Mais il y revint bien autre qu’il n’y était d’abord : « Un savant homme, a-t-il dit quelque part, qui essuie la censure d’un ennemi redoutable, ne tire jamais si bien son épingle du jeu qu’il n’y laisse quelque chose. » Bayle laissa dans cette première école qu’il fit tout son feu de croyance, tout son aiguillon de prosélytisme ; à partir de ce moment, il ne lui en resta plus. […] On lit dans la préface du Dictionnaire critique : « Divertissements, parties de plaisir, jeux, collations, voyages à la campagne, visites et telles autres récréations nécessaires à quantité de gens d’étude, à ce qu’ils disent, ne sont pas mon fait ; je n’y perds point de temps. » Il était donc utile à Bayle de ne point aimer la campagne ; il lui était utile même d’avoir cette santé frêle, ennemie de la bonne chère, ne sollicitant jamais aux distractions.
XXVIII Mais Pindare était tout simplement un barde hellénique, un poète lauréat à la solde de toutes les villes grecques ou de tous les vainqueurs qui se disputaient le prix aux jeux olympiques. […] « Ô Phinthès, poursuit le poète, attelle au timon mes mules infatigables, afin que, monté sur mon char, je m’élance d’un vol rapide dans des sentiers non encore frayés, et que je remonte à la tige illustre de tant de héros couronnés aux jeux Olympiques. » Puis, sans transition, et comme emporté déjà par les mules poétiques aux bords de l’Alphée, il assiste en esprit à la naissance miraculeuse d’Évadné.
Ils faussaient et corrompaient la nature, qui veut que l’intelligence tende au vrai, et que le langage soit le signe de l’idée : ils faisaient un jeu capricieux de la pensée et de la parole, et ne s’occupaient qu’à surprendre et briller. […] Jusque dans le jeu des acteurs, il bannit l’outrance, et met la vérité.
Et, portraits ou récits, ses Mémoires sont d’un bout à l’autre une peinture curieuse du jeu complexe des sentiments et des intérêts humains. […] Il s’entendait étonnamment à évaluer les actions ou les réactions que pouvait fournir chaque homme, de façon à y proportionner son jeu.
Il y a même un caractère qui est devenu une nouvelle en forme et développée : c’est l’histoire d’Émire, petit roman psychologique où La Bruyère étudie un jeu complexe de sentiments, qui évoluent et se transforment ; on y voit la vie mobile d’une âme, et non plus l’état fixe d’une âme. […] Ce jeu irrite Bossuet, le logicien ferme et droit, qui fait de son mieux pour fixer les points du débat, pour débrouiller les équivoques : il frappe de plus en plus fort sur cet adversaire qui ne s’avouera jamais touché, tant qu’il ne sera pas assommé.
Ayant trouvé de la résistance, il se piqua au jeu, et lâcha la fameuse Diatribe du docteur Akakia. […] Dans cet excès de division apparaît une des impuissances capitales du xviiie siècle et de Voltaire : une analyse impitoyable sépare tous les éléments de la réalité ; et même un esprit comme celui de Voltaire échoue à rassembler ces fragments, à reconstruire le tissu, l’organisation des choses naturelles, à en remonter le jeu.
Le type parfait de cette comédie, c’est Bataille de Daines : cela ressemble aux petits jeux de société, où l’on fait trouver un objet caché : il s’agit d’escamoter, ou de découvrir un proscrit politique. […] Il y a de la franchise au moins, et une certaine vigueur comique dans l’excentricité des types et des situations, qui même à la lecture, et sans le jeu des Potier, des Arnal, des Odry, font encore leur effet.
Nous lui soufflerons le rôle, mais, pour Dieu, qu’elle n’aille point se piper au jeu, et croire à la réalité de notre hommage. […] Il n’est plus simple prétexte à jeux d’esprit, quand les amants n’avaient à craindre d’autres rigueurs que celles de leur Dame.
Regarde ce qu’on appelle la vie comme une foire étrangère, un lieu d’émigration pour les hommes : foule, marché, tumulte, jeu de hasard, hôtellerie où l’on s’arrête. […] On se souvient de la terrible scène où la mère d’Olympe le cabas au bras et le tartan au dos, arrive de Paris à Berlin, où son gendre est attaché d’ambassade, pour tirer son épingle du grand jeu de sa fille.
Il avait tout perdu, même l’honneur, ayant emprunté, pour payer des dettes de jeu, une grosse somme à mistress Clarkson, dont il passe pour être l’amant. […] Il y a, dans l’Étrangère, des scènes d’un jeu hardi et frappant, des fusées d’esprit très brillantes.
Le roi lui écrivait lettres sur lettres ; Voltaire, qui se trouvait chez elle et à qui elle avait fait composer une comédie pour les fêtes de la Cour, à l’occasion du mariage du Dauphin, se prêtait à ce jeu d’Henri IV et de Gabrielle, et rimait madrigaux sur madrigaux : Il sait aimer, il sait combattre ; Il envoie en ce beau séjour Un brevet digne d’Henri quatre, Signé Louis, Mars et l’Amour. […] Un paysage de Watteau, des jeux, des comédies, des pastorales sous l’ombrage, un continuel embarquement pour Cythère, c’eût été là son cadre préféré.
C’est même jeu. […] Et pour n’être pas violé, aussitôt exécuté, il devra trouver sa sanction dans un mécanisme légal, capable de sarcler sans trêve les inégalités que le jeu naturel des volontés particulières tend indéfiniment il reproduire. […] Mais elle met en jeu certaine influence générale et marque, non certes l’unique terrain d’invasion du désordre romantique, mais d’un des plus caractéristiques. […] Son masque taciturne et sarcastique dissimulait une susceptibilité despotique du cœur ; on eut dit qu’il se faisait un jeu amer de repousser ce qui l’entourait. […] Peu aptes à se disséquer et à gémir, ils trouvèrent à déployer leur puissance dans le développement des idées révolutionnaires et les jeux d’une imagination sans contrôle.
Sous la Restauration, cette école, on le conçoit, dut avoir une bien insensible influence là où elle s’adressait ; les engagements étaient pris, les intérêts et les passions en jeu ; au milieu de ces clameurs aigres et retentissantes du parti, de ces voix de vieillards incurables et fanatiques, il y avait peu de place pour les calmes conseils de quelques jeunes hommes.
Sans que l’historien se soit posé ces questions sous une forme dogmatique, on trouve répandus dans son récit tous les éléments pour les résoudre, et le jeu assez compliqué des intrigues contre-révolutionnaires y est débrouillé nettement.
Dans un tel état d’incohérence, la critique a beau jeu ; elle s’évertue, elle triomphe ; sous prétexte de mettre le holà à droite ou à gauche, elle augmente souvent elle-même le tumulte ; elle prêche pour son saint, elle décrie, elle exalte ; elle parle bien haut et sans savoir toujours que dire, elle fait comme les avocats ou conseillers au parlement durant la fronde, attroupant le peuple autour d’eux sur le Pont-Neuf et l’embrouillant.
Le symptôme visible est une perversion des sensations proprement dites, rien de plus ; cette perversion n’atteint pas le jugement, la raison, le souvenir et les autres opérations qui dépassent la sensation brute ; toutes ces opérations demeurent intactes ; le malade n’est pas fou ; il rectifie les croyances fausses que lui suggère l’étrangeté de ses impressions ; il résiste à ces croyances, il les déclare illusoires ; il n’est point dupe ; ainsi le jeu des hémisphères est normal ; il n’y a de trouble que dans la protubérance et autres centres sensitifs.
N’était-ce pas faire son jeu que de prendre au sérieux les distinctions dont il amusait l’inutilité de toute cette noblesse ramassée à la cour ?
Mais ce qui soutenait le goût classique, c’était le monde, une aristocratie de privilégiés si bien dispensée des spécialisations et des actions professionnelles qu’elle en regardait la marque comme disqualifiant l’honnête homme : alors l’éducation pouvait n’avoir pour fin que l’ornement et le jeu de l’esprit.
Les sentiments qui nous la rendent douce naissent d’un mensonge et se nourrissent d’illusions. » À chaque page, même négation résignée et souriante, qu’il parle du jeu, de la jalousie, de l’art ou de la justice.
« Et des émanations défaillent par le boudoir oblong, des émanations comme d’une guimpe attiédie au contact du derme. »… Il ne faut voir là qu’un jeu de lettré.
Ce n’est partout qu’illuminations féeriques, jeux de lumières transparentes et cascades lumineuses.
On y voit l’imagination la plus vive & la plus féconde, un esprit flexible pour prendre toutes ses formes, intrépide dans toutes ses idées, un cœur pétri de la liberté Républicaine, & sensible jusqu'à l’excès, une mémoire enrichie de tout ce que la lecture des Philosophes Grecs & Latins peut offrir de plus réfléchi & de plus étendu ; enfin une force de pensées, une vivacité de coloris, une profondeur de morale, une richesse d’expressions, une abondance, une rapidité de style, & par-dessus tout une misanthropie qu’on peut regarder comme le ressort principal qui a mis en jeu ses sentimens & ses idées.
Il soutient que le jeu des acteurs fait tout le mérite du Cid, & prophétise que la pièce tombera nécessairement à la mort de Mondori, de La Villiers & de leur troupe.
Après avoir dit que l’an de Rome, trois cens quatre-vingt-dix, Rome fut affligée d’une peste, et que pour l’y faire cesser on y célebra des jeux qui consistoient en réprésentations de pieces de theatre, il ajoûte : l’art de ces réprésentations étoit alors nouveau à Rome, l’on n’y connoissoit que les spectacles du cirque.
Par jeu, je disais dans ma jeunesse : « Je n’admire que ce que je ne comprends pas, que ce que je me sens incapable de comprendre, et il me semble que c’est tout naturel.
Qu’il ait été un satirique effréné, à outrance, qu’il ait exagéré, qu’il en ait trop dit, que les objets se soient grossis, se soient défigurés sous la dilatation de son regard épouvanté ou indigné, qu’il ait calomnié même par le fait, mais à ses risques et périls, et en mettant sa tête au jeu sans la réclamer, la Critique, qui sait bien qu’un jour il parla la pensée de la France, et que l’homme qu’il accusait avait lui-même, par sa conduite et ses maximes, épaissi sur sa tête la nuée livide de si effroyables soupçons, la Critique l’innocenterait sans peine, si seulement il avait eu la bonne foi de sa colère, le vulgaire mouvement de sang de son indignation !
On ne sait pas assez à quel point elle importe dans l’étude de leurs œuvres et dans le jeu de leurs facultés.
Tout y est : la santé, les maladies, les indispositions, les bains, les médecines, les dîners, les jeux, les loteries, les bals, les chasses, les comédies, les revues, les pensions, les libéralités, les messes, les communions, les dévotions, et tous les événements du temps et leurs dates.
Dans ces fragments sans lien entre eux, si ce n’est l’humour qui les anime et qui les colore, dans ces trente-deux cartes d’un jeu de piquet, toujours coupées de la même manière, cherchez si les enluminures rapides, échappées à la verve insouciante de l’auteur, sont des catégories sociales ou des portraits individuels.
L’auteur du Roman d’une conspiration n’a pas tiré de la foule de tous les conspirateurs qui mettent leur vie au jeu, et bravement l’y laissent, ce Goujet, et surtout ce Rochereuil, qu’il fallait marquer d’un signe à part, — comme ce Redgauntlet, par exemple, qui est aussi un conspirateur, et que le génie de Walter Scott a marqué, pour que l’imagination le revoie toujours dans ses rêves, de ce fer à cheval sur le front, signe du malheur de toute une race, qui perd toutes les causes pour lesquelles elle combat, sans que jamais son courage faiblisse sous le poids de cette sombre et désespérante fatalité !
Assurément nous ne comparerons pas à l’auteur de Marianne, des fausses Confidences, des Jeux de l’Amour et du Hasard et de tant de chefs-d’œuvre où l’art est retors jusqu’à l’artifice, un auteur à l’aurore de ses premières pages, qui a du sentiment comme Chérubin dans sa romance, et qui, comme Chérubin, est très-joli garçon en femme, ainsi qu’il l’a prouvé dans sa Confession d’Antoinette, dont tout à l’heure nous allons vous parler.
Les spectacles quotidiens que ces sociétés leur offrent, les contacts et les frottements auxquels elles les exposent, les combinaisons diverses où elles les font entrer mettent incessamment en jeu ces mécanismes plus ou moins conscients grâce auxquels les idées sociales se modifient, se précisent, s’élargissent.
Un jour il perd au jeu beaucoup d’argent et se trouve fort embarrassé. […] Les représentations sont appelées à la conscience par le jeu d’association d’idées illimitées et peuvent s’y donner libre carrière. […] C’eût été de la part du Christ un jeu puéril de dessiner à l’avance de son ombre sur le sol, soit par plaisanterie, soit par vantardise, son sacrifice sublime. […] C’est comme dans le jeu connu, où une personne fait les gestes et où une autre dit les paroles correspondantes. […] Ici le rabâchage imbécile de sons semblables inspire au poète un jeu de mots inepte.
Il connut les muscles, il les toucha, les mania ; il étudia leur maladie et leur santé, leur jeu, leur énergie. […] Les personnes, un peu futiles ou maladroites, qui n’y parviendraient pas, auraient, au moins, passé de bons moments à un jeu distingué. […] Il se défend d’un scepticisme véritable en faisant observer qu’il ne dit pas que tout cela soit le jeu de notre caprice individuel. […] Elle s’égaye ou s’attriste ainsi qu’un paysage où se révèle le jeu du soleil et des nuages. […] C’est que les gens prennent la littérature pour un jeu qui n’a pas d’importance : et ils sont, là-dessus, la tolérance même.
Tout y est : pédanteries, nouveautés, jeux populaires, spectacles sanglants, farces grossières, tours de force et d’adresse, allégories, mythologie, chevalerie, commémorations rustiques et nationales. […] Comptez que dans toute passion extrême les lois ordinaires sont renversées, que notre logique française n’en est point juge, qu’on y rencontre des affectations, des enfances, des jeux d’esprit, des crudités, des folies, et que les violents états de la machine nerveuse sont comme un pays inconnu et extraordinaire ou le bon sens et le bon langage ne pourront jamais pénétrer. […] Et dans sa main elle avait un épieu acéré, — et sur son dos un arc et un carquois brillant, — rempli de flèches aux têtes d’acier, dont elle abattait — les bêtes sauvages dans ses jeux victorieux, — attaché par un baudrier d’or, qui sur le devant — traversait sa poitrine de neige, et séparait ses seins délicats ; comme les jeunes fruits en mai, — ils commençaient à se gonfler un peu, et nouveaux encore, — à travers son vêtement léger, ils ne faisaient qu’indiquer leur place. […] Au milieu du jardin était une fontaine — de la plus riche substance qu’il puisse y avoir sur la terre, — si pure et si transparente, que l’on eût pu voir — le flot d’argent courant dans chacun de ses canaux. — Très-splendidement elle était décorée — de curieux dessins et de figures d’enfants nus, — dont les uns semblaient, avec une gaieté rieuse, — voler çà et là et s’ébattre en jeux folâtres, — pendant que les autres se baignaient dans l’eau délicieuse. […] Puis viennent des nouvelles de mariages, mascarades, fêtes, jubilés, ambassades, joutes et tournois, trophées, triomphes, galas, jeux, pièces de théâtre.
Quand c’est par jeu qu’il en sort, il n’est que plus faible qu’à l’ordinaire, comme dans les tableaux de sauvageries de la Chute, ou dans la Bataille des Préludes. […] Vigny cédera au plaisir de s’amuser au jeu des idées, sans y croire. […] Il s’éleva tout seul, lut beaucoup, au hasard, s’éprit, dès quinze ans, à la fois de vers et de mathématiques, se préparant à l’École polytechnique et concourant aux Jeux floraux. […] c’est une grosse affaire, et j’ai tort d’en faire un jeu. […] Il se fera un jeu, par exemple, d’imiter un vers de Virgile : « Les Satyres dansants qu’imite Alphésibée.
Et je veux, je veux savoir ce que feront ces « fous » et ces « cavaliers » de jeu d’échecs, et ce qu’il adviendra d’eux, rien autre chose. […] Elle a aimé et aime encore Julien de Suberceaux, un gentilhomme taré qui vit de jeu et d’expédients. […] Même, il réjouit la nature, puisque la vie sort de la mort, et que le meurtre en masse hâte et facilite l’admirable jeu des transformations de la matière. […] C’est qu’à ce jeu le mieux sera toujours de ne pas jouer quand on n’y est pas forcé. […] , et, pour finir, le plus merveilleusement amusant que j’aie lu depuis le Nouveau Jeu d’Henri Lavedan.
Il suffit, à ses jeux, d’avoir participé à la grande époque pour y gagner une sorte d’immunité, de privilège. […] Jeux d’esprit, madrigaux, platitude descriptive, didactisme, enflure ! […] Ici on se rebiffa parce qu’un homme, à l’écart, et suivant son génie, s’adonnait silencieusement à un jeu mystérieux, que joue, au fond, tout écrivain. […] Le Serment du Jeu de Paume ou l’Entrée des Suisses de Chateauvieux, célébrés en vers plus civiques que vraiment beaux ! […] L’Anglais n’a pas pour la guerre ce goût héroïque qui en fait une sorte de jeu terrible et presque désintéressé.
du pantin métaphysique, lui dit-il, il faut lui substituer l’homme physiologique, l’homme tel qu’il est, déterminé par ses milieux et agissant sous le jeu des organes. […] Nous répliquerons facilement qu’autre chose est un trouble organique passager ou permanent qu’un seul mot indique ; et autre chose est l’état sain où toutes les fonctions ont un jeu libre et régulier. […] Dès que nous ne sommes plus en jeu, nous recouvrons toute l’indépendance de notre jugement. […] La prostitution s’affiche au grand jour, le jeu conduit à la ruine et au vol.
. — Mais un jour, sans conspiration aucune, sans que les mécontents du dedans se soient entendus avec l’exilé de l’île d’Elbe, par le seul fait de cette sympathie, de cette communication électrique qui s’établit à distance dans les atmosphères embrasées, Napoléon a senti que le moment de quitter ces jeux et ces passe-temps, bons pour les champs élyséens de Virgile, est venu, et qu’il faut, bon gré malgré, jeter une dernières fois les dés du sort.
La scène où le duc arrive à son tour et parle sans se douter que le chevalier écoute, est très amusante et parfaite de jeu, quoiqu’elle ramène et promène trop à plaisir l’imagination sur les impossibles erreurs de la nuit.
Il y avait une attente immense ; il y avait autre chose que de l’attente encore, c’est-à-dire bien des petites passions en jeu.
Tout était jeu d’esprit en France, hors les arrêts du conseil du roi : tandis qu’en Angleterre, chacun pouvant agir d’une manière quelconque sur les résolutions de ses représentants, l’on prend l’habitude de comparer la pensée avec l’action, et l’on s’accoutume à l’amour du bien public par l’espoir d’y contribuer.
Tous les grands principes de la psychologie, toutes les lois et tous les faits de la vie morale, apparaîtraient ; le jeu mystérieux des causes infiniment petites et mêlées serait découvert.
Vraiment, cela n’est pas de jeu, quoi qu’il en ait semblé à nos doux juges.
Après les jeux de la passion que devenait cette enfance, elle-même pourtant, elle vint, la passion en personne : nous le savons ; elle éclaira un moment ce génie si bien fait pour elle, elle le ravagea… Il a dû à ces heures d’orage et de douloureuse agonie de laisser échapper en quelques nuits immortelles des accents qui ont fait vibrer les cœurs, et que rien n’abolira.
. — Les Jeux rustiques et divins (1897). — La Canne de jaspe (1897). — Le Trèfle blanc (1899). — Premiers poèmes (1899)
Les oiseaux du ciel, la mer, les montagnes, les jeux des enfants, passaient tour à tour dans ses enseignements.
Mais, avant que de montrer le jeu des ressorts par lesquels ils se rendoient, il entre dans les raisons qu’on avoit de croire que les démons s’en méloient.
On y ridiculise l’affectation à courir après les mots nouveaux, les pensées énigmatiques, les tours recherchés, les petites sentences coupées, ces finesses, ces expressions, ces traits saillans, ces gaités, ces familiarités ingénieuses, tous ces jeux d’une imagination déréglée, qui sont l’esprit des sots.
C’étoit-là le véritable motif qui attiroit tant de monde aux jeux qui se célebroient en differentes villes.
Venu plus tard, comme Thucydide, par exemple, qui vit flotter au-dessus de son jeune front la barbe de l’homme d’Halicarnasse et qui l’entendit lire son histoire aux Jeux olympiques, il n’aurait plus été, à génie égal, le même Hérodote.
Aux yeux de qui ne se laisse pas troubler ou imposer par la mise en scène et les tumultes du théâtre, l’Histoire est uniquement le résumé des facultés de quelques hommes, faiblement ou puissamment mises en jeu.
Il fallait les battre avec leurs propres armes, ces coquines charmantes et amusantes, qui avaient ôté cette ceinture, par trop serrée, de l’étiquette, à ces sultans lassés qu’elle blessait… Il fallait que la vertu, chez soi, fût aussi aimable que le vice, sans cesser d’être la vertu ; et ce jeu difficile et dangereux, que seule une femme pure et trempée dans le Styx de sa propre innocence pouvait se résoudre à jouer, elle le joua hardiment, presque héroïquement, et elle perdit… Dieu ne voulut pas que la fille de Marie-Thérèse épargnât à la France et à la maison de Bourbon le châtiment qu’elle méritait pour avoir subi des Pompadour.
Il fallait les battre avec leurs propres armes, ces coquines charmantes et amusantes, qui avaient ôté cette ceinture, par trop serrée de l’étiquette, à ces sultans lassés qu’elle blessait… Il fallait que la vertu, chez soi, fût aussi aimable que le vice, sans cesser d’être la vertu ; et ce jeu difficile et dangereux, que seule une femme pure et trempée dans le Styx de sa propre innocence pouvait se résoudre à jouer, elle le joua hardiment, presque héroïquement, et elle perdit… Dieu ne voulut pas que la fille de Marie-Thérèse épargnât à la France et à la maison de Bourbon le châtiment qu’elle méritait pour avoir subi des Pompadour.
Abrégé décharné et désossé, qui ne creuse rien et croit planer sur tout, avec une prétention d’aigle qui trahit par trop le perroquet de Montesquieu… Et si, talent à part, qui meurt toujours à ce jeu, Ranke avait réussi à nous faire illusion sur la justice de son histoire, il aurait pu croire à la bonté de son système quand il s’agit de l’intérêt de ces idées qui doivent, pour plus de sûreté, s’infiltrer dans les esprits au lieu de s’y répandre, et passer par-dessous les portes au lieu de les forcer.
Les papes qui avaient précédé Pie V avaient eu des mœurs relâchées, et Prescott voit dans la dureté de Pie V la réaction nécessaire qui entre dans le jeu éternel des choses d’ici-bas.
Elle n’a peur d’aucun contresens et trouve une formule pour tous les gâchis… Après dix-huit ans de cet impudent concubinage, une république qui se croyait légitime sortit de cet adultère, et elle tomba, comme la première était tombée, sous un second Empire, et comme si la France, démonarchisée par la Révolution, avait pour destinée dans l’avenir de jouer à ce jeu alterné et sans fin des Républiques et des Empires.
Jules Simon, qu’il appelle La Religion naturelle, et qui pourrait très bien, sans jeu de mots, dispenser du devoir qui a dû le suivre, car, quel que soit l’ordre de succession dans la publicité, il est certain que le devoir est la conséquence de la Religion naturelle, au moins dans la tête de l’auteur !