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1589. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Si aujourd’hui elle ne fait plus de métaphysique, dans la vieille acception du mot, elle fait toujours de la philosophie : c’est-à-dire qu’elle poursuit la formule la plus simple et la plus compréhensive tout à la fois où elle puisse enfermer la riche diversité des phénomènes et des êtres de la nature.

1590. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Ainsi, on a dit que la salive des enfants était beaucoup plus riche en eau, 996 pour 1000 (Lhéritier). […] Beaucoup d’albumine, constituant environ la moitié du résidu sec (le suc pancréatique du cheval était aussi très riche en albumine) ; e. […]  » Ils déduisent naturellement de cette expérience que le suc pancréatique est très riche en albumine. […] Nous savons d’ailleurs maintenant que le suc pancréatique du cheval recueilli dans de bonnes conditions est très riche en matière coagulable, et l’analyse de MM.  […] Ce qui prouve qu’il en est ainsi, c’est que le suc pancréatique peut émulsionner d’autant plus de graisse qu’il est plus riche en matière organique.

1591. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

D’un autre côté, ce qui me paraît peut-être encore plus audacieux, dans ce que je vais tenter, c’est d’avoir osé ramasser, pour ainsi dire, en quinze conférences, pas une de plus ni de moins, deux cent cinquante ou bientôt trois cents ans d’histoire, et de l’histoire du théâtre français : — l’une des plus chargées qu’il y ait, des plus complexes, des plus riches en anecdotes, et des plus fécondes en chefs-d’œuvre ! […] Je crois, pour ma part, que le théâtre a ses lois ; et ces lois, si peut-être vous pensez avec moi que deux cent cinquante ans d’histoire sont une assez ample matière d’observation, assez riche en faits de toute sorte, je vais essayer, non pas du tout de les déduire a priori d’aucun principe philosophique, ou d’aucune idée préconçue de l’art du théâtre, mais de les induire de l’expérience et de l’histoire. […] Enfin, ce que n’étaient non plus ni le Cid, ni Polyeucte même : des tragédies de caractère, appuyées sur l’observation morale, et riches d’enseignements sur le cœur humain, c’est ce que Rodogune est encore, et c’était encore un progrès. […] En fait, la comédie française n’en a pas moins conquis son entière indépendance, et, si je puis ainsi dire, la France, depuis longtemps assez riche pour payer sa gloire, ne manquera pas non plus, à l’avenir, pour défrayer sa propre comédie, de ridicules ou de vices à elle… Vous remarquerez que c’est ici le commencement de la comédie de mœurs. […] Oronte, riche bourgeois, voulant donner la comédie chez lui, s’entretient avec « un poète » dont la pièce ne lui a pas plu : ORONTE Monsieur, je suis surpris que vous ayez fait une comédie en prose, puisque vous avez tant de facilité à faire des vers.

1592. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

En outre, il est lâche ; c’est aux dépens des faibles et des petits qu’il se moque ; il excelle à ne pas se compromettre ; avec une subtilité qui lui fait défaut dans l’invention et dans la forme, il devine de qui et jusqu’où il peut faire rire le seigneur, le prêtre, le riche ; il mordille les puissants, ne les mord jamais ; son coup de gueule happe l’os espéré, se referme dessus tout de suite ; et si on lui dit : « Tu grondais ? […] Quant à l’ennui que pourrait produire le retour des mêmes sonorités, — si l’on écarte la coutume des rimes trop riches, qui ne sont guère de mise que dans les poèmes bouffons, et dont, grandiosement ou passionnément lyrique ou épique, se garde tout vrai poète, — je n’en suis pas du tout d’accord. […] Son vers, à la rime riche et qui veut être rare, son vers rude, cassant, cassé, cacophonique, (chaque strophe faisant l’effet d’un panier plein de tessons de bouteilles), très souvent bouscule le rythme strict, mais n’a rien qui l’outrepasse ou le rompe.

1593. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Mais celle qui rentre dans le cadre de ce travail est assez riche pour lui donner des proportions trop considérables peut-être au gré du lecteur. […] Il repasse dans sa mémoire, riche en souvenirs classiques, tous les exemples de suicide que nous a laissés l’histoire, et celui qu’il admire le plus est le fait de l’Empereur Othon, qui, après avoir perdu une bataille, avait soupé gaiement avec ses amis, et le lendemain avait été trouvé percé d’un poignard qu’il s’était enfoncé dans le cœur. […] Il les engage à éviter les jardins publics, le fracas, le grand jour, « à contempler de loin les feux qui brillent sous tous les toits habités : ici le réverbère à la porte du riche, qui, au sein des fêtes, ignore qu’il y a des misérables : là-bas quelque petit rayon tremblant dans une pauvre maison écartée du faubourg ; et à se dire : là, j’ai des frères !  […] Mais, il porta toujours en lui un monde imaginaire, plus riche ou plus désolé que l’autre. […] Redevenu riche, il forme un établissement agricole qui fournit un noble aliment et à son activité et à sa bienfaisance.

1594. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Il faut que la salle basse de Tartuffe soit une salle basse de bourgeois riche de 1664 ; et que le salon de Célimène soit très analogue au salon bleu d’Arthénice qui existait encore ; et que le salon de Philaminte soit copié, si l’on peut, sur celui de Mme  de La Sablière. […] — Je répondais : Tircis, ne vois-tu pas aussi Que mon cœur embrasé brûle de même flamme »          — « Je croirai, puisque tu le veux, « Que maintenant mon mal aucunement te touche. »          — « La mort seule éteindra mes feux ; « Et j’en ai plus au cœur mille fois qu’en la bouche. »          — « Si quelqu’un plus riche et plus beau « Et mieux fourni d’appas, à te servir se range ?  […] À ce commerçant riche qui s’assied aux loges avec madame son épouse, on servira un petit couplet où on lui apprendra que « sans le savoir », homme modeste et simple, il est un « philosophe » tout comme un autre, qu’il est un sage, qu’il est un héros, que dis-je ? […] À le faire, on se confirme dans cette opinion que ce grand poète est bien inégal ; que l’expression définitive lui manque souvent ; que la ligne de prose vient trop souvent se glisser entre deux vers miraculeux ; que le souffle continu lui manque ; qu’il n’y a peut-être pas une pièce de lui, et que, en tous cas, il n’y en a pas deux, où la sensation du parfait s’impose à vous d’un bout à l’autre ; que, par conséquent, si la fécondité, la richesse perpétuelle d’imagination, l’aisance du vol infatigable dans les hauteurs sont des qualités, il y a plus grand que lui dans notre siècle ; — mais aussi, que, de ces vers profonds, essentiels, riches à la fois de pensée et de sentiment, de ces vers inépuisables, et dont on trouve, plus on les répète, qu’ils contiennent plus de substance ; de ces vers-là, il n’y en a nulle part en plus grand nombre et il n’y en a nulle part de plus beaux et de plus pleins que dans ce grand poète philosophe. […] Elle lui grasseya avec dignité les paroles suivantes : « Monsieur, dans ma position vis-à-vis de mon ancienne, je ne puis accepter que les rôles de très jeunes personnes. » « Elle avait trente-six ans et la plus riche encolure », nous dit le rancunier Casimir.

1595. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Or, n’est-ce point pour n’avoir pas gardé, dans le Lutrin, cette juste proportion entre la matière et l’art, que ce poème, si riche en détails charmants, est pourtant un ouvrage froid ? […] Auteurs, prêtez l’oreille à mes instructions : Voulez-vous faire aimer vos riches fictions ?

1596. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il recherche « les épithètes moulées sur nature, les tours abondants et larges, les phrases à riches draperies, où l’on sent le nu sous l’étoffe, les muscles sous la pourpre14 ». […] l’égoïste incapable de la moindre émotion, l’ignorant rebelle aux plus simples idées, qui, sans souci de l’humanité, de la patrie et des problèmes sociaux n’a occupé son existence qu’à chercher des rimes riches ou à polir des périodes sonores ; bref, une sorte de bohème, un artiste peut-être, mais aussi brillant à la surface que vide et inutile ? […] Tous les écrivains, tous les artistes du siècle, sauf de rares exceptions, ont passé par des heures aussi terribles que Théophile Gautier ; ils ont eu des jours de découragement et de désespoir ; ils ont connu, au milieu des détresses de l’isolement, ces minutes de vertige, pendant lesquelles on se sent attiré vers les béatitudes de la mort ; presque tous ont été atteints, et presque tous ont plus ou moins résisté. — Mais quand on examine leurs œuvres ou quand on a pénétré les secrets de leur existence, on voit, peu à peu, se créer en eux une nature factice, un travail, des idées, des préoccupations d’emprunt, au milieu desquels ils échappent au mal réel et intime qui les dévore. — Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo se sont jetés dans la politique ; Byron se lançait dans une voie semblable, au moment où il alla mourir, jeune encore, dans un village de la Grèce ; George Sand a usé les trois quarts de sa vie dans les études sociales et dans les rêveries humanitaires : quelques-uns même ont voulu chercher l’oubli, comme Alfred de Musset, dans les vapeurs de l’absinthe et dans les plaisirs du libertinage, ou bien, comme Baudelaire, se bâtir un univers artificiel par les hallucinations de l’opium et du haschisch ou par les étourdissements de la débauche : La Débauche et la Mort sont deux aimables filles Prodigues de baisers et riches de santé51. […] En dépit du Bouddha et de l’irréalité des apparences universelles, il proclame « les vrais principes ; il croit à la liberté humaine, au bonheur, à la justice, au progrès conquis par le travail ; il affirme les droits du pauvre vis-à-vis des devoirs du riche et proscrit l’aumône ou la charité comme immorales256 », Pour couronner cet ensemble de platitudes, il se constitue le champion d’un anticatholicisme des plus vulgaires, dont on ne pourrait que sourire, s’il n’avait malheureusement gâté quelques-uns des Poèmes barbares. […] Quand l’auteur laisse parler son inspiration franche et libre, sans essayer de pasticher ses prédécesseurs, ou bien il écrit les Ballades joyeuses et les Odes funambulesques, ou bien il cisèle ses poésies néo-helléniques et ses courtes nouvelles pseudo-modernes, plus riches de couleur et de lumière que de philosophie et d’observation.

1597. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Certes, l’un n’avait pas enlevé la jeune fille à l’autre ; certes, la précaire situation de fortune d’Hugues, sa réserve délicate, fière et craintive, son silence, lui donnaient d’emblée tout désavantage non seulement sur l’ami, mais sur chacun des jeunes et riches antagonistes qui désiraient Clotilde : irrésistiblement un quelconque devait remporter sur ce timide. […] Monsieur Fred est cet enfant gâté que l’affection aveugle fait croître dans les familles riches, et qui deviendra l’inutile oisif qui, n’ayant rien à faire dans la vie, va échouer au cercle pour y tuer le temps, s’il est garçon, ou pour fuir sa maison, s’il est marié. […] La seconde dit qu’à plaisir Elle rendrait la sienne heureuse, Riche, aimée autant qu’amoureuse, Et jolie assez pour choisir. […] Un homme si riche… vouloir encore le paradis par-dessus le marché !

1598. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il consiste dans le désaccord d’une pensée pauvre et d’une expression riche, et dans la débilité du jugement, qui fait tantôt de la pitié, tantôt de la colère, tantôt du dégoût, tantôt de la mélancolie, la règle forcenée de l’univers et du style. […] Son imagination est nombreuse et riche ; la tige en est grêle ; d’où ses oscillations perpétuelles. […] Ils tranchent sur cette littérature de chambre de malade, de bric-à-brac, ou de charnier, qui fait les délices des passants, sur cette littérature d’ouvroir, d’antichambre, ou d’office riche, qui fait les délices de l’Académie. […] Mon père me racontait qu’un riche propriétaire et député du Midi, froid et composé comme on l’est souvent en ces régions prétendues frénétiques, lui disait de Gambetta, avec gourmandise : « C’est un personnage mêlé de Plaute et de Pétrone. » Ce Cadurcien de sang génois aimait les filles, les gouapes, les discussions byzantines et les intrigues compliquées. […] Dieu sait pourtant si la matière à moquerie était ample, riche, surabondante, capable de nourrir la verve de cent Aristophane et d’autant de Molière, capable d’exciter et d’alimenter aussi ces grands hommes inconnus, ces démolisseurs obscurs, qui résument une vérité vengeresse dans une phrase courte, une remarque vive, un dicton, un proverbe, un trait quelquefois immortel.

1599. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

« Que tu sois riche ou né de la race antique d’Inachus, ou pauvre et issu d’une famille obscure qui supporte le poids du jour, tu mourras victime dévouée au dieu qui ne pardonne pas.

1600. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Il avait désiré vendre en loterie, par des billets placés de complaisance chez ses partisans, sa petite propriété de la Vallée aux Loups ; la France, qui n’est prodigue que d’engouement, n’avait pas pris trois billets ; Mathieu de Montmorency, quoique peu riche, avait acheté à lui seul cette petite maison à un prix d’ami.

1601. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

C’est le bon sens qui dit : Si la nature ou si la force des choses, ce qui est le même mot, condamne tout le genre humain, riches et pauvres, puissants ou impuissants, exploitateurs ou exploités, travailleurs de la main ou travailleurs de l’esprit (car tout le monde travaille ou souffre selon ses facultés), si la force des choses, ce fait accompli, les condamne tous par leur nature bornée, par l’imperfection de leurs organes, par leurs conditions nécessairement diverses, par leurs misères à peu près égales, les condamne, dis-je, à un tâtonnement éternel, à des souffrances modérées chez les heureux, intolérables chez les mal partagés du sort, à vivre en commun sur le même globe, aspirant à une meilleure répartition de ce qu’on appelle mal et de ce qu’on appelle bien ; il faut, de toute nécessité, ou qu’ils s’entretuent ou qu’ils s’entraident.

1602. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Un théâtre riche, qui fit faire son inventaire en 1598, possédait « des membres de maures, un dragon, un grand cheval avec ses jambes, une cage, un rocher, quatre têtes de turcs et celle du vieux Méhémet, une roue pour le siége de Londres et une bouche d’enfer. » Un autre avait « un soleil, une cible, les trois plumes du prince de Galles avec la devise : ICH DIEN, plus six diables, et le pape sur sa mule. » Un acteur barbouillé de plâtre et immobile signifiait une muraille ; s’il écartait les doigts, c’est que la muraille avait des lézardes.

1603. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

De là toute cette poésie de la Restauration, dont le caractère général est un retour vers le passé, une exploration du passé, un enthousiasme vrai ou faux pour le passé, sans élan, sans impulsion en avant : comme si, après la philosophie novatrice et enthousiaste du Dix-Huitième Siècle, une réaction d’immobilité et de rétrogradation fût nécessaire, afin que l’esprit humain, après avoir reconquis son passé, revu son héritage et sa vie antérieure, pût, riche d’expérience et de savoir, se lancer de nouveau, avec plus d’assurance et d’espoir, dans la voie de l’avenir.

1604. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Après quelque séjour en Angleterre, la reine le renvoya en France avec de riches présents, mais point guéri, selon l’usage du temps, qui faisait durer jusqu’à la mort les blessures amoureuses.

1605. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Les circonstances qui nous font citoyen d’un pays, membre d’une famille, qui nous font naître catholique ou musulman, riche ou pauvre, vigoureux ou faible, enfin notre choix même sur un certain nombre de points, viendront ensuite compléter, préciser et développer ce premier système d’obligations.

1606. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

La parabole du riche et de Lazare.

1607. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Punaise en Angleterre, d’un monsieur très riche qui a demandé à changer de nom, et qui, le jour, où il a obtenu un nouveau nom, a vu les punaises, quitter, dans la bouche de ses concitoyens, leur ancienne dénomination, et s’appeler de son nouveau nom.

1608. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Nous ne saurions auquel de nos Orateurs françois le comparer ; il est plus neuf, plus varié & plus riche que la plûpart ; mais il lui manque peut-être d’autres qualités plus essentielles.

1609. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

L’écorce terrestre, avec ses débris ensevelis, ne peut être regardée comme un riche musée, mais comme une misérable collection rassemblée au hasard et avec intermittence.

1610. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Sa psychologie n’était pas moins riche en facultés que sa phrénologie en organes locaux.

1611. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Lorsque Delphine parut, la critique ne put se contenir : elle avait trouvé un riche sujet. […] Il était, comme son frère, infatué d’aristocratie… Si l’on ajoute à toutes les qualités de Mme de Staël, qu’elle était riche, généreuse, on ne s’étonnera pas qu’elle ait vécu dans son château enchanté, comme une reine, comme une fée ; et sa baguette magique était peut-être cette petite branche d’arbre qu’un domestique devait déposer chaque jour sur la table, à côté de son couvert, et qu’elle agitait pendant la conversation. » Au défaut du rameau de feuillage, du gui sacré, c’était l’éventail, ou le couteau d’ivoire ou d’argent, ou simplement un petit étendard de papier qu’agitait sa main, cette main inquiète du sceptre.

1612. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Des discours Les discours qu’Homere prête à ses personnages, sont une des plus considérables parties de son poëme ; je crois même que c’est la plus riche, et celle où il a répandu le plus de beautés. […] quand il me donneroit, dit-il, tous les trésors qui entrent dans Orchomene, ou dans Thebes d’égypte, qui est la plus riche ville du monde et qui a cent portes, par chacune desquelles sortent deux cent guerriers avec leurs chevaux et leurs chars, etc. on sent d’abord que l’alternative d’Orchomene et de Thebes n’est point du tout du caractére de l’emportement, et de plus, que les particularités de la ville de Thebes, ne sont pas supportables en cet endroit, dans la bouche d’Achille.

1613. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Plus d’une fois, en ces années, il se dirigea vers Montpellier à travers les Cévennes ; il vit dans l’un de ces trajets M. de Bonald, le gentilhomme de l’Aveyron, à Milhau ; mais ce n’était pas le philosophe profond dont il partageait volontiers la doctrine sur la parole, qu’il allait surtout visiter ; lui-même, dans un neuvième et dernier fragment daté de 1830, il nous a laissé entrevoir son pieux et triste secret : « Le 14 août 1825, dit-il, une belle et noble créature qui m’était jadis apparue et qui habitait loin des lieux où j’habitais moi-même, une belle et noble créature, jeune fille alors, jeune fille à qui j’avais demandé toutes les promesses d’un si riche avenir ; en ce jour, cette femme est allée visiter, à mon insu, les régions de la vie réelle et immuable, après avoir refusé de parcourir avec moi celles de la vie des illusions et des changements.

1614. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Une femme que j’ai vue à la Salpêtrière racontait, avec une précision et une conviction parfaites, une histoire d’après laquelle elle était noble et riche.

1615. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« Près de nous une longue barque emportait rapidement une noce de riches négociants.

1616. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

XXVIII Le nom de famille de madame Récamier était Julie-Adélaïde Bernard ; son père était membre de la bonne et riche bourgeoisie de Lyon.

1617. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Moi, qui viens ici pour la première fois, je ne puis m’en rassasier : j’y prends en mépris ces magnifiques maisons de campagne, et leurs pavés de marbre, et leurs riches lambris.

1618. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Anytus, un autre de ses accusateurs, était un artisan riche, puissant et accrédité par son républicanisme dans Athènes ; il avait contribué à secouer le joug des trente tyrans qui rétablissaient le régime aristocratique.

1619. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Ma belle-mère possédait, dans un des plus riches quartiers de Londres, une maison élégante et magnifiquement meublée, dans le voisinage de Hyde-Park.

1620. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

» « Voilà, ajoute-t-elle, de la vraie simplicité, celle de l’âme, celle qui convient au peuple comme aux rois, aux pauvres comme aux riches ; enfin, à toutes les créatures de Dieu.

1621. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Malebranche n’a pas été trop sévère pour ces savants « qui font de leur tête un garde-meuble, dans lequel ils entassent, sans discernement et sans ordre, tout ce qui porte un certain caractère d’érudition, et qui se font gloire de ressembler à ces cabinets de curiosités et d’antiques, qui n’ont rien de riche, ni de solide, et dont le prix ne dépend que de la fantaisie, de la passion et du hasard ».

1622. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Quand on voit, dans les collèges151 de la fameuse Société, cultiver « l’art de composer des énigmes  », multiplier les exercices qui doivent apprendre à dire les choses en style agréable et raffiné, on se demande si notre littérature mondaine, aimable, frivole et précieuse, n’a pas dû quelque chose à ces habiles dresseurs de la jeunesse riche et bien pensante.

1623. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Il aurait besoin de passer un mois dans une ferme, en Beauce… et dans ces conditions… avec une lettre de recommandation d’un riche propriétaire à son fermier… lettre, qui lui annoncerait l’arrivée avec son mari, d’une femme malade, ayant besoin de l’air de la campagne… « Vous concevez, deux lits dans une chambre blanchie à la chaux, c’est tout ce qu’il nous faut… et bien entendu, la nourriture à la table du fermier… autrement je ne saurais rien. » Les chemins de fer, son roman sur le mouvement d’une gare, et la monographie d’un bonhomme vivant dans ce mouvement ; avec un drame quelconque… ce roman, il ne le voit pas dans ce moment-ci… Il serait plus porté à faire quelque chose, se rapportant à une grève dans un pays de mine, et qui débuterait par un bourgeois, égorgé à la première page… puis le jugement… des hommes condamnés à mort, d’autres à la prison… et parmi les débats du procès, l’introduction d’une sérieuse et approfondie étude de la question sociale.

1624. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Chez la petite ouvrière qui passe, « gantée et mise avec décence », se rendant dès le matin à l’ouvrage dans la maison des riches, il devine les souffrances de la mansarde qu’elle quitte, qu’elle retrouvera ce soir avec les petits frères qui disent « nous avons faim », tandis que le père roule dans l’escalier après avoir laissé au cabaret sa paye de la semaine.

1625. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Barthélemy Saint-Hilaire, sont, chez le peuple indien lui-même, le fondement, le point de départ d’une littérature qui est plus riche, plus étendue, si ce n’est aussi belle que la littérature grecque. » Quant à nous, nous la trouvons mille fois plus belle ; car cette littérature est plus morale, plus sainte et pour ainsi dire plus divinisée par la charité qu’elle respire : c’est la littérature de la sainteté ; celle des Grecs n’est que la littérature des passions.

1626. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style.

1627. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Ce n’est pas dire que ces contrées si riches en espèces ne puissent posséder peut-être les types originaux de plusieurs plantes utiles, mais que ces plantes indigènes n’ont pas été améliorées par une sélection continue jusqu’à un degré de perfection comparable à celui de nos plantes plus anciennement cultivées.

1628. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Infortuné dès le berceau, il avait deux ans quand son père et sa mère moururent, et il allait mourir comme eux, quand un monsieur Allan, homme très riche, à l’instigation charitable de sa femme, prit l’orphelin pour se faire un enfant qui lui manquait, et il l’éleva dans un luxe et dans l’espérance d’une fortune qui devait rendre plus tard la pauvreté de Poe plus cruelle.

1629. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Certaines autres sont malheureusement d’une couleur brune et rousse, qui donne au tableau je ne sais quel aspect obscur — mais tous les tons clairs ou riches sont bien réussis. — Ce qui nous a donc frappé dans ce tableau est la maladresse mêlée à l’habileté — des inexpériences comme d’un homme qui n’aurait pas peint depuis longtemps, et de l’aplomb comme d’un homme qui aurait beaucoup peint.

1630. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

* Ne nous pressons pas d’admirer les gens nés avec des talents, non plus que les gens nés riches. […] » Mort à tout ce qui me déplaît ou me gêne, à mes concurrents, il mes créanciers ; mort aux riches qui ont ce que je n’ai pas, aux magistrats et aux gendarmes qui m’empêchent de le prendre ! […] Il n’est pas jusqu’à l’industrie de la rime riche dont je ne sois touché, même quand au lieu d’obéir, elle commande, et j’y prends plaisir en cachette de Boileau.

1631. (1914) Une année de critique

Moraliste, il a un style de moraliste, et qui peut se réclamer d’une très riche tradition française. […] Et cet admirable cerveau est encore bien plus riche que vous ne pouvez le soupçonner. […] * *   * C’est un lieu commun des moralistes de célébrer l’intensité et les riches colorations que prend, dans un cœur d’homme, un amour dont on pressent qu’il sera le dernier.

1632. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

L’été si fier de ses richesses, L’automne qui nous fait de si riches présents, Me plaisent moins que le printemps, Qui ne nous fait que des promesses.

1633. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Celui-ci s’assied en chantant avec désinvolture que ce monde ne doit pas être une vallée de larmes, et que quand on est riche on a raison de se divertir.

1634. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Ce résumé encyclopédique est lui-même le résumé de deux cent mille volumes qui se multiplient tous les jours sur toutes les connaissances humaines, et cela dans une langue triple, tellement riche en mots et tellement parfaite en construction logique qu’elle est à elle seule une science dépassant presque la portée d’une vie d’étude.

1635. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Elle se composait enfin de l’abbé de Maistre, autre frère qui devait bientôt devenir évêque d’Aoste ; et enfin de Xavier de Maistre, dont on regrettait l’absence, et qu’on attendait aussi de Pétersbourg, où un heureux et riche mariage avait fixé son sort errant.

1636. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Faguet, qu’à de certains moments, dans les civilisations avancées, riches de chefs-d’œuvre littéraires, la meilleure maxime de pédagogie qu’on puisse donner, c’est d’écarter les livres.

1637. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

XVII Plut à Dieu que j’eusse fait comprendre à quelques belles âmes qu’il y a dans le culte pur des facultés humaines et des objets divins qu’elles atteignent une religion tout aussi suave, tout aussi riche en délices que les cultes les plus vénérables.

1638. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

. — Darius s’était brisé contre les Scythes nomades et sans villes : son fils pourrait-il vaincre un pays si riche en cités, des hommes aussi exercés aux combats de la terre qu’aux luttes de la mer ?

1639. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

— J’ai ici un jardinier bizarre, homme mélancolique et agreste, ouvrier de tous métiers, et mari souffre-douleur d’une maîtresse de piano, exerçant dans la banlieue, et riche avec cela d’une potée de progéniture.

1640. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Quelle leçon que l’exemple de Clarice, fille de condition, riche, sage, spirituelle, qui périt par l’imprudence qu’elle a de se soustraire à une famille injuste, à la vérité, mais dont la révolte n’aboutit qu’à la faire tomber entre les bras d’un scélérat.

1641. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Je rentrai silencieux et recueilli, en suivant les bords du fleuve resplendissant sous les palais qui se reflétaient dans ses ondes, résolu à étudier sérieusement les chefs-d’œuvre de cette belle littérature dont je venais d’entendre pendant cinq heures, chez la comtesse d’Albany, une si riche nomenclature et de si éloquents commentaires.

1642. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Y en a-t-il d’aussi riches en images appropriées au sens, et d’aussi vibrants d’harmonie ?

1643. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Mettons qu’on ait abandonné au philosophe les soixante-dix talens qui, d’après Plutarque, ne furent pas utilisés pour les préparatifs de l’expédition contre les Perses, cette libéralité, d’environ 390, 000 francs, n’a pu servir tout entière à l’acquisition d’animaux morts ou vivans ; il faut tenir compte du prix des livres à cette époque : Aristote payait trois talens, un peu plus de 16, 500 francs, les œuvres du seul Speusippe, et il eut certainement une riche bibliothèque.

1644. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Sa complexité croissante paraîtra laisser une latitude de plus en plus grande à l’activité de l’être vivant, la faculté d’attendre avant de réagir, et de mettre l’excitation reçue en rapport avec une variété de plus en plus riche de mécanismes moteurs.

1645. (1903) La renaissance classique pp. -

On obtiendra la liberté dans l’ordre, l’unité stricte dans la plus riche diversité.

1646. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

En garde contre le relâchement de Voltaire, il est, lui, pour l’excellent goût de Racine et de Boileau, qui font naître une harmonie variée d’un adroit mélange de rimes, tantôt riches et tantôt exactes. […] Qu’on lise son ode sur la Vieillesse  : il y a exprimé le sentiment d’une calme et fructueuse abondance dans une strophe toute pleine et comme toute savoureuse de cette douce maturité : Le temps, mieux que la science, Nous instruit par ses leçons ; Aux champs de l’expérience J’ai fait de riches moissons ; Comme une plante tardive, Le bonheur ne se cultive Qu’en la saison du bon sens : Et, sous une main discrète, Il croîtra dans la retraite Que j’ornai pour mes vieux ans.

1647. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Un travail compliqué se faisait aussi dans ma tête ; sans doute, on avait tâché de me faire comprendre ce qu’était d’être riche ou pauvre, de posséder un jardin, des maisons, un chat jaune, ou de ne rien posséder du tout. […] Certainement elle viendrait près de moi, si je voulais d’elle ; mais, pour cela, je devais devenir riche, étudier sérieusement, afin d’être savante, au lieu de penser à me sauver du couvent… Oh ! […] Grande, forte, les yeux lumineux, les joues colorées d’un sang riche, les lèvres charnues et rouges elle semblait faite, plus qu’aucune autre, pour la vie normale et tous les bonheurs naturels ; c’était le contraire d’une nonne, et l’idée qu’elle allait, sans y être forcée par rien, se murer dans cette tombe, me causait un très vif chagrin.

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