Ses habitudes étaient simples, et il semblait aussi heureux que jamais, même au bord de sa ruine. » Un de nos amis, de modeste et douce mémoire, feu d’Ortigues, a dit un beau mot sur Ballanche : « C’était un innocent, mais parfois un innocent sublime. » — Et un mot de M. de Barante : « Il vivait dans un nuage, mais le nuage s’entr’ouvrait quelquefois. » 1.
Par exemple, on distingue à peine la piqûre d’une fine aiguille et l’attouchement d’une étincelle de feu. » — Autre analogie : on sait que, portées à un certain degré, les sensations de chaleur et de froid, comme celles de pression, se changent en douleur pure. — « Enfin posez sur la peau un corps mauvais conducteur, par exemple un papier percé d’un trou de deux à cinq millimètres de diamètre ; à travers ce trou touchez la peau, tantôt avec un excitant mécanique, comme une pointe de bois, un pinceau ou un flocon de laine, tantôt avec un excitant calorifique, comme le rayonnement d’un morceau de métal échauffé » ; les deux sensations, ainsi limitées à ce minimum d’éléments nerveux, sont si semblables que très souvent le patient juge que celle du contact est une sensation de chaleur et que celle de chaleur est une sensation de contact. — Au contraire, lorsque les éléments nerveux sont en grand nombre, c’est-à-dire lorsqu’un large morceau de peau subit les mêmes épreuves, la même confusion n’a pas lieu. — Évidemment, ici comme ailleurs, la sensation ordinaire est un total ; et, ici comme ailleurs, deux sensations totales peuvent être en apparence irréductibles l’une à l’autre, quoique leurs éléments soient les mêmes ; il suffit pour cela que les petites sensations composantes diffèrent par le nombre, la grandeur, l’ordre ou la durée ; leurs totaux forment alors des blocs indivisibles pour la conscience, et semblent des données simples, différentes d’essence et opposées de qualité.
Il alla se reposer dans un endroit d’où une caravane venait de partir, et où elle avait laissé du feu, dont quelques étincelles, poussées par le vent, enflammaient un buisson dans lequel il y avait une couleuvre.
Les Guèbres ne rendaient un culte au feu que comme à l’élément lumineux et générateur qui voilait et manifestait Dieu.
Si, dans un récit tout historique, des rapprochements étaient permis, on dirait ici avec raison que cette élection fut semblable à un feu d’artifice dont les étincelles passent d’une fusée à l’autre avec la rapidité de l’éclair.
Ballets, parades, feux d’artifice, chaudes intrigues amoureuses, etc, faire, pour ces choses, une musique, il détournait de lui une telle idée, avec horreur.
Par exemple, on distingue à peine la piqûre d’une fine aiguille et l’attouchement d’une étincelle de feu.
Ce qui porterait à le croire, c’est que le poète, pour faire cadrer jusqu’au bout les idées avec les images de sa description, va tout d’un coup faire une infidélité à son pessimisme et au nirvâna ; le « vol des paille-en-queue » étincelant au-dessus du gouffre noir, appelait quelque idée symétrique ; le poète, pour la trouver, ne recule pas devant une très heureuse inconséquence, et il en est récompensé par ces belles strophes : La vie a beau frémir autour de ce cœur Muet comme un morne, ascète absorbé par son Dieu ; Tout roule sans écho dans son ombre sans borne, Et rien n’y luit du ciel, hormis un trait de feu.
Dombey fasse un voyage en chemin de fer, qu’un poney témoigne dans Le Magasin d’antiquités de son naturel indiscipliné en faisant vaguer où il lui plaît la carriole qu’il traîne ; qu’un bedeau, dans Olivier Twist, se chauffe le gras des jambes devant un bon feu, dans le bureau de la garde de l’hospice des pauvres ; que le romancier ait simplement à expliquer que M.
Nous la voyons, nous la palpons, nous la foulons sous nos pieds sous forme de terre, nous la contemplons sur nos têtes sous forme d’air, de lumière, de feu, d’astres, de firmament.
Les caractères s’étaient vigoureusement retrempés dans ce sang et dans ce feu des guerres sacrées.
Le style n’est ni prose, ni vers, ni récitatif, ni mélodie : c’est de la pensée fondue au feu du sanctuaire d’un seul jet avec la forme ; c’est le métal de Corinthe de la langue moderne.
Les sauvages de la Terre de Feu eux-mêmes attachent à leurs animaux domestiques une si grande valeur, qu’en temps de disette ils tuent et dévorent leurs vieilles femmes plutôt que leurs Chiens, comme leur étant d’une moins grande utilité.
En cas d’incendie sur la scène, le feu ne sera nullement gêné de gagner la salle pendant la majestueuse descente de cette énorme plaque métallique. […] Cœur ingrat, tu n’avais qu’un feu mal allumé, Et l’on ne peut vouloir, du moment que l’on aime, Que ce que veut l’objet aimé. […] Roxane, souveraine maîtresse au sérail, a reçu l’ordre de faire tuer Bajazet ; mais Acomat lui montre ce beau jeune homme, et elle prend feu. […] Ce pauvre enfant aimait son père, il lui a gardé un culte passionné ; et il voit sa mère épouser un autre homme avant d’avoir usé les souliers dans lesquels elle suivait l’enterrement du feu roi. […] Si elle est jolie et si elle est aimée du fils de la maison, neuf fois sur dix, elle sera coquette et jouera avec le feu ; cinq fois sur dix, elle deviendra la maîtresse du jeune homme ; une fois sur dix, elle lui résistera, par prudence ou par vertu.
Mais ce beau feu ne se soutient pas, et cette « période métaphysique », dont Auguste Comte faisait une époque de l’humanité, un âge du genre humain, a bien duré pour nous un siècle et demi tout au plus. Ce beau feu métaphysique s’éteint très naturellement, parce que le Français s’aperçoit assez vite que sa chère clarté ne se trouve pas plus dans les métaphysiques que dans les religions et ne saurait s’y trouver, pour cette raison suffisante qu’une religion n’est qu’une métaphysique organisée, et qu’une métaphysique n’est qu’une religion en devenir ; et que, sauf cette différence, elles sont même chose, ayant exactement les mêmes objets. […] L’Église de 1795, dont, au reste, on ne peut guère tirer des conclusions bien précises, parce qu’elle a trop peu duré, étant séparée du gouvernement et n’étant pas une puissance, était une association libre, pleine de feu et de zèle, enivrée d’esprit de propagande, ardente de passion désintéressée, analogue aux premières Églises du christianisme primitif. […] de l’amour ou de la haine que le pouvoir humain inspire ; c’est le feu sacré de l’autel alimenté avec les corruptions des cours et les immondices des places publiques. » Et il écrivait en 1843, avec cette horreur du régime napoléonien qu’il eut toujours et qui, s’il n’est pas le commencement de toute sagesse politique, est le commencement de tout libéralisme et de toute conception généreuse de la chose politique, il écrivait dans sa brochure l’État, l’Église et l’Enseignement : « Napoléon, ce grand destructeur de toutes les œuvres de la philosophie, s’est hâté de renverser cette liberté, fondement même de toutes les autres. […] Et remarquez que ce ne sont pas seulement les gouvernements et les politiciens qui ont le plus grand intérêt du monde à tenir toujours pendante, toujours actuelle, la question du cléricalisme, à la tenir, pour ainsi dire, toujours sur le feu.
Conserver en soi ce feu de la jeunesse, accorder aux conflits qui se déroulent dans l’esprit le même intérêt dramatique que nos auteurs reconnaissent seulement aux conflits sentimentaux, et, selon l’exemple de Nietzsche, faire à toute heure de l’exercice de l’intelligence, une passion, — tel fut le secret d’Henri Franck, et l’essentiel de son évangile. […] Ces êtres qui semblent toujours soumis à des émotions trop fortes et prêts à éclater en sanglots, comme une marmite pleine d’eau qui, oubliée sur le feu, soulève son couvercle, ces « machines à pleurer », annoncent de loin des « machines à vibrer » que sont, que veulent être et se vantent d’être la plupart de nos contemporains. […] Nous l’avons vu souffler sur le brasier dont les étincelles devaient jaillir jusqu’au ciel, et transmettre le feu sacré aux âges à venir.
» Et, s’adressant à un passant imaginaire qui n’est autre qu’elle-même : « Fuis », s’écrie-t-elle, « réfugie-toi dans une chambre bien fermée et de tendre couleur, et le remède que tu préfères, tu le prendras, que ce soit le feu de bûches, un cœur ou des livres, ou ton violon. » Et voici qu’elle est, par réaction, presque reconnaissante à la ville sans lumière d’exalter ainsi en elle l’ardeur du songe. […] Des démons hideux emportent des damnés vers les abîmes d’une montagne de feu. […] Le rêve d’être grand me brûlait de son feu D’incarner l’Idéal dans des œuvres sublimes, Et j’en venais chercher le secret sur tes bords, Noble fleuve, et parmi les ombres de tes morts, Dont ce dur Art a fait ses illustres victimes.
On y voit, on y sent l’apaisement des feux du jour ; sur le devant, quelques bergers et quelques bergères dansent à côté de leurs troupeaux138. […] L’école française peut encore présenter avec orgueil Valentin, mort jeune et qui donnait tant d’espérances ; Stella, le digne ami de Poussin, l’oncle de Claudine, d’Antoinette et de Françoise Stella ; Lahyre, qui a tant d’esprit et de goût ; Sébastien Bourdon, si animé et si élevé150 ; les Lenain, qui ont quelquefois la naïveté de Lesueur et la couleur de Champagne ; le Bourguignon, plein de feu et de verve ; Jouvenet qui compose si bien151 ; tant d’autres, enfin Lebrun, qu’il est de mode aujourd’hui de traiter cavalièrement, et qui avait reçu de la nature, avec la passion peut-être immodérée de la gloire, celle du beau en tout genre et un talent d’une flexibilité admirable, le véritable peintre du grand roi par la richesse et la dignité de sa manière, et qui, comme Louis XIV, clôt dignement le xviie siècle152. […] Il a le feu, la verve, la fécondité du génie. […] Contemplez au soleil couchant cette coupole réfléchissant les derniers feux du jour, s’élevant doucement vers le ciel sur une courbe légère et gracieuse ; traversez cette imposante esplanade, entrez dans cette cour admirablement éclairée malgré ses galeries couvertes, inclinez-vous sous le dôme de cette église où dorment Vauban et Turenne : vous ne pourrez vous défendre d’une émotion à la fois religieuse et militaire ; vous vous direz que c’est bien là l’asile de guerriers parvenus au soir de la vie et qui se préparent pour l’éternité !
Valabrègue en lisant le Sermon sur la Montagne a senti son âme « comme portée sur un torrent de feu. » C’est pourquoi, empruntant le ton des grands inspirés, il proclame l’évangile nouveau, qui n’est au surplus que l’ancien, légèrement retouché. […] Ses feux naguère éteints se rallument. […] Et nous ne demanderions pas mieux que de saluer les premiers feux de cette aurore. […] « Le voici tel quel, à la main du jardine nier terrestre, ce bouquet offrant séparés par douze divers jeux floraux les onze rangs de ses végétations variées, horticoles ou marines, embaumées ou enflammées, amoureuses ou mortuaires, entremélangées, comme aux marges des missels, d’insectes et d’oiseaux, de coquillages et de poissons, de dames et d’anges. » Et passant tout de suite à la « table titulaire », nul doute qu’il n’eût savouré les promesses de ces titres : Demi-Teintes, Ténèbres, Pénombres, Office de la Lune, Clairière, Jets de feu et eaux d’artifice, Lunatiques, Vieilles Lunes et Lunes rousses, Candidates, Galaxie, Messe blanche, Altera Altaria, Syzygie.
Feu Browning n’avait pas dans les pays de langue anglaise autant d’enthousiastes, ni d’aussi fervents, qu’en a trouvé l’auteur d’Humain, Trop Humain, dans tous les lieux du monde où l’on comprend l’allemand. […] Ses moustaches d’un noir foncé lui descendaient jusqu’au menton ; ses énormes yeux noirs luisaient comme deux boules de feu derrière ses lunettes. […] C’est un homme d’un feu et d’une vivacité incroyables, parlant très vite, et qui rend amusantes au possible ce genre de réunions en petit comité. […] Il y apprit que tout s’écoulait, qu’il ne fallait pas s’attacher aux vaines apparences, mais qu’il y avait derrière elle un feu permanent, une éternelle énergie vivante.
Nous trouvâmes ce bon vieillard avec ses quatre cheveux blancs et sa tête chauve, travaillant, malgré le froid extrême, sans feu et nu-tête dans cette galerie glaciale, au milieu d’un tas d’antiquités ou plutôt de vieilleries italiennes ; car en vérité je ne puis me résoudre à donner le nom d’antiquités à tout ce qui concerne ces vilains siècles d’ignorance.
Mme de Staël et Benjamin Constant auraient préféré qu’on publiât leur correspondance au lieu de la jeter au feu.
Sa physionomie révèle la plus haute intelligence, ses yeux sont comme des sources de clarté, sa bouche est comme celle des dragons qui soufflent le feu, sa taille est de six pieds sept pouces ; il a les bras longs et le dos voûté ; son corps est un peu courbé, ses paroles ne tendent qu’à inspirer la vertu.
À travers la porte on voyait briller un grand feu à flamme résineuse dans l’âtre.
Il a arraché la Romagne aux États pontificaux, la Toscane à sa propre indépendance ; Parme à une princesse libérale et inoffensive, exilée de l’exil ; il laisse rêver tout haut, sans la désavouer, l’annexion de sept millions d’hommes dans le royaume de Naples ; un soldat cosmopolite pour qui le feu est une patrie, plus semblable par ses exploits personnels à un héros de la Fable que de l’histoire, Garibaldi lui offre la Sicile, et le Piémont ne lui dit encore ni oui ni non.
« Tandis qu’il parlait, se trouvant proche du comte de Cobenzel, ministre d’Autriche, il se retourna vers lui avec une extrême vivacité, et lui répéta à peu près les mêmes choses qu’à moi, affirmant plusieurs fois qu’il ferait changer de manière de penser et de religion dans tous les États de l’Europe ; que personne n’aurait la force de lui résister, et qu’il ne voulait pas assurément être seul à se passer de l’Église romaine (c’est sa phrase), qu’il mettrait plutôt l’Europe en feu de fond en comble, et que le Pape en aurait la faute et la peine encore.
Chateaubriand, Narcisse-Néron, mettrait le feu à la Cité afin de gémir noblement sur des ruines ; Lamartine est un resplendissant cygne à cervelle de rossignol ; Vigny, faux Chatterton, se prend pour Moïse (ou bien pour Samson : quand Mme Dorval lui fait des misères) ; l’infortuné Musset pique une tête dans ses larmes, et l’absinthe, quand Mme Sand le traite comme Mme Dorval l’autre Alfred ; Mme Sand tutoie Dieu avant, et pond un roman après chaque coucherie ; Michelet, vieille fille à passions ; Renan, sous-Michelet : « Oui-non, non-oui » ; Anatole France, Renan sadique ; père Dumas n’a pas fait tout seul ses romans, mais, (il le croit !)
Si prieray pour lui de bon cœur, · · Par l’âme du bon feu Cotard.
La lecture éteint ce feu des jeux de scène, refroidit plus d’un effet de surprise, émousse plus d’une pointe.
Il avait à la fois la facilité et le feu, une voix pleine et pénétrante.
Au dernier acte, des pièces d’artifice malencontreusement tirées pendant l’Incantation du feu ont nui à l’effet eu merveilleux final et les spectateurs se sont levés précipitamment.
Robert Randau, poète d’AUTOUR des Feux dans la Brousse, (auteur des Onze journées en Force, avec M.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides, Va te purifier dans l’air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Il suffira, pour s’en convaincre, de penser à ce qu’on éprouve en apercevant tout à coup une étoile filante, dans ce mouvement d’une extrême rapidité, la dissociation s’opère d’elle-même entre l’espace parcouru, qui nous apparaît sous forme d’une ligne de feu, et la sensation absolument indivisible de mouvement ou de mobilité.
D’un tempérament délicat, presque toujours incommodé, il vivait durement : point de viande à ses repas, point de feu dans sa cellule. […] Je n’en veux qu’une preuve : c’est cette comédie de Mélite, que Corneille a faite, quand il ne savait pas qu’il y eût des règles, quand il n’avait pour guide « qu’un peu de sens commun avec les exemples de feu Hardy ». […] Il ne se lasse pas d’étaler aux yeux de Rocca et son programme, et les difficultés, et les résultats ; or les extraits de ses lettres, que Torcy faisait décacheter, nous montrent qu’il écrivait les mêmes choses au même moment, avec le même feu, à tous les agents de l’Espagne. […] De là ses fureurs et le parti pris de sa politique, qui est de remédier à cette paix inique par le fer et le feu. […] Il s’étonne, comme on le fait à l’ordinaire, que les privilégiés aient pu applaudir à ce qu’il appelle « un préambule des cahiers de 1789 », que l’auteur et le public aient si gaîment mis le feu à la mine qui devait les faire sauter tous.
Les victoires napoléoniennes imprimèrent en traits de feu dans la chair européenne la marque de la primauté française. […] Maintenant, au début du xxe siècle, après tant d’entreprises avortées et d’espoirs naufragés, il apparaît assez nettement déjà que l’épopée napoléonienne fut comme l’ultime et foudroyante minute de suprématie de la nation et de l’idée françaises, quelque chose comme la dernière flamme gigantesque d’un bûcher qui ne pourra plus désormais brûler qu’à petit feu. […] Le sang est rouge, Le feu est rouge.
Ces essais qu’il a jugés indignes de voir le jour, qu’il a condamnés au feu, n’ont pas été sans profit pour lui. […] La noblesse se divise en deux classes ; l’une, la moins pure et la plus rusée, demeure à la cour et s’enrichit ; l’autre, la plus loyale et la plus brave, met le feu aux quatre coins de son bien, et se trouve ruinée avant la monarchie. […] Hugo, dont la renommée était encore très modeste, reçut du feu roi une lettre close pour assister aux fêtes de Reims ; il écrivit au retour une ode qui est un de ses meilleurs ouvrages, et le roi, pour le remercier, le décora et lui donna une pension sur sa cassette. […] La pièce sur Charles X, malgré le nombre des vers que le poète a consacrés au feu roi, exprime très obscurément l’idée qui aurait dû dominer la pièce entière et respirer dans chaque ligne, je veux dire la reconnaissance. […] Les enfants du poète ont, en jouant, jeté au feu les feuillets où il avait écrit ses vers ébauchés, et dans un moment de colère il les a chassés.
Était-ce le feu ? […] Le plaisir est un feu qui brûle et qui laisse après lui des cendres, et l’on ne sait ce qui est le plus douloureux pour l’âme de la brûlure que le plaisir fait sentir ou du remords qu’il laisse tomber derrière lui comme une pluie de cendres et qui encombre toute notre âme. […] On généralise une idée, et c’est même une des tendances incoercibles de l’esprit humain, et de ce qu’on aura vu que beaucoup de choses sont les effets de la chaleur, on dira que tout vient du feu ; les Grecs connaissent assez cela. […] Ils avaient aussi des vêtements, soit pour le jour, soit pour la nuit, des cabanes et des vases de toute espèce, tant de ceux qui servent auprès du feu que d’autres ; car il n’est pas besoin de fer pour travailler l’argile ni pour tisser ; et les Dieux ont voulu que ces deux arts pourvussent à nos besoins en ce genre afin que l’espèce humaine, lorsqu’elle se trouverait dans de semblables extrémités, pût se conserver et s’accroître. […] Cette union une fois détruite, les princes, dans leurs conseils, ne dirigent plus leurs délibérations vers le bien de leurs sujets et l’intérêt public ; ils ne pensent qu’à agrandir leur domination et il ne leur coûte rien de renverser les villes et de porter le fer et le feu chez des nations amies, lorsqu’ils croient qu’il leur en reviendra le moindre avantage.
Quand, d’un feu nouveau s’allumant. […] « Que resterait-il à la neige — disaient-ils — si on lui ôtait le froid, et au feu si on lui ôtait la chaleur ? […] Sous le règne de Louis XVI, le Tolérantisme, en tant qu’il consistait « à admettre indifféremment toute sorte de religions », était encore qualifié de crime de lèse-majesté divine, et passible au besoin, comme tel, de la peine du feu. […] Ce qui nous paraît manquer surtout — je ne dis pas dans son Dictionnaire, je dis jusque dans ses pamphlets, — c’est le mouvement, c’est le feu, c’est la flamme, c’est tout ce que ses successeurs ajouteront un jour aux idées qu’ils lui emprunteront.
Grands ou petits, coupables ou innocents, intéressés ou indifférents à son histoire, ils sont tous constamment occupés de lui ; les uns avec remords, les autres avec affection et douleur, d’autres encore simplement avec curiosité, quelques-uns même sans curiosité et uniquement par occasion : par exemple, ce grossier fossoyeur qui avait, dit-il, commencé son métier le jour où feu ce grand roi avait remporté une grande victoire sur son voisin le roi de Norvège, et qui, en le continuant pour creuser la fosse de la belle Ophélia, la maîtresse folle de Hamlet fou, retrouve le crâne du pauvre Yorick, ce bouffon du roi défunt, le crâne du bouffon de ce spectre qui sort à chaque instant de son tombeau pour troubler les vivants et obtenir justice de son assassin. […] S’il fallait traverser le feu en chemise, je le ferais. […] Il y a lieu de croire que l’éloge de Jacques Ier, encadré à la fin dans la prédiction qui concerne Élisabeth, fut ajouté à cette époque, soit par Shakspeare lui-même, soit par Ben Johnson à qui l’on attribue assez généralement le prologue et l’épilogue ; ce fut, dit-on, à cette reprise, en 1613, que les canons que l’on tirait à l’arrivée du roi chez Wolsey, mirent le feu au théâtre du Globe qui fut consumé en entier.
Il y a longtemps que je suis de l’avis de feu notre bon ami M.
Les belles âmes par leurs écrits ou par leurs actions dispersent quelquefois les cendres qui couvraient le Feu sacré.
Le général d’armée, impatient de couvrir sa personne de gloire, ne peut mener ses soldats au feu sans l’ordre de son gouvernement.
Il remarque que l’homme n’habite que sa tête et son cœur ; que la langue est une corde et la parole une flèche ; que l’âme est une vapeur allumée dont le corps est le falot ; que certaines âmes n’ont pas d’ailes, ni même de pieds pour la consistance, ni de mains pour les œuvres ; que l’esprit est l’atmosphère de l’âme, qu’il est un feu, dont la pensée est la flamme ; que l’imagination est l’œil de l’âme.
Il ne lui restait plus qu’à mettre ses manchettes ; c’était pour tout à l’heure, quand le feu serait allumé.
Et quand viendra l’instant que j’ai tant convoité Mes vœux en fleur, épanouis comme un vertige De feu qui meurt et s’éblouit de sa clarté, Se rembelliront dans un suprême prodige De par la joie d’être à l’heure d’avoir été !
Attribuant quelque part à l’altération de l’équilibre entre les patriciens et les plébéiens la chute de la république romaine, Swift s’écrie : « Ce n’est pas l’ambition des particuliers qui causa cette grande lutte ; les guerres civiles donnent en effet plus de prise et plus de feu à l’ambition particulière, qui devient l’instrument destiné à trancher ces grandes querelles et qui est assurée de recueillir le butin.
Si l’on combat à ce point de vue l’influence de l’esprit français sur les Allemands, on ne combat point pour cela l’esprit français ; mais on met naturellement en lumière ce qui est, dans l’esprit français, en contradiction avec les qualités propres de l’esprit allemand, et ce dont l’imitation serait funeste pour nos qualités nationales… » Nouvelles de l’opéra Les compositeurs et les librettistes, qui possèdent dans leurs cartons des opéras terminés, peuvent s’en servir pour allumer leur feu cet hiver ; à moins qu’ils ne préfèrent s’armer de patience et attendre des temps meilleurs pour la musique et le drame lyrique.
Le globe pose sur un autel qui porte aussi le feu sacré et le bâton augural, la torche nuptiale et l’urne funéraire, symboles des premiers principes de la société.
— Le talent de notre soubrette est allumé comme sa figure ; sans projeter un bien vaste rayonnement, il est rare qu’il ne mette pas le feu à ses rôles. […] Il ne manque pas d’esprit, assurément ; mais il a l’habitude de verser tant de pleurs sur les hommes et sur les choses du passé, dans le courant de son récit, que tout soit sel fond en eau : son arme, chargée de poudre éventée, fait invariablement long feu ou éclate entre ses doigts ; il vise un présent qui l’importune et ne tue que ses héros !
Lévy-Bruhl, celui qui traite de la première impression produite sur les primitifs par nos armes à feu, notre écriture, nos livres, enfin ce que nous leur apportons. […] On doit à Indra la pluie et l’orage, qui favorisent la terre, à Agni le feu et la protection du foyer domestique ; et ici encore la diversité des fonctions s’accompagne d’une différence de caractère, Indra se distinguant par sa force et Agni par sa sagesse.
Il est dans la destinée de l’erreur d’être consumée par le feu qu’elle allume. […] Un nouveau sentiment anime ses vers : c’est l’amour chrétien, amour épuré aux feux du spiritualisme, douce harmonie des intelligences, union mystérieuse des âmes.
Il y a dans tout de l’inexploré… Pour décrire un feu qui flambe et un arbre dans une plaine, demeurons en face de ce feu et de cet arbre jusqu’à ce qu’ils ne ressemblent plus pour nous à aucun autre arbre et à aucun autre feu… Ayant en outre posé cette vérité qu’il n’y a pas de par le monde entier deux grains de sable absolument pareils, il me forçait à exprimer en quelques phrases un être ou un objet de manière à le particulariser nettement9. » Tout donc a contribué à fixer l’œil de Maupassant sur la réalité particulière aperçue directement, puis étudiée en elle-même et creusée dans ses dessous.
Ils diront par exemple : « Exquises, ces figues cueillies dans la rosée matinale, aux premiers feux du soleil montant », sans voir qu’ils refont la phrase d’Alphonse Daudet : « Délicieuse, cette soirée passée dans le jardin du presbytère, au parfum des roses finissantes, etc. » Les naïfs adoptent un gaufrier qui leur permet d’avoir du talent ; seulement ce talent n’est pas à eux, et ceux qui savent ne sont pas dupes. […] » Philarète Chasles a mille fois raison de dénoncer ces grignoteurs d’écorces, qui s’intéressent « à la chasse et non à la prise », qui font des travaux sur Racine et Molière, sans s’occuper de leur talent, et qui ne recherchent que le document, la bibliographie, l’édition, le commentaire… Il faut aussi blâmer ceux qui, pour trop se documenter, s’encombrent ; ceux qui font leur feu avec trop de broussailles, battent tous les sentiers, rabâchent ce qui a été dit, répètent ce que chacun sait, et noient l’intérêt de leur livre en racontant l’histoire d’une époque bien plus que celle d’un personnage. […] Au lieu des bons et sérieux articles d’autrefois, qu’on savourait à loisir au coin du feu, le public se contente de comptes rendus bâclés, ou même de simples annonces de librairie ; si bien que le lecteur, faute de guide, ne prend plus la peine de choisir et n’achète plus que les « prix littéraires ».
Qu’est-ce donc, que tu te perds dans tes pensées et n’attises pas même ton petit feu ? […] J’apporterai le feu pur de l’autel : ce que j’ai allumé n’est pas une flamme pure. […] Et les voiles se gonflent au vent ; et le soleil nous attire par ses feux caressants ; les rivages filent, les hauts nuages filent ; de la rive tous nos amis nous accompagnent de chants d’espoir, imaginant, dans le vertige de la joie, des plaisirs de voyage comme ceux du matin de l’embarquement, comme ceux des premières grandes nuits étoilées. […] Pas un instant, pendant son long travail, Tasse ne songea qu’en chantant « les pieux combats et le guerrier qui délivra le tombeau de Jésus-Christ », il jouait avec un feu redoutable, celui qui allumait les bûchers ; pas un instant, il ne se méfia du « périssable laurier cueilli sur l’Hélicon », des dangers qu’on court à « orner la vérité de fleurs » et à mélanger aux héros de l’histoire des croisades les mythes de la belle antiquité ou les magiciens des contes arabes.
Aucune imprudence — ainsi parle un chef indien — ne peut bannir une femme du toit de ses pères ; le nombre de ses enfants n’y fait rien ; elle est toujours la bienvenue et la marmite est toujours sur le feu pour les nourrir. […] Eh bien, ignorant, incapable d’idées générales, parlant, quoique avec feu et un organe incomparable, un charabia abominablement vulgaire, il était extrêmement intelligent ; voilà ce qu’il faut savoir dire. […] On allume des feux de joie dans la cour avec des paillasses, des bancs, des matériaux et des vêtements qui quittent comme d’eux-mêmes les épaules. […] À celui qui dit : “La France veut une religion”, avec beaucoup plus de raison, je réponds : “La France veut les Bourbons.” — Et c’est ce raisonnement rapide qui, dans le feu de la discussion, s’est condensé en ce mot énorme : “La France veut les bourbons.” » Voilà comment je comprends l’apostrophe malencontreuse de Volney… Et puis, vous savez, il faudrait avoir assisté à la discussion.
Il y a toutefois quelques différences ; et, pour le plaisir paradoxal de rapprocher l’eau et le feu, il ne conviendrait pas d’exagérer les analogies. […] On s’est imaginé autrefois que c’étaient les intérêts des maîtres qui mettaient en feu toute la terre, et c’étaient les passions des valets. […] Voici comme il parle : « L’eau est très bonne, à la vérité, et l’or qui « brille comme le feu durant la nuit, éclate merveilleusement parmi les richesses qui rendent l’homme superbe. […] Voilà un galimatias que vous venez de faire pour vous divertir ; je ne donne pas si aisément dans le panneau. — Je ne me moque point, lui dit le président, et c’est votre faute si vous n’êtes pas charmée de tant de belles choses. — Il est vrai, reprit la présidente, que de l’eau bien claire, de l’or bien luisant, et le soleil en plein midi sont de fort belles choses ; mais parce que l’eau est très bonne, et que l’or brille comme le feu pendant la nuit, est-ce une raison de contempler ou de ne pas contempler un autre astre que le soleil pendant le jour ?
Affres du passé nécessaires Agrippant comme avec des serres Le sépulcre de désaveu, Sous un marbre lourd qu’elle isole Ne s’allume pas d’autre feu Que la fulgurante console. […] Quoi, le soir va réduire en fumée tout orgueil, pareillement à ce feu dans la cheminée de marbre ; et jamais la triomphale bouffée de sa flamme ne voudra surseoir à cet abandon ! […] Merlet, m’avait certifié que « le feu sacré me manquait » ; et je savais que, faute de ce feu, l’exercice de la poésie n’eût été pour moi qu’une fatigue inutile.
C’était un moment plein de solennité que celui où l’on consacrait ainsi à une juste cause un feu et un talent qu’on croyait inépuisables comme elle.