pour anathématiser leurs ennemis.
Or, nous savons très bien qu’en littérature comme dans la vie réelle, le rôle de Chérubin est le plus difficile de tous à soutenir longtemps ; Figaro, dans l’œuvre de Beaumarchais, respire, agit et parle pendant trois longs drames ; le joli page ne paraît que dans quelques scènes, et puis Beaumarchais le tue comme on tue un enfant précoce qui s’est fait homme dix années avant les autres. […] Il paraît qu’elle fut touchante et sublime dans ce rôle, au point que mademoiselle Mercœur, à peine rentrée chez elle, fut saisie de l’envie d’écrire des vers à la louange de cette demoiselle. […] Caveyrac, notre puîné, était digne, à tout prendre, de jouer le rôle du fils aîné dans quelque bonne maison d’autrefois. […] C’est, à proprement dire, le recueil des monuments, des petits et des grands métiers de l’ancienne France, et, pendant que le père Montfaucon, dans ses quatorze volumes in-folio, s’attache surtout au solennel témoignage de la grande histoire où les rois, les princes et les capitaines illustres sont appelés à jouer le rôle principal, l’historien des divers états s’attache aux débris plus humbles que laissent après eux, en passant sur cette terre vouée aux disputes, la bourgeoisie et le peuple de France. […] Il avait consacré déjà tant d’années à la première histoire où le peuple ait joué son rôle !
Littré, avec l’assentiment de tout ce qui compte dans la science, revoyait (1851) et annotait pertinemment la traduction du Manuel de Physiologie de l’illustre Mueller de Berlin, et y mettait une Préface philosophique où il assignait à la biologie ou physiologie sa vraie place et son vrai rôle dans l’ordre des sciences. […] S’il est vrai que dans son humble ménage elle remplit plus d’une fois le rôle de servante, elle était telle, en le remplissant, qu’elle avait été jadis dans la maison paternelle, fille adorée d’un père riche commerçant.
M. de Vigny le savait bien, et en donnant en 1826 ses Poèmes antiques et modernes, dont quelques-uns déjà connus et d’autres inédits, il idéalisa sous la figure de Moïse le rôle du pontificat littéraire et poétique, tel qu’il le concevait avec ses prérogatives et ses sacrifices. […] Quoique bien novice et inexpérimenté alors en matière d’histoire et en jugement politique, quoique mal édifié sur la vraie grandeur de Richelieu, j’en savais assez déjà pour relever dans cet ingénieux roman la fausseté de la couleur, le travestissement des caractères, les anachronismes de ton perpétuels : non, quoi que de complaisants amis pussent dire, non, ce n’était pas là du Walter Scott français ; M. de Vigny n’eut jamais, pour réussir à pareil rôle, la première des conditions, le sentiment et la vue de la réalité, — j’entends aussi cette seconde vue qui s’applique au passé.
Les grands poètes du règne de Louis XIV, et leur gloire solide, se prêtaient mal à la gentillesse de rôle que suppose ce titre raffiné. […] Delille arrivant, comme un autre Gresset, sur les derniers temps de Voltaire, reprit, à quelques égards, le rôle manqué par le premier, et avec du brillant, du mondain à force, rien du collège, mais peu de philosophie et de pensée, il réussit à succéder en poésie au trône, encore imposant, qui devint aussitôt pour lui un tabouret chez la reine.
Si l’on ajoute à ces noms celui de Domitius Afer, l’heureux et habile avocat des mauvaises causes, éloquent jusqu’à faire ombrage à Caligula (comme Lucain poète faisait ombrage à Néron), trop perdu de mœurs, trop aisément accusateur, démentant le vir probus dicendi peritus, mais qui garde auprès de la postérité le mérite d’avoir eu pour disciple Quintilien ; — Marcus Aper, célèbre à meilleur titre, l’honneur du barreau sous Vespasien, qui joue un grand rôle et le principal dans le Dialogue sur la corruption de l’éloquence, dont quelques personnes même l’ont cru auteur, tant il y plaidé bien la cause des modernes ; — le sophiste Favorinus, né à Arles, célèbre dès le règne de Trajan, en haut crédit et en faveur sous Adrien, et le maître d’Aulu-Gelle ; qui parlait disertement sur tous sujets, qui fit en plaisantant l’éloge de la fièvre quarte (il écrivait en grec), mais qui ne portait pas seulement de l’esprit, qui avait quelquefois de la raison dans les thèses paradoxales qu’il soutenait ; — Fronton, le maître de Marc-Aurèle, dont les lettres retrouvées par M. […] Je ne saurais prétendre sans doute à faire la part exacte des uns et des autres et à distribuer les rangs ; mais, par cela même que je caractériserai à peu près le rôle principal de chacun et le genre de service rendu, je vous aurai déjà donné bien des idées préalables et des aperçus du sujet que nous aurons à parcourir à leur suite dans les leçons prochaines. — Ce sera la seconde partie, le second point de cette première leçon.
Sujet irréprochable aux yeux du pape, dont il affectait de rétablir l’autorité sur les princes romains ; citoyen libérateur aux yeux du peuple, dont il prenait en main les droits et les intérêts, cette double politique l’éleva bientôt au rôle d’arbitre et de dictateur de Rome. Il s’associa habilement pour son double rôle un délégué du pape, l’évêque d’Orvieto, homme impuissant et docile qui tremblait sous son collègue.
Après l’avoir décidé à renoncer pour toujours à son rôle de prétendant, il s’était fait un devoir d’assurer le repos de ses derniers jours, il avait écrit à Louis XVI pour le prier d’améliorer la position pécuniaire du malheureux prince, et cette lettre, remise au roi de France par l’ambassadeur suédois, M. le baron de Staël-Holstein, avait déjà obtenu un résultat favorable. […] Quel fut le rôle du cardinal ?
C’est la rupture définitive avec Mme de Warens, dont les affaires se dérangeaient de plus en plus ; désormais dans leurs rares relations les rôles seront intervertis, et Jean-Jacques enverra quelques petits secours à l’amie qui a tant fait pour lui. […] Son Dieu est Providence, et ; comme tel, j’ai dit quel rôle actif Rousseau lui attribuait dans son système.
Si beaucoup d’érudits l’ont entendu autrement, et si Marot notamment, qui en a donné une édition ou plutôt une version, a vu dans la rose, soit « l’état de sapience » soit « l’état de grâce », soit « le souverain bien infini », soit enfin la glorieuse vie de Marie elle-même, c’est que le plan, fort peu clair dans la première partie, est encore plus obscur dans la continuation de Jean de Meung, et que parmi ces personnages allégoriques, il en est plusieurs dont le rôle ne correspond pas toujours à une circonstance bien déterminée, soit de l’amour, soit des passions dont il est le mobile. […] La Conscience remplit le rôle de greffier. ; elle est chargée d’exposer les causes.
Par une revanche facile à comprendre, les poètes ou leurs amis ont parfois prétendu réduire la musique au rôle accessoire. […] La conception de ce partage équitable des rôles peut s’appuyer sur des autorités considérables.
Lamoureux arrivaient les compositeurs qui ont la prétention d’accaparer Wagner, et qui s’étaient distribué les rôles. […] Toute cantatrice en appétit de millions, remorquée à travers l’ancien monde et le nouveau par des banquiers juifs ou des colonels américains, fait alterner sur ses affiches le rôle d’Elsa et celui de Lakmé.
Après le rôle actif et volitif du principe d’intelligibilité, voyons de quelle manière son rôle proprement intellectuel s’est de plus en plus développé.
Avant le troisième acte, qui aurait été le grand acte de Delaunay, il le retient longtemps contre la cheminée, comme s’il le prémunissait contre la tentation du rôle. […] Il nous écrit qu’il la reçoit sur notre nom, sans la lire, et nous donne rendez-vous pour lundi, afin de distribuer immédiatement les rôles.
Rôle moral et social de l’art. […] III — Rôle moral et social de l’art On s’est souvent demandé si la littérature et l’art étaient moraux ou immoraux.
XVI Premièrement, il faut bien m’apprécier moi-même, et bien entrer dans ma nature personnelle et dans l’esprit de mon rôle au moment à la fois terrible et grandiose où la république sortit du nuage avec la promptitude et l’éblouissement de l’éclair. […] XXIII Mais, reprennent les Italiens aigris par l’exil ; mais, disent les radicaux de la guerre révolutionnaire en France, pourquoi donc l’armée des Alpes n’est-elle pas descendue en Italie après le revers de Charles-Albert, pour y prendre le beau rôle de médiateur armé ou de combattant italien que vous aviez assigné à sa création, et que vous aviez ajourné à l’heure où le Piémont serait envahi par l’armée autrichienne ?
« Mais je ne prendrai pas le rôle de l’homme qui interpelle son Créateur, je n’égalerai pas l’homme à Dieu ; « Car je ne sais pas même combien j’ai de moments à respirer, et si, après un court moment de vie, celui qui m’a fait ne me détruira pas ou ne m’enlèvera pas ailleurs. » Puis, ménageant avec une touchante compassion la douleur et la vanité de Job : « Cependant, ô Job ! […] Voilà, dans l’âme, le rôle de l’intelligence pure : elle voit, elle pense, elle apprécie sa situation, mais elle est impassible.
Juvénal était le Caton d’Utique des poètes ; Boileau pouvait bien admirer ce beau rôle, cette protestation héroïque contre la servitude et contre la corruption de Rome, mais il n’aspirait point à l’imiter. Il préférait le rôle d’adulateur décent d’un autre Auguste et d’ami d’un autre Mécène.
Là les âmes, les démons, les anges, les vierges, les saints, les damnés, les trois personnes de la Divinité elles-mêmes, jouaient des rôles d’acteur dans le drame théogonique de ces mondes surnaturels. […] Artaud remplissait merveilleusement ce rôle près de la cour romaine.
Au contraire, nous savons à quelle pourriture se condamnait l’individu qui, non satisfait de sa créature terrestre, mais tout de même incapable d’assigner à cette créature un simple rôle relatif, non seulement ne la limitait point, mais encore pour donner, vis-à-vis de soi-même et des autres, illusion de bonheur ou de dignité quotidienne, pour étouffer les cris du doute, chantait la Marseillaise de sa médiocrité, se galonnait de mensonges éthiques, esthétiques et autres. […] Servi par un sens peu commun des valeurs, l’auteur du Manifeste du surréalisme assigne ainsi à la raison son véritable rôle qui est de contrôle.
Dans la perception du réel, elle joue le même rôle pour nous que la dialectique pour le philosophe. […] Les personnages étant tous morts, ou mariés, ou établis, la morale étant satisfaite ou horriblement outragée, il n’y a plus rien à dire, l’auteur a rempli tout son rôle !
Mais d’abord louons Froissart d’avoir compris et embrassé dans toute son ampleur sa fonction de chroniqueur, qui était le véritable rôle de l’historien d’alors.
Saint-Simon, en deux ou trois endroits, a peint le marquis de Lassay en courant, et ce portrait nous le présente comme un type de ces hommes qui veulent être de tout, et qui, sans échouer absolument, n’arrivent jamais qu’à être dans l’à-peu-près ; bien moins un figurant, comme je l’ai dit pour abréger, qu’un homme qui n’a pu avoir les beaux rôles.
Il est nécessaire que dès à présent il s’accoutume à son rôle royal, « en se corrigeant, en prenant beaucoup sur lui, en s’accommodant aux hommes pour les connaître, pour les ménager, pour savoir les mettre en œuvre ».
Il est trop certain que, dans une nature mobile comme celle de Chateaubriand, cette inspiration première n’a point persisté autant qu’il l’aurait fallu pour l’entière efficacité de sa mission et même pour l’entière convenance de son rôle.
Le seul épisode de la carrière publique de Maucroix, qui mérite d’être rappelé un peu plus au long, c’est le rôle qu’il remplit à Paris à la fameuse Assemblée du clergé de 1682, laquelle s’ouvrit, comme on sait, par le sermon de Bossuet Sur l’unité de l’Église, et qui aboutit à la déclaration des quatre articles de l’Église gallicane.
Les femmes manquent toujours leur vocation quand elles veulent sortir des soins du ménage, de l’aiguille et du fuseau. » Dans ces dispositions si naturelles et si sincères, on conçoit l’embarras de Léopold Robert pour mettre un éclair au front de sa Corinne idéale ; de guerre lasse, il s’en était tenu à copier, en l’arrangeant pour ce rôle, une des belles brigandes de Sonnino, lorsqu’il se décida enfin, pour plus de sécurité, à effacer de sa toile la fausse muse, et il y substitua selon son cœur un Improvisateur populaire, qu’il avait vu et bien vu de ses yeux (1822).
Au reste, Ramond eut un rôle essentiel et marquant dans cette Assemblée législative ; il fut, avec Jaucourt, Mathieu Dumas, Lebrun, Beugnot, Girardin, Lémontey, du nombre de ceux qui essayaient de faire durer la Constitution et de maintenir la monarchie qu’elle avait trop désarmée.
Les conversions, données comme si faciles chez Dangeau en 1685, ont leur contrecoup quelques années après, lorsqu’à la reprise de la guerre et quand toute l’Europe liguée est en armes contre Louis XIV, les protestants français y jouent leur rôle et sur les frontières et au-dedans du royaume : Lundi, 28 février 1689, à Versailles. — Hier, M. de Barbezieux vint dire au roi, comme il sortait du sermon, qu’il s’était fait quelques assemblées de mauvais convertis séditieux en Languedoc.
Tant que celui-ci fut debout et à la tête de sa petite armée, Montluc, son second, n’eut rien de bien particulier à faire dans la ville, et il put s’étudier à son rôle nouveau de lieutenant de roi.
Dans le spectacle de ce monde et dans le rôle qui y est départi à l’homme, il plaide, par des raisons plausibles, les causes finales, et maintient pour vrai le but apparent des choses, en se tenant au point de vue de l’optique humaine.
.) — Et qu’on s’étonne, après cela, du rôle qu’on a fait à Charlemagne avec son archevêque Turpin et ses douze pairs, dans les romans de chevalerie !
Il avait pour principe « d’éviter surtout de parler de soi, et de se donner pour exemple. » Il savait que « rien n’est plus désagréable qu’un homme qui se cite lui-même à tout propos. » Il ne ressemblait point à ceux qui, en vieillissant, se posent avec vous en Socrates (je sais un savant encore5, et aussi un poète80, qui sont comme cela), vrais Socrates en effet, en ce sens qu’avant que vous ayez ouvert la bouche, ils vous ont déjà prêté de légères sottises qu’ils réfutent, se donnant sans cesse le beau rôle, que, par politesse, on finit souvent par leur laisser.
Que s’il se mêle à cette question de liturgie une part de dogme, on trouvera tout naturel que je la néglige ici pour ne considérer que ce qui est du ressort du goût, ce dernier ordre de considérations étant très suffisant pour nous permettre de bien juger du caractère, du rôle et de toute la destinée de Santeul ; car il ne fut jamais qu’un homme de verve, et nullement un homme de doctrine.
En santé et dès qu’il était tout à fait à lui-même, il avait besoin de joutes, de contradictions, de gageures, de palinodies, en un mot, de tout ce qui donne une petite comédie au public ; et comme on savait que ces sortes de querelles lui plaisaient et qu’il excellait à y jouer son rôle, on les faisait naître sous ses pas.
Toutefois, s’il entend former et préparer son frère Guillaume au rôle futur qui peut lui échoir, Frédéric ne veut en rien être contrarié par lui dans ses affaires ; il est impitoyablement jaloux de tout ce qui touche à la discipline de l’armée.
Frédéric lui écrit le 7 juillet (1757) ces paroles significatives, qui définissent bien, dans ces conjonctures si graves, le rôle délicat qu’elle s’est donné et qu’il lui confirme : Puisque, ma chère sœur, vous voulez vous charger du grand ouvrage de la paix, je vous supplie de vouloir envoyer ce M. de Mirabeau (ce nom est-il bien exact ?)
Le jour des fameux comices, il ne la quitte pas ; bien que membre du jury, il lui sacrifie son rôle de représentation sur l’estrade.
Elle insiste un peu plus que M. de La Marck, et selon son rôle de femme, sur les qualités sociales du prince et son amabilité superficielle ; mais pour le fond, elle nous montre encore plus, elle nous fait encore mieux comprendre son peu de caractère et de consistance, et cette absence de tout ressort moral qui le laissait à la merci des factieux et des intrigants, dont les groupes se succédèrent, se relayèrent jusqu’à la fin autour de lui, sans pouvoir jamais l’associer à quelque plan suivi ni rien faire de lui en définitive, dans le plus fatal des instants, qu’un criminel par faiblesse.
Il a des rôles d’une aimable gaieté. — M.
La cabale considérable, qui était alors opposée à don Juan, crut voir arriver dans l’ambassadeur de France un puissant auxiliaire, et il eut besoin de toute sa modération et de sa délicatesse pour ne pas se laisser entraîner à une opposition qui sortait de son rôle.
Ce qui frappe, au milieu du rôle politique assumé par Mme de Staël et de tous les généreux sacrifices qu’elle a faits à ses sentiments et à ses convictions, c’est qu’elle reste femme, bien femme, ce qui n’est pas un trait désagréable, mais plutôt une expression intéressante de physionomie.
Par exemple, en terminant une Histoire de Port-Royal où le grand Racine aurait rempli toute la place qu’il doit tenir, et où l’on aurait montré l’esprit religieux de cette sainte maison s’exprimant par sa bouche avec un caractère unique de tendresse, de mélodie et de grandeur, dans l’œuvre d’Athalie et surtout dans celle d’Esther on ajouterait quelque chose comme ceci : « Il est un autre Racine que l’on aurait aimé à y joindre, ce Racine fils qui n’a pas été tout à fait sans doute le poète tendre, plaintif, l’élégiaque chrétien, le Cowper janséniste qu’on aurait souhaité à Port-Royal expiré, mais qui en a eu quelques accents ; ce Racine fils qui offre le modèle de la manière la plus honorable de porter un nom illustre quand on est engagé dans la même carrière ; car si le crime d’une mère est un pesant fardeau, la gloire d’un père n’en est pas un moins grand, et Racine fils n’a cessé de le sentir en même temps qu’il a suffi dignement encore à ce rôle difficile.
À peine si quelques esprits réfléchis songeaient à s’étonner du changement complet de décoration et de rôles. « Tout arrive en France », avait dit un jour La Rochefoucauld à Mazarin ; et Henri IV disait : « En France, on s’accoutume à tout. » On eut, dès ce temps de la Fronde, à y bien regarder, des échantillons de tous les genres de personnages qu’on a vus se produire depuis dans des révolutions plus grandioses et plus sérieuses : Retz, un Mirabeau-Talleyrand ; — un duc d’Orléans spirituel et lâche.
Il se rencontrait un moment difficile et périlleux, dans une Vie du Christ ainsi conçue : c’est celui où, d’une première prédication toute tendre et plus modeste, il passe à son rôle divin plus déclaré et à son affectation de Messie.
Il y a plus : la muse de la maison, la brillante Delphine fait elle-même des rôles pour Rachel, et le critique, ces soirs-là, se voit pris et serré comme dans un étau.
Les événements de Février dessinèrent vivement le rôle de M. de Girardin comme sentinelle avancée, et le montrèrent pendant les premiers mois toujours en scène, sur le qui vive !
Un sot se contenterait de tout cela ; mais malheureusement j’ai pensé assez solidement pour sentir que des louanges sont peu de chose, et que le rôle d’un poète à la Cour traîne toujours avec lui un peu de ridicule, et qu’il n’est pas permis d’être en ce pays-ci sans aucun établissement. » Cet établissement si désiré, même lorsqu’il se flatta de ravoir obtenu vingt ans plus tard, manqua toujours par quelque endroit.
Il est impossible, en effet, de se rendre compte du rôle et des desseins de César sans retracer à fond l’état de la république, telle que l’avaient faite les dernières luttes de Marius et de Sylla.
En supposant qu’un tel rôle convînt jamais à quelqu’un, qui serions-nous, bon Dieu !
Ce qu’il trouvera, ce ne sera pas sans doute ce que nous savons déjà sur la façon et sur l’artifice du livre, sur ces études de l’atelier si utiles toujours, sur ces secrets de la forme qui tiennent aussi à la pensée : il est bien possible qu’il glisse sur ces choses, et il est probable qu’il en laissera de côté plusieurs ; mais sur le fond même, sur l’effet de l’ensemble, sur le rapport essentiel entre l’art et la vérité, sur le point de jonction de la poésie et de l’histoire, de l’imagination et du bon sens, c’est là qu’il y a profit de l’entendre, de saisir son impression directe, son sentiment non absorbé par les détails et non corrompu par les charmes de l’exécution ; et s’il s’agit en particulier de personnages historiques célèbres, de grands ministres ou de grands monarques que le poëte a voulu peindre, et si le bon esprit judicieux et fin dont nous parlons a vu de près quelques-uns de ces personnages mêmes, s’il a vécu dans leur familiarité, s’il sait par sa propre expérience ce que c’est que l’homme d’État véritable et quelles qualités au fond sont nécessaires à ce rôle que dans l’antiquité les Platon et les Homère n’avaient garde de dénigrer, ne pourra-t-il point en quelques paroles simples et saines redonner le ton, remettre dans le vrai, dissiper la fantasmagorie et le rêve, beaucoup plus aisément et avec plus d’autorité que ne le pourraient de purs gens de lettres entre eux ?
Ils permettaient qu’on jouât devant eux de certaines mœurs théâtrales, sans aucun rapport avec leurs vertus domestiques, des pantomimes, ou des farces grossières, des esclaves grecques faisant le principal rôle dans des sujets grecs, mais rien qui pût avoir la moindre analogie avec les mœurs des Romains.
Avec le Dieu créateur, une vie future, qui soit la compensation de celle-ci, et satisfasse à notre appétit de justice et d’égalité par le renversement de tous les rôles.
L’argent, l’intérêt y ont leurs rôles, mais secondaires : ce qu’on se dispute, c’est l’amour.
Boissier s’est enfermé dans son rôle d’historien : historien non des faits, mais des âmes, des idées, des croyances, dont il a recherché de préférence l’expression dans les monuments écrits, dans l’épigraphie et la littérature.
Et alors le romantisme apparaît, dont le principal rôle est justement de décrire ce que nous n’avons pas coutume de voir : l’Espagne, l’Italie, l’Orient — et le moyen âge, l’éloignement dans le temps équivalant à l’éloignement dans l’espace.
Il n’est pas étonnant que cette foi mystique du théologien, placé entre l’homme et Dieu, ou entre l’homme et le diable, et qui n’est pas toujours insensible à l’orgueil de son rôle d’intermédiaire, n’ait pas eu une influence féconde sur l’esprit français et sur la langue.
Les faibles sont destinés au rôle de souffre-douleurs.
Et Retté, romantique malgré lui jusqu’à la moelle des os, s’élève contre cette prétention d’un langage spécial, convaincu qu’il est que le rôle du poète consiste à dépeindre, au moyen d’images frappantes, ses joies et ses douleurs personnelles, de telle sorte qu’elles offrent à tous une interprétation fidèle des joies et des douleurs communes.
Comme lui, il se dérobait à la bassesse du rôle de courtisan par une certaine familiarité avec eux mais il mit dans cette familiarité plus de réserve et de mesure.
On a beau dire et vouloir dissimuler les noms, c’était là plus ou moins, à l’origine, le rôle de Chaulieu : Accort, insinuant, et quelquefois flatteur, il nous l’avoue lui-même.
C’est dans ce rôle d’observateur intrépide que la postérité aime à le voir encore, expirant sur le rivage, ses tablettes à côté de lui.
La reine, incrédule et colère, le cardinal, qui n’a point peur encore, et qui sourit malignement, les complaisants, les flatteurs du lieu, Bautru et Nogent, qui bouffonnent, et chacun des assistants dans son rôle : M. de Longueville qui témoigne de la tristesse, « et il était dans une joie sensible, parce que c’était l’homme du monde qui aimait le mieux le commencement de toutes affaires » ; M. le duc d’Orléans qui fait l’empressé et le passionné en parlant à la reine, « et je ne l’ai jamais vu siffler avec plus d’indolence qu’il siffla une demi-heure en entretenant Guerchy dans la petite chambre grise » ; le maréchal de Villeroi qui fait le gai pour faire sa cour au ministre, « et il m’avouait en particulier, les larmes aux yeux, que l’État était sur le bord du précipice ».
Et lorsqu’il a dépeint la première entrée des troupes alliées dans Paris le 31 mars 1814, M. de Lamartine, montrant la curiosité succédant à la douleur à mesure qu’on avançait dans les quartiers brillants et le long des boulevards, avait dit : « Tout est spectacle pour une telle ville, même sa propre humiliation. » Quand on a écrit et pensé de telles paroles, on devrait être guéri, ce semble, du rôle de tribun, d’orateur populaire et ambitieux.
Mazarin l’avait mis en méfiance du surintendant, et, en même temps, il lui avait offert le remède : « Sire, je vous dois tout, avait-il dit à son lit de mort, mais je crois m’acquitter en quelque sorte avec Votre Majesté en lui donnant Colbert. » Depuis longtemps, Colbert avait l’œil sur les procédés de Fouquet, sur ses irrégularités et ses dilapidations ; il avait adressé à Mazarin des mémoires détaillés à ce sujet ; il allait continuer plus expressément le même rôle auprès de Louis XIV et par son ordre ; et, s’il était poussé dans cette chasse ardente qu’il faisait au surintendant par tous les aiguillons de son ambition personnelle, il ne l’était pas moins par tous les instincts de sa nature exacte et rigide : intérêt à part, il devait en vouloir au surintendant de toute l’indignation et de toute la haine que peut avoir contre un magicien plein de maléfices et de prestiges le génie de la bonne administration et de l’économie.
L’abbé Gerbet revêtit le plus qu’il put le système de M. de Lamennais du caractère de persuasion et de conciliation qui lui est propre ; il en adoucit et en gradua les pentes : ce fut là proprement son rôle en cette période de sa jeunesse.
En effet, lorsqu’une haute et jeune destinée a subi de ces catastrophes soudaines et qui sont restées par quelque côté mystérieuses, lorsqu’un prince a disparu de manière à toucher les imaginations et à laisser quelque jour à l’incertitude, bien des têtes travaillent à l’envi sur ce thème émouvant ; les romanesques y rêvent, se bercent et attendent ; les plus faibles et ceux qui sont déjà malades peuvent sérieusement s’éprendre et finir par revêtir avec sincérité un rôle qui les flatte, et où trouve à se loger leur coin d’orgueilleuse manie ; quelques audacieux, en même temps, sont tentés d’y chercher une occasion d’usurper la fortune et de mentir impudemment au monde.
Il a replacé les choses dans le milieu où elles baignent en rendant à l’atmosphère son rôle aussi capital dans l’art que dans la vie.
Les emprunts que la tragédie du xviie siècle fit à Montchrétien et à Garnier sont quantité presque négligeable, quand on les compare avec le rôle que joua la pastorale, d’abord lyrique, puis enrichie d’éléments romanesques.
Il se tait volontiers et laisse parler les gens qui sont avec lui ; il est extrêmement tolérant, patient même, ne cherchant point à prendre le premier rôle ni à imposer ses idées.
Elle seule sait ce que c’est que l’idéal… Mais elle ne le dit pas… Il ne faut jamais dire ce que l’on sait, et ne jamais savoir ce que l’on dit… Le sublime est à ce prix… — J’ai encore deux question à vous poser, monsieur le vicomte… Votre rôle à l’Académie ? — Mon rôle à l’Académie est d’y avoir été élu… Comme ancien diplomate, homme politique futur, vicomte authentique et pénible écrivain… — Et comme Dieu aussi, sans doute ! — Comme Dieu également, j’y avais tous les titres… J’ai encore un autre rôle à l’Académie, celui de veiller, jalousement, à ce qu’aucun grand littérateur n’y pénètre. […] — Votre rôle à la Chambre, monsieur le vicomte ? […] Elle n’a qu’un rôle dans l’univers, mais grandiose : faire l’amour, c’est-à-dire perpétuer l’espèce.
Mais le morceau vraiment sans prix, dans ces deux volumes, c’est l’étude sur les Influences littéraires, leur rôle nécessaire et fécond, la ridicule peur moderne de perdre sa personnalité en subissant l’influence des maîtres. […] Le rôle du poète est maintenant de discerner sous le flot du réel les archétypes paradisiaques qui s’y cachent désormais. […] L’un des affidés, jouant le rôle de facchino, lui offre de le conduire dans un hôtel paisible et le mène dans une maison malfamée des bords du Tibre, où la vertu du nouveau reine-thor succombe aux séductions non pas même d’une fille-fleur, mais de la Carola avec qui Lafcadio cohabitait naguère à Paris, et qui congédiée par lui, a émigré dans la Ville Eternelle où elle est gouvernée par Protos.
. — Son rôle politique. — Son importance. — Son insuccès. — Sa vie privée. — Ses amours. — Son désespoir et sa folie. […] À trente et un ans, espérant une place du roi Guillaume III, il édita les œuvres de son patron, les dédia au souverain, lui remit un placet, n’eut rien, et retomba au poste de secrétaire chez lord Berkeley, cette fois chapelain de la famille, avec tous les dégoûts dont ce rôle de valet ecclésiastique rassasiait alors un homme de cœur […] Malheureusement, « l’hiver suivant, un comédien, payé par la corporation des passementiers, joua son rôle dans une comédie nouvelle tout couvert de franges d’argent, et, suivant une louable coutume, les mit par cela même à la mode.
Rôle et position de Macaulay en Angleterre. […] Considérez, par exemple, ces phrases par lesquelles il essaye de rendre sensibles à un public anglais les événements de l’Inde : « Au temps de Warren Hastings, dit-il, la grande affaire d’un serviteur de la Compagnie était d’extorquer aux indigènes cent ou deux cent mille livres sterling aussi promptement que possible, afin de pouvoir revenir en Angleterre avant que sa constitution eût souffert du climat, pour épouser la fille d’un pair, acheter des bourgs pourris dans le Cornouailles, et donner des bals à Saint-James square… Il y avait encore un nabab du Bengale, qui jouait le même rôle vis-à-vis des dominateurs anglais de son pays, qu’Augustule auprès d’Odoacre, ou les derniers Mérovingiens avec Charles Martel et Pépin le Bref. […] Il est tour à tour économiste, littérateur, publiciste, artiste, historien, biographe, conteur, philosophe même ; par cette diversité de rôles, il égale la diversité de la vie humaine, et présente aux yeux, au cœur, à l’esprit, à toutes les facultés de l’homme, l’histoire complète de la civilisation de son pays.
Mais ce n’est pas seulement par prudence que certains faux sages parlent ainsi à l’écrivain, c’est qu’ils ne comprennent pas le rôle profond que joue en général la correspondance. […] On peut dire finalement que la répugnance des uns et des autres ne s’explique que par l’incompréhension générale du rôle véritable des lois et de la situation juridique de l’écrivain dans la société. […] Je vais même plus loin : la rémunération de l’écrivain joue, en général, un rôle proportionnellement si faible21 que si, subitement, le « domaine public » était supprimé et tous les ouvrages classiques majorés 22 des droits d’auteur (c’est-à-dire de dix pour cent) en faveur des héritiers, le public remarquerait à peine cette hausse insignifiante, surtout depuis la guerre où les prix sont devenus tellement instables.
» Il improvise le rôle grondeur du roi Henri avec tant de naturel, qu’on le prendrait pour un roi ou pour un comédien. […] … Le monde entier n’est qu’un théâtre, — et tous, hommes et femmes, ne sont que des acteurs. — Ils ont leurs entrées, leurs sorties, — et chaque homme en sa vie joue plusieurs rôles. — Ses actes sont les sept âges. […] Puis le juge, — au beau ventre rond, garni de gras chapons, — le regard sévère, la barbe magistralement coupée, — rempli de sages maximes et de précédents modernes ; — et de cette façon il joue son rôle. […] Le rôle où il excellait était celui du fantôme dans Hamlet.
Sainte-Beuve, avant de s’en tenir à la critique, avait fait le tour de bien des choses et ce voyage de circumnavigation parmi les différents genres littéraires l’avait merveilleusement préparé à son rôle futur. […] Quant au critique anodin, qui réduit trop humblement son rôle à contresigner les arrêts de la foule, s’imagine-t-il que les applaudissements ou les sifflets du public n’aient point de cause ? […] C’est le rôle qu’il joue à l’égard de l’opinion courante ; il en prend le contre-pied. […] Il s’efforce de dégager quelque question nouvelle ; il étudie la place qu’y occupe et la forme qu’y affecte la passion ; il se demande par exemple en quoi ont été modifiés les rôles respectifs de la femme, du mari et de l’amant, dans ce trio qui défraie depuis si longtemps le théâtre de notre pays ; ou bien il cherche les causes d’un succès ou d’un échec qui a été une surprise. […] Puis il est arrivé à l’âge viril au lendemain des désastres de la guerre étrangère et des atrocités de la guerre civile ; trop jeune pour figurer comme acteur dans l’une ou dans l’autre, réduit au rôle inerte de témoin, accablé par les faits avant de pouvoir les comprendre, il a gardé des spectacles qui ont frappé son âme adolescente une impression d’horreur et d’abattement.
Les goûts personnels ou le patriotisme peuvent créer des préférences pour des personnages sympathiques ou des événements locaux ; mais le seul principe de choix qui puisse être commun à tous les historiens c’est le rôle joué dans l’évolution des choses humaines. […] Si l’on tient à user des substantifs abstraits, on devra éviter toute métaphore qui leur ferait jouer le rôle d’êtres vivants. […] De là, dans la constitution de l’histoire, le rôle dominant du hasard. […] Le rôle de l’histoire dans l’éducation n’apparaît peut-être pas encore nettement à tous ceux qui l’enseignent. […] Elles se feront toutes deux à mesure que les professeurs et le public apercevront plus nettement le rôle de l’enseignement historique dans l’éducation sociale.
Il commençait son rôle d’administrateur intègre, impitoyable.
Après le critique, dans Beyle, il faudrait parler du romancier ; mais il y a quelque chose à dire du rôle qui est peut-être le sien avant tout, et de la vocation où il a le plus excellé : Beyle est un guide pénétrant, agréable et sûr, en Italie.
C’étaient des pièces courtes, d’ordinaire des fables, où ses rouges-gorges, ses chardonnerets avaient leur rôle et amenaient leur morale toujours humaine et sensible, bien que puritaine.
Les habitudes les plus futiles et les plus inutiles ont d’immenses racines dans le passé, et, quoique de prime abord il semble qu’il suffise d’un souffle pour les détruire, elles résistent souvent et aux convulsions des sociétés, et aux efforts d’un grand homme. » Cette opinion personnelle du prince, qu’on vient de voir si formellement exprimée, étant telle et si en accord avec celle de Franklin, il est plus facile encore d’apprécier la haute impartialité que le même prince devenu empereur, et pouvant tout, a apportée dans la solution pratique, et combien il s’est montré l’homme de son nouveau rôle et de sa destinée, publique, lorsque, dans l’œuvre de conciliation, il a laissé faire une si large part à l’opinion opposée.
Née trente ou quarante ans avant la nouvelle duchesse de Choiseul, elle s’amuse à intervertir les rôles et les âges, à la confondre avec son homonyme, et à dire au duc et à la duchesse grand-papa et grand-maman, de même qu’eux, en parlant d’elle, la traitent de petite-fille.
Mais je pense à vous, à votre position, mon noble apôtre, et je crois qu’après avoir écouté votre amitié pour moi, il faut, dans l’intérêt de la cause où vous avez pris un rôle si élevé, que vous fassiez la restriction que je vous demande… » Il est piquant que ce soit le chansonnier qui se mette à la place du sublime inconséquent pour l’avertir : il adu tact pour deux. — C’est bien le même, au reste, qui répondit une fois à l’archevêque M.
Charles-Quint qui, vu du côté de la politique, nous paraît jusqu’à la fin si prudent, si ferme de conseil, si sain d’esprit, si occupé d’autres choses encore que d’horloges, si attentif aux affaires du dehors et voué aux intérêts de sa race et de sa maison, ce même homme, vu du, côté, des moines, paraissait à ceux-ci tout pénitent, tout mortifié, tout appliqué à la fin suprême, et il n’y avait pas hypocrisie à lui dans ce double rôle ; il unissait bien réellement dans son âme profonde et son imagination mélancolique ces deux manières d’être si contraires.
Il est vrai que l’amour joue un bien petit rôle dans le Méchant : qui est-ce qui s’intéresse à Chloé et à Valère ?
J’oubliais Henry Monnier, l’aîné de Gavarni de quelques années et son franc camarade, dont j’ai sous les yeux lettres sur lettres réclamant des costumes pour les rôles de sa femme, et parfois dans un latin macaronique transparent (Indigo vestis mihiuxoris ad proximam operam dramaticam, etc.).
Ce sentiment se prononce surtout lorsque Sigognac, honteux d’être à charge à ses tristes compagnons sans leur rendre aucun service, et les voyant en peine et tout désemparés depuis la perte du pauvre Matamore, s’offre à le remplacer lui-même, à mettre de côté sa véritable épée, et, sous le nom grotesque de Capitaine Fracasse, qui sera désormais le sien, à faire son rôle sur les tréteaux, en attendant fortune meilleure : un regard d’Isabelle l’en récompense.
Le duel joue un grand rôle dans ce roman d’Émile, et il y a dans cet épisode du livre comme un pronostic singulier et un sinistre augure.
Herman, en présence du baron Fritz, ce beau-frère entiché de sa noblesse et des vieux préjugés germaniques, maintient lui-même le rôle du noble moderne converti aux idées du siècle : il répond à l’accusation banale d’être un déserteur de sa caste et de n’avoir ni foi ni principes : « Croyez plutôt, dit-il en parlant des Biron, des Custine, des La Fayette, qu’il a fallu une foi bien ferme à ces déserteurs qui, dans la solitude de leur conscience, se sont voués à la haine de ceux qu’ils abandonnaient, à la méfiance de ceux qu’ils voulaient servir, sans autre espoir que la justice tardive de la postérité. » Mais ce commencement de discussion entre Herman et Fritz est arrêté à temps par un-geste d’Emma qui n’entend pas que ses deux adorateurs, comme elle dit, combattent sur ce terrain, et qui les rappelle à l’ordre.
Le poète critique attribue même un peu trop à Homère quand, se souvenant à son sujet d’un mot d’Horace pour le réfuter, il dit que là où nous voyons une faute et une négligence, il n’y a peut-être qu’une ruse et un stratagème de l’art : « Ce n’est point Homère qui s’endort, comme on le croit, c’est nous qui rêvons. » Le beau rôle du vrai critique, Pope l’a défini et retracé en divers endroits pleins de noblesse et de feu, et que je rougis de n’offrir ici que dépolis et dévernis en quelque sorte, dépouillés de leur nette et juste élégance : « Un juge parfait lira chaque œuvre de talent avec le même esprit dans lequel l’auteur l’a composée : il embrassera le tout et ne cherchera pas à trouver de légères fautes là où la nature s’émeut, où le cœur est ravi et transporté : il ne perdra point, pour la sotte jouissance de dénigrer, le généreux plaisir d’être charmé par l’esprit. » Et ce beau portrait, l’idéal du genre, et que chaque critique de profession devrait avoir encadré dans son cabinet : « Mais où est-il Celui qui peut donner un conseil, toujours heureux d’instruire et jamais enorgueilli de son savoir ; que n’influencent ni la faveur ni la rancune ; qui ne se laisse point sottement prévenir, et ne va point tout droit en aveugle ; savant à la fois et bien élevé, et quoique bien, élevé, sincère ; modeste jusque dans sa hardiesse, et humainement sévère ; qui est capable de montrer librement à un ami ses fautes, et de louer avec plaisir le mérite d’un ennemi ; doué d’un goût exact et large à la fois, de la double connaissance des livres et des hommes ; d’un généreux commerce ; une âme exempte d’orgueil, et qui se plaît à louer, avec la raison de son côté ?
Les marabouts, très respectés parmi eux, sont des nobles qui ont abdiqué tout rôle politique dans la gestion des affaires pour conquérir une plus grande autorité religieuse, et pour exercer une sorte de magistrature libre dans l’ordre de la justice et de l’instruction publique.
L’éditeur lui est favorable, c’est tout simple : devoir et rôle d’éditeur d’abord, et puis le maréchal de Noailles se montre, dans cette publication, par ses meilleurs et ses plus spécieux côtés.
» Avant que la critique allemande ait protesté contre de pareilles plaisanteries mises sur le compte d’un des souverains qui ont eu le plus à cœur leur métier de roi, il y avait longtemps que la critique française, dans une vue de simple bon sens, avait dit : « Nous ignorons si Frédéric était capable de se servir des moyens indiqués ici ; mais nous croyons pouvoir affirmer que, s’il avait assez d’immoralité pour employer des médecins et des serruriers politiques, il avait en même temps trop d’adresse pour l’avouer à qui que ce soit, même à son successeur75. » Il y avait peut-être à introduire Frédéric dans cette Étude où Louis XV tient le premier rôle, mais c’aurait dû être alors pour opposer les deux esprits, la mollesse et la force, l’abandon et l’infatigable vigilance, le laisser aller de tout, après quelque velléité d’action passagère, et l’héroïque et constant labeur, tant civil que guerrier, qui occupa toutes les heures d’une longue vie.
Il n’y eut, d’ailleurs, que les témoins très rapprochés qui le surprirent un instant dans ce rôle d’écolier : il fit bien de sa personne et de son concours dans toute cette journée.
Gautier dans l’attitude du rôle excentrique qu’il s’est choisi.
On a souvent discuté sur les mérites de Mme de Grignan, et sa mère lui a fait quelque tort à nos yeux en la louant trop ; c’est un rôle embarrassant à soutenir devant les indifférents, que d’être tant aimée.
Le couvent joue un très-grand rôle en ces deux compositions, ainsi qu’on l’a vu déjà dans Adèle de Sénange.
Un historien qui n’aura vécu que dans les bibliothèques fera des livres, mais jamais une histoire ; ses personnages seront des rôles, jamais des hommes.
Le drame était partout dans ces récits : il suffisait de distinguer les personnages et de distribuer les rôles.
Faguel a pu citer des parties, des situations, des rôles, où l’instinct scénique apparaît, chez Jean de la Taille surtout et chez Garnier.
Marivaux est trop près de Fontenelle, pour qu’on s’étonne de le voir prendre ce rôle : il le fait sans violence et sans âpreté, avec une grâce malicieuse, semant les hypothèses et les paradoxes de l’air d’un homme qui n’en soupçonne pas la portée.
Cette démonstration de la vérité du catholicisme par son rôle dans l’histoire et dans la société humaine, c’est quelque chose d’un peu bien arbitraire ; car l’histoire se pétrit aisément selon la fantaisie de qui s’en empare, et je ne vois pas une religion qui ne puisse tenter une démonstration de ce genre.
Tout grand rôle, alors, entraîne la mort ; car de tels mouvements supposent une liberté et une absence de mesures préventives qui ne peuvent aller sans de terribles contre-poids.
Ce fut le rôle, en effet, de M.
Il prenait son rôle de critique très au sérieux, craignant les visites, se refusant à l’honneur d’appartenir aux Académies ; il s’en exagérait les charges, qui peut-être alors étaient plus pesantes, en effet, qu’aujourd’hui.
Consulté par écrit sur toute matière politique ou ecclésiastique, arbitre très écouté en secret dans les querelles du jansénisme, redevenu docteur et oracle, il tenait déjà le grand rôle à son tour.
Il se contente de dire : « Je traversai d’un bout à l’autre cette Espagne où, seize années plus tard ; le ciel me réservait un grand rôle, en contribuant à étouffer l’anarchie… » Et il entonne un petit hymne en son honneur à propos de cette guerre d’Espagne dont il ne cesse de se glorifier, tout en voulant paraître le plus libéral des ministres de la Restauration.
« Rousseau avait l’esprit voluptueux. » a dit un bon critique ; les femmes jouent chez lui un grand rôle ; absentes ou présentes, elles et leurs charmes, elles l’occupentc, l’inspirent et l’attendrissent, et il se mêle quelque chose d’elles à tout ce qu’il écrit : Comment, dit-il de Mme de Warens, en approchant pour la première fois d’une femme aimable, polie, éblouissante, d’une dame d’un état supérieur au mien, dont je n’avais jamais abordé la pareille…, comment me trouvai-je à l’instant aussi libre, aussi à mon aise que si j’eusse été parfaitement sûr de lui plaire ?
Ces passions aimables dont parle Vauvenargues, et qui, à son sens, dominent le Vertueux même, nous avertissent du rôle que ne cessa de réserver aux passions ce stoïcien aimable et tendre, tourné à l’activité et attentif à nourrir dans l’homme tout foyer d’affection.
Tel est le rôle du grand Frédéric dans l’histoire ; mais, au fond, ses goûts secrets ou même très peu secrets, ses réelles délices étaient de raisonner en toute matière, de suivre ses pensées de philosophe, et aussi de les jeter sur le papier, soit au sérieux, soit en badinant, comme rimeur et comme écrivain.
M. le maire et Montaigne seront toujours deux personnes distinctes ; il se réserve sous sa charge et sous son rôle une certaine liberté et sécurité secrète.
Avec tous ses défauts et toutes ses imperfections de nature, donnant en mourant la main à Chateaubriand, à Fontanes, à tout ce jeune groupe littéraire en qui était alors l’avenir, il transmit le flambeau vivant de la tradition, et il justifia le premier pronostic de Voltaire à son égard : « Quelque chose qui arrive, je vous regarde comme le restaurateur des belles-lettres. » C’est le mot magnifique, mais juste après tout (si l’on considère l’ensemble du rôle et de l’influence), qu’il faudrait graver sur son tombeau.
Mais, à propos de ce crédit de Perrault et de ce rôle d’intermédiaire entre le ministre et les Académies, à en juger simplement, il m’est impossible, je l’avoue, de partager, l’opinion plus que sévère d’un critique respecté (M.
Il était de ceux que les maîtres qui se succèdent tiennent à s’attacher, car ce sont de ces acteurs rares et soumis qui remplissent parfaitement les rôles secondaires, et dont les aptitudes et les capacités, dans leur juste mesure, se dirigent à tout.
Par une délicatesse qui égalait et surpassait toutes les excuses, Le Barbier de Séville fut joué au Petit Trianon par la société intime de la reine, le 19 août (1785), et les acteurs étaient la reine elle-même dans le rôle de Rosine, le comte d’Artois dans celui de Figaro, M. de Vaudreuil faisant Almaviva, etc.
Villemain, de notre éloquent secrétaire perpétuel, si j’avais besoin de m’excuser, je dirais hautement : Membre de l’Académie française, j’ai le droit de relever, de la seule manière qui puisse le toucher, l’organe de la compagnie là où il abuse publiquement de son rôle de rapporteur pour y glisser contrairement aux convenances, contrairement aux intentions de beaucoup de membres, ses passions personnelles : biographe littéraire, je souffre toutes les fois que je vois des critiques éminents à tant d’égards et en possession d’un art merveilleux, mais des esprits plus nés évidemment pour la louange ou la fine satire que pour l’histoire, ne songer à tirer parti des faits que pour les fausser dans le sens de l’effet passager et de l’applaudissement.
Au milieu des luttes diverses auxquelles il assista et dans lesquelles il eut sa part comme l’une des têtes du parlement de sa province, de Brosses, tout en tenant son rôle, resta modéré et clairvoyant.
Notre Marguerite ne fit rien de tel ; elle laissait de son temps ce rôle aux duchesses d’Étampes.
Quant à Jordan, il demeure fidèle à son rôle de savant, d’homme paisible et de philosophe ami de l’humanité.
La loi de conservation, sous une forme d’abord appétitive, puis intellectuelle, joue ainsi le principal rôle dans la sélection des idées comme dans celle des espèces.
Zola est triste, triste d’une tristesse qui donne à son rôle de maître de maison quelque chose de somnambulesque.
) Typographiés, ces cinq vers font trois alexandrins, mais il faut nous méfier de la typographie ; elle joue dans l’histoire du vers libre un rôle trop souvent prépondérant .
La science fait dans le progrès le rôle d’utilité.
Il en est dont le rôle est uniquement d’exprimer les réalités auxquelles ils s’appliquent, de les exprimer telles qu’elles sont.
. — à affubler d’anciens amis de rôles odieux ou ridicules.
Mais après le banquet il comprit que l’absorbante personnalité de Moréas ne lui permettait pas de jouer ce rôle, et comme il ne pouvait se résigner à n’être qu’un infime satellite, il fomenta les divisions qui ont amené la naissance de l’École romane.
Elle n’y prenait pas une place à part ; elle n’avait pas su attacher aux traditions religieuses et aux fêtes nationales quelques empreintes immortelles d’imagination et d’art, ; elle n’était pas entrée dans la vie des Romains, moins poétique et moins libre que celle des Grecs : et, si elle s’était mêlée parfois à ces œuvres artificielles du théâtre que Rome victorieuse chercha comme une distraction, elle n’avait eu, sous cette forme, qu’un rôle secondaire, dont le cadre même devenait difficile et rare sous le pouvoir absolu d’Auguste.
Or depuis cet établissement, quel a été le rôle des Parlements de France à travers l’histoire, quand ils n’ont pas été sous la main des émeutiers et des hommes de guerre ? […] Sous Louis XIV le Parlement fut maintenu sévèrement dans son rôle strict d’administration de la justice. […] Après le pouvoir absolu de Louis XIV on sentait le besoin d’une division des pouvoirs et d’un pouvoir législatif distinct du Roi, et le Parlement se trouvant là pour remplir ce rôle, à un moment où le gouvernement devenait fou, la partie sage de la nation encourageait le Parlement à prendre cet office. […] Depuis son rétablissement en 1774, jusqu’à la Révolution de 1789, le rôle du Parlement fut plus effacé. […] L’Etat, non seulement n’a aucun rôle dans cette affaire, mais c’est aussi loin de lui que possible qu’il faut tenter de mener à bien cette expérience.
Des acteurs, hommes d’une réalité, jouant les rôles d’une réalité différente, c’était encore un intermédiaire trop matériel, empêchant l’entière vie idéale. […] Lorsqu’il y a deux rôles dans un roman, l’artiste doit, alternativement, les vivre l’un et l’autre : et c’est une nécessité pour lui de modifier sans cesse ses visions. […] Beethoven a tenu dans l’art un rôle très net. […] Il rendrait impossibles les variations de l’hérédité, en fondant une science chimique et physiologique des mariages ; et, parfois, en supprimant le rôle de la femme dans la formation des êtres nouveaux. […] La littérature devient la servante de la critique : elle lui fournit des sujets, des matériaux, des prétextes, et c’est à cela que se borne à présent son rôle, aux yeux du public.
Vilain, mendiant ingrat, tout comme Caton « citoyen », homme de la nature, ce sont là ses rôles. […] Voyons-le dans ce rôle dont le succès de Montesquieu aviva chez lui le prurit. […] Ce qui détermine ses attitudes publiques, ce n’est pas un intérêt de doctrine et de parti, mais l’éclat, entendez l’éclat retentissant et populaire, du rôle. […] Ce qui donne une saveur irritante li ce caractère, c’est que Chateaubriand, barde de la Religion, de la Légitimité, de la Charte, altier et solennel il souhait dans ce rôle où, en un sens, il ne ment pas, est d’ailleurs le naturelle moins disciplinable, le plus débridé. […] Chateaubriand, qu’on le considère dans sa vie et son rôle historique, où dans les gestes de son unique et perpétuel héros, n’a pu s’accorder cette frénésie de personnalité que sous l’encouragement implicite d’une société décidément idolâtre de l’individu.
La lecture terminée de : La Faustin, Porel me dit justement, que la pièce ne peut pas être jouée par Réjane, qu’elle n’a pas la ligne du rôle, qu’il faut une tragédienne, qu’elle ne servirait pas la pièce, et que même la pièce nuirait à l’actrice, comme voulant usurper des rôles qui n’étaient pas son affaire. […] Et voici, à la mine de plomb, mélangée de sanguine, l’étude de ce roux cruel, appuyé au-dessus d’un canapé, où dans la lithographie terminée, est couchée une femme, lithographie baptisée : L’Oiseau de passage : type d’après lequel Dumény s’est grimé pour le rôle de Jupillon, dans Germinie Lacerteux.
Octave Feuillet n’est plus à juger, non plus que son grand rôle dans la littérature contemporaine, mais on peut, d’après ce seul morceau, avoir une idée de la perfection du détail, des soins de mise en scène qui accompagnent l’action principale du Journal d’une femme ; nous n’avons qu’un regret, c’est, en rendant compte de ce livre, paru chez M. […] Le rôle de M. […] Paul de Musset eût eu mauvaise grâce à chercher un renom de poète à côté de l’immortelle gloire d’Alfred de Musset, mais il a compris le rôle que lui assignait la grandeur de son frère ; il s’est contenté de suivre un sentier qu’il avait découvert, et il a prouvé que l’esprit sans prétention et le charme de la forme étaient aussi des titres pour prendre une bonne place dans la littérature française. […] j’ai fait vingt ans la guerre sous l’Empire, et je n’en avais rapporté que deux blessures ; mais le rôle du mannequin, ce sont de rudes campagnes !
La loi historique étant que la civilisation aille d’Orient en Occident, — rôle de la Chine, — les deux humanités seront enfin fondues. […] Je n’ai pas à raconter ici les paroles échangées entre nous sur le rôle qu’il jouait à cette époque. […] Il se sentit écrasé, désillusionné de son rôle, peut-être las de lui-même. […] Le comédien qui fait corps avec l’œuvre, comme Mlle Desclée, par exemple, dans son rôle de la Princesse Georges ou de la Visite de noces, est extrêmement rare. […] M. de Loménie fait également apparaître la mère du grand orateur, triste personne assurément, mais qu’il importe de connaître pour expliquer son fils et excuser son mari ; il raconte cette lutte implacable entre les deux époux, qui a défrayé la malignité des contemporains ; les scandales et les pamphlets injurieux contre lesquels le marquis de Mirabeau a eu le tort de se défendre à coups de lettres de cachet ; le rôle singulier de son fils, le futur orateur, sans cesse occupé à exciter ses parents l’un contre l’autre, pour tirer profit de leur division, et justifiant cette parole de son père : « Si la graine aux expédients enragés était perdue, elle se retrouverait dans cette tête-là !
La confession ne joue pas, dans la religion orthodoxe russe, le rôle qu’elle exerce chez nous : et cependant le roman russe, bien que d’une façon très différente du nôtre, est profondément psychologique. […] Pierre Louÿs est parvenu à déchiffrer des mémoires manuscrits — sur la période du second Empire, tout justement — très savamment cryptographiés, où tous les personnages s’appliquent à jouer l’un des rôles de la Comédie humaine. […] Mais deux différences : d’une part, les injonctions de la morale catholique jouent ouvertement un rôle dans la décision de Mme de Mortsauf de ne pas se donner à celui qu’elle aime, tandis que, dans La Princesse de Clèves ces injonctions restent dissimulées ; d’autre part, Mme de Mortsauf meurt tout autant de jalousie contre sa rivale lady Dudley que d’amour pur. […] La Revue des Deux Mondes — qui jadis publiait les romans de George Sand — se doit à elle-même, et doit à ses lecteurs, de ne publier que de ces romans-là : respectueux de la morale, où l’officier, le prêtre, le propriétaire foncier, le grand industriel ne peuvent jouer que des rôles sympathiques. […] Ce grand, cet admirable rhéteur, a le culte de l’énergie, même de l’héroïsme, à la Stendhal, et la volonté de jouer un rôle, un grand rôle public, comme Disraëli, dont il a étudié la vie, qu’André Maurois écrira plus tard : un rôle qui sera plus d’apparence, de surface — car nul n’a jamais été plus « homme de lettres » que lui — que de profondeur : l’inverse de « ce petit père Combes » qu’il a détesté, honni, et qui, ignoré la veille, mais connaissant bien la France provinciale, sut rester plus de trois ans Président du Conseil, chasser les congrégations, préparer la séparation de l’Église et de l’État.
La rime joue d’ailleurs un rôle très-savant et compliqué dans les couplets des canzones de Leopardi ; elle reparaît de distance en distance et correspond par intervalles calculés, comme pour mettre un frein à toute dispersion. […] ) Le chant de la personne aimée joue un grand rôle dans ces diverses pièces.
On ne peut pas rêver, méditer, être distrait quand on est en scène ; il faut être à son rôle. […] M. de V., qui avait la promesse d’une lieutenance du roi ou d’un commandement, la cède à l’un des protégés de Mme de Pompadour, et obtient en échange le rôle d’exempt dans Tartuffe que des seigneurs de la cour jouaient dans les petits cabinets devant le roi.
L’état déplorable de ce pays, l’oppression politique et industrielle de ces populations misérables, l’indignèrent et lui offrirent une nouvelle occasion de jouer un grand rôle dans le monde. […] Avec sa merveilleuse facilité à prendre tous les rôles et à les jouer au naturel, Swift se fit drapier40 pour être mieux entendu des commerçants et du peuple, et jamais la crédulité populaire, la peur, l’intérêt n’ont été mis en œuvre avec plus de chaleur et d’habileté que dans ces célèbres Lettres.
Reste le désaccord incontestable des deux philosophes sur le rôle de l’Art. […] Trîstan a été représenté huit jours plus tard, avec M. et Mme Vogl qui y ont leurs plus difficiles et leurs meilleurs rôles.
On peut entrevoir déjà quel rôle joue l’évolution en psychologie. […] Enfin (et l’hérédité joue ici son rôle) s’éveillent aussi probablement « certaines combinaisons qui existaient à l’état organique, dans la race humaine, aux temps barbares, quand toute son activité pour le plaisir se déployait surtout au milieu des bois et des eaux.
Rousseau, l’orgueilleuse nudité du tonneau ou du haillon pour se faire un trophée de sa misère ; mais un homme dont la médiocrité sans apparat ne pouvait exciter ni l’envie du pauvre, ni la pitié du riche ; un homme qui n’avait rempli, pendant sa vie, aucun de ces rôles éclatants ni occupé aucune de ces fonctions puissantes qui laissent à ceux qui en sont sortis ou déchus de vieux clients de leur puissance ou de jeunes clients de leur renommée ; un tel homme meurt dans sa petite chambre, entre une garde-malade, deux servantes en pleurs et quelques amis. […] « Votre jambe droite n’est pas assez avinée », disait le grand comédien anglais Garrick à Préville qui lui demandait conseil pour bien rendre un rôle d’ivrogne sur la scène. « Votre main droite, celle qui tient la plume, n’est pas assez avinée », pourrait-on dire à Béranger quand il raturait une chanson à boire.
On a vu quel rôle important joue le travail d’excavation dans la construction des cellules ; mais ce serait faire erreur que de supposer les Abeilles incapables d’élever une cloison de cire où il en est besoin, c’est-à-dire dans le plan d’intersection de deux sphères contiguës. […] La sélection, au contraire, a dû jouer en ce cas un rôle très important.
Croce, un rôle essentiel et décisif à l’individualité. […] Et l’on sait combien le rôle de ces éléments est diminué chez Euripide, qui est en quelque sorte un révolutionnaire, bien que notre admiration le nomme toujours, d’un seul trait, avec Sophocle et Eschyle.
Et, nonobstant ce rôle, il es très indulgent et aimable. […] Elle a de l’esprit sans doute : « … Vous voyez, Madame, que la Géométrie est fille de l’intérêt, la Poésie de l’amour, et l’Astronomie de l’oisiveté. — En ce cas, je vois bien qu’il faut que je m’en tienne à l’astronomie. » Mais le rôle que lui a ménagé Fontenelle est bien désobligeant. […] Il joue ce rôle, comme tous les rôles, « en excellent acteur », mais un peu en acteur, avec une insuffisante simplicité. […] Une partie du rôle littéraire de Voltaire, c’est d’avoir résisté à la réaction contre le xviie siècle, et d’avoir soutenu que le xviie siècle était grand ; mais une autre partie de son rôle, c’est d’avoir fureté partout. […] C’est qu’il était homme de théâtre, grand premier rôle de naissance, et que la grandeur du spectacle le ravissait.
Ce Voltaire, qui lui a donné ce joli et malin sobriquet, est le premier, des années après, à le caresser sur ses vers, à lui en reparler, à faire le rôle de tentateur.
Lavallée, en étudiant Mme de Maintenon, ce qui arrivera à tous les bons esprits encore prévenus (et j’en rencontre quelquefois de tels) qui approcheront de cette personne distinguée et qui prendront le soin de la connaître dans l’habitude de la vie : je ne dirai pas qu’il s’est converti à elle, ce serait mal rendre l’impression simplement équitable que reçoit un esprit droit ; mais il a fait justice de cette foule d’imputations fantastiques et odieusement vagues qui ont été longtemps en circulation sur le prétendu rôle historique de cette femme célèbre.
Ici Joinville a des instincts d’historien : il sent qu’on ne peut rien comprendre à une expédition en Égypte si l’on n’a une idée du Nil, et il nous en fait au début une description qui est célèbre à la fois par quelques traits fidèles et par un mélange d’ignorance et de crédulité : « Il nous convient premièrement parler du fleuve qui vient d’Égypte et de Paradis terrestre… » C’est ainsi que plus tard il parlera des Bédouins, et cette fois en des termes plus exacts ; et aussi des mamelouks, qui jouaient déjà un grand rôle à cette époque.
Le rôle que Madame concevait pour elle en France était donc de préserver son pays natal des horreurs de la guerre, de lui être utile dans les différents desseins qui s’agiteraient à la cour de France et qui étaient de nature à bouleverser l’Europe.
Cette traduction qui ralluma la guerre des anciens et des modernes, et qui fut suivie de l’Odyssée en 1716, donne à Mme Dacier un rôle imprévu et assez considérable dans l’histoire de la littérature française.
Une édition de Milton, avec traduction en anglais des ouvrages latins, l’occupa ensuite ; il était peu propre à un tel rôle d’éditeur.
Une fois appelé sur le terrain par Balzac et mis en situation de répondre à M. de Girac, il semble qu’il n’y avait rien de plus simple que le rôle de Costar : il n’avait qu’à relever ce qui lui paraissait peu juste dans la critique du savant ami de Balzac, à balancer lui-même les éloges entre le mort et le vivant, et à se faire honneur par un ton d’impartialité généreuse et un air de fidélité envers une chère mémoire.
On sait du reste que Frédéric n’était pas le philosophe tout idéal et tout à la Marc Aurèle que les gens de lettres ses amis se hâtèrent de promettre un peu témérairement au monde quand il monta sur le trône ; mais il était réellement philosophe par goût, par bon sens, parce qu’il réduisait chaque chose à la juste réalité, et que, tout en faisant vaillamment son rôle et son métier de souverain, il se séparait à tout instant de cette destinée d’exception pour se juger, pour se regarder soi-même et les autres.
Les rôles étaient changés : le prince Eugène, sans recrues, sans argent, était le spectateur forcé des pertes de l’empire.
Il est dans une lutte sourde continuelle avec l’abbé Bossuet, ce neveu actif et ambitieux dont je n’ai pas à faire l’apologie ; mais le rôle de l’abbé Le Dieu à son égard n’est pas beau ; il joue au plus fin, et n’a d’autre but que d’en tirer le plus de profit qu’il pourra.
Malgré le rôle brillant que l’Académie sut prendre dans la seconde moitié du xviiie siècle et qui fit d’elle un souverain organe de l’opinion, à dater surtout de l’avènement de Louis XVI jusqu’en 1788, je ne crois pas qu’elle ait tout à fait et de tout point rempli le vœu de son fondateur ; elle a fait plus et moins que ce qu’il voulait.
Sa chapelle, placée sous la protection de Notre-Dame-Auxiliatrice, dont la fête tombe le 24 mai, joue un grand rôle parmi les habitués de son monde.
Son rôle principal à la Convention fut d’être envoyé aux armées ; son bonheur fut, en échappant aux cruelles mesures du dedans et aux luttes fratricides qui se réglaient à coups d’échafaud, d’être, pendant ce temps-là, à combattre l’ennemi du dehors, sur le Rhin, à Mayence, ou le royalisme en Vendée, et de montrer partout, avec un courage intrépide, le tact, le coup d’œil et les talents d’un homme de guerre improvisé.
Parmi tant de personnes qui avec de l’esprit, de la naissance ou de la fortune, exerçaient dans cette société si richement partagée des influences diverses, et qui avaient toutes leur physionomie à part et leur rôle, la comtesse de Boufflers, pour peu qu’on la considère et qu’on l’observe d’un peu près, s’offre à nous avec une sorte de penchant prononcé et de vocation spéciale qui la désigne : elle est la plus ouverte et la plus accueillante pour le mérite des étrangers célèbres, elle est leur introductrice empressée et intelligente ; elle les pilote, elle les patronne, elle se lie étroitement avec eux, elle parle leur langue et va ensuite les visiter dans leur patrie : c’est la plus hospitalière et la plus voyageuse de nos femmes d’esprit, d’alors.
Vrai rôle de bon esprit et d’honnête homme.
Dans la vie ordinaire et la société privée, on verra de quelles ressources il était et de quelle chaleur ; au premier rang dans les seconds rôles. — Son nom d’abord n’était pas Sismondi, mais Simonde ; son père Gédéon Simonde était pasteur protestant d’un petit village au pied du mont Salève, et descendait d’une famille française du Dauphiné réfugiée a Genève après la révocation de l’Édit de Nantes.
Le bonhomme a toujours manqué d’une élévation d’âme, même commune ; pour peu qu’il en eût eu, il aurait été le plus malheureux des hommes. » Collé donc, à la différence de Panard, avait de l’élévation d’âme : il voyait les grands, les gens riches, les amusait, leur plaisait, mais ne se donnait pas ; il restait lui ; il se défendait de leur trop de familiarité par le respect ; il gardait de sa dignité hors de sa gaîté ; il savait que, si bon prince qu’on fût avec lui, on ne l’était pas autant à Villers-Cotterets qu’à Bagnolet ; assez chatouilleux de sa nature, il allait au-devant des dégoûts par sa discrétion, et se tenait sur une sorte de réserve, même quand il avait l’air de s’abandonner : quand il sortait ces jours-là de sa maison bourgeoise, il disait qu’il allait s’enducailler, comme d’autres auraient dit s’encanailler ; puis, son rôle joué, sa partie faite, il revenait ayant observé, noté les ridicules, et connaissant mieux son monde, plus maître et plus content à son coin du feu que le meunier Michau en son logis.
Je ne donnerai ici que ce qui se rapporte principalement à la littérature, à cette Lélia si diversement commentée, et à ce rôle de critique, de conseiller véridique et amical qui m’était si gracieusement déféré, et que je continuais de tenir de mon mieux : « (21 septembre 1833.)
Sur l’aimable et sage M. de Boismorel, qui joue un si beau rôle dans les Mémoires ; sur Sévelinges l’académicien89, qui n’est pas non plus sans agrément ; sur certain Genevois moins léger, et « dont l’esprit ressemble à une lanterne sourde qui n’éclaire que celui qui la tient ; » sur toutes ces figures de sa connaissance et bientôt de la nôtre, elle jette des regards et des mots d’une observation vive, qui plaisent comme ferait la conversation même.
La pièce de Fénelon est fondée sur un fait qui est entièrement du genre du drame : cependant il suffît du rôle et du souvenir de ce grand homme pour faire de cette pièce une tragédie.
Dans d’autres traités, il s’appliquera à mettre en honneur la raison et son double rôle dans la vie morale, pour détourner des passions, et pour préparer sa foi.
XIII Il importe donc de bien comprendre le rôle des travaux du savant et la manière dont il exerce son influence.
Le rôle de l’historien se réduit donc à constater si une œuvre est vraiment supérieure et en quoi elle l’est.
De même ces revenants jouent leur rôle dans la bataille.
D’autres mythes, d’une conception plus hardie, agrandissent démesurément le rôle de Prométhée sur la terre.
On sait le rôle que jouaient les scribes dans ce pays de l’épigraphie ; c’était celui des lettrés en Chine.
Je ne sais rien de plus humiliant, pour ma part, que cet emploi d’eunuque moral pris par un jeune homme qui pourrait jouer les rôles de sultan.
Il reçut, à la fin de septembre 1761, une lettre non signée, dans laquelle on lui disait : « Vous saurez que Julie n’est point morte et qu’elle vit pour vous aimer ; cette Julie n’est pas moi ; vous le voyez bien à mon style : je ne suis tout au plus que sa cousine, ou plutôt son amie, autant que l’était Claire. » C’était l’amie de Mme de La Tour, qui faisait ici le rôle de Claire, et qui dénonçait à Jean-Jacques l’admiratrice nouvelle, digne elle-même d’être admirée.
Ici, au xviiie siècle, ce n’est plus la vieille Macette, mais une Macette plus jeune et plus fine d’esprit, plus fraîche de joue, c’est Mlle d’Ette qui remplit exactement le même rôle auprès d’une jeune femme du monde.
D’où sortait donc cette personne si distinguée et si habile, qui ne semblait point destinée à un tel rôle par sa naissance ni par sa position dans le monde ?
après Richelieu et sous Louis XIV, il rêvait pour elle un rôle législatif dans l’État, tel qu’elle eût pu l’avoir du temps de Clovis ou de Pépin.
Disciple de Descartes en philosophie, mais disciple libre et qui se permettait de juger son maître, il comprit qu’il y avait un rôle à prendre, un milieu à tenir entre les gens du monde et les savants, et que l’esprit, qui, d’un côté, servait à entendre, pouvait servir, de l’autre, à exprimer.
Homme public, il avait sur le rôle de la France et sur sa magistrature en Europe des idées qui ont été souvent redites par d’autres et exagérées depuis ; mais il n’exagérait rien, quand il disait énergiquement : Un ouvrage dangereux écrit en français est une déclaration de guerre à toute l’Europe.
C’est le rôle que vous avez joué jusqu’à la dernière extrémité ; et certes quand vous avez quitté votre tribunal, il en était temps. » Dans une brochure qu’il écrivait à Bruxelles en 1793, et où il se séparait des émigrés violents et légers, parlant lui-même au nom des vrais royalistes : Plus d’une fois, disait Mallet du Pan, j’ai été leur organe, et ils ne m’ont jamais désavoué.
Pour expliquer le succès et la vogue de ce petit livre, il faut se rappeler qu’on commençait à être las des monstrueux romans anglais dans le genre d’Anne Radcliffe, qui se succédaient depuis trois ou quatre ans, et où les souterrains, les spectres, les chaînes jouaient un grand rôle.
Les qualités solides, l’application laborieuse de son esprit, et les sentiments de son cœur, répondirent à ce vœu de la nature et au rôle de la destinée.
Cette légère incohérence du rôle, et que toute l’habileté du jeu ne saurait couvrir, se retrouve un peu dans l’expression même, qui reste sensiblement artificielle et sans une complète fusion ; style de campagnard manié par un docte.
Né sans ambition de fortune, il se trouva placé à un rang qui pouvait sembler médiocre entre les rangs élevés, mais qui n’en était que plus propre à son rôle d’observateur politique.
Zola veut dire, par contre, que le cerveau est un organe comme un autre, que la pensée ne joue pas dans la caractérisation d’un individu un rôle plus considérable que son estomac ou son fiel, cela est simplement faux.
De temps en temps, par rentre-bâillement de la tapisserie, on voyait passer une face grimée en morisque, épiant si le moment d’entrer en scène était venu, ou le menton glabre d’un comédien jouant les rôles de femme.
J’aime suivre en elles les âges divers, les étapes, la formation d’un personnage, le jeune intellectuel juif, qui joue un grand rôle depuis plusieurs années en France, mais je ne les donne pas comme représentatives de la communauté israélite française14.
Il faut ajouter que le rôle de la femme était rempli par un homme très-long et très-maigre, dont la pudeur violée jetait les hauts cris.
En dépit d’un préjugé qui nous vient de Locke, c’est par des concepts généraux que l’enfant débute, et le rôle de l’expérience est précisément de les contredire et de les faire éclater. […] Mais comment de cette clarté conclure au rôle d’essence de la nature corporelle attribué par Descartes cartes à l’étendue ? […] Cette théorie joue chez lui un rôle trop important pour qu’on n’y voie qu’une métaphore et une façon de parler. […] La philosophie n’a pas à intervenir dans la solution de cette question ; mais son rôle est d’examiner quelle est la nature des lois que l’on considère comme présidant soit à la transformation, soit à la permanence des espèces, et de rechercher si ces lois éliminent toute idée métaphysique, ou si elles impliquent, plus ou moins enveloppé, quelque élément irréductible au mécanisme expérimental.
Le second tome apprécie « le rôle littéraire », l’influence d’Alfred de Vigny et complète le cadre du portrait. […] Les prêtres y ont un rôle important ; un prêtre s’y révolte et y mène sa propagande d’anarchie ; de grands débats d’idées y éclatent, touchant les principes et l’objet de la croyance. […] Et Paul Harel, le directeur, la proposa pour le rôle de la princesse Negroni, « une femme charmante et de belle humeur, qui aime les vers et la musique ». Mlle Drouet consentira-t-elle à se charger d’un rôle secondaire ? « Il n’est point de petit rôle dans une pièce de M.
Ce sont les oublis de Ronsard ; ce sont ces heures de trêve et de repos ; ce sont les moments où il a moins songé qu’à l’ordinaire à son rôle, à sa mission et à l’apostolat qu’il s’était donné. […] C’est Marguerite qui prend le premier rôle. […] Stendhal s’essaye quelquefois, dans ces lettres, à son rôle et à son métier de littérateur. […] Il a juste ce qu’il faut pour ce rôle, du reste. […] France a choisi pour ce rôle, et j’ai peut-être peu besoin de vous dire qu’une fois que M.
Marmier donne à ses comiques le rôle de comparses destinés à faire contraste. […] Sans doute, le bizarre y joue un trop grand rôle, et on y rencontre moins de portraits que de caricatures. […] Voici d’abord le mari qui, dans toute la première partie de son rôle, diffère peu de M. […] Dans ces deux rôles fort divers, Eugène Sue a également manqué de conviction. […] Avec moins de prétention au rôle de réformateur, Frédéric Soulié fut aussi funeste.
SON RÔLE. […] Avenir de la critique. — En quoi elle est contraire aux préjugés de siècle et de rôle. — Le goût n’a qu’une autorité relative. […] Son rôle.
L’Amour, l’inévitable Amour, l’immortel Cupidon des confiseurs, joue dans cette école un rôle dominateur et universel. […] Même pour montrer l’endurcissement dans le crime et dans la débauche, même pour nous faire soupçonner les bassesses secrètes de la goinfrerie, il n’est pas nécessaire de faire alliance avec la caricature, et je crois que l’habitude du commandement, surtout quand il s’agit de commander au monde, donne, à défaut de vertus, une certaine noblesse d’attitude dont s’éloigne beaucoup trop ce soi-disant César, ce boucher, ce marchand de vins obèse, qui tout au plus pourrait, comme le suggère sa pose satisfaite et provocante, aspirer au rôle de directeur du journal des Ventrus et des satisfaits. […] Tel est le rôle divin de la sculpture.
Ce nés écourté joue un grand rôle dans les injures et pamphlets orduriers contre le pauvre homme.
Là où la veille il n’y avait rien, le lendemain il y a un monde : que ce monde soit celui de Shakespeare ou d’Homère, de Molière ou d’Aristophane, de Sophocle ou de Corneille, d’Archimède ou de Pascal ; que ce soit, dans l’ordre réel, l’enchaînement des hauts faits d’un héros ou ces autres bienfaits publics émanés d’un législateur et d’un sage, il n’importe : la médiocrité de la foule, en ajoutant petit à petit tout son effort durant des années, n’aurait pu y atteindre ; tous les ingénieux Marivaux en tout genre, tous les distingués et les habiles, tous les grands médiocres (comme Marivaux lui-même les appelle), entasseraient grain sur grain pendant des siècles pour s’élever et se guinder en se concertant jusqu’à cette sphère supérieure, ils n’en sauraient venir à bout : ce sont des facultés distinctes et diversement royales, don de la nature et du ciel, qui destinent et vouent quelques mortels fortunés à ces rôles, tout aisés pour eux, d’enchanteurs de l’humanité, de conducteurs vaillants et de guides.
L’amour-propre est si ingénieux, même chez les plus humbles, que cet aveu de son tort et l’explication qu’il en donne vont tourner encore à la glorification de son rôle réservé et de son utopie chérie : Il y a, confesse-t-il, dans quelques-uns de mes ouvrages plusieurs points qui sont présentés avec négligence, et qui auraient dû l’être avec beaucoup de précaution pour ne pas réveiller tes adversaires.
Ce rôle est connu, mais personne ne l’a jamais mieux rempli, plus honnêtement, plus loyalement, avec plus de bonhomie.
Tant que vécut son second mari, elle n’eut point toute liberté à cet égard, et ce n’est qu’après sa mort, en 1764, qu’elle entra dans la possession et l’exercice du dernier rôle qu’elle sut si bien remplir.
Ses relations anciennes avec la famille d’Orléans, ses obligations particulières et connues envers le prince auquel le tzar se montrait personnellement si contraire, ne rendaient pas son rôle plus aisé ; de plus diplomates que lui se seraient trouvés embarrassés en sa place : il s’en tira à merveille, avec droiture, loyauté et bon sens.
Je ne croyais pas que le mot d’apôtre, appliqué à un littérateur, fût une diminution de son rôle ; mais j’accorde très-volontiers que M.
Chapelier, qui, à l’exemple de Barnave, ne demandait pas mieux que d’entrer dans cette voie de transaction et qui en avait pris même l’engagement secret à la veille de l’ouverture des débats pour la révision de l’acte constitutionnel, fut le premier à y manquer quand on fut à la tribune ; il y manqua, parce qu’on n’est pas libre de rétrograder quand on marche en colonne, parce que la force des choses en ces moments domine les volontés particulières ; parce qu’il y a courant et torrent irrésistible au dedans des assemblées comme au dehors ; parce que les mêmes hommes ne peuvent pas jouer deux rôles opposés à quelques mois d’intervalle devant les mêmes hommes, devant les mêmes murailles ; parce que l’esprit même y consentant, la langue tourne et s’ refuse ; parce que les murs, à défaut des fronts, ont une pudeur ; parce qu’enfin les uns se lassant, d’autres tout frais et tout ardents succèdent, qui ne permettent pas ces petits compromis particuliers avant le complet déroulement des principes et l’entier épuisement des conséquences.
Les distances, les boues, les glaces, les neiges, les hasards, jouaient le principal rôle.
Qu’on regrette qu’il y ait eu interruption depuis deux cents ans déjà avec les sources premières du moyen âge et que la déviation ait été si profonde, je le comprends ; mais qu’on en fasse un crime à de jeunes hommes qui n’ont eu encore le temps que d’embrasser et d’épouser un seul ordre d’études, le plus noble de tous, et qui, la plupart, vont s’y consumer par trop de zèle et s’y dévorer, cela est souverainement injuste, et c’est méconnaître le rôle et la vocation assignés par la nature des choses et par la loi de l’histoire aux générations successives.
Le rôle de simple narrateur nous va mieux, et ne mène pas moins directement à notre but, qui est de faire apprécier d’un plus grand nombre notre célèbre contemporain.
Jamais on n’a mieux senti, au sein de la littérature usuelle et de la critique active, le manque de tant d’écrivains spirituels, instruits, consciencieux, qui avaient pris un si beau rôle dans les dernières années de la Restauration, et qui, au moment de la révolution de Juillet, en passant brusquement à la politique, ont fait véritablement défection à la littérature.
Ce rôle de pur vaudevilliste à saillie franche et gaie va aboutir à la très-spirituelle bouffonnerie l’Ours et le Pacha (1820), dans l’idée de laquelle il faut compter pourtant M.
introduisait dès lors cette manière de crier tout haut famine et de se poser en mendiant glorieux, rôle que je n’avais cru que du jour même chez nos grands auteurs.
Il ne nous semble même pas impossible que quelque circonstance particulière de son aventure l’ait excité à composer Mélite, quoiqu’on ait peine à voir quel rôle il y pourrait jouer.
Nous n’avons plus affaire à ce jeune et sincère désabusé qui a écrit l’Essai en toute rêverie et en toute indépendance, y disant des vérités à tout le monde et à lui-même, et ne se tenant inféodé à aucune cause : ici il se pose, il a un but, et le rôle est commencé.
De là la misérable étroitesse de sa critique religieuse : il ne sut comprendre ni l’essence du christianisme, ni son rôle consolateur et civilisateur.
On n’est pas mécontent des autres jusqu’à prendre le rôle de Timon, ni de soi-même jusqu’à vouloir entrer dans un couvent.
Un poète lui offrait un rôle dans une pièce où ses amis, disait-il avec candeur, avaient loué quelques beaux vers. « J’aime mieux les bons », lui dit Talma.
Les socialistes se trompent grossièrement sur le rôle intellectuel de la femme : ils voudraient en faire un homme.
Deux frères de cette bande se relayaient pour venir à l’école à tour de rôle.
Ils ont aidé la comédie à remplir la tâche difficile de faire rire les honnêtes gens ; mais, dans la comédie même, le jeune premier est parfois trop réduit au rôle d’éternel soupirant.
— Monsieur, je vous l’accorde avec reconnaissance… Ainsi lui répond la marquise : pourtant le duc ne veut pas jouer le rôle d’Arnolphe ; il lui faut le consentement de la jeune fille, mais à la guerre comme à la guerre !
C’est à l’enfant, d’abord, quelle s’adresse ; mais la petite joue son rôle connue une comédienne qui aurait dix années de planches.
Montmesnil, qui avait été un moment abbé, mais qui n’avait pu résister à sa vocation, jouait admirablement l’Avocat Patelin, Turcaret ; il faisait aussi le marquis dans Turcaret, le valet La Branche dans Crispin, et en général il excellait dans tous les rôles de valets et de paysans.
Galiani, dans cette dispute, a l’air de jouer le beau rôle ; il semble plaider en faveur de l’ordre et de l’Ordonnateur suprême, contre l’athéisme dogmatique et par trop brutal de ses amis : ne nous en faisons pourtant pas, d’après ce facétieux sermon, une trop édifiante idée.
Il acceptait, il revendiquait alors ce rôle d’accusateur public et de délateur que plus, tard il flétrira.
On sait que la faiblesse de Louis XIV, obsédée par celle de Mme de Maintenon, cette nourrice plus que mère du duc du Maine, alla vers la fin jusqu’à égaler en tout les bâtards aux princes du sang légitimes, à les déclarer en définitive habiles à succéder au trône, et sa dernière volonté, si elle avait été suivie, ménageait au duc du Maine le rôle le plus influent dans la future Régence.
L’actrice était belle et dans son rôle ; il y avait des scènes à effet, bien théâtrales, des tirades éblouissantes, un vernis tout frais et tout nouveau, quelques mouvements qui accusaient la force et l’impétuosité de la muse, un peu de Sapho, pas mal de Phèdre.
Lorsque, décidément, le Mirabeau pamphlétaire eut cessé et que l’orateur eut levé la tête, quand il eut pris son grand rôle dans les assemblées des États de Provence et qu’il s’y fut dessiné comme tribun déjà et comme pacificateur tout ensemble, le vieillard, lisant la relation de ces scènes mémorables, s’écria : « Voilà de la gloire, de la vraie gloire !
Le monde politique est aussi réglé que le monde physique ; mais, comme la liberté de l’homme y joue un certain rôle, nous finissons par croire qu’elle y fait tout.
» Le peuple, à ces saillies, applaudissait, et l’abbé Maury obtenait la vogue d’un acteur qui est bien dans son rôle.
Marié, mais séparé de sa femme, qui n’était pas exempte de quelque extravagance, il avait emmené avec lui une petite personne appelée Manette, qui joue un certain rôle dans sa vie intime : c’est cette personne à qui il conseillait, comme elle ne savait pas lire, de ne jamais l’apprendre ; la pièce de vers très connue qu’il lui adressa se terminait ainsi : Ayez toujours pour moi du goût comme un bon fruit, Et de l’esprit comme une rose.
Il tenait du duc d’Orléans, futur régent, du marquis de La Fare, de Chaulieu et des habitués du Temple, du grand prieur de Vendôme chez qui, plus tard, Voltaire jeune le rencontrera au passage : il lui suffisait, en tout état de cause, de rester digne de ce qu’il appelait la société des honnêtes gens, mais ce mot commençait à devenir bien vague ; et Saint-Simon, plus sévère et qui pressait de plus près les choses, disait de lui : « C’était un cadet de fort bonne maison, avec beaucoup de talents pour la guerre, et beaucoup d’esprit fort orné de lecture, bien disant, éloquent, avec du tour et de la grâce, fort gueux, fort dépensier, extrêmement débauché (je supprime encore quelques autres qualifications) et fort pillard. » Ce qui s’entrevoit très bien dans le peu qu’on sait du rôle du chevalier de Bonneval dans ces guerres d’Italie, c’est qu’il n’était pas seulement né soldat, mais général : il avait des inspirations sur le terrain, des plans de campagne sous la tente, de ces manières de voir qui tirent un homme du pair, et le prince Eugène dans les rangs opposés l’avait remarqué avec estime.
Cela semblait le seul beau rôle des gens comme il faut.
Le rôle de Cosnac dans cette petite cour et ses relations avec Madame sont trop honorables et trop particulières pour être ainsi étranglées ; je me réserve d’y revenir en m’arrêtant sur ce gracieux et séduisant personnage de Madame, dont il nous fait connaître les pensées et nombre de lettres intimes.
La lecture de Robinson fut pour lui un événement ; lui aussi, il cherchait en imagination son île, mais bientôt ce ne fut plus une île solitaire, il s’y donnait des compagnons ; il la peuplait à son gré d’un monde choisi, dont il se faisait le législateur pacifique : car il était ambitieux, et son penchant le portait naturellement ou à s’isoler ou à se donner le beau rôle.
Ces premières années de séjour en Suisse sont marquées par beaucoup de joie, de gaieté ; Voltaire sent qu’il est redevenu libre ; il se mêle à la vie du pays, et y fait accepter la sienne ; il fait jouer chez lui la comédie, la tragédie, et trouve sous sa main des acteurs de société, et point du tout mauvais, pour les principaux rôles de ses pièces.
On peut d’ailleurs, en vertu des corrélations mécaniques qui existent entre les diverses parties du corps vivant, admettre que certains points finissent par jouer d’ordinaire, par rapport à certains autres, le rôle d’organes relatifs d’inhibition, de même qu’il y a des points qui sont relativement sensoriels ; mais c’est là une organisation dérivée, qui n’implique pas une séparation primitive et complète, soit des fonctions sensorielle et motrice, soit des fonctions excitatrice et inhibitoire.
On sait le rôle politique de la Sphère, de l’Hydre, du Spectre.
Bien évidemment, en ces temps où se développent marxisme et socialisme, les choix politiques orientent une telle lecture du rôle des « masses » dans l’histoire.
Il a passé ses dernières années à draper décemment autour de son pauvre corps les plis d’une tunique mortuaire, sans oublier jamais son rôle de malade spirituel, sans une lamentation, une demande de grâce, sans même la raideur théâtrale du stoïcien.
Une sorte de parti pris gigantesque, la mesure habituelle dépassée, le grand partout, ce qui est l’effarement des intelligences médiocres, le vrai démontré au besoin par l’invraisemblable, le procès fait à la destinée, à la société, à la loi, à la religion, au nom de l’Inconnu, abîme du mystérieux équilibre ; l’événement traité comme un rôle joué et, dans l’occasion, reproché à la Fatalité ou à la Providence ; la passion, personnage terrible, allant et venant chez l’homme ; l’audace et quelquefois l’insolence de la raison, les formes fières d’un style à l’aise dans tous les extrêmes, et en même temps une sagesse profonde, une douceur de géant, une bonté de monstre attendri, une aube ineffable dont on ne peut se rendre compte et qui éclaire tout ; tels sont les signes de ces œuvres suprêmes.
Tel est le grand rôle de la philosophie ; elle est avant tout une méthode et une discipline.
Mettez ce rôle sur la scène.
Le premier de ces deux ressorts a sans doute le plus de force ; mais l’imagination peut quelquefois en jouer le rôle et en tenir la place.
Ce que pensait Attila, le rôle des dieux qui tombaient, celui du Dieu qui s’élevait, la défiance créée entre Rome et Constantinople par l’érection de cette dernière en siège de l’Empire, le travail intérieur du Christianisme parmi ces peuples, à la faveur d’une mission qui courait comme la foudre, soit souterrainement, soit en plein jour, rien de tout cela, qui était l’important dans une telle histoire, ne se trouve dans l’ouvrage de M.
Si les prévisions d’aujourd’hui ne nous trompent pas, la pensée de l’avenir s’orientera, en chaque individu, vers une existence panthéistique, où tous les éléments qui nous entourent rempliront librement leur rôle respectif à notre égard, une existence qui, loin de sombrer dans cet océan d’actions et de réactions, s’enrichira du tout, de chaque parcelle d’univers, créée pour nourrir sa prodigieuse et toujours plus vaste unité.
Quel est le rôle de la mémoire chez l’animal ?
Conduit à Caracas, où son père devenait président de l’audience royale, respirant l’air de la première république proclamée à Venezuela, il ne rêva plus que le rôle de Tyrtée du nouveau monde.
En vain veut-il se rappeler qui remplit jadis, lors de la création, le rôle de Ménélas dans La Belle Hélène, il ne le peut pas. […] Ce fut la mort qui se chargea de remplir le rôle d’accapareur de gloire. […] Son rôle social est d’amuser les oisifs et les passants, de faire rêver les femmes ; elle ne l’entend pas autrement. […] Ce qui m’a le plus frappé, c’est le rôle que la presse, les peintres, les donneurs d’avis qui n’ont point manqué dans cette inconcevable affaire, attribuèrent si bénévolement à l’opinion publique. […] *** Aujourd’hui la presse est libre, mais à la condition qu’elle restera dans son strict rôle d’abrutissement public.
L’abbé Bourgeois n’est probablement pas destiné au rôle de précurseur. […] L’onomatopée n’y joua peut-être pas un grand rôle, malgré l’opinion commune ; cela, c’est un jeu de raffiné, d’oisif. […] Il partit, se promettant d’évangéliser la Babylone moderne, mais son rôle fut des plus modestes. […] joue décidément un grand rôle dans toutes ces histoires. […] Il est tout naturel qu’il joue son rôle dans l’alimentation, qui est une de nos activités les plus importantes.
Mais il ne peut remplir ce rôle d’une manière complète que s’il l’est aussi, intellectuellement. […] Les Hohenzollern n’ont joué le rôle que l’on sait dans l’histoire du peuple allemand qu’en raison d’une entière correspondance entre leur action et le génie profond de ce peuple. […] Leur rôle dans la figuration politique était plus modeste aussi, trop modeste à de certaines heures. […] Les réserves n’ont joué leur rôle décisif, dans la terrible épreuve, qu’en se coulant dans l’active. […] Cette objection est l’indice que nos gens continuent à donner, comme les Jacobins, un rôle contre nature à l’État, celui de gouverner les composants divers d’une nation d’après un type unique.
A condition de les combiner, et c’est tout le rôle que la raison doit s’attribuer. […] Tel fut son rôle au moyen âge ; les événements indiquent que tel doit être son rôle encore aux temps modernes. […] On est en République en 1830, parce que le gouvernement n’a pas de droit en lui-même, et n’emprunte son droit d’un jour qu’au consentement populaire plus ou moins nettement exprimé ; on est en République et l’on tend à une République purement démocratique. — Le rôle de l’Église en présence de ce fait considérable ? […] Il est dans leur nature qu’ils le soient quelquefois ; il est bon qu’à un moment donné ils le soient ; l’Église, encore un coup quoiqu’elle soit autre chose, étant, d’essence première et de rôle primitif, une borne placée devant les empiétements de l’État sur les libertés personnelles. […] Les initiateurs disparaissaient dans leur gloire et récompensés par le souvenir qu’ils laissaient dans le monde au moment juste où leur rôle était fini et leur fécondité d’initiation épuisée.
On se fera une idée assez juste de la conscience qu’il pouvait avoir lui-même de la portée de ses attaques, si l’on compare son rôle à celui de ces anciens fous de cour dont la fonction était d’amuser le maître du lieu : usant avec hardiesse de la liberté de langage qui leur était laissée, ils osaient l’avertir en le divertissant. […] Il met sur la scène sa propre personne investie du beau rôle et dans sa personne celle du peuple, du peuple roturier en passe de devenir souverain. […] Dans ces petites pièces, la comtesse de Rochefort jouait des rôles d’ingénue ; ceux de grande coquette étaient tenus par la marquise, depuis duchesse et maréchale de Mirepoix ; Mme de Forcalquier faisait les soubrettes. […] » Les rôles d’amoureux et de petit-maître étaient tenus par le duc de Duras, le marquis de Gontaut, le marquis de Clermont d’Amboise, le marquis d’Adhémar, le comte de Forcalquier, et surtout le duc de Nivernois, qui à toutes sortes de talents et d’agréments de société joignait celui de jouer la comédie avec tant de distinction et de charme que les acteurs de profession venaient apprendre à son école. C’est Duclos qui remplissait les rôles de valet.
Née, je l’accorde, du désordre et de la confusion d’idées produits par une révolution, elle s’est fait bientôt de l’accroissement du mal, de la propagation de l’erreur, de l’exaltation de la passion sous toutes ses formes, non pas une arme ou un jeu, comme on l’avait vu en d’autres temps, mais ce qui est plus triste et plus honteux, un rôle de vanité, un moyen de succès, un instrument de cupidité ou d’ambition : elle a vendu du poison sciemment et pour en faire lucre ; elle a joué le rôle de ces femmes sans nom dont l’industrie infâme encourage le vice pour l’exploiter. […] Mais il en est deux surtout qui ont joué de nos jours un rôle singulièrement actif et exercé sur les esprits une domination étrange ; c’est le théâtre et le roman : le théâtre, qui est à peu près la seule forme littéraire accessible à la foule, et qui a d’ailleurs de si fortes prises sur l’âme humaine ; le roman, qui s’est conquis une si grande place dans les littératures modernes, et qui, merveilleusement approprié à l’esprit, aux besoins de nos sociétés, sait s’emparer des imaginations, et par là dominer surtout les femmes et les jeunes gens, deux grandes puissances en tout pays, particulièrement dans le nôtre. […] Naturellement le théâtre a eu ici le principal rôle, puisque c’est à lui que revient de droit l’élément comique. […] Quand ces sinistres applaudissements se furent changés en clameurs révolutionnaires ; quand le cri de colère poussé par le théâtre contre les riches se fit entendre dans la rue, on vit encore le drame, fidèle à son rôle, encourager les vainqueurs à l’œuvre de nivellement et de destruction. […] Déjà chez le poète anglais, un peu d’affectation s’était mêlé à l’inspiration sérieuse : il s’était fait à la longue comme un rôle de sa douleur, mettant je ne sais quelle ostentation à s’identifier avec ses héros, victimes éternelles du destin, en révolte contre Dieu et en guerre contre la société.
Herckenrath se montre assez curieux et assez bien informé du rôle de l’accoutumance et de l’hérédité dans l’esthétique ; et là-dessus il a de bonnes pages. […] On sait que plus tard l’exquise duchesse de Bourgogne fut très soupçonnée d’avoir joué à la cour de France, dans le plus profond mystère et qui ne fut démêlé qu’après sa mort, un rôle qui appartient à la diplomatie souterraine. […] Sa femme, la Marseillaise gaie et rieuse, l’aidait, très naturellement, dans ce rôle. […] Il met un énorme effort de volonté à jouer un rôle qui, même comme rôle, n’est pas dans les habitudes de sa race. […] Voilà le rôle du prédicateur.
« — Après avoir été frapper à la porte de la Scala pour y chanter les rôles de ténor, le comte vint frapper à la porte du couvent des bénédictins ; de pareilles oppositions sont toutes naturelles. » C’est Stendhal qui a écrit cela, et je ne vois pas pourquoi ce qui est arrivé tout à fait au mondain de l’auteur de Rouge et noir n’arriverait pas un peu à M. […] Il symbolisait ainsi, sans le savoir, l’étrange renversement des rôles qui voulait que, dans cette liaison, il eût toujours représenté l’élément féminin, avec sa frêle personne, son innocence entière, la candeur de ses émotions craintives. […] Votre réputation pourrait en souffrir… et de plus je joue ici un rôle de Tartuffed qui me révolte, car la vérité est que je vous aime en amant et non en ami… Il faut donc en finir… autrement vous ne tarderiez pas à me mépriser, comme je commence à me mépriser moi-même. — Je ne voudrais pas vous quitter à moins que vous me l’ordonniez, mais, si je reste, il faut que vous me fassiez la grâce d’accepter mon nom, de m’épouser enfin… Je sais ce que je fais, croyez-le bien… Je sais ce que je vous propose : — C’est un crime ! […] Sous ce titre : Les Monach (chez Ollendorff), l’auteur a tenté, avec beaucoup de tact, de nous donner une étude du rôle joué par la société juive dans le grand monde parisien. […] Il avait parlé du rôle de l’âme dans l’amour !
Quels furent son rôle et son devoir en ce monde ? […] Frédérick-Lemaître compose un rôle avec l’ampleur et la largeur du génie. […] Chacun accomplit magnifiquement et humblement son rôle de prédestiné. […] Chaque personnage est, pour ainsi dire, blasonné par la mélodie qui représente son caractère moral et le rôle qu’il est appelé à jouer dans la fable. […] Vous figurez-vous celui-ci obligé d’écrire un rôle pour sa femme qui n’a pas de talent ?
J’aurais voulu que Louis-Philippe acceptât le rôle réparateur de lieutenant général de Charles X, avec la tutelle de son petit-neveu Henri V. […] Au milieu de cette cour un peu surannée, vous aviez le beau rôle, fidélité désintéressée au passé, affection compatissante au présent, foi muette dans un mystérieux inconnu qui s’approchait sans dire son nom.
Quel sera le rôle de cet être dans le monde ? […] En politique, il a le mauvais rôle : le livre de la Politique selon l’Écriture sainte paraît le livre des tyrans, comme le Télémaque paraît celui des bons princes et des peuples libres.
Mercredi 25 janvier Ce soir, le peintre Doucet me parlait des actrices anglaises, de leur aspect chaste, éphébique, et presque de cette apparence, qu’elles ont d’intactes et de glorieuses pucelles, apparence qui leur permet de dire, dans des rôles, comme ceux de Porcia, de dire des choses énormes, sans qu’on soit choqué : ce qui n’est pas donné à l’actrice française, qui, lorsqu’elle dit une obscénité, une cochonnerie, a l’air d’y goûter. […] À propos de l’encens qui joue un grand rôle dans le Talmud, il y est parlé comme d’un magicien, d’un prêtre célèbre, qui faisait monter l’encens en colonne, au moyen d’une herbe qu’il mêlait à l’encens.
Mais il est bien loin d’être aussi évident, au point de vue de la théorie communément adoptée, pourquoi la structure de l’embryon doit être d’une plus grande importance, sous ce même rapport, que celle de l’adulte, qui seul joue son rôle complet dans l’économie de la nature. […] Le principe d’économie que nous avons exposé dans un chapitre précédent, et en vertu duquel tous les matériaux qui forment un organe inutile à son possesseur sont épargnés autant que possible, doit aussi probablement jouer son rôle, et tendre de plus en plus à causer l’entière oblitération de l’organe rudimentaire.
Or, c’est là tout le rôle de la poésie : émouvoir et rendre bon. […] Tous les grands à tour de rôle, quand je les lis, ou quand j’y rêve.
Immédiatement deux conséquences se font jour : la première concerne le choix du sujet ; la seconde oriente le rôle social de l’art. […] C’est pourquoi, conscient de son rôle d’écrivain, le poète symboliste, en psychologue averti, s’est imposé la rude mais glorieuse tâche de recréer toutes ses images et de nettoyer ses métaphores au point que toute sa personne y resplendisse.
Ces préliminaires une fois accomplis, cette dette payée, et comme tout échauffé encore de sa guerre de montagnes, il sort enfin de la politique locale et s’élève au rôle de publiciste européen par ses Considérations sur la France. […] Mignet inscrivait, il y a près de vingt ans, en tête de son histoire : « Mais nos neveux, qui s’embarrasseront très-peu de nos souffrances et qui danseront sur nos tombeaux, riront de notre ignorance actuelle ; ils se consoleront aisément des excès que nous avons vus, et qui auront conservé l’intégrité du plus beau royaume après celui du Ciel. » — Le rôle, la fonction, la magistrature de la France entre toutes les nations d’Europe n’a été nulle part plus magnifiquement reconnue. […] Il ne jouait jamais en conversation que le rôle d’attaquant, comme dans ses livres.
Ce qu’on appelle une réalisation est un véritable problème de rendement dans lequel n’entre à aucun degré le sens particulier, la clef que chaque auteur attribue à ses matériaux, mais seulement la nature de ces matériaux et l’esprit du public. » Le rôle de l’artiste est d’établir la communication entre l’être de sa matière artistique (couleur, formes, vers) et l’être du spectateur ou du lecteur. […] L’attitude et le rôle théoriques de Valéry paraissent dès lors clairs. […] Dès qu’a lui l’éclair en lequel elle s’acquitte de sa fonction de rapport, son rôle est fini.
Bressant a beaucoup d’insolence, de morgue et parfois de majesté dans le rôle si bien tracé et si historique de Charles-Quint. […] Mais le cœur y joue un grand rôle, dans ce recueil, le cœur, un viscère qui tient lieu de tout, âme, cerveau, et… correction à messieurs les inspirés ; mais les crucifix lamartiniens y alternent avec les flacons de ce divin Musset, et voilà M. de Beauvoir, — un nouvelliste agréable, du reste, passé grand poète ! […] Rendons-nous seulement compte des œuvres et de leur rôle dans ce 1830 qui nous occupe.
Dans les Mystères d’Eleusis 40, il résout un problème qui touche aux origines du christianisme, et il donne ainsi de l’actualité à l’histoire des religions primitives ; sa conclusion est qu’il n’y a jamais eu de philosophie éleusinienne, que nous sommes en présence, non pas d’une religion, mais de manifestations où la magie joue le rôle principal et que les traits de détail que l’on peut retrouver dans les mystères et dans le christianisme ne sont que des expressions quasi spontanées du sentiment religieux. […] Les premiers conflits qu’interprète l’auteur se dénouent dans l’horreur ; l’argent y joue le rôle prépondérant, et le tempérament que M. […] Mais le rôle de l’écrivain, tout le porte à l’élargir dans le sens social ; de Barrès il tient cette volonté et le sentiment de la grandeur, du réalisme. […] Le gramophone jouant un grand rôle dans l’armée anglaise, Aurelle en profite pour donner au mess une audition du Prélude à l’après-midi d’un faune ; mais le fox-trott y reçoit un accueil beaucoup plus favorable.
Apparente androgyne qui repousse son rôle naturel et, naïvement ou perversement, fait l’homme. […] Malgré le rôle burlesque qui lui est imposé, il y en a de plus ridicules dans sa troupe. […] En des vers plats, invertébrés, Il fut, en Grèce, un roi qui s’appelait Candaule, j’ai entendu Camille Bruno comparer les écrivains à Ce mari surprenant entre tous les maris qui … Soutint sans broncher son déplorable rôle. […] Pour que le livre soit de meilleure défaite de l’autre côté de l’eau, les Américains y ont le beau rôle. […] Elle joue, en somme, un rôle féminin en continuant la maman.
Gui Patin se flattait de remplir un rôle analogue en médecine.
Mais voilà, quand les batailles du roi sont bel et bien ordonnées (trois grosses batailles et deux moindres, mais d’élite, placées en tête), voilà qu’arrive au galop, piquant des deux et venant de Poitiers, le bon cardinal de Périgord, qui va se démener tout le jour à vouloir faire la trêve entre les deux armées : rôle honorable, mais vain, et qui le fait un peu ressembler à l’archevêque Turpin dans les romans des douze pairs26.
Lui, il valait infiniment mieux que ce dernier rôle auquel il s’était réduit.
Le rôle de mari de femme de lettres, de femme artiste, est sans doute délicat à porter : La gloire d’une épouse est un pesant fardeau.
Sainte-Beuve : « À Douai, nous sommes tous ravis : vous avez retrouvé tout ce qu’il y a au fond des âmes flamandes ; il n’est pas jusqu’à votre petit mot sur Martin (du Nord) qui n’aille à l’âme de ses compatriotes ; ici l’homme passe toujours avant l’homme public : le dernier n’est considéré que comme un acteur jouant plus ou moins bien son rôle. » — Le fragment de lettre suivant trouve naturellement sa place ici : « … l’excellent M.
Saint-Évremord, qui est meilleur à entendre, remplissait auprès d’elle le rôle assez compliqué d’un vieil ami, empressé, amoureux, non jaloux, confident et conseiller assez écouté, mais non obéi.
Avant le moment de sa conversion, Rancé fut député du second ordre à l’Assemblée générale du Clergé qui se tint dans les années 1655-1657 ; il y eut un rôle assez actif et même d’opposition à la Cour, au moins en ce qui concernait les intérêts du cardinal de Retz, son ami, qu’on voulait déposséder.
Elle était bien jeune encore pour le rôle qu’on lui prête ; mais tout annonce que sa maturité, comme ensuite son désabusement, devança l’âge.
Ce genre de vie, auquel il est si peu propre, l’engage au milieu des situations les plus amusantes pour nous, sinon pour lui, comme dans cette scène de boudoir où la coquette essaye de le séduire, ou bien lorsque, remplissant un rôle de femme dans un rendez-vous de nuit, il reçoit, à son corps défendant, les baisers passionnés de l’amant qui n’y voit goutte.
Dans l’étude de certains États, qui par leurs circonstances, encore plus que par leur petitesse, sont dans l’impossibilité de jouer un grand rôle au-dehors, et n’offrent point au-dedans de place qui puisse contenter l’ambition et le génie, il faudrait observer comment l’homme tend à l’exercice de ses facultés, comment il veut agrandir l’espace en proportion de ses forces.
Extrait des rôles de la taille pour trois métairies à M. de Ruillé : Impôts en 1762, 334 livres 3 sous ; en 1783, 372 livres 15 sous.
Rôle de l’image substitut de la sensation. — Elle provoque le même travail hallucinatoire. — Exemples. — Cas où ce travail aboutit. — Observations de M.
L’imagination, plus impressionnable, jouait, dans ce monde antique, un plus grand rôle que dans les temps modernes ; la critique n’y existait pas.
Les Médicis ne voulaient ni de cette gloire soldée, ni de ces chutes honteuses ; ils préféraient leur rôle civique et leur croissance régulière par l’estime publique dans un pays prospère et libre.
Selon les cas, il devait prendre à tour de rôle la France de Louis XIV, la Grèce de Périclès ou la Rome d’Auguste, comme des exemplaires également authentiques, inaltérés et complets de l’éternelle vérité et de la raison universelle.
Il joua un certain rôle pendant les troubles, d’abord pour préserver la ville de Bordeaux pendant les quatre années de sa mairie, mais aussi pour préserver la ville de Bordeaux pendant les quatre années de sa marie, mais aussi dans la politique générale comme négociateur, intermédiaire et confident : les chefs des partis le recherchaient pour sa modération, sa sûreté et sa pénétration.
Relisez la plus grande partie du rôle de Tartufe.
Nous lui soufflerons le rôle, mais, pour Dieu, qu’elle n’aille point se piper au jeu, et croire à la réalité de notre hommage.
Là encore, je jouerais le rôle réfutatif, à meilleur droit sans doute.
Si, continuant le rôle de Législateur, je faisois afficher au coin des rues cette maxime : Un Monarque qui cesse d’être le Berger de son Peuple, en devient l’ennemi ; l’obéissance à un tel Prince est un crime de haute trahison au premier chef contre l’humanité L’Astique tolérat Pag. 105.
Et l’art est justement fait pour en offrir de pareils, son rôle étant d’opposer aux réalités iniques de la vie l’idéal de la bonté et de la vertu.
M. de Sandone crut devoir se rendre propre le sentiment qu’il avait à feindre, et devint amoureux de moi pour mieux exprimer son rôle.
Biot s’est demandé lui-même : Était-ce bien Saint-Just, le terrible Saint-Just, qui joua ce rôle de bienfaiteur inconnu ?
La bourgeoisie de l’heure actuelle ne recherche guère l’homme de lettres que lorsqu’il est disposé à accepter le rôle de bête curieuse, de bouffon ou de cicérone à l’étranger.
Dans le débat, il tire du côté de la guillotine, c’est son rôle, c’est son état.
Ces renversements de rôles mettront dans leur jour vrai les personnages ; l’optique historique, renouvelée, rajustera l’ensemble de la civilisation, chaos encore aujourd’hui ; la perspective, cette justice faite par la géométrie, s’emparera du passé, faisant avancer tel plan, faisant reculer tel autre ; chacun reprendra sa stature réelle ; les coiffures de tiares et de couronnes n’ajouteront aux nains qu’un ridicule ; les agenouillements stupides s’évanouiront.
Le rôle de Caton est fort au-dessus de celui de Cornelie dans le Pompée de Corneille ; car Caton est plus grand sans enflure & Cornelie, qui d’ailleurs n’est pas un personnage nécessaire, vise quelquefois au galimatias.
La difficulté de l’expression est en raison de l’originalité de la pensée ; à l’abstraction croissante des concepts, à l’imprévu toujours plus grand des jugements, correspond un écart toujours plus difficile à combler entre le langage usuel et le rôle nouveau qu’il est appelé à remplir, entre l’offre du langage, pourrait-on dire, et la demande de la pensée.
Tirée de sa campagne, amenée en parure, comme une princesse des contes de fées, sous l’éclat intimidant des lustres, elle y vint sans embarras, sans disgrâce, avec un aplomb chaste et patricien qui disait bien, malgré les torts de la fortune, pour quel rôle social elle était faite.
Un officier qui est à la hauteur de son rôle de chef, c’est-à-dire d’entraîneur d’hommes, a vite fait de discerner dans l’ouvrier révolutionnaire ces ressources d’énergie et de générosité.
Néanmoins, je me rends bien compte que notre rôle de chef de section est extrêmement périlleux : conduire des hommes au combat, c’est se désigner aux coups.
Cette dose de bizarrerie qui constitue et définit l’individualité, sans laquelle il n’y a pas de beau, joue dans l’art (que l’exactitude de cette comparaison en fasse pardonner la trivialité) le rôle du goût ou de l’assaisonnement dans les mets, les mets ne différant les uns des autres, abstraction faite de leur utilité ou de la quantité de substance nutritive qu’ils contiennent, que par l’idée qu’ils révèlent à la langue.
On verra tout à l’heure le rôle de ce concept dans la théorie d’Einstein.
Mais, en réfutant de si haut les malencontreux partisans de la première étymologie, Boileau, pour être juste, n’aurait pas dû laisser en oubli ce curieux début de la deuxième Néméenne, où sont désignés les homérides, comme des chanteurs de vers épiques recousus : expression qui semble amener le nom de Rapsodes, en même temps que la pensée de Pindare réduit évidemment au rôle de récitateurs errants ces hommes, dont un paradoxe moderne a prétendu faire les inventeurs fortuits de la grande épopée.
Les personnages, de l’enfance à la mort, naissent, grandissent, deviennent hommes, jouent leurs rôles, disparaissent ; mais quand ils se sont évanouis, il subsiste derrière eux de l’humanité et de la beauté, de l’essentiel et du plein. […] Il cite même à ce sujet un curieux texte de Rousseau lui-même dans la Lettre à d’Alembert : « Les anciens avaient en général un très grand respect pour les femmes, mais ils marquaient ce respect en s’abstenant de les exposer au jugement public, et croyaient honorer leur modestie en se taisant sur leurs autres vertus… Dans leurs comédies, les rôles d’amoureuses et de filles à marier ne représentaient jamais que des esclaves ou des filles publiques (comme les Geishas au Japon)… Depuis que des foules de barbares, traînant avec eux leurs femmes dans leur armée, eurent inondé l’Europe, la licence des camps jointe à la froideur naturelle des climats septentrionaux qui rend la réserve moins nécessaire, introduisit une autre manière de vivre, que favorisèrent les romans de chevalerie… C’est ainsi que la modestie naturelle au sexe est peu à peu disparue et que les mœurs des vivandières se sont transmises aux femmes de qualité. » Le rôle que le bon Rousseau attribue ici aux invasions des barbares et à la licence des camps nous ferait rire si nous ne songions que c’est bien dans de tels laboratoires ou dans leurs vapeurs que se sont en effet formées les modes physiques et morales du Directoire et de 1920. […] Le philosophe déclina ce rôle de cornac, et regarda le prétendu disciple à peu près de l’œil dont un professeur de rhétorique se voit écouté par le garçon qui porte dans les classes le cahier d’absences. […] Il intéresse d’ailleurs d’autant plus l’historien, à qui il plaît de voir seulement dans une œuvre sa fonction dans une suite littéraire ou son rôle dans le développement d’un écrivain. […] À partir de Walter Scott ce rôle de « natures » est tenu en Occident par des romanciers.
Ce même Karamsine joua un rôle politique bien différent de son rôle littéraire. […] Quel est le rôle historique du gardien ? […] Le classique avait fait de la nature un décor ; le romantique en fit une lyre où chantaient toutes ses passions ; nous avons renversé les rôles ; aujourd’hui c’est l’homme qui est la lyre passive, résonnant au moindre souffle du grand Pan. […] Abasourdi d’abord, l’inconnu entre dans son rôle et empoche l’argent. […] Pour la première fois, dans Pères et fils, il avait donné un rôle de grande coquette à une jeune veuve, et avec quelles précautions !
Comment se mettre soi-même au rebut, accepter un rôle de parade, quand la vie est si courte, quand rien ne peut réparer la perte des moments qu’on n’a point donnés aux délices de l’idéal ? […] Pour beaucoup de gens, la vie n’est plus qu’un méchant bout de rôle, à jouer avec des comparses médiocres, entre deux coulisses mystérieuses. […] Machines de travail, manœuvres, tel est notre rôle. […] Son rôle essentiel est de prolonger et de perpétuer l’individu en lui présentant le seul remède à la mort. […] Pardonnons aux femmes laides, et remercions ces bonnes créatures de jouer, pour aviver nos plaisirs, le rôle ingrat de repoussoirs.
Les crimes juridiques sont toujours précédés par un prologue où la basse police joue le principal rôle. […] De sorte que ce couple tiraillé se réconciliait, malgré tout, en des embrassades presque touchantes à cause du naturel avec lequel l’Empereur y joue son rôle de mari enjôlé (je dirais « un peu nigaud », si je ne craignais de commettre un crime de lèse-majesté). […] L’Empereur crut bien faire en assignant à son impératrice un rôle d’héroïne dans un roman fantastique et surhumain. […] On sait que, dans ces pays, les premiers rôles semblent appartenir aux généraux et aux avocats. […] Il s’est cru intéressant dans son rôle de sultan faisant choix d’une odalisque.
Leur rôle est de défendre les états d’âme en faveur ; ils sont les conservateurs du régime actuel ; ils opposent perpétuellement hier à demain. […] * * * Mais vous croyez la foule plus apte à comprendre le Naturisme naissant que le Symbolisme mort (dont vous définissez assez mal le rôle).
De chaudes, de nerveuses poignées de main m’accueillent, et l’une de ces mains est la main de Lafontaine, me tendant un petit bouquet de violettes, entouré d’une carte de sa femme, sur laquelle est écrit : Henriette Maréchal, le rôle joué en 1865. […] Dans une démocratie qui vit de liberté, et que féconde la variété des inspirations individuelles, le gouvernement n’a rien à édicter, rien à diriger, rien à entraver ; il n’a qu’à remplir, s’il le peut, et comme il le peut, un rôle discret d’amateur clairvoyant, respectueux des talents sincères, des belles passions et des volontés généreuses.
Tout se trouvait jeté dans le baquet aux injures son étude nouvelle de l’homme physiologique, le rôle tout puissant rendu aux milieux, la vaste nature éternellement en création, la vie enfin, la vie totale, universelle qui va d’un bout de l’animalité à l’outre sans haut ni bas, sans beauté ni laideur et les audaces de langage, la conviction que tout doit se dire qu’il y a des mots abominables nécessaires comme des fers rouges qu’une langue sort enrichie de « ces bains de force et surtout l’acte sexuel, l’origine et l’achèvement continu du monde tiré, de la honte où on le cache, remis dans sa gloire sous le soleil. […] C’est ainsi que les plus savants sur la matière ne peuvent rien pronostiquer sur la naissance d’un enfant, même en connaissant les parents puisque souvent ceux-ci ne jouent que le rôle subalterne d’agents conducteurs de la vie bien qu’étant les générateurs directs.
L’Église accepte ce rôle. […] Acquis sans retour à l’incrédulité, il revenait à Paris et il se résignait au rôle du « prêtre sans croyance, veillant sur la croyance des autres, faisant chastement, honnêtement son métier, dans la tristesse hautaine de n’avoir pu renoncer à son intelligence ». […] Fondre son être entier dans la nature, Frissonner du même frisson, Être mieux qu’un passant dans les choses qui sont, Jouer son rôle admirable et obscur Sur une scène harmonieuse, Acteur à la fois et témoin. […] Le rôle des habiles consiste à les fournir de mensonges sous lesquels ils puissent dissimuler leur vilenie et à profiter de leurs dissensions pour les dominer
Et ainsi il rend à l’intelligence ce rôle actif, ce rôle de défiance et de pénétration qui dans tous les ordres, a toujours été le seul qui permît et favorisât la connaissance. […] Écoutez plutôt (je ne puis vous donner qu’un tout petit échantillon) : Une des choses qui contribuent certainement au succès de Mme Berma, dit M. de Norpois en se tournant avec application vers ma mère pour ne pas la laisser en dehors de la conversation et afin de remplir consciencieusement son devoir de politesse envers une maîtresse de maison, c’est le goût parfait qu’elle apporte dans le choix de ses rôles et qui lui vaut toujours un franc succès, et de bon aloi. […] Voyez, elle s’est attaquée au rôle de Phèdre.
Moi-même qui tourne et sautille, peint, douloureusement gai, une chanson vide sur les lèvres dans un rôle de jour de fête : moi, moi, cet être qui tourne et sautille. […] Delahaye a l’air de s’imaginer que les enfants, seuls, ont besoin de comprendre l’histoire, et, dans son excessive politesse pour ces grands, ces vieux enfants qui sont les hommes d’aujourd’hui, il feint de ne pas avoir écrit pour eux, — comme superflues, — ses explications si lumineuses de la fusion des races, de l’implantation géniale du christianisme, du rôle providentiel, — accepté ou non, — du rude Clovis, de l’action gigantesque de Charlemagne ; de l’avènement et de l’écroulement des dynasties, de la lente et laborieuse fortune capétienne ; il n’adresse qu’aux collégiens sa belle comparaison, si concluante, de la corruption antique avec la saine rigueur du moyen âge ; c’est pour eux qu’il démolit, — avec quels biceps et quelle tranquillité ! […] Le portrait de la reine Mab, le rôle de Mercutio, toute la comédie de Comme il vous plaira sont pleins de ces qualités, qui reflètent répandues partout, en mille passages, les plus évidentes beautés côte à côte avec des orgies d’émotion. […] « Dame Mélancolie » qui doit lui rester et à qui il doit rester fidèle, joue ici le principal rôle, ainsi d’ailleurs que l’indique le titre général. — Aussi bien, les poèmes désignés par les sous-titres sont une marche lente vers un but qui n’est autre que cette idée : « Les rêveurs doivent être préférés aux gens raisonnables ».
Il y a pourtant, dans cette paradoxale théorie sur la rime, sur son rôle, sur la manière dont elle nous vient, une assez grande part de vérité. […] La rime alors ne joue qu’un rôle subordonné. […] En somme, une étude spéciale sur un poète — et sur un poète vivant dont la personne ne peut être qu’effleurée et qui, trop proche, est difficile à bien juger — et sur un poète lyrique qui n’exprime que son âme et qui ne raconte pas d’histoires — se réduit à marquer autant qu’on peut sa place et son rôle dans la littérature, à chercher où gît son originalité et des formules qui la définissent, à rappeler en les résumant quelques-unes de ses pièces les plus caractéristiques. […] III En parcourant ces sortes de feuillets d’album je me suis mis à songer : Quel pourrait être, auprès d’un grand écrivain dont elle serait la compagne, le rôle d’une femme qui aurait ce cœur et cet esprit ? […] Ces sortes de repentirs sont surtout remarquables dans le développement des rôles de Denise et de Pauline (Au Bonheur des dames et la Joie de vivre).
Dourdain n’avait qu’un faible, et un faible bien innocent : c’était de jouer, même quand il fut barbon, les jeunes-premiers dans les théâtres de société bourgeoise où l’on montait les pièces de Scribe ; il savait par cœur tout ce répertoire, et prenait son rôle très au sérieux, ayant gardé la jeunesse du cœur.
Les revers de la fin de 1813 et la chute du premier Empire produisirent sur Sismondi une impression que plusieurs de ses amis n’avaient pas prévue, et qui était cependant assez naturelle chez un homme en qui le cœur jouait le principal rôle.
Dupleix, dans cette plaidoirie de l’autre monde, ne fait que reprendre, à trente ans de distance, le rôle que la vieille demoiselle de Gournay avait tenu dans ses querelles contre l’école de Malherbe : ce sont là des revenants ou des sibylles, des caricatures, des demeurants d’un autre âge, qui apparaissent tout affublés à la vieille mode et font rire, même quand ils ont des lueurs de raison.
La Bruyère descendait d’un ancien ligueur, très-fameux dans les Mémoires du temps, et qui joua à Paris un des grands rôles municipaux dans cette faction anti-bourbonienne ; il est piquant que le petit-fils, précepteur d’un Bourbon, ait pu étudier de si près la race.
Ce fut là en partie le rôle de François Ier poëte, et celui des Valois, y compris plus d’une princesse.
» et presque aussitôt : « Mais c’est une actrice, elle joue très bien son rôle !
Rien de tout cela ne me plaisait, mais je le regardais comme un homme d’une autre chair et d’une autre âme, destiné à jouer un grand rôle dans un monde à part ; ce monde de la haine et de la colère, le jacobin noir de la révolution posthume du dix-neuvième siècle.
en effet Molière jouait les rôles à manteau, il remplissait celui du Malade imaginaire peu d’heures avant sa mort, et il y avait longtemps que Boileau lui reprochait de se donner ainsi en spectacle, et surtout de venir livrer son dos aux coups de bâton.
Si l’on est occupé à contester la ressemblance historique, on ne regardera pas la vérité humaine du rôle. — Pour la même raison, le poète tiendra compte des différences que les climats, les époques, la civilisation mettent entre les peuples.
Hé bien, le rôle des nouveaux venus, s’ils le comprennent, sera de mettre un peu d’ordre et de style dans les excès d’une sensibilité trop aiguë.
Catulle Mendès, qui est avant tout un homme d’art, a-t-il pu vouloir descendre jusqu’à jouer le rôle d’un moraliste ?
Si l’imagination, dans notre pays, changeait de rôle, et si d’auxiliaire de la raison elle devenait maîtresse, nous perdrions la raison de Descartes et de Pascal, sans acquérir les grâces de l’imagination de Platon.
Il n’y avait d’épargnés que ceux qui l’épargnaient, et qui professaient, à son exemple, cette « gaieté d’esprit confite en mespris des choses fortuites. » C’est pour eux qu’était le beau rôle dans ce monde, où tout avait été créé pour leur amusement.
Les lettres de Balzac touchaient à tout ce qui occupait alors les esprits : à l’érudition, qui s’était plutôt réglée que ralentie ; à la morale générale ; aux matières de foi, vues d’un esprit plus libre ; à la politique, nouveauté si attrayante alors ; aux événements de l’époque, aux rôles qu’y jouaient les principaux personnages.
Nous sommes meilleurs juges que La Fontaine de la politique qui révoqua l’édit de Nantes, mais nous n’entendons pas mieux que lui le rôle qui sied à notre pays.
Observer, dans un monde qui n’est plus fait pour la civilité, les bonnes règles de l’honnêteté d’autrefois, ce serait jouer le rôle d’un véritable niais, et personne ne vous en saurait gré.
L’épuisement de Carthage, l’agitation des mercenaires réclamant en vain leur solde, les terreurs de la ville, l’insolence croissante des séditieux, cette effroyable mêlée d’Espagnols, de Gaulois, de Liguriens, de Grecs, d’Africains surtout, qui s’excitent sans se comprendre, et, jaloux les uns des autres, rivalisent de fureur contre l’ennemi commun, le rôle des généraux, la mission de Gescon, la violation du droit des gens, l’attentat des barbares contre les envoyés de la république, la guerre devenue inévitable, les premières défaites d’Hannon, administrateur actif, mais le plus inexpérimenté des capitaines, Hamilcar prenant le commandement des troupes, sa tactique, ses victoires, les péripéties de la lutte, les alternatives d’espoir et d’abattement chez les Carthaginois, le siège de la grande cité punique, l’anéantissement des révoltés, et au milieu de tant d’événements divers la hideuse férocité de deux partis, tout cela, dans le large tableau de Polybe, atteste le pinceau énergique et sobre d’un grand maître.
Stahl-Hetzel de quelques politesses qu’il a mêlées à sa critique, s’il ne l’avait pris tout à côté sur un ton beaucoup plus élevé qu’il ne convenait au cas particulier et, j’ajouterai, à son rôle, et s’il n’avait dénaturé mes intentions au gré de son esprit de parti ou de son intérêt d’avocat, lesquels ici se confondent.
Nouvel exemple du rôle joué par la sensibilité dans le développement de l’intelligence.
Des deux femmes, il fait ses maîtresses à tour de rôle.
Ce qui caractérise le génie de premier ordre, c’est précisément d’être ainsi orchestral et d’avoir à la fois ou successivement les tonalités les plus variées ; de paraître impersonnel non parce qu’il l’est réellement, mais parce qu’il réussit à concentrer et à associer plusieurs individualités dans la sienne propre ; il est capable de faire à tour de rôle prédominer tel sentiment sur tous les autres et à travers tous les autres ; il obtient ainsi plusieurs unités d’âme, plusieurs types qu’il réalise en lui-même et dont il est le lien.
Aussi est-il impossible de méconnaître le rôle social et philosophique de la poésie et de l’art. « Le poète a charge d’âmes », a dit Hugo.
Guizot, je pris la liberté d’adresser à l’illustre écrivain quelques objections : ces objections me procurèrent la bonne fortune d’une réponse des plus intéressantes que nous sommes autorisés à publier, et qui peut servir de commentaire à la pensée de l’auteur sur le rôle et la valeur de la science philosophique.
De pareilles merveilles ne se rencontrent point dans l’histoire des Ordres Militaires qui ont joué pendant quelque tems un rôle si brillant.
La Fontaine n’a pas beaucoup aimé le chien ; en général, il lui donne un rôle de serviteur zélé, un peu servile, un peu courtisan et pas trop sympathique ; mais la tendresse de La Fontaine pour les animaux s’est étendue, en quelque sorte, et a dépassé les limites qu’il observait lui-même, et peut-être que Lamartine, malgré tout son génie et tout son cœur, n’aurait pas fait, sans La Fontaine, ces admirables vers sur le chien, compagnon et seul ami de l’homme : Ô mon pauvre Fido, quand, mes yeux sur les tiens, Le silence comprend nos muets entretiens.
Tous les rôles immondes et affreux qu’une femme peut jouer, dans un but faux de politique, elle les a joués et elle a échoué !
Les vues hardies sur la fin propre de l’art, sur le rôle du peintre, sur sa formation, sur la science des couleurs et leur emploi, abondent aussi bien que les mots pittoresques, dans les Maîtres d’autrefois.
Au seizième siècle cependant, malgré le poids de l’érudition et de la controverse, le poëte pouvait encore paraître appelé à son rôle antique de conseiller du peuple, de chantre du courage et de la délivrance.
M. de Barante eut un rôle dans le Mahomet, de Voltaire ; à côté de Benjamin Constant qui faisait Zopire. […] Nous savons par ailleurs qu’elle fit Aricie dans une représentation de Phèdre, où madame de Staël tenait le rôle principal. […] On ne peut pas lire, sans sourire, que Jésus « avait la science parfaite de sa vocation messianique », que « rien ne lui manquait de ce qui peut donner à la parole l’efficacité et le prestige », qu’« aucun orateur populaire ne peut lui être comparé », qu’il « respectait l’initiative de la conscience », que l’échec de sa mission à Jérusalem lui causa « la plus grande douleur que puisse éprouver un homme appelé à un rôle public ». […] La grande artiste jouait ce soir-là le rôle de Marie Stuart dans une traduction italienne du drame allemand.
Cruelle énigme et Crime d’amour ne sont qu’une même histoire de liaison dangereuse, les rôles seulement étant renversés d’un livre à l’autre. […] Ce qui est certain c’est qu’il est grincheux parce qu’il veut l’être, par suite de la conception qu’il se fait de son rôle et par une conviction raisonnée. […] Le politicien dont c’est le rôle, et presque le devoir, de tout subordonner aux intérêts de parti, n’a pas même la notion du désintéressement, de la docilité et de la soumission au vrai, qui sont pour un critique ou pour un historien les qualités essentielles. […] Faguet relègue au second plan ceux dont on a fait jusqu’ici les grands premiers rôles. […] Il parle du rôle du père de famille.
. — Rôle des axiomes. — Ils énoncent les propriétés des facteurs ou éléments primitifs qui sont les plus généraux et les plus simples de tous. — L’analyse doit donc porter sur les éléments primitifs. — Éléments primitifs de la ligne. — Découverte d’un caractère commun à tous les éléments ou points d’une ligne. — Définition d’une ligne par le rapport constant de ses coordonnées. — La géométrie analytique. — Éléments primitifs d’une grandeur. — Le calcul infinitésimal. — Dans toute loi énoncée par une science de construction, — la dernière raison de la loi est un caractère général inclus dans les éléments de la première donnée de la loi. […] À ce titre, quelles que soient les modifications secondaires que lui impose son passage d’un animal dans un animal différent, et, par suite, son adaptation à un usage nouveau, il reste au fond le même ; il n’est jamais transposé ; on le retrouve toujours à la même place, et il se fait reconnaître, à travers les élongations, les soudures, les appauvrissements, les changements de rôle et même les pertes d’emploi, que, déformé, transformé, atrophié, il a subis.
Pour une coquetterie mentale, ou pour posséder des mots d’auteur, les voyez-vous abdiquer leur beauté et leur rôle nécessaire. […] L’art sacré et réel — le Naturisme — ne s’occupera jamais des âmes. » Et n’est-ce pas dans ce même esprit que le jeune écrivain, au cours d’une méditation sur l’émotion, promulguait : « Peu importent, en effet, les anonymes acteurs de la tragédie humaine, seuls leurs rôles surent nous toucher !
Une partie des ouvrages précédens roulant sur les guerres de la fronde, nous croyons devoir placer ici ce qui regarde Condé & Turene qui y jouerent un rôle. […] Tous ces ouvrages ne sont pas grand chose à l’exception des Mémoires de Montecuculi, mais on y trouve des détails curieux qu’on est bien-aise de sçavoir, parce qu’ils roulent sur des hommes qui ont joué un grand rôle.
Rien n’est plus grand que ce rôle et rien n’est plus difficile : placés entre le souverain et le sujet, les grands ont une double attitude et un double langage, et peuvent être suspects d’un côté ou de l’autre, quoi qu’ils disent, suspects au peuple lui parlant dans l’intérêt du roi, suspects au roi lui parlant dans l’intérêt du peuple. […] Et le rôle des patriciens est de ramener toujours les idées libérales dans les maximes de l’autocratie. […] Cela se voit aux personnages secondaires, qui sont faiblement tracés et qui n’existent presque pas : le père d’Adolphe, qui serait si intéressant, en ce qu’il contribuerait à expliquer Adolphe lui-même, n’est pas marqué de traits assez accusés et francs ; l’ami de Varsovie, celui qui achève de détacher Adolphe, ne donne que l’idée un peu fugitive d’un diplomate aimable et fin, n’est qu’un léger crayon et se confond un peu dans le souvenir avec le père d’Adolphe lui-même ; l’amie d’Ellénore, enfin, dont le rôle pouvait être si important, la physionomie si curieuse, est à peine, dans le roman, esquissée en profil perdu.
Clairville) que plusieurs de ces déesses ont la jambe correcte, ce qui me fait pardonner à mon siècle d’avoir remplacé le monologue de la Tragédie par le dialogue du mollet… mais pourquoi s’avisent-elles d’apprendre leurs rôles ? […] Alcandre. — Sachez donc que, après l’évasion de Clindor, Isabelle et son amant, se trouvant sans ressources, ont pris du service dans une troupe de comédiens, et les événements tragiques, qui passaient tout à l’heure sous vos yeux et vous épouvantaient si fort, font partie d’une pièce où ils jouaient chacun un rôle. […] Et par qui sont achetées toutes ces brochures, sinon par les comédiens obligés de reprendre les rôles en province ? […] Nymphes et Faunes, Hamadryades et Sylvains, Sous-Dieux et quarts de Dieux, pas une Flore, pas une Pomone, réduite au rôle d’épouvantail à moineaux dans les vergers bourgeois, pas un Vertumne rouillé par la pluie, écaillé par la grêle, devant qui les Impassibles n’aient fait amende honorable — pour cette grande profanation — en vers pompeux, compassés, vides et d’un emportement didactique. […] Ce rôle bouffon, assurément M. de Sacy ne l’ambitionnait pas, il l’a subi, et nul doute que le vieil homme n’ait soupiré profondément quand l’homme nouveau, le sénateur, le beau-père de M.
» Il ajoute, au surplus : « Toute cette époque de 1830, à vrai dire, fut un poète ; elle n’eut pas d’autre rôle que de rendre à la poésie tous les genres littéraires qui lui avaient été enlevés, la tragédie, la comédie, le roman et, grâce à Jules Janin, le feuilleton lui-même ! […] France souhaite aussi que la critique littéraire, afin de mieux remplir son rôle, n’oublie pas qu’elle est de la littérature et doit posséder les agréables vertus d’un art exquis. […] Il en résumait ainsi le caractère : « Le rôle du critique était celui d’un arbitre suprême et convaincu, sorte de procureur de la littérature qui dressait le dossier des méchants ouvrages et, distributeur de couronnes autant que de châtiments, décernait des récompenses aux bons auteurs. » Cette critique est morte, dit en 1882 M. […] En 1908, dans la Morale de la France, il gourmande « l’élite » et il l’appelle à prendre conscience d’un rôle et d’un devoir qu’elle ne saurait éluder sans trahir l’intérêt de la nation, il écrit : « Les calculateurs de statistiques chiffrent par un million, à peu près, les personnes que l’on peut dire, au sens large, constituer la classe bachelière, en comptant les professeurs, les avocats, les officiers, les magistrats, les fonctionnaires, les ingénieurs, les notaires, avoués, puis leurs proches évidemment instruits ou capables de goûter les lettres. […] Où Paul Adam a réussi avec un art excellent, c’est à réaliser le symbole et à lui donner la vie, la vivante particularité sans lui ôter ce caractère général et cette ampleur de signification qui lui permettent de jouer son rôle, non pas dans une anecdote, mais dans l’histoire.
Si elle dut en partie ce rôle d’exception au caractère tout intime et passionné de ses vers, elle ne le dut pas moins à la position littéraire qu’occupait alors en France la cité lyonnaise.
De même les trois lieutenants généraux : chacun d’eux « reçoit, à tour de rôle et tous les trois ans, une gratification de 30 000 livres, pour services rendus à cette même province, lesquels sont vains et chimériques, et qu’on ne spécifie pas » ; car aucun deux ne réside, et, si on les paye, c’est pour avoir leur appui en cour. « Ainsi, M. le comte de Caraman, qui a plus de 600 000 livres de rente comme propriétaire du canal du Languedoc, reçoit 30 000 livres tous les trois ans sans cause légitime, et indépendamment des dons fréquents et abondants que la province lui fait pour les réparations de son canal. » — La province donne aussi au commandant comte de Périgord une gratification de 12 000 livres en sus de ses appointements, et à sa femme une autre gratification de 12 000 livres, lorsque pour la première fois elle honore les États de sa présence.
Mais je ne veux être qu’amateur, dilettante, selon le mot des Italiens : c’est le meilleur rôle dans tous les arts, et même dans toutes les carrières de la vie civile ; on goûte, on jouit, on juge, on s’essaye, et on ne se compromet pas ; on a, en un mot, des admirateurs, et on n’a point d’ennemis. » III C’est à ce double sentiment d’instinct de la gloire et de peur du bruit dans ces hommes délicats et exquis, appelés amateurs ou dilettanti, qu’on doit ces petits volumes diminutifs du génie, sourdines de la gloire, qui se publient de temps en temps à un si petit nombre de pages et à un si petit nombre d’exemplaires qu’on ne les affiche pas sur les étalages de libraires, mais qu’on les glisse seulement de la main à la main entre quelques amis discrets, comme une confidence du talent échappée à l’imprudence du poète.
Copernic, le révélateur du vrai système de l’univers, proclame hardiment le rôle central du soleil en face des préjugés bibliques et théologiques, et sous l’autorité morale du pape lui-même.
Elles nous font l’effet de cabotines jouant des rôles de duchesses dans un théâtre de sous-préfecture : elles ont des grâces épaisses, et un étrange sans-façon, sous prétexte d’aristocratique désinvolture.
Byron, par la nature particulière de son génie, par l’influence immense qu’il a exercée, par la franchise avec laquelle il a accepté ce rôle de doute et d’ironie, d’enthousiasme et de spleen, d’espoir sans borne et de désolation, réservé à la poésie de notre temps, méritera peut-être de la postérité de donner son nom à cette période de l’art : en tout cas, ses contemporains ont déjà commencé à lui rendre cet hommage.
Le plus triste rôle à jouer parmi les hommes est celui de la nullité.
Pour mieux dire, les mots ne sont que des serviteurs et l’art de l’écrivain est de deviner les services spéciaux qu’ils doivent rendre, comment ils doivent s’effacer ou paraître, jouer leur rôle avec arrogance ou avec humilité.
Le sort lui refusa les rôles éclatants et, comme il n’était pas un caractère, il se réfugia, à demi-satisfait, dans les consolations douces.
Tout symbole est à la fois une abréviation et une transposition ; ce sont là les rôles que l’image remplit chez le poète.
Et la métaphysique cessant ainsi d’être un « système fermé », c’est alors qu’elle deviendra vraiment digne de son nom, et de son rôle, qui est de nous conduire par les voies normales de l’intelligence humaine du connu à l’inconnu et de l’inconnu à l’inconnaissable.
Il ne veut pas être grondeur tout le temps, il ne l’a même été qu’une fois, et maintenant le voilà revenu à son joli rôle de mari aimable, gracieux, plaisantant sa femme sur les amoureux qu’elle avait et sur lui-même qui a été le premier, qui a été son « esclave ».
Ce sien cousin, c’est tout simplement le tuteur lui-même qui se déguise et qui en joue le rôle.
Nous tiendrons compte ensuite du rôle spécial que joue cette nouvelle dimension dans la théorie de la Relativité.
Tout autre est le rôle du philosophe.
Toutes deux concourent également à l’œuvre de la science de l’homme, et chacune d’elles y a son rôle à part, de manière à ne pouvoir se passer l’une de l’autre.
À M. Georges Leygues, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Monsieur le Ministre, Lorsque, en votre noble et actif dévouement à la Poésie qui est la beauté première et suprême, vous avez bien voulu me demander d’en tracer l’histoire durant les années écoulées depuis 1867 c’est-à-dire depuis les œuvres qui, à cette époque, furent l’objet d’un Rapport présenté au Gouvernement par l’illustre Théophile Gautier, je me suis senti très ému de tant d’estime et de confiance ; mais j’ai pensé que, si d’autres eussent été plus dignes d’une telle tâche par plus de talent, de doctrine et de renommée, aucun n’y pouvait prétendre par un plus passionné amour de notre art, par un plus loyal, plus assidu effort vers son triomphe toujours continué, toujours accru ; et, la tâche offerte, si grave, si périlleuse qu’elle fût, je l’ai acceptée avec gratitude, sans humilité. Dès le commencement de mon travail, une objection s’est dressée : était-il possible et séant d’étudier le mouvement poétique de trente années environ, en l’isolant de tout ce qui l’avait précédé ? Au contraire, n’était-il pas indispensable de faire voir, par l’évocation de quelques âges précédents du Vers, en quoi et de quelle façon le mouvement nouveau s’accorde à notre primitif instinct lyrique et épique, ou en diverge ?
Le beau rôle est parfois d’être dupe. […] Mais son admiration s’étendit aux acteurs ; il parla avec une cordialité violente et terrible de madame Marie Laurent, qui tenait dans ce drame le rôle de Klytaimnestra. […] De même, en Grèce et à Rome, les poupées articulées eurent d’abord un rôle dans les cérémonies du culte ; puis elles perdirent leur caractère religieux. […] Leur rôle, dans la poésie de l’avenir, est exactement celui des petites bouteilles que le docteur Luys glisse dans le cou de la jeune Esther et qui provoquent chez le sujet l’extase, le rire ou les larmes, mais qui semblent, ce qu’elles sont en effet, des fioles vides à tous les spectateurs insoumis à l’hypnose. […] Sans compter Coquelin cadet, qui n’a point dédaigné de dire le prologue, ainsi que le gai rôle du bouffon Trinculo.
À qui est échu ce rôle de recevoir les aveux et d’être pris pour directeur et confident contre lui-même et contre la passion dont il était l’objet ? […] * Ne réduisons pas à un rôle matériel les attributions de Mlle Benoît dans ce gynécée. […] Notre rôle est double.
. — Rôle de l’abstraction dans la science. […] Ici, une fois de plus, le rôle de l’abstraction a été oublié.
Tous les demi-siècles, et plus ordinairement tous les siècles ou tous les deux siècles, paraît un homme qui pense : Bacon et Hume en Angleterre, Descartes et Condillac en France, Kant et Hegel en Allemagne ; le reste du temps la scène reste vide, et des hommes ordinaires viennent la remplir, offrant au public ce que le public désire, sensualistes ou idéalistes, selon la direction du temps, suffisamment instruits et habiles pour tenir le premier rôle, capables de rajeunir les vieux airs, exercés dans le répertoire, mais dépourvus de l’invention véritable, simples exécutants qui succèdent aux compositeurs. […] Ici, une fois de plus, le rôle de l’abstraction a été oublié.
Ce livre qui n’est pas composé, qui recommence dix fois, et qui se répète mille fois, peut pourtant se résumer à peu près ainsi : Des différentes sortes d’amour ; — du rôle de l’imagination dans l’amour ; — du rôle de la vanité dans l’amour ; — de l’amour chez les différents peuples de l’Europe, — très nombreuses anecdotes, un peu monotones. […] Le malheur encore, quoique moindre pour la plupart des lecteurs, c’est que la signification morale du rôle de la duchesse est de faible importance. […] Sainte-Beuve, assez-mauvais juge, du reste, pour une foule de raisons, quand il s’agissait de ses contemporains, le trouve amusant en son rôle de faiseur de boutades, et détestable comme romancier. […] Le rôle historique du propriétaire est fini. […] S’il a eu dès le principe l’idée nette du rôle qu’il devait jouer ici-bas, il a dû se dire en commençant : « Je peindrai des hommes ; ensuite j’en peindrai d’autres.
Ce rôle de météore à travers la foule obscure l’amusait, et parmi les auteurs d’opérettes, de vaudevilles et de mélodrames, il laissait la traînée lumineuse d’un dieu qui passe dans le soir. […] Eh bien, le matin de ce premier duel, se souvenant de ses mésaventures de comédien quand il créait en province quelque rôle nouveau, il s’écria, comme la balle de son adversaire lui passait près de l’oreille avec un petit bruit vif : « Il était dit que je serais sifflé à toutes mes premières ! […] Par l’audace et la simplicité de ses conceptions tragiques, par son intime connaissance des passions humaines, par son vers musical, par sa musique poétique, par l’intervention d’une nouvelle forme mélodique qu’on a appelée la mélodie continue et qui fait que le chanteur chante sans avoir l’air de le faire exprès, par son merveilleux orchestre qui joue à peu près le rôle du chœur dans la tragédie antique et qui, toujours mêlé à l’action, la corrobore, l’explique, en centuple l’intensité par des rappels analogues ou antithétiques à chaque passion, à chaque caractère du drame, Richard Wagner, vous transportera extasiés dans un milieu inconnu, où le sujet dramatique, vous pénétrant avec une puissance incomparable par tous les sens à la fois, vous fera subir des émotions encore inéprouvées ! […] Mais si je suis fier d’avoir aidé à cette éclosion magnifique, il me déplairait fort qu’on accordât trop d’importance au rôle que j’y ai joué.
En ce faisant, je n’étais pas même fidèle à ce rôle devant les hommes qu’il faut au moins soutenir avec conséquence et bonne grâce, quand une fois on l’a pris en mains, et je ne m’étonne pas que des personnes sérieuses et qui veulent bien être attentives à mon égard, aient démêlé à cet endroit le faible et le faux. […] Non point que Vinet entendît jouer auprès de Sainte-Beuve le rôle d’un confesseur ; il voulait seulement pouvoir l’aimer, et pour cela lire dans son cœur. […] Je conviens que nos passions, aussi bien que les livres qui les décrivent, étant devenues intellectuelles, on se les compose à plaisir, on en invente pour son usage, on est l’acteur de son propre rôle ; et à ce compte tout ce qui est possible comme pensée est possible comme passion. […] Dans ce drame, tout prend un rôle, tout est personnage, le ciel, l’océan, le désert, les montagnes, les vallées, les cités, les empires ; « chaque mot de leur bouche dure un siècle, chaque haleine est une année ». […] En d’autres langues, il faut que tout poète versifie ; rien ne l’en dispense ; et c’est pourquoi dans ces langues la prose poétique est inadmissible ; ce n’est peut-être qu’en français qu’elle a un rôle ; et plus elle prendra un caractère distinctif et irrécusable, moins courra de danger la prose ordinaire ; du reste qu’est la poésie versifiée, toutes choses égales d’ailleurs, sinon la poésie à son comble, la poésie armée de toutes pièces ?
Chacun avait son rôle en cette communauté. […] Elle n’est qu’une incohérence due à ce que le rôle entier d’Hamlet n’est qu’un monologue où il se discute lui-même et qu’il poursuit à travers tout, et dont nous n’entendons que des échappées intermittentes. […] Les Parnassiens, au fond, étaient parfaitement conscients de leur rôle de continuateurs. […] Mais ce serait en revenir à prendre un rôle pour lequel je ne suis pas fait et dont je me défendais au début même de cette conférence. […] Les traductions mentionnées par Régnier sont les suivantes : 1) Jean-François Ducis, Hamlet, tragédie en 5 actes imitée de l’anglois : traduction effectuée en 1769 pour des représentations à la Comédie Française, qui fut rééditée encore en 1873 ; 2) Alexandre Dumas et Paul Meurice, Hamlet, prince de Danemark, drame en 5 actes, en vers : traduction réalisée en 1847 pour des représentations au Théâtre historique. 3) La traduction de François-Victor Hugo a été publiée en 1859 ; elle prélude à une traduction complète des pièces de Shakespeare par le fils de Victor Hugo. 4) La dernière en date est celle de Marcel Schwob et Eugène Morand, publiée suite à une série de représentations au théâtre Sarah-Bernhardt en mai 1899 (avec Sarah Bernhardt dans le rôle de Hamlet).
Ce résumé des impressions reçues durant ces quatre mois de haute judicature, et du rôle que chacun y a tenu, est d’un écrivain qui ne laisse rien au hasard, et qui sait comment on termine un ouvrage même facile, et qu’il ne publiera pas.
Il est si bien là que leurs dialogues ou discours sont supérieurs souvent à leurs récits : la logique d’un rôle, la nécessité d’une situation, l’instinct d’un effet les guident et les élèvent.
Le rôle de Phèdre en est le plus remarquable exemple.