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935. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Quels mouvements de foi et d’amour vers le Dieu qu’ils lui avaient enseigné ! […] Au reste, la foi absolue qu’il a dans son art entraîne beaucoup de qualités excellentes. […] rien qu’une impression, une crainte vague, qui venait d’un reste de foi, sans doute pusillanime, aux éducateurs du temps passé. […] Il est ivre de sa foi nouvelle, et cela ne l’empêche pas d’adorer sa femme. […] Mais je me suis vite rassuré : rien n’entamera jamais le respect et la foi des croyants, pas même les révélations des hommes d’Église.

936. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Lanfranc, premier archevêque normand de Cantorbéry, logicien subtil, discuta habilement sur la présence réelle ; saint Anselme, son successeur, le premier penseur du siècle, crut découvrir une nouvelle preuve de l’existence de Dieu, et tenta de rendre la religion philosophique en faisant de la raison le chemin de la foi ; certainement l’idée était grande, surtout au douzième siècle, et on ne pouvait aller plus vite en besogne. […] Puis ils sont allés à Salisbury, au nombre de soixante mille, tous possesseurs de terres, ayant au moins de quoi entretenir un cheval ou une armure complète ; là, mettant leur main dans celle de Guillaume ; ils lui ont promis foi et assistance, et l’édit du roi a déclaré « qu’ils doivent être tous unis et conjurés comme des frères d’armes » pour se prêter défense et secours. […] » Avec les mêmes inquiétudes, Piers Plowman part pour chercher Bien-Faire, et demande à chacun de lui enseigner où il le trouvera. « Chez nous », lui disent deux moines. « Non, dit-il, puisque l’homme juste pèche sept fois par jour, vous péchez, et ainsi la vraie justice n’est pas chez vous. » C’est à « l’étude et à l’écriture », comme Luther, qu’il a recours ; les clercs parlent bien de Dieu à table et aussi de la Trinité, « en citant saint Bernard, avec force beaux arguments pompeux, quand les ménestrels ont fini leur musique ; mais pendant ce temps les pauvres peuvent pleurer à la porte et trembler de froid sans que nul les soulage. » Au contraire, on crie contre eux comme après des chiens, et on les chasse. « Tous ces grands maîtres ont Dieu à la bouche, ce sont les pauvres gens qui l’ont dans le cœur168 », et c’est le cœur, c’est la foi intérieure, c’est la vertu vivante qui font la religion vraie. […] On sent bien, par la précocité et l’énergie de leurs réclamations religieuses, qu’ils sont capables des croyances les plus passionnées et les plus sévères ; mais leur foi demeure enfouie dans les arrière-boutiques de quelques sectaires obscurs. Ni leur foi ni leur poésie n’a pu atteindre son achèvement ou son issue.

937. (1894) Critique de combat

Pour ressusciter la foi morte, il faudrait réparer les brèches irréparables faites au dogme par la science et la philosophie. […] Les robustes actes de foi en un avenir meilleur, qu’il ne faut pas espérer mollement, mais forger, mais créer à force de courage et d’énergie ! […] Zola-Prudhomme s’est senti, paraît-il, des démangeaisons de revenir à la foi religieuse, comme si une bombe était un argument théologique ! […] Et, ma foi ! […] Un philosophe éminent7 écrivait naguère en parlant de la France : « C’est un lieu commun de rappeler sa foi au triomphe universel de la raison, du droit et de la fraternité. » Et il montrait que cette foi est ce qui la distingue des nations environnantes.

938. (1897) Aspects pp. -215

Malade de corps et d’âme, possédé de l’inquiétude d’aimer, il va vers l’enfance — il se réfugie dans la foi des ancêtres. […] Tout l’art, toute la foi du Moyen-Âge s’y sont fondus, réveillés, pour la dernière fois, en l’âme d’un poète qui ne savait même pas s’il était « né trop tôt ou trop tard ». […] Force gens, sur la foi d’écrivains qu’ils aiment, s’estropient la cervelle, se faussent le jugement, patoisent pour se mettre à l’unisson des sottises absconses qu’on leur donne pour sublimes. […] De la sorte, par bouts de papiers électoraux, candidatures, professions de foi, banquets, etc., la littérature accouchera peut-être d’un chef d’œuvre. […] Il y a des gradations : par exemple, ces intermédiaires inquiets qui s’intoxiquent d’écrits catholiques voudraient réconcilier la religion et la science, la vie et la mort et regrettent de n’avoir plus la foi.

939. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ils font leurs prières et leurs purifications aux temps marqués, et dans la dévotion la plus apparente: ils tiennent les plus sages discours et les plus pieux qu’il se puisse, parlant continuellement de la gloire et de la grandeur de Dieu dans les plus excellents termes, et avec tout l’extérieur de la foi la plus ardente. […] Le lieutenant du pacha lui dit que l’ordre que son maître avait reçu du Grand Seigneur portait de détruire tous les lieux forts de Mingrélie ; mais que toutefois il voulait bien conserver ceux des seigneurs qui se montreraient obéissants ; que le Grand Seigneur ôtait la principauté à Levan, qui était à Ruchs, et la donnait au jeune prince qui avait été élevé à Acalziké ; qu’il fallait qu’il lui fît serment de fidélité ; qu’il donnât un de ses enfants pour otage de sa foi et fit un présent au pacha. […] Elle prit une voie contraire: car, étant bien assurée qu’il n’y avait point de lieu dans l’empire de Perse où le roi ne la découvrît, elle alla s’enfermer trois jours durant dans la forteresse de Tiflis: ce qui était proprement se livrer à la merci de celui qui la voulait avoir ; elle se fit voir tout ce temps-là aux femmes du commandant ; et, l’ayant mandé ensuite à son appartement, elle lui fit dire que, sur la foi de ses femmes qui l’avaient vue, il pouvait écrire au roi qu’elle n’était pas d’une beauté à se faire désirer ; qu’elle était âgée, et même un peu contrefaite ; qu’elle conjurait Sa Majesté de lui laisser achever ses jours dans son pays. […] Tout ce qu’il demandera avec foi, de dessus cette porte, sera comme la flèche qui atteint le but, c’est-à-dire il sera exaucé.

940. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Eh bien tout est renversé… Il y a eu ce matin un article dans Le Rappel… Par là-dessus, j’ai reçu une lettre de Catulle Mendès, qui trouvait le banquetage pas convenable, ce jour-là… une lettre de Claretie qui se défendait d’y assister… Enfin Clemenceau, flanqué de Geffroy, est venu demander, avec force éloquence, la remise… Ma foi, j’ai tenu bon jusqu’à trois heures, … mais passé trois heures, j’ai eu peur de vous faire étriper, et j’ai fait annoncer, que sur votre demande, le banquet était remis. […] Et le voilà, faisant au romancier, qu’il sait que je suis, un douloureux tableau, ma foi, pas mal fait, de l’état moral de l’individu, qui a commis un acte indélicat, et qui ne peut se replacer qu’avec un certificat, que l’homme qu’il a volé, est dans l’impossibilité de lui donner, et n’ayant devant lui que le suicide, tirade qu’il termine, en disant qu’il n’a pas mangé, depuis le matin. […] Daudet est arrivé hier d’Angleterre, tout plein de vie et d’entrain, et, par ma foi, engraissé. […] Jeudi 13 juillet Ce soir, Mme Adam, confessant sa foi de charbonnier au surnaturel, conte les choses invraisemblables dont elle a été témoin, disant qu’à dix-huit ans, ayant été consulter une sorcière pour le chien perdu d’une amie, au moment de s’en aller, la sorcière l’avait presque retenue de force, et lui avait prédit sa vie, mais tout, tout, depuis le livre qu’elle allait écrire sur Proudhon, jusqu’à… Là, elle s’interrompt.

941. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Delmare, se montrèrent de prime abord comme d’attachantes nouveautés qui réalisaient nos propres réminiscences, et que plus d’un profil entrevu, plus d’une aventure ébauchée, les situations qu’on rêve, celles qu’on regrette ou qu’on déplore, se ranimèrent pour nous et se composèrent à nos yeux dans un émouvant tableau, autour d’une romanesque, mais non pas imaginaire créature, alors on s’est laissé aller à aimer le livre, à en dévorer les pages, à en pardonner les imperfections, même les étranges invraisemblances vers la fin, et à le conseiller aux autres sur la foi de son impérieuse émotion : « Avez-vous lu Indiana ?

942. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Il est arrivé de là qu’une œuvre si pleine de puissance et souvent de grâce, mais où ne circule aucun zéphyr mûrissant, a paru extraordinaire plutôt que belle, et a effrayé plutôt que charmé ceux qui admirent sur la foi de leur cœur. 

943. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Grâce à ce rôle nouveau qu’une semblable interprétation créait à Virgile, et que la vague tradition favorisa, on comprend mieux comment le divin et pieux poëte (le poëte pourtant de Corydon et de Didon) a pu être pris sous le patronage de deux religions si différentes et si contraires, comment le Christianisme du moyen-âge s’est accoutumé peu à peu à l’accepter pour magicien et pour devin, et comment Dante, le poëte théologien, n’hésitera point à se le choisir pour guide dans les sphères de la foi chrétienne.

944. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Mon âme est pareille à ces plages où l’on dit que saint Louis s’est embarqué : la mer et la foi se sont depuis longtemps, hélas !

945. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Mais il y avait surtout les indifférents curieux, les badauds de toute classe, s’attendant, sur la foi de je ne sais quelles sottes rumeurs, à des excentricités bien révoltantes et bien récréantes ; on aurait tiré un coup de canon en plein drame, que cela n’eût pas été trop au-dessus de leurs espérances.

946. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Francis Vielé-Griffin, son compagnon de route et qu’il faut compter également parmi eux, fut aussi de « ces jeunes hommes qui, guidés par leur seule foi dans l’Art, s’en furent chercher Verlaine au fond de la cour Saint-François, blottie sous le chemin de fer de Vincennes, pour l’escorter de leurs acclamations vers la gloire haute que donne l’élite ; qui montèrent, chaque semaine, la rue de Rome, porter l’hommage de leur respect et de leur dévouement à Stéphane Mallarmé, hautainement isolé dans son rêve ; qui entourèrent Léon Dierx d’une déférence sans défaillance et firent à Villiers de l’Isle-Adam, courbe par la vie, une couronne de leurs enthousiasmes ».

947. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

» Cependant, à cette objection rigide qui surgit devant tous les chercheurs en quête de leur foi, il faut répondre, car les mélodies intérieures ont de trop pures inflexions !

948. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Il n’y a pas que des démolisseurs parmi les poètes nouveaux et si la phalange sacrée compte des fumistes et des plaisantins, il y a aussi des apôtres et des missionnaires d’une foi haute.

949. (1890) L’avenir de la science « I »

Il envie tour à tour, car il sait comprendre tour à tour, l’âme simple qui vit de foi et d’amour, l’âme virile qui prend la vie comme un musculeux athlète, l’esprit pénétrant et critique qui savoure à loisir le charme de manier son instrument exact et sûr.

950. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Si Dieu prend soin de vêtir de la sorte une herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, que ne fera-t-il point pour vous, gens de peu de foi ?

951. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

La foi épure l’imagination, nous avons des poëtes.

952. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

S’il fut cause de la mort de tant de milliers de gens qui se croisèrent sur la foi de ses prophéties, on lui doit aussi la gloire d’avoir sauvé la vie à une multitude innombrable de juifs innocens, qu’un moine, nommé Raoul, vouloit faire exterminer.

953. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Il n’est pas de foi que les oracles soient l’ouvrage des démons.

954. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Ce n’est pas qu’il n’eût en même temps une sorte de vanité, surtout par rapport à ses ouvrages** qu’il croyoit bonnement sans prix, sur la foi de quelques admirateurs.

955. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Il est vrai qu’il avoit sur les yeux le bandeau de la foi ; mais il voyoit à travers son bandeau, comme l’a dit un homme d’esprit.

956. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Ce professeur passerait ensuite à l’éclaircissement des faits les plus importants de l’Église, s’occupant particulièrement de celle des premiers siècles, et faisant remarquer à ses auditeurs la perpétuité de la foi, la chaîne de la tradition et du ministère, la forme ancienne du gouvernement ecclésiastique, ses vicissitudes, sa forme actuelle, la naissance des hérésies, l’origine des abus, le relâchement de la discipline, etc.

957. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Cette différence se remarque surtout, je n’observe pas l’ordre des volumes, mais n’importe, dans les deux parties de la profession de foi du vicaire savoyard, il n’est guère que rhéteur quand il parle de l’existence de Dieu, de la vie à venir et de l’immortalité de l’âme ; quand il attaque ce qu’il appelle les mensonges que les hommes ont nommés religion, il est orateur et presque philosophe : ce morceau est peut-être celui de son livre qui a réuni le plus de suffrages.

958. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Le désespéré, c’était Donoso, le plus ardent, le plus religieux, le plus saint des deux, que Guizot, qui avait ses raisons pour ne pas vouloir de prophètes, appelait, par dérision, un Jérémie ; et l’espérant, c’était Raczynski, lequel persiste (dit-il dans sa Correspondance) à croire « que le jour viendra où la France tendra les mains vers Henri V », mais sans donner de cette foi une seule raison historique, et qui a espéré non pas jusqu’à la fin, mais sans fin, et qui a vu la fin de sa vie avant la fin de son opiniâtre espérance !

959. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

bien souvent tout le pauvre et éclatant succès de la tête qui est dessous, si ce sont des gaîtés sont des gaîtés sombres, qui sont d’autant plus sombres qu’elles touchent de plus près à la vérité… IV Il y a dans Shakespeare un railleur aimable, — pas si littéraire peut-être, — mais, ma foi !

960. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Il y témoigne au catholicisme la vénération historique, qui n’est pas encore, il est vrai, celle de la foi et de l’amour, mais qui peut y conduire.

961. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

à propos des faits du Catholicisme, incompréhensibles à qui n’est pas catholique de foi ou de doctrine !

962. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Tous deux, ils ont cru, sur la foi de ses faciles larmes, à la sensibilité de Camille Desmoulins, et cette comédienne et physique sensibilité leur a paru une excuse suffisante pour toutes les fautes qu’il a commises, pour toutes les lâchetés dont il s’est rendu coupable, pour tous ces crimes de parti qu’il accomplit envers le sien et qui furent presque des trahisons !

963. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Je viens de lire cette longue méditation cartésienne, faite les yeux fermés et les mains jointes avec les airs de recueillement d’un philosophe en oraison, dans l’in-pace de la conscience, dans le silence profond de la petite Trappe psychologique que tout philosophe porte en soi, pour y faire des retraites édifiantes de temps en temps et s’y nettoyer l’entendement, et, je l’avoue, je n’y ai rien trouvé qui m’éclairât d’un jour inconnu et fécond la personnalité divine que nous autres catholiques nous savons éclairer du jour surnaturel de la foi.

964. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Évidemment la notion d’une religion pareille n’est pas trop dure pour la foi, ce ressort rouillé et détraqué qui ne va plus.

965. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

La foi en ces choses que la Philosophie travaille à la main, — les Constitutions, — a incliné M. de Beauverger à une admiration compromettante, parfaitement indigne d’un esprit qui a souvent de la critique et de justes appréciations.

966. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Qu’on le sache et qu’on le nie, avec l’hypocrisie des partis qui ont leur chemin à faire et qui veulent tourner pacifiquement les résistances, ou qu’on l’avoue, au contraire, avec cette foi exaltée aux idées fausses qui a ses racines dans l’orgueil, de tels systèmes, si on les acceptait comme on les donne, ne seraient pas seulement avec le passé une rupture haineuse et profonde, ils mèneraient droit à l’effacement radical de tout ce qui a produit pendant dix-huit siècles la gloire, la force et les vertus de la société européenne.

967. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

À la place de ces caricatures historiques, il y a la figure du grand homme, doux et inspiré, qui apprit aux Arabes la miséricorde et l’aumône, et dont le cimeterre, qu’il a fini par tirer dans les intérêts de sa foi, n’a pas aveuglé de son éclat Barthélemy Saint-Hilaire, puisqu’il a écrit fermement cette parole vraie : c’est que le livre du Coran a fait plus que le sabre pour la domination du monde.

968. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Chrétienne d’origine, chrétienne d’institution, de hiérarchie, de foi et de mœurs, la monarchie a cessé peu à peu de l’être, et, à mesure qu’elle se diminuait comme chrétienne, elle se diminuait comme monarchie, jusqu’au moment où l’affreux bubon que se transmettaient les gouvernements, de siècle en siècle et de génération en génération, se soit enfin ouvert et ait laissé couler à flots la révolution sur les peuples.

969. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Mais, comme un enfant vigoureux qui s’ennuie de ces grêles amusettes et qui s’en retourne à la récréation en plein air, il a fini par jeter le jeu de cartes sous la table et il est retourné, sans foi ni loi, à la Sensation, qui a décidé de sa vie ; — car Henri Heine est le poète de la Sensation, du Doute et de l’Impression personnelle, comme, du reste, le plus grand du χιχe siècle, l’auteur du Childe Harold et du Don Juan.

970. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

” réplique don Juan, qui, au milieu même de douleurs surhumaines et déjà livré aux esprits infernaux, conserve la foi d’un néophyte souriant à l’aurore d’une vie nouvelle. […] Lord Byron, le plus grand poète des temps modernes, a voulu rendre en poésie ce caractère de Don Juan, que Mozart a rendu en musique ; mais quelle différence entre la verve moqueuse, ironique, impie ou cynique du poète anglais, et la foi dans l’art sincère, convaincue, communicative et religieuse du musicien de Salzbourg ! […] Tout était sérieux en lui, parce que tout était sublime ; sa piété, qui était l’héritage de son père et de sa mère, lui faisait élever sans cesse sa pensée vers ce ciel chrétien où il les voyait des yeux de sa foi.

971. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Aussi le dernier de ces littérateurs politiques, de Maistre, n’a-t-il pas reculé devant cette divinisation du glaive ; un cri d’horreur lui a en vain répondu du fond de toutes les consciences, il a ses disciples qui confessent sa foi, disciples qui maudissent à bon droit les philosophes démocratiques de l’échafaud et de la Convention, mais que la même logique conduirait fatalement aux mêmes crimes si leur nature ne s’interposait entre leurs théories et leurs actes. […] Chacun, suivant sa science, suivant son imagination, suivant sa foi et suivant son livre profane ou sacré, peut conjecturer ou croire. […] « Cette politique qui, dans les temps les plus reculés, était la foi, la règle et le gouvernement, se réduit à l’observation des trois devoirs fondamentaux exprimant les trois relations.

972. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Le parti du grand inconnu s’irrite de cette contradiction ; il s’acharne à l’admiration, il adopte jusqu’aux excentricités de son auteur favori, il prend à la lettre jusqu’à ses plaisanteries et à ses sarcasmes pour en faire des articles de foi, il divinise sa nouvelle école, il en fait un saint. […] VI Le hasard me les a fait connaître familièrement l’un et l’autre ; mais, avant de parler de l’un et de l’autre, on ne peut s’empêcher de remarquer que, par un phénomène littéraire qui doit avoir sa raison cachée dans les choses, c’est la même petite vallée de Savoie qui a donné au dix-huitième et au dix-neuvième siècle les deux plus magnifiques écrivains de paradoxes du monde moderne : Jean-Jacques Rousseau et le comte de Maistre ; l’un, le paradoxe de la nature et de la liberté poussé jusqu’à l’abrutissement de l’esprit et à la malédiction de la société et de la civilisation ; l’autre, le paradoxe de l’autorité et de la foi sur parole, poussé jusqu’à l’anéantissement de la liberté personnelle, jusqu’à la glorification du bourreau, et jusqu’à l’invocation du glaive du souverain et des foudres de Dieu contre la faculté de penser. […] s’écrièrent l’ancien régime, l’ancienne politique, l’ancienne aristocratie, l’ancienne foi.

973. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Platon attache la plus haute importance à ces opinions, qui font partie de sa foi religieuse, et il s’élève avec indignation contre l’impiété trop fréquente des naturalistes, qui croient trouver dans la matière réduite à ses propres forces une explication suffisante. […] Pouvons-nous douter, quand le chien de l’infirme, du blessé, du noyé, du misérable, meurt volontairement pour son maître, qu’un pressentiment ne lui donne la foi dans la récompense que la nature prépare à son dévouement ? […] Il emporta prudemment avec lui le reste de la ciguë de Socrate, et il la but par défiance des hommes, non par foi dans le Dieu unique et immortel du Phédon.

974. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

M. 3 (p. 86. 87) et M. 4 (p. 86. 87) et M. 5 (p. 86. 87) sont des motifs de prière et unissent naturellement le motif de la Grâce au motif de la Foi. […] Du motif D s’élève à gauche un troisième rameau de 8 motifs : M. 15 (p. 9. 66. 69. 255. 256. 260) et M. 16, (p. 8. 9. 24. 66. 67. 88. 89. 90. 190. 230. 231. 255. 256. 260. 261) qui est son inverse, symbolisent la foi qui anime les chevaliers et fait leur force et leur dignité. […]   Le côté gauche de notre tableau ne renferme, on le voit, que des motifs de prière, d’élévation, de foi, de grâce, de béatitude.

975. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

À l’absence complète de toute autre sensibilité que la sensibilité des sens et des instincts, correspond en lui la foi complète et avouée dans l’éternité du sommeil de la mort. […] Mais où est la vigueur morale quand toute foi dans sa propre nature manque à l’âme ? […] puisque tu n’avais pas la foi politique, qui pourrait t’accuser de n’avoir pas eu le zèle ?

976. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les ecclésiastiques qui nous les prodiguaient s’y abandonnaient les premiers eux-mêmes avec la sincérité et la ferveur de leur foi. […] quand j’ai franchi le seuil du temple sombre, Dont la seconde nuit m’ensevelit dans l’ombre ; Quand je vois s’élever entre la foule et moi Ces larges murs pétris de siècles et de foi ; Quand j’erre à pas muets dans ce profond asile, Solitude de pierre, immuable, immobile, Image du séjour par Dieu même habité, Où tout est profondeur, mystère, éternité ; Quand les rayons du soir, que l’Occident rappelle, Éteignent aux vitraux leur dernière étincelle, Qu’au fond du sanctuaire un feu flottant qui luit Scintille comme un œil ouvert sur cette nuit ; Que la voix du clocher en sons doux s’évapore ; Que, le front appuyé contre un pilier sonore, Je la sens, tout ému du retentissement, Vibrer comme une clef d’un céleste instrument, Et que du faîte au sol l’immense cathédrale, Avec ses murs, ses tours, sa cave sépulcrale, Tel qu’un être animé, semble, à la voix qui sort, Tressaillir et répondre en un commun transport ; Et quand, portant mes yeux des pavés à la voûte, Je sens que dans ce vide une oreille m’écoute, Qu’un invisible ami, dans la nef répandu, M’attire à lui, me parle un langage entendu, Se communique à moi dans un silence intime, Et dans son vaste sein m’enveloppe et m’abîme ; Alors, mes deux genoux pliés sur le carreau, Ramenant sur mes yeux un pan de mon manteau, Comme un homme surpris par l’orage de l’âme, Les yeux tout éblouis de mille éclairs de flamme, Je m’abrite muet dans le sein du Seigneur, Et l’écoute et l’entends, voix à voix, cœur à cœur. […] Le père Varlet avait l’austérité de foi et de physionomie de l’homme de son pays.

977. (1902) Le critique mort jeune

Mais on trouve qu’elle ne s’appliquerait pas mal non plus à la manière artificielle que prenait parfois Renan pour parler des mystères de la foi. […] S’il n’existe pas, de tous les actes de foi que j’aurai formulés au cours de nos exorcismes successifs, je ferai, moi, un système. […] Ce libre esprit a dans la « conscience » une foi de fakir. […] Sur cet ancien conseiller d’État de l’Empire, philosophe paradoxal et assez pessimiste, et qui « n’avait de foi qu’en politique », M.  […] Ma foi, puisqu’il est dans nos lois, on ne saurait la blâmer d’en vouloir le bénéfice.

978. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Alphonse Guérin a voulu que Corneille en parût triompher, à force de piété et de foi. […] Quand les gens d’alors se trouvaient un peu trop ballottés dans leurs affaires temporelles, régulièrement, ils diminuaient le câble, et se tenaient ferme à l’ancre, qui était la foi chrétienne. […] On a dit que ce cri de Musset était puéril ; que la foi qui reposerait sur des preuves tangibles, incontestables, ne serait plus la foi. […] C’est que Clara, tout en adorant son saint époux, n’a pas la foi. […] Or, c’est tout le contraire, et il comptait le dire dans sa profession de foi.

979. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Il reconquerra les hauteurs perdues de la foi, de la pensée, de l’amour. […] Albert Jhouney paraît être le seul occultiste joignant le sérieux scientifique à la foi. […] Et, ma foi, je les estime moins que les naturalistes ; ce ne sont ni des amis, ni des ennemis : ils ignorent jusqu’au sens de la poésie. […] J’ai fort hésité à vous communiquer ma profession de foi, l’heure me paraissant prématurée. […] Mais que l’on soit avant tout possédé de cette foi qui permettait à sainte Térèse de voir Dieu réellement dans l’hostie.

980. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Voici la profession de foi qu’il publia en l’an 12, dans un feuilleton sur Alzire. […] Voltaire confirme en prose ce qu’il vient de dire en vers : « Même aventure, dit-il, à peu près est arrivée à Zaïre : tous ceux qui vont aux spectacles m’ont assuré que si elle n’était que convertie, elle aurait peu intéressé ; mais elle est amoureuse de la meilleure foi du monde, et voilà ce qui a fait sa fortune. » Cela n’empêche pas qu’on ne nous dise, de la meilleure foi du monde, que le but moral de Zaïre est de guérir de l’amour. […] Quoiqu’il se soit déjà écoulé près d’un siècle et demi depuis la première représentation, la foule s’y porte toujours, et tous les spectateurs ont assez de foi pour croire que les trois tragédies n’en font qu’une. […] Au reste, je suis peut-être aujourd’hui le seul de mon opinion ; mais je suis persuadé que Voltaire, dans son Commentaire de Corneille, était de meilleure foi qu’on ne le croit communément. […] Corneille supprima donc ces vers dans l’édition de 1664 ; ils ne reparurent plus dans les éditions suivantes : aujourd’hui on voudrait les crier sur les toits ; ils sont la base de la religion à la mode : les doutes de Sévère sont devenus les articles fondamentaux de la foi philosophique.

981. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

La logique naturelle procède par des affirmations empreintes d’une foi naïve, que l’instinct seul produit et soutient. […] Avant la science et la réflexion sont l’innocence et la foi. […] On parle de la foi qui alors animait les artistes et vivifiait leurs œuvres ; cela est vrai du temps de Giotto et de Cimabuë ; mais, après Angelico da Fiesole, à la fin du xve  siècle, en Italie, j’aperçois surtout la foi de l’art en lui-même et le culte de la beauté. […] Ce monument était soutenu par quatre figures de grandeur naturelle, la Foi, la Prudence, la Justice et la Charité. […] La foi naïve est morte, mais une foi réfléchie ne la peut-elle remplacer ?

982. (1929) La société des grands esprits

Quelle latitude pour d’innombrables compromis entre les deux extrêmes de la foi du charbonnier et de la négation radicale ! […] Rodin, au contraire, a beau multiplier les déclarations sur la nécessité des certitudes de la foi pour engendrer celles de l’art. […] La foi religieuse est une chose, l’art en est une autre. […] On se demande, du reste, pourquoi Pascal se donne tant de peine, puisqu’il répète sans cesse que la grâce seule peut donner la foi. […] Il a foi, il veut avoir foi dans l’avenir, il se comporte en homme dont la confiance est entière.

983. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Et il ne leur semblait pas que les mystères de la foi pussent se tourner en un amusement littéraire. […] Et quelle grossièreté de sentiments chez ce héros de la foi ! […] Vous nous donnerez un peu d’argent, et, ma foi, qu’il reste ! […] C’est une œuvre d’une vie intense, et c’est une œuvre de pitié et de foi. Cette foi, le comte Tolstoï vous la communique.

984. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

» Les arguments d’une telle foi sont nets et bien déduits, de qualité stratégique ; mais une telle foi est surtout un phénomène d’inspiration : la pensée fervente a des pressentiments, des visions que sa ferveur lui suggère. […] » Ainsi l’éloquence, la poésie et la stratégie étaient d’accord pour affirmer une même foi, paradoxale et merveilleusement véridique, la même foi qui n’admet aucun doute et qui refuse comme une impiété l’incertitude à l’égard des destinées françaises. […] Le caractère éminemment civilisateur de la Germanie, c’est, pour notre auteur, un dogme, un acte de foi catégorique. […] Et il aperçoit donc une évidente analogie entre la sagesse des philosophes et la vérité de la foi. […] Il publia, sous la forme d’une adresse au lecteur de La Bien-aimée, sa « profession de foi ».

985. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Aussi ne voyons-nous pas trop d’inconvénient à ce qu’on en prenne son parti, les fièvres de la lutte en l’honneur d’une foi quelconque étant certainement bien préférables au croupissement dans le bourbier de l’indifférentisme et de l’inaction. […] Les hommes n’étant plus groupés ni similisés principiellement par les liens d’une même foi ou d’une même autorité quelconque, retombent nécessairement dans l’isolement de leur individualisme. […] Ils ont foi en eux-mêmes, et avec une telle force, on vit vieux, plein de santé, et à cinquante ans on a les cheveux noirs. […] Il sait dessiner, ses Lutteurs en font foi, et, quant à la couleur, sa gamme, ordinairement douce et tranquille, a beaucoup de solidité. […] Champfleury accomplissait sa découverte, un jeune peintre, d’un très grand talent ma foi !

986. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

En effet, la foi, chez Lamartine, n’est pas le résultat d’un effort volontaire, ce n’est pas le résultat d’un raisonnement ; la foi, chez lui, jaillit d’une façon spontanée ; cette foi, il l’a trouvée autour de lui au foyer paternel, elle a été dans l’atmosphère qu’il a toujours respirée ; le christianisme lui est apparu à travers toutes ces affections familiales, à travers toutes ces douces choses dont il aimait à se souvenir. […] Lorsque Lamartine la revit pendant l’hiver, dans le salon de son mari, il s’aperçut que, dans ce milieu scientifique, où se continuait la tradition de l’incrédulité du xviiie  siècle, Julie avait perdu la foi. […] Cela n’est pas possible ; et aussi, peu à peu, Julie revenait-elle à la foi de celui qui l’attirait. […] Et par conséquent, vous le voyez, Leconte de Lisle n’était pas désintéressé, et quand tout à l’heure il décrivait pour nous cette nature qui souffre sous le soleil torride, c’était pour arriver à cette conclusion, à savoir, que, comme le pensait déjà Alfred de Vigny, la nature est mauvaise, la nature est notre ennemie et qu’il faut se réfugier dans une espèce de foi au néant.

987. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Je l’aime bien mieux âme vierge, si longtemps contenue et tout d’un coup trop dévorée, quand elle se livre à des perspectives infinies d’espérance pour ces neveux qu’elle ne verra pas, quand elle proclame avec larmes et ravissement sa foi sans réserve en celte religion de l’avenir si respectable à ceux même qui n’en distinguent pas bien le fondement. […] Mme Roland a nommé une foi Mme de Staël dans une lettre qui s’est trouvée mêlée aux papiers de Brissot, mais qui ne s’adresse pas à lui, car la date (22 novembre 89) ne permettrait pas entre eux la familiarité de liaison qui s’y voit : « On nous fait ici (à Lyon), dit Mme Roland, des contes sur Mme de Staal (sic) qu’on dit être fort exacte à l’Assemblée, qu’on prétend y avoir des chevaliers auxquels de la tribune elle envoie des billets pour les encourager à soutenir les motions patriotiques ; on ajoute que l’ambassadeur d’Espagne lui en a fait de graves reproches à la table de son père.

988. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

» Encore faut-il remarquer que, le plus souvent, beaucoup d’entre eux se tenaient cois. « Mon père et moi, écrit plus tard l’avocat Barbier, nous ne nous sommes pas mêlés dans ces tapages, parmi ces esprits caustiques et turbulents. » — Et il ajoute cette profession de foi significative : « Je crois qu’il faut faire son emploi avec honneur, sans se mêler d’affaires d’État sur lesquelles on n’a ni pouvoir ni mission. […] D’après les aveux officiels, le déficit annuel était de soixante-dix millions en 1770, de quatre-vingts en 1783565 : quand on a tenté de le réduire, ç’a été par des banqueroutes, l’une de deux milliards à la fin de Louis XIV, l’autre presque égale au temps de Law, une autre du tiers et de moitié sur toutes les rentes au temps de Terray, sans compter les suppressions de détail, les réductions, les retards indéfinis de payement, et tous les procédés violents ou frauduleux qu’un débiteur puissant emploie impunément contre un créancier faible. « On compte cinquante-six violations de la foi publique depuis Henri IV jusqu’au ministère de M. de Loménie inclusivement566 » et l’on aperçoit à l’horizon une dernière banqueroute plus effroyable que toutes les autres.

989. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Je doute que Louis XVIII, à Hartwell, et Charles X, à Londres, eussent considéré comme des professions de foi à leur maison et à leurs malheurs l’éloge classique et cicéronien de la dynastie corse, et de l’impératrice, nièce de Marie-Antoinette, inauguré en pleine Académie par ce Bossuet de seconde dynastie. […] Ce fut un bel acte de conscience et de foi dans sa politique de modération.

990. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Un vieux jardinier qui le rencontre, un de ses amis, le cache avec Cosette dans sa hutte ; puis Valjean invente une histoire pour faire recevoir et élever Cosette par ces nonnes ; puis il se fait sortir du couvent dans une bière pour tromper la police, enfin enterrer sur la foi d’un ivrogne chargé de le réveiller. […] Ils se racontèrent, avec une foi candide dans leurs illusions, tout ce que l’amour, la jeunesse et ce reste d’enfance qu’ils avaient, leur mettaient dans la pensée.

991. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Le but était de m’offrir des articles purement politiques à rédiger ; mais le sens principal de cette Revue était de combattre les principes de l’Église gallicane comme attentatoires à la liberté du souverain pontife et à la spontanéité de la foi catholique en France. […] Juif errant de la foi et de la politique, il ne restera rien de lui qu’un nom illustré par des versatilités illustres et des essais démentis par des essais contraires.

992. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

On voit que la simplicité de l’églogue ne va pas sans parure, que la tragédie use des vers « pompeux » ; que l’épopée « orne » et « embellit » tout, qu’elle a le style « riche », « pompeux » et même « élégant » ; et qu’il ne faut point recevoir les sujets chrétiens parce que les vérités de la foi D’ornements égayés ne sont pas susceptibles. […] Et la littérature dispute à la foi attiédie, à la philosophie et à la science peu populaires la direction des consciences.

993. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Sa foi avait même déjà trouvé son expression dans une mélodie qui répondait aux désespérées plaintes de Tristan. […] Parsifai, lui, n’en resta pas moins l’Ananda du renoncement ; et le pèlerin qui, à Karéol, répandait aux plaintes de Tristan par l’inutile opposition d’une autre foi, acquit une signification vivante lorsqu’il eut entendu « le soupir de divine compassion », qu’il put guérir la plaie de Tristan-Amfortas, et lui dire : « Bénies soient tes souffrances, qui ont enseigné à l’irrésolu Fol la très haute puissance de la Compassion et la force de la plus pure Science. » Il est superflu, après cet historique, de déclarer que Parsifal n’est pas la glorification d’un dogme religieux.

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