« On a vu, dit-il, trois mois durant, certain nombre de ceux de sa faction sortir tous les matins de leur quartier, & prendre leur département de deux en deux, avec ordre de m’aller rendre de mauvais offices en toutes les contrées du petit monde & de semer par-tout leur doctrine médisante, avec intention de soulever contre moi le peuple, & le porter à faire de ma personne ce que leur supérieur a fait de mon livre… Ils ont été rechercher, pour grossir leur troupe, des hommes condamnés par la voix publique, fameux par leurs débauches & par le scandale de leur vie, connus de toute la France par les mauvais sentimens qu’ils ont de la foi. » Toutes les actions du P.
Le cœur de Jean ne put se méprendre aux traits de son divin ami, et la foi lui vint de la charité.
J’ai même entendu dire à des personnes dignes de foi, que parmi le bas peuple de Rome, il s’étoit trouvé des hommes assez ennemis de la réputation de nos peintres françois pour déchirer les estampes gravées d’après Le Sueur, Le Brun, Mignard, Coypel et quelques autres peintres de notre nation, que les chartreux de cette ville ont placées avec des estampes gravées d’après des peintres italiens dans la gallerie qui regne sur le cloître du monastere.
Plusieurs sçavans du nord, qui sur la foi d’une exposition avoient décidé que nos opera ne pouvoient être qu’un spectacle ridicule et propre seulement pour amuser des enfans, ont changé d’avis après en avoir vû quelques représentations.
Je répondrai en premier lieu, que plusieurs personnes dignes de foi m’ont assuré que Moliere guidé par la force de son génie et sans avoir jamais sçu apparemment tout ce qui vient d’être exposé concernant la musique des anciens, faisoit quelque chose d’approchant de ce que faisoient les anciens, et qu’il avoit imaginé des notes pour marquer les tons qu’il devoit prendre en déclamant les rolles qu’il recitoit toujours de la même maniere.
… Enfin toute religieuse et pure, et Imitation de Jésus-Christ et Introduction à la vie dévote qu’elle veuille être et se conserver, Mme Marie-Alexandre Dumas finit par ne plus y tenir ; et le tempérament Dumas prenant le mors aux dents, elle saute par-dessus toutes les réserves dans les terres de son père et de son frère, et la voilà qui nous raconte, — ma foi, tout aussi crûment qu’eux, — un horrible drame d’adultère et de meurtre que, pendant qu’elle est au couvent à Passy, son père et son frère, ces forts arrangeurs, pourraient planter à la scène et faire jouer.
Dès qu’on parle de l’expression enflammée d’une passion vraie, il est de bonne rhétorique de citer les Lettres portugaises, et les esprits les plus forts d’appréciation comme les plus faibles, les esprits qu’on bride le plus et les esprits qu’on bride le moins, ou qui sans bruit vont sur la foi d’autrui, reprennent alors la phrase d’admiration qui traîne partout et y ajoutent leur petite arabesque… Écoutez tous ceux qui ont dit leur mot sur les lettres de la Religieuse portugaise, depuis madame de Sévigné, la Célimène de la maternité… — et qui ne sait pas plus que l’autre Célimène ce que c’est qu’une passion trahie, ce que c’est que cette morsure de l’Amour, qui s’en va après l’avoir faite, — jusqu’à Stendhal, le Dupuytren du cœur, et qui n’aurait pas dû se tromper sur les tressaillements de ses fibres, et vous entendrez de tous côtés le même langage : une symphonie de pâmoisons.
Pour bien traduire comme pour bien aimer, il faut la préoccupation, l’enthousiasme, la foi dans la valeur de ce qu’on traduit et de ce qu’on aime, et M. de Lavigne a tout cela.
On voit qu’il ne s’agit ici que des peuples qui ne sont pas éclairés des lumières de la foi.
Ce discours, singulier dans sa forme, est en même temps un panégyrique, un sermon, un catéchisme, une profession de foi, un discours de métaphysique et d’éloquence, un mélange de la philosophie de Pythagore, de celle de Platon et de la doctrine de nos livres sacrés : Constantin y est représenté partout comme vainqueur de l’idolâtrie.
Que nous fait l’avenir, si nous vivons célèbres ; Si le siècle applaudit nos œuvres des ténèbres ; Si nos contemporains, sur la foi des journaux, Nous prennent bêtement pour des soleils nouveaux ; Si, courbés sous le poids des honneurs littéraires, Nous voyons, l’or en main, accourir les libraires ; Si, grâce à nos patrons, la cassette du roi Nous paie en bons louis nos vers de faux aloi ?
Il y a aussi des vers élégiaques qui sont, ma foi, charmants. […] Non, ce n’est pas dans ses moyens, et, ma foi, tant mieux pour cette charmante femme, qui s’est montrée, du reste, comédienne intelligente et adroite. […] — Ma foi, répondit Casimir Bonjour, je ne puis m’empêcher de vous dire que je préfère mes vers à votre place. » Et il fut destitué. […] Avant tout le respect pour la foi conjugale. […] — Ma foi, Je n’ose m’en aller. — Ni moi non plus. — Ni moi !
Mais l’auteur de La Femme de trente ans a eu un plus grand nombre d’adeptes, parce qu’il avait la foi, foi naïve, dont les délicats sont tentés de sourire, mais c’était la foi, c’est-à-dire la force. […] Émile Zola a foi dans un avenir nouveau. […] Il croit, il est sincère, il a la foi robuste, la foi qui agit. […] Zola un homme de foi. […] Cette foi est la moitié de la force.
On peut mettre quelque malice à rapprocher de cette piété pour l’antique son apologie de la foi nouvelle. […] Mais qui ne serait ému par l’angoisse de ce cœur resté intensément religieux et chrétien, après avoir perdu la foi ? […] En tête de son nouveau volume, les Géorgiques chrétiennes, il a inscrit une profession de foi — de foi du charbonnier — solennellement catégorique et explicite, mais dont les dernières lignes me sont demeurées mystérieuses. […] Folantin « regrettait la foi qu’il avait perdue. […] « De la foi d’un chrétien… » On connaît le verdict de Boileau.
En vérité, ceci est notre acte de foi : Tout procède du Père. […] Il y avait en nous une foi capable de résister à toutes les privations comme elle devait résister plus tard à tous les dédains. […] Delaunay, et ma foi, si j’avais eu en ma possession les pommes des Hespérides, je les aurais fait cuire pour me les jeter à moi-même ! […] Quiconque détruit une croyance ne se borne pas à détruire cette croyance, il porte atteinte à la foi elle-même. […] Et si vous n’ajoutez point foi à leur rêverie, vous subirez l’influence pourtant de tout ce que leur rêverie contiendra de bon, de noble, de pur.
Elle est empirique, car ses productions ne relèvent d’aucun principe supérieur et tenu pour certain, d’aucune donnée générale, d’aucun système, d’aucune foi sociale. […] Elle n’avait jamais perdu la confiance, même dans ses pires moments de doute ; aussi avait-elle retrouvé la foi sans effort. […] Ces intolérances n’étonnent personne, et l’on voudrait que la foi catholique de Sibylle n’eût pas autant de droit qu’une opinion sur la forme de gouvernement ou la tragédie classique ! Ce serait un singulier temps que le nôtre en vérité, s’il refusait aux sentiments les plus forts, l’amour et la foi, les privilèges qu’il accorde à des sentiments d’ordre inférieur. […] Où est l’unité, où est la cohésion, où est la foi commune, où est la forme nouvelle reçue par la substance séculaire française, et cette vieille substance elle-même où toujours la saisir ?
Elle en frémit, mais fait taire, par devoir conjugal, les révoltes de sa foi païenne. — Félix, qui tient à son poste, qui redoute l’Empereur et Sévère, fait mettre immédiatement Néarque à mort. […] Pauline est généreuse et héroïque du fond de l’âme ; mais elle est femme, c’est-à-dire un être chez lequel l’héroïsme est sentiment, non idée, et qui, quand il se sacrifie, se sacrifie à une personne, non à une foi, ou du moins à cette foi à cause de cette personne. […] Il faut que le grand prêtre la rappelle à la foi : « Et pour qui comptez-vous Dieu qui combat pour nous ? […] Sa foi en lui-même se confond avec sa foi en son Dieu : « Et pour qui comptez-vous Dieu qui combat pour nous ? […] Car Joad est un homme de foi et un homme de gouvernement, dont les circonstances ont fait un conspirateur.
Même, il en connaissait jusqu’à des épisodes et jusqu’aux digressions, qu’il comparait, chemin faisant, à tout ce que lui rappelait d’analogue ou d’approchant sa mémoire littéraire, à la Profession de foi du vicaire savoyard, à Atala, à René. […] Parce qu’elle était en quelque sorte involontairement échappée de sa plume, parce qu’il savait bien qu’il nous demandait une « créance aveugle », et que la foi, pour lui comme pour les grands chrétiens, se définissait par ses « ténèbres » mêmes et son « obscurité ». […] Moland, en 1863, doutait encore, mais depuis, ce texte a fait foi, et nous ne voyons pas trop pour notre part quelles objections pourraient vraiment en diminuer l’autorité. […] Il s’était trompé, soit, et trompé sans excuse, et trompé criminellement ; mais la foi religieuse de Calas n’était pas en question. […] D’ailleurs elle a gardé du xviiie siècle la foi dans la raison humaine et la confiance dans le progrès.
On te dira martyr et saint, mais, tu le sais Que tu meurs seulement pour ne pas renier La foi du père de ton père le jardinier, Que pour ne pas fléchir il te suffit d’être homme… Dans Swanhilde cette soif d’être, cet impérialisme transcendant ne veut être dominé par rien, même pas par l’amour et s’exprime en mots sauvages. […] Mais les froids ciseaux de l’analyse se refuseront toujours à disséquer une méditation vivante, une foi active où plongent les racines d’un être en qui l’humanité se ramifie. […] Puis, il marche, conscient de tout ce qu’il traîne avec soi, ayant foi dans la vie qui se prouve elle-même. […] On a accusé ces derniers d’obscurité, alors que leurs efforts ont tendu, de toute leur foi lyrique, à la renaissance d’une poésie rustique, ingénue et de primesaut. […] Pas de lyrisme sans cette préparation intérieure, cette sorte de foi 73 que les anciens nommaient délire, furor poeticus , que Boileau appelait « beau désordre » et que les romantiques célébrèrent sous les noms de Mazeppa ou de Ganymède.
Les sages réclament la foi des traités, et les mariniers du Piréee le commerce : il les traite de lâches et de cupides, et prodiguera ce qui lui reste pour multiplier les aigrettes sur les casques de ses guerriers, et pour argenter les courroies de leurs chars. […] « — On ne poussa jamais plus loin la foi promise. […] Sganarelle s’indigne des complaisances de son frère, et lui prédit les accidents qui s’ensuivront, ce qui n’empêche pas Ariste de lui répliquer, « Je veux m’abandonner à la foi de ma femme, « Et prétends toujours vivre ainsi que j’ai vécu. […] La saille comédie s’efforce à les guérir de cette manie désolante : elle répète sur tous les tons, à chaque mari, ces mots excellents du Mercure de notre auteur, « Ma foi, veux-tu que je te dise, « Un mal d’opinion ne touche que les sots : « Et je prendrais pour ma devise, « Moins d’honneur et plus de repos. […] L’Aulularia et la Miles gloriosus de l’un, et les Adelphes de l’autre, en font également foi, puisque des Adelphes sortirent les deux frères de l’École des maris, que l’Aululaire contient le type original du rôle d’Harpagon, et que le Soldat fanfaron pût servir de premier modèle aux nombreux matamores dont les auteurs espagnols multiplièrent tant de fois les copies dans leurs intrigues théâtrales.
Ne lui demandez pas une ligne de politique suivie : sa solution, à lui, est celle de l’instinct, celle de son impulsion de cœur et de son intérêt particulier de soldat : « Je vois toujours l’avenir sombre ; avec la guerre, j’aurais eu quelque espoir ; j’aurais bravé tout, fait face à tout : j’ai foi en moi ; mais la paix nous étrangle. […] Pensée triste qui ne change rien à mes résolutions, à ma fermeté, à mon entrain, à ma confiance même, parce que j’ai foi dans le Dieu de la France et dans ses soldats, mais qui vous prouve que je ne me fais pas d’illusions et que j’envisage tout d’un œil calme. […] Son impuissance me rejette parfois dans le doute, et je souffre tant que ma foi s’ébranle. » À bord, et dès le premier jour de la traversée (6 septembre), il est assailli d’un accès de fièvre pernicieuse qu’il surmonte.
Il n’y garde aucune mesure avec les erreurs officielles ; il est déjà hors de la vie publique, il est âgé, il voit s’approcher pour lui la liberté de la mort à côté de la servitude de son pays ; il veut laisser sa profession de foi à la terre avant de la quitter ; il se retire seul dans sa petite maison de Pouzzoles, entre les bois et les flots de Naples, et il écrit ce livre de la Divination. […] Saint Augustin, qui a commenté le livre de la République de Cicéron, n’est pas plus spiritualiste ; le ciel théologique de Fénelon ne s’ouvre pas plus avant aux pas des bienfaiteurs des peuples ; la foi des deux grands évêques n’est pas plus ferme ni plus tendre dans l’immortalité de l’âme. […] Les esprits despotiques et soldatesques lui reprochent son amour pour la liberté ; les esprits fanatiques lui reprochent sa mesure avec les événements et sa résignation désintéressée, et douloureuse cependant, avec César ; les esprits courts lui reprochent son étendue ; les esprits spéciaux lui reprochent son universalité ; les esprits stériles lui reprochent son abondance ; les esprits incultes lui reprochent sa perfection continue ; les impies lui reprochent sa piété ; les sceptiques, sa foi ; les excessifs, sa modération ; les pervers, sa vertu.
C’est ce qu’on appelle la profession de foi du vicaire savoyard. […] Nul ne confessait Dieu avec plus de foi et plus d’éloquence. […] voilà un enfant né dans la boutique d’un artisan, le point de vue le plus étroit pour voir le monde tout entier ; car le défaut de l’artisan est précisément de ne rien voir d’ensemble, mais de tout rapporter à son seul outil, et à sa seule fonction dans la société : gagner sa vie, travailler de sa main, recevoir son salaire, se plaindre de sa condition, si rude en effet, et envier si naturellement les heureux oisifs ; Voilà un enfant qui, dégoûté de l’honnête labeur paternel avant de l’avoir même essayé, se prend à rêver au lieu de limer, s’évade de l’atelier et de la boutique de son père, va de porte en porte courir les aventures, préférant le pain du vagabond au pain de la famille et du travail ; vend son âme et sa foi avec une hypocrite légèreté au premier convertisseur qui veut l’acheter pour trois louis d’or, qu’on lui glisse dans la main, en le jetant, avec sa nouvelle religion, à la porte ; Voilà un adolescent qui se prostitue volontairement de domesticité en domesticité dans des maisons étrangères, se faisant chasser de tous ces foyers honnêtes pour des sensualités ignobles, ou pour des larcins qu’il a la lâcheté de rejeter sur une pauvre jeune fille innocente et déshonorée !
Tantôt un protestant y a signé sa foi, tantôt un ligueur y a maudit Henri IV. […] ma foi, non. […] Pour elle, la fortune n’était ni un pouvoir ni une consolation ; elle ne pouvait exister que par l’amour, par la religion, par la foi dans l’avenir.
On ne pouvait rien ajouter, rien retrancher aux articles de foi dont étaient bourrés ces énormes volumes. […] Les congrégations religieuses regardent l’éducation comme un moyen ; leur but est naturellement la propagande de la foi et quelquefois la conquête d’une influence politique. […] Celuy donc qui. voudra complaire Tant seulement au populaire, Celuy choisira les erreurs Des plus ignorants bateleurs… Et Jehan de la Taille, en tête des Corrivaux, fait cette profession de foi : « Vous y verrez non point une farce ni une moralité ; nous ne nous amusons point en chose ni si basse ni si sotte, et qui ne montre qu’une pure ignorance de nos vieux Françoys… Aussi avons-nous grand désir de bannir de ce royaulme telles badineries et sottises… » C’était dur pour les pauvres auteurs du moyen Age.
Il ne surgit plus quelque grand toqué de gloire ou de foi, qui brouille un peu la terre et tracasse son temps à coups d’imprévu. […] Au cimetière, parmi les cénotaphes chargés d’armoiries, une tombe d’Américaine portant ce beau cri de guerre de la foi : Resurgam. […] On y déjeunait, on y dînait, et ma foi, on trouvait tant de charme à la singulière villégiature, qu’on passait la nuit à causer : les deux hommes assis sur des chaises, les deux femmes couchées sur le lit.
Jamais il n’avait été plus heureux que dans ce temps, tout misérable qu’il était… D’abord, reprend-il, il n’avait pas un moment douté de son succès futur, non qu’il eût une idée bien définie de ce qui lui arriverait, mais il était convaincu qu’il réussirait, ajoutant que c’était assez difficile à exprimer ce sentiment de confiance, que par pudeur vis-à-vis de nous, il définit ainsi « que s’il n’avait pas foi dans son œuvre, il avait confiance dans son effort ». […] Je me retourne vers mes hommes qui étaient un peu en arrière, et leur dis : « Foutez-moi des coups de fusil dans ce paquet de gens… » Ma foi, ils les ont manqués ! […] Au bout de quelque temps, entrée de Samary de l’Odéon, qui apprend à Céard et à moi, cette nouvelle invraisemblable, que la pièce est achetée 1 800 francs, par la nièce du chargé d’affaires d’Amérique, qui arrive bientôt, — ma foi une fort charmante personne — nous baragouinant qu’après avoir fait gagner beaucoup d’argent aux pauvres, en jouant pour eux, elle veut en gagner beaucoup pour elle, en jouant Renée Mauperin.
Ne dédaignez pas cette philosophie, malgré sa forme quelque peu barbare ; car la foi des docteurs et celle des disciples la vivifiait. Ainsi, d’un côté foi vraie dans le peuple, et liberté par conséquent, puisque le peuple croyait d’une croyance aussi libre que l’amour qui en était le principe ; d’autre part, ferme autorité dans le gouvernement, parce que cette autorité se fondait sur le libre assentiment des peuples et sur de nobles croyances. […] De même, quand Luther eut détruit l’influence de Rome dans une grande partie de l’Allemagne, les esprits une fois sortis de la vieille autorité, n’en surent plus reconnaître aucune ; le luthéranisme eut aussi ses schismes, le calvinisme ses bûchers, et ce qui restait de foi ne sut plus à quelle forme se prendre et s’arrêter.
Pour ressentir ce que nous ne pouvons qu’indiquer, il faut donc ouvrir le livre de l’auteur, il faut se mettre en rapport direct et intime avec sa propre pensée ; il faut ici, par exemple, le suivre lui-même dans cette expédition faite sur la foi d’un homme peut-être en démence, qui porte, comme un talisman, ce scarabée d’or, de la morsure duquel il semble mourir ! […] Tout cela est agité, orageux, terrible, presque fou, et peut faire passer un frisson sur la peau et sur l’âme, mais n’y entre pas si l’on a une croyance solide, une foi religieuse, une certitude. […] Elle vient d’une grande chose : de la foi qui lui montre l’enfer à l’œil nud et de l’indignité sentie, qui lui dit qu’il y peut tomber, tandis que la peur d’Edgar Poe est la peur de l’enfant ou du lâche d’esprit, fasciné par ce que la mort, qui garde le secret de l’autre monde, quand la religion ne nous le dit pas, a d’inconnu, de ténébreux, de froid.
Je voudrais y passer ma vie avec vous. » Le présent existait pour lui à Rome plus qu’il ne le croyait de loin et sur la foi des souvenirs ; mais il savait y mêler ce qui console. […] Je compte sur vous comme sur eux, et vous attends avec les fleurs et les zéphirs, avec autant de foi que j’en ai au soleil.
Il résulte, à n’en pas douter, de ce témoignage, que ce redoutable Cid n’avait guère dans le procédé une bonne foi plus scrupuleuse que ne l’était l’antique foi punique. […] Dozy comment il a pu se faire que le Cid, tel que vient de nous le montrer l’histoire, lui, l’exilé, qui vivait a augure, comme on disait, à l’aventure, au jour le jour, consultant le vol des corbeaux et des oiseaux de proie, oiseau de proie lui-même, « qui passa les plus célèbres années de sa vie au service des rois arabes de Saragosse ; lui qui ravagea de la manière la plus cruelle une province de sa patrie, qui viola et détruisit mainte église ; lui, l’aventurier, dont les soldats appartenaient en grande partie à la lie de la société musulmane, et qui combattait en vrai soudard, tantôt pour le Christ, tantôt pour Mahomet, uniquement occupé de la solde à gagner et du pillage à faire ; lui, cet homme sans foi ni loi, qui procura à Sanche de Castille la possession du royaume de Léon par une trahison infâme, qui trompait Alphonse, les rois arabes, tout le monde, qui manquait aux capitulations et aux serments les plus solennels ; lui qui brûlait ses prisonniers à petit feu ou les donnait à déchirer à ses dogues… », — comment il s’est fait qu’un tel démon ait pu devenir le thème chéri de l’imagination populaire, la fleur d’honneur, d’amour et de courtoisie, qu’elle s’est plu à cultiver depuis le xiie siècle jusqu’à nos jours : — « un cœur de lion joint à un cœur d’agneau », comme elle l’a baptisé et défini avec autant d’orgueil que de tendresse ?
À propos de l’Inès de ce dernier, qu’il va voir comme tout Paris et dont il est assez touché à la représentation, sans y pleurer toutefois (ce dont il a bien soin de nous avertir), il se plaît à en attribuer tout le succès aux acteurs, à la Duclos, à Dufresne, à Mlle Le Couvreur, à Baron reparaissant avec éclat après des années de retraite, et il dit hardiment de l’auteur, à qui il ne peut tout refuser : « Son style déshonore son esprit, et je suis fâché de voir le même homme penser quelquefois si bien et écrire presque toujours si mal. » Marais pousse si loin la haine du néologisme, du purisme, de la préciosité remise en honneur dans le salon de Mme de Lambert, que cela le mène à l’intolérance et à une sorte de fanatisme : le goût, comme la foi, comporte de ces excès et de ces violences, qui iraient même volontiers au-delà du simple propos. […] Ce talent admirable d’orateur moraliste et tendre, cette âme charmante, virgilienne et racinienne, ce panégyriste de la Madeleine repentie, après une première saison d’austérité et de ferveur, s’était apaisé comme il est naturel, s’était même attiédi du côté de la foi et était arrivé, sur la fin, à plus de sagesse humaine peut-être que divine.
Ici il n’y a pas de quoi s’offenser : c’est l’auteur même qui parle, qui se démontre, et la dissection ne porte que sur les procédés de l’intelligence ; ce que l’auteur ajoute sur sa disposition morale est digne de ce qui précède, et résume nettement sa profession de foi politique : « J’ai l’orgueil de croire que je suis plus propre que personne à apporter dans un pareil sujet une grande liberté d’esprit, et à y parler sans passion et sans réticence des hommes et des choses : car, quant aux hommes, quoiqu’ils aient vécu de notre temps, je suis sûr de n’avoir à leur égard ni amour ni haine ; et quant aux formes des choses qu’on nomme des constitutions, des lois, des dynasties, des classes, elles n’ont point, pour ainsi dire, je ne dirai pas de valeur, mais d’existence à mes yeux, indépendamment des effets qu’elles produisent. […] Et puis, il y avait de lui à moi, de tout temps et bien avant les événements de dernière date, un certain nœud de séparation : il était de nature croyante, c’est-à-dire que, même dans l’ordre des idées, il portait une certaine religion, une certaine foi.
Rien n’humilie, avec la foi dans ce juge équitable et tendre. […] Je ne doute pas un moment, dans ma croyance profonde, que ce bon père ne soit le témoin le plus intime de tes actions et qu’il n’ait réveillé en toi le germe de la foi religieuse à laquelle il a sacrifié l’immense héritage de nos oncles protestants. — Je l’ai toujours béni de ce courage, comme de la misère qu’il nous a léguée pour avoir donné tout son bien aux pauvres.
Chacun apporte ainsi dans sa jeunesse sa dose de foi, d’amour, de passion, d’enthousiasme ; chez quelques-uns, cette dose se renouvelle sans cesse ; je ne parle que de la portion de foi, d’amour, d’enthousiasme, qui ne réside pas essentiellement dans l’âme, dans la pensée, et qui a son auxiliaire dans l’humeur et dans le sang ; chez quelques-uns donc cette dose de chaleur de sang résiste au premier échec, au premier coup de tête, et se perpétue jusqu’à un âge plus ou moins avancé.
Car le pacte social ne tolère pas une religion intolérante ; une secte est l’ennemi public quand elle damne les autres sectes ; « quiconque ose dire hors de l’Église point de salut doit être chassé de l’État » Si enfin je suis libre-penseur, positiviste ou sceptique, ma situation n’est guère meilleure. « Il y a une religion civile », un catéchisme, « une profession de foi dont il appartient au souverain de fixer les articles, non pas précisément comme dogmes de religion, mais comme sentiments de sociabilité, sans lesquels il est impossible d’être bon citoyen ou sujet fidèle ». […] Sans pouvoir obliger personne à les croire, il faut bannir de l’État quiconque ne les croit pas ; il faut le bannir non comme impie, mais comme insociable, comme incapable d’aimer sincèrement les lois, la justice, et d’immoler au besoin sa vie à son devoir » Prenez garde que cette profession de foi n’est point une cérémonie vaine : une inquisition nouvelle en va surveiller la sincérité. « Si quelqu’un, après avoir reconnu publiquement ces mêmes dogmes, se conduit comme ne les croyant pas, qu’il soit puni de mort ; il a commis le plus grand des crimes : il a menti devant les lois. » — Je le disais bien, nous sommes au couvent.
On ne peut pas dire qu’il mourut en chrétien ; Platon était son Christ et la philosophie grecque était sa foi ; il confondait dans cette foi la divinité de l’Évangile avec ces révélations de la sagesse humaine, émanées des inspirés de Dieu, dont il avait propagé le culte en Italie ; fidèle aux formes du catholicisme, plus fidèle à l’esprit dont il les animait.
Et ne vaudrait-il pas mieux laisser les sauvages à leur idolâtrie, que de leur porter nos vices, nos maladies, les tortures et la mort, avec la vraie foi ? […] Montaigne a foi dans l’éducation, pour développer, fortifier, mais aussi pour redresser la nature.
Voltaire parfois se révolte : « Ma foi, dit-il, laissez là Newton, ce sont des rêveries, vivent les vers ! […] Mais l’irréligion de Voltaire n’est pas fondée exclusivement — ni même primitivement — comme chez Fontenelle sur la foi dans la raison et sur le principe de la science.
Mais nous manquons d’une foi littéraire, comme on en possédait une sous le romantisme. […] Souchon ajoute que les critiques n’ont jamais été plus nombreux, mais qu’ils manquent de « foi littéraire ».
Les mœurs de nos pères n’étaient que des usages barbares ou ridicules, leur simplicité que rusticité, leurs croyances que la foi d’ignorants à des fraudes pieuses. […] N’en fais rien, je t’en supplie par la foi en Jésus-Christ, et ne souffre pas qu’on le fasse… Sans doute il faut ôter aux criminels la faculté de commettre de nouveaux crimes ; mais c’est assez que, laissés en vie, avec tous leurs membres, la loi les fasse passer de l’agitation insensée dans un repos inoffensif, ou qu’ils soient arrachés aux mauvaises œuvres pour être employés à quelque œuvre utile.
Ce n’est pas la foi qui le pousse à étouffer ses désirs et à se mutiler, c’est, au contraire, l’écœurement du plaisir et le besoin de se « purifier dans l’air supérieur » qui le fera tout à l’heure retrouver les vestiges de la foi perdue et s’y cramponner avec l’énergie du désespoir : Je suis le plus méchant des mauvais serviteurs Ô Jésus, qui prêchais la sagesse aux docteurs !
Ainsi Pauline, qui aime encore Sévère et qui est encore aimée de lui, pousse jusqu’au renoncement le plus vertueux le respect de la foi conjugale. […] Si nous sortons du théâtre pour entrer chez les précieuses, la souveraineté de la femme est article de foi à l’hôtel de Rambouillet comme chez Mlle de Scudéry.
Et ainsi de tout, et aller pendant trois cents pages, trépignant, bouleversant les opinions consacrées, les admirations séculaires, les programmes des professeurs d’esthétique de l’Institut, toute cette vieille foi artistique, plus entêtée, plus dépourvue de criterium que la foi religieuse.
Et pendant quelques semaines, confiant et crédule, nous eûmes foi pour l’avenir à l’inviolabilité de la vie comme à l’inviolabilité de la liberté. […] Autrefois du moins, quelque foi circulait dans le peuple ; au moment suprême, le souffle religieux qui était dans l’air pouvait amollir le plus endurci ; un patient était en même temps un pénitent ; la religion lui ouvrait un monde au moment où la société lui en fermait un autre ; toute âme avait conscience de Dieu ; l’échafaud n’était qu’une frontière du ciel.
Maintenant, ceci bien posé, en principe : c’est un épicurien qui admet la notion de la Providence, notion que les épicuriens n’admettaient pas, il y a là une réserve très considérable, très originale aussi, et qui montre la liberté d’esprit de La Fontaine qui n’est jamais celui qui jure sur la foi d’un maître maintenant il a fait, relativement à la philosophie déjà classique de son temps, déjà en possession de l’admiration et de l’adhésion du public, il a fait une sécession aussi incontestable, qui est celle de la croyance à l’âme des bêtes, j’y reviens, mais à un autre point de vue que tout à l’heure. […] Dit-il ; adressez-vous, je vous prie, à quelque autre : Ma foi !
Au temps où parurent les Misérables, Louis Veuillot, après avoir fait les réserves les plus légitimes, les plus nécessaires, reconnaissait, dans le roman de Hugo, ce qu’il appelle « un souffle de justice, un souffle de foi chrétienne, et catholique par conséquent, souffle court et mêlé, mais brûlant, parfois sublime ». […] Cependant une interview récente en fait foi.
Et M. d’Argenson, qui est sans gêne dans son tête-à-tête et dont tous les jugements d’ailleurs ne sont pas articles de foi, note dans ce volume de l’abbé de Pons qu’il vient de lire « un petit traité De l’origine des âmes qui est, dit-il, une miniature de métaphysique. » L’abbé Trublet, autorité peu considérable en matière le goût, mais témoin exact des faits, nous dit de son côté : Je n’ai connu personne qui écrivît plus facilement que l’abbé de Pons, quoique d’un style très singulier et en apparence très recherché.
Voici la profession de foi politique du siècle, suivant M. de Carné, et nous la ratifierions en tout point, sous la réserve de l’expliquer et de la préciser : 1° Tout pouvoir tire sa légitimité de sa conformité à la loi morale et à l’utilité du plus grand nombre : son droit est subordonné à cette utilité reconnue par les corps politiques auxquels le pays a confié mission de la constater ; 2° aucune classification permanente de la société n’est désormais possible, et une aristocratie mobile et personnelle tend à remplacer l’aristocratie héréditaire légale ; 3° les idées tendent, selon les progrès graduels des mœurs, à faire prévaloir le principe électif pour les fonctions publiques ; 4° la publicité est désormais la condition essentielle du pouvoir, en même temps qu’elle deviendra son principal appui.
Nous ne le mentionnons ici, que parce que, sur la foi des louanges qu’il a obtenues et qu’il mérite en partie, on pourrait croire qu’il ressemble au livre de M.
Dites que l’art de nos jours est sans but, sans foi en lui-même, sans suite et sans longue haleine en ses entreprises ; et l’on vous objectera, parmi nos poëtes, le plus célèbre et le plus opiniâtre exemple, toute une vie donnée à la restauration de l’art.
Perier sur la foi de sa physionomie douloureuse, il a parfaitement compris et rendu cet autre ministre de camarilla qu’il définit « un jeune homme bien bâti, un bel écolier vu au travers d’un verre grossissant. » Il a dit de M.
Heures lointaines, à présent comme un mirage quand s’élucide une accalmie, heures défuntes de l’unanime vœu de joie, du fervent vœu de foi !
Et maintenant, dans En route, mieux encore : c’est la foi, la grâce, l’élan chrétien, le baptême et la communion que ce consciencieux artiste a attaqués.
La foi se perd.
Toutefois, dans le cours de ces soixante-quinze ans si pleins d’ardeur, d’élan, de foi en l’avenir, animés d’un si vif désir de changer les bases de la société existante, il y a un instant où les esprits conçoivent des pensées nouvelles et les cœurs des sentiments nouveaux.
Cette seule considération suffiroit pour forcer la raison à convenir qu’elle doit plier sous une autorité, & que le joug qui lui est imposé par la Foi est moins destiné à la gêner & à l’humilier, qu’à captiver son inquiétude & à prévenir ses écarts.
Aux deux côtés du bas-relief la foi et l’humilité. grand morceau dont on a exposé le modèle sur la moitié de sa grandeur.
Ces athées placent leur foi dans leur manque de principes ; ils ne sont jamais sûrs des autres, mais ils sont toujours sûrs d’eux-mêmes.