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1058. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Toute autre mesure implique la possibilité de superposer directement ou indirectement l’unité de mesure à l’objet mesuré. […] Nous croyons avoir atteint notre objet, qui était de déterminer les caractères d’un temps où il y a réellement succession. […] Donc, dans ce qui va suivre, quand nous voudrons savoir si nous avons affaire à un temps réel ou à un temps fictif, nous aurons simplement à nous demander si l’objet qu’on nous présente pourrait ou ne pourrait pas être perçu, devenir conscient.

1059. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Ce livre important se distingue de tous ceux qui ont eu pour objet la guérison de nos maladies sociales et la réforme de nos lois ou de nos mœurs, en ce qu’il est le résultat d’une méthode et d’une observation particulières : et cette méthode est si bien le fait de M.  […] Le Play provoquait également, dans les conclusions de son premier ouvrage, la formation d’une Société internationale, ayant pour objet d’observer et de décrire à son exemple dans tous les pays du monde les faits sociaux, et particulièrement ceux qui intéressent les diverses classes et familles d’ouvriers, cette observation positive et dégagée de tout système devant suggérer à sa suite des mesures spéciales et pratiques de conservation et de réforme que la théorie toute seule ne découvrirait pas.

1060. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

On en noterait, quoique ce soit l’exception, par lesquelles Homère a marqué son objet d’un seul trait, presque comme Dante : tantôt c’est un guerrier blessé qui tombe, précipité du haut d’une tour, la tête en avant, pareil à un plongeur ; tantôt c’est un autre qui, frappé au bas-ventre, tombe assis et reste gisant à terre comme un ver. […] Mais ces défauts si réels ne doivent pas faire condamner absolument un travail dans lequel l’auteur paraît d’ailleurs avoir apporté des soins, s’être entouré de beaucoup de secours, et qui, empruntant presque à chaque page l’alliance élégante du dessin et s’adressant aux gens du monde bien plutôt qu’aux savants, a chance de ne pas remplir trop incomplétement son objet. — Pour nous ç’a été du moins un prétexte que nous avons saisi, de nous arrêter une fois et de nous incliner devant cette grande figure d’Homère, et c’est tout ce que nous voulions.

1061. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

À la suite d’excès de tous genres « la nuque devenait déjà sensible et la main remuait, droite encore lorsqu’elle saisissait un objet lourd, capricante et penchée quand elle tenait quelque chose de léger, tel qu’un petit verre ». […] Et parmi les genres variés que l’homme inventa de se désagréger, tous ne sont pas susceptibles d’être l’objet d’esthétiques recherches.

1062. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

L’œil, aussi loin qu’il peut plonger Dans la perspective indécise, De chaque objet voit émerger La Peur debout, couchée, assise. […] Pourquoi détester chez un poète ce qu’il est permis d’aimer chez une femme : la coquetterie, le désir de plaire se traduisant soit par les petits airs de tête, soit par les indexions de voix câlines et à demi fausses, soit par l’arrangement symétrique et compliqué de petits objets, chiffons, rubans, oripeaux ?

1063. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Si l’on réfléchit qu’à cette merveilleuse faculté Gautier unit une immense intelligence innée de la correspondance et du symbolisme universel, ce répertoire de toute métaphore, on comprendra qu’il puisse sans cesse, sans fatigue comme sans faute, définir l’attitude mystérieuse que les objets de la création tiennent devant le regard de l’homme… Il y a, dans le style de Théophile Gautier, une justesse qui ravit, qui étonne, et qui fait songer à ces miracles produits dans le jeu par une profonde science mathématique… Nos voisins disent : Shakespeare et Goethe ! […] D’un autre côté, il a introduit dans la poésie un élément nouveau, que j’appellerai la consolation par les arts, par tous les objets pittoresques qui réjouissent les yeux et amusent l’esprit.

1064. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Personne n’a poussé la prévention, à cet égard, plus loin que le feu roi de Prusse, qui certainement n’avoit lu ni Platon, ni le père Lamy : tout poëte lui étoit un objet odieux*. […] Il faudroit que le gouvernement proscrivît aussi ces arts aimables, à cause des objets dangereux qu’ils présentent quelquefois à la vue.

1065. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

D’un pinceau délicat l’artifice agréable, Du plus affreux objet fait un objet aimable.

1066. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

On emporte un calepin, dans lequel on pointe avec exactitude tout ce qu’on voit, sans rien oublier, et les paysages, et les monuments, et les figures, et même les plus petits objets, — par exemple, une poule qui glousse au soleil ou un mulet trempé par la pluie. […] du loisir, de la vanité et de l’imagination impuissante essayant de se frotter à tous les objets pour se féconder, il y a par hasard un seul livre qui ait, lui, sa physionomie, ce n’est pas, soyez-en certain !

1067. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

C’est l’âge des philosophes qu’Aristote83 a nommés, les uns physiciens, les autres théologiens, pour marquer les deux objets de contemplation qu’ils se partageaient, et qu’ils essayaient parfois de réunir. […] Une partie de ce poëme avait pour objet la vérité, τὰ πρὸς ἀλήθειαν ; une autre, ce qui se rapporte à l’opinion, il la croyance, τὰ πρὸς δόξαν.

1068. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Un jour que mademoiselle Bertin allait présenter des modes à la reine, elle remarqua qu’elle était l’objet d’une attention malicieuse : étonnée, elle se retourne, et voit son rustaud de valet qui lui portait la robe ; il avait cru bien faire en imitant les laquais de cour.

1069. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

Celle d’un homme et d’une femme ne cesse guère d’être attentive et empressée ; le sexe y conserve une partie de son influence… » La douceur de l’âge moins ardent, la vie égale et encore sensible d’une maturité apaisée est très-bien rendue par M. de Latena : « Entre quarante et cinquante ans, le soleil de la vie commence à descendre vers l’horizon, et tous les objets récemment éclairés d’une lumière éclatante prennent des teintes obscurcies qui font présager la nuit.

1070. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Introduction »

Introduction L’école du « document humain » Vers le milieu du siècle, il souffla comme un grand désir de vérité, car la science — dont l’objet est le vrai — étant restée jusque là spéculative, devenait d’utilité palpable, industrielle et efficace.

1071. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Chœur des Français Jamais leur passion n’y voit rien de blâmable, Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable.

1072. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Par lui nous voyons les gestes, nous entendons l’accent, nous sentons les mille détails imperceptibles et fuyants que nulle biographie, nulle anatomie, nulle sténographie ne saurait rendre, et nous touchons l’infiniment petit qui est au fond de toute sensation ; mais par lui, en même temps, nous saisissons les caractères, nous concevons les situations, nous devinons les facultés primitives ou maîtresses qui constituent ou transforment les races et les âges, et nous embrassons l’infiniment grand qui enveloppe tout objet.

1073. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montesquiou, Robert de (1855-1921) »

Certes, il la fuit, cette banalité, serait-ce parfois aux dépens de la clarté, de la régularité, de la forme ; tant pis pour les césures, pour les rimes, il s’élance résolument, cingle sans pitié son Pégase fin de siècle et arrive au but ; enfant de race habitué à réaliser tous ses caprices, les obstacles ne comptent pas pour lui ; rien ne l’arrête, il forge les mots que la langue ne lui donne pas, prend ses aspirations parfois d’une assonance ou d’une consonance, mais il dit tout ce qui lui vient à la tête, et, s’il y passe des choses un peu surprenantes, il y passe aussi, et le plus souvent, d’exquises… L’idée maîtresse du Chef des odeurs suaves, la dominante de cette œuvre de délicat, de raffiné, c’est l’influence qu’exercent sur nos sens les objets qui nous environnent.

1074. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

Pour remplir avec succès un projet si utile, l’érudition, le discernement & le zele de l’Ecrivain se sont pliés à tous les objets.

1075. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 190-194

Mais quel objet t’arrête !

1076. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

De tromper les Peuples sur cet objet, me suis-je dit à moi-même, c'est enlever à la Philosophie la base de cette admiration qu'on a pour elle ; c'est montrer qu'elle n'est pas seule, comme elle le dit, dépositaire de la raison & du Génie ; c'est ouvrir les yeux à une jeunesse inconsidérée, qui, séduite par le ton imposant de ces Maîtres superbes, croit qu'ils sont aussi infaillibles en matiere de foi qu'en matiere de goût.

1077. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 387-391

Il vient de composer, dit-on, un Poëme sur les peines de l’Enfer, dont il a tâché de faire le tableau le plus effrayant : il aura rempli son objet, s’il se fait peindre à la tête du Poëme, tome IV, pag. 308.

1078. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre V. Moralistes. — La Bruyère. »

L’ironie est son arme favorite : aussi philosophe que Théophraste, son coup d’œil embrasse un plus grand nombre d’objets, et ses remarques sont plus originales et plus profondes.

1079. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

La politique et les choses de la terre ne lui sont point inconnues ; mais ces choses, qui faisaient les premiers motifs de l’éloquence antique, ne sont pour elle que des raisons secondaires ; elle les voit des hauteurs où elle domine, comme un aigle aperçoit, du sommet de la montagne, les objets abaissés de la plaine.

1080. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Avertissement de l’auteur »

Je me bornerai donc, dans cet avertissement, à déclarer que j’emploie le mot philosophie dans l’acception que lui donnaient les anciens, et particulièrement Aristote, comme désignant le système général des conceptions humaines ; et, en ajoutant le mot positive, j’annonce que je considère cette manière spéciale de philosopher qui consiste à envisager les théories, dans quelque ordre d’idées que ce soit, comme ayant pour objet la coordination des faits observés, ce qui constitue le troisième et dernier état de la philosophie générale, primitivement théologique et ensuite métaphysique, ainsi que je l’explique dès la première leçon.

1081. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

Comme tout s’éloigne, s’enfuit, se dégrade insensiblement, et lumières et couleurs et objets !

1082. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 47, quels vers sont les plus propres à être mis en musique » pp. 479-483

Nous avons dit en parlant de la poësie du stile qu’elle devoit exprimer avec des termes simples les sentimens, mais qu’elle devoit nous présenter tous les autres objets dont elle parle sous des images et des peintures.

1083. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin D’après les rapports innombrables que nous avons indiqués dans cet ouvrage entre les temps barbares de l’antiquité et ceux du moyen âge, on a pu sans peine en remarquer la merveilleuse correspondance, et saisir les lois qui régissent les sociétés, lorsque sortant de leurs ruines elles recommencent une vie nouvelle.

1084. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Il est vrai qu’il se trompe sur cet objet jusqu’à avoir l’air de ne pas savoir ce que c’est, ni de quoi il parle. […] » Il répond : « C’est beau, si c’est moral. » Devant les mêmes objets on demande à Renan : « Est-ce moral ?  […] Les objets sollicitaient vivement l’œil d’Émile Zola, comme celui d’un peintre. […] Il n’est pas très beau, l’objet. […] La « soumission à l’objet » y est trop absolue.

1085. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Il faut donc que l’on règle, dans cet objet, les dots, les donations, les successions, les testaments, enfin toutes les manières de contracter. […] Ils ne peuvent s’entendre et poursuivre un objet commun que quand l’un a absorbé les deux autres. […] En résumé, il est énergiquement centralisateur, et — étant donnés les objets auxquels il applique ses idées centralisatrices, unification de la loi, administration judiciaire, administration financière, — il se trouve qu’il a raison. […] C’est depuis l’établissement de la vénalité générale des charges de judicature que le Parlement « remontra sur toutes sortes d’objets », et ces choses se tiennent naturellement […] Voilà mes sentiments, qui sont conformes à ce qu’assurent la liberté et la sûreté publique, premier objet de toute législation.  » Au fond le philosophe de la Brède et le roi de Prusse sont à peu près d’accord.

1086. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Il en sera de même, après un certain temps, sur tous les objets d’un commun intérêt. […] Elle n’a d’objet, comme on l’a dit, que la construction de lui-même  ; mais le feu sombre et dévorant d’une ambition bouillante et néanmoins dirigée par de profonds calculs a dû produire de grandes conceptions, de grandes actions, et augmenter l’éclat et l’influence de la nation dont il a besoin pour commander au monde. […] Les reproches dont sa conduite a été l’objet portent en double sens. […] Au 22 juillet 89, La Fayette fit tout ce qui était humainement possible pour sauver Foulon et Berthier ; le lendemain, il déposait à l’hôtel de ville son épée de commandant, fondé sur ce que les exécutions sanglantes et illégales de la veille l’avaient trop convaincu qu’il n’était pas l’objet d’une confiance universelle  ; il ne consentit à la reprendre que sur les instances les plus flatteuses et après des témoignages unanimes. […] Comme résultat, mon idée est que le vœu de Boileau, comme celui de La Fayette, n’avait qu’en partie manqué ; en gros, et pour d’autres que lui, le but semblait atteint et l’objet obtenu.

1087. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

L’inférieur autrefois pouvait respecter et aimer le supérieur, et nominalement le devait ; car celui-ci n’érigeait pas en principe qu’il n’existait que pour lui-même, qu’il n’avait d’objet que lui-même, de mobile que sa cupidité, de règle que son égoïsme. […] Pourquoi Michel-Ange, voulant peindre des êtres à cet état de charité qui leur fait sauver les objets de leur amour, n’a-t-il donc représenté que des femmes ? […] Le premier sexe, s’il faut l’appeler par ce nom, aussi démoralisé que le second, et démoralisé avec lui (de quelque côté que vienne primitivement le mal), consentira-t-il à accabler de lois impitoyables l’objet de son amour ou de sa démoralisation ? […] quel est celui qui ayant aimé, et perdu l’objet de son amour, n’a pas senti sa tête s’égarer de folie en voyant comment se consacre la double initiation de la vie et de la mort ! […] Et comme ces objets de mon amour étaient tout pour moi, que pour moi l’Humanité se bornait à eux, le temps à leur durée, toutes leurs misères, toutes leurs imperfections déchiraient mon cœur, sans que la consolation pût me venir du dehors.

1088. (1898) La cité antique

On lui adressait de ferventes prières pour obtenir de lui ces éternels objets des désirs humains, santé, richesse, bonheur. […] La naissance de la fille ne remplissait pas l’objet du mariage. […] Dieux, objets sacrés, rites, prières, tout lui devenait commun avec son père adoptif. […] Voilà donc une part de sol qui, au nom de la religion, devient un objet de propriété perpétuelle pour chaque famille. […] Le droit athénien était très explicite sur cet objet.

1089. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il est visible que Théophile Gautier ne se préoccupe guère de l’homme et de la nature humaine qu’à ce seul point de vue, et quand il considère les êtres ou les choses, c’est à titre d’objets d’art, comme marbres ou comme peintures. […] C’est un cerveau, en quelque sorte, unique dans son genre ; et s’il a rencontré des sympathies et des admirations nombreuses, on comprend, d’autre part, qu’il ait été souvent, et qu’il soit toujours l’objet d’innombrables attaques. […] On affirme que Walter Scott reste encore aujourd’hui pour le maître l’objet de lectures assidues. […] Du moment que l’objet d’art doit demeurer la représentation scrupuleuse de l’objet réel, Flaubert sera même astreint à ne pas élever son œuvre au-dessus des modèles qui ont posé devant ses yeux. […] Il n’était pas davantage à ses admirations, dès qu’elles s’adressaient à des objets d’une existence tangible et matérielle.

1090. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Oui, l’unité d’objet manque, mais une autre unité se dégage, celle de la personne. […] Ce ne sont même plus des images, c’est la concrétion même de l’objet. […] Il en est d’essentielles et qui reproduisent du coup l’objet. […] C’est simplement la soumission à l’objet, et si l’objet se trouve être magnifique, c’est être réaliste que de le peindre magnifique. […] L’épisode est-il présenté avec une vérité qui s’impose comme un objet ?

1091. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

Cependant, en y réfléchissant, on voit que le prix étant l’objet d’une convention libre, le juge n’a pas à le fixer ; et que si, sans le consentement de l’auteur, l’entrepreneur joue, c’est là un fait matériel simple à constater, un délit analogue à ce que serait pour un livre imprimé ou pour une gravure le délit de contrefaçon, et qui rentre sous la répression correctionnelle.

1092. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 2. Caractère de la race. »

Voilà les ressources et les dispositions principales que l’esprit français apporte pour faire sa littérature, sans parler des autres caractères qui se rapportent moins directement à cet objet : voilà les traits principaux et permanents qu’il a dégagés pendant dix siècles d’intense production littéraire.

1093. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

L’Oraison funebre de M. de Turenne peut être regardée comme un chef-d’œuvre, par la maniere dont les différentes qualités du Héros sont développées, & par la chaleur du style, la beauté des traits qui s’y succedent sans appareil, sans gêne, comme la vraie peinture de chaque objet.

1094. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

L’Histoire de l’Académie, aussi bien que les Eloges des Académiciens, forment une espece d’Encyclopédie, où tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une manière conforme à leur objet.

1095. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Son imagination, vive & judicieuse tout ensemble, répand la chaleur & la vie sur tous les objets ; le style en est clair, simple, méthodique, plein de grace & de dignité.

1096. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Son aventure devint l’objet de la satyre, & l’on jugea longtemps cet avocat d’après elle.

1097. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IV. Suite des précédents. — Julie d’Étange. Clémentine. »

Comme il promet toujours une récompense pour un sacrifice, on croit ne rien lui céder en lui cédant tout ; comme il offre à chaque pas un objet plus beau à nos désirs, il satisfait à l’inconstance naturelle de nos cœurs : on est toujours avec lui dans le ravissement d’un amour qui commence, et cet amour a cela d’ineffable, que ses mystères sont ceux de l’innocence et de la pureté.

1098. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Le poète trouve dans notre ciel des êtres parfaits, mais sensibles, et disposés dans une brillante hiérarchie d’amour et de pouvoir ; l’abîme garde ses dieux passionnés et puissants dans le mal comme les dieux mythologiques ; les hommes occupent le milieu, touchant au ciel par leurs vertus, aux enfers par leurs vices ; aimés des anges, haïs des démons ; objet infortuné d’une guerre qui ne doit finir qu’avec le monde.

1099. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Il réfléchit peu sur l’ensemble des objets ; mais il observe curieusement les détails, et son coup d’œil est prompt, sûr et délié : il faut toujours qu’il soit en scène, et il ne peut consentir, même comme historien, à disparaître tout à fait.

1100. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

Ceux qui jugent sans refléxion, ne manquent pas de supposer en faisant leurs jugemens, que les objets affectent intérieurement les autres, ainsi qu’eux-mêmes ils en sont affectez.

1101. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Il serait trop aisé de montrer qu’elles ne se sont pas proposé d’autre objet. […] Elles nous en devaient une, pourtant, si nous ne les avions inventées, selon l’expression de Renan, que pour constituer la science des « produits de l’esprit humain », et si cette science n’avait pour objet que d’augmenter, que de préciser, que de « théorétiser » notre connaissance de l’homme. […] Le zend ou l’assyrien n’ont pas été créés pour qu’on les enseignât dans une chaire du Collège de France ou de l’Université de Berlin ; l’érudition n’a pas son objet en elle-même ; et de même que les sciences juridiques ne sauraient se détacher d’une philosophie du droit, les sciences historiques ne sont qu’une curiosité vaine, si leurs moindres recherches ne tendent pas à la philosophie de l’histoire. […] Mais quand tous nos instincts seraient en nous d’origine purement animale, — ce que d’ailleurs on peut refuser absolument d’admettre, — ils ne laisseraient pas de différer étrangement d’eux-mêmes, depuis six mille ans que l’objet de la civilisation a été de nous soustraire aux servitudes de la nature. […] Par exemple, il importe beaucoup à la conduite de la vie humaine de savoir si l’objet de cette vie est contenu et comme enfermé dans les limites de l’existence actuelle, ou au contraire s’il les dépasse.

1102. (1900) La culture des idées

« La description est la peinture animée des objets. » Il veut dire que, pour décrire, il faut se placer comme un peintre devant le paysage, soit réel, soit intérieur. […] Ceci admis, et constatée d’abord (malgré la contradiction des termes) la subjectivité de l’objet, je songe à pousser plus loin l’analyse. Laissant le moi qui m’est connu (au moins par définition), je veux, pour m’instruire et savoir comment et par quoi je suis limité, étudier l’objet c’est-à-dire l’hypothèse du monde extérieur ; l’objet se mêle à moi, mais à la manière de l’eau qui entre dans le vin, en le modifiant, et une telle modification ou même moins négative, ou même positive, ne peut me laisser indifférent. […] En effet, en décomposant l’objet, selon le plan de mon analyse, j’ai trouvé qu’il se différencie selon deux modes, deux illusions, mais que différentes ! l’objet qui ne me résiste pas et l’objet qui me résiste, l’objet esclave et l’objet contradictoire, l’objet signe et l’objet pensée : — l’homme, l’homme effrayant, l’homme qui m’épouvante, parce qu’il me ressemble.

1103. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Chacun le presse, l’excite, en lui recommandant un objet ; il voit pêle-mêle des tableaux noircis, d’autres tout brillants, mais qui offusquent de leur éclat ; des statues antiques, mais dévorées par le temps ; d’autres conservées et peut-être belles, mais point estimées par un public superstitieux ; des palais immenses, mais non achevés ; des tombeaux qu’on dépouille de leur vénérable dépôt, ou dont on efface les inscriptions ; des plantes, des animaux vivants ou empaillés ; des milliers de volumes poudreux et entassés comme le sable ; des tragédiens, des grimaciers, des danseurs. […] La terrasse sur laquelle nous nous trouvions était justement à mi-côte, c’est-à-dire dans la véritable perspective du tableau, en outre sous son vrai jour, car le soleil se levant à peine donnait un relief extraordinaire à tous les objets. […] le résidu ou le trop-plein de son travail, non pas le but direct ni l’objet. […] s’écrie-t-il et a-t-il droit de s’écrier dans cet égoïsme de l’artiste amoureux de son objet ; on m’a été prendre Alexandre du fond de l’antiquité, et on me l’a mis là, de nos jours, en uniforme de petit capitaine et avec tout le génie de la science moderne. » Pour la première fois donc l’historien a fait, a voulu faire un ouvrage. […] A mon sens, la légimité de l’entreprise du National ne saurait être l’objet d’un doute auprès de ceux qui, même sans en vouloir radicalement à la Restauration, exigeaient d’elle avant tout la sincérité du régime constitutionnel.

1104. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Ce passé une fois ressaisi, ces hôtes invisibles et silencieux une fois reconnus, on jouit mieux, ce semble, du séjour, on le possède alors véritablement, et le Genius loci, que notre hommage a rendu propice, anime doucement chaque objet, y met l’âme secrète, et accompagne désormais tous nos pas. […] La science humaine dans tout son fin et son retors et son déniaisé, pour parler comme lui, voilà l’objet propre, le champ unique de Naudé. […] La passion des livres, qui semble devoir être une des plus nobles, est une de celles qui touchent de plus près à la manie ; elle atteint toutes sortes de degrés, elle présente toutes les variétés de forme et se subdivise en mille singularités comme son objet même. […] Naudé, au premier chapitre de son livre, soutient, en s’appuyant de l’autorité de Cardan et de Campanella, que, pour bien peindre un homme ou pour bien traiter un sujet, il faut se transmuer dedans ; et il cite spirituellement l’exemple de Du Bartas, qui, pour faire sa fameuse description du cheval, galopait et gambadait des heures entières dans sa chambre, contrefaisant ainsi son objet. […] Il faut toutefois qu’il soit revenu à des sentiments plus favorables à son ancien ami, puisqu’il ne fit imprimer le Panégyrique dont nous avons parlé qu’en 1644, pour prêter hautement secours à la mémoire de Campanella mort beatissimis Thomae Campanellae Manibus, contre de certaines calomnies dont elle venait d’être l’objet.

1105. (1914) Une année de critique

Tout objet se révéla inégal à sa ferveur : c’est donc cette ferveur elle-même qui est la seule vérité, c’est sa ferveur qui est Dieu. […] Il coupe des ombres, fait ressortir les objets, s’insinue et circonscrit. […] Sa phrase a la netteté d’un objet qui, sous le soleil de midi, ne fait pas d’ombre. […] Benda laisse entrevoir l’objet réel. […] Julien Benda s’exercent sur le vide ; son exaltation n’a plus d’objet ; son style, de plus en plus abstrait, devient de plus en plus pénible.

1106. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Complètement : allons plus loin, c’est l’objet de notre seconde entrevue. — Sentez-vous en vous-mêmes la vertu de patience tellement dominante que vous laissiez passer toutes ces choses ? […] — Vous me mettez de nouveau hors de moi-même, lorsque je songe maintenant que vous pouvez contempler de pareils objets et conserver le même incarnat sur vos joues, tandis que les miennes sont blanches de frayeur. […] Quels objets, seigneur ? […] Sorcières impures, pourquoi me montrez-vous ces objets ?

1107. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Objet de la comédie : le vrai, plaisant et instructif. […] Mais ce dernier mérite se rencontrera mieux dans certaines œuvres moins délicates de goût et de style, qui, avant et après le Menteur, dirigeaient plus nettement la comédie vers son véritable objet. […] Il n’y a guère d’œuvre où l’on ne trouve à la fois du comique de farce, du comique de mœurs, et du comique de caractère, selon les objets qu’il s’agit de rendre et l’impression que le poète veut donner. […] Et ensuite Molière nous avertit que la comédie a essentiellement pour objet de corriger les mœurs humaines.

1108. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Ce que font la physiologie et l’anatomie pour les corps organisés, la psychologie l’a fait pour les phénomènes de l’âme, avec les différences de méthode réclamées par des objets si divers. […] L’enfant et le sauvage seront donc les deux grands objets d’étude de celui qui voudra construire scientifiquement la théorie des premiers âges de l’humanité. […] Mais il le trouve tout fait ; dès lors sa force productive, dénuée d’objet, s’atrophie comme toute puissance non exercée. […] Il ne faut pas chercher d’autre sens à tant d’études dont le passé est l’objet.

1109. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Grâce aux beaux travaux dont cette question a été l’objet depuis trente ans, un problème qu’on eût jugé autrefois inabordable est arrivé à une solution qui assurément laisse place encore à bien des incertitudes, mais qui suffit pleinement aux besoins de l’histoire. […] Je sais que plus d’une objection peut être opposée à ce raisonnement ; mais une chose au moins est hors de doute, c’est que l’auteur du troisième évangile et des Actes est un homme de la seconde génération apostolique, et cela suffit à notre objet. […] Il importe peu à notre objet actuel de pousser plus loin cette délicate analyse, d’essayer de reconstruire en quelque sorte, d’une part, les Logia originaux de Matthieu ; de l’autre, le récit primitif tel qu’il sortit de la plume de Marc. […] La mission scientifique ayant pour objet l’exploration de l’ancienne Phénicie, que j’ai dirigée en 1860 et 1861 81, m’amena à résider sur les frontières de la Galilée et a y voyager fréquemment.

1110. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Le Clovis de Desmarets offre quelques vers forts & hardis ; mais son pinceau inégal & raboteux défigure tous les objets. […] L’objet de l’auteur est d’inspirer la vertu, en déclarant la guerre aux vices de la société. […] Le premier a été cité par Boileau, comme un modèle en ce genre ; mais c’est un modèle que bien peu de gens de lettres seront tentés de prendre pour leur objet d’imitation. […] Ses contes ne devoient pas être lus à cause de leur objet, & le sont cependant beaucoup plus, quoiqu’ils n’aboutissent presque tous qu’à conduire une femme à la derniere foiblesse, & qu’il y ait des longueurs dans quelques-uns.

1111. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Si l’on en vient à comprendre que tout se tient, se lie, se correspond dans la vie des sociétés comme dans celle des individus, on peut considérer ce qui fait l’objet propre des études historiques, les événements politiques et sociaux, tels que guerres, traités, institutions, lois de toute espèce, dans leurs rapports avec les conditions, les causes, les influences économiques, géographiques, ethnographiques, qui ont concouru à l’avènement et à la durée de ces faits. […] Science nouvelle est bien le titre qui convient au grand ouvrage de Vico31 ; car nul n’a mieux compris le but, l’objet et la méthode de l’histoire, ainsi que l’ont traitée les historiens modernes. […] L’histoire n’avait guère été précédemment qu’une sorte de psychologie sociale, ayant pour unique objet l’âme des individus et des peuples. […] Henri Martin, sous forme de composition tout historique, n’en contient pas moins l’analyse et la synthèse des éléments de la réalité historique qui font l’objet du méthodique enseignement de M. 

1112. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Quand elle a ainsi rappelé toutes les conditions imposées et toutes les obligations, ce caractère où se confond le personnage de mère, de sœur aînée et de religieuse, et qui a pour objet de former de pauvres nobles jeunes filles destinées à édifier ensuite des maisons religieuses, mais surtout des familles, et à renouveler le christianisme dans le royaume ; des jeunes filles à qui l’on dit sans cesse : « Rendez-vous à la raison aussitôt que vous la voyez. — Soyez raisonnables, ou vous serez malheureuses. — Si vous êtes orgueilleuses, on vous reprochera votre misère, et si vous êtes humbles, on se souviendra de votre naissance » ; — quand elle a ainsi épuisé la perfection et la beauté de l’œuvre à accomplir, on conçoit que Mme de Maintenon, s’arrêtant devant son propre tableau, ajoute : « La vocation d’une dame de Saint-Louis est sublime, quand elle voudra en remplir tous les devoirs. » Tout ne se fit point en un jour ; il y eut des années de tâtonnement, et même où l’on sembla faire fausse route. […] Mais de mon enfance du moins je rapporte un don de larmes pour adoucir et pour expier ; et vous tous, objets et lieux témoins de mes années bénies, ces larmes me rendront encore une fois tout vôtre ! 

1113. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Le roi lui demanda à combien il estimait qu’irait la dépense, si ce serait un objet de trois ou quatre cent mille livres. […] Mme de Vintimille, liguée avec Mme de Mailly, ne s’était jamais senti de force à faire ce coup d’État dans l’âme du roi, et un jour qu’en une circonstance critique Mme de Mailly et elle avaient essayé de lutter directement contre l’influence du cardinal, au moment même de réussir sur l’objet en question, elles virent en définitive qu’il fallait céder, et Mme de Vintimille dit fort sensément à sa sœur : « Nous pourrions peut-être l’emporter aujourd’hui sur le cardinal, mais il est absolument nécessaire au roi, et nous serions renvoyées dans trois jours. » Mme de La Tournelle tenta hardiment l’aventure : l’eût-elle emporté si le cardinal eût vécu ?

1114. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Bref, l’objet de sa recherche, et pour lequel, dans son zèle d’investigateur, il a fait le voyage, paraît se dérober. […] Je ne saurais trop, surtout, admirer l’art avec lesquel il conduit ses auditeurs, sans les en avertir, à travers des images qui leur sont familières, vers les objets qu’il a en vue, et la perfection avec laquelle il fait correspondre exactement ces images matérielles avec les vérités invisibles qu’il veut faire comprendre.

1115. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Biot la portait encore sur bien des objets, astronomie, physique, chimie, agriculture, et les plaisirs actifs, chasse, pêche, nage ; vieux, il disait en souriant : « J’ai aimé dans ma vie bien des choses. » Faudrait-il en conclure qu’il s’est trop dispersé, et qu’il ait eu le droit de se dire à lui-même comme La Fontaine : J’irais plus haut peut-être au Temple de Mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours… ? […] Je dirai presque qu’il y avait excès chez lui, et que cette curiosité un peu vague, toujours prête et toujours avide, était en disproportion avec l’objet et le résultat.

1116. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Bignon, d’espionner et de surveiller les démarches de la Russie, se rapporte précisément aux ordres qu’il avait reçus, et l’on s’en prenait à l’objet même de ses instructions, qui était d’éclairer son gouvernement sur les intrigues russes en Pologne aux approches d’une campagne. […] M. de Senfft regretta de voir ce rapport substitué à un travail préparé pour cet objet par M. 

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