De quel côté Alvinzi, avec le gros de ses forces, essayerait-il de percer ? […] Il eut ordre, après la bataille du Tagliamento et pendant que l’armée française s’avançait en Carinthie pour arracher la paix sous les murs de Vienne, de partir de Trente (17 mars 1797), de s’enfoncer dans le Tyrol allemand, d’y battre l’ennemi auquel il était supérieur en forces, et couvrant ainsi la gauche de l’armée, de la rejoindre en débouchant par le Pusterthal.
Dans ces mêmes pages (il faut être juste), Voltaire lui attribue pourtant l’honneur d’avoir fait substituer, à force d’avertissements, la taille tarifée à la taille arbitraire ; il revient encore ailleurs sur ce bienfait public dû aux travaux de l’abbé et sur le résultat qu’il obtint en cette seule matière. […] Dans sa manie d’éducabilité, il croyait qu’on arrivait à acquérir l’équivalent du génie, vers l’âge de cinquante ans, à force d’avoir assisté à des conférences.
Léon Dierx avec ses Poëmes et Poésies 39, empreints de force et de tristesse ; — Alphonse Daudet avec ses vers légers et ses agréables contes ; — Georges Lafenestre surtout, qu’on a fort salué dans ce jeune monde pour ses Espérances 40, espérances (c’est bien le mot) pleines de fraîcheur en effet, d’une sève abondante et riche, d’une fine grâce amoureuse ; — je les nomme tous trois ensemble, et ne crois faire injure à aucun. […] Abel Jeandet (de Verdun), prend soin de nous expliquer dans une introduction avec le zèle et la sympathie d’un compatriote ; je parcours le recueil : c’est tout un monde bourguignon, des souvenirs du cru, des amitiés d’enfance, des paysages naturels, de riches aspects qu’anime la Saône ; puis le combat, la lutte et la mêlée, la souffrance, bien des amertumes, des injustices même éprouvées ou commises, le fouet de la satire qui siffle, et finalement une sorte de tristesse grave et de découragement austère ; — toute une vie, enfin, de quinze années qui se reflète dans des vers inégaux, rudes parfois, vrais toujours et sincères, et dont quelques-uns attestent une force poétique incontestable.
Partout, dans ce circuit, éclate la grandeur ou la force. […] Tout est moyen ici, tempéré, plutôt tourné vers la délicatesse que vers la force.
Ne vaut-il pas mieux cent fois imposer la responsabilité de l’ordre dans le Liban aux Ottomans, qui depuis mille ans l’ont laissé chrétien, et le rendre libre et prospère en prêtant force au Grand Seigneur, libéral, quelquefois faible, jamais sciemment oppresseur ? […] Enfin regardez sur l’atlas l’Autriche, autrefois dominatrice, aujourd’hui réduite à des proportions peut-être trop exiguës dans le midi de l’Allemagne, éventrée par la Prusse, disloquée par la Hongrie, agitée par la Galicie, inquiétée par la Bohême, tiraillée par vingt nationalités éteintes qui veulent vivre seules sans avoir la force de vivre, appuyée sur son armée seule dont les contingents peuvent être à chaque crise rappelés par leurs provinces natales, et réfugiée sur le Tyrol, son dernier boulevard, réduite par son rôle à être empire de montagne, à être demain ce qu’était hier le faible monarque de Piémont.
Pradon, éclairé par sa rancune, voit même quelque chose de plus : il caractérise assez bien la poésie de Boileau, lorsqu’il lui donne « la force des vers et la nouveauté des expressions », lorsqu’il lui reproche de manquer de verve et d’imagination, et de séduire le public par des « vers frappants » semés de place en place, lorsqu’il dit de la description du Repas ridicule : « C’est le fort de l’auteur, quand il a de ces peintures-là à faire. » Je n’ai pas dit autre chose au chapitre précédent. […] L’évolution fut achevée, quand, aux environs de 1660, dans le jugement ou dans l’instinct de quelques grands écrivains et de leur public, la conciliation fut faite entre l’admiration des anciens, maîtres de l’art et guides du goût, et l’indépendance de la raison, plus confiante chaque jour en ses forces, et plus rebelle à toute autorité.
Sa légèreté était le trop-plein de sa force, qui jamais ne se sentait épuisée. […] Pour moi, ce m’est un encouragement et une force, de songer qu’en montant dans cette chaire qu’il a trop peu de temps occupée, j’y trouve installée déjà par lui, éprouvée par sa pratique et revêtue de son autorité, la méthode que je crois, sinon la plus glorieuse pour le maître, du moins la plus utile pour les auditeurs et la plus adaptée aux objets de l’histoire littéraire.
Les tortures de la passion, les férocités et les lâchetés sociales, les âpres sanglots du désespoir, l’ironie et le dédain, tout se mêle avec force et harmonie dans ce cauchemar dantesque troué çà et là de lumineuses issues par où l’esprit s’envole vers la paix et la joie idéales. […] Ferdinand Brunetière Les vers de Baudelaire suent l’effort ; ce qu’il voudrait dire, il est rare, très rare qu’il le dise ; et sous ses affectations de force et de violence, il a le génie même de la faiblesse et de l’impropriété de l’expression… Prenez, une à une, dans ces Fleurs du mal, les pièces les plus vantées, à peine y trouverez-vous une douzaine de vers à la suite qui soutiennent l’examen ; et un examen où il en faut venir, parce que Baudelaire est un pédant… Le pauvre diable n’avait rien ou presque rien du poète que la rage de le devenir.
Ainsi, la seconde moitié du xviiie siècle voit s’épanouir avec une force singulière la sensibilité française, qui commençait, depuis une vingtaine d’années, à reprendre, aux dépens de la raison, une place croissante dans la littérature et la philosophie. […] De même que ces crises tragiques, un changement dans la nourriture, dans la manière de vivre se répercute en sentiments et en idées que les écrivains expriment, sans en soupçonner souvent l’origine. « Savez-vous, disait Edmond de Goncourt à Taine50, si la tristesse anémique de ce siècle-ci ne vient pas de l’excès de son action, de ses prodigieux efforts, de son travail furieux, de ses forces cérébrales tendues à se rompre, de la débauche de sa production et de sa pensée dans tous les ordres ?
Mais qu’un souffle passe, et toute cette force immense s’organise, s’ordonne, et peut-être se magnifie. […] Or, nous, que toute cette ardeur et cette force environnent ; nous qui, dans nos solitudes de poètes, tressaillons chaque jour d’entendre, comme un écho multiplié, tous les eurekas du savoir des hommes se répondre d’un bout du monde à l’autre bout, un espoir nous a conquis, nous réconforte et nous exalte.
Il dit, et il embrasse son fils, et les larmes qui coulent le long de ses joues viennent mouiller la terre ; jusqu’alors il avait eu la force de les retenir. » Nous reviendrons sur cette reconnaissance ; il faut voir auparavant celle de Joseph et de ses frères. […] La reconnaissance est mieux amenée dans la Genèse : une coupe est mise, par la plus innocente vengeance, dans le sac d’un jeune frère innocent ; des frères coupables se désolent, en pensant à l’affliction de leur père ; l’image de la douleur de Jacob brise tout à coup le cœur de Joseph, et le force à se découvrir plus tôt qu’il ne l’avait résolu.
En second lieu, supposant que le traducteur soit venu à bout de rendre la figure latine dans toute sa force, il arrivera très-souvent que cette figure ne fera pas sur nous la même impression qu’elle faisoit sur les romains, pour qui le poëme a été composé. […] Les plus capables et les plus laborieux se dégoûtent des efforts infructueux qu’ils tentent pour rendre leurs traductions aussi énergiques que l’original où ils sentent une force et une précision qu’ils ne peuvent venir à bout de mettre dans leur copie.
La force et la fierté sont dépeintes sur le masque d’Hercule. […] La concavité du masque augmente la force de la voix, dit ce philosophe, en parlant des masques.
Grâce à la Décentralisation littéraire, il n’aura plus, pour s’y réfugier, Paris « ce lieu d’asile » où toute force a raison tôt ou tard de l’Envie. […] Que je comprends bien cette parole d’un jeune écrivain plein de sève et de fougue, qui était venu passer six mois dans un département du Midi, six mois de commerce journalier avec des gens qui ne hasardent jamais une idée sans s’être assurés qu’elle a pour elle la prescription : « Si je devais rester ici trois mois de plus, je n’aurais plus la force de produire une pensée. » C’est grâce à la centralisation — maudite et honnie — que sont possibles ces hardies innovations où se retrempent les littératures fatiguées.
L’illusion est naturelle à un esprit nourri de rhétorique classique. » Je ne crois pas seulement que Pascal joue avec les mots ; je crois qu’il joue aussi (dans le meilleur sens) avec sa pensée ; je crois qu’il la change, qu’il la pousse, qu’il la renforce ; et, comme il lui faut des mots pour exprimer ce qu’il sent, je crois, en effet, que sa pensée dépend souvent des mots, mais je crois aussi que ses mots dépendent également de sa pensée et qu’il trouve d’admirables mots par la seule force de sa pensée. […] Mais Pascal ne force pas les mots et même ce n’est pas proprement les mots qu’il oppose aux mots, mais les idées aux idées… L’antithèse entre, les mains de Pascal n’est pas un jouet !
Ainsi elles n’ont ni l’invention qui crée ou découvre, ni la généralisation qui synthétise, ni la force sans convulsion, car la force convulsive, passionnée, elles peuvent l’avoir en leur qualité de femmes (preuve, Mlle de l’Espinasse).
Il ne sera dépassé et mis en oubli que par un livre d’égale force d’intelligence, lequel, représentant, comme celui-ci, dix ans de travaux, d’efforts, de patience inouïe, prendra les notions sur la Chine là où Huc les a prises, et nous en donnera l’équivalent en les avançant autant que l’ouvrage du courageux missionnaire les a avancées. […] Bien des esprits plus fanatiques que ce prêtre, transformé en observateur, n’en proclameront pas moins la supériorité de la Chine et croiront à la force de sa vie, parce qu’ils verront dans le livre même de Huc ces mouvements d’un peuple rusé, vénal, mercantile, actif, fripon, et par-dessus tout spirituel, qui survivent à la vraie vie éteinte, la vie morale, la vie de la conscience et du cœur.
Les autres, qui ont essayé de la singer, — qui lui ont rendu ce flatteur honneur de la singerie, — ont pu se croire de la même force d’ennui, et l’étaient peut-être, mais l’Opinion, cette reine du monde, qui a ses favoris, a toujours trouvé ses bâillements infiniment plus savoureux quand ils lui venaient par la Revue des Deux Mondes que par les autres recueils, créés, à son exemple, pour entretenir les mâchoires humaines dans cette vigoureuse et morale gymnastique du bâillement. […] III Aussi eut-elle, sinon immédiatement, un succès qui se consolida, et avec une telle force qu’on put le croire indestructible… Pendant vingt-cinq ans pour le moins, en effet, ni les fautes de Buloz, — de piéton modeste et incomparable devenu directeur assis et incompétent, — ni ses humeurs peccantes qui feraient le bonheur d’un médecin de Molière, ni sa tyrannie bourrue et tracassière, ni son orgueil durci par la fortune, ni les bornes sourdes de son esprit, ni ses procédés hérissons, ni ses grognements ursins, ni l’horreur de ses meilleurs écrivains mis en fuite par cet ensemble de choses charmantes, ni l’ennui enfin le plus compacte qui soit jamais tombé d’un recueil périodique sur le lecteur assommé, rien n’a pu le diminuer, ce succès étrange, ou l’interrompre un seul jour… C’est à n’y pas croire !
Elle était bien, comme on le dit avec plus ou moins de force et comme le répète aujourd’hui son nouvel historien avec une tranquillité d’intelligence et d’expression qui croit n’avoir pas besoin d’insister, elle était bien, cette raison supérieure, dans le catholicisme du pays et dans sa conscience religieuse. […] c’est la force de sa conviction qui fait la faiblesse de son histoire.
La pensée, qui n’a toute sa pureté et toute sa force que dans le recueillement et dans la solitude, ne gagne rien à son tête-à-tête avec la foule. […] Madame de Gasparin oublie, elle, son protestantisme, dans l’amour et à force d’amour.
Or, tout le monde n’a pas les vices du cardinal de Retz à dix-huit ans… Lorsqu’on se renferme dans les données d’une passion qui ne pouvait pas aliéner un cerveau de la force de celui de Goethe au point de le lui faire brûler d’un coup de pistolet, y a-t-il donc réellement, dans son action honorable et prudente, de quoi changer subitement en posthume héros de moralité sensible un homme dont le cœur même fut littéraire, et auquel, cet amour passé qui dura le temps d’une bluette, la plus incroyable prospérité vint donner bientôt toute la dureté d’un caillou ? […] En vain il souffre par Charlotte, ce jeune homme de vingt-trois ans, qui ne souffrira plus demain, mais il n’oublie pas, à chacun de ces coups qui font pousser aux hommes le cri vrai, de pousser le cri de la rhétorique et d’invoquer les dieux immortels, les génies, les forces, les tourbillons, et toute cette mythologie panthéiste d’un paganisme renouvelé, qui seront un jour les causes de mort de ses écrits et les rendront insupportables.
Un homme seul, quelle que soit sa force, ne déracine pas d’un seul coup le mal fait par plusieurs générations. […] Dans cette longue chaîne de souverains pontifes qui avaient porté et gardé au fond de leur cœur le sentiment de la force de l’Église romaine, il put se rencontrer un pape qui les sacrifia.
Il faut bien le dire, pour expliquer le peu de poésies qui surnagent sur la grande quantité de vers écrits par des plumes d’un talent à faire illusion, la poésie, en dehors des procédés matériels du rhythme, c’est la force de l’individualité rompant subitement la chaîne des traditions et le fil délié des réminiscences. […] Mais le mal est moins la calomnie que l’idée qu’il a eue qu’en se comparant à Louvet il ne se calomniait pas… A force de regarder le xviiie siècle, son regard moral s’est troublé.
Le livre célèbre que voici, ce livre de Manon Lescaut 31, exalté, exulté, adoré ; ce livre qui a pris et enlevé — sans avoir rien de La force d’un tourbillon — les imaginations et les cœurs, est un de ces livres à destinée que la Critique n’a pas encore expliqué. […] Jamais, selon moi, mystification ne fut plus grande et plus obstinée que cette gloire faite à Manon Lescaut, dans un pays où nous avons des romans de la force de ceux de Balzac !
Il ne faut pas oublier que, digne d’être chrétienne par son âme, en réalité elle ne l’était pas, et qu’elle se trouvait pourtant sinon la force, au moins assez d’amour pour se sacrifier à ce qu’elle ne croyait pas, et peut-être à ce qu’elle méprisait ! […] Les boucles folles ont protesté, mais force est demeurée à la loi. » Et de cette même main qui vient de relever ses cheveux et d’en despotiser les boucles, elle écrit : « La solitude est envahissante.
La fade bergerie qui, du reste, n’y est pas la seule, et qui est la conclusion de son roman cette berquinade amoureuse et transie d’un roi épousant une bergère, d’un homme à qui l’auteur avait d’abord accordé de la force d’esprit et de caractère et qui devient le pastor fido d’une fillette, de pasteur de peuple que Dieu l’avait fait, n’est pas non plus la seule conclusion de ce roman, qui en a plusieurs, parce qu’il a plusieurs sujets. […] Elle a besoin, pour gagner ses batailles, de concentrer ses forces sur un point donné, comme le génie de la guerre pour gagner les siennes, et l’invention de Gobineau les éparpille !
Or, ce compromis, vous y renoncez sans le moindre scrupule quand vous étudiez les choses extérieures, puisque vous laissez alors de côté les forces elles-mêmes, à supposer qu’elles existent, pour n’en considérer que les effets mesurables et étendus. […] C’est dans cette confusion de la vraie durée avec son symbole que résident, selon nous, la force et la faiblesse du kantisme tout à la fois.
Mais cette création différait infiniment de celle de Dieu : Dieu dans sa pure intelligence connaît les êtres, et les crée par cela même qu’il les connaît ; les premiers hommes, puissants de leur ignorance, créaient à leur manière par la force d’une imagination, si je puis dire, toute matérielle. […] Or, comme en pareille circonstance, il est dans la nature de l’esprit humain d’attribuer au phénomène qui le frappe, ce qu’il trouve en lui-même, ces premiers hommes, dont toute l’existence était alors dans l’énergie des forces corporelles, et qui exprimaient la violence extrême de leurs passions par des murmures et des hurlements, se figurèrent le ciel comme un grand corps animé, et l’appelèrent Jupiter43.
Il fallait de toute force que le public de la tragédie fût d’une culture moyenne supérieure à celle de notre public. […] Que le Ciel vous donne la force des lions et la prudence des serpents. » Racine aurait pu se ressouvenir de cette turquerie facile et l’adapter au style tragique. […] Racine sent, à ce moment, toute sa force. […] Il avait la gloire ; il était dans toute la force de son génie. […] Et tout est de ce style et de cette force.
La force d’une démocratie réside dans la puissance de l’opinion, dans le respect de tous envers la loi. […] Le plus fâcheux est qu’il vit sur un pays fatigué, dont les forces baissent et qui ne s’enrichit plus. […] des pasticheurs qui croient, en sautillant, imiter sa démarche aisée et qui grimacent de toutes leurs forces, afin de sourire aussi bien que lui. […] À force d’observer cette progression en raison directe des grades, il devient très philosophe. […] La vocation littéraire est née, chez lui, de la force des choses.
Ce fut sa grande force. […] C’est que Smilis est une Agnès accomplie, une Agnès dans toute la force, nous pourrions dire dans toute l’invraisemblance du terme. […] Il renouvelle, en l’assombrissant, en l’entourant de plus de mystère, la conception que les anciens avaient du Destin, cette force contre laquelle se brisent nos énergies. […] Il altérait les caractères, selon les exigences du récit ; — mais si grande était sa force de persuasion qu’il imposait au public ses conceptions personnelles. […] Et cependant, à cet ouvrage remarquable, il manque quelque chose, un je ne sais quoi, difficile à définir et qui fait qu’en le lisant, on ne se sent pas dominé par une force supérieure.
Elle y souffre comme toutes les âmes fortes, qui périssent d’orgueil, déchirées dans leur force vaine.
Nombre des pièces du volume purent reparaître dans l’Âme nue publiée deux ans plus tard avec un très vif succès et qui, en affirmant les qualités de force, de couleur et de pensée de M.
Il contenait des vers d’amour, d’une sensualité de tête tout à fait curieuse et personnelle, des « exercices » dans le genre parnassien, dont quelques-uns au moins (L’Élégie verte, par exemple, ou certaines ballades) sont de simples merveilles d’esprit et d’habileté technique, et enfin des sonnets sur les classiques français, où le futur critique des Contemporains est déjà tout entier, et qui tiennent à la fois du chef-d’œuvre et du tour de force.
Cet Ouvrage, le plus riche, le plus complet, le plus décisif qu’on ait en matiere de Religion, réunit à la multitude des preuves historiques, un ordre & une force de style qui en rendent la lecture intéressante.
Ce Journal, destiné dans son origine à recueillir les prémices des Muses naissantes, à offrir aux yeux de la Nation les premiers germes des talens capables de flatter ses espérances, à former un mélange intéressant des traits de délicatesse, d’agrément, de force & de sensibilité qu’a produits l’imagination Françoise ; à rendre compte de ce que les Sciences & les Beaux-Arts enfantent tous les jours ; à encourager les Artistes par de justes éloges, ou à les éclairer par des critiques lumineuses : ce Journal borne à présent tout son mérite à des Logogryphes dignes du seizieme siecle, à des Contes d’une froideur qui glace l’esprit, ou d’une extravagance qui égare le sentiment & corrompt le goût ; à des analyses infidelles ou partiales, qui contredisent ouvertement les regles de la Littérature ou celles de la décence ; & à quelques nouvelles politiques rédigées avec une sécheresse qui ôte tout le piquant de la nouveauté.
Nous renvoyons les Lecteurs de bonne foi à l’Ouvrage même : ils verront combien l’Auteur est éloigné de favoriser l’autorité arbitraire & le gouvernement despotique ; ils verront avec quelle force il défend les droits des Sujets, avec quel noble courage il présente au Prince, non seulement le tableau des devoirs de la Royauté, mais une infinité de principes & de vérités propres à écarter du cœur des Souverains, l’orgueil qui cherche sans cesse à les séduire & à leur faire oublier qu’ils ne sont sur le Trône, que pour rendre leurs Peuples heureux.
Il se dispensa, comme Législateur de la Loi, qui force ceux qui vivent dans ce tombeau à ignorer ce qui se passe sur la terre.
À la vérité, les deux scènes ne se peuvent comparer, ni pour la composition, ni pour la force du dessin, ni pour la beauté de la poésie ; mais le triomphe du christianisme n’en sera que plus grand, puisque lui seul, par le charme de ses souvenirs, peut lutter contre tout le génie d’Homère.
L’amertume que cet état de l’âme répand sur la vie est incroyable ; le cœur se retourne et se replie en cent manières, pour employer des forces qu’il sent lui être inutiles.
C’est dans ce lieu que, pour la première fois, je vis, sous son vrai jour, toute la force de la tendresse paternelle chez les oiseaux ; c’est là que j’étudiai les mœurs du pewee ; c’est là que j’appris, de manière à ne plus l’oublier, que détruire le nid d’un oiseau ou lui arracher ses œufs et ses petits, c’est un acte d’une grande cruauté. […] Je tins la gageure, et nous voilà partis au trot de nos chevaux, moi désirant beaucoup me prouver ici encore, qu’à force d’appliquer son esprit à un sujet, on peut finir tôt ou tard par le bien connaître. […] C’était dans l’après-midi d’une de ces journées étouffantes où l’atmosphère des marécages de la Louisiane se charge d’émanations délétères ; il se faisait tard et je regagnais ma maison encore éloignée, ployant sous la charge de cinq ou six ibis des bois, et de mon lourd fusil dont le poids, même en ce temps où mes forces étaient encore entières, m’empêchait d’avancer bien rapidement. […] Je tendis cordialement ma main au fugitif. « Merci, maître », me dit-il, et il me la serra de façon à me convaincre de la bonté de son cœur, et aussi de la force de son poignet. […] Une seule chance de succès lui reste, c’est de plonger dans le courant ; mais l’aigle prévoit la ruse ; il force sa proie à rester dans l’air, en se tenant sans relâche au-dessous d’elle, et en menaçant de la frapper au ventre et sous les ailes.
Mais je laisse aux historiens de l’évolution musicale, plus compétents que moi en la matière, le soin de décider si la musique ne s’est pas trompée parfois sur la portée de ses forces, et je passe à l’étude des œuvres où les deux rivales, appelées à travailler ensemble et de concert, ont dû contracter une union d’autant plus fertile en conflits qu’elle était plus intime. […] Sur les ailes de la mélodie, des paroles parfois médiocres ont volé plus haut et plus loin qu’elles n’auraient pu aller par leurs propres forces. […] Elle prouverait aussi qu’il en a quelquefois souffert, que sa pensée est devenue ça et là pénible et même obscure à force d’être condensée. […] Gœthe, à propos de son Faust, illustré par Delacroix138, disait à Eckermann, qui remarquait combien de tels dessins aident à l’intelligence complète d’un poème : « C’est certain : car l’imagination plus parfaite d’un artiste nous force à nous représenter les situations comme il se les est représentées à lui-même. […] Leurs robes ont des queues d’une toise de long ; leur coiffure est un énorme bonnet conique, c’est le fameux hennin, qui les grandit de deux pieds, les force à se baisser aux portes, à entrer de côté, parce qu’il est garni de deux larges oreillettes, et qui de plus s’agrémente d’un voile de dentelle tombant jusqu’aux pieds.
” Et comme je cherchais à le rassurer sur la force de sa constitution, faisant allusion à la mort de mon frère, tué quelques jours avant, il me jeta : “ Hodie tibi, cras mihi .” » Vendredi 5 janvier Jamais un auteur ne s’avoue que, plus sa célébrité grossit, plus son talent compte d’admirateurs incapables de l’apprécier. […] Sans cette dépêche, toute l’armée se retirait derrière la rive gauche de la Seine, on y encadrait toutes les forces vives du pays, et nous livrions la bataille de Châtillon, cette fois avec de vrais soldats. […] Vendredi 15 mars Burty cause avec moi de la bêtise de Courbet, une bêtise qui arrive à être drolatique, à force d’être bête : « Mon cher, me disait-il un jour, pendant le siège, avec l’accent que vous lui connaissez, mon cher figurez-vous que dans ce moment-ci, je fais des crottes comme un lièvre ! […] C’est pendant la période de la Jeunesse, de la Force, de l’Amour, qu’il faut faire des vers. » Mercredi 17 juillet La force prime le droit, cette formule prussienne du droit moderne, proclamée, en pleine civilisation, par le peuple qui se prétend le civilisé par excellence, cette formule me revient souvent à l’esprit.
La mémoire consciente perd ainsi en étendue ce qu’elle gagne en force de pénétration : elle avait d’abord la facilité de la mémoire des rêves, mais c’est que bien réellement elle rêvait. […] Mais si notre passé nous demeure presque tout entier caché parce qu’il est inhibé par les nécessités de l’action présente, il retrouvera la force de franchir le seuil de la conscience dans tous les cas où nous nous désintéresserons de l’action efficace pour nous replacer, en quelque sorte, dans la vie du rêve. […] C’est l’herbe en général qui attire l’herbivore : la couleur et l’odeur de l’herbe, senties et subies comme des forces (nous n’allons pas jusqu’à dire : pensées comme des qualités ou des genres), sont les seules données immédiates de sa perception extérieure. […] Mais nous ne rejetons rien dans l’inconscient, par la raison fort simple que ce n’est pas, à notre avis, un effort de nature psychologique qui dégage ici la ressemblance : cette ressemblance agit objectivement comme une force, et provoque des réactions identiques en vertu de la loi toute physique qui veut que les mêmes effets d’ensemble suivent les mêmes causes profondes. […] Il faut supposer que les idées s’entre-choquent au hasard, ou qu’il s’exerce entre elles des forces mystérieuses, et l’on a encore contre soi le témoignage de la conscience, qui ne nous montre jamais des faits psychologiques flottant à l’état indépendant.
Mais son esprit était éminemment méridional ; à l’exécution, ses déterminations devaient donc être frappées des hésitations qui saisissent les jeunes gens quand ils se trouvent en pleine mer, sans savoir ni de quel côté diriger leurs forces, ni sous quel angle enfler leurs voiles. […] était-ce besoin d’essayer leurs forces, ou manque de pitié ? […] Mais ces continuelles tourmentes m’habituèrent à déployer une force qui s’accrut par son exercice et prédisposa mon âme aux résistances morales. […] Si mes juges eussent connu la force des séductions, les héroïques aspirations de mon âme vers le stoïcisme, les rages contenues pendant ma longue résistance, ils eussent essuyé mes pleurs au lieu de les faire couler. […] La taille ronde est un signe de force, mais les femmes ainsi construites sont impérieuses, volontaires, plus voluptueuses que tendres.
J’ai dit que Veuillot était peut-être par-dessus tout un homme de sentiment, un poète : la Rome catholique s’empara de lui tout entier, et avec une force inouïe. […] Et cependant, il se sent une force qu’il n’avait pas auparavant : … Ces actes, ces fautes, ces plaisirs, pour lesquels on avait du mépris, on s’y laissait entraîner : maintenant qu’ils inspirent un attrait horrible, qu’ils vous donnent une soif d’enfer, vous n’y cédez pas. […] Il n’a, comme vous pensez bien, que mépris pour le parlementarisme, chose bourgeoise en effet, et il en démontre avec une force extrême la vanité, les injustices et la stérilité. […] Si je n’aimais la vérité, je me condamnerais au silence ; mais la vérité a encore sa force dans les plus humbles voix, et elle commande la hardiesse aux plus humbles esprits. […] Au reste, une souplesse incroyable, une extrême diversité de ton et d’accent depuis la manière concise, à petites phrases courtes et savoureuses, et depuis la façon liée, serrée, pressante du style démonstratif, jusqu’au style largement périodique de l’éloquence épandue, et jusqu’à la grâce inventée et non analysable de l’expression proprement poétique… Bref, il me semble avoir toute la gamme, et la grâce et la force ensemble, et toujours, toujours le mouvement, et toujours aussi la belle transparence, la clarté lumineuse et sereine.
Ribot dans le débat 37, et bien qu’attaquée 38, elle paraît avoir conservé toute sa force, pourvu toutefois, croyons-nous, qu’on ne voie dans les mouvements décrits par Th. […] Elles se portent toutes à la rencontre de la perception, et nourries de la substance de celle-ci, elles acquièrent assez de force et de vie pour s’extérioriser avec elle. […] Il semble que le malade n’ait plus la force de ressaisir ses souvenirs acoustiques, qu’il tourne autour de l’image verbale sans arriver à se poser sur elle. […] Et par conséquent, si l’on veut à toute force localiser les souvenirs auditifs des mots, par exemple, en un point déterminé du cerveau, on sera amené par des raisons d’égale valeur à distinguer ce centre imaginatif du centre perceptif ou à confondre les deux centres ensemble. […] Impuissant, il emprunte sa vie et sa force à la sensation présente où il se matérialise.
On avait cru les armes françaises indomptables : or, elles durent céder à la force. […] Alors, il nous a pris une grande horreur de la force ; et notre fatuité, il nous a fallu la chercher ailleurs. […] La force nous avait offensés. Nous avons détesté la force. […] Mais le loyal combat, celui-ci ; l’on sent la force d’autrui : l’on n’en lutte que mieux !
Comme tous les écrivains patriotes, il s’est attaqué aux puissants, à ceux qui abusaient de la force contre le droit, et il ne s’est souvenu des carlistes que quand de loin en loin ils relevaient la tôle.
Elle apprendra ainsi à gouverner, dans la mesure du possible, les forces obscures auxquelles jusqu’à présent elle a obéi sans le savoir et elle fera un pas vers cette liberté qui est seule à sa portée et qui consiste à connaître le jeu des lois naturelles pour commander aux puissances de la vie et pour les employer à la satisfaction de ses besoins matériels comme de ses plaisirs esthétiques.
Dans les matieres philosophiques ou théologiques, c’est un homme qui ressuscite des erreurs pour les combattre ou leur donner de la force, selon ses caprices, & pour exercer sa démangeaison continuelle de raisonner sur tout & contre tout.
Il a fait un Ouvrage plein de force, de lumieres & de vérités sur l’expulsion des Protestans au siecle dernier, & sur les motifs qui y ont pu déterminer Louis XIV & son Conseil.
Dès qu’il eut fait paroître quelques-unes de ses Pieces, tous les esprits se réunirent pour admirer l’élévation de son style, la délicatesse & la force de ses pensées, l’énergie & la pureté de ses expressions, l’élégance & le naturel de ses Vers.
Par l’extrême grâce des attitudes, ces gens nous évoquèrent la multiplicité des forces cosmiques. […] Il y a introduit le dialogue, et surtout tenta ce tour de force : résumer dans la vie d’un Homme les étapes successives de l’Humanité. […] Chargées d’odeurs, enivrées de verveines et d’eaux, chuchotent et chantent les Archanges-Lèvres. » Dans le dynamisme universel, le poète est donc une simple force de la nature, et comme tel est soumis aux lois physiques des âmes ; les normes qui règnent sur le monde sont celles encore qui ordonnent son œuvre. […] Il cesse, en réalité, d’être un homme, pour devenir, à la fois, un ange, un symbole et une force. […] La Nature lui apparut comme l’image éternellement changeante des Idées et des Formes primordiales ; la matière, l’emblème sacré du Mystère, et les hommes comme des représentations symboliques, et actives, de forces fatales, aveugles et inconscientes.
Et maudite dans ce qu’elle entreprenait de sage, de raisonnable, comme mère de famille, perdant dans de malheureuses affaires, les placements qu’elle faisait en vue de l’avenir de ses enfants : placements faits à force d’économies et de retranchement sur elle-même. […] Je la revois enfin, ma pauvre mère, au château de Magny, sur son lit de mort, au moment où le bruit des gros souliers du curé de campagne, qui venait de lui apporter l’extrême-onction, s’entendait encore dans le grand escalier, je la revois, sans la force de parler, me mettant dans la main la main de mon frère, avec ce regard inoubliable d’un visage de mère, crucifié par l’anxiété de ce que deviendra le tout jeune homme, laissé à l’entrée de la vie, maître de ses passions, et non encore entré dans le chemin d’une carrière. […] Ce soir, au dîner de l’avenue de l’Alma, où sont Lockroy et Hanotaux, on s’entretient de Boulanger, que Lockroy affirme avoir été le sous-lieutenant de La Dame blanche, toutefois avec la force, un moment, d’un million d’hommes derrière lui, et qui aurait bien voulu du pouvoir, mais à la condition que ce pouvoir lui aurait été offert sur un plat d’argent, sans le plus petit allongement de la main, pour le prendre. […] Un manque de réparation, et par là une diminution de force vitale, doit avoir lieu chez les vieux célibataires, que l’ennui de dîner seuls, déshabitue de la faim du soir. […] Je vois meubler le salon du premier acte, je vois les pompiers, l’œil au petit hublot de la toile, j’entends force m…. dans la lampisterie.
C’est Salluste ; il écrivoit comme il pensoit, avec force. […] Il avoit dans l’esprit plus de force que de légéreté. […] L’auteur écrit certainement de génie ; il a de la force & de la chaleur ; il n’a pu manquer de plaire aux spéculatifs. […] En général, sa narration manque de chaleur, son style, de couleur & de force. […] Cet ouvrage est écrit avec beaucoup de force & de dignité.
Celles-là ont plus besoin que toutes les autres de venir demander du courage, de la force et de la patience au tribunal de la confession. […] Je dirai même qu’à force d’avoir de l’honneur, il finit par en manquer. […] Félix dans une de ses conférences, la grande force et la grande supériorité du catholicisme. […] La loi, c’est la force ; le but de la vie, la jouissance ; il n’y a rien au-delà. […] C’est que la société n’a que la force matérielle qui arrête le bras, tandis que la religion a la force divine qui transforme le cœur.
On voit qu’elle traite le fanatisme tout à fait comme une force physique, comme elle parlerait de la pesanteur, par exemple : grande preuve d’un esprit ferme le lendemain d’une ruine ! […] Après chaque poussée en avant, où un talent se fait jour de vive force, ils veulent clore, ils relèvent vite une barrière que de nouveaux talents forceront bientôt. […] Ajoutez la nécessité si invraisemblable, et très-fâcheuse pour l’émotion, que ces personnages s’enferment pour écrire lors même qu’ils n’en ont ni le temps ni la force, lorsqu’ils sont au lit, au sortir d’un évanouissement, etc., etc. […] » Trop à l’étroit dans Coppet et surtout dans son imagination terrible, elle voulait à toute force ressaisir l’air libre, l’espace immense. […] J’ai vu un billet touchant qu’elle lui adressait le 26 juin 1817, c’est-à-dire dix-huit jours avant sa mort, et qu’elle avait dicté à son fils (Auguste de Staël), n’ayant déjà plus la force d’écrire.
Nous ne pouvions mesurer nos forces mentales, et, par suite, en circonscrire sagement la destination qu’après les avoir suffisamment exercées. […] Une première ébauche spéciale de l’établissement des lois naturelles envers chaque ordre principal des phénomènes a été ensuite indispensable pour procurer à une telle notion cette force inébranlable qu’elle commence à présenter dans les sciences les plus avancées. […] Néanmoins, il faut franchement reconnaître cette impossibilité directe de tout ramener à une seule loi positive comme une grave imperfection, suite inévitable de la condition humaine, qui nous force d’appliquer une très faible intelligence à un univers très compliqué. […] L’esprit métaphysique, qui a souvent tendu à dissoudre activement la morale et l’esprit théologique, qui, dès longtemps, a perdu la force de la préserver, persistent néanmoins à s’en faire une sorte d’apanage éternel et exclusif, sans que la raison publique ait encore convenablement jugé ces empiriques prétentions. […] Il importe donc beaucoup que, dès son origine, la nouvelle école philosophique développe, autant que possible, ce grand caractère élémentaire d’universalité sociale, qui, finalement relatif à sa principale destination, constituera aujourd’hui sa plus grande force contre les diverses résistances qu’elle doit rencontrer.