C’est là, au reste, le procédé constant de Corneille, et, par lui, de la tragédie française. […] Ici, dans la tragédie, il ne doit guère en avoir que seize ou dix-sept. […] Cette scène offre le parfait exemple de ces vers à double compartiment qui sont de l’essence de la tragédie, mais qui appartiennent plus particulièrement à la forme de Corneille : « Es-tu si las de vivre ?
Sa dictature allait cesser, il est vrai ; Théophile, par sa tragédie de Pyrame et Thisbé, y avait déjà porté coup ; Mairet, Rotrou, Scudery, étaient près d’arriver à la scène. […] L’éclatant succès du Cid et l’orgueil bien légitime qu’en ressentit et qu’en témoigna Corneille soulevèrent contre lui tous ses rivaux de la veille et tous les auteurs de tragédies, depuis Claveret jusqu’à Richelieu. […] Ajoutez à ces imperfections naturelles l’influence d’une poétique superficielle et méticuleuse, dont Corneille s’inquiétait outre mesure, et vous aurez le secret de tout ce qu’il y a de louche, d’indécis et d’incomplètement calculé dans l’ordonnance de ses tragédies.
Si elle est moins sévère pour la tragédie, elle l’engage dans une voie nouvelle, elle la pousse à puiser son inspiration dans la Bible, à se faire chrétienne, et c’est ainsi que Racine converti, repentant de ses œuvres profanes, compose Esther et Athalie. […] De même, dans leurs collèges ils enseignent à leurs élèves toutes les élégances, ils font jouer des tragédies, ils encouragent et cultivent le talent d’écrire en vers latins, parfois même en vers français ; ce sont d’habiles, professeurs de rhétorique. […] On est frappé du divorce voulu qui exista entre la poésie et la religion : le christianisme était proscrit, par Boileau, de la tragédie aussi bien que de l’épopée et ce n’est que par exception qu’il y pénétra.
La tragédie emprunte aux anciens les sujets qu’elle traite, les personnages qu’elle met en scène, la structure même qu’elle affecte ; mais elle coule dans le moule d’autrefois des idées, des sentiments, des façons d’agir et de parler qui appartiennent au xviie siècle. […] La tragédie est une grande dame, qui n’admet chez elle que des personnes de choix, un ton et des manières raffinés. […] Au temps de Boileau, par exemple, il est admis que l’élégie, l’ode, la comédie, la tragédie ont chacune leur existence individuelle et leurs règles spéciales.
Mais un document plus authentique et plus frappant de l’aversion de madame de Maintenon pour le système suivi contre les protestants, et de la honte qu’elle inspira au roi des excès qui continuèrent après la révocation de l’édit de Nantes, c’est la tragédie à Esther qu’elle fit composer par Racine pour la maison de Saint-Cyr, et qui y fut représentée devant le roi. […] Dans cette même année, le grand Corneille donna son dernier ouvrage, la tragédie de Suréna. […] La tragédie, devenue si tendre par la muse de Racine, devient toute pieuse.
Racine a été, selon les moments, considéré comme un poète merveilleux de grâce et de pénétration ou comme un auteur de tragédies aussi ennuyeuses que régulières.
. — De même sous une tragédie du dix-septième siècle, il y a un poëte, un poëte comme Racine, par exemple, élégant, mesuré, courtisan, beau diseur, avec une perruque majestueuse et des souliers à rubans, monarchique et chrétien de cœur, « ayant reçu de Dieu la grâce de ne rougir en aucune compagnie, ni du roi, ni de l’Évangile » ; habile à amuser le prince, à lui traduire en beau français « le gaulois d’Amyot », fort respectueux envers les grands, et sachant toujours, auprès d’eux, « se tenir à sa place », empressé et réservé à Marly comme à Versailles, au milieu des agréments réguliers d’une nature policée et décorative, parmi les révérences, les grâces, les manéges et les finesses des seigneurs brodés qui sont levés matin pour mériter une survivance, et des dames charmantes qui comptent sur leurs doigts les généalogies afin d’obtenir un tabouret. Là-dessus, consultez Saint-Simon et les estampes de Pérelle, comme tout à l’heure vous avez consulté Balzac et les aquarelles d’Eugène Lami. — Pareillement, quand nous lisons une tragédie grecque, notre premier soin doit être de nous figurer des Grecs, c’est-à-dire des hommes qui vivent à demi nus, dans des gymnases ou sur des places publiques, sous un ciel éclatant, en face des plus fins et des plus nobles paysages, occupés à se faire un corps agile et fort, à converser, à discuter, à voter, à exécuter des pirateries patriotiques, du reste oisifs et sobres, ayant pour ameublement trois cruches dans leur maison, et pour provisions deux anchois dans une jarre d’huile, servis par des esclaves qui leur laissent le loisir de cultiver leur esprit et d’exercer leurs membres, sans autre souci que le désir d’avoir la plus belle ville, les plus belles processions, les plus belles idées et les plus beaux hommes. […] Entre tant d’écrivains qui, depuis Herder, Ottfried Muller et Gœthe, ont continué et rectifié incessamment ce grand effort, que le lecteur considère seulement deux historiens et deux œuvres, l’une le commentaire sur Cromwell de Carlyle, l’autre le Port-Royal de Sainte-Beuve ; il verra avec quelle justesse, quelle sûreté, quelle profondeur, on peut découvrir une âme sous ses actions et sous ses œuvres ; comment, sous le vieux général, au lieu d’un ambitieux vulgairement hypocrite, on retrouve un homme travaillé par les rêveries troubles d’une imagination mélancolique, mais positif d’instinct et de facultés, anglais jusqu’au fond, étrange et incompréhensible pour quiconque n’a pas étudié le climat et la race ; comment avec une centaine de lettres éparses et une vingtaine de discours mutilés, on peut le suivre depuis sa ferme et ses attelages jusqu’à sa tente de général et à son trône de protecteur, dans sa transformation et dans son développement, dans les inquiétudes de sa conscience et dans ses résolutions d’homme d’État, tellement que le mécanisme de sa pensée et de ses actions devient visible, et que la tragédie intime, perpétuellement renouvelée et changeante, qui a labouré cette grande âme ténébreuse, passe, comme celles de Shakspeare, dans l’âme des assistants. […] Considérez, par exemple, deux moments d’une littérature ou d’un art, la tragédie française sous Corneille et sous Voltaire, le théâtre grec sous Eschyle et sous Euripide, la poésie latine sous Lucrèce et sous Claudien, la peinture italienne sous Vinci et sous le Guide.
Alors que la profession de comédien était considérée comme déshonorante, la comédie et la tragédie s’épanouirent superbement. […] Les grandes tragédies grecques, nos Mystères français, les autos de Calderón, Le Roi Lear ou Hamlet, Horace ou Polyeucte, les Don Juan de Molière et Mozart, les opéras de Wagner sont — pour n’évoquer que les œuvres des morts — d’éclatants exemples d’un tel théâtre, qui procède toujours de la religion, et dont l’exemple sublime est la Messe. […] Lorsqu’un peuple voit représenter les drames de Sophocle ou de Shakespeare, les tragédies de Racine, les comédies de Molière, de Beaumarchais ou de Becque, la nourriture qu’il reçoit toute mâchée est assez substantielle pour compenser le moindre effort d’absorption. […] Tragédie dans la rue, comédie au salon, tout finit par la pose, et la photographie indiscrète double d’une ombre éternelle, hélas, les attitudes les plus éphémères, sinon les plus ridicules.
XXVI La tragédie de Judith, celle de Cléopâtre, élevèrent son style poétique au-dessus de l’élégie, à la hauteur de la scène antique. […] … …………………………………………………… XXVIII La force dans la tragédie, une finesse féminine dans la comédie, se révélaient à chacun de ses nouveaux ouvrages. […] XXIX Il se passa de longues années avant que j’eusse l’occasion de la revoir ; elle avait rempli ces années de bonheur, de vers et de célébrité : des volumes de poésie, des romans de caractère, des articles de critique de mœurs qui rappelaient Addison ou Sterne ; des tragédies bibliques, où le souvenir d’Esther et d’Athalie lui avait rendu quelque retentissement lointain de la déclamation de Racine ; des comédies, où la main d’une femme adoucissait l’inoffensive malice de l’intention ; enfin des Lettres parisiennes, son chef-d’œuvre en prose, véritables pages du Spectateur anglais, retrouvées avec toute leur originalité sur un autre sol : tout cela avait consacré en quelques années le nom du poète et de l’écrivain. […] Elle écrivait alors avec une verve virile sa belle tragédie de Cléopâtre, dont le style a la solidité et le poli du marbre.
Sans doute, ce qu’il y a de commun entre tous nos tragiques, nous l’observons, nous le retenons, pour définir la tragédie française et reconnaître ses attaches avec son milieu. […] A la rigueur, Taine pourra déterminer la tragédie du XVIIe siècle, mais comme individus, il atteindra tout au plus Pradon ou Quinault, échantillons du lot des médiocres, jamais Racine, la combinaison de génie personnel une seule fois réalisée.
On voit par le titre même du recueil de Scala que les Gelosi jouaient à l’impromptu non seulement des comédies, mais encore des pastorales et des tragédies. […] La Forsennata prencipessa (la Princesse qui a perdu l’esprit) est seule qualifiée de tragédie.
Supposez, en effet, qu’en présence d’une tragédie de Racine on se borne à dire pour toute explication : — Le génie du poète, telle est la cause unique des caractères qui distinguent son ouvrage. […] Quiconque reprocherait à Voltaire d’avoir agrémenté d’une intrigue amoureuse le terrible sujet d’Œdipe roi s’exposerait à l’accuser injustement ; il fut forcé par les comédiens et plus encore par les comédiennes de coudre à sa tragédie cet oripeau qui lui déplaisait.
Les tragédies de Voltaire avaient fait des républicains de la veille de ceux-là même qui avaient goûté Le Mondain ; ils purent s’apercevoir plus tard de la contradiction, trop tard pour se corriger. […] La tragédie de Charles IX sonna le tocsin.
Les hommes ne sont pas donc autant exposez à être duppez en matiere de poësie qu’en matiere de philosophie, et une tragédie ne sçauroit, comme un systême, faire fortune sans un mérite véritable. […] Que la transfiguration de Raphaël est un tableau merveilleux, et que Polyeucte est une tragédie excellente.
La critique serait comme le Versailles des sages de la littérature ; on n’y serait admis que sur la présentation de son acte de naissance, ou, par exception, de quelque œuvre capable de mûrir le jugement et de hâter l’expérience, poème épique ou didactique, tragédie, roman moral. […] Supposons que Voltaire fasse représenter de nos jours une tragédie ; M. de Carné la trouvera exécrable parce qu’elle est de lui ; M.
Quand la mode était aux tragédies, faire une tragédie n’était qu’une prétention littéraire ; mais écrire un roman, c’est une prétention littéraire, doublée d’une autre, bien plus profonde.
Il y a une tragédie, le Vieux Consul (un Marius, je crois), dont on veut faire le Cid d’un nouveau petit Corneille : celui-ci serait, cette fois, un M.
. — Les Perses, tragédie, traduite d’Eschyle (1896). — La Cloche engloutie, de Gérard Hauptmann, traduction en français (1897). — Images tendres et merveilleuses (1897). — Sâvitri, comédie héroïque en deux actes et en vers (1899). — Au hasard des chemins (1900).
Elle a défendu âprement et avec des rires la cause du petit et du faible ; elle a prononcé les paroles d’espoir et de consolation ; elle s’est attendrie au souvenir du village natal dont elle a retrouvé, tant de fois la parole familière et sonore ; elle s’est élevée jusqu’à l’ode et à la tragédie ; et lyrique, et magnifique, et bien française, elle vient de chanter l’épopée héroïque de notre Jeanne d’Arc… [La Cigale (mars-juin 1900).]
Villeroy connaît la tragédie antique, et, bien qu’il n’emploie pas le chœur, sa pièce est construite un peu comme celles que la Grèce nous a léguées ; et même, à en juger par certaine indication qui suit, dans la pièce imprimée, la liste des personnages, il semble que M.
Le caractère pathétique du christianisme accroît encore puissamment le charme de la tragédie de Zaïre.
Quel sujet de tragédie sous la main de Shakespeare ! […] Sa tragédie de Tancrède n’est au fond que l’épisode de Ginevra, sous un autre nom. La magnifique invention du sujet, qui appartient tout à l’Arioste, a donné à cette tragédie de Voltaire un effet théâtral immense : mais Voltaire fait déclamer pompeusement la passion dans sa tragédie, et Arioste la fait chanter, raconter et pleurer comme la nature ; il n’y a pas un homme de goût, dans aucun pays, qui puisse comparer de bonne foi les vers sonores et faibles de la tragédie avec les stances simples et pleines du poème.
« “— Vous êtes bien conservé… Vous avez écrit des tragédies ? […] D’après M. de Müller, Napoléon, en parlant de la tragédie, aurait encore ajouté : « — La tragédie doit être l’école des rois et des peuples ; c’est là le but le plus élevé que puisse se proposer le poète. […] « Au bal donné le 6 octobre à Weimar, Napoléon causa encore avec Goethe, et, parlant toujours de la tragédie, il l’aurait placée au-dessus de l’histoire. […] Thiers, à propos du drame imité de Shakespeare, « qui mêle la tragédie à la comédie, le terrible au burlesque », il dit à Goethe : « — Je suis étonné qu’un grand esprit comme vous n’aime pas les genres tranchés. » « On affirme que les Mémoires de M. de Talleyrand donneront encore des détails sur cette entrevue historique. » 14.
Toutes ces tragédies sont la même tragédie, et quelle tragédie ! […] Arrivent les tragédies de Crébillon. […] De même la tragédie devait suer son moule. […] Comment pourront-ils tenir dans cette carapace étroite de la tragédie ? […] Et c’est bien une tragédie proprement historique.
Pourquoi le xixe siècle a-t-il vu mourir la tragédie, et le roman prendre une importance si considérable ?
Pour s’en venger, le Président fit, après la mort de Ménage, son Eloge d’une maniere ironique, à peu près comme Voltaire a fait celui de Crébillon, qui n’avoit pas composé des Epigrammes contre lui, mais des Tragédies meilleures que les siennes.
Delille, Ex-Oratorien, Auteur d’une Traduction inexacte & plate de Suétone ; d’une prétendue Philosophie de la Nature, qui n’est que l’écho infidele de ce qui a été dit mille fois d’une maniere plus simple & plus précise ; & enfin d’une Poétique sur la Tragédie, qu’on n’auroit pas été tenté d’attribuer à un Poëte, quand même l’Auteur n’auroit pas mis sur le frontispice en très-gros caractere, PAR UN PHILOSOPHE.
L’Épopée porte la Tragédie et la Comédie, comme deux fruits jumeaux, et on les entend vagir dans ses vastes lianes.
Ce chœur emprunté à la tragédie grecque, qui venait exprimer des idées fort peu antiques dans un langage très moderne, troublait et déroutait le lecteur. […] Au premier acte, il semble qu’il ait voulu faire la tragédie de l’orgueil, comme Corneille a fait celle de la volonté, et qu’il va s’attacher à le montrer grandissant dans une âme ardente et forte. […] Nous aurons maintenant, jusqu’à la fin de la tragédie, comme une légère odeur d’encre d’imprimerie. […] Il entreprit sans balancer une tragédie classique, et songea d’abord à refaire l’Alceste d’Euripide. […] Au travers de ces agitations, que Musset a peintes avec beaucoup de couleur, une sombre tragédie se déroule dans une âme éperdue, qu’elle remplit d’horreur et de désespoir.
C’était le même besoin d’échapper aux grands comédiens, aux célèbres comédiennes, aux tragédies aux vers alexandrins. […] Le Fat puni, par M. de Pont-de-Veyle, Géta, tragédie de Péchantré, Habis, tragédie de madame Gomez, deux Hypermnestre en cinq actes, la première signée Lemierre, et la seconde signée Riouperaux. […] Quand elle ne jouait pas la tragédie, madame Sainval se cachait sous un voile noir qui la couvrait de la tête aux pieds. […] Un de ses malades lui lisait une tragédie, et la tragédie, écoutée en riant, devenait un vaudeville ! […] c’est la tragédie qui passe !
Et pareillement, s’il aime la tragédie de Corneille et de Racine, il ne peut pas aimer en même temps les Mystères. […] Une tragédie de Racine ou un drame de Shakespeare n’ont pas besoin non plus d’être joués pour être sentis, admirés, et compris ; même, on a soutenu qu’ils y perdraient plutôt. […] Je crois aussi qu’il n’en avait point, ou qu’il en avait peu, sur les conditions du poème épique et sur le mérite comparé des tragédies de Marmontel et des drames de La Harpe. […] Cela est vrai des questions de préséance : on n’a jamais douté, depuis cent ans, que Voltaire fût autant au-dessous de Racine dans la tragédie passionnée que de Corneille dans la tragédie politique. […] Je crois entendre ici le vieux Corneille proclamant son fameux principe, que « le sujet d’une belle tragédie doit n’être pas vraisemblable ».
L’animal descend encore d’un degré et se change en machine ; la machine se détraque, et nous assistons alors à une agonie réaliste, telle que la tragédie, le drame et le roman, dans leurs épilogues les plus pathétiques, ne nous en avaient jamais présenté. […] Vous vous souvenez peut-être de ces tragédies helléniques et patriotiques qu’on jouait sous la Restauration, et qui, d’après les mauvais plaisants, consistaient uniquement à conjuguer le verbe mourir. […] Mais enfin madame de Girardin a fait des livres, des romans, des comédies, des tragédies. […] Pourquoi ne pas nous donner une idée juste de ses tragédies, de Judith, de Cléopâtre, et des causes de leur chute, que ne put conjurer le talent, alors a son apogée, de mademoiselle Rachel ? […] soit en prêchant l’attendrissement d’exemple et portant son mouchoir à ses yeux, etc., etc… » — On voit d’ici toute la scène ; c’était la comédie dans la tragédie.
Le seul trait de ressemblance qui existe entre eux, est que le Prédicateur a été, parmi nous, le pere de l’Eloquence chrétienne, comme l’Auteur de Cinna l’a été de la Tragédie.
Un jeune homme, arrivé de Languedoc, trouva le coup de la mort dans une critique vive que lui fit l’Etoile d’une tragédie qu’il avoit apportée de sa province, & qu’il croyoit un chef-d’œuvre.
Racine faisoit des tragédies, Pradou en faisoit aussi. […] Racine fût bien au-dessus de Pradon, il ne laissoit pas de le regarder comme une espèce de concurrent, surtout quand il sut que Pradon composoit en même temps que lui la tragédie de Phèdre… Pradon venoit souvent chez ma mère, pour laquelle il avoit beaucoup de considération, et au goût de qui il avoit assez de confiance pour la consulter sur les ouvrages qu’il faisoit… La Phèdre de M. […] On ne parla d’autre chose pendant tout le souper ; chacun dit son sentiment sur la tragédie, et on se trouva plus disposé à la critique qu’à la louange.
À vrai dire, dans la tragédie, la scène est partout et en tout siècle, et l’on pourrait affirmer aussi justement qu’elle n’est dans aucun siècle ni nulle part. […] Parcourez les innombrables tragédies et comédies dont Grimm et Collé nous donnent l’extrait mortuaire, même les bonnes pièces de Voltaire et de Crébillon, plus tard celles des auteurs qui ont la vogue, Belloy, Laharpe, Ducis, Marie Chénier. […] C’est par elle qu’on a pu découvrir les droits de l’homme. » Comme en mathématiques, on les a déduits d’une seule définition primordiale, et cette définition, pareille aux premières vérités mathématiques, est un fait d’expérience journalière, constaté par tous, évident de soi. — L’école subsistera à travers la Révolution, à travers l’Empire, jusque pendant la Restauration383, avec la tragédie dont elle est la sœur, avec l’esprit classique qui est leur père commun, puissance primitive et souveraine, aussi dangereuse qu’utile, aussi destructive que créatrice, aussi capable de propager l’erreur que la vérité, aussi étonnante par la rigidité de son code, par l’étroitesse de son joug, par l’uniformité de ses œuvres, que par la durée de son règne et par l’universalité de son ascendant.
Une description burlesque, une tragédie galante, cela plaît comme une forme d’habit se porte, pendant six mois ou pendant dix ans, tant que la mode y est : la mode change, et tragédies et descriptions s’en vont où sont les paniers et les vertugadins. […] ou bien, s’il admettait une tragédie chrétienne, pourquoi pas aussi une épopée chrétienne ?
Ou plutôt, et pour prendre une comparaison plus noble et plus d’accord avec son caractère, André Chénier, par ses vœux, par ses souhaits, par ses chagrins d’honnête homme, par ses conseils et ses colères même, représente assez bien le chef du chœur dans les anciennes tragédies. […] André Chénier, d’ailleurs, ne jugeait point Marie-Joseph et ses tragédies révolutionnaires avec la sévérité qu’on pourrait supposer d’après l’esprit modéré de l’ensemble de ses doctrines. […] Dans un écrit daté de 91 et intitulé Réflexions sur l’esprit de parti, il se montre injuste et vraiment injurieux pour Burke, et le désir de venger son frère de ce que Burke avait dit sur la tragédie de Charles IX dans son fameux pamphlet, y entre pour quelque chose.
Plein de cette confiance et d’une étude profonde des règles du théâtre, j’ai fait une tragédie, elle a été sifflée ; une comédie, elle n’a pas été jusqu’à la fin. […] Vous avez voulu faire une tragédie, et vous ignorez les passions ; une comédie, et vous ignorez le monde ; une histoire, et vous ne savez pas que lorsqu’on écrit l’histoire de son temps, il faut se résoudre à passer pour satirique ou pour flatteur, et par conséquent se préparer d’avance à la haine ou au mépris.
Alzire, malgré le peu de vraisemblance des mœurs, est une tragédie fort attachante ; on y plane au milieu de ces régions de la morale chrétienne, qui, s’élevant au-dessus de la morale vulgaire, est d’elle-même une divine poésie.
Les plus importantes conditions de la tragédie y ressortaient de l’héroïsme, de la fierté des caractères, des passions des éminents personnages, et des grands forfaits relatés par l’histoire. […] Il ajoute que tout ce que contient celle-ci est dans celle-là ; mais que l’épopée ne contient pas tout ce qui est dans la tragédie . On voit que cet axiome, applicable à la tragédie grecque, ne l’est plus à la nôtre. […] Or la conformité n’existe plus pour nous avec la tragédie déclamée. […] Les règles que j’ai supputées relativement à la poésie théâtrale, montaient au nombre de vingt-six dans la tragédie : combien une exacte analyse ne nous en présentera-t-elle pas dans l’épopée ?
La tragédie piétine obstinément dans le dégel du xviiie siècle. Pour être républicaines, les tragédies de Marie-Joseph Chénier n’en deviennent ni meilleures ni pires. […] Logiquement l’heure n’était ni à la comédie, ni à la tragédie, mais au drame, celui de la scène comme celui de la rue. […] Cependant le gaufrier de la tragédie traverse intact la tourmente. […] Il est vrai que Chateaubriand publiait sa tragédie de Moïse un an après Hernani !
La tragédie bourgeoise de Diderot, qui est devenue le drame moderne, n’était rien de plus que du la Chaussée, et les contemporains eux-mêmes de Diderot ne furent pas les dupes des airs superbes de sa théorie. […] Ô mânes de Diderot, quel outrage sanglant pour le grand dramaturge, pour le grand législateur de la tragédie bourgeoise ! […] Il y a là les Deux Amis, le Libertin puni, une tragédie romaine intitulée Terentia, une autre tragédie intitulée l’Infortunée. […] Dans ces jours solennels on représentera une belle tragédie qui apprenne aux hommes à redouter les passions ; une bonne comédie qui les instruise de leur devoir et qui leur en inspire le goût. » Voilà pourtant à quel point il était tombé dans la foi niaise à cette comédie qui n’a jamais corrigé personne. […] Elles prouvent seulement que Diderot, qui savait son métier d’homme de lettres et qui se donnait parfois le pensum de faire des vers, aurait pu mettre en vers, tout comme un autre, ses tragédies vertueuses et bourgeoises.
Lebrun, l’auteur de Marie Stuart, vient de recueillir ses œuvres complètes : deux volumes ont paru, dont le premier contient les tragédies d’Ulysse, de Marie Stuart et le Cid d’Andalousie, imprimé pour la première fois ; le second volume contient le Poëme de la Grèce et des odes qui s’y rapportent, ainsi qu’un poëme sur Napoléon.
Auteur autrefois célèbre de tragédies, de ballets, de pastorales.
J’y trouvais, moi, pauvre homme du Centre, plus d’assent » que d’accent, c’est-à-dire plus de Midi que d’Humanité ; trop de « poivrons » et de « fromageons », trop de « mas », de « nouvelets » et de « Gabrielous »… Et je ne sais pas bien encore, à l’heure qu’il est, si la tragédie d’Aubanel est shakespearienne ou tartarinesque… La légende est belle ; et si, comme on me l’a affirmé, c’est Aubanel lui-même qui l’a inventée de toutes pièces, il l’en faut louer grandement, car elle offre tous les caractères des légendes populaires… Pour trouver de ces choses belles et obscures, pour inventer un symbole qui semble vieux de plusieurs centaines d’années et qui a l’air d’avoir subi les déformations et les additions de plusieurs siècles, certes il ne faut pas être un médiocre poète, et je n’ai pas dit que Théodore Aubanel en fût un.
. — Faust, tragédie de Goethe, nouvelle traduction complète en prose et en vers (1828). — Le même ouvrage, suivi du Second Faust et d’un choix de ballades et de poésies de Goethe, Schiller, Bürger, Klopstock, Schubert, Kœrner, Uhland, etc. (1840). — Couronne poétique de Béranger (Paris, 1828). — Le Peuple, ode (1830). — Nos adieux à la Chambre des députés de l’an 1830 ou Allez-vous-en, vieux mandataires, par le père Gérard, patriote de 1798, ancien décoré de la prise de la Bastille, couplets (1831). — Lénore, traduite de Bürger (1835). — Piquilo, opéra-comique, en collaboration avec M.
Nous avons aujourd’hui un homme de Lettres du même nom, Auteur d’une Tragédie, intitulée Zuma, qui, malgré le succès qu’elle a eu au Théatre, ne figurera jamais que parmi les Pieces médiocres.
En envisageant M. de Fontenelle comme Poëte, il faut oublier, pour sa gloire, qu’il a fait des Tragédies, des Comédies, &c.
Dès qu’il s’agira de Tragédies, de Pastorales lyriques, de Poésies légeres, le Public a déjà décidé que cet Auteur ne figureroit jamais parmi les bons Poëtes de notre nation.
Nous ne parlerons pas du Discours sur la Tragédie, dont les excellentes observations ne sont pas capables d'excuser la sotte apologie qu'il y fait de l'amour tyrannique de Scudéry.
Un gentilhomme Italien fut pendu, pour avoir traduit dans sa langue le libèle de Gilles Durant Antoine de Mont-Chrêtien, auteur de plusieurs tragédies, fut traîné sur la claie, pour crime de rébellion.
Dans la tragédie il suffit de nommer Bayard, Tancrède, Nemours, Couci : Nérestan apporte la rançon de ses frères d’armes, et se vient rendre prisonnier, parce qu’il ne peut satisfaire à la somme nécessaire pour se racheter lui-même.
Ainsi quand nous voïons une belle tragédie, ou bien un beau tableau pour la seconde fois, notre esprit est plus capable de s’arrêter sur les parties d’un objet qu’il a découvert et parcouru en entier.
À douze ans, il avait composé une tragédie d’après l’Iliade, et une ode sur la solitude. […] Dire des galanteries, badiner avec les dames, parler élégamment de leur chocolat ou de leur éventail, railler les sots, juger la dernière tragédie, manier la fadeur ou l’épigramme, c’est là, ce semble, l’emploi naturel d’un esprit comme celui-ci, peu passionné, très-vaniteux, passé maître en fait de style, et qui soigne ses vers comme un petit-maître soigne son habit. […] Elle se trouve impuissante quand il faut peindre ou mettre en scène une action, quand il s’agit de voir et de faire voir des passions vivantes, de grandes émotions vraies, des hommes de chair et de sang ; elle n’aboutit qu’à des épopées de collége comme la Henriade, à des odes et des tragédies glacées comme celles de Voltaire et de Jean-Baptiste Rousseau, comme celles d’Addison, de Thompson, de Johnson et du reste. […] Celui-ci, fils d’un ecclésiastique et très-pauvre, vécut, comme la plupart des écrivains du temps, de gratifications et de souscriptions littéraires, de sinécures et de pensions politiques, ne se maria point faute d’argent, fit des tragédies parce que les tragédies étaient lucratives, et finit par s’établir dans une maison champêtre, restant au lit jusqu’à midi, indolent, contemplatif, mais bon homme et honnête homme, affectueux et aimé des autres.
C’est durant cette période qu’il écrit ses tragédies, si douces et si violentes, et qu’il crée ses délicieuses femmes damnées. […] Or, ce railleur est tellement ingénu qu’il est un des trois ou quatre de nos contemporains qui ont fait des tragédies oui, des tragédies en cinq actes où tout est pris grandement au sérieux, où se déroulent des événements imposants, où des personnages royaux se débattent dans des situations douloureuses et terribles, où s’entre-choquent les passions les plus violentes et où s’énoncent en alexandrins les sentiments les plus nobles et les plus hauts dont l’humanité soit capable. Faire des tragédies ! […] Un parnassien qui est un sentimental et un railleur qui fait des tragédies ; un raffiné qui a l’âme populaire et un ironique qui a l’âme enthousiaste… Ne vous le disais-je pas que M.
Thémis avait donc pu transmettre au Titan, comme une arme extrême, l’arrêt du Destin ; et ce changement vraisemblable forme le nœud de la tragédie, en mettant le tyran à la merci de sa victime qui seule peut l’empêcher de périr. […] IX. — Conception grandiose de la tragédie d’Eschyle. — Caractère mystérieux de son Prométhée. — Prométhée précurseur du Christ. — Les Prophétie et les Sibylles de Michel-Ange. — Prométhée interprété par la pensée moderne. […] » XII Telle est cette tragédie, point culminant du théâtre grec, et dont la profondeur égale la hauteur. […] Une Gigantomachie morale, on pourrait définir ainsi cette prodigieuse tragédie. […] Combien plus l’apaisement était nécessaire dans une tragédie d’une hardiesse si terrible, où le Dieu suprême semblait ébranlé par les imprécations d’un juste opprimé !
Eschyle, qui vint ensuite, fit beaucoup mieux ; il s’attacha à donner de la noblesse à la Tragédie, & à y mettre de la vérité. […] Les Tragédies de Sophocle ont été traduites séparément par M. […] L es premiers Poëtes Latins s’essayerent dans la Comédie, la Tragédie & la Satyre. […] Nous avons des Tragédies sous le nom de ce Philosophe. […] Mais si vous voulez connoître le goût, le génie, le caractère de la plûpart de ces Tragédies, il faut lire les réfléxions judicieuses que le Pere Brumoy a eu occasion de faire sur ces piéces dans son théâtre de Grecs.
J’aimerais mieux avoir fait le plus mauvais drame de la littérature facile, que la tragédie la plus admirée de la littérature difficile de l’Empire. […] Si vous ne le trouvez pas mauvais, messieurs les comédiens, je lirai moi-même ma tragédie, quoique je sois bien jeune encore, puisque je n’ai que six ans et demi ! […] Il est vrai que la tragédie n’était pas faite, second trait de ressemblance avec les illustres poètes dramatiques de ce temps-ci. — Hélas ! avant toute tragédie, il faut vivre. […] Et, d’abord, le suicide rentre dans les moyens extraordinaires employés par la tragédie du second ordre.