Avenir de la poésie lyrique. […] La perte de l’enthousiasme, l’inutilité de la poésie, seraient-elles un progrès que nous devions attendre des perfectionnements successifs de la vie matérielle ? […] Au milieu de ce grand peuple accru des dépouilles de l’ancien monde et des inventions puissantes de chaque jour, parmi ces ouvriers de la onzième heure qui achèvent si vite leur tâche et reçoivent un plein salaire, dans cette nation rude et savante, nouvellement née et pleine d’expérience, enorgueillie de sa force comme de la magnifique nature subjuguée par ses arts, la poésie de l’âme, nourrie par la religion, la patrie, la famille, ne peut manquer un jour d’avoir son Orient et son Midi.
En admirant ses poésies, où l’on aperçoit plusieurs des parties des grands poètes, on y verra aussi la marque de l’inexpérience et de l’inachèvement ; on les regardera, non comme des pièces accomplies, mais comme des fragments, des ébauches, qui ne présentent guère, si ce n’est dans une ou deux pièces, une page entière où l’on ne reconnaisse, à côté des plus heureuses qualités de l’harmonie, de la sensibilité, de la grâce, les traces de l’affectation et de faux goût. […] Alphonse de Lamartine Bien qu’André Chénier, dans son volume de vers, ne soit qu’un Grec du paganisme et, par conséquent, un délicieux pastiche, un pseudo-Anacréon d’une fausse antiquité, l’élégie de la Jeune Captive avait l’accent vrai, grandiose et pathétique de la poésie de l’âme.
Tyrtée du peuple, par l’accent si pénétrant, les nobles coups d’ailes et aussi par les délicieuses rencontres et la poésie naturelle de ses chansons intitulées : Le Chant du pain, le Chant des ouvriers, le Louis d’or, le Braconnier, etc… qui vieilliront moins que celles de Béranger. […] Mais que la poésie est donc meilleure conseillère lorsqu’elle nous persuade de pardonner à la nature, et d’y voir le bien en même temps que le mal !
Nous ne parlerons pas de ses Poésies : on convient généralement qu’elles sont mauvaises, quoiqu’elles fourmillent de pensées ingénieuses, galantes, philosophiques ; ce qui prouve combien M. […] Mais la médiocrité de Saint-Evremont, en Poésie, ne doit influer en rien sur l’estime due à sa Prose.
Il ne l’entoure d’aucune poésie, pas même de la poésie qui suit la force dévoyée.
., je rêvai à la différence des charmes de la peinture et de la poésie ; à la difficulté de rendre d’une langue dans une autre les endroits qu’on entend le mieux. […] Il ne faut point faire de poésie dans la vie. […] Le jugement est la qualité dominante du philosophe ; l’imagination, la qualité dominante du poëte. — L’esprit philosophique est-il favorable ou défavorable à la poésie ? […] Quelle est à votre avis l’espèce de poésie qui exige le plus de verve ? […] Il y a dans la poésie toujours un peu de mensonge ; l’esprit philosophique nous habitue à le discerner, et adieu l’illusion et l’effet.
On verra que l’application de ma méthode à la poésie épique s’accorde par sa conformité avec les formules analytiques que j’ai appliquées à la poésie dramatique. […] On glace tout, on anéantit la poésie par les raisonnements froids d’une métaphysique partiale et maligne. […] Que nous écrit Voltaire lui-même dans son essai sur la poésie épique ? […] La petitesse de cette circonstance leur a paru indigne de la haute poésie. […] Je pense qu’on ne saurait donner trop de relief aux êtres de raison qu’on veut réaliser en poésie.
Même s’il ne faut pas considérer la science comme la négation de la poésie, l’idée positiviste de la science est opposée à l’idée romantique de la poésie. […] Si l’on fait de la beauté avec de la laideur, c’est qu’on a tiré de la laideur même une poésie étrange, cachée, une poésie de douleur ou de joie. […] Je crois qu’il faut, à une œuvre d’art, sa poésie ; je ne crois pas qu’il y ait de vraie littérature sans poésie. Et qu’est-ce que la poésie ? […] … La poésie française avait, pour ainsi parler, du chagrin.
La poésie de M. […] Ce n’est qu’à ces conditions qu’on s’élève à la grande poésie. […] En fait, la poésie n’a jamais été plus florissante. […] Ici Péguy s’élève à la grande poésie. […] Il avait le don de la poésie, il n’en avait pas le culte.
En poésie du moins. […] Et cette poésie est vivante, associée à la vie des hommes. […] C’est la poésie qui l’amenait. […] C’était un intime et violent amant de la poésie. […] Car ce lyrique fut en poésie, quand il lui plut, un clown sans égal.
C’est de la poésie dans le genre de l’abbé Colin, mais de la meilleure du genre. […] : On me fait remarquer que la pièce attribuée dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale à Fléchier, se trouve imprimée dans le recueil de poésies d’Étienne Pavillon.
Au tour d’imagination et de poésie figurative qui est particulier à son pays, il unit une prestesse et une pointe de raillerie véritablement françaises, qu’il semble avoir acquises dans le commerce assidu de Voltaire. […] La poésie ne rassasie aucun prince, et s’il a un cœur faible qui ne puisse rien digérer de fort, il s’affaiblit lui-même. » M.
Paris9, l’enlèvent à la poésie du moyen âge beaucoup de ce qui fait le charme et la profondeur de celle d’autres époques : l’inquiétude de l’homme sur sa destinée, le sentiment douloureux de grands problèmes moraux, le doute sur les bases mêmes du bonheur et de la vertu, les conflits tragiques entre l’aspiration individuelle et la règle sociale. » Elles tarissent en un mot les profondes sources du lyrisme. […] Même tout l’art dont est capable ce moyen âge qui lut les chefs-d’œuvre de la poésie antique sans y remarquer la fine splendeur des formes, cet art sortira de là : il manifestera l’énergie de son individualisme par ses châteaux, et la vivacité de sa foi par ses églises.
Bergerat a donné le Poème de la guerre, recueil d’odes et de poésies patriotiques écrites pendant le siège de Paris et dont quelques-unes ont atteint et conservé la popularité. […] Bergerat, à demi submergé dans une production presque quotidienne de journaliste militant, n’a plus donné à la poésie que le poème intitulé Enguerrande, par lequel il affirme ses convictions shakespeariennes.
Il vaut mieux reconnaître qu’indépendamment des habitudes et des tours acquis, le talent de poésie est en nous un don comme le chant. […] On y fait observer qu’Ossian n’est qu’un type incomplet de la poésie du Nord, et que l’honneur de la représenter appartient de droit à Shakspeare. […] La poésie européenne assistait à Coppet dans la personne de plusieurs représentants célèbres. […] Laissons au roman, à la poésie de nos neveux, le frais coloris de ces mystères ; nous en sommes trop voisins encore. […] Une personne d’esprit écrivait : « Comme j’aime certaines poésies !
. — Comment il impose à la poésie un but moral. — Ses poëmes profanes. — L’Allegro et le Penseroso. — Le Comus. — Lycidas. […] Émotions et raisonnements, toutes les forces et toutes les actions de son âme se rassemblent et s’ordonnent sous un sentiment unique, celui du sublime, et l’ample fleuve de la poésie lyrique coule hors de lui, impétueux, uni, splendide comme une nappe d’or. […] Mais il avait encore d’autres maîtres, Beaumont, Fletcher, Burton, Drummond, Ben Jonson, Shakspeare, toute la splendide Renaissance anglaise, et par derrière elle la poésie italienne, l’antiquité latine, la belle littérature grecque, et toutes les sources d’où la Renaissance anglaise avait jailli. […] Mais en même temps il transformait leur diction et employait la poésie à un nouvel usage. […] Le hasard d’un trône conservé, puis rétabli, le porte avant la révolution dans la poésie païenne et morale, après la révolution dans la poésie chrétienne et morale.
la misère à ce qu’il regardait comme une dérogation à la poésie. […] Lamartine est peut-être le plus grand musicien de la poésie. […] Lord Byron seul avait fait voyager aussi somptueusement la poésie. […] En effet, il avait été en poésie un inventeur. […] La peinture avait ses Orientales comme la poésie.
Poésie lyrique I L’âme humaine est un grand mystère. […] De là aussi la poésie lyrique, dans laquelle l’âme se chante à elle-même ou chante aux autres âmes ce que la simple parole parlée ou écrite lui semble insuffisante à révéler. […] Nous n’avons qu’à citer pour la France cette explosion merveilleuse de la Marseillaise, dont nous avons connu l’auteur et dont nous avons fait le récit dans une de nos histoires : c’est la poésie du sol, le lyrisme de la patrie, le chant des trois cents Spartiates dont un écho s’est retrouvé en France dans les montagnes du Jura en 1792. […] L’art devient saint, la danse héroïque, la musique martiale, la poésie populaire. […] Elles aimaient le jeune officier ; elles inspiraient son cœur, sa poésie, sa musique ; elles exécutaient les premières ses pensées à peine écloses, confidentes des balbutiements de son génie.
La seconde forme était la plus appliquée durant les deux derniers siècles, surtout dans la poésie lyrique. […] Certainement la langue et la poésie allemandes lui doivent beaucoup ; par lui nous avons compris qu’au point de vue de la parole seulement, la lyrique allemande ne peut dériver d’une origine artistique et populaire en même temps, et surtout que la poésie allemande ne doit pas attendre son salut de l’acclimatation de formes étrangères. […] Pas plus que ses poésies ne furent chantées, ses drames ne furent représentés, Ses œuvres d’ailleurs ne peuvent nous donner une idée de ce à quoi il aspirait, sans jamais l’atteindre. […] Il y dit : « Chaque peuple a une quadruple intuition : religieuse, politique, scientifique et artistique. » Il voit dans le drame le point culminant de la poésie. […] Il ne sait résoudre cette question ; il pêche dans ses essais dramatiques par les façons de faire qu’il a blâmées, et se consume dans de vains efforts sur cette question, autant que sur la question de la poésie lyrique.
Je m’en honore, mais convenez que ce Viennet n’était qu’un faux brave en philosophie, en poésie et dans tout ce qui s’ensuit. […] Il lui fallait un auteur : Virgile, Ovide étaient pris ; restait Lucrèce ; Lucrèce fut son homme ; rude, âpre, éclatant, d’une verve sombre, d’une harmonie rauque, portant dans la poésie les formes logiques, gardant par places la rouille d’Ennius. […] Aussi ne croyez nullement que la traduction de M. de Pongerville retrace en quelque chose son modèle ; c’en est une contrefaçon pâle et fade, vernissée d’une plate et monotone élégance, où l’on ne retrouve rien du nerf logique ni de la poésie étincelante du maître.
Aristarque pour les poëmes homériques, Tieck pour Shakspeare, ont été, dans l’antiquité et de nos jours, des modèles de cette sagacité érudite appliquée de longue main aux chefs-d’œuvre de la poésie : vestigia semper adora ! […] Celle-ci nous offre le développement prévu et l’application au monde moral de cette magnifique langue de poésie, qui, à partir de la première manière, quelquefois roide et abstraite, des Odes politiques, a été se nourrissant, se colorant sans cesse, et se teignant par degrés à travers les Ballades jusqu’à l’éclat éblouissant des Orientales. […] On entrevoyait à peine ce que deviendrait chez le poëte cette inspiration personnelle élevée à la suprême poésie, en lisant la pièce intitulée Promenade, qui est contemporaine des Ballades, et la Pluie d’été, qui est contemporaine des Orientales ; le sentiment en effet, dans ces deux morceaux, est trop léger pour qu’on en juge, et il ne sert que de prétexte à la couleur.
La Renaissance des lettres s’était faite en France sous l’influence immédiate de l’Italie, et, après l’effort tenté par Ronsard pour reproduire la beauté des modèles antiques, la poésie était, à la fin du siècle, retournée insensiblement à l’imitation des Italiens. […] Choix de poésies allemandes, par Huber, 4 vol. in-8, 1706. Ramier, Poésies lyriques, 1777. — Théâtre allemand, tr.
Malgré mes grands cheveux blancs qui me donnent l’air d’un académicien (à l’étranger), j’ai grand besoin de quelqu’un qui m’aime assez pour m’appeler son enfant… » Il lui demande, un jour, un article sur les Histoires extraordinaires de Poë ; Sainte-Beuve promet l’article, ne l’écrit point, et Baudelaire ne lui en veut pas L’affection de Baudelaire pour le grand critique datait de loin ; les Poésies de Joseph Delorme étaient déjà, au collège, un de ses livres de prédilection ; et à vingt ans, il envoyait des vers (dont quelques-uns assez beaux) à son poète favori… Et, en effet, les poésies de Sainte-Beuve, — si curieuses mais qui ne sont aujourd’hui connues et aimées que d’un petit nombre de lettrés, ressemblent déjà par endroits, sinon à des « fleurs du mal », du moins à des fleurs assez malades. […] » Ô bienfaisante poésie, fille de l’éternelle illusion !
Il sentait que là étaient la force, l’avenir de notre poésie, mais il exerçait sa direction avec de tels scrupules qu’il allait jusqu’à sacrifier ses préférences et qu’il continuait à donner asile, concurremment, à toutes les autres manifestations d’art. […] En vain, les décadents (c’est ainsi qu’on appelait, faute de mieux, les écrivains nouveaux), en vain les décadents les plus pressés de fixer l’attention traînaient-ils Louise Michel aux conférences de la salle Jussieu ; en vain se glissaient-ils dans les réunions anarchistes pour y déraisonner sur la politique, tandis que les politiciens y déraisonnaient sur la poésie, chacun ayant l’habitude, remarque Rachilde, de s’occuper de ce qui ne le concerne pas : le public continuait d’ignorer ; la Presse ne soufflait mot. […] Grâce à lui, la foule apprit avec stupeur que le vicomte de Bornier n’incarnait pas à lui tout seul la Poésie française et qu’il y avait une autre esthétique que celle de Francisque Sarcey.
La poésie de l’âme, la foi, la liberté, l’honnêteté, le dévouement, apparaissent dans le monde avec les deux grandes races qui, en un sens, ont fait l’humanité, je veux dire la race indo-européenne et la race sémitique. […] Mais c’était un naturalisme profond et moral, un embrassement amoureux de la nature par l’homme, une poésie délicieuse, pleine du sentiment de l’infini, le principe enfin de tout ce que le génie germanique et celtique, de ce qu’un Shakspeare, de ce qu’un Goethe devaient exprimer plus tard. […] L’éternelle poésie des âmes religieuses, les Psaumes, éclosent de ce piétisme exalté, avec leur divine et mélancolique harmonie.
Théâtre, poésie, roman, histoire, tout fut créé, régénéré et agrandi par l’école romantique. […] Cette poésie intérieure n’est pas tarie. […] La poésie se modifie, admet comme élément de beauté la réalité vulgaire. […] Dans l’ensemble de ses œuvres, le créateur d’Albine, d’Hélène et de Miette, sacrifie sur les autels de la poésie. […] Chaucer, père de sa poésie, était un réaliste, et ses Contes de Cantorbéry des tableaux d’après nature.
Paul Alors, vous fréquentez les salons littéraires, pour y faire de la poésie pure ? […] Pierre Ô poésie ! […] Celui-là est un pur esthéticien, un amant et un paladin de la haute poésie. […] C’est Henry Bataille qui a cru que Baudelaire avait inventé la poésie. […] Pierre Brémond a du goût : il aime la poésie, et notamment celle de Valéry.
Les grands souvenirs de la poésie nationale l’attirent ensuite vers les lieux consacrés : il cherche l’âme de Dante à Ravenne, il visite à Arqua le tombeau de Pétrarque et celui d’Arioste à Ferrare. […] Son amour pour la comtesse d’Albany et sa passion pour les vers s’étaient développés ensemble ; séparé de son amie, il sentait sa troisième passion, celle des chevaux, reprendre invinciblement le dessus et triompher de la poésie. […] Souvent mon cœur tournait à la joie, et alors j’essayais aussi de la poésie badine. […] Une fois revenu à la poésie, je ne quittai plus mon petit poème que je ne l’eusse complètement terminé, y compris le quatrième chant. […] J’entrais dans ma cinquantième année ; c’était le moment de mettre un dernier frein au débordement de mes poésies.
Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. […] Sa poésie passait presque toute en compliments et en dragées de société. Mlle de Rambouillet disait des douceurs que répandait Voiture en conversant ou en écrivant des lettres : « C’est toute poésie. » II était trop paresseux, trop insoucieux de l’avenir, pour travailler ses vers : ayant eu à copier je ne sais quelle de ses pièces qu’on lui avait demandée en Angleterre, il dit « que ce sont les seuls vers que jamais il ait écrits deux fois. » J’admets qu’il se vante un peu, mais cette affectation de négligence équivaut à la négligence même. […] Entre l’ode élevée et le genre burlesque alors en vogue, il tient sa route aisée et il continue en français la poésie véritablement légère.
Conçoit-on un éditeur, au contraire, qui intervient à tout propos à travers son auteur, parle en son propre nom durant des pages, exprime son opinion sur les événements et sur les personnes, prétend dicter à chacun le ton et donner la note sur ce qu’on peut juger aussi bien que lui ; qui déclare que la France, après s’être incarnéedans Napoléon, s’incarna une seconde fois dans Béranger, et que, depuis 1815 jusqu’en 1857, « la poésie de Béranger est Vessieu sur lequel tourne notre histoire : il a mû quarante ans nos destinées ! […] » La poésie sérieusement l’occupe : « Elle est pour moi maintenant une occupation douce, qui ne me nourrit point d’idées chimériques, mais qui n’en charme pas moins tous mes instants. » Cette poésie, comme il l’entendait, était pourtant alors à ses yeux très distincte encore de ses chansons ; il rêvait un succès par quelque poëme d’un genre élevé et régulier, tel que le lui avait conseillé Lucien Bonaparte, son protecteur, tel que la littérature impériale classique le prescrivait à tout jeune auteur qui briguait la palme. La chanson était la distraction légère et le hors-d’œuvre sur lequel il ne comptait pas, et il fondait tout son espoir de renommée sur un poëme (je ne sais quel poëme épique pastoral) qu’il corrigeait et retravaillait sans cesse : « Si l’amour-propre ne m’égare pas, je crois commencer un peu à comprendre ce que c’est que la poésie ; mais qu’il y a encore à apprendre !
) Il n’y a pas en elle de sens pour ce que nous appelons poésie ; d’une œuvre de ce genre elle ne s’assimile que la passion, l’éloquence, l’esprit général ; mais si le bon lui échappe parfois, elle n’estimera jamais le mauvais. […] Quand elle partit de Weimar, il paraît toutefois, à quelques mots de la Correspondance des deux illustres amis, qu’il était temps et qu’ils en avaient assez de cette conversation ardente, inépuisable, qui les tenait en haleine et en travail continuel, et qui leur soutirait leur poésie : « Elle éloigne de moi toute poésie, disait Schiller, et je m’étonne de pouvoir faire encore quelque chose. » Goethe est encore celui des deux qui, à ses heures libres, s’en serait le mieux accommodé. […] Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.
Gœthe osait donc se découvrir devant Eckermann et montrer les nombreuses piqûres que son amour-propre avait reçues ; il semblait lui dire en les étalant : « Voyez, il n’y a pas d’homme complètement heureux. » Ainsi, un jour qu’il causait de son recueil de poésies à l’orientale, le Divan, et particulièrement du livre intitulé Sombre humeur, dans lequel il avait exhalé ce qu’il avait sur le cœur contre ses ennemis : « J’ai gardé beaucoup de modération, disait-il ; si j’avais voulu dire tout ce qui me pique et me tourmente, ces quelques pages seraient devenues tout un volume. — Au fond, on n’a jamais été content de moi, et on m’a toujours voulu autre qu’il a plu à Dieu de me faire. […] Montrant un jour à Eckermann deux de ses poésies dont l’intention était très-morale, mais où le détail offrait par places trop de naturel et de vérité, il se proposait bien de les garder en portefeuille, disait-il, de peur de scandaliser : « Si l’intelligence, si une haute culture d’esprit, remarquait-il à ce propos, étaient des biens communs à tous les hommes, le poëte aurait beau jeu ; il pourrait être entièrement vrai et n’éprouverait pas de crainte pour dire les meilleures choses. […] La traduction de son Faust par l’aimable et gentil Gérard de Nerval lui avait fait un vrai plaisir, et il la louait comme très bien réussie : « En allemand, disait-il, je ne peux plus lire le Faust, mais dans cette traduction française, chaque trait me frappe comme s’il était tout nouveau pour moi. » Il vérifiait ainsi ce qu’il avait dit autrefois dans une poésie charmante : Emblème. […] David le sculpteur, qui avait fait le voyage de Weimar vers ce temps et tout exprès pour en rapporter le majestueux portrait et le buste, envoya bientôt à Gœthe (mars 1830) une caisse contenant sa collection de médaillons en bronze ou en plâtre, avec des livres de nous tous d’alors, fiers et heureux que nous étions de rendre hommage au patriarche de la poésie et de la critique : « David, disait Gœthe (14 mars), m’a, par cet envoi, préparé de belles journées.
Michelet, dans toute la sincérité de sa conviction, à propos d’un passage de ce dernier en l’honneur de notre langue et de notre poésie : « J’ai lu avec un grand plaisir l’Introduction de vos Origines du Droit. C’est un morceau plein d’intelligence et de délicatesse, dans la pensée comme dans l’expression… Cependant, à mon avis, vous allez trop loin dans la note de la page cxxi, et votre éloge de la poésie française, depuis Corneille jusqu’à Voltaire, méconnaît les progrès et les besoins du temps actuel, qu’autrement vous sentez si bien. […] j’ai souvent ouvert, avec la meilleure volonté du monde, Corneille, Racine et Boileau, et je sens tout ce qu’ils ont de talent ; mais je ne puis en soutenir la lecture, et il me paraît évident qu’une partie des sentiments les plus profonds qu’éveille la poésie est restée lettre close pour ces auteurs56… » L’aveu est assez clair. […] Corneille, Racine et Molière, deux Cours sur la poésie dramatique française au xviie siècle, par M.
Dans la jeunesse, elle se recèle sous l’art, sous la poésie ; ou, si elle veut aller seule, la poésie, l’exaltation s’y mêle trop souvent et la trouble. Ce n’est que lorsque la poésie s’est un peu dissipée et éclaircie, que le second plan se démasque véritablement, et que la critique se glisse, s’infiltre de toutes parts et sous toutes les formes dans le talent. […] Fontenelle nous est un grand exemple : il n’avait été qu’un bel esprit contestable en poésie, un fade novateur évincé ; il devint, sous sa seconde forme, le plus consommé des critiques et un patriarche de son siècle.
Enfin la république avait eu presque tous ses grands hommes avant qu’on y cultivât la poésie. […] Le plus sublime des poètes, Homère, a existé quatre siècles avant le premier écrivain en prose qui nous soit connu ; Phérécide de Scyros, trois cents ans avant Solon, un siècle avant Lycurgue ; et le premier art de l’imagination, la poésie, avait presque atteint en Grèce le plus haut degré de perfection, avant que l’on eût sur d’autres objets les idées suffisantes pour faire un code de lois et former une société politique. […] On dit que la littérature italienne a commencé par la poésie, quoique du temps de Pétrarque il y eût de mauvais prosateurs dont on pourrait objecter les noms, comme on prétend opposer Ennius, Accius et Pacuvius aux grands orateurs, aux philosophes politiques qui consacrent la gloire des premiers siècles de la république romaine. […] Il en est de même de cette poésie informe, froide et inconnue, à laquelle on veut attribuer l’origine de la littérature latine.
Richepin est, en poésie, un superbe animal, un étalon de prix, de croupe un peu massive. […] Dans les Blasphèmes, vous rencontrerez des souvenirs directs de Lucrèce, de Pline l’Ancien et de Juvénal (je ne parle pas des réminiscences de Musset et de Hugo), et dans la Mer, des morceaux de poésie didactique et descriptive qui vous feront songer, selon votre humeur, soit au Virgile des Géorgiques, soit à l’abbé Delille. […] Cette poésie est tout ce qu’il y a de plus propre à nous faire adorer les sonnets de Pétrarque ou les Vaines tendresses. […] On sent trop que, dans la pensée même de l’auteur, ce sont surtout des « morceaux » difficiles, des tours de force de poésie lyrico-scientifique.
A une première ébauche de l’esprit français ; à quelques poésies satiriques, inspirées par nos mœurs nationales ; à quelques récits clairs et intéressants des événements de notre histoire. […] Le mélange de l’esprit satirique et du romanesque marque toutes les poésies du moyen âge. […] Dans le plus expressif des poètes, Villon il ne fait qu’indiquer à quelle source il faut aller chercher la poésie, et il en tire les premiers accents du cœur, éclairé par la raison. […] La langue poétique, sauf dans quelques morceaux de Villon est inférieure à la prose, en proportion de ce que la poésie a plus besoin d’idées générales de types, d’idéal, que la prose.
Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) [Bibliographie] Premières poésies (1856-1858). — Isis (1863) […] — Une révolte, c’est une énigme, un rébus, un casse-tête qui vient de Chine, comme la poésie de M.
Il entra aussi dans la poésie, dans la légende et dans l’histoire, dans le cercle des Eddas mythologiques et des sagas héroïques de ce monde scandinave. […] Bonstetten y part de ce principe que « la poésie chez les anciens était si peu faite pour mentir qu’elle était au contraire comme une révélation de faits trop éloignés pour être aperçus par les yeux du vulgaire » ; elle les ressaisissait en vertu d’une double vue et avec un caractère plus intime de vérité. […] En se plaçant à ce point de vue, Bonstetten profitait évidemment des bonnes leçons qu’il avait reçues dans le Nord auprès de Subm et de Munter, et il appliquait à la poésie classique la théorie des sagas. Seulement il confondait un peu trop les temps et attribuait à la poésie de Virgile ce qui n’est vrai que de la poésie homérique.
Chacun des chantres tour à tour débite son couplet, et, quand ils ont assez alterné de la sorte, Mélibée à qui l’on doit le récit déclare que Thyrsis, à la fin, essayait vainement de prolonger un débat où il avait le dessous. « Depuis ce temps, conclut-il, Corydon est pour moi Corydon, c’est tout dire : — le synonyme de chant pastoral et de poésie. » Or l’illustre Heyne, qui avait pourtant le goût si exercé, a dit que les vers de Thyrsis ne lui semblaient point tellement inférieurs à ceux de Corydon, et que Virgile, s’il l’avait voulu, aurait pu tout aussi bien retourner la préférence. […] Corydon représente pour lui la poésie vive, simple et naturelle, Thyrsis l’effort pénible et le fatras. […] Or voici encore un exemple très particulier de ce mode d’imitation éclectique qui lui est propre et par lequel, en empruntant d’Homère, il y change, il y ajoute, et je dirais, il le perfectionne, si la poésie d’Homère était de ces choses qui se laissent perfectionner. Mais Virgile, par ce procédé complexe et d’une habileté exquise, atteint certainement à l’idéal de la poésie polie et civilisée. […] Pour peu qu’on prenne la peine de suivre et de refaire par soi-même, devant son Homère et son Virgile ouverts en regard, le petit travail délicat que je viens de décrire, on arrivera, comme moi, à rendre parfaitement compte de ce procédé accompli de la poésie studieuse et réfléchie du tendre Virgile : deux ou trois couleurs qui viennent se fondre en un seul rayon, deux ou trois sucs divers qui ne font qu’un seul et même miel.
Mais Béranger vit à merveille que, dans une langue aussi peu rhythmique que la nôtre, le refrain était l’indispensable véhicule du chant, le frère de la rime, la rime de l’air comme l’autre l’est du vers, le seul anneau qui permît d’enchaîner quelque temps la poésie aux lèvres des hommes. […] Les Bohémiens et les Souvenirs du Peuple, publiés en 1828, ont manifesté chez Béranger un progrès encore imprévu de grandeur et de pathétique dans la simplicité, et aussi de poésie impartiale, généralisée, s’inspirant de mœurs franches, se prenant aux instincts natifs du prolétaire, et d’une portée non plus politique, mais sociale. […] Il pousse même la rancune contre ce pauvre latin qu’il n’entend pas, et que parlait son ancêtre Horace, jusqu’à reprocher avec assez d’irrévérence à notre langue, à notre poésie, d’avoir été élevée et d’avoir grandi dans le latin : témoin Malherbe et Boileau qui l’ont coup sur coup disciplinée en ce sens, il ajoute méchamment que cet honnête latin a tout perdu ; que, sans les lisières de ce mentor, il nous resterait bien d’autres allures, plus libres et cadencées : Courier, en son style d’Amyot, ne marquerait pas mieux ses préférences. On ne s’étonnera point, d’après cela, si les questions agitées, il y a peu d’années, dans la poésie et dans l’art, tout en paraissant fort étrangères au genre et aux préoccupations politiques de Béranger, ne l’ont laissé au fond ni dédaigneux ni indifférent. […] Bref, la chanson de Béranger se sentait un peu la protégée des genres académiques ; depuis la réforme littéraire, elle est devenue légitimement l’égale, la concitoyenne de toute poésie.
On citera ainsi quelques scènes de grande poésie métaphysique et religieuse : la scène du Roy Advenir, où Josaphat, fils d’un roi, élevé dans les délices, rencontre un lépreux, un mendiant, un vieillard, et devant cette révélation soudaine de la maladie, do la pauvreté, de la mort, médite anxieusement sur la vie ; la scène encore où Marie, dans les Passions de Gréban et de Jean Michel, supplie Jésus d’écarter d’elle et de lui les horreurs de la Passion, et où Jésus lui révèle le mystère de la Rédemption, la nécessité, l’efficacité de chacune de ses souffrances. […] Il est très frappant que la Confrérie de la Passion n’ait servi de rien au progrès de la poésie dramatique. […] Mais surtout, par toute la France, il existe des sociétés, des corporations de toute sorte, sérieuses ou facétieuses, amies des exhibitions, cortèges et spectacles où fleurissent à la fois la poésie et la médisance : les unes se vouent aux processions et aux mascarades, d’autres cultivent la chanson, d’autres, plus ou moins accidentellement ou régulièrement, jouent des scènes dialoguées, et divers genres de pièces. […] Le principe générateur de la sottie pouvait être fécond : mais il eût fallu plus que le génie dramatique, il eût fallu le génie de la poésie symbolique et lyrique pour en tirer des chefs-d’œuvre. […] Il est visible que dans l’esprit de l’auteur anonyme, cette veine d’observation exacte et d’expression des caractères que nous avons signalée dans la poésie narrative ou didactique, s’est rencontrée pour la première fois avec la tradition propre du théâtre comique.
Il a le sens de la scène, l’instinct des combinaisons qui font effet : cet art très particulier du théâtre, qui n’a rien de commun avec la littérature, qui n’a besoin ni de la poésie ni du style pour valoir, aucun romantique ne l’a possédé comme Dumas. […] Il y a quelque chose dans ces drames, qui ne s’était pas étalé encore dans la poésie de V. […] Il fait aimer Hugo, qui n’est pas sensiblement moins humain, et qui du moins est poète : le style de Delavigne est cruel, là surtout où il fait effort pour teindre son vers de poésie. […] Encore ici, point de psychologie, point de poésie ; et dans l’intrigue, de méchantes inventions sentimentales ou romanesques. […] Le théâtre, pour lui, est un art qui se suffit ; il n’y a pas besoin de pensée, ni de poésie, ni de style : il suffit que la pièce soit bien construite.
Jacques Demogeot, professeur de l’Université, connu par une histoire élégante de la littérature française, et par des études d’art et de poésie. […] Une autre pièce qui a longtemps attiré l’attention de la sous-commission et du jury est un conte dont la scène se passe en Normandie, et qui sent tout à fait sa littérature familière du xviiie siècle, poésie courante, négligée, gracieuse toutefois et spirituelle, dernier souvenir d’un genre ancien et qui s’efface. […] Il nous semble, qu’en fait de poésie légère, ce siècle-là avait du bon, et que certaines gens tournaient assez bien alors un conte en vers ou une épître ; que si ce genre s’efface, notre littérature ne doit peut-être pas trop s’en applaudir ; qu’enfin faire des vers autrement qu’on ne les fait d’ordinaire aujourd’hui, ce n’est point précisément une raison pour que le public ne les goûte pas. […] Nous voyons bien à Jérusalem une classe spéciale, les prophètes et quelques autres hommes, deux rois, par exemple, qui, sans appartenir à la tribu sacerdotale, composent des poésies, des histoires, des sentences ; mais la nature de leurs écrits, presque tous religieux, et le soin qu’ils prennent de les déposer dans la bibliothèque du temple, soit comme un hommage, soit comme une garantie de durée, indiquent assez la subordination. […] Le clerc garde pourtant la meilleure part, le dogme, la morale, la chronique : il ne laisse au chanteur mondain que d’assez frivoles poésies, encore lui en dispute-t-il souvent le privilège.
Racine fils faisait entrer dans ses Réflexions sur la Poésie l’examen du Paradis perdu. […] La poésie était son faible, et il s’y porta avec toute la verve de sa nature. […] On assure qu’il ne cessa de concourir incognito pour les prix de poésie de l’Académie française jusqu’à l’époque où il en fut. […] « Voici, dit-il, deux volumes de poésies serbes qu’on m’envoie ; apprenez le serbe. » C’est ainsi que ce vrai savant, ennemi des à peu près et des faux semblants, adressait chacun aux sources mêmes. […] Tant qu’il ne se donne que pour le commentateur et le compagnon de voyage de Virgile aux collines d’Évandre, je me plais à le suivre ; c’est de la poésie encore ; mais, lorsque mettant le pied dans l’histoire, il s’écrie tout à coup : « Je crois à Romulus !
Volontiers sa poésie se contente de décrire. […] La poésie de Mallarmé est pleine de mystère, celle de Heredia en est vide. […] Dans une autre sorte de théâtre poétique, la poésie réside dans l’expression seule. […] * * * La fond de la poésie de M. […] C’est le fond même de toute grande poésie.
La poésie biblique est un lyrisme pieux. […] La poésie lyrique est plus ornée et déploie la vie de la nature dans toute sa plénitude. […] On tient généralement le livre de Job pour l’œuvre la plus achevée de la poésie hébraïque. […] La variété ne manque pas non plus à la poésie des Hébreux. […] Que d’ailleurs, dans les plus anciennes poésies des Arabes, la description du sol n’ait tenu que peu de place, il n’y a pas là de quoi s’étonner, si l’on songe, ainsi que l’a remarqué un orientaliste très versé dans cette littérature, M.
Ce qui est universel, ce sont les grandes divisions et les grands besoins de la nature ; ce sont, si j’ose le dire, les casiers naturels, remplis successivement par ces formes diverses et variables : religion, poésie, morale, etc. […] Autrefois tout était considéré comme étant ; on parlait de droit, de religion, de politique, de poésie d’une façon absolue 99. […] Indépendamment de tout système, excepté celui qui prêche dogmatiquement le néant, le tombeau a sa poésie, et peut-être cette poésie n’est-elle jamais plus touchante que quand un doute involontaire vient se mêler à la certitude que le cœur porte en lui-même, comme pour tempérer ce que l’affirmation dogmatique peut avoir de trop prosaïque. […] La vraie psychologie, c’est la poésie, le roman, la comédie. […] On croit rêver quand on songe que la poésie hébraïque, les Moallakat et l’admirable littérature indienne ont germé sur ce sol aujourd’hui si mort, si calciné.
Philosophie, religion, législation, histoire, poésie, roman, journal même, tout passait et repassait tour à tour ou tout à la fois par les controverses de cette académie en plein air. […] XXXI Cette impression croissante se renouvela et s’accrut, connue on le pense bien, par les hautes études de mon adolescence, par les ennuis d’une longue oisiveté dans ma jeunesse inoccupée, qui ne trouvait son aliment que dans la lecture, par le besoin d’exprimer dans la solitude ces premières passions, qui, après avoir parlé en ardeur et en larmes, s’amortissent en parlant en vers ou en prose ; enfin par ces premières amours de l’imagination ou du cœur qui empruntent tous la voix de la poésie : la poésie ! […] Ce fut l’époque où, après avoir écrit des volumes de poésie amoureuse, jetés depuis aux flammes pour en purifier les pages, j’écrivis ces poésies contemplatives qui furent accueillies comme les pressentiments bien plutôt que comme les promesses d’un poète. […] L’histoire n’était selon moi que la poésie des faits, le poème épique de la vérité. […] De tous ces hommes multiples qui vécurent en moi, à un certain degré, homme de sentiment, homme de poésie, homme de tribune, homme d’action, rien n’existe plus de moi que l’homme littéraire.
Mais nous allons lire et commenter avec vous un chef-d’œuvre de poésie à la fois épique et dramatique, qui réunit dans une seule action ce qu’il y a de plus pastoral dans la Bible, de plus pathétique dans Eschyle, de plus tendre dans Racine. […] En vieillissant, les poésies s’efféminent : au lieu de Job vous avez Sénèque, au lieu d’Homère vous avez le Tasse ; cette recherche, cette parure, cette effémination de la poésie, à mesure que la civilisation se raffine, ne sont pas moins sensibles dans les poètes indiens que dans ceux de nos jours. […] La poésie jaillit tout à coup, avec une prodigieuse explosion de sève, du sein de la barbarie, au moment où cette barbarie se civilise ; puis elle se corrompt en s’éloignant de la nature primitive, et quand on veut la retrouver dans toute sa beauté, il faut la chercher presque dans son berceau. VII Ces observations sont justifiées dans les Indes comme dans l’Europe par le caractère gigantesque des poésies primitives, comparé à la dégénération des poésies des époques plus récentes. […] La poésie, dans cette scène, a la majesté du paysage et les images de la passion.
Ces poésies toujours trempées de larmes me font l’effet de ces pleureuses gagées des obsèques des anciens et des Orientaux d’aujourd’hui, qui ne savent qu’un métier, et qui meurent de faim si personne ne les loue à tant le sanglot pour pleurer à l’heure. […] VIII Ceci n’est que la poésie du malheur de notre destinée ; que serait-ce si on l’analysait en prose ? […] La mélancolie, dont nous parlons tant, et qui est, en effet, la corde grave et la note fondamentale de l’âme émue, ne date ni de Virgile, ni de l’école romantique de notre temps, ni de M. de Chateaubriand, ni de nous : elle date de la poésie sacrée de la Bible, ou plutôt elle date de la première larme et de la première contemplation de la misère infinie de l’homme. […] Depuis ce pèlerinage dans le désert, j’ai parlé tant d’autres langues que je dois demander indulgence pour ces réminiscences de poésie. […] La lecture de Job n’est pas seulement la plus haute leçon de poésie, elle est la plus haute leçon de piété.
Souvenez-vous que la poésie ne s’enseigne pas. […] Cette idée est, au contraire, très douce en moi, pleine de poésie, d’espérance religieuse et même d’enthousiasme. […] Vous voyez que votre utopie est à la mode en poésie. […] Chacun sait de reste que dans la poésie fantastique toutes ces figures sont de libres allégories. […] Il ne trouvait l’éloquence et la poésie que quand il ne les cherchait plus.
Faire de la poésie, voilà toute la prétention de l’auteur. […] Avec Montchrétien, notre poésie fait sa rhétorique : cela est sensible. […] La jeune poésie sort de l’œuf. […] Ainsi la critique érudite aurait faussé le développement naturel de notre poésie dramatique. […] Marivaux eut le mérite d’y remettre la vérité et la poésie.
Les bruyantes communes picardes se donnent la joie de la poésie dramatique. […] Aux primitives et brutales ardeurs de la société féodale correspond l’épopée guerrière et chrétienne, à la délicatesse de ses mœurs adoucies une poésie romanesque ou lyrique.
Si l’imagination poétique consiste essentiellement à découvrir et à exprimer les rapports et les correspondances secrètes entre les choses, on peut dire que le panthéisme est la poésie même, puisqu’il établit l’universelle parenté des êtres. […] La poésie panthéistique met, si je puis dire, dans chacune de nos sensations, le ressouvenir de l’univers… Des exemples ?
L’abus de la rime riche tendait à faire de la poésie un jeu de versification, un exercice de bouts rimés. […] Mendès ne cachait pas qu’il éprouvait contre l’hiatus une sainte horreur, mais ouvrez ses poésies et vous verrez que l’hiatus y fourmille comme il fourmille chez Malherbe, comme il fourmille chez Boileau.
Poésie, tome I, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1912, p. 23-28. […] Choisissez donc du chef-d’œuvre du jardinage ou de l’œuvre de la nature, de ce qui est beau de convention ou de ce qui est beau sans les règles, d’une littérature artificielle ou d’une poésie originale !
Nous retrouverons, il est vrai, plusieurs d’entre eux au moment d’apprécier la Poésie, le Théâtre ou la Critique. […] On sent autrement de sensualité, de richesse, de poésie dans « La Chevelure » de Baudelaire ! […] Beaunier (André). — La Poésie nouvelle. […] Souza (Robert de). — La Poésie populaire et le lyrisme sentimental. […] D’Annunzio a développé un sentiment analogue dans la Gioconda, avec quelle poésie !
Ces administrateurs de la poésie officielle eurent bien vite le pressentiment du talent futur de ce jeune homme ; ils songèrent à l’accaparer pour le parti du gouvernement par une de ces petites places qui soldent mal, mais qui enrégimentent souvent pour toujours le génie indigent. […] Il s’en fallut peu que le poète fût perdu dans le chansonnier et que la poésie ne fût noyée dans son propre verre. […] Ces vers ne sont pas d’une bien haute poésie, mais ils sont d’un profond accent de patriotisme, qui est la poésie du poète politique. […] Par ces deux premiers éléments de sa poésie aussi Béranger devait mourir ; par le troisième il devait durer autant que le souvenir et la reconnaissance du peuple. […] Sans lien avec le gouvernement, sans affiliation avec les oppositions dynastiques et antidynastiques, je m’étudiais à l’éloquence par les beaux exemples que j’avais sous mes yeux dans les Chambres ; je cultivais la poésie dans les intervalles, ou j’écrivais l’histoire pour bien comprendre la politique dont elle est l’interprète.